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30 avril 2025
Diaspora
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ÉVITER LA CONFUSION DES RÔLES
"Il faut accepter qu'Ousmane Sonko n'est pas un Premier ministre ordinaire." Alioune Tine pointe du doigt l'inédit de la situation politique actuelle et la nécessité d'une meilleure communication gouvernementale
C’est un esprit libre qui a fait face aux Rédactions de E-Media, hier. Alioune Tine dénonce les insultes et accusations gratuites. Mais souhaite une pédale douce dans la répression judiciaire. Justice, politique.
"J’ai été victime de Bah Diakhaté, mais…"
C’est l’une des affaires qui ont marqué les premières semaines du régime de Diomaye Faye. Bah Diakhaté, proche de l’Apr, a été condamné pour des propos jugés outrageants contre le Premier ministre, Ousmane Sonko, relativement à l’homosexualité. «Les accusations de Bah Diakhaté sont inadmissibles. Moi-même j’ai été victime de ses sorties. Il faut qu’on en finisse avec cette façon de s’opposer. Alors, que tous ceux qui ont fait dans l’excès présentent leurs excuses. Mais je pense aussi que dans le cas de diffamation, un démenti devrait suffire au lieu d’envoyer les gens en prison», a dit le fondateur de Afrikajom Center.
Alioune Tine prudent sur la plainte contre Macky Sall
Les démons de la division commencent à resurgir avec l’idée d’une plainte contre l’ancien président, Macky Sall, brandie par Boubacar Sèye et Cie. Alioune Tine préfère ne pas en parler «pour le moment», pour préserver son statut de médiateur. Il a rappelé, cependant, que c’est «la loi d’amnistie qui a sorti le pays d’une crise politique» et qui a «sauvé notre vivre-ensemble». Le droit-de-l’hommiste prône la «réparation pour les détenus» des événements politiques et même l’érection d’un monument.
«Il faut communiquer pour lever cette confusion des rôles»
C’est la suite de sa sortie relatée par la presse de ce vendredi sur l’alerte contre un «Etat pastéfien». Alioune Tine constate que Ousmane Sonko est un «hyper premier ministre». «Il faut que l’on accepte qu’il n’est pas un Premier ministre ordinaire et qu’il est investi d’une forte légitimité. C’est inédit et ça c’est depuis la campagne. Mais Comment il faut gérer ça ?», se demande M. Tine. Qui préconise une «communication gouvernementale pour lever la confusion des rôles». Il a ajouté que leur travail, en tant que société civile, c’est de «prévenir des menaces». Sur les audiences que le chef du gouvernement accorde à des diplomates, Alioune Tine n’y voit pas de problème, si tant est «qu’ils s’entendent sur ces questions». Pour lui, c’est aussi peutêtre l’occasion de régler l’hyperprésidentialisme.
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LE FARDEAU DE L'EMPIRE FRANÇAIS
Plus de 60 ans après les indépendances, le ressentiment né de la colonisation française reste tenace. Excuses, restitutions, fin de la "Françafrique" : les demandes pleuvent de toutes parts. Jusqu'à quand l'Hexagone pourra-t-il faire la sourde oreille ?
Dans un échange instructif, les historiens français Pascal Blanchard et Benjamin Stora ont dressé un constat glaçant : les cicatrices de la colonisation française en Afrique restent grandes ouvertes, empoisonnant les relations entre l'ex-puissance coloniale et ses anciennes possessions.
"Le cas africain cristallise les tensions autour du legs colonial", assène Pascal Blanchard, fin connaisseur des faits coloniaux. De l'Algérie au Mali en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations africaines ont les yeux rivés sur l'Histoire. Elles réclament à cor et cri vérité et réparations à l'ancienne métropole.
Un vent de rébellion souffle sur le continent, avive les braises de la colère contenue trop longtemps. Comme le souligne Benjamin Stora, "Les demandes affluent de toutes parts : restitution des biens pillés, excuses officielles, fin de la gestion opaque héritée de la Françafrique...Ces questions ne sont plus de l'ordre de l'anecdotique, elles sont entrées dans le champ diplomatique."
Sur les berges de la Seine, le malaise est palpable. Les élites dirigeantes, de droite comme de gauche, ont longtemps fui le débat. "La repentance idéologique est brandie pour museler la réflexion", dénonce Blanchard. Coincée entre la nostalgie réactionnaire d'un passé mythifié et l'agressivité des révisionnistes, la recherche historique peine à se faire entendre.
La solution ? Donner un écrin, une vitrine nationale, à l'exploration apaisée de ce pan douloureux de l'Histoire française. "Un Musée de la colonisation s'impose en France, à l'image de ce qui existe déjà ailleurs", plaide Blanchard. Un lieu pour transmettre, pédagogiquement, les mémoires plurielles et le récit partagé du fait colonial.
Le message est clair selon les deux spécialistes : la France ne pourra plus longtemps éluder les demandes de vérité et de justice émanant d'Afrique. Jusqu'à quand la France pourra-t-elle tourner le dos à cette part d'elle-même ? L'avenir de ses relations avec le continent pourrait bien en dépendre.
L'OMBRE D'UN ÉTAT AUX ORDRES DE PASTEF
Le spectre d'un "État pastéfien" plane sur le Sénégal selon Alioune Tine. Le président d'Afrikajom Center juge sévèrement les premières nominations du nouveau régime. Il estime que la "surcharge de légitimité" de Sonko risque de décentrer le pouvoir
Alioune Tine, président-fondateur d’Afrikajom Center, déclare avoir l’impression d’assister à la mise en place d’un «Etat pastéfien», au vu des nominations aux postes de responsabilité faites par le nouveau régime. Une position que cette personnalité de la Société civile a défendue lors d’une table ronde.
La remarque est de taille. Elle émane de Alioune Tine. Le président du think-thank Afrikajom Center a sa lecture de la marche du pays depuis l’avènement du Président Bassirou Diomaye Faye. «De mon point de vue, après avoir assisté à ce qu’on peut appeler un Etat agressif, nous n’avons pas l’impression d’avoir tourné la page de l’Etat-partisan», constate Alioune Tine, qui continue de contester l’invalidation des candidatures de Sonko et de Karim Wade à la dernière élection présidentielle. M. Tine, qui intervenait lors de la table ronde organisée hier par l’Association sénégalaise de Droit constitutionnel (Asdc), dira à l’attention de l’assistance, souligne Seneweb : «On a l’impression qu’il se met en place petit à petit un Etat pastéfien.»
