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5 mai 2025
Economie
par Madiambal Diagne
MACKY AURA-T-IL LA FOI DU CHARBONNIER ?
La rationalisation des dépenses de l’Etat ne devrait pas se limiter à la gestion du parc automobile. Il existe des niches budgétivores qui méritent un coup de rabot
Dans le cadre de la réduction du train de vie de l’Etat, le président Macky Sall a décidé de suspendre «toutes les acquisitions de véhicules de fonction et de service, au nom de l’Etat, des structures parapubliques et des sociétés nationales». Cette mesure prend effet «à compter de ce 20 février 2020, et jusqu’à nouvel ordre». Macky Sall a demandé à son gouvernement de «finaliser le recensement intégral de l’ensemble des véhicules administratifs, de réviser leur réglementation, de proposer un schéma de réforme des véhicules âgés de cinq ans et plus et d’examiner, pour les ayants droit rigoureusement retenus, les modalités d’allocation d’une Indemnité forfaitaire globale (Ifg), intégrant l’amortissement du véhicule, le carburant, l’entretien et l’assurance». Macky Sall voudrait mettre de l’ordre dans le parc automobile de l’Etat. On pourrait dire que l’histoire se répète.
Qui ne se rappelle pas, qu’installé le 2 avril 2012, le Président Macky Sall avait donné des instructions à la ministre d’Etat, secrétaire générale de la présidence de la République, Mme Aminata Tall, pour s’occuper à mettre de l’ordre dans le parc automobile de l’Etat ? Ainsi, les premières mesures signées par Mme Tall, en l’occurrence les notes circulaires n° 0000001 et 0000002 du 13 avril 2012, avaient pour objet de mettre à l’arrêt tous les véhicules appartenant à l’Etat et à ses démembrements qui étaient en circulation et qui étaient détenus par des personnes n’en ayant ni titre ni droit. Les services de police et de gendarmerie avaient été commis à rechercher et immobiliser plus d’un millier de véhicules. La démarche avait provoqué une levée de boucliers, car de nombreux chefs religieux et autres personnalités politiques, des artistes et des célébrités du monde des sports s’en étaient offusqués. De nombreuses voix s’étaient élevées pour demander la fin de l’opération qui était perçue comme une «humiliation» dont faisaient l’objet des personnalités. Dans les allées du pouvoir, on murmurait des récriminations contre «cette forme de gestion pauvre et appauvrissante». L’opération sera stoppée net. Le 28 octobre 2012, au micro de Mamoudou Ibra Kane à l’émission «Grand Jury» de la Radio futurs médias, je regrettais cette reculade, soulignant que cette opération menée à bout aurait été «un acte concret» dans le cadre de la politique de gestion sobre et vertueuse. Non seulement l’opération de traque des véhicules administratifs indûment affectés à des personnes a été arrêtée, mais le régime du président Sall était tombé lui-même dans les mêmes travers de la gouvernance de Abdoulaye Wade. On en connaît encore de nombreuses personnes qui disposent de véhicules de l’Etat sans y avoir droit. Le communiqué du Conseil des ministres du 20 février 2020 avoue même «qu’il a été constaté le manque de rigueur dans l’application intégrale de la réglementation, entraînant des abus aux conséquences budgétaires et financières énormes pour l’Etat».
En 2020, un septennat plus une année sont passés. Macky Sall, réélu le 24 février 2019, vient à nouveau, avec cette même volonté ou résolution. On attendra encore pour juger, avec un brin d’espoir, qu’enfin le Président Macky Sall va s’y tenir cette fois-ci, contre vents et marées.
En effet, nous pouvons nous accorder sur le fait que le temps est réellement venu de travailler ensemble sur la performance de la dépense publique. En effet, l’argent du contribuable n’est pas utilisé à bon escient. Le débat est difficile, car il nous concerne tous et touche à ce que nous devons appeler le contrat social. C’est assurément un combat citoyen. La réduction du train de vie de l’Etat devrait impacter positivement le déficit budgétaire, mais aussi le Président Sall aura beaucoup à gagner, car ce serait un moyen de lutter contre l’arrogance des tenants du pouvoir qui s’exhibent devant les populations avec une ostentation qui pourrait révulser. Ces cohortes de grosses cylindrées rutilantes et toutes sirènes hurlantes, entre autres, creusent assurément un fossé entre les populations et leurs gouvernants.
Les véhicules, l’arbre qui cache la forêt
On retiendra que le président Macky Sall a engagé le gouvernement, le ministre des Finances et du budget notamment, à communiquer autour du processus en cours, avant le déploiement du nouveau système de gestion des véhicules administratifs à partir du 1er avril 2020.
Pour rappel, lors du vote du budget 2020, le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, avait expliqué qu’il ressortait des statistiques que le montant décaissé pour les dépenses de véhicules, de 2012 à 2018, s’élevait à 119 milliards de francs Cfa. Pour l’année 2019, il est estimé à 3 milliards 490 millions de francs Cfa. Quant aux prévisions de 2020, c’est un montant de 6 milliards 600 millions de francs Cfa qui est affecté à l’achat des véhicules dont seulement 1 milliard pour la Direction du matériel et du transit administratif (Dmta) qui reste pourtant l’organe approprié pour ce type d’acquisitions. Il y a 5 ans, le montant affecté à la Dmta pour l’acquisition des véhicules était de 6 milliards. Ce chiffre est toutefois assez trompeur, quand on sait que plusieurs départements ministériels, pour contourner les restrictions liées à l’achat de véhicules, se rabattaient vers les agences et les projets sous leur tutelle pour s’approvisionner. C’est ainsi que les dépenses liées à l’achat de véhicules pour les projets et agences pouvaient s’élever à 11 milliards par an. Le gouvernement avait déjà supprimé les bons d’essence pour les remplacer par les cartes magnétiques. Cela permettait d’éviter des fraudes, parce que lesdits bons servaient souvent de monnaie d’échange à certains fonctionnaires assez peu scrupuleux.
