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1 mai 2025
Diaspora
DIOMAYE DIT NON À LA PRÉSIDENCE DE LA CEDEAO
Le président sénégalais était courtisé pour prendre les rênes de l'organisation. Son profil prometteur faisait de lui un candidat idéal pour dénouer les crises secouant certains États. Mais il a finalement décliné l'offre d'après Africa Intelligence
(SenePlus) - C'est un scénario qui aura finalement fait long feu. Selon les informations du magazine Africa Intelligence, Bassirou Diomaye Faye, le président sénégalais, a décidé de décliner la proposition de plusieurs capitales ouest-africaines de se porter candidat à la présidence de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Pourtant, le nom de Bassirou Diomaye Faye avait été ardemment poussé par plusieurs pays de la région. "En raison de son profil jeune et dynamique, pouvant potentiellement faciliter le retour des États suspendus comme le Mali et le Burkina Faso", écrit Africa Intelligence. Une candidature francophone séduisante, alors que la présidence aurait dû théoriquement revenir à un pays francophone, conformément à l'alternance établie au sein de l'organisation.
Malgré ces pressions, le chef d'État sénégalais a finalement renoncé, sur les conseils de ses proches conseillers. La situation politique délicate qu'il doit gérer au niveau domestique aurait également pesé dans la balance, le poussant à décliner cette opportunité régionale.
Ce refus de Bassirou Diomaye Faye laisse désormais la voie grande ouverte à la reconduction de Bola Ahmed Tinubu, l'actuel président nigérian de la Cedeao. Une perspective qui, bien que critiquée pour son bilan mitigé selon Africa Intelligence, semble se concrétiser "en l'absence d'autres candidats crédibles".
La succession du président Tinubu, dont le mandat arrive à échéance en juillet prochain, n'aurait en effet "suscité qu'un intérêt limité parmi les États membres". Des dirigeants comme Patrice Talon, Alassane Ouattara ou Faure Gnassingbé, bien qu'éligibles, n'ont pas non plus manifesté d'intérêt pour le poste.
Dès lors, sauf rebondissement de dernière minute, un nouveau mandat de Bola Ahmed Tinubu à la tête de la Cedeao semble se profiler. Une perspective qui, conclut Africa Intelligence, "est accueillie sans grand enthousiasme par les membres de l'organisation régionale".
Cet éclairage exclusif, basé sur les informations du magazine Africa Intelligence, met en lumière les défis et les atermoiements ayant entouré le choix du prochain leader de cette instance cruciale pour la stabilité et l'intégration en Afrique de l'Ouest.
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CAMP PÉNAL : LES SECRETS DERRIÈRE LES BARREAUX
Un téléphone caché dans un Coran évidé, des cuillères transformées en armes : bienvenue dans l'univers parallèle du Camp pénal de Liberté 6. Ici, la créativité des prisonniers n'a d'égale que la détermination des gardiens à maintenir l'ordre
Dans un reportage saisissant, la RTS nous emmène en immersion au cœur du Camp pénal de Liberté 6, à peine 24 heures après une mutinerie qui a secoué l'établissement. Sous l'œil vigilant des autorités pénitentiaires, les caméras ont pénétré pour la première fois dans ce lieu habituellement hermétique, dévoilant les séquelles encore fraîches d'une rébellion née, selon l'administration, d'un simple refus d'appel nominatif.
Le spectacle qui s'offre aux yeux est à la fois fascinant et effarant. Dans les couloirs encore imprégnés de l'odeur âcre des lacrymogènes, s'étalent les vestiges d'une ingéniosité carcérale poussée à son paroxysme. Des téléphones portables dissimulés dans les pages évidées du Coran, des cuillères métamorphosées en armes tranchantes : l'inventivité des détenues n'a d'égale que la détermination des gardiens à maintenir l'ordre.
La caméra s'attache sur ces "trophées de guerre", saisies lors d'une fouille minutieuse post-mutinerie. Téléphones, drogues, armes artisanales... Chaque objet raconte une histoire de ruse, de désespoir ou de violence latente. Le directeur de la sécurité pénitentiaire, visage grave, explique la gradation des moyens employés pour ramener le calme, insistant sur l'absence de victimes malgré la tension palpable.