Les nominations aux postes stratégiques de nombreux membres du parti Pastef laissent transparaître ce sentiment qui habite Alioune Tine. Ce dernier, durant son intervention, est aussi revenu sur le nombre d’étapes de la crise politico-électorale que le pays a eu à traverser avant d’aboutir à l’élection du 24 mars dernier.
Ce membre éminent de la Société civile a poursuivi sa réflexion en soutenant : «Le défi, c’est de voir comment on peut traverser cette nouvelle mutation de la démocratie, et ne pas réduire notre démocratie à une démocratie électorale. Et ne pas réduire la légitimité à une seule légitimité de ceux qui sont élus. Il y a de nouvelles légitimités qui émergent, qui sont fortes.»
Analysant l’évolution du duo Diomaye-Sonko à la tête du pays, Alioune Tine souligne : «L’inversion qu’il y a au niveau de la hiérarchie du parti au pouvoir (Pastef) fait que nous avons quelqu’un qui a une surcharge de légitimité (Ousmane Sonko, Ndlr) qui devient Premier ministre. Cela va décentrer le pouvoir totalement, et on y assiste. Cela va créer de nouvelles tensions qu’il faut prévenir dès maintenant.»
«De l’autre côté, on a la dette politique de Diomaye (le président de la République). Une dette extrêmement forte qui est un poids sur ses épaules à l’heure actuelle. C’est cela qui crée de la tension au sommet du pouvoir», fera-t-il encore remarquer.
Et Alioune Tine de rappeler, non sans évoquer le rejet par le Président Macky Sall de la candidature de Amadou Ba, son propre candidat, au sujet des bouleversements intervenus en février dernier : «S’il y a un paramètre qui a échappé à Macky Sall et qui a tout chamboulé, c’est Bassirou Diomaye Faye. La validation de la candidature de Diomaye a été un moment de déstabilisation du régime. C’est à ce moment que beaucoup de choses se sont passées avec le report, les accusations du Pds contre les juges du Conseil constitutionnel.»
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MACKY SALL DANS LE COLLIMATEUR DES VICTIMES DE SON RÉGIME
Malgré une loi d'amnistie, les proches des 86 victimes décédées lors des manifestations de 2021 et 2024 n'entendent pas tourner la page. Ils se sont constitués en collectif et demandent l'arrestation de l'ancien président
(SenePlus) - Les familles de ceux qui ont perdu la vie ou ont été injustement emprisonnés au cours des manifestations de l'opposition ces trois dernières années réclament que justice soit faite. Constituées en collectif dénommé "le collectif des victimes du régime du président Macky Sall", elles demandent aux autorités judiciaires d'émettre un mandat d'arrêt international à l'encontre de l'ancien président pour qu'il réponde de ses actes devant la justice, selon un reportage de RFI.
Le collectif rassemble 650 personnes, des individus arrêtés de façon arbitraire, selon leurs dires, et des proches de victimes décédées lors des manifestations depuis 2021. Babacar Seye, président du collectif, appelle les autorités sénégalaises à émettre un mandat d'arrêt international contre l'ex-président Macky Sall. "Macky Sall ne peut pas être au-dessus de la loi. Nous avons besoin de comprendre... Macky Sall devra être extradé au Sénégal pour répondre de ses actes !", a-t-il déclaré, cité par RFI.
Malgré une loi d'amnistie générale adoptée dans les derniers jours du régime de Macky Sall et portant sur les crimes commis dans le cadre des manifestations entre février 2021 et 2024, Makhou Mandela, dont la femme enceinte de sept mois a été arrêtée en 2023, estime qu'il faut pouvoir examiner cette période devant la justice. "C'est vraiment donner une mauvaise jurisprudence à ceux qui dirigent ce pays ! Il y a des familles déchirées à jamais, des disparus, il faut que justice se fasse ! C'est une obligation pour les générations futures", a-t-il déclaré selon RFI.
Dans l'immédiat, un peu plus de 12 650 personnes ont signé une pétition demandant l'extradition de Macky Sall. Le collectif a également demandé à rencontrer le président Bassirou Diomaye Faye pour exposer leur besoin de vérité, de justice et de réparation, indique le média français.
Cet appel à la justice intervient dans un contexte de tensions politiques au Sénégal, où l'opposition accuse l'ancien président Macky Sall de dérives autoritaires et de violations des droits humains au cours de son mandat. Les manifestations qui ont secoué le pays ces dernières années ont fait de nombreuses victimes et donné lieu à des arrestations massives, selon les opposants.
DÉSILLUSION POUR LES LIONS
Tenus en échec à domicile par la RDC (1-1), le Sénégal a perdu son avance en tête du groupe B au profit du Soudan. Un coup d'arrêt inattendu qui remet tout en cause dans la course à la Coupe du monde 2026
Lors de la troisième journée des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, la République Démocratique du Congo (RDC) a réussi à arracher un match nul précieux (1-1) contre le Sénégal, obligeant les Lions de la Teranga à céder la première place du groupe B au Soudan, vainqueur de la Mauritanie.
Le match, joué à domicile pour le Sénégal, a démarré sur les chapeaux de roues avec une tentative précoce de Nicolas Jackson dès la 2ème minute. Son effort a failli surprendre le gardien congolais, mais il a été rattrapé in extremis. Cette action initiale annonçait un duel intense, avec le Sénégal cherchant à imposer son jeu via des relances longues de Kalidou Koulibaly et Abdoulaye Seck. Cependant, les efforts sénégalais manquaient de précision dans le dernier geste.
Les Congolais, bien structurés défensivement sous la direction de leur capitaine Chancel Mbemba, ont résisté aux assauts incessants des Lions. Les tentatives sénégalaises de percer cette défense compacte se sont avérées infructueuses, malgré des efforts notables de joueurs comme Habib Diarra et Pape Matar Sarr.
Juste avant la mi-temps, Ismaila Sarr a réussi à marquer le but d’ouverture pour le Sénégal à la 44ème minute après un cafouillage dans la surface congolaise. Cependant, la RDC a montré une résilience remarquable et, malgré un but annulé pour hors-jeu à la 32ème minute, ils ont continué à menacer la défense sénégalaise.
Au retour des vestiaires, le jeu s’est ouvert davantage avec Nicolas Jackson et d’autres attaquants sénégalais créant plusieurs opportunités. Cependant, une occasion en or manquée par Jackson à la 82ème minute a été suivie par l’égalisation de Fiston Fayele pour la RDC à la 85ème minute, portant le score final à 1-1.
