El Hadji Amadou Dieng est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
"LA CORRUPTION EST À LA BANQUE MONDIALE"
Pour Papa Demba Thiam, économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans au sein de l'institution de Bretton Woods, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce
Une partie de l’aide aux pays pauvres est détournée par les élites africaines qui placent l’argent dévoyé dans les paradis fiscaux, accuse une étude. Papa Demba Thiam, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, appelle à des réformes en profondeur et suggère que l’institution aiderait davantage l’Afrique en y menant une politique active d’industrialisation.
Dévoilé il y a une dizaine de jours, le scandale de détournement de l’aide au développement versée par la Banque mondiale à des pays pauvres défraie la chronique, particulièrement en Afrique. Selon l'étude «Elite Capture of Foreign Aid» réalisée par l’un de ses cadres et deux collaborateurs extérieurs, une partie des financements serait dévoyée par les élites des pays assistés et placée dans des comptes offshore en Suisse, au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. Pour Papa Demba Thiam, un économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans à la Banque mondiale, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce.
Côté face, selon Papa Demba Thiam, «la corruption est à la Banque mondiale. Ses cadres sont présents à chaque étape – de la conception à l’évaluation finale, en passant par le financement par tranches – de tout projet, détaille-t-il. Le décaissement ne se fait pas sans avoir obtenu le satisfecit de la mise en œuvre. Il y a forcément des complicités à l’intérieur.»
Lanceurs d’alerte censurés
Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale est confrontée à de telles accusations. Pour ne pas rester les bras croisés, elle a mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une unité qui traque les pots-de-vin dans l’exercice d’appel d’offres pour des projets financés par elle. Mais pour Papa Demba Thiam qui dit connaître le mal de l’intérieur, la bureaucratie étouffe les initiatives. «Des lanceurs d’alerte sont censurés et dans certains cas, ils sont licenciés sous des prétextes divers», accuse-t-il. Mais plus généralement, selon lui, des collaborateurs ne daignent pas dénoncer leurs collègues ou leurs supérieurs.
L’économiste sénégalais tient à signaler que des centaines de collaborateurs de la Banque mondiale, originaires d’Afrique et d’Asie, se complaisent dans leurs rôles respectifs par peur d’être licenciés. «Ils préfèrent garder leur emploi de fonctionnaire international avec les privilèges (le salaire moyen est de 15 000 dollars, sans taxe) qui vont avec, y compris le permis de séjour aux Etats-Unis, raconte-t-il. Pour certains, il est impensable de sacrifier leur emploi dans la mesure où leurs enfants sont scolarisés aux Etats-Unis ou ont des prêts à rembourser.» Et d’ajouter: «Le système se nourrit de lui-même et tous les maillons sont solidaires.»
Position inconfortable
La Banque mondiale est mise dans une position inconfortable par l'étude. Cette dernière était prête déjà en novembre 2019 mais, pour la direction, les conclusions étaient trop à charge. C’est seulement après que l’un des auteurs l’a publiée sur son propre site internet, faisant éclater le scandale au grand jour, que la Banque mondiale l’a adoptée et finalement fait paraître le 18 février, non sans avoir nuancé certains propos. C’est dans le sillage de cette affaire que sa cheffe économiste Pinelopi Goldberg a démissionné de son poste.
Dans une note laconique postée sur son site internet le même jour, l’institution reconnaît que l’étude commençait à attirer beaucoup l’attention. «La direction prend au sérieux la corruption et les risques de fiduciaire, peut-on lire. L’étude «Elite Capture of Foreign Aid» a été revue plusieurs fois et a, par conséquent, été améliorée.»
L’Afrique a besoin d’industrialisation
Selon Papa Demba Thiam, cette étude serait restée dans les tiroirs sans le courage de ses auteurs. Le fait qu’elle a été réalisée par trois économistes ressortissants de pays nordiques a joué un rôle décisif. «Ils ont une culture de bonne gouvernance et du respect de la loi, commente-t-il. Ils ont bravé le système d’autant plus que leurs pays sont les premiers pourvoyeurs d’aide.»
