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5 mai 2025
Diaspora
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LES PRIORITÉS VUES DE CASAMANCE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les attentes sont nombreuses mais les populations de Vélingara ont comme priorités, la santé, le transport et l'insertion des femmes et des jeunes dans la vie économique - VIDÉO EN PUULAR
Boubacar Badji et Oumar Niane |
Publication 23/01/2019
#Enjeux2019 - Les populations de la commune de Vélingara sont très partagées sur les différentes politiques à mettre en œuvre pour sortir leur commune de la précarité. Sur les questions liées à la santé, au transport, ou encore la politique de l’emploi des jeunes et l’insertion des femmes, les avis sont partagés.
Voir la vidéo en pulaar.
PAR ALYMANA BATHILY
SAUVER LES MÉDIAS, C'EST IMPÉRATIF
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Comment en est-on arrivé à cette dégénérescence des médias qui, de promoteurs de la démocratie, sont devenus des suppôts patentés de la politique politicienne, du business et du rigorisme religieux ?
#Enjeux2019 - 20 journaux quotidiens, 300 sites en lignes, 250 chaines de radios, 22 chaines de télévision, 4 bouquets de télévision : CanalSat, Excaf télécoms, Origines, Delta Net et une pléthore de « cablo opérateurs » plus ou moins clandestins qui proposent l’accès à des télévisions. C’est là le paysage médiatique actuel du Sénégal tel que le rappelait ici sur SenePlus.com encore récemment, notre éditorialiste Jean Meissa Diop.
Qui se souvient que jusqu’en 1994, l’information était distillée par le seul « journal gouvernemental » et la seule radio-télévision d’Etat, conviendra que le Sénégal a accompli un grand pas dans l’instauration du pluralisme de l’information. Il est indéniable que c’est à ce pluralisme que nous devons l’enracinement de la démocratie dans ce pays.
Ce n’est pas un fait du hasard que les premières élections un tant soit peu transparentes, les législatives de 1998, soient survenues après l’avènement des premières radios privées. On sait la part déterminante que celles-là joueront lors de l’élection présidentielle de 2000 en rendant compte en direct du déroulement des opérations de vote toute la journée et diffusant les résultats dès la clôture du scrutin, bureau de vote après bureau de vote.
On se souvient aussi du rôle que la presse écrite en particulier a joué pour informer le public sur le fonctionnement des institutions publiques. Je pense ici notamment à cette série d’articles signées par le Professeur Kader Boye sur « la crise des Institutions » dans le quotidien Sud, à la « Tontine des juges » du même journal qui nous révéla que plus d’un milliard de FCFA avait été soustrait des greffes du Tribunal régional de Dakar.
Il faut se rappeler que c’est l’interview en direct de Salif Sadio, chef de l’aile irréductible du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) sur Sud FM, qui a révélé aux Sénégalais que ce dernier n’était pas mort comme le régime du président Abdou Diouf le prétendait et que la guerre n’était pas finie.
Qui ne se souvient de l’émission « Bla Bla » de Radio Oxyjeunes qui vers les années 1997 déjà, nous appris à regarder le jeu politique avec humour et détachement ?
Que dire de ces émissions interactives genre « Wakh Sa Halaat » que toutes les radios programmèrent, qui contribuèrent indubitablement à concevoir et formuler des opinions politiques ? Aussi est-il bien démontré que le pluralisme de l’information s’est révélé une composante essentielle de la démocratie dans ce pays.
- Prêches, mbalax, télénovélas, conditionnement et fake news -
Par ailleurs il faut bien admettre que les journaux, les radios, les télévisions et les sites internet sont devenus récemment trop souvent, non pas seulement des simples supports de publicité, de merchandising et de commerce, mais des armes au service de la politique.
Quand le quotidien national Le Soleil s’assigne comme première mission d’illustrer et de défendre « les réalisations du président Macky Sall », d’autres publications se font les porte-parole ou le gardien des intérêts de telle ou telle personnalité politique, de telle ou telle « tarikas » ou à des « opérateurs économiques ».
De fait, plusieurs journaux et sociétés ayant été créés par des hommes politiques, les fréquences de radios et de télévision distribuées à tour de bras à des politiciens, des représentants de « taiika », des publicitaires et à des musiciens laudateurs, ce sont bien entendu les agendas politiques, les allégeances religieuses et les programmes promotionnels de ceux-là qui déterminent les contenus.
Voyez le temps consacré dans la programmation au mbalax, aux télénovelas brésiliennes, mexicaines ou sénégalaises, aux prêches religieux et aux ragots par rapport à l’instruction civique, aux droits de la femme et à l’histoire africaine par exemple.
Dans ces médias, de la presse écrite comme de l’audiovisuel, s’est développée ainsi une forme de journalisme sans professionnalisme avec des journalistes qui n’ont cure de la recherche des faits, de la rigueur de l’analyse, de l’objectivité et de la déontologie. Ces journalistes recourent allégrement à la calomnie, à l’injure, au chantage si ce n’est à la flagornerie.
Voyez comment en cette période préélectorale alors que la tension est déjà très vive, avec quel cynisme des journalistes patentés se font les défenseurs du camp du président de la République en s’attaquent à un candidat à coup de boules puantes et de fake news !
Comment en est-on arrivé à cette dégénérescence quasi généralisée des médias qui de promoteurs de la citoyenneté et de la démocratie dans les années 90 à 2000, sont devenus trop souvent de nos jours, des suppôts patentés de la politique politicienne, du business et du rigorisme religieux ? A ce fonctionnement des médias qui sape les fondements même de la démocratie ?
Le président de la République que les Sénégalais éliront le 24 février 2019 devrait à notre sens, au nombre de ses urgences, faire figurer des mesures pour régénérer les médias.
- Refonder et renforcer la régulation -
Il s’agit d’abord de mettre en place une Autorité ou un Conseil de régulation fort, dont les attributions concernent l’ensemble du secteur des médias (radios, télévisions, cablo opérateurs et autres distributeurs de contenus télévisuels et aussi presse écrite, y compris presse en ligne et publicité).
Cette institution sera établie par la Constitution. Ceci lui conférera une plus grande légitimité et la mettra à l’abri de changements de statuts motivés par des intérêts politiques partisans. Ce nouvel organe de régulation sera totalement indépendant de l’Exécutif. Son budget sera voté par l’Assemblée, à laquelle il rendra compte.