Ce résultat critique a des conséquences importantes pour le Sénégal, qui perd la tête du groupe B au profit du Soudan, désormais en tête avec 7 points. Les hommes d’Aliou Cissé, avec 5 points, devront impérativement gagner contre la Mauritanie lors de la prochaine journée pour rester en course pour la qualification.
Avec ce match nul, la RDC renforce ses espoirs de qualification, tandis que le Sénégal doit repenser sa stratégie pour les prochains matchs afin de retrouver sa domination dans le groupe.
Par Ibou FALL
UN PEUPLE, UN BUZZ ET UNE FOIRE
L’adversité des années 60-70 aura raison finalement de la quête d’excellence de la République. A force de reculades, la République devient la foire d’empoigne où l’on vend en solde sa vertu et aux enchères sa mauvaise éducation
A partir de quel moment ce pays de brillants sujets s’est-il mis à croire qu’un président de la République et son Premier ministre doivent enseigner aux administrés à balayer les rues, en joignant l’acte à la parole, forçant le nouveau gratin du régime à poser en tenue d’éboueur, chacun près de sa brouette, pelle à la main ?
Lorsque la France consent à nous lâcher la bride, en 1960, nous avons l’un des chefs d’Etat les plus classes de la planète. Le modèle achevé de l’aristocrate que la mystique de la République habite, effrayant de culture, pétillant d’intelligence et éblouissant de savoir-vivre. Son lieutenant, le chef du gouvernement, est un ascète féru de spiritualité, un intellectuel pur jus obnubilé par sa mission : snober le sous-développement, affamer la pauvreté, assoiffer l’ignorance.
Le tandem est surréaliste… Le Sérère catholique issu d’une famille polygame qui ne s’entend qu’avec les chefs religieux musulmans, figures inédites de la féodalité ; et le Toucouleur musulman, fils de monogame, qui ne fait confiance qu’aux ecclésiastes gauchistes ; le gosse de riche et le moutard du policier.
Ces deux phénomènes ont toutefois un point commun : ce sont d’anciens sujets français qui ne tolèrent pas la médiocrité. La moindre des exigences, pour frayer avec ce régime, est alors d’avoir de la tenue et de l’instruction…
L’adversité des années soixante et soixante-dix aura raison finalement de la quête d’excellence de la République : les années de sècheresse mâtinées des troubles de la géopolitique mondiale vont éroder le standing de l’élite locale après que le tandem iconoclaste aura implosé le 17 décembre 1962. Et la barque va tanguer dans les tempêtes au point d’en perdre ses repères.
Les gens de peu sont en plein désarroi quand arrive sur la scène publique une nouvelle race de parvenus…
Des Sénégalais plus que bon teint, partis à l’aventure avec leurs seuls baluchons, et quelques compétences en abracadabra, et qui rentrent après de tumultueuses odyssées pour étaler leurs réussites inexplicables et leurs fortunes qui sentent le soufre…
Une garnison de rustres frustes qui se soignent : ces braves gens sont riches et tiennent à ce que ça se sache
Ils exhibent leurs deniers au nez des crève-la-faim, courtisent les griots et enrichissent les bijoutiers, subventionnent la contre-culture dont Sorano sera le temple et Médina Sabakh, la terre promise. Le Ramadan est la pause annuelle vertueuse ; le vendredi, leur jour de sainteté obligée où l’on compte les authentiques Sénégalais à l’entrée des mosquées dans lesquelles il faut se faire remarquer ; et la lutte, le rendez-vous dominical du gratin vernaculaire.
Leurs pantalons sont bouffants, leurs broderies de boubous damasquinées ; ils ont les épousailles fantasques, les baptêmes tonitruants et les funérailles psychédéliques. Comme si ça ne suffisait pas, leurs marabouts deviennent iconiques, leurs superstitions sont une religion, leurs mythes, des vérités historiques et leurs croyances font forces de lois.
Un député sénégalais, Mamadou Fall «Puritain», du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, prêche dans le désert quand il dénonce dans ces années-là, «ceux qui se mettent à piailler jusqu’à quatre heures du matin pendant que les gens dorment !».
Personne ne le prend au sérieux…
Ces Sénégalais du second type vont s’enhardir et disséminer leurs tares à tous les étages de la République, en tirant l’élite par le bas pour poser en maîtres du pays. Ils prennent d’assaut les quartiers chics, envahissent le monde des ragots et s’arment de légions de laudateurs. Pour parler comme en 2024, ils sont le buzz.
Ça étale son sans-gêne de nouveau riche et porte l’arrogance comme gage de citoyenneté : ça pense la démocratie à hauteur de son inculture et retaille le Sénégal en un ghetto où triomphent l’ordinaire fainéantise, l’insatiable cupidité et la bestiale concupiscence.
Le legs de cette engeance se résume à des faillites retentissantes, des demeures délabrées et des héritiers sans âme.
Pour couronner le tout, ils nous inventent une nouvelle institution, le secteur informel, garant de la débrouille nationale, laquelle installe au rang de valeurs absolues la fourberie, le désordre et la saleté…
Senghor les tolère, Diouf les reconnaît et Wade les institutionnalise.
A force de reculades, la République devient la foire d’empoigne où l’on vend en solde sa vertu et aux enchères sa mauvaise éducation. Parler français est une ignominie, savoir se tenir, une tare.
Pour mon plus grand malheur, dans ma jeunesse tourmentée, lorsque je croise de brillants esprits qui me parlent comme à un égal, l’un d’eux me transmet son regard implacable sur cette faune bigarrée aux airs conquérants et aux certitudes déjà définitives. Il n’arrive pas à les envier, et les plaint même, malgré leurs efforts monstrueux pour susciter la déférence, la convoitise, la jalousie… Son verdict péremptoire me marque à jamais : «Ils mangent trop gras, boivent trop sucré et, en plus, baisent de la mauvaise fesse !»
Par Mohamed GUEYE
À QUAND UN SOMMET BELIZE-AFRIQUE?
Le président Diomaye Faye rompt avec la frénésie diplomatique de son prédécesseur en snobant le sommet Corée-Afrique. Une remise en question salutaire des pratiques pas toujours fructueuses des grands raouts internationaux
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye n’a pas voulu se rendre à Séoul, au Sommet Corée du Sud-Afrique, et a préféré déléguer la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Mme Yassine Fall. Cela est une grosse rupture par rapport aux pratiques du chef de l’Etat sortant, M. Macky Sall. Il faut dire que ce dernier était un assidu de ces grands raouts où les grands de ce monde donnaient l’impression de s’intéresser au sort des pauvres des pays en développement. Si l’on sortait les archives, on se rendrait compte que le président Macky Sall n’a pas dû rater beaucoup de ces sommets réunissant les dirigeants africains avec leurs homologues des puissances du monde.