La Banque mondiale reste-t-elle tout de même pertinente ? Papa Demba Thiam, qui la qualifie de «gestionnaire de la pauvreté», affirme que David Malpass, son président depuis avril 2019, est partisan des réformes. «Il faut aller revoir la mission de cette institution de sorte qu’elle fonctionne comme une banque commerciale. Elle ne doit prêter que pour financer des projets solides et avérés. Mais surtout, elle doit promouvoir en Afrique une politique d’industrialisation fondée sur les matières premières locales, avec des partenaires qui acceptent qu’une partie de la valeur ajoutée revienne au continent.»
LE BLUES DE GUINGUINEO
Face à l’horizon qui ne se dévoile même plus, la vieille ville située dans la région de Kaolack s’empêtre dans son passé, refuge de consolation, et s’apitoie sur son présent accablant
Oumar BA et Alassane Aliou MBAYE |
Publication 29/02/2020
Guinguinéo, vieille ville située dans la région de Kaolack, bâtit ses espérances davantage dans son glorieux passé que dans la routine inhibitrice de son présent peu enviable. On y ressasse la belle époque où le chemin de fer, objet d’épanchements désenchantés, donnait à ce carrefour d’identités et d’aspirations tout son éclat. Face à l’horizon qui ne se dévoile même plus, Guinguinéo s’empêtre dans son passé, refuge de consolation, et s’apitoie sur son présent accablant.
Des caïlcédrats, bravant les sommets dans la détresse de leur agonie, surplombent des maisons tombées dans l’abandon et des rails que l’Express Dakar-Bamako, le «Jeeg 3», les trains 201, 203, 4, 5… ont privés de leurs «caresses» remplies d’espoirs. Guinguinéo, devenue ville de peu d’éclats, fonde ses espoirs davantage dans la reconstitution de son passé florissant que dans l’avenir à réinventer et dans un présent…morose. L’ambiance ferroviaire d’un autre temps habite encore les esprits nostalgiques. On s’accroche aux vestiges d’une splendeur perdue : la belle époque des «naar Beyrouth» (Libano-syriens), maîtres du négoce, des Bambaras, travailleurs acharnés venus du Mali, qui y avaient leur quartier avant l’éclatement de la Fédération du Mali, des Toucouleurs du Fouta Toro qui ont fini par se confondre aux autochtones.
On semblait bien vivre dans ce carrefour de rencontres. «J’ai fait 37 ans au chemin de fer. J’ai commencé à la gare de Dakar où je suis resté pendant trois ans. J’ai ensuite été affecté à celle de Guinguinéo en janvier 1955 du temps des locomotives à vapeur. Depuis cette date, je n’ai pas quitté cette ville. Des foules y grouillaient. Le commerce était florissant et la ville vivante», témoigne El-Hadj Thierno Dieng, ancien cheminot de 90 ans. Celui qui a pris sa retraite en 1988 parle de son patelin avec le chagrin de ceux qui ont admiré les merveilles du passé et regardent, impuissants, l’état de décrépitude de ce qui a été considéré pendant longtemps comme la deuxième capitale ferroviaire du Sénégal.
Guinguinéo a été un espace de vie, de réalisation sociale et de rêves grâce à sa bouillonnante gare ferroviaire. Ici, ne s’agitent désormais que quelques agents démotivés chargés de la surveillance d’un patrimoine en ruine et de l’entretien des rails. Et «on n’a même pas de draisine (wagonnet destiné à l’entretien et à la surveillance des voies de chemin de fer). Nous sommes obligés de marcher 5 km pour faire les entretiens. Le train passe peu mais il faut toujours veiller sur l’état des rails. Et quand l’herbe commence à pousser, nous désherbons à l’aide d’herbicide pour éviter les patinages», confie Demba Diop, agent de la direction des Installations fixes entouré de fourches et d’autres outils dérisoires encombrant une chambrette attenante à la voie ferrée. A une encablure de cet «angle» de lamentations, baille d’ennui le chef de sécurité de la gare de Guinguinéo, le fils de cheminot Ousmane Ndiaye, fixant un tampon éculé. Derrière le bâtiment du pôle administratif, se meurent des dortoirs et restaurants inoccupés. Et pourtant, on s’y agrippe encore pour faire l’éloge d’un patelin sans grand relief. La fierté est dans le vécu. Le présent n’est qu’effusions passéistes et mélancoliques.