Il faut donc relever que cet effort de rationalisation des dépenses de l’Etat a commencé depuis quelque temps déjà, et s’était manifesté par la décision de réduire les frais de téléphone ainsi que les indemnités de logement. Ces indemnités sont directement inclues dans le salaire, et les bénéficiaires s’en acquittent directement.
L’ensemble de ces décisions de réduction du train de vie de l’Etat fera passer le pourcentage des dépenses de fonctionnement de l’Etat de 56% l’année dernière à 54% cette année, soit en valeur réelle de plus de 80 milliards de francs.
Les autres niches à élaguer
La rationalisation des dépenses de l’Etat ne devrait pas se limiter à la gestion du parc automobile. Il existe des niches budgétivores qui méritent un coup de rabot. On ne s’imagine pas que les billets d’avion et frais de mission à l’étranger coûtent plus d’1 milliard 500 millions par an au budget de l’Etat, sans compter les dépenses des agences et structures autonomes comme l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), la Cour des comptes, la Cour suprême, le Conseil constitutionnel et les autres projets de l’Etat et entreprises publiques. La publication du dernier rapport de la Cour des comptes a par exemple révélé que l’Asepex avait dépensé, entre 2013 et 2015, la bagatelle de 481 millions 494 mille 446 F Cfa en frais de mission, dont 340 millions 078 mille 117 F Cfa pour la seule année 2015. Peut-on s’imaginer les dépenses des autres structures qui n’ont pas encore reçu la visite des magistrats de la Cour des comptes ? Il conviendra cependant d’adapter la réglementation pour éviter que des procédures obsolètes et des barèmes irréalistes soient appliqués à des agents en mission. L’inadéquation des procédures est source de manœuvres qui se révèleront fatalement préjudiciables aux ressources publiques.
L’Etat devrait pouvoir faire d’une pierre deux coups dans la gestion de la commande des mobiliers pour les administrations publiques. Des économies importantes pourraient être réalisées et le secteur de l’artisanat pourrait gagner une bouffée d’oxygène avec le marché du mobilier national. Dans sa livraison du 29 novembre 2017, le journal Le Quotidien rapporte la satisfaction des membres de l’Organisation nationale des professionnels du bois (Onpb) qui relevaient que «deux ans après que la Direction du matériel et du transit administratif de l’Etat (Dmta), sur instruction du président de la République, a ordonné qu’une partie de la commande publique leur soit attribuée, au total, 18 entreprises nationales sont attributaires de ce marché du mobilier national. Ce qui représente un chiffre d’affaires de 449 millions 739 mille 568 francs Cfa pour ces entreprises… Les retombées de ce marché de fournitures du mobilier et de matériels d’appoint resteront entre les mains des Sénégalais. Cet argent va toucher les menuisiers bois, métalliques, le tapissier du coin, le quincailler, le vendeur de tissus, le matelassier et même la vendeuse de cacahuètes installée à côté du menuisier». Pourtant, la Dmta ne leur avait alloué que 15% de la commande publique en mobilier.
Sur un autre registre, l’Etat du Sénégal devrait pouvoir réaliser des économies non négligeables avec une meilleure gestion des personnels en poste dans les ambassades et consulats du Sénégal à l’étranger. Des personnels non essentiels y sont maintenus et leurs rémunérations pèsent lourdement sur les finances publiques. Le plus absurde est qu’il est de notoriété publique que de nombreux agents diplomatiques et consulaires ne s’acquittent guère de leurs missions. Il s’y ajoute que nos ambassades et consulats deviennent des points de chute de personnes qui y sont affectées pour des raisons médicales. De nombreuses personnes trouvent des postes à l’étranger, non pas pour des nécessités de service, mais pour leur permettre de suivre des traitements médicaux, aux frais du contribuable sénégalais, dans le pays de leur choix. Ce serait également l’occasion de régler la lancinante question de la carte diplomatique du Sénégal pour optimiser la couverture diplomatique. L’Etat s’y était essayé avant de reculer, peut-être pour mieux sauter ? C’est la même chose avec la délivrance des passeports diplomatiques. Macky Sall avait, en 2012, retiré de la circulation plus de 30 mille passeports diplomatiques délivrés par le régime Wade. Il est regrettable qu’en quittant le ministère des Affaires étrangères en 2019, Me Sidiki Kaba aura laissé derrière lui un autre scandale lié à la distribution sauvage de passeports diplomatiques.
Une politique en yoyo depuis 2012
On ne saurait quand même ne pas reconnaître les efforts qui ont pu être consentis pour la rationalisation des dépenses publiques. On retiendra globalement que depuis 2012, le montant issu de la rationalisation des dépenses courantes s’élève à environ 133,051 milliards F Cfa. Ces économies réalisées expliquent le comportement du ratio dépenses courantes par rapport au Pib qui n’a cessé de reculer, passant de 12% du Pib en 2011 à 7,5% du Pib en 2018.
