Entre les patronnes et leurs domestiques, c’est souvent tendu et difficile. Les secondes se sentent marginalisées, stigmatisées et se disent souvent maltraitées. Elles demandent plus de considération dans leurs lieux de travail. Les premières ne demandent que des employées correctes qui font bien le travail, sans s’immiscer dans leur vie intime. Reportage.
Non loin du rond-point Liberté 6, se tiennent des jeunes filles à l’allure juvénile. Parmi elles, il y en a qui cherchent un travail de domestique. Elles viennent de plusieurs localités du Sénégal. Pour l’essentiel, elles sont issues des familles démunies. Les autres sont venues rendre visite aux premières citées et travaillent déjà. Dans la capitale, elles tentent tant bien que mal de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs parents laissés au village. D’aucunes ont déjà obtenu du travail dans des foyers de la capitale. Elles se montrent très disertes, lorsqu’on les interroge sur leurs rapports avec leurs anciennes et nouvelles patronnes.
Le tableau qu’elles dépeignent est loin d’être réjouissant. C’est le cas de Mame Ndao dite Ndèye Guèye. La jeune fille ne porte pas de gants pour tirer à boulets rouges sur certains employeurs. ‘’Les patronnes sont tellement méchantes qu’elles pensent que nous sommes nées pour être des esclaves’’, lâche-t-elle avec amertume. Ndèye pointe leur manque de compassion.
Ces dernières, ajoute-t-elle, ‘’souhaitent que l’on s’habille comme des va-nu-pieds, par peur de perdre leurs maris’’. Fortement marquée par les expériences qu’elle a vécues, elle invite les maitresses de maison à avoir plus d’égard pour leurs employées. Car, dit-elle, les 40 000 voire 50 000 FCFA qu’elles leur versent à la fin du mois ne leur donne pas le droit de faire d’elles des esclaves prêtes à accepter toutes les brimades.
Des conditions inhumaines
A peine arrivée, Ndèye Maguette Sarr s’approprie le débat. ‘’J’ai été virée en pleine nuit avec mes bagages et j’ai marché de Amitié 3 aux Parcelles Assainies’’, lance-t-elle tout de go. Chez ces filles, il y a une certaine peur de perdre son emploi. De ce fait, elles acceptent de travailler dans des conditions très pénibles. ‘’Aux heures du déjeuner, on nous sert à manger dans des bols en plastique, comme si, on donne de l’aumône à des talibés’’, fulminent-elles.
Parmi le groupe, une jeune dame habillée en camisole, venue de la banlieue, confie : ‘’J’ai travaillé pour un monsieur très connu dans ce pays et si je dis son nom vous n’allez pas me croire. C’est cette même personne qui exigeait qu’on me donne les restes de nourriture pour mon déjeuner et le diner’’.
D’aucunes déclarent qu’il leur est arrivé de dormir sous des escaliers ou dans des cuisines. ‘’J’ai accepté ces conditions, parce que je n’ai pas le choix. C’est avec ce travail que je me nourris et que je nourris ma famille’’, ajoute l’une d’entre elles.
Des patronnes jalouses
Il ressort des propos que les patronnes se méfient des jeunes domestiques belles voire coquettes. Elles préfèrent de loin prendre des petites filles ou les demoiselles quelconques ou laides. La jeune Ndèye Astou, très mignonne et timide, en sait quelque chose. Elle a quitté son Touba natal pour gagner sa vie à Dakar. ‘’A Sacré-Cœur, je travaillais pour une dame qui ne s’occupait pas de son mari. Je faisais presque tout à sa place’’, dit-elle. Ndèye Astou ajoute que sa patronne, emportée par la jalousie, exigeait qu’elle porte les mêmes vêtements de travail, après avoir pris son bain. ‘’Finalement, elle m’a demandé d’arrêter le travail, de peur que son mari tombe amoureux de moi’’, se désole-t-elle.
Les époux au banc des accusés
Dans leurs lieux de travail, ces filles disent accepter de dures conditions, tant cela reste acceptable. Souvent leurs plus grands ennemis, ce sont les époux de leurs patronnes. Sous l’anonymat, cette domestique de teint clair, au beau sourire, raconte que son patron profitait de l’absence de sa femme pour lui faire des avances. Mais, pas que cela. Il prenait un malin plaisir à lui toucher les seins et les fesses, tout en lui lançant des propos indécents : ‘’Quand je te vois, j’ai du mal à te résister’’.