Les membres de son collège directeur seront nommés non pas par le seul président de la République mais aussi par l’Assemblée Nationale et par le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (ou l’institution qui la remplacera après la réforme des institutions que nous appelons de nos vœux).
Ces membres nommés pour une longue durée (6 ou 7 ans), à un mandat unique, seront inamovibles. Ce qui les mettra à l’abri des pressions politiques. Ils seront employés à temps complet. Ils nommeront le président de l’institution.
Celle-ci reprendra les attributions de l’actuel Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel --CNRA) (protéger la liberté de la presse, veiller à l’équilibre du pluralisme, promotion de la libre concurrence entre médias, veiller à l’égal accès des partis politiques aux médias de service public et, en période électorale, veiller à ce que l’activité des médias soit respectueuse de l’ordre public, de la sécurité de l’Etat notamment) auxquelles on ajoutera celles relatives au respect de l’éthique et de la déontologie et à la régulation du secteur de la publicité.
Il renforcera ainsi l’action du Comité d'Observation des Règles d'Ethique et de Déontologie (CORED), l’organe d’autorégulation des médias dont le seul tribunal des pairs ne suffit pas à réguler le secteur. L’expérience l’a démontré !
Ses pouvoirs comprendront outre le contrôle des contenus par rapport aux cahiers de charge, l’attribution des fréquences (il sera équipé en conséquence) et la délivrance des licences d’exploitation.
Il aura en outre en charge, la nomination (par appel d’offres) des directeurs des médias publics (Le Soleil, la Radiotélévision Nationale (RTS) et l’Agence de Presse Sénégalaise (APS).
Première tâche de ce nouveau régulateur : procéder à un audit exhaustif de l’ensemble du secteur des médias, en particulier de l’audiovisuel et reprendre les centaines de fréquences non utilisées. Et aussi : reprendre la loi n°2017-27 du 23 juillet 2017 portant Code de la Presse pas seulement pour revenir sur son article 114 instituant l’emprisonnement pour délit de presse (qu’on ne retrouve de nos jours dans aucune législation africaine) mais aussi pour supprimer le dépôt légal.
- Etablir un écosystème propice au développement des entreprises de presse -
Etablir que les médias publics qui se cantonneront désormais au seul service public et se refuseront désormais à se faire les porte-parole du président de la République et du parti au pouvoir sont financés intégralement par dotation du budget de l’Etat. De ce fait les recettes publicitaires seront accessibles aux seules entreprises de presse privées.
L’Aide aux médias dont l’allocation annuelle de 700 millions FCFA réparties entre plus de 300 entités n’a jamais eu aucune incidence sur la bonne santé des entreprises pourra ainsi être supprimée.
Le Fonds d’Appui et de Développement de la Presse sera alors alloué pour partie aux institutions de formation pour développer leurs compétences dans les nouveaux outils du numérique et pour partie à la formation et à l’équipement des médias communautaires. Le statut et le cahier de charges de ceux-ci ayant été redéfinis.
Alymana Bathily est éditorialiste depuis plus de 5 ans à SenePlus.com. Il est, sociologue des médias et écrivain. Il est l'auteur de "Médias et religions en Afrique de l'Ouest" publié en 2009) et d'un roman intitulé "l'Année de l'Eléphant publié en 2018 aux éditions Edilivre.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
PIERRE-HENRI THIOUNE, ORACLE, Ô DÉSESPOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - L’idéal de souveraineté, de véritable dialogue religieux sans la seule rescousse de l’apparence, toutes ces idées qu'il défendait avec son célèbre doigt accusateur, sont restées sans héritiers - INVENTAIRE DES IDOLES
L’œuvre d’Ousmane Sembène n’est pas seulement prophétique et immortelle. Quand on l’explore, c’est l’une des plus édifiantes, tant la plume et la caméra du natif de Casamance ont su confesser et accoucher une société, et bien au-delà. On retrouve tous les types de héros chez Sembène. Dans la Noire de (1966), celle à qui Mbissine Thérèse Diop donne une vie est une jeune immigrée humiliée, employée domestique, essorée par le racisme, le rêve défait, qui finit par se suicider dans la salle de bain. Sembène nous donne là, la figure du héros candide que percute la violence de l’histoire. Dans le Camp de Thiaroye (1988), le sergent-chef Diatta, démobilisé de l’armée française, tient tête aux futurs bourreaux de son unité et rivalise avec eux dans leurs codes. Il est le héros discret, dont l’aura émerge et croît à mesure que le film avance, dont on sent aussi le déchirement entre le désir de revenir aux traditions ancestrales et la réalité d’une acculturation occidentale. Même déchirement dans Xala (1974) pour El Hadji Abdou Karim Beye. Seulement, ce héros est celui de la honte et du reniement. Dans Emitaï (1971), les héros sont multiples : la révolte contre l’effort de guerre mobilise tout ce village où l’on peut percevoir l’héritage d’Aline Sitoé Diatta. C’est l’héroïne et les héroïnes que Sembène met en scène, dans un féminisme précurseur.
Dans le Mandat (1968), le héros est naïf, balloté dans les mouvements de la modernité, polygame qui entretient des traditions par la perfusion de cet argent extérieur qu’il attend. C’est un héros presqu’absurde qu’offre là, Sembène, que l’on plaint mais pour qui l’on ressent une vague affection. Dans Molaadé (2004), le dernier film du cinéaste, l’héroïne lutte contre ses traditions et l’excision. Comme une évolution, l’écrivain, a su tirer le portrait avec une lucidité toujours renouvelée. Dans lesBouts de bois de Dieu (1960), comme dans les autres œuvres majeures, la plume ou la caméra savent suggérer, militer, sublimer, avec la réserve et avec la pondération de l’homme à la pipe. Tous ces héros multiples semblent fusionner dans la personne de Pierre-Henri Thioune, le personnage central dans Guelwar (1992). Thierno Ndiaye Doss qui prête son jeu d’acteur à ce personnage est resté mythique dans les cœurs et dans les annales du cinéma national avec ce rôle. C’est le héros magnifique et grandiose. Solennel et grave. Impétueux quand il faut, humain quand il le faut. Il agrège presque tous les types de la galerie de personnages que Sembène a offert.
