Dakar, 19 nov (APS) - Fatou Matar Ndiaye, vice-présidente du Conseil économique, social et environnementale (CESE) a été retrouvée morte égorgée dans sa chambre, samedi matin, à son domicile de Pikine, dans la grande banlieue dakaroise, rapportent plusieurs médias dont Radio Sénégal (publique).
Son présumé meurtrier et chauffeur a été arrêté pour les besoins de l’enquête ouverte par la police, suite à ce drame, précise-t-on de même source.
Le meurtre de Mme Ndiaye intervient alors qu’elle était en période de veuvage, après le décès de son époux il y a de cela quelques semaines.
(SenePlus.com) - Selon la dernière livraison de la Lettre du Continent, le prochain Secrétaire général des Nations-Unies, le portuguais Antonio Guterres qui doit prendre fonction à partir du 1er janvier 2017, envisage de faire la part belle aux femmes.
Mieux, il envisagerait d'embaucher l'ancien Premier ministre du Sénégal, Mimi Touré comme Vice-Secrétaire général des Nations-Unies, faisant d'elle ainsi, le numéro deux de l'organisation.
Rappelons que Mimi Touré a déjà travaillé dans le système des Nations-Unies avant de devenir le deuxième Premier Ministre de Macky Sall. En effet, elle a été directrice des Droits humains pour le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP).
Aïssata Tall Sall descend des Marches du Quotidien. La suite avec le Hcct, une "sauterelle" pour Tanor, la "prouesse" de Macky Sall qui a "réussi à réunifier une certaine famille socialiste autour de lui", la polémique sur le pétrole dont le chef de l'État est "le seul responsable" et non son frère, Aliou. Fin de plaidoiries.
Par rapport à ce congrès de 2014, il s'est dit que vous auriez eu le soutien de Khalifa Sall pour battre Ousmane Tanor Dieng, est-ce vrai ?
Non, je peux vous dire, je m'excuse de ce terme-là, mais ce sont des balivernes. Pourquoi Khalifa Sall m'aurait-il soutenue ? Ces gens lui demandaient d'être candidat non ? Quand j'ai décidé d'être candidate, les seuls avec qui je me suis concertée et qui m'ont donné leur onction, c'étaient les membres de ma coordination à Podor.
Vous avez été remplacée au poste de chargée de communication du parti par Abdoulaye Wilane. Mais Tanor avait dit qu'il vous avait proposé d'autres postes…
Il m'a proposé un poste, j'ai refusé.
Quel poste ?
Je ne me rappelle plus. C'est un truc tellement vague. Il y avait droit de l'Homme, il y avait juriste, il y avait tout dedans. En réalité, il me proposait de continuer à être l'avocate du parti. J'ai dit : "Je le suis naturellement. Je n'ai pas besoin de secrétariat national pour les droits de l'Homme et pour je ne sais quoi." Et s'il m'avait proposé porte-parole, j'aurais refusé. Attendez, on ne peut pas passer sa vie à être porte-parole ! Ou bien je suis née, estampillée porte-parole sur mon front ? (Rires)
Et comment appréciez-vous aujourd'hui la nomination de Tanor à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales ?
(Long silence, puis elle s'éclate). Ecoutez, si sur la forme on doit le féliciter, bon qu'il l'entende ainsi ! Mais honnêtement, je crois que pour l'homme que je connais, il mérite mieux que ça. (Elle insiste).
Il méritait la présidence de la République ?
Ah ! C'est ce qu'on lui a toujours souhaité. Mieux que de le lui souhaiter, on s'est sacrifié pour cela. Bon, le pouvoir c'est de la magie. Il arrive cet instant magique où vous y êtes. Il n'a pas pu l'avoir. Mais pour autant, comme disent les arabes : "Est-ce qu'on peut accepter de jeûner un an pour se contenter d'une sauterelle ?" Non.
Ah oui, c'est une sauterelle ?
Attendez ! C'est quoi ce Haut conseil des collectivités territoriales ? Une sorte de salmigondis. Vous connaissez le salmigondis ?
Expliquez-nous…
C'est un terme italien qui veut dire des restes de tout. Un peu de salade, un peu d'oignon, un peu de choux, un peu de carotte. C'est cela le salmigondis. Personnellement, j'ai rêvé d'autres choses pour lui (Tanor). Même si, peut-être, les circonstances l'amènent à se contenter de cela. Quand on a voulu pour lui président de la République que ce n'était pas possible, on a pensé Premier ministre que ce n'était pas possible, on a pensé président de l'Assemblée nationale que ce n'était pas possible, je disais : "Il n'a qu'à rester le conseiller officieux de Macky et qu'il soit entouré de ce halo de mystère et de pouvoir." Aujourd'hui, c'est tout cela qui est percé. Alors, c'est quoi ce Haut conseil des… Comment ça s'appelle d'ailleurs ? Je vous assure, je ne blague pas, je ne connais pas la suite…
Haut conseil des collectivités territoriales…
Dans quel cadre institutionnel ça rentre ? Ce n'est pas une chambre.
C'est quand même une chambre consultative, dit-on…
Un instrument consultatif pour le président de la République. C'est quoi ses limites de compétence avec l'autre machin de dialogue des territoires.
Vous parlez de la Commission nationale du dialogue des territoires dirigée par Djibo Kâ…
Il faut un tribunal de conflits parce que va arriver un moment où il va y avoir immanquablement des conflits de compétence. Ensuite, c'est quoi cette façon de prendre 80 qui sont élus, 70 qui sont nommés ? On avait pensé que tout cela était oublié. C'est une institution avec des gens élus, mais qui ne votent pas, qui ne délibèrent pas avec un président lui-même élu à la base, mais nommé par décret et révocable ad nutum. Alors, ce Haut conseil me fait penser à l'histoire institutionnelle de la France dans les années 1800, avec la Chambre introuvable. Tous les juristes l'ont appris. La Chambre introuvable, c'est quand Louis XVIII, rappelé au pouvoir, a eu des gens élus qui lui sont tellement fidèles qu'il les a appelés : "vous êtes plus royalistes que le roi". Tellement qu'ils étaient pressés de satisfaire tous les desiderata de Louis XVIII.
Sur la parité, la loi a été une nouvelle fois piétinée avec le Hcct…
Oui ! J'allais dire comme ça, sur un coup de tête, que ce n'est pas la première fois. Même sur le bureau de l'Assemblée nationale, non seulement la parité a été violée, mais quand la Cour suprême a corrigé, l'Assemblée ne l'a pas suivie. Aujourd'hui, il y a des collectivités territoriales qui sont gérées sans la parité.
Le Président avait les moyens de compenser par les nominations...
Oui, vous vous souvenez que c'est le Président qui avait fait des remontrances à la Cour suprême en demandant au ministre de l'Education nationale de ne pas se soumettre à la décision de justice non.
Comment interprétez-vous que l'Exécutif se passe des décisions du Judiciaire et que rien n'arrive ?
Mais on est au Sénégal. Peut-être que le jour où, dans vos rédactions, vous écrirez beaucoup plus sur ça, sur nos déboires internes dans nos partis, vous attirerez l'attention de plus de Sénégalais sur ce phénomène-là. Parce que c'est vrai qu'on a besoin de plus de justice.
Quelle appréciation faites-vous justement du projet de prolongation de la retraite du premier président et du Procureur général de la Cour suprême ?
Ah, ça c'est une catastrophe ! Si les magistrats pensent que c'est bon, il n'y a pas de problème. Mais le Président Macky Sall a le devoir d'ouvrir des concertations avec eux. Vous savez, la Grande muette, c'est l'Armée ; l'autre muette ce sont les magistrats. C'est vrai, ils ont l'Ums dans laquelle ils s'expriment, mais ils n'ont pas les moyens que nous autres avons de pouvoir parfois taper sur la table. Le ministre de la Justice ne suffit plus à cela ; il faut que lui prenne le taureau par les cornes et qu'il parle à la justice qui a avalé suffisamment de couleuvres pour aujourd'hui en arriver à la situation délétère dans laquelle elle est.
Vous aviez dit lors d'un débat organisé par l'Association des étudiants en sciences politiques de l'Ucad : "Le pouvoir législatif n'est qu'un solde résiduel du pouvoir exécutif." Diriez-vous la même chose du pouvoir judiciaire ?