A en croire la jeune fille, il lui proposait des sommes d’argent pour avoir ses faveurs. Mais, elle a toujours catégoriquement refusé ses avances. C’est pourquoi, il est passé à la vitesse supérieure. ‘’Le mari de ma patronne a tenté de me violer, en plein jour’’, dit-elle, avant de souligner qu’elle a finalement présenté sa démission, sans raconter à sa patronne les agissements de son époux.
Après ce témoignage, les autres reconnaissent que, souvent, ce sont les époux de leurs patronnes qui sont injustes et infidèles. Tout ce que ces domestiques réclament, c’est le respect et la considération qui leur sont dus.
Mame Ndao se rappelle d’une accusation de vol dont elle a été victime. ‘’Un jour ma patronne a fait exprès de laisser 100 000 FCFA sur sa table de chevet. A son retour, elle dit que 10 000 FCFA ont été pris. Elle m’a traitée de voleuse et en même temps de tous les noms d’oiseau’’. Mame d’ajouter qu’elle n’oublie pas et ne pardonnera jamais à cette dame.
‘’Nous travaillons pour nos familles’’
Et pourtant, ces jeunes domestiques ne cherchent qu’à plaire à leurs employeurs qui ont autant besoin d’elles, qu’elles ont besoin d’eux. ‘’L’un ne peut pas aller sans l’autre. Si aujourd’hui les domestiques entament une grève d’une seule journée, personne ne va respirer dans les maisons‘’, poursuivent-elles. Tout ce qu’elles demandent c’est de travailler dans de bonnes ambiances. D’aucunes révèlent qu’elles n’hésitent pas à taquiner leurs patronnes qui ‘’ne savent même pas cuisiner le ‘’niankatang’’ (riz blanc)’’.
Le travail est recommandé par toutes les religions. Et ces jeunes filles l’ont très tôt compris. Certaines, après avoir abandonné leurs études par manque de moyens, n’ont pas le complexe de faire ce métier. Elles croient dur comme fer que c’est un travail digne comme tous les autres. ‘’J’ai choisi ce métier pour subvenir aux besoins de ma famille. Ma mère est morte et mon père n’a plus les moyens’’, confie la native de Touba. Qui pense que les patronnes doivent comprendre qu’elles ne cherchent qu’à gagner leur vie et les considérer comme des leurs.
Ndèye Maguette Sarr de renchérir : ‘’Je travaille pour éviter de me lancer dans la prostitution ou des choses qui ne vont pas plaire à ma famille’’. En colère, elle explique que dans certaines familles, on préfère les appeler ‘’mbindaan’’, plutôt que par leurs prénoms. ‘’La fille de ma patronne ne me parle pas, parce que je suis une bonne‘’, déplore Ndèye. Qui ne voit pas pourquoi, on devrait les stigmatiser.
‘’Il y a de bonnes patronnes’’
Toutefois, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Dans le groupe, il y en a qui ont eu la chance de travailler pour de bonnes patronnes au grand cœur et avec qui, elles ont entretenu de très bonnes relations. La Yoffoise Fatou Ndiaye, âgée d’une quarantaine d’années, témoigne. ‘’J’ai eu la chance d’avoir une très bonne patronne. Quand je suis tombée malade, elle m’a amenée dans une clinique pour me soigner. Dans cette maison, j’ai été choyée comme une véritable reine’’, dit-elle.
‘’Ma bonne a failli briser mon mariage’’
Même si les domestiques crient un certain ras-le-bol, les patronnes aussi ont beaucoup à dire sur les agissements et le comportement de leurs bonnes. C’est le cas de Ricardine Faye résidante à Yoff. Bien installée dans son salon, elle se lâche : ‘’Les domestiques sont plus que méchantes’’, dit-elle d’emblée. ‘’Quand je prends une bonne, c’est certes dans mon intérêt, mais aussi dans le sens d’aider’’.
Ceci dit, Madame Faye ne comprend pas leur ingratitude. ‘’Je me dis que je suis une femme et que je pourrais être à leur place ou quelqu’une de ma famille. Dans ce sens, je me vois en elles. Mais, même si tu leur payes 250 000 FCFA, elles sont capables de vous poignarder dans le dos’’, se désole Ricardine.