Il y était si présent et si apprécié qu’il avait été désigné co-président du 8ème Ticad (Sommet Japon-Afrique), qui s’est tenu en octobre 2022 à Tunis. L’année d’avant, son homologue chinois Xi Jin Ping et lui avaient co-présidé le Sommet pour la coopération Chine-Afrique (Focac). On ne compte pas, à côté de cela, tous les sommets Russie-Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique, Etats Unis-Afrique, Brics, Allemagne-Afrique, Grande Bretagne-Afrique, Arabie Saoudite Afrique, Emirats-Afrique... Cela, sans oublier les traditionnelles rencontres périodiques entre la France et ses «amis» africains, l’Union européenne avec l’Union africaine, et avec les pays africains. Les sommets ne créent pas d’indigestion chez certains.
Macky Sall devait, en plus de faire la causette à ses pairs du monde, sans doute négocier des points au mieux des intérêts de son pays et de l’Afrique, en particulier quand il a présidé l’Union africaine. Pour le commun des Sénégalais, le chef de l’Etat sortant a plus utilisé notre avion de commandement et le carburant qui lui ont été alloués pour faire du tourisme à travers le monde. On peut sincèrement se demander ce que l’Afrique, dans sa globalité, a tiré de ces différents sommets.
Ainsi, pour le sommet qui s’est ouvert hier à Séoul, on sait que la Corée du Sud s’est donné pour objectif de doubler son aide au développement et la faire passer à 10 milliards de dollars américains d’ici 2030, au bénéfice de ses partenaires africains. En échange, le pays du Matin Calme souhaite avoir un plus grand accès aux matières premières dont les pays africains sont dotés en abondance et n’ont pas les moyens de les exploiter. On peut se demander si les dirigeants qui se rendent sur place feront des propositions concrètes pour une véritable coopération gagnant-gagnant avec ces «nouveaux bienfaiteurs». Au début des années 2000, la Banque de Chine a mis ses énormes réserves financières à la disposition des amis africains de Beijing. Il ne leur était pas demandé quel projet ils voulaient financer ; il leur suffisait de dire le montant dont ils avaient besoin. Résultat des courses, en 20 ans environ, la plupart de ces pays qui avaient bénéficié de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (Iadm), dans le cadre du programme Ppte (Programme en faveur des pays pauvres très endettés) lancé conjointement par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, se retrouvent aujourd’hui presque aussi endettés, si ce n’est plus. La différence est que cette fois, leur dette est souscrite auprès des partenaires comme la Chine ou les pays arabes, qui ne souscrivent pas aux règles de l’Ocde, comme les Occidentaux
Certains de ces pays ont été contraints de renoncer à leur souveraineté sur certaines de leurs ressources minières ou naturelles pour éponger leurs créances, au grand dam des institutions internationales et de leurs populations. L’un des exemples les plus frappants est le Programme des 5 chantiers en République du Congo Kinshasa (Rdc). Sitôt réélu en 2006, le président Joseph Kabila passe un accord avec le gouvernement et des entreprises chinois, pour qu’ils lui construisent des infrastructures indispensables au désenclavement et au développement de son pays-continent. Ponts, rails, routes et aéroports devaient sortir de terre, en contrepartie d’une exploitation des minerais par des Chinois, pour une valeur de 5 milliards de dollars. L’accord avait été dénoncé par le Fmi et la Banque mondiale, mais les partenaires sont passés outre. 18 ans après, les Congolais ne sont pas en mesure de montrer à quoi ont été utilisées les ressources minières sorties de leur sol, et que les entrepreneurs chinois continuent d’ailleurs à exploiter à ce jour. Les Kenyans et les Zambiens ne les plaindront pas énormément, eux qui ne sont pas mieux lotis.
Cela peut être jugé caricatural, et tous les accords de partenariat ne finissent pas comme celui-là. Il n’empêche que de manière globale, les vrais besoins de financement ne se trouvent pas au cours des rencontres qui ressemblent de plus en plus à un pèlerinage de mendiants auprès de leurs bienfaiteurs. Autrement, depuis que nous avions commencé, les Français nous auraient permis de décoller économiquement, ce qui est loin d’être le cas. Par ailleurs, les Africains semblent si désemparés et pressés de se jeter dans les bras du premier venu, qu’il ne serait pas étonnant qu’on les voie bientôt se rendre à un Sommet Nouvelle Zélande-Afrique, Belize-Afrique, et même, pourquoi pas, Myanmar-Afrique. Qui sait, il se pourrait que ce soit là-bas la solution à tous nos problèmes. D’ailleurs, ne crie-t-on pas depuis des décennies qu’il est temps de commencer à penser à une coopération Sud-Sud ?
DEUX MOIS SANS GRÂCE
Le président Faye et le Premier ministre Sonko ont entamé leur mandat avec de grandes réformes mais des promesses restent en suspens. Alors que leur leadership complémentaire est salué, l'attente de résultats concrets se fait pressante face aux difficulté
Le tandem formé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, à la tête du Sénégal depuis deux mois, suscite des avis contrastés. Si leur complémentarité est vantée par certains, d'autres pointent des promesses électorales non tenues, particulièrement en matière de réformes économiques et sociales.
À la tête du Sénégal depuis seulement deux mois, le président Bassirou Diomaye Faye a déjà initié plusieurs réformes et projets ambitieux. De la modernisation de la justice à la préservation de l'environnement, retour sur les actions majeures de son début de mandat.
Le duo a ouvert beaucoup de fronts : le social, l’économie, la bonne gouvernance, entre autres. L'un des premiers grands chantiers du président Bassirou Diomaye Faye a été le lancement du Dialogue national sur la réforme et la modernisation de la justice. Cette concertation, démarrée le 28 mai 2024 au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), se poursuit jusqu'au 4 juin et aborde des questions cruciales telles que le statut des magistrats, le rôle du Conseil supérieur de la magistrature, les conditions de détention et la réhabilitation des jeunes délinquants. Plusieurs solutions sont en discussion, notamment le renforcement de la surveillance des détentions, une transparence accrue dans la promotion des magistrats, la numérisation des démarches judiciaires et l'augmentation du budget alloué à la justice.