L’une des mesures qui ont frappé le plus les esprits est la coupure des lignes téléphoniques, décidée en août 2019. Le président Sall indiquait que : «Malgré les efforts qui ont été faits, nous continuons d’enregistrer beaucoup de dépenses. On a évalué les factures de téléphone de 16 à 17 milliards par an pour les agents de l’Administration.» Pour lui, l’Administration doit «optimiser» ces ressources pour apporter un mieux-être aux populations. Cette rationalisation des dépenses publiques avait d’abord porté sur la suppression de 48 agences et structures, la fermeture de quelques postes diplomatiques et consulaires et la suppression d’institutions comme le Sénat et la vice-présidence de la République, qui était dotée d’un budget de fonctionnement même si le poste n’avait jamais été pourvu par le Président Abdoulaye Wade.
Déjà, pour le cas spécifique des dépenses permanentes, toutes les lignes de téléphone mobile, hormis certaines des services de défense, de sécurité et de justice avaient déjà été suspendues le 1er mai 2012, avec un réabonnement au cas par cas, suivant une restriction des bénéficiaires et des montants plafonds fixés par circulaire du Premier ministre. Des économies de 11 milliards de F Cfa avaient été réalisées sur les dépenses du téléphone. La rigueur avait été relâchée, pour ne pas dire que la bride a été lâchée, pour qu’on en arrive encore à couper les téléphones en 2019. Aussi, le gel et la résiliation de toutes les conventions de location de bâtiments à usage de logement ont permis de réaliser des économies de 7 milliards. En lieu et place de la location, des indemnités de logement ont été octroyées aux ayants droit. Depuis 2014, la compensation tarifaire sur l’électricité pour 20 milliards de F Cfa a été économisée. C’est cette enveloppe qui avait permis d’allouer sa première dotation au Pudc dont les populations rurales louent les mérites. Malheureusement, les hérésies commises dans la gestion du secteur de l’électricité ont fini par pousser l’Etat à allouer plus de 200 milliards à la Senelec par an.
Pour les consommations d’eau, les cent plus gros consommateurs de l’Administration ont été identifiés et suivis de façon très rapprochée. S’agissant des corps émergents de l’éducation, suite au rapport de juillet 2011 de l’Inspection générale des finances relatif à l’audit de leurs salaires, il a été décidé de supprimer le quota sécuritaire. Des économies ont été également réalisées sur les subventions octroyées aux agences qui bénéficient de ressources propres, pour 1,080 milliard de F Cfa. La réduction des dotations consacrées aux fêtes et cérémonies, conférences, congrès et séminaires ainsi qu’aux lignes «habillement et accessoires». En outre, les crédits destinés à l’achat de mobilier, matériel de bureau, matériel informatique, véhicules et autres biens amortissables ont été revus à la baisse à hauteur de 2,262 milliards de F Cfa.
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ECO, LA MONNAIE DE LA DISCORDE OUEST-AFRICAINE
Le grand projet de la souveraineté monétaire des pays d’Afrique de l’Ouest sera-t-il sacrifié sur l’autel de la réforme controversée du Franc Cfa ?
Le 21 décembre dernier, le président ivoirien Alassane Ouattara avait annoncé le remplacement prochain du Franc Cfa par une nouvelle monnaie dénommée «Eco», indexée sur l’euro et garantie par la France. Une annonce qui ne prenait pas en compte la situation des autres pays de la Cédéao n’appartenant pas à la zone Cfa, et qui, de plus, créait une confusion entre la réforme du Cfa et la monnaie unique de la Cédéao, également dénommée «Eco», dont la mise en place était prévue pour 2020. C'est dans ce
contexte que le puissant Nigeria a demandé, ce 10 février, le report du lancement de la future monnaie ouest-africaine.
Une question se pose à présent : le grand projet de la souveraineté monétaire des pays d’Afrique de l’Ouest sera-t-il sacrifié sur l’autel de la réforme controversée du Franc Cfa ?
Invités :
- Fanny Pigeaud, Journaliste. Auteure avec Ndongo Sylla
de «L’arme invisible de la Françafrique - Une histoire du
franc CFA», aux Editions La Découverte
- Yves-Stéphane Mbele, Analyste financier
- Makhoudia Diouf, Enseignant. Coordinateur du collectif
«Sortir du Franc CFA»
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LA GASTRONOMIE SÉNÉGALAISE À L'HONNEUR DU BOCUSE D'OR
Le meilleur chef cuisinier du pays sera désigné le 29 février prochain lors d'un concours qui met en exergue la cuisine locale
Boubacar Badji et Youssouf Ba |
Publication 23/02/2020
La gastronomie sénégalaise sera à l'honneur les 28 et 29 février pour élire le meilleur chef cuisinier de l'année 2020 parmi les 8 candidats minutieusement sélectionnés par l'académie Bocuse d'or Sénégal.
Pour Abdellah Achiai, président fondateur de l'académie et chef cuisinier personnel du président de la République, chef Youssoupha Diémé, chef cuisinier de l'ambassadeur de France à Dakar et leurs camarades, le Bocuse d'or a pour but de promouvoir la gastronomie sénégalaise.