Il faut dire que la dame a vécu une histoire traumatisante. Voulant aider une de ses bonnes, elle lui a payé ses études, pour qu’elle soit autonome plus tard. ‘’Ma bonne Yacine, je lui ai payé une formation en hôtellerie, afin qu’elle puisse intégrer, un jour, le monde professionnel’’. Mais, à sa grande surprise, la bonne a commencé à fréquenter un courtier et à se coucher tard la nuit. Soucieuse de son avenir, elle a essayé de lui faire entendre raison.
Mais, la fille n’a rien voulu entendre. Cerise sur le gâteau : ‘’elle s’est mise à draguer mon mari, en lui faisant croire que j’ai mis partout dans la maison des gris-gris pour l’envouter‘’. Elle confie que son ménage à failli pâtir des contre-vérités débitées par cette domestique qu’elle considérait comme une petite sœur.
Même son de cloche chez Aminata Ndiaye madame Diop qui est d’avis que les domestiques sont souvent fausses. ‘’Ma bonne, je la considérais comme ma propre fille, parce que c’est elle la baby-sitter de mon enfant’’. Un jour, elle est partie au bureau. La bonne a enfermé sa fille qui dormait dans la chambre et s’en est allée. ‘’Une fois réveillée, mon enfant s’est mise à hurler. Heureusement, une voisine m’a informée que la maison était fermée et que l’enfant criait’’. Madame Diop a dû quitter son service, ce jour-là. Pire, ‘’la bonne n’est rentrée que vers 1 heure du matin‘’, dit-elle, avant de se demander pourquoi les domestiques ont souvent des intentions malsaines.
Contrairement, aux deux premières, Ndéye Diop, la cinquantaine, ne prend de bonne qu’en cas d’extrême nécessité. ‘’Je ne suis jamais satisfaite du travail d’une domestique, parce qu’elles sont souvent sales et ne font pas le travail, comme je le souhaite’’, souligne-t-elle. Elle en prend, quand elle est très malade. Et dans ces cas, dit-elle, ‘’je ne la quitte pas d’une semelle, lorsqu’elle travaille’’.
Cette attitude tranche avec celle d’Aïssata Thiam. De nature calme, la dame souligne qu’elle n’a jamais eu de problème avec ses bonnes. ‘’J’en avais une qui s’appelait Marie. Elle a fait dix longues années avec moi, et vraiment son éducation m’a beaucoup impressionnée’’.
En effet, même si, elles ont parfois du mal à s’entendre, les bonnes et les employeurs sont condamnés à vivre ensemble et à s’entendre autour de l’essentiel.
Bassirou Sall, le recruteur
A ce rond-point de Liberté 6, les domestiques sont organisées. Les gens qui viennent en prendre une passent par Bassirou Sall. ‘’Il y a des dames qui sont très exigeantes et prennent des bonnes selon le profil souhaité. Sur la base de ces critères exigés, je leur propose la meilleure fille‘’, explique-t-il.
Le recruteur ajoute qu’il prend de nombreuses précautions, comme : exiger la photocopie de la carte d’identité de la fille et celle du demandeur. Il note aussi leurs coordonnées dans un agenda. Avec ce travail, il gagne sa vie. ‘’Ce que j’en tire comme profits, ce sont les pourboires que les patronnes me donnent, une fois qu’on finalise. La somme varie de 2000 FCFA à 10 000 FCFA. J’avoue que, depuis 7 ans, je vis de ce travail’’, informe le recruteur.
Toutefois, son travail est loin d’être une sinécure. Bassirou Sall renseigne qu’il est souvent confronté à des cas compliqués, du fait des agissements de ses protégées. Un jour, un patron, dit-il, est venu employer une domestique. Quelques semaines plus tard, la fille lui a volé une grosse somme d’argent et des biens de sa femme. ‘’L’erreur commise par ce patron était de ne pas prendre les coordonnées de la bonne. Cependant, grâce à mon agenda, j’ai pu identifier la fille’’.
La copie de sa carte d’identité a permis à la police de la retrouver. ‘’Elle toujours en prison. Elle a déjà purgé une peine de deux ans assortie d’une amende de 800 000 FCFA’’. D’ailleurs, Bassirou Sall souhaite aller à une meilleure structuration. Pour cela, il demande aux autorités de ‘’leur trouver un local où les bonnes seront enregistrées officiellement pour être recrutées’’.
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NANTENIN KEITA, LA FILLE DE SALIF KEITA , EN OR SUR 400 M
Rio de Janeiro, 17 sept 2016 (AFP) - La Française Nantenin Keita, qui est la fille du célèbre chanteur malien Salif Keita, a décroché la médaille d'or sur 400 m T13 au Jeux paralympiques de Rio, samedi.