Au fil du reportage, se dessine le portrait d'une prison en équilibre précaire, où la surpopulation attise les braises de la révolte. Les autorités, conscientes de marcher sur un fil, jonglent entre fermeté et dialogue. Le ministre de la Justice lui-même s'est déplacé, ordonnant une enquête dont les premiers résultats promettent sont attendus.
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PARIS ET DAKAR À L'ÉQUILIBRE
Le format choisi par Macron et Diomaye pour leur première entrevue soulève de nombreuses interrogations. En déjeunant en tête-à-tête, sans collaborateurs, les deux chefs d'État ont clairement affiché leur volonté de dialogue direct et franc. Décryptage !
Ce jeudi 20 juin 2024, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a effectué sa première visite en France depuis son élection. Cette rencontre avec Emmanuel Macron, scrutée de près par les observateurs internationaux, marque un tournant potentiel dans les relations entre la France et le Sénégal. Tidiane Dioh, consultant international, a livré son analyse sur TV5 Monde.
Un tête-à-tête révélateur
Contrairement aux usages diplomatiques, les deux chefs d'État ont choisi de déjeuner en tête-à-tête, sans collaborateurs. Ce format inédit témoigne d'une volonté de dialogue direct et franc. Selon Dioh, cette approche pourrait permettre de "jauger" mutuellement les intentions et les positions de chacun, dans un contexte politique complexe.
Entre non-dits et messages subliminaux
Le communiqué conjoint publié à l'issue de la rencontre reste étonnamment vague sur des sujets brûlants, notamment la présence militaire française au Sénégal. Cependant, Dioh souligne l'importance des termes employés : "respect mutuel" et "souveraineté" reviennent fréquemment, signalant une prise en compte des préoccupations sénégalaises par la partie française.
Un équilibre délicat à trouver
Le nouveau président sénégalais doit composer avec les attentes de sa coalition politique, favorable à une révision des relations avec l'ancienne puissance coloniale. Parallèlement, la France cherche à adapter sa présence en Afrique face à un sentiment anti-français grandissant. Ce ballet diplomatique s'annonce donc comme un exercice d'équilibriste pour les deux parties.
Le Sénégal, futur médiateur régional ?
Dioh évoque le potentiel du Sénégal à jouer un rôle de médiateur dans la région sahélienne. Le statut de jeune président démocratiquement élu de Faye, combiné à l'émergence du Sénégal comme producteur pétrolier, pourrait renforcer son influence diplomatique. Toutefois, le consultant note que le président semble pour l'instant privilégier les enjeux de politique intérieure.
Cette première rencontre Macron-Faye, bien que prudente dans ses déclarations officielles, semble avoir posé les jalons d'une relation franco-sénégalaise en pleine mutation. L'avenir dira si ce nouveau chapitre sera marqué par une coopération renouvelée ou par une distanciation progressive entre les deux nations.
par Aminata Touré
POURQUOI LE RASSEMBLEMENT NATIONAL NE DOIT PAS PARVENIR AU POUVOIR EN FRANCE
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général
Aux esprits chagrins qui me rétorqueraient : « De quoi te mêles-tu donc ? », ma réponse est simple : « Je me mêle de ce qui me regarde ». En tant que militante des droits humains, j’ai la conviction que la possible arrivée au pouvoir du Rassemblement national en France n’est plus une question franco-française. C’est une question civilisationnelle qui interpelle celles et ceux qui, à travers le monde, continuent à croire à l’amitié et à la solidarité entre les peuples et se battent pour le respect des droits des immigrés, en particulier africains, lesquels polarisent faussement le débat politique dans l’Hexagone.