Voir la vidéo.
DES SERVICES ÉVALUÉS À PRÈS DE 1000 MILLIARDS DE FRANCS CFA
Les services de restauration, d’hébergement ou autres à founir au personnel évoluant dans les insdustries extractives au Sénégal, dans les années à venir, sont évaluées à près de 1000 milliards de francs CFA
Fatick, 23 fév (APS) - Les services de restauration, d’hébergement ou autres à founir au personnel évoluant dans les insdustries extractives au Sénégal, dans les années à venir, sont évaluées à près de 1000 milliards de francs CFA, a indiqué, la présidente du Comité national d’Initiative pour la transparence dans les industries extractives du Sénégal (CN-ITIE), le Pr Awa Marie Coll Seck.
’’Nous avons évalué les services de restauration, d’hébergement, d’hotellerie ou autres à fournir dans quelques années au personnel évoluant dans les industries extractives à 999 milliards de francs CFA’’, a dit Mme Seck.
Elle s’exprimait vendredi lors d’un atelier régional de partage du rapport de conciliation de l’l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), portant sur les données fiscales de 2018.
’’Ce qui veut dire qu’ il y a de l’argent que les populations, les entreprises nationales ou internationales peuvent capter en offrant différents services’’, a-t-elle ajouté, en présence des autorités
administratives de la région et des acteurs de la société civile.
’’C’est pour cela, a-t-elle préconisé, nous devons bien travailler pour nous assurer de cette manne financière. Nous devons encore faire plus d’efforts pour nous conformer aux appels d’offres et cahiers de charge’’.
Elle a indiqué que sur des marchés de plus de 20 milliards de francs CFA attribués par appels d’offres en 2018 par le secteur extratif, un milliard est revenu aux entreprises nationales.
’’C’est dire donc qu’il y a encore un travail de mise à niveau à faire pour permettre à nos entreprises de compétir à l’échelle mondiale et bénéficier de ces marchés’’, a t-elle ajouté.
Dans cette perspective, elle a souligné, que la loi sur le contenu local, ’’présente beaucoup d’espoir’’ pour les entreprises’’ puisqu’ aujourd’hui le Sénégal a légiféré en faveur d’ une préférence nationale.
Elle a rappelé que le contenu local est la contribution qu’un projet pétrolier, gazier, ou minier apporte à l’économie locale, régionale, ou nationale en plus des revenus versés au gouvernement.
’’Ces contributions peuvent prendre la forme d’emplois, d’achat de biens et de services de formation et de projets sociaux’’, a-t-elle précisé.
La présidente du CN-ITIE a souligné qu’en ce qui concerne la région de Fatick, ’’il y aura du pétrole au niveau du bloc de Sangomar d’ici quelques années’’.
’’Il y a donc de grandes perspectives et nous voulons que les populations se préparent déjà en investissant dans des activités privées pour bénéficier des retombées financières du secteur extractif’’, a lancé l’ancien ministre de la Santé et de l’Action sociale.
L’adjoint au gouverneur de Fatick chargé du développement, Abdou Diop, a de son côté, indiqué que le projet pétrolier Sangomar (Fatick) concentre des réserves de pétrole estimées à plus de 630 millions de barils.
’’La décision finale d’investissements a été entérinée en janvier 2020 marquant ainsi le début d’un projet en plusieurs phases qui devrait générer des revenus pour les décennies à venir et la première production de pétrole est attendue en 2023’’, a ajouté M. Diop.
« LE BALLET DIPLOMATIQUE AU SÉNÉGAL N’A PAS PROFITÉ AU SECTEUR PRIVÉ »
L’émission Lr du Temps de ce dimanche sur Iradio (90.3) s'est penché sur les récents visites de chefs de gouvernement étrangers au Sénégal et leur lot de contrats signés
Nombreux sont ceux qui voient le récent ballet diplomatique au Sénégal comme un avantage. Cela du fait des contrats signés et qui seront bénéfiques pour le Sénégal dans le futur. L’Informaticien, Expert en économie numérique, Amadou Guèye pense le contraire.
Invité d’Alassane Samba Diop, ce dimanche sur Iradio (90.3), à l’émission Lr Du Temps, Guèye déplore le fait que le secteur privé national n’a pas été impliqué à ces rendez-vous alors qu’ils ont fait l’objet de dizaines de contrats signés. « Ce sont des compagnies qui sont venues faire face aux structures publiques et signées des contrats. C’est une situation grave. Parce qu’il y a éviction du secteur privé national. La bonne pratique voudrait que quand un président vient en visite de travail avec son secteur, vous emmenez vous aussi votre secteur privé pour mettre les deux groupes ensemble », a-t-il fait savoir.
Poursuivant, il révèle que : « les contrats signés avec les entreprises étrangères ne sont pas des investissements directs étrangers. C’est de l’endettement ». En plus, regrette l’expert, la plupart de ces contrats signés, comme l’autoroute Thiès- Saint Louis, que les Américains ont décrochée, il n’y a pas d’appel d’offres.
Amadou Guèye partage son sentiment avec son co débatteur, Alassane Seck. Selon le Secrétaire Exécutif de la Ligue Sénégalaise des droits humains, la dette due au secteur privé par l’Etat a fini par les étouffer. « On a ouvert beaucoup de chantiers avec le sentiment de bien faire. C’est ça qui a bloqué les entreprises nationales avec la dette intérieure qui ne cesse de grimper. C’est paradoxale que l’on nous dise que la CDE qui vient de terminer la grande mosquée Massalikoul Jinan est dans des difficultés », pense Seck.