Nantenin Keita, déficiente visuelle, albinos comme son père, obtient à 31 ans son premier titre paralympique.
L'athlète licenciée au Racing Club de France avait été vice-championne paralympique sur 200 m à Londres en 2012, où elle avait également obtenu le bronze sur 100 m. Le bronze qu'elle avait également touché en 2008 à Pékin, sur 400 m.
L’HYGIÈNE, CE N’EST PAS SEULEMENT LE PARAÎTRE, IL FAUT LES BONNES PRATIQUES
Plus loin avec… Justine Ndao, responsable marketing de promo import
Exerçant dans le secteur des produits cosmétiques, Justine Ndao pense que l’hygiène d’une femme commence par la connaissance et la pratique de choses basiques, mais, qu’il faut savoir. Selon la responsable marketing de Promo import, « être hygiénique, ce n’est pas seulement le paraître. C’est un tout ».
Quelle perception avez-vous de l’hygiène d’une femme ?
On a tendance à penser que l’hygiène d’une femme, c’est qu’il faut absolument se nettoyer les parties intimes, de façon très fréquente, alors que ce n’est pas le cas. Il faut savoir se les nettoyer mais, pas forcément, tout le temps avec du savon.
Abuser dans le nettoiement peut être source d’infections. L’essentiel, c’est de rester propre sans prendre de mauvaises habitudes, ne pas recourir aux mauvaises pratiques. Ce sont des choses basiques au quotidien qui font qu’on est propre ou pas. Quand on s’arrête sur l’hygiène, c’est bien entendu à la douche que l’on prend quotidiennement, à notre environnement direct. Je pense au fait aussi que l’on utilise des produits adaptés à sa peau.
Vous avez tantôt parlé de mauvaises pratiques que l’on devrait éviter, dans le cadre de l’hygiène d’une femme. Quelles sont-elles.
Les mauvaises pratiques, c’est souvent que les femmes s’imaginent que pour être propre au niveau des parties génitales, il faut qu’elles se les lavent, tout le temps avec du savon, ce qui n’est pas vrai du tout. Il ne faut pas qu’elles oublient que la flore vaginale se nettoie toute seule et qu’au contraire, c’est déconseillé d’utiliser du savon, pareil pour les gels intimes.
Le gel intime, ce n’est pas quelque chose qu’on met tous les jours. Un gel intime, c’est en surface. On ne met pas le gel intime à l’intérieur du vagin. Ça c’est très important à savoir. Voilà le genre de pratiques non seulement mauvaises, mais également, dangereuses pour la santé.
Certains ont tendance à dire que la propreté des femmes ne s’arrête qu’à leur personne. Qu’en pensez-vous ?
Vous savez, je crois qu’il y a forcement un lien entre la personne et son cadre de vie, son environnement. Une femme propre, ce n’est pas seulement sur son corps qu’elle l’est ou sur son paraître. Je ne crois pas qu’on puisse être propre, avec un intérieur sale. L’hygiène, c’est un tout. Elle englobe tous ces aspects.
Par exemple, une femme qui se réveille dans des draps sales qui ont une certaine odeur, a beau se laver toute la journée, ça ne changera rien. Je crois qu’avant tout c’est un problème d’éducation. Il y a des choses basiques qu’on apprend, en étant enfant ; petit fille de surcroît, avant qu’elle ne devienne femme. Et, faire son lit, nettoyer sa chambre, ses sous-vêtements, entre autres, font partie de ces choses basiques qu’on apprend très tôt. On ne peut pas se nettoyer pour les autres et pas pour soi, puis se considérer hygiénique.
Vous évoluez dans le secteur du bien-être. Ne pensez vous pas que l’utilisation de certains produits corporels ne riment pas avec une bonne hygiène, en tout cas, corporelle ?
Alors, je ne crois pas. En fait, il y a des contradictions avec l’utilisation de certains produits. Je crois que le plus grand mal ici au Sénégal, c’est que l’on n’utilise pas à bon escient les produits. On me donne un dosage, moi je décide de faire un dosage beaucoup plus important.
Et le greffage ou autres mèches, auxquels font allusion des hommes, qui remettent en cause l’hygiène de certaines femmes ?