Si l’auteur a décliné ses héros à travers de multiples expressions, il faut noter qu’il avait aussi le culte de la scène symbole. Dans chaque film, il y a ce moment où la gravité atteint son comble. Scène souvent sans paroles, relevée par la bande originale tragique, où le message est visible, fort, et direct. Dans le camp de Thiaroye, c’est l’attaque nocturne qui causa les morts dans la nuit. Lâcheté historique pendant laquelle Pays, joué par Sidiki Bakaba, muet et traumatisé par la guerre en Europe verse des larmes. A la fête des soldats qui croyaient enfin recevoir leurs droits, succède la tuerie dans le silence. Dans Emitaï, c’est la destruction des réquisitions de riz qui atteint le sommet du drame. Dans Molaadé, c’est la destruction des radios que brûlent les hommes pour mieux ensevelir les femmes dans la nuit des traditions. Dans Xala (1974), c’est les crachats de la rédemption. Dans Ceddo (1977), c’est le baptême des païens quand ils reçoivent leurs prénoms musulmans.
L’on pourrait à loisir trouver un, voire deux moments, dans chaque film, où le temps se fige et où le spectateur est seul juge. Ces moments, il y en a eu deux très forts dans Guelwar : dans le premier, Pierre-Henri Thioune est mort et enseveli. Abou Camara procède à l’exhumation du corps. Saisissante scène, ponctuée des cris et saillies religieuses stupéfaites, que la chanson Njilou de Baaba Maal enrobe d’un voile de magie. Dans la deuxième scène, en flashback Pierre-Henri Thioune fustige dans ce discours mythique, l’aide internationale qui suscite et alimente les prédations de l’élite politique. On y voit alors, la procession, mimétique et décidée, éventrer les sacs de riz de l’aide alimentaire comme jadis dans Emitaï. Les lettres de noblesse du refus, portées par des enfants, rendent la séquence inoubliable. Cette tradition de la destruction salvatrice chez Sembène est un élément fondateur, comme la métaphore sur la nécessité d’un divorce violent, pour libérer le cri de la naissance. Mort ou vivant, Sembène a fait porter un discours à Pierre-Henri Thioune, un discours de vérité, un discours de refus.
On en fait bien des caisses sur le courage quelquefois. On le surévalue chez les uns et on le sous-évalue chez d’autres. Mais le courage de Pierre Henri Thioune, et au-delà, celui de Sembène, est celui de nous avoir régulièrement entretenus du devoir d’entretenir ce courage. La vérité est une idole dépréciée, elle doit rester une idole vivante tout de même. Depuis Guelwar, presque 30 ans, et pas un héros à grande audience, au niveau national, n’est venu bousculer nos certitudes, nos acquis, nos reposantes commodités. La scène politique depuis Guelwar s’est ensablée dans des querelles indignes en désertant le champ des idées. L’idéal de souveraineté, de véritable dialogue religieux sans la seule rescousse de l’apparence, toutes ces idées que défendait Pierre-Henri Thioune, avec son célèbre doigt accusateur, sont restées sans héritiers multiples. La politique s’est refermée dans une consanguinité avec le pouvoir moral, pour baliser le statut quo. On peut gager que s’il était vivant, Pierre Henri Thioune aurait sans doute pointé encore son doigt accusateur vers nous autres.
Il se rencontre beaucoup de diffuseurs de cette séquence, beaucoup d’amoureux de ce passage de Guelwar, pourtant comme toujours, nous aimons les héros morts, par impuissance et incapacité à les réincarner. On les embrasse pour mieux les faire taire pour de bon, et pour nourrir une bonne conscience épisodique. A la mort récente de Thierno Ndiaye Doss, comme à celle avant d’Ousmane Sembène, c’est toute la lignée des oracles qui s’est éteinte définitivement, nous laissant le temps des héros aux galons multiples et aux faits glorieux inexistants.
En allant vers le cinéma, Sembène l’a dit : il voulait toucher plus de gens, ceux que les livres n’atteignent jamais. La littérature reste élitiste et sectaire. Elle exclut. A dessein et à décharge à cause des déficits de promotion et d’investissements culturels. La caméra de Sembène est presque restée sans héritiers. Ça en dit long sur notre époque, prompte à célébrer la libération, à s’autosatisfaire d’une ébullition de la scène intellectuelle, alors qu’à y voir de très près, le vernis couvre un vide, voire un gouffre. Dans cet emblématique Guelwar des années 90, Pierre-Henri Thioune reste un prophète qui tend l’index vers la bonne direction, mais on a regardé ailleurs, obnubilés par le doigt. C’était un héros total, presque taquin et frivole, il est l’un des premiers à apparaître nu dans un film de grande audience nationale, dans une scène encore plus incroyable d’adultère à cette époque. De ces héros qui nous plaisent, nous grondent, nous dérangent, nous interpellent et nous divertissent. C’est pourquoi il reste impérissable même si le fumier ne semble pas faire un bon engrais pour la repousse. C’est qu’il est un oracle, au sens plein et sublime du mot. Il ne faut pas désespérer qu’il y ait des héritiers. Si les livres « précèdent les lecteurs » comme le dit joliment Boris Diop, le temps est alors un allié. Il nous reste juste à arroser le champ.
"IL N’Y A QU’UN SEUL FICHIER, MAIS QUI DISPOSE DE DEUX COMPARTIMENTS"
Le directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections, Bernard Casimir Cissé, assure qu’il n’existe qu’un seul fichier, lequel, concède-t-il, dispose de deux compartiment dont celui régissant les électeurs de la diapora
Le directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections (DGE), Bernard Casimir Cissé, assure qu’il n’existe qu’un seul fichier pour la prochaine présidentielle, lequel, concède-t-il, dispose toutefois de deux compartiments, dont celui régissant les électeurs de la diaspora.
"Ceux qui soulèvent la question comme quoi il y aurait 2 à trois fichiers ignorent, peut-être de bonne foi, qu’il n’y a qu’un seul fichier mais qui dispose de 2 compartiments", a-t-il dit à l’ouverture de la première session des "mardis de Brottier 2019".