AUDIO
OBJECTION AVEC NGOUDA MBOUP
Arrêté Ousmane Ngom, statut spécial pour Dakar, cumul de poste de président et celui de chef de parti... L'enseignant chercheur à l'Ucad se prononce sur tous ces sujets qui cristallisent le débat au dialogue national
Ngouda Mboup, enseignant chercheur à l'Ucad, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
LE MAL DES LOIS SANS LENDEMAIN
Face aux lobbies religieux, économiques et sociaux, l’Etat, à des fins politiques, voire politiciennes et pour des motifs financiers, renonce à l’application de certaines lois dont les effets positifs ne souffrent pourtant d’aucune contestation possible
En principe, nul n’est censé ignorer la loi. En réalité, tout le monde l’ignore. Même le gouvernement qui, quand il s’agit d’élaborer des textes, de ratifier des traités, fait office d’un grand champion en Afrique et même dans le monde. Mais quand il s’agit de les mettre en œuvre, le Sénégal se retrouve à la queue du classement.
Dans la jungle, c’est la loi du plus fort. Dans les sociétés civilisées, c’est plutôt le règne de la règle de droit. Laquelle régit les rapports entre les individus, mais aussi entre l’Etat et ces derniers. Au Sénégal, des lois sont votées à tort et à travers. Mais souvent, elles sont rangées au placard. Face au veto des lobbies religieux, économiques et sociaux, l’Etat, à des fins politiques, voire politiciennes et pour des motifs financiers, renonce à l’application de certaines lois dont les effets positifs ne peuvent souffrir d’aucune contestation sérieuse.
Le ras-le-bol des enseignants du supérieur
Ce n’est pas le chargé de revendications du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui dira le contraire. Il s’appelle David Célestin Faye. Il est presque au bord de l’effondrement, quand il parle des menaces permanentes de grève dont fait état son organisation. La voix étreinte, il déclare : ‘’Je vous assure hein… Ne croyez pas que nous allons en grève de gaieté de cœur. Bien au contraire !’’ Très dépité et amer, il explique que le dernier préavis du Saes n’a pour finalité, ni plus ni moins, que de demander au gouvernement de respecter, d’appliquer les lois qu’il s’est volontairement dotées. Parmi ces dernières, il y a le décret 2016-1805 abrogeant et remplaçant celui de 2013 relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers dans les universités publiques et les établissements publics d’enseignement supérieur.
Lequel était motivé par les nouvelles dispositions contenues dans la loi 2015-26 du 28 décembre 2015. Aujourd’hui encore, ni l’un ni l’autre ne sont effectifs. Ce qui eut le mérite de placer les syndicalistes du Saes dans tous les gonds. Ces derniers, qui ne tolèrent pas du tout que l’Etat s’assoie sur ses propres lois, promettent d’être sans état d’âme, car il est hors de question de laisser les pouvoirs publics continuer de violer la législation. ‘’Nous prenons l’opinion publique à témoin. Nous avons tout fait pour amener l’Etat à la raison. Nous discutons depuis 2017, mais l’Etat continue de trainer. Or, c’est lui qui a fait sa proposition, qui l’a fait voter à l’Assemblée nationale par sa majorité, qui a fait prendre le décret. Pourquoi, depuis 2016, on refuse de passer à l’ultime étape qui consiste en son application effective ? Encore une fois, nous ne tirons aucun profit financier de cette loi, mais il y va de la qualité du service de l’enseignement supérieur qui nous intéresse au plus haut point’’, a dénoncé Célestin avec vigueur, le week-end dernier.
Outre le recrutement des recteurs par appel à candidatures, ces textes prévoient que l’orientation des étudiants doit se faire en collaboration avec les services pédagogiques des universités et selon les places disponibles.
Les ravages du péril plastique
Pendant que les enseignants bandent les muscles pour réclamer l’effectivité des lois régissant le secteur de l’éducation, d’autres secteurs pleurent les lois qui leur avaient, pourtant, donné tant d’espoir. Dans le domaine de l’environnement, ils étaient nombreux à applaudir des deux mains l’adoption de la loi 2015-09 du 21 avril 2015, relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques.
Si, aux premiers jours de son entrée en vigueur, le 4 janvier 2016, il était devenu difficile de trouver de petits sachets, aujourd’hui, les sachets pullulent comme des champignons, partout à travers le territoire national.
Dans un article du célèbre journal américain ‘’The Gardian’’ intitulé ‘’Where does your plastic go ?’’, repris par Greenpeace, en juillet dernier, il était révélé que le Sénégal était une des destinations privilégiées des déchets plastiques américains. ‘’Le Sénégal aurait, à lui seul, importé mille tonnes de déchets plastiques par mois, au cours des trois premiers mois de cette année. Une décision qui, selon la même source, fait suite à l’interdiction d’entrée des déchets plastiques en provenance des Etats-Unis, par la Chine’’, dénonçait l’ONG, non sans regretter que cela allait à l’encontre de la volonté affichée par le gouvernement sénégalais.