C’est toujours pareil. Quand vous avez un greffage qui dure sur votre tête, forcement il y’a des odeurs. Encore que les sueurs, le fait que ça se mouille et qu’on ne les sèche pas bien, occasionnent des odeurs. C’est très important d’avoir un champoing. Aussi, il faut éviter de les laisser sur la tête pendant un certain temps.
L’autre point, c’est qu’on est dans un pays musulman avec des réalités qui sont les ablutions et les bains de purification. Il est important qu’elles sachent que les greffages ne sèchent pas correctement. Ils vont sûrement dégager une odeur. Donc, c’est à elles de voir combien de temps elles gardent leurs greffages ; c’est à elle de savoir comment s’arranger pour éviter les mauvaises senteurs. Et là effectivement, le coté « SET » de l’intérieur ressort. Maintenant, les filles utilisent, de plus en plus, les perruques et des produits spécifiques pour l’entretien.
Quels sont vos conseils pour encourager davantage l’hygiène chez les femmes
J’encouragerai quand même les femmes à bien éduquer leurs enfants, leur apprendre les bons gestes, les bons réflexes, dès leur bas-âge. Ça aiderait beaucoup le pays car, nos gestes au quotidien, à l’extérieur, ont de graves conséquences sur le pays. Ces conséquences-là, on les voit : mauvaise odeur, saleté, donc problème de santé. On a aussi d’autres problèmes d’ordre économiques, parce que, toute cette saleté, ce manque d’hygiène fait fuir les investisseurs, fait fuir les touristes. Donc, il faut que chacun prenne conscience des conséquences et du danger pour la santé au quotidien
LES POILS AXILLAIRES, CET IMPORTANT DÉTAIL QUI A BON DOS
Pilosité des aisselles souvent associée a la saleté
Comme cela se passe dans les pays européens où les poils axillaires ne sont jamais beaux à voir, au Sénégal, pareille appréciation commence à s’imposer. De plus en plus, l’on prête attention à la manière d’être des aisselles. Et, souvent également, des aisselles velues sont associées au manque d’hygiène.
Les poils axillaires sont fréquemment associés à un manque de soin et, de fait, à une hygiène douteuse. Des aisselles velues font penser à une mauvaise odeur. L’idéal, aux yeux de nombre de personnes, c’est d’avoir des aisselles glabres. Car, pilosité au niveau de cette partie enfouie du corps s’associerait avec saleté.
Pourtant, selon le site français lexpress.fr, « tout dépend de ce qu'on entend par saleté. Une aisselle poilue ne transpirera pas plus qu'une aisselle épilée. En revanche, l'odeur dégagée par une aisselle velue sera plus forte que celle d'une aisselle glabre, car les poils retiennent les odeurs. Dans le cas des aisselles, c'est même leur fonction première", confirme le Dr Touron, dermatologue, contrairement à ceux situés sur d'autres zones du corps qui jouent plutôt un rôle de thermorégulation.
Selon ce site, « l'odeur ne provient pas des poils mais de l'interaction entre la sueur produite par les glandes sudoripares apocrines -que l'on trouve sous les bras mais aussi autour des mamelons ou des organes génitaux- et les bactéries présentes à la surface de la peau ». Une odeur de transpiration dont on peut se débarrasser par une simple douche quotidienne.
Pourtant, estime Ousmane Sarr, « les femmes sénégalaises n’ont pas vraiment cette culture de l’épilation et pourtant, elles ne sentent pas mauvais. Leur intérêt pour cette pratique n’est pas fréquent. Je pense donc qu’avoir des aisselles poilues ne veut pas dire qu’on sent mauvais. L’odeur provient souvent d’ailleurs, parfois par manque d’hygiène ». En tout état de cause, il avoue pour sa part que « ce n’est pas beau à voir ».
Par ailleurs, cette jeune femme mariée juge que c’est primordial de s’épiler, que ce soit les aisselles ou les parties intimes. Mais, « il y a une façon de s’y prendre ». Préférant garder l’anonymat, elle explique qu’elle a eu à demander à sa femme de ménage d’épiler ses aisselles et d’y frotter du citron. « Elle dégageait une odeur », précise-t-elle.
Avant d’ajouter qu’elle lui a également acheté des slips en coton et du savon, en lui demandant de bien se laver deux fois par jour. « Maintenant, elle est civilisée. C’est juste qu’elle ne connaissait pas les bonnes pratiques ».