Rhétorique perverse
Convoquons un instant les statistiques, qui contredisent l’argument, aussi absurde que dangereux, du « grand remplacement », cette thèse raciste qui a fait de la stigmatisation systématique des immigrés le fonds de commerce de l’extrême droite. Selon les statistiques officielles de l’Insee, 7 millions d’immigrés vivaient en France en 2022, soit 10,3 % de la population totale (67,97 millions). Parmi eux, 35 % – soit 2,5 millions – ont acquis la nationalité française. La population étrangère résidant en France s’élevait donc alors à 5,3 millions (7,8 %). Seuls 48,2 % de ces immigrés sont nés en Afrique. Or selon la rhétorique perverse de l’extrême droite, ces 1,2 millions d’étrangers particulièrement ciblés seraient en passe de « remplacer » 67,9 millions de Français. Relayé complaisamment par certains médias, cette construction intellectuelle fantaisiste finit par ancrer dans les esprits la crainte que « le Zambèze envahisse la Corrèze ». Trop d’intellectuels en France, y compris progressistes, ont laissé prospérer cette propagande, souvent accompagnée de stigmatisations publiques à l’encontre des Africains.
Parallèlement, des responsables politiques BCBG, au sein de partis politiques fascisants, comme le Rassemblement national de Marine Le Pen ou Reconquête, d’Eric Zemmour, ont compris l’importance qu’il y avait à adopter un look jeune et moderne pour lisser leur image et se rendre politiquement corrects dans un contexte de crise existentielle née de la reconfiguration des rapports de forces économiques mondiaux, qui inquiète nombre de pays européens naguère dominants.
Exit, le style vieillot de Jean-Marie Le Pen et bonjour les costumes bien coupés et les talons aiguille de ses héritiers et héritières politiques. Et voici qu’une bonne partie de l’électorat français, angoissé par le présent et mortifié par l’avenir, semble prête à basculer : « Et si on les essayait, après tout ! ».
« No pasaran ! »
En attendant de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, empruntons aux partisans de la Seconde République espagnole en lutte contre le général- dictateur Franco leur fameux cri de ralliement : « No pasaran ! » L’occasion ne doit jamais être donnée au Rassemblement national et à ses satellites de diriger la France, pays de la première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, et qui consacre le caractère « naturel, inaliénable et sacré des droits individuels et collectifs ».
Rappelons aussi que c’est à Paris qu’a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Français René Cassin, qui obtiendra le prix Nobel de la Paix en 1968, était alors aux commandes de la rédaction de ce texte – ratifié par la France en 1954 – aux côtés d’Eleanor Roosevelt et Charles Malik.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est quant à elle entrée en vigueur en 1969 et la France l’a ratifié en 1981. L’idéologie du Rassemblement national s’inscrit dans une violation constante de tous ces instruments de droit international ratifiés et parfois initiés par la France. Outre son projet d’instaurer la préférence nationale, Jean-Marie Le Pen, le père de l’extrême droite française moderne, a été plusieurs fois condamné pour « apologie de crimes de guerre et contestations de crimes contre l’humanité », « provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciales », « injures publiques » et « violences ».
La mort, le 1er mai 1995, de Brahim Bouraam, un Marocain de 30 ans agressé par des manifestants en marge d’une marche du Front national et jeté dans la Seine, nous rappelle les moments de terreur que nous, jeunes étudiants africains, vivions en France lorsque l’on annonçait une descente du Groupe Union-Défense (GUD), une organisation estudiantine violente qui se livrait régulièrement à des ratonnades contre des étudiants africains sur les campus universitaires. Certaines figures marquantes du GUD sont aujourd’hui de proches collaborateurs affichés de Marine Le Pen. Le 12 juin, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à sept mois ferme pour leur participation à une agression homophobe à Paris alors qu’ils « fêtaient » la victoire du RN aux élections européennes.
Chaque voix compte !
C’est pourquoi il est un devoir pour tous les militants des droits humains, partout où ils se trouvent, de se mobiliser pour éviter que la France ne connaisse la plus grande régression de son histoire récente. L’extrême droite, au quotidien, piétine la devise de la France : « Liberté, Egalité, Fraternité » ; et son accession au pouvoir ne ferait que charrier son lot de violences racistes, antimusulmanes, antisémites ou sexistes car depuis des décennies, celle-ci a bâti son discours sur la haine, l’exclusion et le racisme.
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général. Son accession au pouvoir consacrerait une rupture totale avec le continent africain, lequel entend plus que jamais se battre pour faire respecter sa souveraineté et imposer à tous le respect en vue d’un partenariat gagnant-gagnant.