Un des compartiments de ce fichier "régit les électeurs établis au Sénégal et un autre ceux répartis dans 50 pays au niveau de la diaspora. Mais il n’y a qu’un seul fichier pour l’organisation de l’élection présidentielle" prévue le 24 février prochain, a ajouté Bernard Casimir Cissé au cours de cette rencontre qui se veut un espace de dialogue et d’échange, à l’initiative de l’association Présence chrétienne et de la radio "Espérance FM".
La première session des "mardis de Brottier 2019", portant sur le thème "Dialogue, Transparence et Paix", a enregistré la participation de représentants du ministère de l’intérieur, du Conseil national de régulation des médias (CNRA) et des experts électoraux.
L’exposé du directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections (DGE) portait sur le fichier électoral, les acteurs du processus électoral, le compte à rebours, qui est d’au moins 35 jours avant le scrutin, la carte électorale et les cartes d’électeur.
Selon Bernard Casimir Cissé, la carte électorale sera publiée "au plus tard le 25 janvier", soit vendredi, après quoi le ministère de l’Intérieur "va mettre le fichier, dans ses versions papier et électronique, à la disposition de tous les acteurs au plus tard le 8 février" prochain.
"C’est très légitime pour les acteurs de réclamer le fichier. Mais aux yeux de la loi L11 du code électoral, le ministère de l’intérieur ne peut publier le fichier que 15 jours avant le scrutin", a renseigné Bernard Casimir Cissé.
Le président de l’association Présence chrétienne, Auguste Charles Turpin, revenant sur l’initiative de cette édition des "mardis de Brottier 2019", souligne que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’appel à la paix et à la concorde de l’Eglise "pour une préservation de la paix sociale avant, pendant et après le scrutin du 24 février 2019".
MACKY SALL INAUGURE L’AUTOROUTE AIBD-MBOUR-THIÈS
Cette section, d’une longueur de 55 km, a été construite grâce à un de prêt de 200 milliards de F CFA (305 millions d’euros) accordé par la Chine en 2015.
Le chef de l’Etat, Macky Sall a inauguré mardi le tronçon de l’autoroute Aéroport international Blaise Diagne (AIBD)-Mbour-Thiès, et lancé les travaux de l’autoroute Mbour-Fatick-Kaolack.
Cette section, d’une longueur de 55 km, a été construite grâce à un de prêt de 200 milliards de F CFA (305 millions d’euros) accordé par la Chine en 2015.
Le tronçon AIBD-Mbour-Thiès a été scindé en deux tranches. La branche Sud, Thiambokh-Mbour, relie l’AIBD à Mbour.
Elle coupe la route Sindia-Poponguine, à hauteur du village de Kignabour et la RN1, à près d’un kilomètre de Gandigal.
Ce tronçon de 39 km en 2×2 voies est extensible en 2×3 voies, et comprend 3 échangeurs, 17 passages supérieurs et 4 giratoires.
La branche AIBD-Thiambokh-Thiès, d’une longueur de 16 km, traverse en grand partie la forêt classée de Thiès.
Elle rejoint le contournement Sud de Thiès à hauteur de son intersection avec la route Thiès-Sindia.
Les voies de connexion à l’aéroport et la DISEZ (Zone économique spéciale intégrée) sont également rattachées à ce tronçon.
S’exprimant sur la Radiotélévision sénégalaise (RTS, publique), le président Sall a annoncé la mise en service de ces deux tronçons dès mercredi.
MÉDIAS : MACKY SALL PLAIDE POUR UN MESSAGE POSITIF SUR L’AFRIQUE
"Le problème de l’émigration touche à la dignité de l’Afrique. C’est un phénomène très difficile, et la meilleure des solutions pour lutter contre ce fléau, c’est de porter un message positif de l’Afrique et un message positif sur l’Afrique", a estimé le
Kaolack, 22 jan (APS) - Le président de la République, Macky Sall invite Africains et Occidentaux à porter "un message positif de l’Afrique et sur l’Afrique", le meilleur moyen selon lui de lutter contre l’émigration clandestine.
"Le problème de l’émigration touche à la dignité de l’Afrique. C’est un phénomène très difficile, et la meilleure des solutions pour lutter contre ce fléau, c’est de porter un message positif de l’Afrique et un message positif sur l’Afrique", a estimé le chef de l’Etat.
Il présidait lundi à Kaolack la cérémonie de présentation de l’ouvrage du journaliste Aliou Fall, intitulé "Macky Sall, la réponse en action".
"Si tous les jours, les télévisions occidentales et médias ne disent de l’Afrique que du mal, nos jeunes ont toujours le souhait de s’expatrier. Les Occidentaux comme les Africains doivent tenir des discours positifs sur l’Afrique", a exhorté le président Sall.
Après cinquante ans d’indépendance, "l’Afrique est bel et bien en marche", a-t-il souligné, conseillant d’"éviter le discours destructif pour l’Afrique".
"Nous sommes fiers de nous, nous sommes des Africains et nous travaillons", a fait valoir le président de la République, selon qui la situation sur le continent africain "est devenue meilleure".
Au Sénégal, "il y a des défis dont la formation professionnelle", a toutefois signalé Macky Sall.
PAR KABA DIAKHATÉ
LECTURE POUR TOUS, UNE AUTRE APPROCHE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les expériences réussies au Sénégal, la quasi-unanimité autour de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’apprentissage autorisent de facto, une introduction du bilinguisme dans notre système éducatif
#Enjeux2019 - Avec l’appui de l’USAID, le Ministère de l’Education nationale est en train de mettre en œuvre un programme intitulé “Lecture pour tous’’, (LPT) dans les académies de Diourbel, Matam, Kaolack, Kaffrine, Louga et Fatick. Basé sur les langues nationales (le sérère, le wolof et le pulaar). Ce programme quinquennal aura pour cible les élèves des classes de CI, CP, CE1 de 3 637 écoles élémentaires publiques et 100 daara.
Il nous paraît indispensable de poser un débat national sur les orientations de ce programme, afin que les importantes ressources mobilisées permettent, de manière efficace et efficiente, d’atteindre des résultats significatifs pour notre système éducatif.
- Pourquoi a-t-on abandonné le bilinguisme ? -
Contre toute attente, on parle de « langue nationale comme béquille pour le français », dans les options de LPT. Cette posture attribuée à nos langues est en deçà de l’état de la recherche, et surtout des riches expériences réussies dans notre pays, par l’Etat lui-même et par des ONG.