On identifie la femme sénégalaise à sa beauté et à son attachement à son bien-être. A côté de tous les artifices auxquels elle s’adonne pour être jolie, la question de l’hygiène se pose pour certaines. Car, même si cela semble aller de soi, son accomplissement n’est pas des plus évidents. Dans la société sénégalaise, l’hygiène d’une femme comporte plusieurs paramètres, tous indispensables et primordiaux. Mais, une méconnaissance et certaine ‘’paresse’’ posent problèmes.
Le concept semble banal. Mais, au fond, les choses ne sont pas aussi simples. L’hygiène de la femme regroupe plusieurs paramètres. En se penchant plus sérieusement sur la question, on se rend compte qu’effectivement, « tout ce qui brille n’est pas or ».
En d’autres termes, ce n’est point parce qu’on est présentable et propre au paraître qu’on est hygiénique. Pour une femme, plus particulièrement, il en faut beaucoup plus que ça. A différents niveaux. « Rien que pour l’hygiène corporelle, il faut beaucoup de rigueur. Notre structure physique comporte beaucoup de coins et recoins susceptibles d’être source de malpropreté. Une simple négligence de notre part remet en cause notre hygiène. A vrai dire, c’est complexe », pense cette jeune dame, propriétaire d’un salon de coiffure aux Hlm Grand Yoff.
Chrétienne de confession, Fifi, qui a en permanence des jeunes filles sous sa coupe, avoue qu’elle se rend compte, chaque jour, que ces dernières perçoivent mal l’hygiène. Et pourtant, elles sont obligées d’être en contact direct avec les clientes, qui peuvent être très exigeantes.
« Il faut qu’elles sentent bon et qu’elles soient propres. Je leur ai acheté à toutes des tenues de travail qu’elles lavent tous les deux jours ; et à la fin du mois, je leur offre des déodorants. Le point le plus important sur lequel j’insiste, c’est aussi l’environnement. Le salon et les toilettes ne doivent jamais être insalubres».
En effet, excepté pour leur apparence, certaines femmes ne sont pas très portées sur l’hygiène. « Quand elles sont belles et propres à croquer, à première vue. Elles peuvent l’être beaucoup moins, quand on va plus loin. ‘’Bëri na ci seetu guinar’’ (nombreuses ont la propreté d’une poule) », souligne Ibrahima Ndiaye, diplômé en communication.
Ce trentenaire, qui prend exemple sur son environnement direct, souligne que « beaucoup de femmes ne sont pas aussi propres qu’on le pense. J’habite avec des filles et je leur fais souvent ce reproche. Elles le prennent mal, mais, je le leur dis tout de même. Lorsque je les vois à l’œuvre, même dans la cuisine, je ne veux pas manger leurs plats ».
En des propos plus clairs, il dit que « les filles font du travail d’arabe ». Une manière pour Ibrahima de qualifier cette « paresse » qui les habite. « Elles font les choses à moitié et ne s’occupent que de leur personne et là encore, n’allez pas savoir… Je sais de quoi je parle», lance-t-il, en pouffant de rire.
Ces pratiques usuelles, nocives à l’hygiène des femmes
De plus en plus, même si certains en doutent, nombre de femmes adoptent les bonnes pratiques pour être et rester hygiéniques. Toutefois, entre les pratiques esthétiques et tous ces artifices auxquels elles ont recours pour être belles, il devient difficile de répondre aux normes hygiéniques. La quête de la beauté, souvent artificielle, est aussi source d’attitudes contraires aux « normes hygiéniques », surtout sur soi.
« Certains produits utilisés pour la dépigmentation sentent l’ail et quand la sueur s’en mêle : imaginez un peu ce que ça donne. Là, les vêtements que porte la femme ne peuvent pas être propres, les draps sur lesquels elles se couchent également », pense toujours Ibrahima Ndiaye, qui se positionne en connaisseur.
Ces propos sont confirmés par Justine Ndao, responsable commerciale et marketing d’une structure de commercialisation de produits de beauté et de bien-être. Selon cette dernière, «il y a des contradictions entre l’hygiène et l’utilisation de certains produits. Je crois que le plus grand mal ici au Sénégal, c’est que l’on n’utilise pas à bon escient les produits. C’est à dire que je prends un produit qui est fait pour ça, je le sais, mais moi je vais l’utiliser pour autre chose. On me donne un dosage, mais je choisis délibérément de ne pas le respecter. Ça a des conséquences ».