En outre, si ces dernières années, les échanges entre la Turquie et le Sénégal ont évolué de manière exponentielle, les gouvernements le doivent aussi au plastique qui figure parmi les produits les plus importés avec le fer, les barres en acier, entre autres. Parallèlement aux importations qui augmentent d’année en année, il y a aussi l’industrie nationale qui continue sa production, malgré les vociférations du gouvernement. Dans la même période, l’Etat, qui peine à appliquer sa législation a minima, tente de faire croire qu’il va passer à une vitesse supérieure, en interdisant tout bonnement tous les sachets plastiques, de même que les gobelets, les assiettes à usage unique et des couverts.
Le gouvernement, par le biais de son ministre Abdou Karim Sall, jure d’être ferme sur son application, à partir du 4 avril prochain.
Tabac, la loi impossible à appliquer
Pour leur part, les combattants du tabac risquent, également, de pousser des cheveux blancs, avant d’entrevoir un début d’application de la loi n°2014-14 du 28 mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac. Il a fallu trois longues années, après moult plaidoyers auprès d’organismes internationaux et nationaux, notamment les religieux, pour en voir les décrets d’application. Dans ses dispositions, cette loi interdisait, notamment, la vente du produit à 200 m des écoles, universités, centres de formation, structures sanitaires, entre autres. Aussi, prévoyait-elle une autorisation préalable quant à la fabrication et la commercialisation du tabac. Entrée en vigueur le 26 août 2017, la loi n’est toujours pas effective.
Ainsi, le processus d’encadrement de l’usage du tabac, impulsé depuis 2005 avec la ratification, par le Sénégal, de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte anti-tabac, n’a toujours pas produit les résultats escomptés. Cette semaine encore, la Ligue sénégalaise contre le tabac a rué dans les brancards pour rappeler au gouvernement la nécessité d’appliquer cette loi dans toute sa rigueur.
Le mirage des locataires
C’était en 2014. Le gouvernement venait de faire adopter, à grand renfort médiatique, la loi 2014-03 du 22 janvier 2014 portant sur la baisse des prix du loyer. Ce qui était présenté comme une urgence sociale, est plutôt devenu un cauchemar national. Au lieu de faire baisser le loyer, le texte a, dans certains cas, contribué à son renchérissement. Les bailleurs ont profité des failles de la nouvelle législation pour sortir leurs clients et relouer leurs immeubles à des coûts encore plus élevés.
Dans son exposé des motifs, le gouvernement expliquait : ‘’La situation difficile pour les ménages, induite par la cherté des loyers, fait qu’il devient nécessaire, afin de préserver l’ordre public, de procéder à une diminution des taux des loyers en termes de pourcentage. Ceci permettra aux Sénégalais, pour qui la méthode d’évaluation basée sur la surface corrigée est difficile à mettre en œuvre, de pouvoir profiter des baisses induites par la modification des textes régissant la matière.’’
Aujourd’hui, plus que jamais, les locataires du Sénégal souffrent énormément à cause du prix exorbitant de l’immobilier.
Déclaration de patrimoine, cette chimère
Feu Mouhamadou Mbodj ne doit pas être content de son ‘’allié’’, le président de la République Macky Sall. Le Forum civil, son organisation qui avait beaucoup œuvré pour la mise en place de l’Ofnac via la loi 2012-30 du 28 décembre 2012, de la loi sur la déclaration de patrimoine via la loi 2014-17 du 2 avril 2014 et ses décrets d’application, continue encore de se battre pour demander l’effectivité de ces dispositions.
Aux termes de cette législation en vigueur sur la déclaration de patrimoine, tout ordonnateur de recettes et de dépenses, et tout comptable public dont le niveau d’opérations porte sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard de francs CFA, doit être assujetti à cette obligation. Depuis son entrée en vigueur, cette loi est confrontée à beaucoup d’obstacles. Tout comme la loi sur l’Ofnac qui ne fait plus rêver, à cause d’une gestion discréditée de ladite institution. Même le respect de la loi par le président de la République a soulevé des vagues, au lendemain de sa réélection à la magistrature suprême.
Macky Sall a-t-il fait sa déclaration de patrimoine ? L’on ne saurait le dire, puisque cette dernière n’a pas été, cette fois, rendue publique, comme en 2012 et conformément aux prescriptions légales.
Pourquoi autant d’insuffisances ?
Entre l’enclume des bailleurs et partenaires internationaux, et le marteau de certains lobbies socioreligieux, l’argent des industriels grands commerçants, l’Etat semble dans un dilemme permanent. Epinglé dans presque tous les rapports de Human Rights Watch et de l’ONUDC, le Sénégal peine à sortir les enfants de la maltraitance. Pourtant, des lois existent depuis les années 2000, pour lutter contre l’exploitation de ces couches vulnérables de la société.
Un autre projet portant sur le statut des ‘’daara’’ dort dans les tiroirs du chef de l’Etat, depuis 2013. Mais ce dernier semble un peu frileux, face au bouclier que constituent les religieux, hostiles à tout bouleversement dans ledit secteur. En attendant que l’Etat prenne son courage à deux mains, les enfants, dans certains ‘’daara’’, continuent de mourir.