Il est tout aussi impératif que tous les Français d’ascendance africaine et les binationaux africains-français aillent voter massivement pour que, à travers des lois fortes qui seraient adoptées par la prochaine Assemblée nationale, cessent en France les propos racistes débités à longueur d’émissions de télévision, les brimades mesquines infligées au quotidien et les discriminations de toutes sortes.
Dans l’immédiat, la lutte contre le racisme passe par une défaite cinglante du Rassemblement national aux prochaines législatives en France. Et chaque voix compte !
Texte Collectif
LE RN, ENNEMI DE L’AFRIQUE ET DES PANAFRICANISTES
Il ne faut pas se méprendre : le Rassemblement National est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France sur le continent
En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale après sa défaite aux élections européennes, Emmanuel Macron a fait de l’arrivée de l’extrême droite à Matignon non pas une hypothèse pour le printemps 2027, mais un sérieux risque pour le début de l’été 2024. À l’instar d’une frange de la population française qui estime que le moment de « tester » les recettes du Rassemblement national (RN) est arrivé, certains militants « panafricanistes » ethnocentrés proclament que cet événement est de nature à renouveler les relations entre la France et l’Afrique. Il faut méconnaître la nature, l’histoire et l’idéologie de l’extrême droite européenne pour abonder dans ce sens.
Le socle idéologique de l’extrême droite a évolué. À la hiérarchie raciale et l’antisémitisme s’ajoutent l’islamophobie, la théorie du « grand remplacement », la « guerre des civilisations », etc. Le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella est l’héritier des organisations et des groupes paramilitaires qui s’opposaient aux mouvements nationalistes africains – ceux qui ont soutenu le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Les aventures coloniales et les luttes des peuples africains pour les indépendances nourrissent son idéologie. Des membres de l’OAS, Occident et Ordre nouveau, que l’on retrouvera plus tard dans l’encadrement et le service d’ordre du Front national-Rassemblement national, ont été mercenaires au Biafra, au Katanga, aux Comores… Vincent Bolloré, qui règne sur un empire médiatique où les thèses d’extrême droite occupent en permanence les antennes, doit sa puissance au continent africain, notamment aux « débris du capitalisme colonial français » sur lesquels il a fait main basse au début des années 1980.
La dynastie Le Pen fait de l’Afrique et de certains de ses chefs d’État des sources de financement. Marine Le Pen, tout en critiquant la Françafrique, y cultive des réseaux. En 2017, elle a été reçue par feu l’autocrate Idriss Déby. En janvier 2023, elle est allée au Sénégal pour y rencontrer un Macky Sall en pleine dérive dictatoriale. Comme en France, madame Le Pen signale à gauche mais tourne toujours à l’extrême droite. Elle promet des ruptures en matière de politique africaine de la France, tout en votant pour le maintien des instruments de la politique impérialiste française (opérations militaires, franc CFA/Eco, francophonie franco-centrée…). Elle veut bloquer les transferts d’argent des travailleurs immigrés à leur famille. En 2022, elle a obtenu d’Emmanuel Macron l’interruption de l’aide publique au développement au Mali.
Les progressistes africains doivent déconstruire le discours de l’extrême droite. Le RN est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France en Afrique. Les panafricanistes de gauche seront des cibles privilégiées d’une guerre renouvelée contre les aspirations de souveraineté des sociétés et de la jeunesse africaine.
FRANCE- SÉNÉGAL, LE PARI D'UNE COOPÉRATION RENFORCÉE
Macron et Diomaye se sont engagés à donner un élan décisif à leur partenariat, en phase avec leurs valeurs démocratiques partagées. Plusieurs secteurs stratégiques ont été identifiés comme prioritaires, à l'image de la transition énergétique, de la santé
(SenePlus) - Dans un contexte mondial de tensions géopolitiques, le président français Emmanuel Macron et son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye ont exprimé ce jeudi 20 juin 2024 leur volonté de renforcer les liens d'amitié et de coopération liant leurs deux pays. C'était lors d'un entretien en marge du Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales à Paris.
"Les deux chefs d'État ont exprimé leur volonté commune de donner une nouvelle impulsion au partenariat entre le Sénégal et la France, fondé sur un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d'amitié", selon le communiqué officiel.