Je vais vous dire la vérité. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'on doit couper le cordon ombilical entre le Parquet et le ministère. Je considère que dans cette mission de service public que rend la justice, l'État doit être présent tout en garantissant l'indépendance des magistrats. Pour autant, quand on voit les moyens dérisoires qui sont ceux de la justice, on a l'impression aujourd'hui que les magistrats sont mieux traités. Mais je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour rendre à la justice toute son indépendance, toute sa dignité. Et croyez-moi, il y a une génération de magistrats qui prend son rôle comme un véritable sacerdoce, qui le fait avec courage dans l'anonymat le plus absolu et qui s'efforce de combattre la corruption, d'être simplement les juges de leur temps. Et ces magistrats-la méritent d'être accompagnés. Donc, de ce point de vue, il y a encore beaucoup d'efforts à faire de la part de l'État.
Pour revenir au Parti socialiste, qu'allez-vous faire aux prochaines échéances ? continuer à vous battre à l'intérieur ou à l'extérieur du parti ?
On va faire les deux, et à l'intérieur du Parti socialiste et en dehors. Parce que finalement, de quoi est-ce qu'il est question ? Il est question de collecter les suffrages des Sénégalais, puisque vous parlez d'élection, qui ne sont pas seulement à l'intérieur du Parti socialiste. En tout cas aujourd'hui, nous sommes engagés totalement dans ce combat-là, nous avons la claire conscience que ce n'est pas un combat facile, mais croyez-moi, nous sommes déterminés non seulement à l'engager, mais à aller jusqu'au bout, aussi bien à l'intérieur du Parti socialiste qu'auprès de l'opinion des Sénégalais.
Depuis quelque temps, la question de la transparence dans la gestion du pétrole et du gaz fait débat au Sénégal. Quel est votre point de vue sur le sujet ?
Le pétrole vient avec un petit démon, un petit diable dans les barils du pétrole qui fait que chaque fois qu'on en parle, ça explose dans tous les sens. Les gens commencent à en parler, on n'a pas encore vu de pétrole, on n'a même pas senti son odeur, on ne sait pas quand est-ce que cela va être exploité. On est d'accord sur l'Itie (Ndlr : Initiative pour la transparence des industries extractives), mais cela ne suffit pas. Il faudrait que les Sénégalais soient informés au plus près de comment les choses vont se passer, que ces contrats-là soient non seulement publiés, mais compris par le maximum des Sénégalais. C'est en cela que l'exercice auquel le Premier ministre doit se soumettre- mais en vrai de vrai devant l'Assemblée nationale- est un exercice majeur. Si aujourd'hui on dit que l'investisseur, parce qu'il a mis son argent, parce qu'il a pris un risque énorme de venir prospecter avant même l'exploitation, doit avoir tant de pourcentage, c'est normal. C'est la règle du jeu dans tous les pays au monde où on a prospecté et trouvé du pétrole.
Que l'État ait tant de pour cent, qu'est-ce que nous réservons aux générations à venir ? Est-ce qu'on permettra que le régime en place exploite nos ressources ad vitam aeternam, ne rien réserver à nos enfants et à nos petits enfants ? J'ai lu l'autre jour que le Tchad était en train de poursuivre un investisseur, c'est Exxon, en lui réclamant plus de 80 milliards de francs Cfa parce qu'à l'époque de la découverte du pétrole, le Tchad n'avait pas bien négocié pour Exxon. Ce n'est pas parce qu'on a trouvé du pétrole que c'est l'Eldorado. Donc, le gouvernement est interpellé sur tout cela. Alors, transparence oui. Vous vous souvenez de ce que le Président Macky Sall avait dit à l'époque : "La Crei, c'est pour ceux qui partent ; l'Ofnac, c'est pour nous." Alors, où est l'Ofnac ? On a vu le premier rapport de l'Ofnac, et je voudrais au passage saluer le courage de Mme Nafi Ngom Keïta. Que sont devenus ces rapports-là ? Et je crois que le gouvernement doit rassurer que sur cette question de pétrole, on sera absolument au fait de ce qui se négocie. Parce que si vous voulez parler de Franck Timis, la question fondamentale, ce n'est pas que c'est Wade qui a introduit Timis dans la bergerie, mais qui a fait que Franck Timis reste et passe la nuit dans la bergerie. Mais tout le monde dit : "Non, c'est Wade qui l'a amené." Oui, Wade l'a amené, il est rentré. Maintenant, pourquoi il reste et qui le fait rester ? Ce n'est pas Wade.
C'est Aliou Sall ? C'est Macky Sall ?
Dans ce que vous dites, ce n'est pas le frère du Président qui me dérange, c'est le Président. S'il n'appose pas sa signature, rien ne se passe et rien ne se fait. En tout cas, quand je parle de l'État, je parle de celui qui l'engage en premier et c'est le président de la République et personne d'autre.
Pour en revenir sur votre engagement au Ps…
Encore ! Finalement, le Ps me colle à la peau grave. (Rires)
Khalifa Sall a réussi son coup avec Taxawu Dakar à Dakar pour gagner la mairie contre son parti et contre les alliés. Est-ce que vous voyez une certaine alliance du genre Taxawu Sénégal pour aller aux Législatives à la marge du Ps ?
Je ne sais pas. Je ne peux pas répondre à la place de Khalifa Sall.
Et vous ?
Voilà, si c'est moi, je réponds volontiers. Je peux dire sans forfanterie que je ne suis pas née de la dernière pluie et qu'on sera présent et bien présent à l'occasion de ces rendez-vous électoraux majeurs.
Avec qui et comment ? C'est l'alpha et l'oméga de la question. Vous imaginez bien que pour une question de stratégie- j'ai beaucoup de sympathie pour la rédaction du Quotidien- ce n'est pas ici que je vais le dire.
Votre parti a déjà décidé d'aller avec Benno bokk yaakaar aux Législatives…
Ah, on verra ce qu'il adviendra de cette décision parce que c'est cette décision qui est contestée et attaquée en justice. Qu'est-ce qu'elle deviendra d'ici les Législatives ?
Quelle est votre opinion sur la refonte du fichier électoral et les inscriptions pour l'obtention de la carte biométrique de la Cedeao ?
J'avais dit au ministre de l'Intérieur à l'occasion de son passage devant l'Assemblée nationale que cette question me troublait un peu. D'abord, parce que je ne vois pas la pertinence de refaire le fichier partiellement. On aurait peut-être pu le faire avant. Et si vous lisez l'exposé des motifs de cette loi, vous allez tomber à la renverse. Le ministre de l'Intérieur dit : "On va faire une refonte partielle du fichier pour combattre l'abstention." C'est ce qui est marqué. C'est hallucinant ! Est-ce qu'on combat l'abstention en faisant une refonte du fichier ? Le vote n'est pas un devoir au Sénégal, mais un droit. Mais je pense que le référendum a tellement traumatisé le pouvoir qu'il a les yeux rivés sur ce fort taux d'abstention. Et d'ailleurs, si les gens vont s'inscrire et qu'ils confirment qu'ils sont électeurs et que, pour autant, le jour-j ils refusent d'aller voter, qui va les obliger à le faire ? Personne. D'où l'inopportunité et la non pertinence de faire cette refonte. Et c'est pour cela qu'une partie de l'opposition pense qu'il y a un jeu caché dans cette refonte.
Avec cette histoire de fichier, est-ce que vous ne craignez pas un croc-en-jambe du pouvoir de façon qu'on se retrouve à reporter les élections ?
Non ! On a reporté la Présidentielle, on va encore reporter les Législatives ? Ce serait d'un ridicule à mettre le Sénégal au pilori. Non, le pouvoir ne peut s'amuser avec ça et je ne veux pas le croire un seul instant.
Lors du meeting du Ps, Bamba Fall a dit qu'il souhaite que Khalifa Sall soit le président de la République et vous, présidente de l'Assemblée nationale…
Un ticket non ? Que voulez-vous ? Ce n'est pas moi qui l'ai dit. Ce n'est pas non plus Khalifa Sall qui l'a dit. Mais parce que ces gens de Dakar étaient en train de l'interpeller. Moi si Podor m'interpelle, je réponds à Podor. Donc, ce sont des propos d'un militant au cours d'un meeting. Pourquoi moi, responsable de Saint-Louis et de Podor, je viens tomber dans un meeting de Dakar ? Vous savez, Bamba Fall est un garçon intelligent. Depuis 2007, il avait décidé que je serai la marraine de sa coordination. La marraine, ça n'existe nulle part dans une instance du parti. Et je suis partie à ce meeting de 2007, mais comme à l'époque on filait le parfait amour partout, personne ne s'en était rendu compte. Il a voulu refaire un autre meeting de sa coordination en 2016, il est venu m'inviter et je lui ai dit, comme vous me posez la question : "A quel titre ?" Il m'a dit : "Rappelez-vous, maître, vous êtes la marraine de ma coordination." Et il voulait vraiment que je vienne à ce meeting ès qualités. J'ai accepté parce que c'est de la courtoisie entre camarades. Quand même, vous ne pensez pas que dans le Parti socialiste, il a 10 000 femmes qui auraient pu servir de marraine ! Voilà qui explique ma présence. Maintenant, dans ses volées, il a dit ce qu'il pensait d'un schéma idéal, mais ça n'engage que lui.