Dès son investiture le 2 avril 2024, le chef de l’État avait exprimé sa volonté de transformer la justice sénégalaise en une institution indépendante, équitable et impartiale dans toutes ses missions.
La Journée nationale de ‘’set-setal’’
Sur le plan du cadre de vie, le président Faye a également institué la Journée nationale de ‘’set-setal’’, une initiative visant à engager les citoyens dans des activités de nettoyage des rues et des places publiques le premier samedi de chaque mois. La première édition de cette journée s’est tenue à Thiaroye et dans d’autres lieux le samedi 1er juin 2024. Le chef de l'État en a profité pour appeler l'ensemble des Sénégalais à se mobiliser pour rendre leur environnement plus propre et sain. Cette initiative entend aussi remettre au goût du jour les questions de citoyenneté et de civisme dans le but de faire émerger une nouvelle mentalité chez les concitoyens.
Transparence dans la gestion du patrimoine public
Le Premier ministre Ousmane Sonko, sous les directives du président de la République, a demandé des informations détaillées sur les cessions d'immeubles appartenant à l'État. Cette démarche vise à clarifier les conditions de vente à des sociétés privées et à des particuliers ainsi qu'à examiner les baux emphytéotiques consentis sur des propriétés bâties de l'État. Cette initiative s'inscrit dans une volonté de transparence et de bonne gouvernance.
Par ailleurs, en ce qui concerne la protection du littoral, le gouvernement a suspendu l’examen des dossiers fonciers dans certaines localités et ordonné l'arrêt de toutes les constructions sur le littoral, aussi bien sur la corniche-Ouest que sur la corniche-Est. Cette mesure, applaudie par l’homme d’affaires et défenseur du littoral Pierre Goudiaby Atepa, vise à protéger le littoral contre la spéculation foncière et les constructions anarchiques.
Dualité complémentaire
Le poète Amadou Lamine Sall, lors de l'émission "Contre Vents" animée par Mamadou Mbakhé Ndiaye, a repris le président Léopold Sédar Senghor pour décrire le duo au sommet de l'État avec des mots évocateurs. ‘’Pour être président au Sénégal, il faut être soit un saint ou un héros. Avec le tandem Diomaye-Sonko, nous avons un cocktail entre un saint, Diomaye, presque un saint, calme, tempéré et poli, et Sonko, le héros, une tornade, l'orage et l'ouragan. Les hommes ont voté pour lui’’. Cette citation illustre parfaitement la complémentarité, mais aussi les contradictions entre les deux leaders.
Le président Faye incarne la sérénité et la diplomatie, tandis que Sonko représente la force et la détermination.
Maintien de l’État de grâce
Deux mois après son investiture, l'état de grâce semble perdurer pour le président Faye et son Premier ministre. Leur leadership combiné inspire confiance à une grande partie de la population, rassurée par l'image d'un gouvernement harmonieux et déterminé à apporter des changements.
Cependant, cette harmonie apparente cache des lenteurs et des déceptions croissantes concernant plusieurs promesses électorales. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui n’a pas encore fait sa Déclaration de politique générale (DPG), jouit toujours d’une forte popularité auprès des Sénégalais qui attendent avec impatience la mise en œuvre des réformes structurantes afin de moderniser le pays.
Promesses non tenues et défis persistants
Malgré les engagements pris durant la campagne électorale, le prix des denrées alimentaires n'a pas encore connu de baisse significative. Les Sénégalais, frappés par l'inflation, attendent toujours des mesures concrètes pour alléger le coût de la vie. Cette promesse électorale de baisse des denrées fait partie des idées de rupture qu’a toujours prônées le Pastef très attaché à ce volet social. Les classes populaires qui ont largement voté Pastef espèrent la mise en œuvre d’une politique sociale en contradiction avec le pouvoir de Macky Sall qui s’est concentré sur les infrastructures.
Dans le domaine de la bonne gouvernance, des appels à candidatures vantés comme une mesure phare pour promouvoir la transparence et l'égalité des chances n'ont pas encore été lancés. Cette absence de mise en œuvre laisse les citoyens et les observateurs sceptiques quant à la volonté réelle du gouvernement de tenir ses promesses de réformes économiques.
Liberté de la presse : l'affaire du général Souleymane Kandé, récemment nommé "attaché de défense et de sécurité" à New Delhi, a provoqué des remous. Des journalistes ont été convoqués par les autorités, après avoir critiqué cette nomination, entraînant une vague de protestations de la part des associations de presse. Ces convocations sont perçues comme une atteinte à la liberté de la presse, un domaine où des améliorations avaient été promises.
Communication dissonante
Les communiqués des Conseils des ministres révèlent deux styles distincts de communication reflétant la dualité au sommet de l'État. Les annonces du président Faye sont généralement calmes et mesurées, tandis que celles du Premier ministre Sonko sont souvent plus directes et percutantes. Cette dualité peut être perçue comme une force ou une faiblesse, selon les points de vue.
Après deux mois au pouvoir, le tandem Faye-Sonko montre à la fois des signes de complémentarité prometteurs et des lenteurs préoccupantes dans la mise en œuvre des réformes annoncées. Alors que l'état de grâce persiste, les attentes de la population restent élevées. Le succès de ce duo dépendra de leur capacité à répondre efficacement aux défis économiques et sociaux du Sénégal et à honorer leurs engagements électoraux. La patience des citoyens n'est pas infinie et les prochains mois seront cruciaux pour concrétiser les promesses faites et maintenir la confiance placée en eux.
LUTTE DE POUVOIR AU PDS
Le remplacement de Woré Sarr à la tête de la fédération des femmes marque un nouvel épisode de ce bras de fer qui secoue les libéraux. Certains dénoncent une humiliation, tandis que d'autres y voient l'affirmation de la nouvelle génération
Le remplacement de la députée Woré Sarr à la tête de la Fédération des femmes du PDS semble marquer la mise à l’écart de la vieille garde de parti au profit de la jeunesse libérale proche de Karim Wade, secrétaire général national adjoint. À travers le processus de renouvellement, les caciques semblent céder la place aux jeunes cadres susceptibles de préparer une prise de contrôle totale du parti par l’ancien ministre de l’Énergie.