Cette rencontre au sommet intervient à un moment charnière où les deux nations aspirent à approfondir leurs relations bilatérales. D'après les déclarations, l'objectif est de bâtir "un partenariat équilibré" respectueux des intérêts mutuels, dans un esprit de "respect" et d'"amitié" ancrés dans des "valeurs démocratiques partagées".
Au menu des discussions, plusieurs secteurs clés ont été identifiés pour catalyser une "plus grande souveraineté du Sénégal" à travers des "projets structurants". Parmi les domaines prioritaires figurent la transition énergétique, la santé, la formation professionnelle, la production locale de vaccins et l'agriculture.
"Les deux chefs d'État sont convenus de renforcer les projets structurants dans divers secteurs dont la transition énergétique, la santé, la formation professionnelle, la production locale de vaccins et l'agriculture", peut-on lire.
Cette volonté de coopération renforcée dans des secteurs stratégiques pour l'émergence du Sénégal témoigne d'une nouvelle étape dans le partenariat franco-sénégalais. Un partenariat que les deux présidents souhaitent porter à "un niveau de qualité" supérieur, comme l'affirme la dernière ligne du communiqué.
"Les deux présidents se sont félicités de leur volonté conjointe de renforcer la qualité du partenariat entre la France et le Sénégal."
Par Amath Ndiaye
EST-IL NORMAL DE S’ENDETTER POUR PAYER DES DETTES ?
Les Etats en général s’endettent pour soutenir l’activité économique et financer le déficit budgétaire. Pour éviter une récession économique, ils ont tendance à accumuler les dettes au lieu de se désendetter.
Les Etats en général s’endettent pour soutenir l’activité économique et financer le déficit budgétaire. Pour éviter une récession économique, ils ont tendance à accumuler les dettes au lieu de se désendetter. C’est le cas des Etats-Unis dont la dette a atteint 123% du PIB en 2023 (76% pour le Sénégal). Cet endettement a été un moteur de la croissance américaine. De 2007 à 2023, le taux de croissance par habitant du PIB a atteint 19,2% aux Etats-Unis, contre seulement 7,6% en zone euro. Dans ces conditions, l’écart de niveau de vie entre Américains et Européens se creuse, et on peut considérer non sans raison que la politique budgétaire américaine explique une partie de cet écart de croissance avec l’Europe.
Si un Etat émet une Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 5 ans, il remboursera les intérêts (par exemple 5 % du montant de l’obligation émise) chaque année pendant 5 ans, mais remboursera le capital en une seule fois, à l’échéance. Le montant du capital à amortir est tellement élevé que l’Etat sera obligé de se réendetter.
Mais si, à l’échéance de l’OAT, il faudra se réendetter pour le même montant et si les taux d’intérêt ont fortement augmenté, cela pourrait engendrer des difficultés, pour l’Etat et son budget, à faire face à la charge de la dette (coût des emprunts). C’est une situation à laquelle sont souvent confrontés les Etats africains.
En période d’intérêts très faibles, il est avantageux de s’endetter, puisque cela ne coûte rien et parfois même rapporte (intérêts négatifs). En Fin novembre 2020, le taux d’intérêt moyen à l’émission des emprunts émis par l’Allemagne était de -0,56%, ce qui se traduit par 7,07 milliards d’euros de recettes. A titre de comparaison, en France, le coût de financement à moyen et long terme de l’Etat pour 2020 s’affichait à -0,14% mi-novembre. S’endetter pour payer des dettes, dans ces circonstances, est donc sans coût.
Par ailleurs, il y a deux concepts qui permettent de comprendre pourquoi les Etats s’endettent pour payer des dettes : le refinancement de la dette et le reprofilage de la dette. Ces deux termes sont presque des synonymes. On entend par refinancement, l’octroi, par les créanciers, de nouveaux crédits qui seront utilisés en remboursement anticipé de prêts déjà existants. Les emprunteurs peuvent choisir de refinancer un prêt pour de nombreuses raisons, mais l’une des plus courantes consiste à tenter de réduire le taux d’intérêt du prêt.