Nous avions estimé, avec beaucoup d’espoir, que notre pays a aujourd’hui une excellente opportunité de faire des pas décisifs dans l’utilisation des langues locales. C’est devenu un truisme de parler de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’acquisition du savoir. De nombreux psychologues s’accordent sur le fait que le développement de l’enfant s’effectue plus harmonieusement lorsqu’il n’y a pas de rupture brutale entre la langue maternelle et la langue d’enseignement. L’utilisation des langues maternelles des élèves au début de la scolarité permet de faciliter les apprentissages et de les rendre plus durables. Elle permet, par ailleurs, de réconcilier l’école avec son milieu (participation des communautés à la mise en œuvre des curricula, intervention facile des personnes ressources du milieu…). Les enfants auront ainsi, plus de respect pour leur langue et la confiance en soi rendra les acquisitions plus solides. Il est clair que nous plaçons nos enfants dans une position d’échec en leur faisant aborder des acquisitions scientifiques dans une langue qu’ils ne connaissent pas. Aussi avons-nous été fort découragé de constater que le programme national de lecture a abandonné le bilinguisme. Au cours de l’atelier de validation du « Modèle harmonisé d’enseignement-bilingue au Sénégal », il avait été retenu : « le bilinguisme proposé dans le présent modèle est de type additif en ce qu’il permet un ancrage plus solide de la langue première, rendant ainsi possible un meilleur gain au plan des apprentissages et des performances des élèves. Il s’appuie sur le principe de l’utilisation des langues nationales comme médium et objet d’apprentissage durant tout le cycle élémentaire, en même temps que le français ». Et, le schéma d’utilisation des langues adopté préconisait ceci :
A la première année, la langue nationale (L1) est le seul médium d’enseignement-apprentissage
Le français (L2) est introduit à l’oral au premier trimestre de la deuxième année (CP) et en lecture-écriture à partir du deuxième trimestre de la même année
- Pourquoi a-t-on choisi de ne travailler que sur la lecture ? -
L’option de travailler exclusivement sur la lecture pose un sérieux problème de cohérence pédagogique. Même si le programme traite de la lecture en priorité, il ne saurait ignorer sa relation ombilicale avec l’apprentissage de l’oral et la production d’écrits. Nous pensons qu’il est incongru, dans un CI, d’enseigner en pulaar la lecture et en français la communication orale et la production d’écrits. Pourtant, avec les mêmes moyens humains, techniques et financiers, on peut parfaitement éviter cette étrangeté déstabilisatrice pour les enseignants.
- Pourquoi a-t-on choisi le décodage exclusif ? -
Dans le guide de lecture produit par LPT, on parle de décodage systématique, mais on opte pour un décodage exclusif. Les concepteurs semblent être fascinés par la prétendue supériorité de la « méthode syllabique » sur la « méthode globale ». Nous pensons que les « récentes » affirmations de monsieur Stanislas Dehaene, basées sur les neurosciences, sont passées par là ! Pourtant ces affirmations avaient déjà fait polémiques en 2006. Et, de multiples raisons invitent à ne pas les prendre pour argent comptant. En effet, de graves lacunes méthodologiques ont été constatées sur les études qui ont été à la base de ses déclarations. La « guerre des méthodes » n’a quasiment existé ou alors elle n’existe plus.
Une enquête dirigée par Roland Goigoux, professeur à l’Université de Clermont Ferrand, pendant 3 ans, a été réalisée sur 2800 élèves de CP par une équipe de 60 chercheurs (13 universités) et 140 intervenants pendant 3 000 heures de cours filmées, 8 000 photos de cahiers d’écoliers… Cette enquête s’est intéressée à ce qui se fait réellement en classe en apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les conclusions de cette étude ont montré qu’il n’existe pas de supériorité d’une méthode sur une autre.
- Pourquoi avoir négligé les composantes de la lecture ? -
Les conclusions des recherches basées sur la psychologie cognitive ont permis d’identifier de façon rigoureuse a) les composantes indispensables à la maîtrise de la lecture, b) les processus développementaux du savoir lire et c) les caractéristiques liées à la langue d’enseignement apprentissage. C’est pourquoi on parle d’approche cognitive de la lecture.
En ce qui concerne les composantes de la lecture-écriture, on peut retenir :
Les concepts liés à l’écrit
Établir les correspondances entre les unités orales (phonèmes) et les unités écrites (lettres) : la connaissance des lettres, la conscience phonologique, la conscience phonémique, la compréhension du principe alphabétique, l’enrichissement du vocabulaire, la compréhension en lecture, la fluidité, l’écriture.
Dans quel ordre doit-on prendre en charge ces composantes ?
Si les experts se sont pour l’essentiel entendus sur ce qu’on ne peut pas ne pas enseigner, ils sont par contre très prudents sur l’ordre à adopter. La prudence des experts sur l’ordre à adopter est bien synthétisée, dans un livre écrit sous la direction de Stanislas Dehaene, par Ghislaine Dehaene-Lambertz, Edouard Gentaz, Caroline Huron et Liliane Sprenger-Charolles. Les auteurs affirment : « Disons d’emblée : la connaissance du cerveau ne permet pas de prescrire une unique méthode de lecture. Au contraire, la science de la lecture est compatible avec une grande liberté pédagogique, des styles très variés d’enseignement et de nombreux exercices qui laissent le champ libre à l’imagination de l’enseignant et des enfants. Un seul objectif doit nous guider : aider l’enfant à progresser, le plus vite possible, dans la reconnaissance fluide des mots écrits… »
- Pourquoi a-t-on négligé les contenus d’enseignement apprentissage ? -
Le Guide du maître du Programme national « lecture pour tous » pose à notre avis, beaucoup de problèmes. D’abord, il n’y a aucun objectif d’apprentissage défini, encore moins une compétence de lecture. La planification globale des apprentissages ne liste que des titres de « leçon », se réduisant à des sons programmés : leçon1 : a ; leçon 2 : b ; leçon 3 : i, leçon 4 : t…
On n’est pas dans un décodage systématique, on est bien dans un décodage exclusif. Ensuite, on ne voit apparaître la fluidité et la compréhension qu’à la 23ème semaine de l’année ! En outre, aucun objectif en vocabulaire. Enfin, la construction de sens sur des textes est totalement ignorée. Le guide énonce des activités de pré-lecture et écriture, mais il ne dit rien sur les contenus encore moins sur la démarche préconisée.