Kyrielle de plaintes
Guinginéo, chef-lieu de département croupit dans sa routine sclérosante. Le déclin du chemin de fer a considérablement ralenti l’activité de cette vieille ville. «Les différents gouvernements et équipes municipales, qui se sont succédé depuis l’indépendance, l’ont dotée de quelques infrastructures sociales indispensables : écoles préscolaires et élémentaires, Cem, lycée et centre de formation professionnelle, postes et centre de santé, foyer de la femme, salle des fêtes, gare routière et hôtel de Ville. Toutefois, ses rues datant de 1963 ne sont plus que d’attristants nids de poules. Son réseau électrique est vétuste et celui d’eau insuffisant», déplore Abdel Aziz Diop, conseiller municipal chargé de la planification et du suivi des programmes.
D’autres infrastructures démarrées, il y a belle lurette, peinent à être terminées. C’est l’exemple du stade multifonctionnel, Olymp- Africa dans lequel la municipalité a pourtant investi, sur fonds propre, plusieurs millions pour répondre aux préoccupations de la jeunesse.
«Le plateau technique du centre de santé doit être relevé compte tenu du nombre de postes de santé qu’il polarise, une unité de radiologie y est indispensable. L’absence de réseau d’assainissement fait que notre ville connaît chaque année les affres des inondations. Ces problèmes nécessitent de gros investissements. La commune est dépourvue de ressources. Ses élus et ses braves populations sont dans le désarroi», gémit-il. Ici, on attend encore le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) et Promoville pour arrêter de se morfondre dans la nostalgie.
LA SONATEL RÉALISE UN CHIFFRE D’AFFAIRES DE PLUS DE 1000 MILLIARDS CFA EN 2019
La Sonatel a réalisé un chiffre d’affaires de 1086,6 milliards CFA, soit une hausse de 6,3% (+64,6 milliards CFA) par rapport à 2018
La Sonatel a réalisé un chiffre d’affaires de 1086,6 milliards CFA, soit une hausse de 6,3% (+64,6 milliards CFA) par rapport à 2018, a appris l’APS, vendredi.
Les résultats consolidés au 31 décembre 2019 montrent que cette croissance est tirée par tous les pays où le groupe est présent avec les contributions principales du Sénégal, de la Guinée et du Mali.
En outre, selon le document consulté par l’APS, les revenus de l’activité mobile représentent 80,1% du chiffre d’affaires, soit 870,5 milliards CFA et portent les principaux relais de croissance (data mobile et services financiers orange Money).
Ces derniers constituent l’essentiel de la croissance du chiffre d’affaires et progressent respectivement de 33% et 24% par rapport à 2018, informe la Sonatel.
Le groupe fait remarquer que le chiffre d’affaires sur l’entrant international avec 77,7 milliards CFA enregistre un recul de 2 points sur sa contribution au chiffre d’affaires du groupe et ralentit sa baisse qui passe de - 24% en 2018 à -12,5% en 2019.
Cette maîtrise des revenus résulte de l’atténuation de la baisse des volumes de trafic avec les corridors malgré un effet dilutif sur les prix, de la croissance du hubbing au Sénégal qui passe de 10,8% en 2018 à 16% en 2019 et d’une meilleure vigilance sur la fraude.
Par ailleurs, les rédacteurs du document relèvent que le revenu des activités fixes avec 24,3 milliards en 2019 poursuit sa baisse avec -8,2% (1,8 milliard CFA) comparé à 2018, essentiellement au Sénégal qui porte la quasi-totalité du chiffre d’affaires (23,6 milliards CFA).
Ils ajoutent que le chiffre d’affaires sur l’interconnexion nationale s’élève à 26,4 milliards CFA et enregistre une baisse de -3,5 milliards CFA (-11,6%) portée principalement par le Mali et le Sénégal mais amortie par les hausses notées en Guinée et en Sierra Léone.
LE FIDA REVELE CINQ FACTEURS DE CRISE SYSTEMIQUE MONDIALE
Echecs des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, phénomènes météorologiques extrêmes, perte majeure de biodiversité et effondrement d’écosystèmes, crises alimentaires et de l’eau.
Le Fonds international de développement agricole (Fida) et le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf) ont présenté avant-hier, jeudi 27 février, le rapport dénommé « Our Future on Earth 2020 » (Notre Futur sur la terre). Le document qui révèle que le monde fait face à cinq risques est le fruit d’une enquête réalisée auprès de 200 scientifiques.
Echecs des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, phénomènes météorologiques extrêmes, perte majeure de biodiversité et effondrement d’écosystèmes, crises alimentaires et de l’eau. Tels sont les cinq risques énumérés dans le rapport Our Future on Earth (Notre Future sur la Terre) présenté avant-hier, jeudi 27 février par le Fonds international de développement agricole (Fida) et le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf). L’enquête a été réalisée auprès de 200 scientifiques pendant une durée de deux ans.
La planète fait ainsi face à des menaces qui peuvent être à l’origine d’une crise systémique mondiale. «Le rapport fait le point sur tous les états actuels du globe, que ce soit les ressources naturelles, la démographie, l’économie, mais aussi la société de l’information, la gouvernance etc. », a déclaré le représentant régional Afrique de l’ouest du Fida, Benoit Thierry.
Dans la foulée, il ajoute : « quand je suis né, il y avait 2milliards d’habitants sur terre, maintenant, il y en a 8 milliards. Et on peut dire que ces 8 milliards vivent et ils ont tous bénéficié d’éducation, de santé et d’agriculture pour pouvoir se nourrir. Ce qu’il faut maintenant planifier, c’est les 2 ou 3 milliards d’habitants qui vont arriver prochainement. Et il se trouve que les 2 ou 3 milliards d’habitants qui vont arriver seront sur l’Afrique puisque la population va doubler d’ici 2050 et tripler d’ici 2100 ». Pour faire face à ces riques, le Fida compte aider les gouvernements africains. «Nous souhaitons aider beaucoup de gouvernements à pouvoir établir des plans à long terme. On ne parle pas ici de plan de développement sur 4 ou 5 ans mais plutôt de développement de 20 à 30 ans. Un peu comme le fait le programme Sénégal Emergent », a laissé entendre Benoit Thierry.
Pour le directeur Afrique de l’Ouest de la Fao (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), Gouantoueu Robert Guei, des efforts restent à faire en ce qui concerne la sécurité alimentaire. «Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, il y a des défis énormes en matière de sécurité alimentaire. Les chiffres qui sont donnés aujourd’hui ne sont pas des chiffres rassurants et nous devons redoubler d’efforts si on veut vraiment aider l’Afrique de l’Ouest », a soutenu Mr Gueï.
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LE TRIOMPHE DE CHEIKH ANTA DIOP
Marginalisé, combattu et voué aux gémonies de son vivant, le savant égyptologue intransigeant au plan scientifique, est aujourd'hui célébré par nombre d'intellectuels d'ici et d'ailleurs. Boubacar Boris Diop, revient sur son legs à la jeunesse africaine
Durant toute sa vie, Cheikh Anta Diop aura été presque seul contre tous. Ostracisé par la communauté scientifique occidentale, traité de fou par le pouvoir socialiste d'alors, le savant sénégalais n'a jamais transigé à propos de sa thèse sur l'origine africaine de l'humanité. Jusqu'à ce que l'histoire lui donne raison. "La victoire de Cheikh Anta est tellement énorme que c'en est même devenue agaçant pour ses anciens contradicteurs. Certains toujours en vie n'ont même pas daigné reconnaître qu'ils se sont trompés", estime Boubacar Boris Diop.
Le journaliste, écrivain et éditorialiste de SenePlus, revient à l'occasion d'une conférence inaugurale de l'Ucad, le 7 février dernier, sur la trajectoire de l'égyptologue à travers ses travaux sur les langues nationales, le panafricanisme, les bases d'un développement afrocentré, son culte du savoir, etc.
LE NON-PAIEMENT DES IMPOTS BLOQUE LA MACHINE
Mobiliser des recettes fiscales pose un énorme problème en Afrique, particulièrement au Sénégal.
L’Union des ordres Fiscaux de l'Afrique de l’ouest (Udofao) et la section de l’ordre National des experts du Sénégal (Ones) ont organisé, hier, la 6ème conférence annuelle fiscale. Lors de cette rencontre qui se tient pour la première fois au Sénégal, il s’agira de trouver des mécanismes de mobilisation des recettes fiscales dans les pays de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Selon les experts, le non-paiement des impôts se fait durement ressentir dans la mobilisation des recettes fiscales.
Mobiliser des recettes fiscales pose un énorme problème en Afrique, particulièrement au Sénégal. Si l'on en croit la présidente de la section fiscale de l’Ordre National des Experts du Sénégal (Ones), sur les 15 millions de Sénégalais, en dehors des fonctionnaires, il n’y a que 90 000 personnes qui payent l’impôt. Marie Delphine l’a fait savoir hier lors de l’ouverture de la 6e édition de la conférence annuelle internationale fiscale. D’après elle, la principale difficulté est liée à un problème de civisme fiscal. «Les gens ne payent pas et ne déclarent pas leurs impôts», se désole-t-elle avant d’ajouter : «un contribuable doit, à la fin de chaque année, compte tenu de ses revenus, déclarer et payer ses impôts». Pour confirmer les propos de l’expert, le directeur général des Impôts et Domaines, Bassirou Samba Niass, indique que la problématique de la mobilisation des recettes internes est devenue un véritable enjeu dans tous les pays, tant du point de vue des politiques internes que de la coopération internationale.
Abondant dans le même sens, Marie Delphine Ndiaye de l’Ones estime que les principales difficultés auxquelles est confronté le Sénégal sont relatives à l’identification de tous les potentiels contribuables. «Actuellement au Sénégal, 20% de ceux qui devaient payer l’impôt contribuent à la charge», renseigne-t- elle. Pour faire face à ce phénomène du non-paiement de l’impôt, la patronne de l’Ones propose de mettre en place des stratégies permettant de saisir tous les contribuables susceptibles de pouvoir payer l’impôt. «A travers la perception de l’impôt, l’Etat peut poursuivre ses actions de développement, mettre en place des infrastructures et améliorer les services sociaux de base. L’impôt a une fonction importante», rappelle Madame Ndiaye. C’est pourquoi elle plaide pour une meilleure sensibilisation des citoyens en vue de faciliter la mobilisation des recettes fiscales.
«Les gens n’ont pas un reflexe d’être de bons citoyens fiscaux. C’est l’occasion de lancer un appel aux citoyens pour l’exercice de citoyenneté par le civisme fiscal à travers le paiement volontiers et spontané de l’impôt», dit-elle. Venu représenter le ministre de la Justice Me Malick Sall, invité d’honneur de cette rencontre, Souleymane Nasser Niane, directeur de cabinet du garde des Sceaux, a invité les citoyens à participer davantage au financement du développement et à l’émergence du pays. «La loi 2017-17 du 2 décembre 2019 portant loi de finance pour l’année 2020 a mis en place des mesures fiscales, tient compte de la structuration des PME et tend notamment à élargir l’assiette fiscale avec l’introduction du prélèvement de conformité fiscale(Pcf).»
«LA MOBILISATION DES RECETTES FISCALES EST UNE URGENCE ECONOMIQUE»
Revenant sur le thème de cette 6e édition intitulé : «Mobilisation des recettes fiscales intérieures dans les pays de la Cedeao : défis et perspectives», le professeur Abdoulaye Sakho salue sa pertinence et souligne : «La mobilisation de recettes est aujourd’hui une urgence économique face au besoin de financement nécessaire en ue d’exécution des programmes de développement». Pour lui, les impôts sont impérieux pour les Etats membres de la Cedeao dont les rentrées fiscales représentent à peine 15% de leur produit intérieur brut (PIB).
LE SÉNÉGAL, ELDORADO DES MENDIANTS DE LA SOUS-RÉGION
Ils viennent du Mali, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, du Burkina et même de la Sierra Leone. On les voit dans les artères de Dakar, guettant les bienfaiteurs à hauteur des ronds-points… Leur business : faire la manche pour nourrir leur famille
Le Sénégal serait-il devenu un eldorado pour les mendiants de la sous-région ? Ces derniers, en nombre important, envahissent de plus en plus le «marché» sénégalais de la mendicité.
Une femme, embonpoint bien entretenu et portant un bébé sur le dos, se faufile entre les véhicules bloqués dans un embouteillage sous un soleil de plomb. Elle ne comprend pas un seul mot wolof mais parvient à rendre le cœur des automobilistes accessible à la compassion. Ils la gratifient de quelques menues monnaies. Puis, elle s’en va rejoindre ses infortunés «acolytes» assis à l’intersection de la Cité des eaux. Hommes, femmes, garçons et filles et même des nourrissons se sont emparés de ce lieu. Ils y mangent, s’y accordent du répit de temps en temps et espèrent y trouver fortune. Ils ont un point commun : aucun d’eux n’est sénégalais. Ils viennent du Mali, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la République de Guinée, du Niger, du Burkina Faso et même de la Sierra Leone. On les voit partout dans les artères de la capitale. Ils «guettent» les bienfaiteurs à hauteur des feux de signalisation, des ronds-points stratégiques, à la sortie des banques… Leur business, c’est faire la manche, espérant nourrir leur famille d’ici et d’ailleurs.
Au Rond-point faisant face aux Cours sainte Marie de Hann, ils ont fini de faire partie du décor. En cette matinée de lundi, le soleil envoie sa chaleur sur la terre, mais il ne les rebute point. On met un léger voile sur la tête pour aller à la rencontre des âmes charitables. Ici, l’ambiance est bon enfant. On rit, on s’esclaffe ! Leur dialecte nous est inconnu. «Nous venons du Mali», affirme la plus âgée des femmes, en tressant sa fille. Notre «intrusion» casse l’ambiance. Difficile de leur tirer un mot de plus.
«Nous nous sentons en sécurité au Sénégal»
Quand la confiance s’est installée, l’un des rares à se débrouiller en français accepte de se livrer. «Nous ne faisons de mal à personne. Nous venons ici le matin pour mendier et, à la tombée de la nuit, nous rentrons tous ensemble. Si nous avons préféré le Sénégal à d’autres pays limitrophes, c’est parce que nous nous sentons en sécurité ici», lance Salifou, lunettes bien ajustées laissant entrevoir un œil endommagé. Ce groupe de plus de dix personnes venues d’un ailleurs tumultueux pour trouver un mieux-être au Sénégal est presque devenu une famille. Ce sont des couples, des amis, des parents originaires de la même contrée. Selon Salifou, âgé de 40 ans, c’est un groupe de cinq qui a rejoint en premier il y a un peu plus de trois ans. «Au fur à mesure, ils ont envoyé les frais de transport aux autres qui les ont rejoints», explique-t-il. Boukary, lui, est un non-voyant. Il est tout le temps accompagné de sa fille. Ils préfèrent faire la manche à l’intérieur des quartiers comme Hann Mariste que d’inhaler la pollution émise par les voitures. Ayant élu domicile à Dalifort où le loyer lui revient à 5000 FCfa par mois, il est hors de question pour lui de révéler sa recette journalière. Mais, il n’est pas près de rentrer.
Bouraima, mendiant malien : «Je suis venu au Sénégal avec ma famille après l’attaque de mon village»
Bourama est originaire du Mali. Il a fait de Hann Mariste son fief. Portant des haillons, il est le prototype du mendiant professionnel. Entre un français approximatif et un wolof plus proche du baragouin, il parvient tout de même à se faire comprendre. Il est arrivé au Sénégal quand son village a été attaqué par des djihadistes. «Une partie de ma famille est à Bamako ; je suis venu au Sénégal avec ma femme et mes deux enfants», explique-t-il en désignant de son index ridé sa fille qui lui sert de guide. Occupant une maison abandonnée à la Cité des eaux, Bourama ne se plaint pas. Avec des recettes journalières qui varient entre 5.000 et 10.000 FCfa, il ne dépense presque rien pour la nourriture. Les voisins le gratifient de leurs restes. Chaque matin, révèle-t-il, la famille se divise en deux groupes qui partent à la quête de l’aumône. Un business qui rapporte et dans lequel il semble se plaire. D’ailleurs, assure-t-il, une seule chose peut le ramener au pays : le retour au calme. Ce qui, selon lui, «reste une utopie». «Cette histoire ne finira jamais», dit-il, abattu.
La ruée des «maîtres coraniques» de la sous-région
Selon Niokhobaye Diouf, Directeur de la Protection de l’enfance, des enquêtes ont révélé que plusieurs individus se disant maîtres coraniques venant de la sous-région se sont installés dans la capitale et dans beaucoup de régions avec leurs talibés. Le Coordonnateur de la région de Dakar de la Fédération nationale des maîtres coraniques, Kéba Gaye, confirme que le phénomène existe. «Ces individus sont mus par le seul désir de vivre de l’exploitation des enfants. Il y en a qui font des pieds et des mains pour avoir la nationalité sénégalaise afin d’élargir leurs possibilités et de mieux exploiter les enfants. Je suis convaincu qu’ils ont des relais qui les protègent. Nous les mettons souvent en garde mais, sans l’accompagnement de l’État, nous ne pourrons pas y arriver», dit-il, non sans souligner que ces maîtres coraniques sont très mobiles dès qu’ils sentent une quelconque menace.
70% des mendiants ne viennent pas des «daaras»
S’il est jeune, le mendiant est souvent assimilé à un talibé venant d’une école coranique. Selon Human Rights Watch, ils sont près de 50.000 enfants. Mais une bonne partie d’entre eux pratique cette activité librement et ne vient pas des «daaras». Moustapha Lô, Président de l’Association des maîtres coraniques, estime que la plupart de ceux qui mendient ne sont pas dans les «daaras». «Un enfant qui mendie, c’est juste pour chercher de quoi manger. Si quelqu’un fait la manche jusqu’à certaines heures, c’est parce qu’il ne vient pas d’un « daara ». Un talibé ne peut pas être dans la rue jusqu’à certaines heures», dénonce-t-il. Moustapha Lô indique que des enquêtes menées par ses collègues ont révélé que «plus de 70% des mendiants ne viennent pas des « daaras »». Il ajoute que le rapport des Sénégalais à l’aumône pousse beaucoup de familles démunies à envoyer leurs enfants dans la rue. «Mais on met tout sur le dos des « daaras »», déplore-t-il.
Les petites nigériennes sous le regard vigilant de leurs mères
Au Croisement Cambérène, l’arrêt grouille de monde comme d’habitude. Mais le décor connaît un petit changement. Des filles de teint clair et à la chevelure longue disputent la chaussée aux piétons. Elles ne tendent pas seulement la main, elles s’agrippent aux passants. «Sarakh, sarakh…» (aumône), répètent-elles, provoquant toutes sortes de réactions, le tout sous le regard presque indifférent de leur maman allaitant un frêle nourrisson. À en croire M. Cissé, vendeur de café à l’arrêt, elles viennent du Niger. «Elles avaient disparu pendant un bon moment mais, depuis quelques jours, elles reviennent petit à petit», renseigne-t-il. Il y a quelques années, une flopée de petites filles nigériennes prenait possession des rues dakaroises, particulièrement l’avenue Cheikh Anta Diop. L’histoire se répète.
Sur 1585 enfants retirés de la rue, 635 sont des étrangers
«Sur les 1585 enfants retirés lors de la première phase, les 950 sont des Sénégalais, plus de 400 sont Bissau-guinéens et les 200 des Gambiens, Maliens et quelques Sierra-Léonais». Les statistiques sont données par le Directeur de la Protection de l’enfance. Niokhobaye Diouf estime que cette situation résulte de plusieurs facteurs. Il y a d’abord la porosité des frontières, la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cedeao.
protection des enfants : Plaidoyer pour des mesures plus corsées
Quand le Ministre sénégalais des Affaires étrangères avait convoqué les ambassadeurs et les consuls des autres pays pour leur dire de prendre des mesures contre l’exploitation des enfants, cela avait offusqué un diplomate. «Un ambassadeur s’est levé pour dire que le Sénégal n’a pas le droit d’interdire l’entrée de ses ressortissants dans son territoire. Quand ils quittent leur pays pour venir au Sénégal, ils y retrouvent une partie de leur famille. Certains sont mariés à des Sénégalais», raconte le Directeur de la Protection de l’enfance, Niokhobaye Diouf, rapportant les propos du diplomate. À ses yeux, c’est ce qui rend les choses compliquées. C’est pourquoi, pense-t-il, il faut instaurer des titres de voyage ou des conditionnalités qui feront qu’un adulte n’aura pas le droit de convoyer six à cinq enfants dans les bus sans autorité parentale. «On ne doit pas traverser une frontière avec autant d’enfants aussi facilement», dit-il.
LE GOUVERNEMENT VALIDE L’EXONÉRATION FISCALE POUR LES STARTUPS
Toutes les startups et entreprises nouvellement créées en date du 01 Janvier 2020 et celles créées en 2019 bénéficieront sans délais d’une exonération ( IMF) et (CFCE) de 3 ans à compter de la date de création de la société
Bonne nouvelle pour les entrepreneurs sénégalais. Le gouvernement vient de valider l’exonération fiscale pour les startups et les sociétés nouvellement créées.
Plus de fiscalité pour les Startups et les nouvelles sociétés au Sénégal. L’Etat a validé l’exonération fiscale imputée auparavant aux nouvelles sociétés. Dans une note de services datée du 24 février 2020 du Ministère des Finances et du Budget, et parvenue à la rédaction de socialnetlink.org, il est indiqué que “la loi de finances No 2019-17 du 20 décembre 2019 portant loi des finances pour l’année 2020 notamment celle relative à l’impôt Minimum forfaitaire sur les sociétés ( IMF) et à la contribution forfaitaire à la charges des employeurs (CFCE) est totalement entrée en vigueur sur l’ensemble du territoire national à la date du 28 décembre 2019.”
Trois ans sans impôts
Cette nouvelle loi de finances concerne toutes les startups et entreprises nouvellement créées en date du 01 Janvier 2020 et celles qui sont créées dans l’année 2019. Elles bénéficieront sans délais d’une exonération ( IMF) et (CFCE) pour une durée de 3 ans à compter de la date de création de la société.
Cependant, le gouvernement informe qu’ en matière d’impôts sur les sociétés et impôts sur le revenu, les règles d’assiettes et de liquidation applicables sont sauf disposition législatives contraires, celles en vigueur:
dans le premier cas, à la clôture de la période de réalisations des profits imposables ( clôture normale de l’exercice de cession, dissolution, cessation, transformation )
dans le second cas, au 31 décembre de l’année à laquelle l’imposition est due. “
Cette décision du gouvernement va booster la création d’entreprises au Sénégal tout en facilitant le développement de l’emploi. Pour rappel, il y a quelques jours, l’état avait également validé le projet de la startup Act dont l’une des doléances a été l’exonération fiscale pour les startups, tant attendue par les acteurs du secteur.