Par ailleurs, pour ce qui est des manquements, notamment l’application de la loi sur le tabac, les sachets plastiques, entre autres, l’Etat va devoir non seulement faire face aux lobbies économiques, mais aussi et surtout renoncer aux mannes financières non négligeables qu’il tire de ces produits…
Ainsi donc, la violation de la loi s’avère la seule ‘’loi’’ qui ne souffre d’aucune violation.
par Charles Faye
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ARRÊTONS LES FRAIS !
Près de 500 milliards de francs CFA, dépensés en 19 ans, dans des bolides et autres V8, sans compter les notes d’entretien et réparation, et la facture salée du carburant, tous payés par le contribuable - Et ça se dit ministres, hommes d’Etats, patriotes
Je ne sais plus où est-ce que j’ai lu que la patriotisme est la source du sacrifice, et que par cette seule raison, il ne compte sur aucune reconnaissance quand il fait son devoir, mais je sais que bon nombre de nos ministres, directeurs d’agences et d’autres structures publiques et parapubliques ne sont que des zigotos. De la peccadille. Du menu fretin social.
Je ne me gênerai pas pour dire les choses et sans gant. De manière triviale, afin de descendre dans le ghetto de leur vulgaire résurgence, nourrie à l’envie, par le pauvre contribuable qui, n’a que ses yeux, pour pleurer leur misère philosophique, la faillite de leur engagement, leur manque de patriotisme.
Près de 500 milliards de francs CFA, dépensés en 19 ans, dans des bolides et autres V8, sans compter les notes d’entretien et réparation, et la facture salée du carburant, tous payés par le contribuable, à qui je me garderai de coller une étiquette renvoyant à trois lettres, que nous entendons pourtant tous, tant il tambourine dans nos têtes, Et ça ce dit ministres, hommes d’Etats, patriotes !
Merci le Macky d’avoir arrêté les frais, mazouté la magouille, mis la main dans le cambouis et envoyé tout ce bazar chez les mécanos pour la pose d’un disque frein. Les huiles ne sont pas toujours ce qu’on croit ! Loin s’en faut !
Et ce sont ces mêmes vérités, cassantes certes, mais absolument nécessaires pour qui veut avancer, qui doivent être mises en avant dans nos eaux territoriales.
On ne peut parler de souveraineté nationale quand on est incapable d’assurer le minimum de surveillance, sur terre, dans les airs et en mer.
Comment pourrait-on protéger les pêcheurs sénégalais et en particulier ceux de Guet-Ndar, si la zone de pêche nationale est vampirisée par la pêche industrielle en haute mer, parce que dépourvue d’infrastructures et moyens logistiques nécessaires.
Bien sûr que face à de telles insuffisances et confronté à l’érosion côtière, à la brèche de Saint-Louis, à la thèse de la pauvreté paralysante convoquée par le dispositif central et sécuritaire, l’Etat ne peut que consommer la furie de ses administrés et constater les morts par balle dans les eaux mauritaniennes.
Fort heureusement, les dernières retrouvailles sénégalo-mauresques à Nouakchott, ont donné les fruits de la maturité. Du moins, je l’espère, parce que toute autre vision centriste ne serait que perte de temps, et par conséquent, inappropriée dans ce monde qui change et ne pardonne aucune erreur stratégique.
C’est dire ce que le Sénégal et son peuple attendent de leur élite. Au regard de ce qu’il y a à faire pour se rapprocher de l’exemple rwandais, que je me refuserai de prendre en exemple, ce sont des pas de géants qu’il nous faut faire.
Mais pour le moment, je me contenterai de ce coup de pied du Macky. J’adore ! Encore quelques uns et le pays émergera !
Joummah Moubarrak et bon week-end à tous !
par Jean-Baptiste Placca
SAVOIR VIVRE EN COMMUNAUTÉ...
Ce qui est préoccupant, ici, c’est que ce Nigeria peu respectueux des règles communes est censé être la locomotive, pour l’Eco, la monnaie commune ouest-africaine - Vouloir soumettre les plus faibles n’est pas le leadership que recherche l’Afrique
Il arrive des moments où les puissants d’un temps, pour se relever, doivent s’appuyer sur les petits pays. L’oublier, c’est perdre tout sens de l’Histoire.
Depuis six mois, le Nigeria a fermé ses frontières avec ses voisins, dont deux, le Bénin et le Niger, sont membres, comme lui, de la Cedeao. Une communauté dont la marque de fabrique était, jusque-là, la libre circulation des personnes et des biens. En dépit de tous les efforts diplomatiques et des pressions amicales, rien n’y fait. Le Nigeria campe sur sa fermeté. Comment expliquer cela ?
Il arrive, lorsque la situation économique des pays est difficile, que certains dirigeants tentent de trouver des causes lointaines. Lorsqu’il a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1983, quelques Nigérians s’en souviennent sans doute, le général Buhari avait proscrit la plupart des mouvements de capitaux vers l’extérieur, et il avait interdit la sortie du territoire à de nombreuses personnalités et même à quelques catégories socio-professionnelles spécifiques. Dans un Nigeria désormais démocratique, de telles méthodes seraient évidemment moins aisées, sinon impossibles. Alors, pourquoi pas les voisins ? Ils ont bon dos ! Non pas qu’ils soient irréprochables. Mais, cette contrebande profite probablement autant, sinon davantage à des intérêts privés à l’intérieur du Nigeria qu’aux sous-traitants, dans les pays voisins.