Quand on évoque les règles d’hygiène d’une femme en parlant de l’usage de certains produits sur le corps, Justine reconnaît qu’on pense forcément « Khessal » aussi. « Pour le « khessal », les gens disent qu’il y’a une odeur. Mais là, c’est toujours un problème culturel. Est-ce que ces femmes aujourd’hui sont prêtes à y renoncer, malgré le fait qu’on leur dise qu’elles dégagent des odeurs ? Je ne crois pas ».
Raison pour laquelle, Mme Ndao estime que « c’est un peu compliqué et tout ceci relève d’un problème d’éducation. Il faut qu’on explique aux femmes quelles deviennent très belles en gardant leurs teint naturel et qu’on ne devrait pas à avoir à changer sa couleur de peau pour être belle ».
Cependant, Aicha ne partage pas la même opinion. Selon elle, « les produits qui puent pour se dépigmenter sont aujourd’hui rarement utilisés. Il y a de bons produits et nous avons aussi des heures pour les appliquer. C’est abusé de dire que le khessal favorise le manque d’hygiène ».
« L’hygiène requise et la paresse récurrente des jeunes filles ne font pas bon ménage »
Un aspect tout aussi important, quand on sait que l’hygiène d’une femme renvoie également à son environnement. La soixantaine révolue, le corps las et affaissé par le poids de l’âge et ses conditions de vie difficiles, mère Seynabou Dieng qui habite Khar Yalla, explique que « l’hygiène, c’est un ensemble et est aussi individuelle que collective. Il ne faut pas garder sa maison propre et souiller la rue, ce n’est guère hygiénique ».
S’arrêtant sur sa propre vie, cette bonne dame qui a vécu pendant plus de 20 ans dans cette maison exigüe, affirme que leur pauvreté ne leur a pas empêché d’être hygiéniques. « Nous sommes confinés ici, parce qu’on n’a pas les moyens d’habiter ailleurs et on a également des colocataires, mais, on ne badine pas avec la propreté, même si, c’est difficile ».
A cause de la promiscuité dans laquelle ils vivent, la saleté s’invite facilement chez eux. Cependant, « les détergents sont toujours en place. On lave les toilettes 2 fois par jour, parce que nous sommes en surnombre. Personnellement, avec ma famille, on ne reste pas trois jours sans faire le linge. Et mieux, nous n’attendons pas nos colocataires dans l’exécution des tâches ».
Autant, dit-elle, ses filles prennent le temps de prendre soin de leur corps, autant elle ne badine pas avec l’entretien de la maison. Cela dit, Mère Ndiaye juge que la plus grande source de manque d’hygiène de la nouvelle génération, « c’est la paresse. Ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas propres, mais, elles sont paresseuses. Les deux ne peuvent pas aller ensemble. Elles ne font pas bon ménage. Elles s’adossent trop sur leurs femmes de ménage. Elles ne veulent pas voir de la saleté, mais, sont désarmées quand leurs bonnes s’absentent ».
Une attitude qui est contraire à l’éducation qu’elle et nombre de femmes de sa génération ont reçue. « Nos mamans nous apprenaient d’abord à bien prendre soin de nous, de nos habits mais aussi, de la maison. C'est-à-dire, qu’il faut être propre en tout. C’est une question d’éducation. Soit, on est hygiénique ou on ne l’est pas », conclut-elle.
Des arguments qui s’accordent parfaitement avec ceux de Justine Ndao. Beaucoup moins âgée que Mère Ndiaye, elle affirme également que « l’hygiène corporelle et environnementale vont de pair. Je crois qu’on ne peut pas être propre sur soi et puis avoir un intérieur qui est sale. Cela me parait très contradictoire. Je crois qu’avant tout, c’est un problème d’éducation. Il est évident qu’un enfant, on doit lui apprendre les choses, notamment, faire son lit, nettoyer sa chambre, laver ses sous-vêtements, se brosser les dents, bien se laver, dès le bas-âge ».
De son point de vue, si l’hygiène n’est qu’apparence, « c’est dire qu’on se nettoie pour les autres et pas pour soi ».
Accra, 11 sept 2016 (AFP) - Faith Lawson, à bord d'un large pickup gris, slalome en marche arrière entre des cônes, sur la terre rouge du parking d'un camp militaire d'Accra.
Elle fait partie des 15 femmes sélectionnées pour un programme de formation à la conduite lancé par une ONG ghanéenne. La jeune femme de 24 ans jette un coup d'oeil sur les rétroviseurs, avant de se garer sur le bas-côté, pendant que ses collègues observent sa manoeuvre avec attention.
Il y a deux mois encore, elle n'avait jamais touché un volant de sa vie et elle était effrayée par la seule idée de conduire, confie-t-elle. Mais aujourd'hui, avec l'aide de l'association Network of Women in Growth (NEWIG), toutes les participantes peuvent rêver d'en faire leur profession.
NEWIG, avec le soutien des Forces Armées du Ghana, a sélectionné ces 15 candidates pour en faire des conductrices professionnelles (chauffeurs privés, 4x4 pour les touristes...)
Pendant huit semaines, les 15 candidates apprendront la mécanique, à changer une roue ou à lire une carte routière. Landzo-Wene Fiawomorm est originaire de Tefle, une petite localité sur le fleuve Volta, où les femmes d'habitude font le pain ou tiennent un stand au marché.
A 21 ans, la jeune fille avait toutefois d'autres ambitions. "J'ai toujours voulu conduire, mais on a cette perception que la conduite était un métier réservé aux hommes.
Ma chance est venue d'apprendre. Je me suis dit que ce serait génial de faire ce programme", explique-t-elle. "Maintenant je suis convaincue que ce que les hommes peuvent faire, les femmes le font encore mieux".
L'une de ses camarades, Regina Amoako travaille d'habitude à NEWIG comme agent de terrain. "Je me suis dit +pourquoi ne pas essayer?+", dit-elle. Au mieux, elle pourrait devenir le chauffeur de l'association, et sinon elle pourra toujours se rendre au bureau par ses propres moyens.
- Confiance en soi -
Au-delà des cours de conduite, la formation comprend également des sessions de prévention aux violences domestiques, de planning familial ou d'ateliers pour renforcer la confiance en soi.
Mawusi Awity, 54 ans, a fondé NEWIG en 2002 pour donner une chance aux femmes marginalisées de s'en sortir par le travail. La directrice explique qu'au début de l'initiative, elle se concentrait sur les formations traditionnellement réservées aux femmes: la couture, l'artisanat des perles ou la restauration.
Mais cette année, elle a décidé de se concentrer sur des professions mieux rémunérées: celles généralement réservées aux hommes. Un rapport des Nations Unies de 2015 sur les disparités des genres dans le monde du travail indique que les femmes au Ghana travaillent plus longtemps que les hommes, mais gagnent moins qu'eux.
Comme dans de nombreux pays en développement, leurs emplois sont souvent informels et donc plus vulnérables et moins bien payés.
Ce rapport, qui cite des statistiques de 2009, souligne que le revenu national brut par habitant au Ghana s'élève à 4.515 dollars par an pour un homme, contre 3.200 dollars pour une femme.
Pour Mme Awity, encourager les femmes à conduire serait aussi un service à rendre à la société: "Statistiquement, les femmes sont moins souvent responsables d'accidents de la route.
Nous avons remarqué que les hommes sont plus agressifs et les femmes plus vigilantes", argue la directrice de l'ONG. En ce qui concerne les problèmes de sécurité routière, c'est l'armée ghanéenne, partenaire du programme de NEWIG, qui prend le relais.
Et sur ce point, vigilantes ou non, les femmes reçoivent le même entraînement que les militaires. En uniforme gris foncé avec des motifs rose, les candidates apprennent à discerner les dangers de la route, et entre deux séries de pompes ou de cours de self-défense, elles s'entraînent aux gestes de premiers secours.
"Leurs peurs ont disparu", assure Mme Awity avec fierté. "Je les sens plus confiantes, plus affirmées". Bientôt, certaines d'entre elles rejoindront Esenam Nyador, l'une des rares chauffeurs de taxi femme d'Accra.
Il y a trois ans, cette mère de famille de 39 ans voulait devenir chauffeur routier, mais faute de formation adéquate, elle est devenue une célébrité dans les rues de la capitale.
Postée devant un centre-commercial, elle cible particulièrement une clientèle d'expatriés, et a surnommé son taxi "la voiture des Nations Unies". "C'est une manière de défier le statu quo de notre société et de faire bouger les lignes des genres", s'amuse la conductrice.
La jeune Landzo-Wene espère bientôt la rejoindre. Son plan de carrière est déjà tout tracé: elle commencera par conduire un taxi, puis un minibus, puis un bus, assure-t-elle. "Et je sais qu'avec mon ambition, un jour, je conduirai le président du Ghana..."