Le reprofilage de la dette consiste en la modification du calendrier global des remboursements futurs, par le biais d’un refinancement de la dette. Exemple, le Sénégal a procédé en 2021 à une émission d’Eurobonds, portant sur 775 millions d’euros, soit 508 milliards de FCFA, avec un taux d’intérêt fixe de 5,375 % et pour une maturité de 16 ans. Cet emprunt avait servi à rembourser par anticipation 70% de l’Eurobond de 500 millions dollars (10 ans à 6,25%) qui devait arriver à maturité en 2024. Un tel réendettement fut doublement bénéfique en abaissant le taux d’intérêt de la dette, de 6,25% à 5,375%, et en rallongeant la période de remboursement de 13 ans.
Quel que soit le montant de la dette publique, l’essentiel est de mener une gestion optimale qui en assure la soutenabilité. La soutenabilité de la dette publique dépend de sa trajectoire à long terme. Celle-ci dépend à son tour des politiques budgétaires (c’est-à dire de l’accumulation des soldes primaires annuels), et de l’écart entre le taux d’intérêt (r) et le taux de croissance du PIB nominal (g).Toutes choses égales par ailleurs, tant que l’écart entre le taux de croissance de l’économie et le taux d’intérêt (commissions + intérêts) reste positif le risque d’insoutenabilté est écarté.
L’Eurobond de 750 millions de dollars que le Sénégal vient d’émettre le 3 juin 2024, au taux de 7,75% pour une maturité de 7 ans reste soutenable, au vu des taux de croissance proches de 10% attendus ces prochaines années. L’espoir est fondé sur l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz. Dans ce contexte s’endetter pour payer des dettes n’a rien de scandaleux, si c’est une nécessité pour assurer la croissance de l’économie sénégalaise.
Par Amadoux Lamine SALL
LA FRANCE CRAMEE ACCUEILLE LE PRESIDENT DIOMAYE !
Monsieur le président, il faut tout refonder, tout, mais dans la paix et l’amitié. C’est bien l’Afrique qui, désormais, a la main ! Ce n’est que justice ! Il faut aider la France, président Diomaye
Le Président Diomaye Faye est en France chez Macron en ce mercredi 19 juin 2024, pour sa 1ère visite en terre de Gaule. Il n’arrive pas en chercheur d’or. Il a de l’or et il y a même ajouté du gaz et du pétrole ! C’est plutôt la France qui est en manque. Il ne faudra pas cependant lui tourner le dos. Il faut l’aider. Elle aura son orgueil à défendre, mais il faudra l’aider. Elle a été forcée de plier bagage presque partout en Afrique, même en tentant de résister. Elle a été humiliée. Il faut l’aider, la secourir. Elle sait que l’histoire s’achève et que la table est desservie. Qu’elle a tout perdu.
Monsieur le président, il faut tout refonder, tout, mais dans la paix et l’amitié. C’est bien l’Afrique qui, désormais, a la main ! Ce n’est que justice ! Il faut aider la France, Président Diomaye ! Elle a besoin de vous pour relever la tête et son cœur endolori. Elle ne lui reste plus rien, en vérité. Elle compte sur le Sénégal mais le Sénégal ne compte plus sur elle.
Toutefois, le Sénégal est élégant et policé. Depuis Senghor. Mais elle sait dire non et plus encore aujourd’hui. La France sait qu’elle paie son arrogance et sa vanité durant ces longs siècles où elle nous a tout pris, sauf notre âme ! Avec sa langue, nous avons fait ensemble des enfants. Nous sommes une famille. Pensez à elle, mais sans faiblesse.
D’ailleurs, comment vous serait-il possible d’avoir ce sentiment, vous qui appartenez à un autre temps du monde et assistez en direct au déclin d’un pays jadis si conquérant ?
Monsieur le Président Diomaye, plébiscité, tranquille, apaisé mais décidé et informé, vous arrivez dans une France cramée qui joue son heure de vérité face aux législatives dont le Rassemblement National de Jordan Bardella -c’est désormais l’ordre alphabétique et Marine Le Pen, semble occuper toute la place. Mais la France sait être rebelle ! Puisse-elle échapper au « goulag » RN !
Bon voyage et bon retour, Monsieur le président !