C’est une révolution silencieuse qui est en train de métamorphoser le PDS. Exit les wadistes pure souche, il faut faire la place aux jeunes karimistes. Après les sections et les fédérations, le processus de renouvellement des structures du Parti démocratique sénégalais vient de faire une nouvelle victime chez les historiques, en la personne de Woré Sarr, ancienne cheffe du bureau de la Fédération nationale des femmes du PDS. Cette dernière a été démise de ses fonctions et remplacée par Fatou Sow. Cette décision actée dans un document administratif daté du 21 mai 2024, a provoqué des remous au sein des libéraux.
Beaucoup de cadres du parti n’ont pas manqué d’afficher leur solidarité envers la responsable politique de la commune de Wakhinane Nimzatt (Guédiawaye) qui a décidé de quitter le parti. Des figures de proue des structures de base représentant diverses sections et fédérations de la formation politique d’Abdoulaye Wade, se sont réunies ce week-end pour exprimer leur soutien à la démissionnaire. La députée voit dans ce choix une humiliation après toute une vie de militantisme chez les libéraux.
‘’J’ai démissionné des rangs du PDS, car j’ai été humiliée par Karim Wade et Saliou Dieng. Ce dernier a influencé Karim Wade, car il n’a jamais supporté les critiques sur la gestion des structures lors des opérations de renouvellement. C’est pourquoi il a comploté dans mon dos pour me mettre en mal avec Karim Wade qui m’a humiliée. J’ai pris mon courage à deux mains pour partir’’, a déclaré la responsable politique dans les colonnes de ‘’l’AS’’.
Cette décision a fait réagir beaucoup de cadres du parti comme Doudou Wade. Interrogé dans l’émission ‘’Grand Jury’’ de la RFM, l’ancien député libéral qui appelle à un changement de leadership à la tête du PDS, n’a pas mâché ses mots. Il a indiqué que Woré Sarr a été poussée vers la sortie. L’ancienne mairesse de Médina Gounass, qui n’a jamais hésité à monter au front pour défendre Abdoulaye Wade et son fils, est meurtrie dans sa chair. ‘’J’ai tourné la page et je me concentre sur autre chose en ce moment’’, nous souffle-t-elle au bout du fil. Quant à la question de son mandat de député, si sa démission était effective au sein du PDS, elle s’en remet au ciel. ‘’Je m’en remets au bon Dieu et à mon guide Serigne Fallou Mbacké’’, réplique-t-elle toujours au téléphone.
Processus de ‘’déwadisation’’, la chasse aux caciques du parti
Ce phénomène de ‘’déwadisation’’ a débuté bien avant le processus de renouvellement qui a servi de tremplin aux karimistes qui semblent avoir pris le pouvoir au sein du parti.
Ainsi, des responsables susceptibles de faire ombrage à l’ancien ministre de l’Énergie, comme Bara Gaye, Dr Cheikh Dieng, après de multiples démêlés au sein du PDS, ont pris le grand large pour rejoindre YAW pour le premier et Pastef pour le second. Ces départs font suite à ceux de caciques comme Oumar Sarr, Me Amadou Sall, Babacar Gaye (PLD) et de vieux compagnons de Wade comme Pape Samba Mboup et Farba Senghor poussés aussi vers la sortie.
Le vieux ‘’Pape du Sopi’’ qui n’a jamais masqué sa volonté d’élire son fils à la magistrature suprême semble avoir avalisé ces changements à la tête du PDS. Un moyen pour l’ancien président de paver la voie à l’ancien trader de la City de Londres vers le pouvoir avec une machine électorale entièrement dévouée à sa cause. D’autant que la menace Benno défaite lors de la dernière présidentielle semble s’éloigner ouvrant ainsi la voie pour le PDS qui aspire à devenir la deuxième force du pays après la coalition Diomaye-Président lors des prochaines législatives anticipées.
Cette prise en main depuis près de deux ans coïncide avec une sorte de prise en main du parti par Karim Wade. Ce dernier, toujours en exil doré à Doha, a réussi à placer ses hommes clés à différents postes stratégiques du PDS.
Ainsi, Bachir Diawara, fidèle parmi les fidèles, s'est vu confier le poste de porte-parole du parti, sans oublier le retour en 2023 de Mayoro Faye après son épisode de l’Alliance nationale pour le développement du Sénégal (ALPDS). Les derniers Mohicans comme Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Lamine Ba, président de la fédération des cadres, entre autres responsables libéraux, ont donné quelque gage de loyauté à Karim Wade dans la bataille contre l’invalidation de sa candidature à la dernière Présidentielle.
L’alternance générationnelle au cœur de la nouvelle stratégie des ‘’karimistes’’
Pour l’analyste politique Abdoulaye Mbow, la nouvelle conjoncture de la politique sénégalaise avec l’arrivée du pouvoir de Bassirou Diomaye et de son Premier ministre Ousmane Sonko laisse peu de marge de manœuvre aux autres formations politiques obligées de se renouveler, au risque de disparaître. ‘’Une tendance semble se dégager de plus en plus dans nos formations politiques, c’est l’émergence de jeunes leaders politiques qui arrivent aux responsabilités. Le PDS ne peut pas échapper à cette dynamique. Dans cette optique, si le parti veut continuer à exister dans le landerneau politique, il se doit de responsabiliser les jeunes qui détiennent les nouveaux codes de communication pour parler à un plus large public sénégalais. Ainsi, le PDS doit pouvoir travailler pour assurer cette transition entre la vieille garde longtemps restée fidèle à Wade et la génération montante constituée de ‘karimistes’ et d’anciens de la Génération du concret’’, affirme-t-il.
D’après le journaliste, la meilleure chose qui puisse arriver au PDS est de poursuivre la vente des cartes et d’aller au plus vite vers un congrès inclusif pour remplacer Me Abdoulaye Wade dans l’optique de donner un vrai coup de jeunesse à la formation libérale. ‘’Le président Abdoulaye Wade a rempli sa mission à la tête du pays, car il a conduit le parti au pouvoir avant de lui garantir une place centrale dans le jeu politique sénégalais, même après leur départ du pouvoir en 2012. La promotion des pro-‘karimistes’ a souvent entraîné un vent de critiques de la part des caciques qui dénoncent la gestion à distance de Karim Wade depuis Doha. Donc, il est nécessaire d’aller vers plus de consensus et de rassemblement de la grande famille afin de mieux peser sur l’échiquier politique’’, conclut-il.
par Abdou Sène
LA DIALECTIQUE QUE L’HOMOSEXUALITÉ IMPOSE AUX HUMANISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Combattre l’homosexualité revient à lutter contre la Nature ; la promouvoir est dangereux. Si les différentes sociétés ne s’enferment pas dans des dogmes, elles pourront créer un cadre d’échange nécessaire à une solution durable
D’après l’encyclopédie Larousse « Le terme d'humanisme est l'un de ceux sur le sens desquels personne ou à peu près ne s'entend vraiment. » Toutefois, selon l’acception du dictionnaire français, Trésor de la langue française, qui semble être celle qui se rapproche le plus de celle de l’Occident, l’humanisme est défini comme une « attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d'épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines ». Celle-ci est la conception d’un mouvement intellectuel qui s’est développé en Europe pendant la Renaissance, c’est-à-dire entre le 14ème et le 17ème siècle.