- Pourquoi les tergiversations sur la modalité de planification ? -
Le guide LPT mentionne curieusement des « activités d’intégrations ». Après avoir fait les leçons a, b, i, t, n…il est légitime de se demander sur quoi porteront les activités d’intégration.
Les activités d’intégration ne doivent pas être convoquées comme une mode. Elles constituent la base méthodologique de l’Approche par les compétences, qui est encore l’option choisie par le système éducatif sénégalais. Il faut préciser les apprentissages ponctuels concernés et même proposer une démarche et des exemples.
Les expériences réussies au Sénégal, l’importance des ressources humaines existantes, la quasi unanimité autour de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’apprentissage, les moyens mobilisés par le Programme national de lecture… autorisent de facto, une introduction du bilinguisme dans notre système éducatif.
En outre, il est indispensable de disposer d’un programme de lecture basé aussi bien sur nos langues nationales que sur nos options de planification de l’éducation (APC).
Dans tous les cas, les compétences de communication (lire et écrire) sont inter reliées. Et, l’apprentissage de la lecture ne peut jamais se réduire à l’acquisition des sons et des lettres. Nous pensons qu’il est encore possible de revoir le programme en revisitant les options et les orientions pour maximiser les ressources mobilisées.
Kaba Diakhaté est Inspecteur de l’Education à la retraite, Ex coordonnateur du Groupe Langue et Communication, Curriculum de l’éducation de base (CEB).
Documents cités
Le Guide de l’enseignant, wolof, /Programme national « lecture pour tous » , août 2017
Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal /MEN,2015
Apprendre à lire : des sciences cognitives à la salle de classe, sous la direction de Stanislas Dehaene, 2007
PAR RACINE ASSANE DEMBA
PARLER DES FEMMES, UN IMPÉRATIF
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La réforme foncière en privilégiant l’accès des femmes aux terres, le renforcement de la loi sur les violences faites aux femmes, sont autant de sujets sur lesquels les candidats devraient se prononcer
#Enjeux2019 - « Le Sénégal est un pays misogyne ». L’affirmation d’Aissata Tall Sall, candidate recalée à l’élection présidentielle du 24 février prochain, est d’une douloureuse réalité. La condition de la femme sénégalaise oscille, en effet, entre aspiration légitime à un mieux-être socio-économique et violence subie tant verbale, quand il s’agit de la parole publique, que physique. Il ne se passe pas une semaine sans que le drame d'une femme battue ne fasse les gros titres des journaux de notre pays. Les médias, dans le traitement de cette information, tendent souvent à en minimiser la gravité.
Il y a au Sénégal, un réel problème avec la parole publique concernant le sort des femmes. Lorsqu'une femme est sauvagement rouée de coups par son conjoint, un journal peut titrer « Une femme un peu battue... ». Lorsqu'un sociologue se voit offrir la Une d'un journal pour en parler, il déclare : « la violence se féminise car on ne verra jamais un homme ébouillanter son épouse ». Les exemples de propos du genre relégués dans la rubrique « faits divers » peuvent être égrenés à l'infini à travers prêches, talk-shows, scènes de téléfilms ou de la vie quotidienne.
Or, les chiffres (voir ici http://www.seneplus.com/opinions/un-appel-aux-hommes-du-senegal) parlent d’eux-mêmes : 3 600 cas de viols répertoriées pour l’année 2014, 62,5% disent être l’objet d’insultes et 44,5% d’humiliations récurrentes, 37, 3% sont confrontés au harcèlement sexuel et 13,8% au viol.
Chez nous, comme partout ailleurs dans le monde, les inégalités se creusent et les femmes en pâtissent le plus. Elles portent le poids de la déchirure du tissu social et du manque d’accès aux services sociaux de base.
Dans son appel aux hommes à se mobiliser pour la protection et le respect des femmes d’où sont tirés ces chiffres, Pierre Sané écrivait, en janvier 2018 : « mariages d’enfants, trafic de femmes, esclavage sexuel, pénalisation de l’avortement…On peut en conclure que nos femmes et filles ne sont en sécurité ni à la maison, ni à l’école. Je ne mentionne même pas la rue ou le lieu de travail. Comment pouvons-nous dès lors prétendre construire la société de « sécurité humaine » prônée par la Communauté des Nations si on la fonde sur l’insécurité féminine, l’insécurité de la meilleure moitié de l’humanité, celle qui donne la vie ? »
Il est impossible de construire une société de progrès en laissant prospérer une telle violence sociale. Quatre femmes meurent, en moyenne, dans le pays, chaque jour, en donnant la vie. L'accès à l’éducation leur est difficile même si des avancées ont été observées ces dernières années. Lorsqu'elles sont éduquées et bien formées, elles se heurtent souvent à un plafond de verre une fois dans le monde professionnel.
Et, à compétence égale, le salaire n'est pas toujours comparable à celui des hommes. D'où une forme de discrimination que l'on retrouve aussi dans la problématique de l'accès à la terre. Il y a encore dans plusieurs endroits du pays, des femmes aux capacités productives impressionnantes qui ont du mal à accéder aux terres les plus fertiles. Comme le déclare Korka Diaw (http://livracine.overblog.com/2016/03/korka-diaw-une-femme-qui-nourrit-son-monde.html), femme d’affaires œuvrant à la promotion du « consommer locale » : « les femmes sont celles qui souffrent le plus des problèmes d’accès à la terre. Lorsqu’elles ont commencé leur processus d’autonomisation et qu’elles ont eu besoin d’espace pour concrétiser leurs ambitions, presque toutes les terres avaient déjà été mises à la disposition des hommes. La loi ne fait pas de distinction entre l’homme et la femme quant à la possibilité d’accéder à la terre. Seulement, mes congénères n’ont pas réalisé assez tôt qu’elles y avaient droit. Quand elles ont commencé à en réclamer, la majeure partie des terres appartenait aux hommes ».
A l’échelle continentale, les chiffres de cette discrimination sont encore plus parlants. Les femmes représentent la moitié de la population africaine et produisent 62% des biens économiques, mais elles ne sont que 8,5% à être salariées. 27% des femmes créent en Afrique une entreprise, soit le taux le plus important à l'échelle mondiale. L'Afrique est devenue, en quelques années, le premier continent de l'entrepreneuriat féminin. Et il y a 34% de rendement supérieur lorsque les femmes occupent des postes de direction, selon l’étude de Roland Berger de 2016 « New deal, new game for Women in Africa ».