LE TANGO DÉLICAT DE DIOMAYE AVEC MACRON
La méfiance réciproque devra céder le pas à "l'apprivoisement mutuel" lors du déjeuner entre le président et son homologue français. Sous les airs de la décontraction, les indiscrétions recueillies par Le Monde trahissent les attentes de part et d'autre
(SenePlus) - Pour sa première visite hors d'Afrique depuis son élection en mars, le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a choisi Paris. Un déplacement certes qualifié de "non officiel", mais hautement symbolique selon les indiscrétions recueillies par Le Monde.
"Il ne s'agit pas d'une visite officielle, mais d'un déjeuner pour faire connaissance", tempère l'entourage de M. Faye, soucieux d'éviter les accusations de "vassalité" envers l'ancienne puissance coloniale. Une précaution d'autant plus nécessaire que les relations entre le parti au pouvoir, le Pastef, et la France sont historiquement empreintes de méfiance.
Depuis 2014, cette formation panafricaniste a fait du "rejet de la présence française au Sénégal et du franc CFA" un marqueur de son programme, le qualifiant d'"instrument néocolonial". Si le ton s'est adouci après la victoire de Faye, les coups de griffe persistent, comme lorsque le Premier ministre Ousmane Sonko a directement attaqué la politique africaine d'Emmanuel Macron devant Jean-Luc Mélenchon.
"Nous y avons presque cru lorsque le président Macron déclinait la nouvelle doctrine africaine de l'Elysée, [le] refus de tout soutien politique à des régimes autoritaires et corrompus. Ce n'est pas ce qui s'est passé au Sénégal", a-t-il lancé, selon Le Monde.
Apprivoisement en cours
Malgré ces accrocs, l'heure semble désormais à "l'apprivoisement mutuel". "On parlait de défiance de notre part et pourtant nous réservons notre premier voyage hors d'Afrique à la France", souligne un proche conseiller du président Faye, cité par Le Monde. "Cela montre notre volonté de raffermir les liens avec ce pays qui demeure un partenaire privilégié."
Du côté français aussi, on veut croire que "si l'on réussit, on va tuer l'activisme panafricaniste mortifère", espère un fonctionnaire des Affaires étrangères dans une allusion à la militante Nathalie Yamb.
Ce "déjeuner opportun" doit ainsi permettre aux deux présidents d'"apprendre à se découvrir". Pour l'Elysée, l'enjeu sera d'être "à l'écoute" afin de "redéfinir" la relation bilatérale, notamment sur les questions migratoires, la formation des jeunes ou les visas.
"Notre objectif est de nous assurer que notre aide au développement corresponde aux priorités des nouvelles autorités sénégalaises", indique la présidence française au Monde.
Stabilité régionale et mémoire
Auprès du journal, on évoque aussi l'espoir sénégalais de "renforcer la stature internationale" de Bassirou Diomaye Faye, devenu un médiateur écouté dans les crises au Sahel. "La France gagnerait à appuyer ses efforts", plaide un diplomate africain.
L'avenir de la présence militaire française à Dakar, avec ses 320 soldats, pourrait aussi être discuté. Tout comme la "reconfiguration" voulue par Paris, dans une volonté de "coconstruire" une décision.
Dernière épine sensible : la question mémorielle. Certains à Dakar espèrent que Macron, qui en a fait un "levier diplomatique", abordera le massacre de Thiaroye en 1944. L'association des tirailleurs sénégalais a transmis des propositions à l'Elysée, comme la panthéonisation d'un ancien tirailleur ou des "excuses" du président français.
Un sommet de la Francophonie à l'automne permettrait une visite officielle de Macron à Dakar. Mais dans quel contexte politique ? Le chemin vers l'apaisement des tensions postcoloniales s'annonce encore long pour les deux présidents.
Par Texte Collectif
TEMPS D’ALERTE
Le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), 117,3 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde à la fin de 2023, en raison de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits humains. Parmi elles, 75,9 millions sont des déplacés internes. De plus, les projections actuelles estiment que le nombre de personnes déplacées à cause du changement climatique pourrait atteindre entre 100 millions et 1 milliard d’ici 2050.
En 2023, le Sénégal a accueilli près de 15 000 réfugiés et plus d’un millier de demandeurs d’asile de diverses nationalités, attirés par la relative stabilité politique du pays.
Malgré les efforts des autorités sénégalaises, les demandeurs d’asile font face à des difficultés, notamment pour ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié et la reconnaissance des documents par certaines institutions privées.
Pour rappel, est considéré comme réfugié toute personne qui, craignant, avec raison, d’être persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays (Convention de Genève de 1951 et son Protocole additionnel de 1967).
Le Sénégal, signataire de cette convention ainsi que celle de la Convention de l’UA de 1969, a créé la Commission Nationale d’Éligibilité au statut de réfugié par décret n°68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la loi n°75- 109 du 20 décembre 1975.
La nécessité de trouver des solutions
Le système d’asile sénégalais présente des lacunes majeures, particulièrement en ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié. Les lacunes administratives et procédurales empêchent ceux qui ont besoin de protection d’en bénéficier pleinement. La Commission Nationale d’Éligibilité est souvent très lente, obligeant certains demandeurs d’asile à attendre près de trois ans pour une décision, aggravant ainsi leur situation. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL saluent les efforts déjà consentis par les autorités sénégalaises, mais reconnaissent que des défis subsistent. À ce titre, une législation fixant un délai pour le traitement des demandes d’asile serait cruciale. Actuellement, le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas et les demandeurs d’asile n’ont souvent pas accès à l’aide humanitaire jusqu’à la reconnaissance de leur statut. De plus, le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées.
En outre, le système d’asile sénégalais ne prévoit pas d’instance de deuxième degré permettant aux réfugiés qui le souhaitent de faire appel. Les membres de la Commission étudient les demandes d’asile en première instance et les recours, laissant les demandeurs d’asile sans assistance pendant toute la période d’attente. Pour mieux prendre en charge les réfugiés, certains pays ont mis en œuvre des mesures concrètes. Par exemple, le Togo a créé une commission de recours en 2016, offrant ainsi une seconde chance aux demandeurs d’asile en cas de rejet en première instance.
De nombreux réfugiés rencontrent des difficultés pour obtenir une carte d’identité de réfugié et un titre de voyage. Des documents qui ne sont pas souvent reconnus par certains établissements publics et privés. Une législation clarifiant les procédures d’obtention de ces documents serait une première étape importante, accompagnée de campagnes de sensibilisation pour que tous les fonctionnaires concernés reconnaissent ces documents. Autre écueil, l’impact socio-économique négatif de la pandémie et les mesures de prévention imposées dans la région qui ont commencé à générer des troubles sociaux. Au Sénégal, des milliers de jeunes ont quitté le pays pour fuir l’emprisonnement durant les répressions politiques. Certains ont pris des pirogues de fortune, risquant leur vie en mer, à l’image du célèbre détenu politique Papito KARA qui finira par rendre l’âme par la suite. Les risques et défis spécifiques de protection pour les populations déplacées de force sont donc bien présents.
Les réfugiés et personnes déplacées vivent souvent dans des conditions de surpeuplement et de précarité. Il est important de rappeler que les réfugiés ne quittent pas leur pays par choix, mais par contrainte, fuyant la guerre, la persécution, la discrimination et les violations des droits de l’homme. Ils ont donc besoin d’une protection effective de leur pays d’accueil. Ainsi. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL encouragent vivement le gouvernement sénégalais à réexaminer sa législation nationale pour pallier les faiblesses de son système d’asile. Ils recommandent également la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la Protection et l’Assistance aux Personnes Déplacées en Afrique (Convention de Kampala) pour mieux prendre en charge les déplacés internes en Casamance. Enfin, ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL suggèrent d’adopter le modèle ougandais, qui facilite l’accueil, la protection et l’insertion des réfugiés en allouant des terres à chaque famille de réfugiés pour la construction d’abris et pour la culture. Pour finir, nous encourageons les citoyens à continuer la lutte contre la spoliation des terres au Sénégal et pour la préservation du littoral. En autorisant des constructions privées pour une minorité privilégiée et en détruisant le littoral, les autorités avaient contribué à accélérer les phénomènes de migration climatique et de déplacements.
SIGNATAIRES :
- Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
- Mouvement pour l'Ethique et la transparence (MEt)
- Mouvement International d'Apostolat des milieux indépendants (MIAMSI Sénégal).