L’ancien Testament de la Bible et le Coran rédigés et compilés respectivement entre le 10e et le 6e siècle avant notre ère, et au 7e siècle, sont allés beaucoup plus loin que le courant humaniste européen sur la consécration de l’Homme sur Terre, plusieurs siècles avant son avènement en Europe.
En effet, la centralité et la responsabilité de l’espèce humaine sur Terre ont été consacrées par le verset 1:26 du livre de la Genèse - premier livre de la Bible hébraïque et de la Bible chrétienne - en ces termes : « Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la Terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. » Et, selon le verset 30 de la sourate 2 du Coran, pour annoncer aux Anges l’arrivée de l’Homme sur Terre et la mission qui lui est assignée, Dieu dit « Je vais établir sur la Terre un khalife ». D’autres religions et courants spirituels comme le bouddhisme, le confucianisme et l’animisme accordent aussi une place très importante à l’humanisme. Les animistes attribuent même une âme ou une essence vitale aux éléments de la Nature, ce qui les engage à préserver cette dernière, comme les pratiquants des religions abrahamiques.
Ce bref rappel de la valeur et des attributs de l’Homme, selon les courants de pensées philosophiques et religieuses, permet de constater que nul ne devrait être plus humaniste que les croyants-pratiquants de ces religions, notamment les juifs, les chrétiens et les musulmans. Dieu ne leur a pas seulement confié l’entretien et le bien-être de leurs semblables mais surtout la gouvernance de la Terre et de son contenu. En définitive, selon les écritures saintes, Dieu a confié à l’Homme la préservation de la Nature, notamment de sa propre espèce ; par contre, l’acception occidentale de l’humanisme, en plus de la valeur suprême qu’elle attribue à l’Homme, favorise l’absolutisme des libertés individuelles qui, si on n’y prend garde, pourrait conduire à l’extinction de l’espèce humaine. Donc à la disparition du sujet et de l’objet de l’Humanisme.
Une de ces libertés que promeut l’humanisme occidental est celle de choisir librement son orientation sexuelle. Rappelons que ce n’est que le 17 mai 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rayé, à juste raison, l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Quelques décennies plus tard, en 2022, le manuel pour les parlementaires publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), intitulé Promouvoir les droits et l’inclusion des personnes LGBTI renforce l’argumentaire de la décision de l’OMS en ces termes : « Il existe aujourd'hui un large consensus mondial parmi les scientifiques sur le fait que l'homosexualité est une variation normale et naturelle de la sexualité humaine, sans aucune conséquence néfaste pour la santé. »
En effet, des résultats des recherches menées par des biologistes et des physiologistes ont montré le caractère inné de l’homosexualité. Le Professeur Jacques Balthazart, biologiste belge de l’université de Liège, auteur du livre intitulé Biologie de l’homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l'être, paru en 2010, estime entre 2 et 10 le pourcentage d’homosexuels dans la population humaine, le taux variant en fonction du contexte culturel et social. Il a mené des expériences de laboratoire sur des rats dont il a réussi à modifier le comportement sexuel par des manipulations hormonales prénatales et néonatales favorisant les attributs du sexe opposé. Ainsi a-t-il rendu « homosexuels » des rats initialement « hétérosexuels ». Ce qui, soit dit en passant, laisse augurer que le comportement homosexuel d’un individu n’est pas une fatalité. En somme, les résultats des travaux du Professeur Balthazart suggèrent que les pulsions homosexuelles sont liées au fonctionnement physiologique de l’Homme, et que leurs manifestations extérieures ou non dépendent de l’environnement culturel et social. Notez aussi que, bien avant ces résultats, les recherches sur l’origine biologique de l’homosexualité ont été encouragées par la découverte en 1991 du Dr Simon LeVay de l’Université de Stanford, qui avait prouvé que la taille du noyau pré-optique de l’hypothalamus détermine l’orientation sexuelle.
C’est pour ces raisons que nous ne pouvons être que partiellement en phase avec le président du Pastef, Ousmane Sonko lorsqu’il dit, lors d’une conférence qu’il co-animait, le 16 mai 2024, avec Jean-Luc Mélenchon, homme politique français, défenseur des homosexuels, à l’Université Cheikh Anta Diop, que, au Sénégal, l’homosexualité n’est pas acceptée mais tolérée. Et je trouve également que ses adversaires qui ont cherché à attaquer une telle déclaration ont totalement tort, car, l’homosexualité prise comme phénomène de la Nature, ne laisse aucun choix à l’Homme. Qu’il l’accepte ou non, elle existe. Qu’il la tolère ou non, elle existe. C’est comme qui dirait telle société n’accepte pas la naissance d’humains qui mesurent moins de 1,47 mètre ou plus de 2 mètres.
La problématique de l’homosexualité qui était juste un sujet parmi d’autres abordés lors de la conférence, a finalement ravi la vedette à tous les autres au niveau médiatique, à cause du contexte politique bien chargé, mais aussi de l’importance et de la sensibilité de la question. Et c’est normal, l’homosexualité devrait être au centre des préoccupations de tous les humanistes, notamment les pratiquants des trois religions dites du livre, pour deux raisons : 1. combattre l’homosexualité revient à lutter contre la Nature ; 2. promouvoir l’homosexualité est un jeu dangereux pour l’espèce humaine.