Vous le savez sans doute : le chef de l’Etat burkinabè était, hier vendredi, à Abuja, mandaté par ses pairs, pour tenter de sensibiliser le président Buhari sur tout le tort que sa décision unilatérale cause à l’image de la Cedeao. Mais lorsque l’on lit et relit le message que le président Roch Marc Christian Kaboré a posté sur les réseaux sociaux à l’issue de cette visite, on devine qu’il s’est, au minimum, heurté à un mur.
Un mur ?
Oui. Parce que, quels que soient les interlocuteurs, le président Buhari aligne toujours les mêmes conditions, qu’il pose, pour rouvrir les frontières. « Je salue, dit le président du Faso, le leadership de mon homologue et frère, et l’assure de ma détermination à œuvrer avec lui à l’effectivité de la libre circulation dans l’espace Cedeao ». Quel diplomate ! Thomas Sankara aurait été à la place du président Kaboré, que, probablement, il aurait formulé la chose de la sorte : « Nous avons une communauté qui a réussi, plus que toute autre sur ce continent, dans le domaine de la libre circulation des personnes et des biens. Vous, avec vos mesures unilatérales, vous voulez détruire tout cela. Nous ne vous laisserons pas faire ! »
Pourquoi Sankara parlerait-il ainsi ?
Parce que le comportement des Nigérians est, au minimum, agaçant. Si vous ne voulez pas que certains produits entrent sur votre territoire, il vous appartient de déployer vos services de douanes et de police aux frontières, pour refouler ou saisir tout ce qui est illégal. Il suffit, parfois, de saisir quelques quantités 'importantes' de marchandises, pour que les contrebandiers, effrayés et déstabilisés par le manque à gagner, renoncent, peu à peu à leur forfait. La preuve n’a pas été faite que ce sont les Etats voisins qui organisent la contrebande en direction du Nigeria. Et les commanditaires, à coup sûr, ne sont pas tous au Bénin, au Niger, au Tchad ou au Cameroun. Au Nigeria, certains des bénéficiaires de ces contrebandes font peut-être même partie de ces nombreux milliardaires en dollars qui peuplent ce pays, et s’inventent des épopées, pour impressionner une jeunesse qui ne rêve qu’à devenir riche.
Ce qui est préoccupant, ici, c’est que ce Nigeria peu respectueux des règles communes est censé être la locomotive, pour l’Eco, la monnaie commune ouest-africaine.
En quoi est-ce préoccupant ?
Comme dit le chansonnier, ce n’est pas dans les livres que l’on apprend à vivre en communauté ! Il est évident qu’aucun peuple ouest-africain ne peut avoir envie de partager la même monnaie avec un leader cyclothymique, capable de s’affranchir, quand cela lui prend, des règles communes. Cette monnaie ouest-africaine est incontestablement le prochain, le plus important défi à relever par la Cedeao. Et, pour que ceci se fasse dans la sérénité, il faudra nécessairement, à la tête du Nigeria, un grand président, panafricaniste, qui comprenne qu’il vaut parfois mieux perdre un peu dans l’immédiat, pour gagner davantage, dans le futur.
Dans une union, une communauté économique et politique, les plus grands, les plus forts, ne sont pas autorisés à faire ce qu’ils veulent, et surtout pas à humilier et à écraser les petits.
Vouloir soumettre les plus faibles n’est pas le leadership que recherche l’Afrique. Le fort se distingue par son altruisme, par l’intérêt qu’il porte aux autres, bref, par cette envergure faite de générosité, que l’on appelle le panafricanisme.
Et sur ce continent, aucun pays n’est pauvre pour toujours, et aucun n’est riche à jamais.
LE RISQUE DU SURENDETTEMENT
Le Fonds Monétaire international recommande de freiner les dépenses publiques et d'accélérer le recouvrement des recettes. Un franc CFA sur dix prévu dans le budget n’est pas arrivé dans les caisses de l’Etat
Le Sénégal s’endette plus rapidement que prévu, estime un rapport du Fonds monétaire international, rédigé en décembre et publié ce mois-ci en français. La dette publique représente près de 64% du Produit intérieur brut, un seuil inquiétant d’après le FMI. Qui a fait passer le Sénégal dans une nouvelle case, celui des pays au risque de surendettement « modéré » et non plus « faible ».
Les graphiques du FMI ne font pas de cadeau à l’Etat du Sénégal. La dette publique totale a presque doublé depuis 2012, au début du premier mandat du président Macky Sall. Un peu plus de 30% du PIB pour atteindre la barre des 60% en 2019 d’après les projections du FMI.
L’institution note plusieurs dépenses importantes liées au Plan Sénégal Emergent, qui vise à construire de nombreuses infrastructures. Ces investissements sont responsables de l’endettement. Responsables aussi ces achats d’avions flambants neufs pour la compagnie Air Sénégal à partir de 2018, tout comme la volonté de subventionner l’électricité. Les déficits de l’opérateur national, la Senelec représentent chaque année près d’1% du PIB.
Le Fonds Monétaire international recommande de freiner les dépenses publiques et d'accélérer le recouvrement des recettes. Un franc CFA sur dix prévu dans le budget n’est pas arrivé dans les caisses de l’Etat. Le président Macky Sall a pris des mesures ces dernières semaines, en augmentant le prix de l’électricité. Ou, plus symbolique ce mercredi, en gelant l’acquisition de véhicules par les administrations.