Serez-vous candidate à la Présidentielle ?
(Long silence) Vous reposerez la question vers 2019. (Elle s'éclate)
Un temps, on vous a surnommée Ségolène Royal. Aujourd'hui, c'est Hillary Clinton qui est candidate. Allez-vous faire comme elle ?
(Rires) Je voudrais avant tout saluer le courage historique de Hillary Clinton. Pour ma part, je suis Aïssata Tall Sall, femme politique et Sénégalaise qui porte une ambition, la plus grande et la plus honorable pour son pays. 2019 est encore loin, mais tout est ouvert et tout est possible. J'ai toujours laissé mon destin à Allah.
Le Secrétariat exécutif national, créé après le congrès, prend des décisions du parti. Cette instance est-elle en conformité avec les textes ?
Je vois que vous connaissez bien les textes du parti parce que pour poser cette question-là, il faut avoir lu les statuts et le règlement intérieur du parti. Quand on veut changer le profil de compétence de l'instance, seul le congrès doit en décider. Donc, si le Secrétariat exécutif national prend des décisions qui ne sont pas de sa compétence, ce sont des décisions annulables en justice. C'est dommage d'en arriver là, mais le parti n'est la propriété de personne.
Que pensez-vous des 10.000 francs requis pour obtenir la carte de la Cedeao après le délai de gratuité ?
C'est une décision très bizarre. Parce que si la carte est payante et doit supporter une partie des frais, elle devrait l'être tout le temps. Est-ce pour sanctionner les retardataires ? Mais il y en aura toujours. C'est une mesure qui n'est même pas rationnelle.
Votre adversaire Racine Sy souhaite que Podor soit érigé en région. Est-ce votre avis ?
Ecoutez, c'est une vieille doléance des Podorois et je l'admets. Du temps du Président Wade, la question était même très avancée. Mais aujourd'hui, nous sommes dans la départementalisation. Le Conseil départemental, c'est pour justement avoir plus de proximité élective et de gestion par les intéressés eux-mêmes. Alors, la région ne correspondra qu'à une circonscription administrative avec un gouverneur et sa casquette. Encore que dans cet Acte 3, j'attendais le Président Macky Sall sur les Pôles territoires qui constituent la deuxième phase de la réforme. Je ne dis pas que je suis contre la région.
A Podor, vous commencez à perdre votre suprématie électorale…
(Elle coupe) Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
Vous avez perdu le référendum…
Mais qui n'a pas perdu le référendum ? Même Macky Sall l'a perdu. Avec son implication personnelle dans la campagne électorale, la mobilisation de tous ses moyens et la cohorte de Benno bokk yaakaar, Macky Sall s'est retrouvé avec ce taux d'abstention et ce petit "oui". Lui sait qu'il n'a pas gagné parce que c'est à la suite du référendum que ce projet de loi est venu pour soi-disant lutter contre l'abstention et refondre le fichier électoral. Maintenant, c'est vrai, à Podor c'est le "oui" qui a gagné parce que nous sommes restés dans une logique de référendum et non d'une compétition électorale.
Racine Sy n'est-il pas une menace pour vous ?
J'ai quand même gagné les Locales à Podor en 2014.
De 6 voix seulement…
Ah, c'est important ! Même aux États-Unis, on gagne d'une voix et ce sont les victoires les plus dures. Pourquoi l'autre n'a pas eu les 6 voix ?
Il les avait pourtant à un moment donné…
Il ne les a jamais eues. (Rires)
Racine Sy et ses amis ont vivement exprimé leur opposition à la délocalisation de l'aérodrome de Podor vers Tarédji. Quelle est votre position en tant que maire ?
J'ai entendu cela, mais je suis un élu, un officiel investi de pouvoir. Par conséquent, je ne parle que sur des sujets que je maîtrise et non sur la base de rumeurs. Des gens sont même venus me voir et je leur ai dit que je vais voir si cela est avéré. Le cas échéant, on m'entendra et on me verra agir.
Etes-vous maire résident ?
(Rires) Je suis plus que maire résident ; je suis maire permanent. Résider, c'est l'acte physique d'habiter là où il y a la mairie. Permanent, c'est être tous les jours aux côtés des populations. Dieu merci, les nouvelles technologies de l'information et de la communication n'ont été créées que pour ça.
Racine Sy est une menace pour vous. Peut-on s'attendre à un troisième mandat de Aïssata Tall Sall à la mairie de Podor ?
Alors, la menace elle est pour vous ou pour moi ?
Pour vous ?
Non. Je ne subis aucune menace à Podor de qui que ce soit. La menace, c'est quand on a peur de quelque chose ou de quelqu'un. A Podor, je n'ai peur de rien ; je n'ai peur de personne. Je n'ai peur que des Podorois et du Bon Dieu. Et Dieu merci, jusqu'à présent, les Podorois sont avec moi. Maintenant, le troisième mandat… (Rires)
C'est important puisque c'est la limitation des mandats…
Disons, nous sommes en discussion.
Avec qui ?
Avec les Podorois.
Maître, qu'est-ce qui vous pousse à continuer à faire la politique ?
Pour répondre à cette question, il faut d'abord demander ce qui m'a amenée en politique.
C'est Tanor.
(Silence, puis rires) Non. Même s'il m'a amenée, il n'a pas pu faire que je reste. Si je reste, c'est de mon fait personnel. Encore que j'ai choisi de faire la politique parce que j'ai une idée claire. Mais j'ai considéré que dans la vie, il y a deux options : la première, c'est de se lever le matin et de se dire qu'on peut être utile à quelqu'un ou à quelque chose. Que dans la vie, il ne suffit pas de manger, de boire, de s'amuser et de pleurer. L'animal mange, boit, s'amuse et pleure. Il faut savoir distinguer les choses et c'est ce qu'on appelle le libre arbitre. Et quand on l'a, on doit avoir la volonté et la générosité de vouloir transformer le monde. Vous voyez que c'est un gros mot, mais le monde s'est toujours transformé parce que quelque part, un jour, il y a eu un seul homme qui s'est levé et qui a aperçu une petite lumière au fond et qui s'est dit : "Ça, c'est peut-être la direction du monde et cela a changé le monde." Mao Tse Toung l'a fait, d'autres l'ont fait. Pourquoi les Sénégalais ne le feront pas ? Voilà pourquoi je fais la politique.
Tanor, Niasse, Djibo aux côtés de Macky Sall. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Super ! Félicitation à Macky Sall qui a réussi la prouesse de réunifier la famille socialiste autour de lui. Mais c'est une certaine famille socialiste. (Rires)
Et de deux ! Aïssata Tall Sall prend les Marches du Quotidien. Dans son mauve complet, elle répond à bâtons rompus aux questions d'actualité. Un avant-goût de sa plaidoirie dans l'affaire Barthélémy Dias, Un Ps qu'elle ne reconnaît pas, un Tanor qui ne peut plus être candidat du Ps, un Khalifa Sall, son "ami" qui l'avait écartée du congrès… Premières plaidoiries.
Commençons par l'actualité. Barthélémy Dias a été auditionné ce matin par la commission ad hoc pour la levée de son immunité. Vous l'avez défendu. Que peut-on en retenir ?
C'est l'article 52 du Règlement intérieur de l'Assemblée nationale qui prévoit la procédure. Barthélémy Dias a choisi de comparaître pour deux raisons. La première, c'est qu'il est républicain. Il a comparu, parce que lui-même avait demandé, si vous vous souvenez depuis 2014, que son immunité parlementaire soit levée. Mais l'immunité parlementaire étant une protection de droit, le député n'a pas le droit de se l'enlever. Il faut bien que l'Assemblée nationale, seule, qui a la compétence pour le faire, en décide ainsi. En tant que son collègue défenseur, comme le dispose la loi organique, il peut se faire assister. Et je suis ce défenseur. Voilà, sur le plan de la forme, ce qui s'est passé ce matin à l'Assemblée.
Est-ce que c'est une situation qui vous dérange ?
Personnellement, ça ne me dérange en rien parce que je considère que c'est la mise en branle d'une procédure qui est prévue par nos textes. Mais ça peut me déranger -parce que votre question n'est pas innocente- dans la mesure où nous sommes la deuxième législature et nous avons battu le record de levées de l'immunité parlementaire de nos collègues. Dans l'histoire parlementaire de notre pays, c'est bien la première fois depuis que nous sommes là en 4 ans et quelques mois que nous assistions à ce phénomène. Je ne dis pas que ce qui est reproché à Barthélémy n'est pas grave mais cela est une autre matière : c'est de la matière judiciaire. Nous irons plaider devant le juge et la vérité finira par éclater. Mais j'appelle mes collègues députés à avoir la claire et responsable conscience qu'on ne joue pas avec une immunité parlementaire. Elle doit être exceptionnelle.
Que dites-vous de l'opportunité de la relance de cette affaire qui date de 5 ans ?
Après avoir rappelé les circonstances factuelles, Barthélémy rappelle les circonstances politiques du moment. C'est seulement en 2014, juste à la veille des élections locales, que le tribunal l'envoie devant la juridiction de jugement. Quand même, moi qui suis professionnelle de la chose, j'ai vu la justice un peu plus diligente que cela. Après 2014, nous avons encore attendu 2 ans au moment où lui affiche sa volonté avec d'autres camarades socialistes de faire porter à notre parti la responsabilité de reconquérir le pouvoir par lui-même. Et c'est en ce moment-là où il est en bisbille avec la direction du Ps, ce n'est plus un secret pour personne, que 2 ans après le renvoi il est cité à comparaître devant le tribunal correctionnel. Tous ces faits-là, on ne peut pas avec la meilleure bonne foi au monde, penser que ce ne sont que des faits circonstanciels et que ça n'a pas été une juxtaposition d'évènements calculés, mesurés, selon les circonstances et le contexte.
Donc, il y a des dessous politiques ?
Mais absolument ! De toute façon, tout le monde sait que le dossier est politique. Rappelez-vous, ces faits ont eu lieu quelques mois après le 23 juin qui avait ébranlé le régime de l'époque. Personne n'a oublié le rôle fondamental que Barthélémy, à la tête des jeunesses politiques de l'époque, avait joué le 23 juin 2011. C'est ce qui s'est passé à l'époque et on a vu que c'est ce régime d'alors qui avait fomenté le coup de ce qu'on a appelé malheureusement "l'affaire Ndiaga Diouf" mais qu'on aurait dû appeler "l'affaire de la mairie de Sicap-Mermoz". Mais pour Barthélémy, le Sénégal s'est réveillé et a su qu'il est renvoyé devant le Tribunal correctionnel. S'il n'y a pas des actes politiques derrière cela, qu'est-ce qu'il peut y avoir ? La programmation de l'audience pose aussi problème. Ce ne sont pas les juges qui programment les audiences, mais le parquet. Et cette instance dépend de qui ? Du Garde des sceaux, ministre de la Justice. Il m'a été rapporté -parce que j'étais en voyage en ce moment- que le Garde des sceaux a comparu à la Rts pour dire que Barthélémy devait être jugé. Quelques jours après, la citation arrive, il n'y a pas besoin de tableau pour comprendre.
Vous accusez le ministre de la Justice ou la direction du Parti socialiste ?
Je n'accuse personne. Je suis en train de relater des faits qui se sont enchainés et qui amènent tout bien-pensant à tirer sa propre conclusion. Aujourd'hui, tout le monde connaît les problèmes que vit le Ps. C'est un secret de polichinelle, il y a une partie de ce parti, à proprement parler sa direction, qui est dans la mouvance présidentielle qui le réclame, le confirme et le proclame sous tous les toits. Il y a d'autres comme Barthélémy Dias, comme moi, qui pensent que nous devons nous arrêter, analyser et trouver notre propre chemin. Quand on pense que c'est le pouvoir qui organise tout cela, on ne peut pas non plus dire que le Ps est totalement absent. Le 20 octobre, lorsque Barthélémy a comparu à la barre du Tribunal correctionnel, la direction du Parti socialiste n'était pas là. Je trouve que c'est un acte déplorable.
Pourtant Tanor avait toujours déclaré que Barthélémy Dias était innocent et que sa place n'était pas en prison…
Même le Président Macky Sall était monté au créneau pour défendre Barthélémy Dias. Et, aujourd'hui, il est le président du Conseil supérieur de la magistrature et chef de tous les parquets du Sénégal. On y reviendra le jour du procès qui ne peut pas se passer comme ça. Il y a des déclarations, des éléments sonores et même des films que nous détenons. Si entre les déclarations de l'époque et le comportement de maintenant il y a eu un changement de leur part, il faut bien qu'ils viennent expliquer pourquoi. Je ne peux pas ne pas penser que ce 23 juin a été déterminant dans la seconde alternance au Sénégal. Or, Barthélémy était là. Sans exagération, si Moustapha Niasse occupe le perchoir, si Macky Sall est dans son fauteuil de Président ou si les autres ont été plus moins récompensés, Barthélémy Dias a été un acteur majeur dans cette alternance. Bien sûr, il n'était pas le seul. D'autres aussi ont eu à jouer un très grand rôle au même titre que lui. Voir aujourd'hui comment cette deuxième alternance est en train de traiter son cas, je crois qu'il va trouver que c'est un peu cruel.
Barthélémy Dias réclame aussi la comparution des commanditaires de l'attaque de la mairie de Mermoz Sacré Cœur…
Il faut que les commanditaires soient là parce que Barthélémy a été provoqué, voire agressé dans sa mairie. Sa déclaration de ce matin (Ndlr : lors de son audition par la commission ad hoc de l'Assemblée nationale, mardi) a été un acte fondamental. Barthélémy Dias a rappelé que lorsqu'on a pourchassé les agresseurs, ils sont repartis à la permanence du Parti démocratique sénégalais. Donc, il considère que ce sont des gens qui n'ont pas agi seuls. Est-ce que, honnêtement, justement, juridiquement, on peut juger de cette affaire Barthélémy Dias sans remonter jusqu'aux commanditaires ? Je pense que non. Si on le fait, je pense que la Justice ne marcherait que sur une seule jambe, et moi je ne peux pas participer à une œuvre de justice qui ne soit pas une œuvre de vérité. Peut-être pas la vérité vraie, mais au moins la vérité vraisemblable.
Et c'est une partie du Pds qu'il accusait qui le soutient aujourd'hui. Une autre partie du Ps qui s'était érigé en bouclier pour lui qui souhaite bien qu'il soit jugé. Qu'en dites-vous ?
Fatalement, je m'attendais à cette question. Voilà pourquoi il faut seulement avoir une idée politique, une famille politique. C'est très important de marquer son territoire. Mais qu'est-ce qui explique ces retournements que vous décrivez si bien et que nous voyons tous les jours ? Qu'est-ce qui fait que nos alliés d'hier deviennent nos adversaires aujourd'hui et vice-versa ? Au Sénégal, tout le monde traite cela avec beaucoup de facilité à tel point que cela frise la désinvolture. On se dit qu'on est politique, on peut s'unir aujourd'hui et demain nous battre. C'est parce qu'au Sénégal, on est en coalition pour faire tomber un régime et c'est la raison pour laquelle vous voyez ceux avec qui vous étiez hier et qui sont vos alliés devenir vos pires adversaires. C'est cela qui justifie les alliances de circonstance et bien évidemment superficielles.
Votre client n'est pas épargné par votre constat parce qu'ayant participé à la marche réprimée de l'opposition du 14 octobre dernier…
Vous lui poserez la question lorsqu'il sera là. Moi, je n'y étais pas au même titre que d'autres. Il a pris la liberté d'y aller. Peut-être qu'il avait été invité ou il avait ses raisons ponctuelles et factuelles d'y aller. Je suis Socialiste mais je ne peux pas du jour au lendemain me réclamer du libéralisme. Sinon on aurait tous transhumé et il n'y aurait jamais eu d'opposition.
Sauf qu'aux Locales, vous aussi aviez bénéficié du soutien du Président Wade à Podor ?
Oui, mais le Président Wade ne vote pas à Podor. Il n'a jamais voté pour moi. Il n'est ni électeur ni éligible à Podor.
C'était votre adversaire en 2012…
Oui, mais le Président Wade n'était pas un allié pour moi à Podor. Nous connaissons tous le Président Wade qui a certes des défauts comme tout le monde mais qui a aussi cette qualité d'être impétueux de sa générosité. Il passait à Podor et a eu vent de ce qui s'y passait. Le Pds et l'Apr se sont alliés pour faire tomber le maire que j'étais. C'était la seule localité où ces deux formations politiques se sont alliées. Cela devenait une affaire personnelle. Je n'ai jamais invité le Président Wade à Podor ni demandé son soutien. Lorsqu'il partait à Ndioum pour un meeting, il a dit qu'il vient dénoncer ce que ses militants ont fait et que la règle c'est qu'on ne s'allie pas avec l'Apr. Il m'appelle, je ne peux pas lui servir une fin de non-recevoir. On parle d'un ancien président de la République à qui je dois tous les égards.
Il y a un autre Socialiste, Bamba Fall, qui est aussi convoqué à la Dic dans l'affaire du 5 mars à la Maison du Parti socialiste. Avez-vous l'impression que c'est une façon de combattre tous ceux qui sont en marge du parti, dont vous ?
Nous ne sommes pas en marge du Parti socialiste. On saura qui est à la marge le jour où cette grande masse silencieuse du Parti va se prononcer. Aujourd'hui, que vaut la direction du parti auprès des militants socialistes ? Voilà la question qu'il faut se poser. Le seul instrument de mesure qui vaille en la matière, c'est d'aller devant le Comité central ou le congrès et de savoir si les décisions que la direction du Ps prend en notre nom à nous tous sont cautionnées par tous. Bien sûr, on va me répondre qu'il y a eu cette consultation des coordinations (Ndlr : sur la poursuite du compagnonnage avec Benno bokk yaakaar aux Législatives). Mais, dans cette consultation, il y a à boire et à manger. Je ne veux pas révéler de secret.
Votre coordination n'a pas été consultée ?
Non, la mienne n'a pas siégé parce que je ne siège pas dans l'illégalité. Et, cette décision qui a été prise est une décision illégale. Tout ce que la direction d'un parti fait doit être conforme à ses textes. Ces textes, c'est les statuts et règlements intérieurs qui, en l'occurrence, ont été adoptés par notre dernier congrès en juin 2014. Quand la direction de mon parti prend la témérité de se mettre en marge des textes, je ne l'accompagne pas dans ses témérités. Je suis juriste. Je suis absente, mais je m'y engage parce que c'est la direction de mon parti qui a décidé. Ce n'était pas aux coordinations de se prononcer sur cette question, mais au Comité central. J'entends certains railler en disant : "Ils n'ont qu'a aller en justice ; cela ne donnera rien." On ira en justice et on gagnera. Des camarades socialistes m'ont mandatée pour déposer un recours en annulation contre la décision qui a été prise par le Parti socialiste. Et je le ferai. Ce qui se passe à la Dic est bien évidemment déplorable. Nous condamnons la violence et nous ne sommes pas pour que des jeunes fassent irruption, s'en prennent à nos dirigeants, les invectivent et même les violentent. Mais, qu'est-ce qui a amené cela ? Ce ne sont que les conséquences de causes qui se sont accumulées depuis le congrès de 2014. On n'a pas fermé les portes du dialogue, on n'a pas discuté ni écouté les gens. Notre congrès s'est tenu dans des conditions et des circonstances plus que calamiteuses, qui ne sont dignes d'un parti historique comme le Parti socialiste. Et puis, crescendo la moutarde est montée jusqu'à ce qu'on en arrive à ce fameux jour de mars 2016.
Vous parlez des congrès aux "conditions calamiteuses", mais cela devrait-il vous surprendre alors que le Ps a une bonne tradition de congrès aux "conditions calamiteuses" ?
Est-ce que ce n'est pas un Ps qui a vécu dans un autre monde ? En tout cas, ce Ps qu'on est en train d'examiner, de critiquer, n'est pas celui auquel on a toujours pensé adhérer. La différence, c'est qu'aujourd'hui au Ps, on peut s'assoir allègrement sur les textes. Personne n'avait pensé cela. Mon beau-père s'appelait Amadou Clédor Sall. Il a été compagnon de Senghor. Il raconte qu'au Bureau politique, vous n'aviez même pas le droit de vous vouvoyer. Tout le monde se tutoie parce que quand vous vous vouvoyez, vous mettez une sorte de barrage entre vous et la discussion ne peut pas être franche. Et qui était Senghor ? Il n'était pas le secrétaire général ; il était le Président du Sénégal. Mais une fois qu'il franchissait la porte du Bureau politique, il se débarrassait de son manteau de président de la République. Il n'avait que ses camarades, comme on le dit en bon Sénégalais, ces nawlé, en bonne entente, dans le courage de la vérité. Vous pensez que du temps de Senghor, on aurait pu prendre des textes et faire autre chose que ce qu'ils prévoient ? Jamais !
Vous devriez vous attendre à ce qui se passe au Ps du moment que l'homme du 30 mars 1996 est aux commandes et a fait ce qu'il a fait en 2014 ?
(Silence)
Cet homme, c'est Tanor…
(Rires) Oui, je sais. Je ne veux pas personnaliser, mais peut-être qu'on n'a jamais fini de découvrir les hommes. C'est la seule leçon qu'il faut tirer de cela.
Pourtant, dans votre carrière, vous êtes très redevable à cet homme-là ?
Ah ! Je suis très heureuse de cette question parce que c'est ce que j'entends tous les jours venant de certains, peut-être qui m'aiment bien. Je serais redevable de quoi ? Maintenant, c'est moi qui vous pose la question, si vous permettez.
Vous avez été ministre dans le gouvernement socialiste.
Parfait. Alors, j'ai été ministre 18 mois. Ce n'est pas 19 ans, 20 ni 2 ans. J'ai trouvé à la table du Conseil des ministres certains qui en avaient fait 20 ans, d'autres qui en avaient fait 16 ou 10. Moi, j'étais le novice. J'ai fait 18 mois, l'alternance est arrivée. J'ai fait 12 ans d'opposition aux côtés de Ousmane Tanor Dieng. Où étaient ceux qui avaient été 20 ans ministre ? Ils sont partis. Ils avaient peut-être les raisons de partir, moi j'avais toutes les raisons de rester. 18 mois de ministère pour 12 ans d'opposition, vous ne pensez pas que cela a été suffisamment payé. On s'est battu. J'entends toujours dire : "Oui, Tanor a tenu le Parti." C'est vrai, je suis pour la vérité. Il a tenu le parti, mais qu'on rende justice aux autres.
Il vous a quand même repérée dans le Club Nation et développement, comme vous l'aviez dit…
C'était peut-être à mon avantage, mais pas à son détriment. Je crois à la prédestinée, je suis croyante. On ne va pas me changer, surtout à mon âge. J'aurais pu ne pas être ministre, cela n'aurait en rien gâché ma vie. De toute ma vie, je voulais être avocat et je l'ai été. Point final. Je ne cherche pas autre chose parce que pour moi c'était mon bâton de Maréchal. D'ailleurs quand on m'a appelée pour me nommer ministre, je priais dans ma chambre le Takusaan. On a formé le gouvernement depuis le matin et à 17 h, quand on m'a appelée, c'était déjà fini. Mais parce que Moustapha Niasse avait démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères pour des raisons protocolaires, il fallait prendre le ministre de la Justice et l'amener aux Affaires étrangères. Il a fallu prendre Serigne Diop de la Communication et l'amener à la Justice et il fallait bien quelqu'un pour être à la Communication et ce fut moi. Donc, franchement, je considère que le destin passe toujours par un homme. Maintenant, il n'y a aucun problème entre Ousmane Tanor Dieng et moi. Nous avons des divergences politiques, et même une distanciation politique, mais sur le plan personnel, il n'y a rien.
N'est-ce pas une manière de lui reprocher de n'avoir pas été choisie ministre dans le gouvernement de Macky Sall…
D'autres lui ont fait le reproche, mais pas moi parce que pour eux ce n'est que justice. Pour moi, cela n'a jamais était un problème. La preuve, le gouvernement est passé, après il y a eu les élections législatives et je suis devenue député. Les postes, il faut savoir les dépasser et les surmonter.
Pourtant vous vous êtes présentée contre lui au poste de secrétaire général ?
Oui. Parce que je considère que c'est quelque chose que je devais faire. C'est un acte que je devais poser.
Un acte de mécontentement ?
Non, un acte de responsabilité. Je ne sais pas pourquoi les gens l'analysent comme ça ! Après cet acte-là, j'ai continué mon petit bonhomme de chemin politique et je n'ai eu aucune rancœur ni frustration, encore que j'aurais pu en nourrir. Mais comme je le dis tout le temps : "Quand mon devoir et ma responsabilité croisent mon droit, j'assume et j'ai assumé." Il est dit dans les statuts du Ps que quiconque veut être secrétaire général peut faire acte de candidature et la candidature à la sanction de ses camardes. Alors qu'au Sénégal, le chef est tellement sur son piédestal que si vous essayez seulement de monter le regard, on vous dit ça y est, vous avez commis le crime de lèse-majesté. Moi je ne le vois pas comme ça, peut-être parce que je suis juriste, je suis trop indépendante dans mon métier d'avocat, peut-être que je n'ai pas cette notion de hiérarchie absolument rigoureuse. Pour moi, le chef je le respecte en ce qu'il est mais il n'enlève en rien mes droits.
Vous aviez été écartée dans ce processus par le fameux communiqué de Khalifa Sall. Aujourd'hui, on vous voit dans un meeting où vous l'appelez à avoir le courage de ses ambitions et même d'être candidat. Expliquez-nous.
Dieu merci, tout cela se passe dans ma formation. Si j'avais été en accointance avec un autre qui n'est pas de mon parti politique peut-être qu'on aurait pu me faire le reproche. C'est vrai qu'à un certain moment du processus, Khalifa Sall s'est impliqué parce qu'il estimait que l'unité du parti était en train de se fracasser sur cette compétition que personne ne comprenait, que c'était une première et que les gens ne comprenaient pas ce qui se passait. Il me demande de retirer ma candidature. Bien évidemment ce que j'ai refusé. Il me dit : "Bon si tu ne le fais pas, au nom de l'unité du parti, je vais arrêter cette compétition." D'où sa proposition qu'on se retire tous les deux. D'où mon refus. Maintenant est-ce que je suis devenue son amie ? Mais je n'ai jamais été son adversaire, j'ai toujours été son camarade. Aujourd'hui, il est dans la situation où ses partisans lui demandent de se présenter et je lui dis : "Répondez à vos partisans." Je n'ai pas à rentrer dans ces débats-là.
Vous êtes pour sa candidature ?
Ecoutez, comment peut-on être pour la candidature de quelqu'un qui n'est pas candidat ?
Souhaiteriez-vous voir une autre candidature de Ousmane Tanor Dieng pour les élections à venir ?
Je pense que Ousmane Tanor Dieng n'est même plus qualifié pour être candidat. Vous imaginez qu'avec son poste-là, il peut, d'ici deux ans, réclamer le fauteuil de Macky Sall ?
Et si le parti, la base, le décident comme c'est le cas pour la poursuite du compagnonnage avec Bby aux Législatives ?
Si le parti le décide, ce sera pour quelqu'un d'autre parce que lui est convaincu que Benno bokk yaakaar doit continuer. D'ailleurs, on ne va pas aux Législatives ensemble que pour aller à la Présidentielle ensemble. Si le parti en décide autrement, et on fera que le parti en décide autrement, il est disqualifié pour être candidat.
Vous et Khalifa Sall n'assistez pas aux réunions du parti et vous les contestez. Pourquoi vous ne prenez pas vos responsabilités ?
Vous pensez que quand on assiste à une instance, qu'elle délibère, vous êtes apte à contester la décision ?
Les absents ont toujours tort…
Ah, parfois les absents n'ont pas systématiquement tort et je ne m'absente pas pour m'absenter. Je suis dans un processus où mon Union régionale (Saint-Louis) n'a pas été renouvelée pour X raisons indépendantes de ma volonté. Et tant que je ne vais pas au bout de ce processus de renouvellement avec l'ensemble de mes camardes, je ne reviendrai pas dans les instances. Maintenant, ce processus est très compliqué. On l'a commencé, on l'a interrompu, on l'a recommencé parce qu'il y a toujours des facteurs, pour ne pas dire des mains étrangères qui interfèrent dans le processus pour empêcher ce renouvellement. Je ne vais pas tout dire, mais vous n'avez pas besoin d'un dessin.
Quelles sont ces mains étrangères ?
En tout cas, vous pouvez être sûrs que ce sont des mains puissantes.
Une belle étoile qui ne scintillera plus, c’est la peintre Yonni Rassoul Diongue. Elle est décédée hier et inhumée à Yoff.
Elle rêvait de faire le tour du monde pour montrer ses œuvres, mais le destin ne lui en a pas laissé le temps. La jeune peintre Yonni Rassoul Diongue est décédée hier à l’âge de 21 ans et inhumée le même jour au cimetière musulman de Yoff. Le grand public l’a découverte lors d’une édition de la Biennale de Dakar. Elle faisait partie du lot d’artistes choisis par la mairie de Dakar pour une exposition Off. Elle avait ébloui son monde grâce à son pinceau.
Un pinceau qu’elle ne tenait pas dans les doigts comme les autres. Elle ne peignait pas avec ses mains mais plutôt avec sa bouche. Yonni Rassoul était tétraplégique. A ses 9 ans, elle avait bu un lait dont elle était allergique et qui l’a rendue immobile à vie.
Et si au début, elle a mal vécu cela en passant beaucoup de temps à pleurer, elle avait fini par se créer une nouvelle vie. Cette fille de peintre ne se voyait pas comme une handicapée. Elle se considérait comme une ‘’handicapable’’. Son crédo était : ‘’Entre être et ne pas être, moi je suis.’’
Yonni Rassoul avait décidé de ne pas rester vautrée dans son fauteuil et de se prendre en charge. Ses mains et ses pieds ne pouvaient rien faire mais sa bouche oui. En regardant son père travailler, elle a voulu elle aussi s’essayer à la peinture. Elle a pris le pinceau dans sa bouche et le maintenait avec ses dents. Elle a commencé à tracer quelques formes.
Sa première toile n’était pas réussie mais la seconde oui. Ainsi, commençait une carrière d’artiste pour elle. Depuis, elle s’était trouvé un nouveau passe-temps et plus, un métier. Ce qui lui a permis de participer à diverses expositions non pas parce que les gens avaient pitié d’elle mais parce qu’elle avait réellement un talent inouï.
Elle usait de diverses techniques pour peindre. Elle faisait dans l’abstrait comme dans le figuratif. La nature, la condition de la femme, etc. étaient des sujets qui faisaient parler sa muse. En outre, quel que soit le sujet qui l’inspirait, Yonni restait la même : habile et joyeuse. On ne ressentait pas de la tristesse dans son travail.
Elle utilisait des couleurs vives, joyeuses qui étaient à son image, elle qui avait toujours un sourire sur les lèvres. Une fille optimiste et courageuse s’en est allée à la fleur de l’âge. Paix à son âme !
Elles sont très difficiles à gérer et à comprendre. Dans cet entretien, le gynécologue obstétricien, Dr Cheikh Atab Badji, explique les différents types de dysménorrhées, leurs manifestations et les médicaments à prendre pour ces règles douloureuses dont les causes ne sont pas connues pour la majeure partie.
Quelles sont les causes des règles douloureuses?
Les règles douloureuses constituent un motif assez fréquent de consultation, allant de l'automédication médicamenteuse ou "petites recettes" sur recommandations, conseil, à l'officine, consultation générale ou spécialisée. Il s'agit d'une situation socialement invalidante, gênant souvent l'activité professionnelle ou sociale de l'individu. Elles constituent un motif d'absence (responsable d'absentéisme chez en moyenne 10% des jeunes filles et des jeunes femmes), mais aussi de baisse de rendement professionnel, par le caractère invalidant de la douleur.
Ce qui pose, au-delà du problème biologique, un problème économique. Cependant, en dépit du caractère invalidant, la majeure partie est sans cause précise connue. Communément appelées "règles douloureuses", les dysménorrhées traduisent essentiellement les douleurs pelviennes, c'est-à-dire du bas-ventre, qui se manifestent au cours de la survenue des règles ou plutôt qui en sont liées. Elles obéissent à deux grandes catégories : les dysménorrhées dites Primaires auxquelles on n'identifie pas une cause organique précise, et les dysménorrhées Secondaires, qui sont justement secondaires à une affection organique précise.
En termes triviaux, par "organique", il faut entendre que c'est tel organe qui est malade dans son anatomie et qui explique la douleur constatée, ce qui est différent des problèmes de simple fonctionnement (on parle de "fonctionnel" dans ces cas). Ainsi, dans la première catégorie, on ne peut pas dire de façon formelle que c'est ceci qui explique la douleur constatée, même si au niveau scientifique, plusieurs théories tentent d'en expliquer le mécanisme.
Quant aux dysménorrhées secondaires, elles obéissent à des causes comme l'endométriose, des lésions du col de l'utérus, des malformations organiques empêchant la sortie du sang des règles, des séquelles d'infection génitale.
Il existe combien de dysménorrhées ?
On distingue deux grands groupes, les dysménorrhées primaires (sans cause organique connue, survenant en général chez la jeune fille et qui disparaissent après l'accouchement). La dysménorrhée secondaire qui est la conséquence d'une affection organique. En général, ce dernier cas survient chez une femme qui n'a jamais eu auparavant de règles douloureuses.
Cependant, selon la période de survenue des douleurs, on peut distinguer des cas où la douleur survient 12 à 24 heures avant les règles et disparaissent dès que le sang s'écoule de façon franche. Il y a des cas où la douleur devient intense, dès le premier jour, et s'atténue progressivement et enfin, des cas où la douleur s'installe tardivement, au deuxième ou troisième jour des règles.
Peut-on s’en inquiéter?
Non, si une consultation menée à cette fin n'objective aucune affection organique sous-jacente. Il est aussi important de rassurer l'entourage sur le caractère bénin de la douleur. Toutefois, chez la fille, ce motif de consultation constitue en général le premier contact avec le gynécologue. C'est dire une bonne occasion déjà d'instruire la jeune patiente à une meilleure gestion de sa santé génitale, notamment la maîtrise de son cycle, de son ovulation, des situations à risque génital comme la gravité de la négligence des pertes vaginales, l'autopalpation des seins, entre autres.
Pourquoi cela se manifeste chez certaines femmes et pas chez d’autres ?
Même si elle est assez fréquente, elle n'affecte pas effectivement toutes les femmes. Ainsi va la vie. Les personnes ou plutôt les organismes n'ont pas toujours les mêmes réponses aux mêmes situations ; les dispositions personnelles expliquant cela, en plus de la répartition aléatoire des phénomènes dans l’espèce humaine.
Sont-elles héréditaires?
Il est important de préciser la notion d'hérédité. En effet, on dit qu'une affection est héréditaire si elle se transmet de parent à enfant. Autrement dit, on retrouve chez l'enfant une affection présente, avec ou sans manifestation clinique, chez l'un ou les deux parents et que cette présence chez l'enfant lui a été bel et bien transmis par le géniteur par l'intermédiaire des gènes. Mais ce n'est pas parce qu'une affection présentée par le parent est retrouvée chez l'enfant qu'on parle automatiquement d'hérédité.
Pour le cas de la dysménorrhée, nous n'avons pas connaissance d'une étude scientifique sérieuse démontrant de façon formelle la note héréditaire. Toutefois, par rapport aux notions ci-dessus mentionnées, la survenue de ce phénomène a bien des chances d'être notées plusieurs fois au sein d'une même famille, sans que cela ne signifie forcément héréditaire. Ce, d'autant plus que la cause est souvent méconnue.
Quand faut-il consulter?
La décision d'aller consulter peut s'imposer d'emblée, pour écarter toute cause organique sous-jacente. Elle peut s'imposer secondairement en cas de douleur insupportable, désobligeante pour la patiente et son entourage. Elle peut également s'imposer chez une femme qui continue de souffrir pendant ses règles, après un premier accouchement. Elle peut également être motivée chez une femme qui souffre de dysménorrhée, alors qu'elle n'a jamais connu de tels phénomènes douloureux pendant sa vie génitale. Ainsi, il est important pour la femme qui présente des règles douloureuses d'aller consulter le gynécologue pour s'assurer que ces douleurs ne relèvent pas d'une autre cause organique.
Ce bilan d'exploration initiale fait, et en l'absence de signe de gravité, permet de rassurer la femme. On pourrait lui conseiller d'essayer de gérer la douleur avec les antalgiques et certains petits remèdes personnels. Toutefois, en cas de douleur inhabituelle, la consultation peut toujours s'imposer pour voir s’il n'y a pas entre-temps une autre affection sous-jacente qui explique ce caractère anormal.
Comment prévenir les dysménorrhées?
Dès lors que le mécanisme causal n'est pas entièrement cerné, il est difficile de parler de prévention. La prévention chez une femme connue d'épisodes réguliers de dysménorrhées va surtout consister à prendre les médicaments genre antispasmodique, dès les premiers signes de survenue des règles en vue d'éviter ou d'atténuer la grande douleur invalidante. Il s'agira surtout d'éviter, de prévenir les situations d'extrême douleur pouvant avoir un retentissement sur l'activité quotidienne, professionnelle, scolaire ou domestique.
Dans le cas des dysménorrhées secondaires, c'est-à-dire qui sont liées à une cause précise, la meilleure prévention ou plutôt la meilleure façon d'éviter la douleur, c'est le traitement de la cause, s'il est techniquement accessible.
Quels sont les traitements en cas de douleur?
Dans les dysménorrhées primaires sans cause organique identifiée, il est important de rassurer la jeune femme en prenant le soin de lui expliquer le caractère plus ou moins "normal" de ces douleurs qui ne traduisent aucunement une situation grave nonobstant la gêne et le handicap qu'elles occasionnent. Le traitement consiste en général en l'administration par voie orale, mais parfois par voie rectale, de médicaments antispasmodiques, c'est-à-dire qui luttent contre les contractures douloureuses, et des antalgiques. Dans certains cas, la douleur est tellement intense qu'on a recours à la voie injectable en intraveineuse directe ou en perfusion.
Ceci constitue grosso modo ce qu'on appelle le traitement symptomatique, c'est-à-dire dirigé contre les signes cliniques ici dominés par la douleur. Par ailleurs, le traitement médicamenteux peut faire appel à des médicaments qui bloquent l'ovulation, gênant ainsi le caractère sécrétoire de l'endomètre (partie interne de l'utérus), notamment la production de cette substance appelée prostaglandine qui entraîne des contractions du myomètre, le muscle de l'utérus. Dans les autres cas, à savoir les dysménorrhées secondaires, le traitement varie en fonction de la cause (endométriose, adénomyose, malformation...) qu’il s'agira de traiter (traitement dit étiologique).
Y-a-t-il un traitement pour les guérir définitivement?
Encore une fois en cas de dysménorrhée primaire, il n'y a pas de cause organique précise connue. Le traitement consiste juste en un traitement symptomatique, c'est-à-dire contre les signes ici dominés par la douleur. Dans certains schémas thérapeutiques, on peut observer une disparition ou une nette régression de la douleur, après l'arrêt du traitement. Il faut cependant préciser que des récidives sont toujours possibles.
Ce qui est intéressant, et qui est quasi constant dans ces dysménorrhées primaires essentielles (c'est-à-dire sans cause organique connue), c'est curieusement l’apparition d'une rémission, pour ne pas parler de guérison, survenant après l'accouchement. Par contre, en cas de dysménorrhée secondaire, le traitement, c'est celui de la lésion causale avec parfois de bons résultats.
Nous avons constaté que les filles se rabattent sur les calmants. Est-ce que la dépendance aux médicaments n’entraîne pas des conséquences?
En général, avec les antispasmodiques, les effets pervers d'une prise itérative sont faibles. Par contre, le risque, c'est surtout avec la prise répétée et à de fortes doses des anti-inflammatoires qui peuvent à la longue exposer la femme à des problèmes gastriques, entre autres. Des médicaments comme l'aspirine et ses dérivés, même s'ils sont efficaces, présentent aussi un risque hémorragique.
Par ailleurs, au-delà du problème de "dépendance" (nous allons nuancer ce concept qui correspond dans notre jargon à une situation nosologique précise), se pose celui du risque de surdosage avec le danger inhérent. En effet, la jeune femme a tendance à augmenter les quantités de comprimés ou les prises devant la persistance des douleurs parfois rebelles aux médicaments. C'est pourquoi il est important de consulter pour donner à votre médecin l'occasion de réévaluer le traitement et de vous conseiller ou prescrire une nouvelle molécule au besoin.
Combien de femmes se font consulter par année pour des règles douloureuses?
On estime qu'une femme sur trois souffre des règles. Toutefois, il est difficile de donner un nombre exact de consultations pour ce motif. En effet, certaines femmes demandent conseil chez le pharmacien, d'autres en consultations paramédicales ou médicales spécialisées ou non.
On a l'habitude de dire que quand on est mariée, on n'a plus de règles douloureuses. Est-ce une réalité?
En fait, il est plus exact de parler du premier accouchement, pas forcément du mariage, même si souvent le lien est étroit. En fait, les dysménorrhées primaires qui surviennent en général chez la jeune fille disparaissent classiquement après l'accouchement. Mais là encore, on peut aussi noter le cas inverse, c'est-à-dire des femmes qui n'ont jamais connu de règles douloureuses et commencent à en souffrir après un accouchement.
En général, ces derniers cas sont secondaires à certaines affections comme l'endométriose qui traduit la présence de certains éléments de la couche interne de l'utérus dans une situation anormale et qui, malgré cela, réagissent aux stimulations hormonales, comme s'ils étaient en localisation originelle. Conséquence, il s'installe un désordre. Ceci est observé au détour de l'accouchement ou de certains avortements.
Qu'est ce qui explique les nausées, les maux de tête ou la diarrhée, en cas de règles douloureuses?
Ces signes sont en en général dus aux effets pervers de substances appelées prostaglandines. Elles sont synthétisées dans l'utérus, notamment au niveau de sa couche interne appelée endomètre et vont entraîner des contractions de l'utérus. Au-delà de leur action au niveau local (sur l'utérus), elles ont une action au niveau général occasionnant des troubles digestifs (nausées, diarrhées...) entre autres.
120 FEMMES FORMÉES SUR LE FONCIER ET LA PLANIFICATION
Djémbéring, 8 nov (APS) – Au total, 120 femmes élues ou présidentes de groupement de promotion féminines ont été formées par le Conseil sénégalais des femmes (COSEF) sur les questions liées au foncier, la planification et au suivi des projets dans les collectivités locales, a appris l’APS.
‘’L’objectif visé est de permettre aux femmes d’avoir la capacité de participer aux enjeux de la gouvernance locale, de participer à l’élaboration des politiques locales et être parties prenantes’’, a expliqué Mame Bousso Samb Diack du COSEF.
Elle s’exprimait mardi lors d’une cérémonie de clôture d’une session de formation organisée à Djémbéring. Cette session a réuni plusieurs femmes responsables de GIE ou présidentes d’association, des élus locaux et des experts en décentralisation.
Coordonnatrice du projet ‘’Renforcement des capacités des femmes en leadership dans la gouvernance locale’’ au COSEF, Mme Diack, a noté que les femmes ‘’ont fait preuve de détermination pour être en première ligne dans la planification et le suivi des politiques locales au niveau des instances de prise de décisions que sont les communes et les conseils départementaux’’.
Ces femmes ont été aussi formées dans une autre session sur les droits et l’accès au foncier
Dans la commune de Djémbéring, dans la zone du Cap-Skrring, les effets de cette formation commencent à être visibles sur le terrain.
‘’Depuis la première formation sur le foncier, nous avons enregistré une demande accrue de femmes qui veulent une affectation de terrain à usage agricole ou d’habitat. Nous en avons délibéré déjà 32 et plusieurs autres demandes sont en cours de traitement’’, s’est réjoui Ibrahima Diagne, premier adjoint au maire de Djémbéring.
Devant les formateurs, les élus et les responsables du COSEF, les femmes ont exprimé les besoins en termes de formation pour une bonne conduite des projets dont elles sont les cibles.
‘’Dans notre village, nous avions un programme de fabrication de savon. Mais ce projet n’a pas survécu du fait de la non maitrise des stratégies de planification par les femmes. Nous perdons plusieurs projets parce que nous ne disposons pas de rudiments nécessaires pour bien les conduire’’, a regretté Marie Jeanne Mendy, présidente d’un GIE dans la zone.
Mais selon Fatou Mbaye, présidente de Groupement de promotion féminine à Boucotte Ouolof dans la commune de Djémbéring, il revient aux bénéficiaires de cette formation de sensibiliser les autres femmes rurales.
‘’Après cette session de formation, nous sommes en mesure d’aller sur le terrain auprès des femmes rurales pour démultiplier les paquets technologiques et les différentes stratégies à mettre en œuvre pour une bonne planification et un suivi efficace des politiques locales’’, a-t-elle fait valoir.
PLUS DE 1200 MAÎTRES DE CONFÉRENCE PROMUS DEPUIS 1982
Dakar, 7 nov (APS) - Plus de 1200 maîtres de conférence ont été promus dans 65 spécialisations depuis le premier concours d’Agrégation en Médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et productions animales du CAMES, a révélé, lundi, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane.
‘’Depuis le lancement du premier concours en 1982 à Dakar, à ce jour, plus de 1200 maîtres de conférence ont été promus dans 65 spécialisations’’, a-t-il dit lors de la cérémonie d’ouverture du 18 ème Concours d’Agrégation en Médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et productions animales du CAMES qui se tient à Dakar jusqu’au 15 novembre.
Selon Mary Teuw Niane, ‘’le gap est encore énorme’’ mais le continent espère que la stratégie portera ses fruits et ‘’que la maladie sera vaincue’’.
‘’Le CAMES est le meilleur atout pour rendre les universités à la hauteur des défis du moment’’, a soutenu le président du comité consultatif général (CCG), Abarchi Habibou.
Il a rappelé que le Sénégal a accueilli le premier concours d’agrégation en médecine avec 15 candidats dont 10 admis. L’UCAD accueille pour la troisième fois, après 1982 et 2002,le concours.
M. Abarchi explique qu’il s’agit de sélectionner les meilleurs spécialistes qui prendront en charge la santé des populations et d’enseigner dans les universités.
Le Professeur Abarchi Habibou a invité les candidats à une ‘’saine concentration’’ pour une meilleure qualité des résultats.
Pour le Secrétaire général du CAMES, Bertrand Mbatchi, le concours devrait entretenir un cadre fédérateur. ‘’Les candidats constituent des modèles pour la jeunesse en manque de repère’’, a-t-il ajouté, notant que le plus jeune a 32 ans et le candidat le plus âgé, 63 ans.
Au total, 201 candidats originaires de 24 universités des 19 pays membres du CAMES vont compétir à Dakar pour accéder au grade de Maître de Conférence Agrégé.
Le jury est composé de 167 professeurs titulaires en provenance d’Afrique, de la Belgique, de la France et du Canada.
Le Sénégal présente 40 candidats ainsi répartis : UCAD (28 candidats), Ecole Inter –Etats des Sciences et Médecine vétérinaires de Dakar (six candidats), Université de Thiés (quatre candidats), Université Gaston Berger de Saint-Louis (un candidat) et Université Alioune Diop de Bambey (un candidat).
PLUS DE CONCOURS DE BEAUTÉ À L'ÉCOLE!
Plaidoyer - Aminata Angélique Manga, Dg de l'Anrac, aux enseignants de Sédhiou
Aminata Angélique Manga est foncièrement contre l'organisation des concours de beauté à l'école. Venue à Sédhiou remettre des kits scolaires et hygiéniques à 200 collégiennes de Fodékaba Doumbouya et du Cem III, la nouvelle directrice générale de l'Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques en Casamance (Anrac) n'a pas mis de gants pour exprimer cette pensée.
"Refusez d'être candidates à des élections de miss jongooma", a lancé Aminata Angélique Manga aux filles. "Soyez plutôt candidates à des miss sciences, miss mathématiques, miss littérature ou miss sport", recommande la nouvelle Dg de l'Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques en Casamance (Anrac, qui se dit favorable à "l'éducation sexuelle pour briser les tabous, mais recommande une éducation sexuelle autrement".
Très en verve lors de la cérémonie de remise de kits présidée par l'Inspecteur d'académie, Aminata Angélique Manga de rappeler que son mémoire de fin d'études s'intitulait : "Ziguinchor, le bébé de la crise".
Imprégnée des réalités socio-culturelles de son terroir, la journaliste de regretter dans ses écrits "la déstructuration du tissu social de la région qui laissait la voie aux grossesses précoces des jeunes filles". Pour preuve, "dans presque toutes les maisons de la région de la Casamance, on trouve ou une fille-mère ou un garçon-père", déplore l'ancienne journaliste de la Rts. Cette situation déplorable explique, selon elle, le fort taux de prévalence du Sida au sud du pays.
Par ailleurs, elle trouve "inadmissible de voir un enfant faire un enfant". "Comment voulez-vous qu'une jeunesse malade soit en mesure de construire sa communauté ? Comment voulez-vous qu'une jeunesse malade soit en mesure de construire sa région et, au-delà, son pays ?", s'interroge la Dg de l'Anrac.
Comme si cette interpellation ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, les filles, visiblement séduites par le verbe de leur hôte de marque, ont prêté serment pour ne pas tomber enceinte d'ici la fin de l'année. "Nous serons des filles leaders et des modèles pour nos camarades. Je veux, je peux et j'y crois", laisse entendre Ndèye Sokhna Dian, la porte-parole des filles.
Si l'Inspecteur d'académie, Cheikh Dione, s'est permis dans son allocution de tresser des lauriers à la Dg de l'Anrac qui, selon lui, a marqué bien des esprits et reste un modèle pour les filles, l'Ief est, lui, revenu sur des statistiques qui accablent Sédhiou en termes de violence faite en milieu scolaire dont les filles sont pour la plupart des victimes.