L’attitude des humanistes à l’égard des personnes nées homosexuelles devrait être teintée de compassion et d’empathie. Imaginons le déchirement que pourrait vivre un jeune sénégalais qui en grandissant se rend compte que ses pulsions sexuelles le poussent vers les garçons. L’imam homosexuel d’origine algérienne Ludovic-Mohamed Zahed décrit bien cet état psychologique qui parfois mène au suicide, à cause d’un profond mal-être social. Et selon l’ouvrage Les minorités sexuelles face au risque suicidaire édité en 2014, en France, par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (devenu Agence nationale de santé publique en 2016), la prévalence des tentatives de suicide chez les homo-/bisexuels est de 2 à 6 fois plus importante que chez les hétérosexuels. La prévalence étant encore plus importante chez les jeunes de moins de 20 ans. L’ouvrage montre que depuis la fin des années 90, les structures de recherche occidentales ont produit une multitude de résultats sur la suicidalité des personnes ne satisfaisant pas la conformité aux stéréotypes de genre. On y trouve des études portant sur les Etats-Unis, le Canada, l’Australie,… et sur différents pays de l’Europe de l’Ouest et du Nord. Même la Turquie.
Le taux extrêmement élevé de suicide chez les personnes à orientation homosexuelle prouve qu’ils n’ont pas, en général, pris cette option par vice ou quête de jouissance dans le stupre. L’affaire est beaucoup plus sérieuse que cela. Et on peut bien comprendre qu’au vu de cette situation humainement alarmante certains humanistes occidentaux s’engagent résolument dans la protection des homosexuels. Le souci vient plutôt de ce qu’ils semblent verser dans l’apologie du phénomène au risque de compromettre l’avenir de l’Humanité. L’Homme étant de nature intelligente et résiliente, si les différentes sociétés humaines ne s’enferment pas dans des dogmes, elles pourront, comme sur d’autres questions existentielles pour l’espèce humaine, créer un cadre d’échange afin d’arriver à une solution durable pour notre espèce.
Pour ce faire, les Occidentaux doivent mettre un terme à leur obstination, au nom de l’humanisme, à promouvoir l’homosexualité non seulement chez eux, mais partout à travers le monde. Ils sont certainement victimes de la faiblesse humaine dont parle Yuval Noah Harari dans son livre paru en 2018 et intitulé 21 Leçons pour le 21ème siècle. Harari fait cette assertion étayée par des exemples pris dans diverses régions du monde : « La plupart des peuples ont tendance à croire qu’ils sont le centre du monde, et que leur culture est le pivot de l’histoire humaine. »
Le jour où le projet occidental de promouvoir l’homosexualité dans tous les pays du monde aura abouti, le risque majeur que court l’humanité est une décroissance exponentielle de sa population. En effet, tout le monde peut au moins s’entendre sur le fait que l’homosexualité ne peut avoir qu’un effet négatif sur le taux de croissance intrinsèque de la population humaine. Or, cette dernière, définie comme la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité, est le facteur le plus déterminant de l’évolution de la population d’une espèce selon la théorie de Thomas Robert Malthus (1766-1834) améliorée par Pierre-François Verhulst (1804-1849). Le modèle de dynamique des populations de Malthus-Verhulst dit que, si le taux de croissance intrinsèque de la population d’une espèce est négatif, cette dernière est vouée à l’extinction.
Ceci nous amène à évoquer les paradoxes des humanistes occidentaux qui encouragent l’homosexualité en suggérant à leurs enfants que le choix est libre entre être un garçon, une fille ou quelque chose entre les deux. Le premier paradoxe est que l’absolutisme des libertés individuelles de l’être humain les amène à favoriser les conditions de sa propre disparition, celle du sujet-objet de l’humanisme ; le deuxième paradoxe est présenté sous forme de questions. Au nom de l’absolutisme des libertés individuelles, pourquoi pas la polygamie et la polyandrie, si toutes les parties prenantes sont consentantes ? Pourquoi le Code rural et le Code pénal français interdisent, de fait, la consommation de viande de chien et de chat ? En réalité, les libertés individuelles ne sont qu’un prétexte que nos cousins occidentaux agitent pour imposer au reste du monde certaines de leurs valeurs civilisationnelles, qui, du reste, sont récentes du point de vue de l’histoire.
Quant aux organisations qui militent pour le respect des bonnes mœurs au Sénégal, et qui font souvent référence à l’Islam, elles devraient davantage méditer le verset 30 de la sourate 2 qui assigne à l’Homme la mission de Khalife sur Terre. Avant de chercher à le faire condamner, elles devraient plutôt mettre l’accent sur l’accompagnement du jeune homosexuel psychologiquement et sociologiquement déchiré. Evidemment, les actes contre-natures, ainsi que l’apologie de l’homosexualité et le mariage de Ngor et Gorgui ou de Maty et Madjiguène ne peuvent pas être acceptés au Sénégal, mais évitons de développer une vive répulsion populaire vis-à-vis des innocents d’apparence et/ou de physiologie homosexuelle. Injustice ne serait pas plus grande que de rejeter l’être humain en prononçant des sentences imprécatoires à son encontre, à cause de ses attributs congénitaux. Imaginez l’état de délabrement mental dans lequel nous mettrions ce jeune qui n’a pas demandé à naître et n’a pas non plus choisi son patrimoine physiologique.
Compte de tenu de la complexité du phénomène de l’homosexualité, nous voudrions inviter les chercheurs sénégalais et africains à courageusement approfondir la réflexion sur le sujet. Qu’ils soient physiologistes, biologistes, démographes, psychologues, philosophes, historiens, théologiens, juristes ou socio-anthropologues, les chercheurs sénégalais et africains doivent davantage faire entendre la voix de l’Afrique sur la question. L’homosexualité est aujourd’hui, de toute évidence, un sujet sociologiquement délicat à aborder au Sénégal et dans beaucoup de pays d’Afrique mais, quel que soit ce que cela peut coûter en matière de notoriété sociale, nous n’avons pas le droit de l’occulter en tant que chercheurs. D’autant plus que le législateur nous incite à affronter tous les problèmes de la Cité à travers la loi 94-79 sur les franchises universitaires qui, à son article 15, stipule : « Les enseignants et chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leur fonction d’enseignement et de leurs activités de recherche sous les réserves que leurs imposent les principes d’objectivité et de tolérance. »
La question de l’orientation sexuelle des humains - une question existentielle - est trop importante et complexe pour que le monde académique africain ne la prenne pas en charge dans les différents programmes de recherche. Comme l’Occident, l’Afrique doit aller au dialogue des peuples armée de solides arguments scientifiques fournis par les chercheurs, au lieu de laisser les seuls chantres de l’éthique et de la morale religieuse porter sa voix.
Nous devons nous prononcer parce que c’est un devoir, et comme le disait le président Mamadou Dia, on peut renoncer à un droit mais, on ne peut pas renoncer à un devoir.
Abdou Sène est Professeur titulaire de classe exceptionnelle en mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane.