Kano (Nigeria), 24 mai 2015 (AFP) - Des islamistes du groupe armé Boko Haram ont tué plusieurs civils et brûlé de nombreuses maisons lors d'un raid à Gubio, Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, selon plusieurs témoins et l'armée.
"Boko Haram a envahi notre ville la nuit dernière, a tué beaucoup de civils et brûlé plus de la moitié des maisons", a déclaré à l'AFP Babor Kachalla, qui a trouvé refuge dans la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri.
Les islamistes ont fait irruption dans la nuit de samedi à dimanche dans Gubio, située à 95 km au nord de Maiduguri, à bord de camions et à moto, selon des témoins. "Nous avons fui dans la brousse sous les balles et les obus", a ajouté Babor Kachalla.
"Nous avons perdu beaucoup d'entre nous car les soldats gardant la ville n'ont pu leur tenir tête". Un autre habitant de Gubio a relevé que les islamistes portaient l'uniforme et n'ont battu en retraite qu'au bout de six heures.
"Nous sommes restés dans la brousse, d'où nous entendions les coups de feu, jusqu'à 03H00 (02H00 GMT), lorsque les tirs ont cessé, mais nous avons alors vu la ville en feu".
Des renforts de l'armée ont finalement réussi à repousser les islamistes. Ils "ont subi de nombreuses pertes, mais ont infligé de nombreux dégâts, incendiant la moitié de la ville", a dit un officier de l'armée sous couvert d'anonymat.
Selon Amnesty International, les islamistes ont enlevé plus de 2.000 femmes et filles depuis le début de l'année dernière. Beaucoup de ces captives ont été victimes de violences sexuelles.
Les armées de certains pays voisins du Nigeria - Tchad, Cameroun et Niger - soutiennent sur le terrain les opération des militaires nigérians.
Malgré des succès annoncés, les attaques de Boko Haram ont continué, avec notamment une flambée de violences cette semaine dans l'Etat d'Adamawa (nord-est).
Les experts estiment que même si Boko Haram a été chassé de dizaines de villes et villages qu'il contrôlait, le groupe armé devrait continuer de mener des attaques de type guérilla, visant des civils.
LAMINE DIACK ESTIME S'ETRE ''BIEN ACQUITTE'' DE SA MISSION
Dakar, 24 mai (APS) - Le président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), Lamine Diack, s'est félicité samedi de l'hommage qui lui a été rendu dans le cadre de l'édition 2015 du meeting d'athlétisme de Dakar, preuve selon lui qu'il s'est bien acquitté de sa mission.
"A un moment donné, il m'a été demandé de faire quelque chose pour l'Afrique et mon pays. Je pense m'en être acquitté du mieux possible et ce qui vient de se passer prouve que je me suis bien acquitté de ma mission", a-t-il déclaré.
Le président de l'IAAF intervenait à la fin de ce meeting inscrit dans le circuit World Challenge de l'instance mondiale en charge de l'athlétisme mondial.
En plus des dirigeants sportifs, le public est venu nombreux applaudir les athlètes et le meeting a été clôturé sur une victoire d'Amadou Ndiaye au 400m haies avec un temps de 50.5.
"Maintenant, ce que je souhaite", c'est que les choses puissent prospérer afin "qu'il y ait des jeunes qui prennent la relève pour montrer que c'est possible", a dit le président Lamine Diack, qui prendra en août se retraite de la présidence de l'IAAF.
"Cela n'a pas été toujours facile lors de ces 45 ans qui ont commencé en 1972 (année de son élection à la présidence de la Confédération africaine d'athlétisme), mais c'est aussi ça le sport, savoir tenir tête", a-t-il analysé.
Lamine Diack a salué la venue massive du public et principalement des jeunes qui "doivent toujours y croire". "Ils doivent continuer à y croire et se battre pour atteindre leurs objectifs", a-t-il par ailleurs ajouté.
"Notre pays est petit mais extraordinaire et le petit parcours que j'ai fait, montre que c'est possible", a-t-il dit, avant d'annoncer l'écriture prochaine de ses mémoires sur le sport et la politique.
TERRORISME : UN COLLECTIF SÉNÉGALAIS INVOQUE "LA RESPONSABILITÉ DE TOUS"
Dakar, 24 mai (APS) - L'éradication du terrorisme est une perspective qui relève de "la responsabilité de tous", a fait valoir le collectif des associations islamiques du Sénégal, dans une résolution rendue publique dimanche à Dakar, à l'issue d'un colloque consacrée à cette problématique. .
Les organisateurs de ce colloque sur "L'islam face au terrorisme", recommandent aux autorités sénégalaises l'élaboration d'une "stratégie inclusive et globale de protection" contre toute forme de terrorisme.
Le phénomène "constitue un fléau mondial" et "n'est l'apanage ni d'un pays ni d'un peuple et non plus celui d'une religion", écrivent-ils dans leur religion.
Ils soutiennent que la stratégie que les pouvoirs publics sénégalais seront amenés à mettre en place, pour contrer le terrorisme, doit être conduite en collaboration avec l'ensemble des acteurs locaux, sous-régionaux et internationaux pour "une lutte plus efficiente contre ce fléau".
Le collectif des associations islamiques plaide par ailleurs en faveur d'un "engagement plus accentué" dans le règlement des litiges et conflits notés dans la région ouest-africaine.
"Un renforcement de la dynamique enclenchée pour l'éthique et la bonne gouvernance, ainsi que la poursuite sans relâche de l'effort pour le développement socio-économique et l'amélioration des conditions de vie des populations'' demeurent le ''seul gage de stabilité et de cohésion sociale", soulignent les membres de ce collectif.
Ils rappellent que le terrorisme, en ce qu'il se traduit par le "meurtre de personnes innocentes et l'entretien d'un climat de terreur et d'insécurité", est contraire aux enseignements de l'islam et à ses grands objectifs et finalités.
Ceux-ci commandent "la préservation de cinq impératifs fondamentaux pour l'être humain", à savoir la religion, la vie, la raison, les biens et l'honneur.
Le collectif des associations islamiques du Sénégal regroupe le Mouvement Al Falah, la Jama'atou Ibadou rahmane (JIR), la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS Al Wahda), Daroul Arqam Fass, l'Association pour la bienfaisance islamique de Louga, Daroul Imane, entre autres.
SANKARA, JOUR DE VÉRITÉ
Le corps de l’ex-Président burkinabé sera exhumé lundi
Ouagadougou, 24 mai 2015 (AFP) - L'exhumation du corps du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés en 1987 lors d'un coup d'État aura lieu lundi à Ouagadougou, dans le cadre d'une instruction ouverte fin mars, a-t-on appris dimanche de source judiciaire.
"Demain lundi à 8 heures (locales et GMT), nous allons procéder à l'exhumation du corps du président Thomas Sankara et des douze autres", a déclaré à l'AFP une source judiciaire proche du dossier.
L'avocat de la famille Sankara, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, qui n'a aucun lien de parenté avec l'ancien chef de l'État, a confirmé à l'AFP que "les familles et leurs avocats" ont été "convoqués par le juge d'instruction à assister à l'exhumation des corps".
Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette le soir du 15 octobre 1987, après son assassinat lors du coup d'État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir pendant 27 ans.
Il aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën (quartier est de Ouagadougou), mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s'y trouve réellement.
Le régime de M. Compaoré, renversé fin octobre par une insurrection populaire, avait toujours refusé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de cet assassinat.
Cette exhumation conduite par trois médecins, un Français et deux Burkinabès, permettra selon Me Sankara "d'identifier grâce à des tests ADN si c'est effectivement le corps du président Thomas (Sankara) qui se trouve dans cette tombe" mais aussi de "rechercher la cause de la mort".
Début mars, le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Compaoré a autorisé l'exhumation du corps de Thomas Sankara dans le but de l'identifier formellement.
Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina qui enquête depuis mars sur les circonstances de la disparition du "père de la révolution burkinabè".
Plusieurs auditions ont déjà eu lieu dans le cadre de cette enquête et notamment celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président, le 14 mai dernier.
La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment évoquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Compaoré le 31 octobre dernier.
"TEMPÊTE DÉCISIVE" : DAR-SALAM BENIT LA PARTICIPATION SÉNÉGALAISE
Ziguinchor , 24 mai (APS) – Des membres de la famille chérifienne de Dar-Salam, dans le département de Bignona (sud), ont annoncé, au nom du khalife général Cheikhna Cheikh Mahfouz, être en phase avec la décision du chef de l'Etat, Macky Sall, d'envoyer des troupes en Arabie-Saoudite.
"La famille soutient le président Macky Sall pour l'envoi de troupes en Arabie-Saoudite. Cela ne doit pas être un refus pour un musulman quand on sait que l'Arabie-Saoudite est menacée par des gens qui se réclament de l'islam", a déclaré Chérif Shamsidine Dino Kébanding Aïdara, membre de la famille.
Il intervenait samedi lors de la cérémonie officielle du Gamou organisée par l'Association citoyenne chérifienne (ACC), au quartier Kandé-Léona de Ziguinchor, en présence de l'adjoint au gouverneur chargé du développement, Moussa Diagne.
Des fidèles venus de la Casamance, de la Gambie et de la Guinée-Bissau, ont pris part à cette manifestation religieuse.
Le Sénégal a décidé d'envoyer 2.100 soldats en Arabie Saoudite, à la demande du royaume saoudien. Les soldats sénégalais seront déployés à la frontière entre ce pays et le Yémen, dans le cadre de l'opération militaire "Tempête décisive" menée par plusieurs pays arabes.
Lancée en fin mars dernier, cette opération vise à remettre au pouvoir le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi, renversé par l'insurrection houthis au Yémen, d'orientation chiite.
Des acteurs politiques, responsables de la société civile et des observateurs ont émis des réserves sur l'opportunité d'envoyer des soldats sénégalais renforcer cette opération militaire.
Ces différentes réactions ont amené le président Macky Sall à demander la fin de ''ce débat malsain’’ sur cette question.
"Le président Sall a bien compris les mécanismes géopolitiques du monde qui font actuellement qu'il il y a un dépassement de soi. Il faudrait qu'on s'inscrive dans un camp pour pouvoir émerger. Et alors il a choisi et nous trouvons son choix judicieux", a souligné Chérif Shamsidine Dino Kébanding Aïdara.
"De par la religion que nous partageons avec les Saoudiens, l'Arabie Saoudite, c'est le pôle d'attraction de tout musulman. Donc, tout musulman doit tout faire pour protéger les lieux saints" de l'islam que ce royaume abrite, a-t-il fait valoir.
De son côté, Chérif Boune Shamsidine Aïdara, président de l'Association citoyenne chérifienne (ACC), a insisté sur "la solidarité islamique" qui selon lui doit amener les musulmans à travailler ensemble pour défendre l'islam.
Cherif Boune Shamsidine Aïdara, par ailleurs porte-parole du khalife général de la famille de Cheikhna Cheikh Mahfouz, a indiqué que "tous les musulmans sont interpellés à défendre les lieux-saints de l'islam".
Dans la même perspective, le président Macky Sall "est aujourd'hui en train de se positionner en tant que leader de la Oumma islamique", a-t-il commenté.
NIGERIA: LA PENURIE DE CARBURANT MENACE LES COMMUNICATIONS TÉLÉPHONIQUES
Lagos, 24 mai 2015 (AFP) - Le premier opérateur mobile du Nigeria, MTN, a averti ce week-end que son réseau était victime de coupures intempestives en raison des pénuries de carburant qui touchent le pays.
Le groupe sud-africain MTN, dont l'antenne nigériane est la plus grosse filiale, dit avoir besoin d'une "quantité importante de diesel dans un futur très proche afin d'éviter l'arrêt de ses services au Nigeria".
"Si l'approvisionnement en diesel n'est pas assuré dans les 24 heures, le réseau sera sérieusement dégradé et les consommateurs en subiront les conséquences" a encore averti le groupe samedi soir sur son compte Twitter.
Ces avertissements ne sont qu'un épisode de plus dans les difficultés économiques que connaît le Nigeria depuis plusieurs semaines, bien qu'il soit le premier producteur de pétrole africain.
La première économie d'Afrique extrait deux millions de barils de brut par jour mais doit importer l'essentiel de ses carburants à cause de ses faibles capacités de raffinage - une situation que les observateurs imputent à la corruption et la mauvaise gestion.
Selon les syndicats du secteur pétrolier, la crise a éclaté parce que le gouvernement nigérian, à court de liquidités depuis l'effondrement des cours du pétrole, doit 200 milliards de nairas (environ 904 millions d'euros) d'impayés aux importateurs de pétrole.
Du coup, beaucoup de sociétés ont fermé parce qu'elles ne peuvent plus se fournir en diesel pour alimenter leurs usines. Régler cette crise sera la première tâche du nouveau président Muhammadu Buhari, qui entre en fonction le 29 mai.
Dimanche, un fidèle annonçait sur Twitter que son église avait été contrainte de fusionner ses services en langue yoruba et en anglais par manque de carburant. "Ne vous embêtez pas à amener votre chargeur à l'église, nous avons débranché toutes les prises," précise le message signé "Bien à vous dans le Christ."
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS
REMPART
Ernest Sagaga, chef du département Droits de l’homme de la Fédération internationale des journalistes, explique le rôle de son organisation
La dépénalisation des délits de presse au Sénégal ne placerait pas les journalistes au-dessus de la loi. C’est la conviction d’Ernest Sagaga, le chef du département «Droits de l’homme» de la Fédération internationale des journalistes, qui s’est entretenu avec www.SenePlus.Com.
Quelle est la mission de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ?
La Fédération internationale des journalistes a une double mission. En premier lieu, nous sommes mandatés pour défendre les conditions de travail, le bien-être de tous les journalistes qui sont adhérents à la FIJ. Le deuxième mandat est de promouvoir l’indépendance professionnelle des journalistes partout dans le monde. Et donc nous voulons que les journalistes travaillent en toute indépendance non seulement vis-à-vis des forces politiques, mais aussi des forces économiques, commerciales…, d’où qu’elles puissent provenir.
Quelles sont dans ce sens les actions concrètes que vous menez ?
Je dirais que nous faisons d’abord un plaidoyer auprès des gouvernements en ce qui concerne les conditions de travail des journalistes dans les pays concernés. Ensuite nous travaillons pour voir ensemble avec nos membres et les autorités gouvernementales la manière dont on peut améliorer les lois sur la presse pour éviter qu’il y ait des lois qui font des restrictions sur les acteurs de la presse en termes de la criminalisation, de la pénalisation de la diffamation par exemple. Mais nous combattons également toute autre violation des droits des journalistes, notamment la protection des sources des journalistes. C’est un aspect sur lequel nous revenons souvent dans plusieurs pays.
Ce que nous faisons, c’est également la protection des journalistes en termes de sécurité physique des personnes dans les zones de conflit normalement, mais même dans les pays sans conflit. Parce que malheureusement on dénombre des cas d’attaque, d’agression contre les journalistes même dans les pays censés être en paix. Donc c’est cette mission que nous accomplissions. Et nous l’accomplissions aussi bien sur le plan national, régional, que global parce que nous représentons les journalistes au sein des institutions européennes, internationales et des Nations-Unies.
L’Assemblée nationale tarde à voter le nouveau code de la presse sénégalais invoquant son rejet de la dépénalisation des délits de presse inclus dans le projet. Etes-vous intervenus auprès des pouvoirs publics sénégalais à propos de cette question ?
Je crois comprendre que le gouvernement sénégalais est en faveur de la dépénalisation des délits de presse. Apparemment le parlement sénégalais se soucie de ne pas créer une situation qui placerait les journalistes au-dessus de la loi si les délits de presse étaient dépénalisés. Cependant, nous ne pensons pas que ce serait le cas parce que tout citoyen lésé par un article de presse ou un programme radio ou TV aurait toujours recours aux juridictions civiles pour faire valoir son droit au respect de sa dignité humaine et sa réputation personnelle.
Le code pénal reste aussi d'application pour les cas d'incitation à la haine ou à la violence. Force est de constater que le code pénal est souvent invoqué pour les délits de presse comme moyen d'intimidation contre les journalistes par ceux qui sont en position de pouvoir et d’influence en vue de décourager les médias à faire des enquêtes sur des affaires d'intérêt public. Il s'agit donc d'une grave restriction à la liberté de la presse. De fait, il existe désormais une jurisprudence en Afrique suite au jugement de la Cour africaine des droits de l'homme qui, en début d'année, a condamné le gouvernement burkinabé pour l'emprisonnement d'un journaliste dans une affaire de diffamation intentée par un procureur de ce pays. Il s'ensuit que les autres pays africains qui s'obstinent à poursuivre les journalistes au pénal pour leur travail tomberont sous le coup de cette décision.
Vous êtes à Dakar dans le cadre de la formation des journalistes pour la couverture des zones humanitaires. En quoi cette formation est nécessaire ?
L’intérêt est très manifeste parce qu’à la fois, cette formation donne aux journalistes des connaissances leur permettant de veiller à leur propre sécurité, en sachant exactement ce qu’il faut faire, mais aussi ce renforcement des capacités leur donne des connaissances en droit applicable aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix. En temps de guerre, évidemment nos collègues ont besoin de savoir, quelles sont les dispositions du droit humanitaire qui s’appliquent, et notamment quelle est la disposition de cette branche du droit international qui protège les journalistes au même titre que les civils. Mais aussi il y a les droits de l’homme qui s’appliquent aussi bien en temps de guerre surtout ce noyau composé par les droits fondamentaux tels que le droit à la vie, l’interdiction de la torture et les garanties judiciaires d’un procès équitable.
Rencontrez-vous des difficultés particulières avec les États ?
C’est sûr, ne serait-ce qu’à regarder le nombre de journalistes tués chaque année ou le nombre d’attaques perpétrées chaque année contre les journalistes. Il y a clairement encore du travail à faire. Et évidemment nous, nous sommes-là pour faire ce travail. Nous n’allons pas nous dérober de notre obligation. Mais je pense aussi que c’est un travail de chaque journaliste. C’est pourquoi j’ai pu parler à des journalistes pour leur demander leur contribution en termes de promotion de tout ce qui nous protège et en termes d’approche vis-à-vis des autorités concernées, là où ils sont dans leurs pays, dans leurs villes, etc.
Étant souvent sur le terrain en zones de conflits quels sont vos rapports avec les différentes parties prenantes ?
Les rapports évidement, en premier lieu, concernent nos membres qui sont justement déployés dans ces zones. Nous tenons à ce qu’ils soient formés en peu en sécurité pour justement, veiller en premier lieu à leur propre sécurité. Mais nous engageons aussi des contacts avec des gouvernements et avec les instances régionales et globales pour faire appliquer, faire respecter les dispositions du Droit international humanitaire (DIH) ainsi que les principes fondamentaux des droits de l’homme. Donc chacun a son rôle à jouer et nous demandons à ce que chacun puisse le faire. Nous en premier lieu d’abord en concertation avec les journalistes d’abord, mais également les décideurs politiques ainsi que les dirigeants des organisations internationales.
Est-il indispensable que le journaliste qui se déplace en zone de conflit vous informe au préalable ?
Nous préférons savoir lorsqu’un journaliste est en déplacement et surtout lorsqu’on pense qu’on peut faire face à des risques qui peuvent mener à des actes contre la sécurité physique de nos confrères. Donc nous sommes là pour savoir, nous préférons savoir justement pour faire le suivi. Et, au cas où il arrive quelque chose, que nous puissions intervenir d’abord par nos propres moyens. Nous avons un fonds d’entraide international qui a été créé par des journalistes, qui est financé par des journalistes pour venir en aide aux journalistes qui en ont besoin. Si nous savons que quelqu’un va entreprendre une mission délicate, périlleuse, et si jamais, il lui arrive quelque chose et que la personne concernée a besoin d’être évacuée ou parce qu’elle a été blessée ou simplement qu’elle est menacée et qu’elle veut se mettre à l’abri, nous pouvons faire intervenir ce fonds d’entraide pour faciliter l’évacuation si le gouvernement en place ou les décideurs en place ne peuvent pas le faire.
Ça, c’est pour les journalistes membres de la FIJ ?
Pas du tout. Cette assistance n’est pas exclusivement destinée aux membres de la FIJ. Etre membre de la Fédération, ce n’est pas une condition sine qua non pour être assistée en cas de besoin. La FIJ est là pour assurer la sécurité de tout journaliste en situation difficile.
En zone de conflit, le journaliste bénéficie de la même protection du Comité international de la Croix rouge, en vertu du Droit international humanitaire. Mais il y a des limites à ne pas franchir. Dans cet entretien avec www.SenePlus.Com, Dorothea Krimitsas, responsable des relations publiques du CICR, délimite le champ d’action de l’organisme humanitaire.
Dorothea Kirmitsas, vous êtes l’une des formatrices de cet atelier organisé par le CICR. Quel est l’intérêt de former les journalistes sur le reportage en zone de conflit ?
Il y a un grand intérêt pour les journalistes de connaître le Droit international humanitaire (DIH) qui s’applique dans les situations de conflits armés. Ça leur permet de mieux évaluer la situation à laquelle ils font face lors de la couverture médiatique, de connaitre aussi les conséquences de ces conflits sur les populations civiles. Ces connaissances leur permettent éventuellement de savoir également les sanctions qui s’appliquent au cas où il y a des violations du DIH.
Est-il plus difficile pour le journaliste de travailler de manière impartiale en zone de conflits ?
Je pense que cette question doit plutôt s’adresser à un journaliste. Ce qui est certain, pour nous humanitaires, évidemment, nous restons neutres, indépendants, et nous essayons de porter assistance et de protéger les populations civiles qui sont protégées par le DIH.
Je crois que le rôle du journaliste, c’est beaucoup plus d’attirer l’attention du public, en général, sur des situations qui, parfois, ne sont pas connues ou qui sont mal connues. Donc le journaliste a un rôle très important à jouer dans la prise de conscience sur une situation de conflit armé et sur les conséquences humanitaires de ces situations sur les populations civiles. Le travail du journaliste peut aider à mobiliser les acteurs politiques ou les acteurs influents dans ces situations.
En zones de conflit quel est le rapport entre humanitaire et journaliste ?
Les humanitaires aident la population civile. Et comme les journalistes sont aussi considérés comme des civils, ils sont de ce fait couverts par le DIH au même titre que les autres civils et ils ont droit à la même protection du CICR. En clair, si un journaliste se trouve en difficulté sur le terrain, s’il est blessé, s’il a été capturé, s’il est détenu, a disparu ou même dans le pire des cas, s’il est tué- malheureusement ça arrive aussi-, le CICR peut être contacté et peut offrir ses services. Nous avons, par ailleurs, une hotline qui est dédiée aux journalistes. Nous apporterons évidement un type d’assistance qui se fera en fonction de notre accès et de notre capacité à travailler dans le lieu où le journaliste est en difficulté.
En cas d’enlèvement par exemple d’un journaliste, le CICR peut, dans le cadre de ses missions, intervenir pour sa libération ?
En principe le CICR ne demande pas la libération d’un journaliste. Parce qu’en matière de DIH, nous ne couvrons que les aspects liés à la sécurité et au bien-être physique et moral d’une personne. C’est-à-dire qu’à partir du moment où une personne est détenue, nous ne nous intéressons pas aux raisons de sa détention, nous nous intéressons à la façon dont cette personne est traitée, ses conditions de détention, son état de santé et nous essayons de l’assister. C’est un geste humanitaire. Mais nous ne couvrons pas toutes les questions liées à la légalité ou l’illégalité de sa détention. Ce sont des questions qui relèvent beaucoup plus des droits de l’homme et qui sont traitées par d’autres organisations.
Abuja, 23 mai 2015 (AFP) - L'armée nigériane affirme samedi avoir tué des dizaines d'islamistes du groupe armé Boko Haram et libéré 20 prisonniers des mains des insurgés lors d'une opération dans un fief rebelle, la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria.
"Bien que nous ayons été continuellement confrontés à un grand nombre de mines qui jonchent encore la forêt de Sambisa, les soldats sont allés de l'avant (...) pendant que des dizaines de terroristes périssaient dans l'attaque de leurs bases vendredi", annonce samedi un communiqué du ministère de la Défense.
"Un total de 20 femmes et enfants ont été secourus à la fin de l'opération de vendredi", ajoute le communiqué. Un soldat a également été tué et 10 autres ont été blessés dans l'assaut contre les bases rebelles, précise le document.
Il n'a pas été possible de vérifier ces déclarations de source indépendante. Les bilans des combats avec Boko Haram communiqués par le passé par le ministère de la Défense sont régulièrement minorés par rapport aux informations fournies par des témoins.
Ces dernières semaines, le Nigeria a enregistré une série de succès contre les insurgés. Plus de 700 captifs, essentiellement des femmes et des enfants, ont été libérés durant l'opération militaire dans la forêt de Sambisa, que Boko Haram utilise comme base depuis plusieurs années.
Selon Amnesty International, les islamistes ont enlevé plus de 2.000 femmes et filles depuis le début de l'année dernière. Beaucoup de ces captives ont été victimes de violences sexuelles.
Les armées de certains pays voisins du Nigeria - Tchad, Cameroun et Niger - soutiennent sur le terrain les opération des militaires nigérians.
Malgré les succès annoncés, les attaques de Boko Haram ont continué, avec notamment une flambée de violences cette semaine dans l'Etat d'Adamawa (nord-est), relativement calme depuis plusieurs mois jusque-là.
Les experts estiment que même si Boko Haram a été chassé de dizaines de villes et villages qu'il contrôlait, le groupe armé va continuer de mener des attaques de type guérilla, visant particulièrement des civils.
LE LIBERIA MENACE PAR UNE CONTAGION DES ANTAGONISMES POLITIQUES A LA FRONTIÈRE IVOIRIENNE
Zwedru (Liberia), 24 mai 2015 (AFP) - En février 2014, des hommes armés de machettes ont attaqué Grabo, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, à la frontière libérienne, tuant quatre soldats.
Les experts craignent que de tels coups de main ne se multiplient avant la présidentielle ivoirienne en octobre. Le Libérien "Vieux James" - un pseudonyme - 32 ans, assure y avoir participé sans être jamais inquiété, dans un témoignage à l'AFP à Zwedru, près du fleuve Cavally, qui constitue la frontière naturelle avec l'Ouest ivoirien, en proie à des attaques meurtrières depuis deux ans.
Plusieurs sources, dont des experts de l'ONU, imputent ces violences à des mercenaires basés au Liberia, préparant pour certains leurs opérations à partir des camps de réfugiés ivoiriens dans le pays.
Quelque 100.000 Ivoiriens ont fui au Liberia les meurtrières violences post-électorales de 2010-2011 entre le président sortant Laurent Gbagbo et son rival victorieux Alassane Ouattara, qui ont dégénéré en conflit interethnique et en massacres.
Des centaines de partisans armés de Laurent Gbagbo ont trouvé refuge au Liberia. "Vieux James" reconnaît que la vengeance était le principal mobile de l'attaque de Grabo en février 2014, mais de loin pas le seul.
"Surtout, nos frères et soeurs de l'autre côté du fleuve (Cavally) étaient persécutés, tués et violés par les forces d'Alassane" Ouattara, affirme-t-il, en référence à la parenté ethnique entre populations de part et d'autre de la frontière.
"Nous ne pouvions pas rester sans rien faire", ajoute-t-il, précisant que l'appât du gain a aussi joué, sans révéler qui a payé ni combien. Grabo a une nouvelle fois été attaquée en janvier 2015.
Deux soldats et un milicien y ont été tués, selon les autorités ivoiriennes. En novembre 2014, le groupe d'experts de l'ONU sur le Liberia s'est dit préoccupé de voir les camps de réfugiés dans ce pays constituer des "lieux de prédilection pour le recrutement et la préparation d'attaques transfrontalières".
- 'Frontière poreuse' -
Les Nations unies considèrent cette situation comme un ultime avatar du problème lancinant des milliers de combattants aujourd'hui désoeuvrés des 14 ans de guerres civiles (plus de 250.000 morts entre 1989 et 2003) du Liberia.
Certains tirent leur subsistance de l'extraction illégale d'or ou de trafics de drogue et d'armes dans les forêts et zones minières de la frontière ivoirienne, qu'ils franchissent pour des raids visant à protéger leurs intérêts ou contre rémunération.
En 2013, une cinquantaine d'entre eux avaient tendu des embuscades aux gardes forestiers sierra-léonais. Et en août 2014 des élus locaux de Guinée forestière (sud) avaient vu la main des anciens rebelles libériens installés là dans une émeute contre des mesures de lutte contre Ebola conduites par les autorités.
L'organisation caritative britannique Conciliation Resources, qui travaille dans la région depuis 2007, s'inquiète dans un récent rapport d'une possible "poussée de violence" avant la présidentielle de part et d'autre de la frontière libéro-ivoirienne, alors l'ONU se prépare à retirer ses troupes des deux pays.
L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), déployée en 2004, est en train de réduire ses effectifs. L'ONU envisage de revoir son mandat et "d'y mettre éventuellement fin après l'élection présidentielle d'octobre 2015, en fonction des conditions de sécurité sur le terrain".
Fin de mandat en vue également - probablement en 2016 - pour la Mission de l'ONU au Liberia (Minul), créée en 2003, au sortir de la guerre civile.
Des enquêteurs de l'ONU affirment que des rebelles ivoiriens et libériens ont cité de hauts dignitaires de l'ancien régime Gbagbo comme politiquement ou financièrement impliqués dans leurs activités paramilitaires.
Des mises en cause balayées par Pascal Affi N'Guessan, chef du Front populaire ivoirien (FPI), créé par l'ex-président Gbagbo. "Ça m'étonnerait que des cadres du FPI, qui avaient eux-mêmes des problèmes de subsistance, aient pu financer des attaques.
Ces commentaires sont insultants, contraires à la philosophie du FPI", déclare-t-il à l'AFP à Abidjan. Un haut responsable provincial libérien, Peter Solo, reconnaît que la frontière est "entièrement poreuse" mais dément que les attaques en Côte d'Ivoire soient préparées ou lancées depuis sa région.
Il n'y a eu "aucune menace directe à partir du Liberia", a-t-il assuré à l'AFP. Selon un responsable frontalier toutefois, la région restera un foyer de tension tant que les anciens miliciens pro-Gbagbo n'auront pas l'assurance de pouvoir rentrer chez eux sans crainte.