L’accélération de la réforme foncière en cours en privilégiant l’accès des femmes aux terres et en promouvant les formes d’agriculture familiale au détriment du « patriarcat foncier » et du « tout agrobusiness », le renforcement de la loi sur la parité afin d'inciter les femmes les plus compétentes dans leurs domaines à faire la politique pour plus de qualité dans la représentativité des femmes à l'Assemblée nationale, le renforcement de la loi de 1999 sur les violences faites aux femmes notamment par une augmentation du délai de prescription du viol, sont autant de sujets sur lesquels les candidats à la magistrature suprême devraient se prononcer.
Imposer cela dans le débat passe par la promotion d’un féminisme social qui se préoccupe des inégalités et des femmes les plus vulnérables plutôt que de laisser la tête du combat féministe à celles qui s’en préoccupent moins, celles qui sont plus dans des revendications axées sur le confort, sur la préservation des intérêts de leur classe sociale que sur le vécu réel de la majorité des femmes de notre pays. Un féminisme plus politisé déboucherait sur une exigence de positionnement clair des candidats sur la question. Ces derniers pourraient dès lors difficilement s’y soustraire.
Il est, à mon avis, impératif de garder les questions suivantes au cœur du combat quotidien du féminisme : le viol et les violences, les mariages forcés, les violences conjugales, les mutilations génitales, l’accès des femmes à la terre et aux crédits.
Les femmes sont gardiennes des valeurs, gardiennes de la culture, grandes royales ou petites mains motrices de notre élan vers le progrès et notre montée en humanité. Souvent avec de faibles revenus et une pression sociale très forte, elles tiennent les foyers, éduquent les enfants et s’occupent des seniors.
Donner toute sa plénitude à la moitié de notre peuple, avec pour but le bien-être collectif, est un enjeu crucial.
Journaliste de formation, Racine Assane Demba travaille dans la communication institutionnelle. Il est l’un des auteurs de “Politisez-vous !”, manifeste publié par dix jeunes intellectuels sénégalais militant pour l’émergence d’une plus grande conscience politique dans la société.
PAR YANN GWET
LA MOBILISATION ANTI-FRANC CFA EST UN DES DÉVELOPPEMENTS LES PLUS POSITIFS EN AFRIQUE
Sortir du franc CFA exigera au préalable de remettre l’enjeu de la souveraineté au cœur du débat monétaire africain - Cela permettra de repolitiser la question monétaire, et d’emprunter les chemins fertiles tracés par nos leaders d’antan
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 22/01/2019
« Sans forcément avoir tous les éléments techniques en main, un nombre croissant de citoyens africains sont conscients qu’il leur sera impossible de décider réellement de leur destin sans une souveraineté monétaire effective », écrivent Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla dans leur dernier ouvrage, « L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du Franc CFA ». Analyse.
En réalité, « l’arme invisible » l’est de moins en moins. Comme le reconnaissent les auteurs en introduction, « ces dernières années, de plus en plus de voix s’élèvent dans la rue, sur les réseaux sociaux, dans les milieux intellectuels ou artistiques, qui demandent la « fin du CFA ».
La mobilisation anti-franc CFA est en effet un des développements les plus positifs en Afrique ces dernières années. Mais il y a tout lieu de penser qu’elle est loin de son niveau optimal. L’ignorance domine encore. En effet, « depuis la période coloniale, tout a été fait afin que les utilisateurs du franc CFA en sachent le moins possible sur le dispositif qui se cache derrière ces trois lettres énigmatiques ». Dès lors, l’objectif de la journaliste et de l’économiste est d’abord de faire œuvre de vulgarisation. Pari réussi.
Dans les deux premiers chapitres, dans un style épuré et une langue accessible, ils relatent l’histoire de cette monnaie souillée de sang dès ses débuts. « Afin de briser les résistances locales et de faire accepter leurs monnaies, les colonisateurs utilisèrent tous les moyens de pression à leur disposition et n’hésitèrent pas à recourir alternativement au droit colonial et à la violence », écrivent-ils, avant de détailler les principes de fonctionnement du système CFA.
Le principe du tristement célèbre « compte d’opérations », dans lequel la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque centrale du Congo (BCC) doivent déposer la part obligatoire de leurs réserves de changes (50 %), contrepartie de la garantie de convertibilité », irrite toujours autant. « Garantie » dont le président malien Modibo Keitaestimait, à juste titre, dans un discours du 30 juin 1962, qu’elle était « illusoire, plus psychologique que réelle », et que la « France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement ». Pourtant, il n’empêche qu’encore aujourd’hui « la BEAC doit communiquer au Trésor de manière quotidienne le solde en euros de ses avoirs extérieurs à J-3. Elle doit exécuter, au besoin, des virements sur son compte d’opérations afin de respecter la quotité obligatoire de 50 %. »
Résistance fragilisée et glissement idéologique
À ce stade, la question se pose de la résistance historique à ce scandale monétaire, et les moyens de la libération. Le livre y répond dans sa seconde partie. Les auteurs ne le voulaient probablement pas ainsi, mais le chapitre « Résistance et représailles », qui ouvre cette seconde partie, suscite de la tristesse. Dès le début des années 1960 et jusqu’au milieu des années 70, la résistance au franc CFA a été incroyablement vigoureuse. Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, République centrafricaine, Congo, Tchad, Togo, Mauritanie, Madagascar, etc. Tous ces pays se rebiffent.
La révolte, brillante dans son expression, est portée par des chefs d’État dont certains n’étaient pas exempts de tout reproche, mais qui tous ou presque avaient une certaine idée de leurs pays. Alors certes, à l’exception de la Mauritanie et de Madagascar, ils ont échoué, certains payant le prix de leur vie. Mais le contraste entre l’activisme institutionnel passé et l’apathie présente choque. Aujourd’hui, le moindre mot d’un ministre contre le franc CFA conduit à son licenciement. Terrible régression.
Les auteurs n’abordent pas la question, pourtant importante, des ressorts du tassement de la mobilisation anti-franc CFA après les années 70. Dans un premier temps, la répression française contre nos leaders, et leur remplacement par des dirigeants dociles, a fragilisé la résistance. Par la suite, à partir des années 90, un glissement idéologique subtil mais dévastateur s’est opéré : le mantra de la souveraineté (dignité), qui imprégnait la pensée des dirigeants post-indépendance, a été remplacé par celui de la « démocratie ». Tout d’un coup, la seule chose qui comptait en Afrique était les élections. Résultat des courses : trente ans après l’instauration de la « démocratie » en Afrique, celle-ci n’est ni démocratique, encore moins souveraine, mais elle est toujours plus instable. Elle ne saurait être démocratique dès lors qu’elle n’est pas souveraine. Et cette « démocratie » purement formelle est bien l’un des moteurs de l’instabilité qui l’accable.
Sortir du franc CFA exigera au préalable de remettre l’enjeu de la souveraineté au cœur du débat monétaire africain. Cela permettra de repolitiser la question monétaire, et d’emprunter les chemins fertiles tracés par nos leaders d’antan. Sans ce puissant carburant idéologique, les pistes de « libération monétaire » envisagées dans la dernière partie du livre, qui sont toutes crédibles, pourraient encore rester longtemps dans des livres. Fussent-ils de qualité.
Yann Gwet est un essayiste camerounais. Diplômé de Sciences Po Paris, il vit et travaille au Cameroun
CETTE DIASPORA QUI RÊVE D'UN RETOUR AUX SOURCES
De nombreux cadres et entrepreneurs issus de la diaspora sénégalaise projettent de retourner dans leur pays d'origine - Mais le manque d'accompagnement reste un frein majeur pour concrétiser cette envie
Jeune Afrique |
Hélène Porret |
Publication 22/01/2019
Depuis quelques années, l’Afrique connaît un phénomène inédit de migrations de retours. Des personnes de tous âges, ayant grandi en Europe ou fait leurs études en Amérique du Nord, choisissent de tenter leur chance dans leur pays d’origine. Contrairement à la génération précédente qui a migré du Sud vers le Nord pour trouver un nouvel eldorado économique, ces diplômés issus de la diaspora empruntent le chemin inverse. Ils posent leur valise sur le continent africain pour faire carrière ou monter leur entreprise.
Avec une diaspora estimée à plus de 585 000 personnes en 2015 selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), le Sénégal n’échappe pas à cette tendance. Présente essentiellement en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord, cette diaspora est composée de cadres dirigeants, d’entrepreneurs et d’investisseurs qui tissent des liens économiques entre le Sénégal et leur pays de résidence.
Contribuer au développement économique
Leur principale motivation : prendre part au développement économique du pays, comme Dieneba Gandega. D’origine sénégalaise et malienne, cette expert-comptable parisienne de 40 ans envisage de poursuivre sa carrière au Sénégal. « Je veux contribuer à la continuité du développement économique. C’est quelque chose qui me tient à cœur depuis des années. Je ne prétends pas révolutionner quoique ce soit car le pays n’a pas attendu les expatriés pour se développer. Mais je peux apporter une connaissance technique que j’ai acquise en France », explique avec modestie cette cadre.
Pour d’autres, l’idée du retour n’était pas aussi évidente. « Il y a cinq ou six ans, je ne m’imaginais pas lancer un projet de société de traitement de déchets au Sénégal », raconte Fama Niang, fondatrice du label de musique Sawnd. Née à Dakar et issue d’une famille nombreuse, elle a quitté le Sénégal pour la France lorsqu’elle était enfant avec ses frères et sœurs. « Mais notre père a toujours voulu que nous retournions au Sénégal après nos études pour transmettre le savoir acquis en France », précise la jeune femme. Les années passent, et Fama adopte le mode de vie et la culture française. Le projet du retour s’éloigne alors. « Les enfants grandissent. Ils ont leur vécu et leurs codes. À force, on devient français », poursuit-elle. Il y a deux ans, l’envie de retourner au pays refait surface. « J’avais besoin d’autres perspectives professionnelles. Et c’était naturel de concrétiser cette envie au Sénégal. »
Un contexte politique favorable
L’embellie économique encourage également l’ancienne directrice artistique à opérer ce retour aux sources. « Le champ des possibles est énorme. Il y a un vrai dynamisme à Dakar notamment dans le domaine des infrastructures, avec une amélioration de l’état des routes. J’observe aussi un vrai appétit pour le milieu culturel avec l’organisation de nombreux événements comme la Biennale de Dakar qui a été célébré l’année dernière dans chaque région du Sénégal, ou encore pour le numérique », s’enthousiasme Fama Niang.
Porté par le président Macky Sall depuis 2014, le Plan Sénégal Émergent, dont la deuxième phase vient d’être lancé, est en partie à l’origine de ce renouveau. Le PSE vise à conduire le Sénégal sur la voie de l’émergence d’ici 2035 à travers de nombreux chantiers.
Certains membres de la diaspora notent une réelle évolution des mentalités par rapport aux années précédentes. « Après mes études, j’avais effectué beaucoup de démarches pour rentrer au Sénégal. Mais elles n’ont jamais abouti car on considérait que j’étais trop diplômé au regard des responsabilités confiées », témoigne Ousmane Sall, directeur de développement de la zone Afrique, Maghreb et Moyen-Orient d’EDF International Networks.
Des freins administratifs
« Si la situation est meilleure pour les personnes issues de la diaspora, elle reste très perfectible », nuance ce cadre de 54 ans. Les personnes interrogées pointent du doigt une certaine lenteur administrative et un manque d’accompagnement pour faciliter leurs démarches. Le réseau reste alors le meilleur allié pour se faire une place.
Fort de ses connexions dans son milieu professionnel, Ousmane Sall n’a pas eu de difficultés à rencontrer les bons interlocuteurs lorsqu’il a envisagé de travailler dans le domaine du traitement et de valorisation des ordures ménagères. Mais il regrette le manque de passage à l’acte suite aux engagements verbaux. « Il faudrait aller plus loin dans la fédération des partenaires internes et externes au Sénégal, et notamment concernant les levées de fonds. Un éventuel retour doit favoriser l’initiative privée. » La diaspora sénégalaise représente un potentiel additionnel pour la contribution économique. L’amélioration de ces dispositifs doit alors devenir une priorité.