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5 mai 2025
International
LES MILLE ET UNE FACETTES D'ALPHA CONDE
Curieux destin que celui de cet octogénaire, opposant historique devenu le premier président démocratiquement élu de son pays et qui, à la faveur d'une nouvelle Constitution, tente de s'accrocher au pouvoir
Condamné à mort sous le régime du président-dictateur Ahmed Sékou Touré, Condé avait ensuite été emprisonné durant plus de deux ans sous le règne du général Lansana Conté. Ironie de l'histoire : c'est justement devant le magistrat qui l'avait fait condamner en 2000 à cinq ans de réclusion criminelle « pour atteinte à la sûreté de l'État », le président de la Cour suprême Mamadou Sylla, qu'Alpha Condé avait prêté serment, au Palais du peuple à Conakry, cette année-là. Sa victoire et cette fierté retrouvée des Guinéens, le « professeur Condé », comme il aime à se faire appeler, la doit largement à l'attitude historique de son principal rival, Cellou Dalein Diallo, qui avait très vite reconnu sa défaite. « L'attachement à la paix et à la Guinée une et indivisible nous commande d'étouffer notre frustration et nos souffrances pour rester calmes et sereins et d'éviter toute forme de violence. La victoire et la défaite sont constitutives de la vie, comme nous l'enseigne la religion », avait déclaré Diallo. « Contenons notre amertume électorale par la légitime fierté de représenter, malgré les fraudes et les répressions, près de la moitié des suffrages validés », avait-il conclu.
Si Alpha Condé était alors auréolé de son image d'opposant acquise après des décennies de lutte, il est accusé 10 ans plus tard d'avoir plongé son pays dans la crise pour rester au pouvoir en faisant adopter une nouvelle Constitution. Quelles sont aujourd'hui ses priorités et les grandes lignes de son programme s'il était reconduit au palais de Sékhoutouréya ?
Alpha Condé hyperprésident
À 82 ans, cet homme encore svelte, qui boite légèrement, se présente comme un modernisateur, opposé à l'excision et aux mariages forcés. Il avait d'ailleurs choisi, début septembre, de s'adresser aux femmes de son parti pour officialiser sa candidature. « Moi, je suis le candidat des femmes et des jeunes », a-t-il assuré. « Je me suis battu pendant quarante-cinq ans, j'étais opposant, mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. C'est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur antidémocrate ! » a-t-il lancé, agacé, récemment sur France 24 et RFI.
Il vante aussi son bilan : réalisation de barrages hydroélectriques, révision des contrats miniers et mise au pas de l'armée, alors que le pays a traversé la pire épidémie d'Ebola de l'Histoire (décembre 2013-2016). Mais, malgré la richesse de son sous-sol, plus de la moitié de la population de Guinée vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d'un euro par jour, selon l'ONU.
Human Rights Watch dénonce pour sa part les conséquences désastreuses sur l'environnement et les populations de la « croissance fulgurante » de l'exploitation de la bauxite, principal minerai permettant la production d'aluminium, dont le pays détient les plus importantes réserves mondiales.
NICOLAS SARKOZY MIS EN EXAMEN POUR ASSOCIATION DE MALFAITEURS
En sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne de l'ex-président français avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "association de malfaiteurs" dans l'affaire des soupçons de financement libyen, a annoncé vendredi le Parquet national financier.
L'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy a été mis en examen, lundi 12 octobre, à l'issue de quatre jours d'audition, pour "association de malfaiteurs" dans l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007, a confirmé, vendredi 16 octobre, le Parquet national financier à l'AFP, confirmant une information de Mediapart.
Cette nouvelle poursuite judiciaire, révélée par le site d'information en ligne, est la quatrième dans ce dossier pour l'ancien président de la République, qui s'était dit victime d'un "complot" après les mises en examen prononcées en mars 2018 pour "corruption passive", "recel de détournement de fonds publics" et "financement illégal de campagne".
Réagissant sur Facebook et Twitter, Nicolas Sarkozy a estimé son "innocence bafouée".
"La procédure suit son cours"
"Chacun voit bien qu'il s'agit d'une décision sans précédent en cohérence avec les investigation réalisées. La procédure suit son cours", a pour sa part réagi Me Vincent Brengarth, l'avocat de l'association anticorruption Sherpa qui est partie civile dans ce dossier.
Le 31 janvier, les magistrats avaient mis en examen pour "association de malfaiteurs" l'un des anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, soupçonné d'avoir touché des fonds provenant du régime libyen de Kadhafi qui auraient pu alimenter la campagne de l'ancien chef de l'État.
Après ses mises en examen en mars 2018, Nicolas Sarkozy avait également été placé sous contrôle judiciaire.
Lors de sa dernière audition, en juin 2019, il avait dénoncé un "complot" puis refusé de répondre aux questions des magistrats instructeurs, le temps de l'examen de recours visant à faire annuler l'enquête.
"Jamais un président français n'avait été mis en examen pour association de malfaiteur"
Mais un arrêt de la cour d'appel de Paris du 24 septembre a permis de relancer celle-ci. La chambre de l'instruction, chargée d'étudier les recours contre les actes d'instruction, avait été saisie par l'ex-chef de l'État et ses anciens ministres Claude Guéant, Éric Woerth et Brice Hortefeux, ainsi que l'homme d'affaires Alexandre Djouhri sur toute une série de nullités. Nicolas Sarkozy invoquait notamment son immunité présidentielle, reprochait aux juges d'être sortis du périmètre autorisé de l'enquête ou avançait que le détournement de fonds publics d'un pays étranger, qui lui est reproché, est un délit qui n'existe pas dans la loi française.
La cour d'appel de Paris a rejeté l'essentiel de ces recours, et a ainsi presque entièrement validé les investigations lancées il y a huit ans dans cette affaire aux multiples ramifications.
Nicolas Sarkozy s'est pourvu en cassation contre cette décision, tout comme Éric Woerth, Claude Guéant et Alexandre Djouhri, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Deux procès à venir
L'enquête avait été ouverte après la publication par Mediapart en 2012, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, d'un document censé prouver que la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.
Témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations d'un intermédiaire... En sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne de l'ex-président français avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.
Toutefois, aucune preuve matérielle indiscutable n'a pour l'heure été trouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à neuf mises en examen à ce jour.
En novembre 2016, l'homme d'affaires Ziad Takieddine – un des mis en examen dans cette affaire et en fuite depuis sa condamnation en juin dans le volet financier de l'affaire Karachi – avait affirmé avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
Outre ce dossier, dans lequel les investigations sont encore en cours, l'ex-chef de l'État doit être jugé du 23 novembre au 10 décembre pour "corruption" dans l'affaire dite des "écoutes" : il est soupçonné d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret dans une procédure judiciaire.
Nicolas Sarkozy doit également être jugé du 17 mars au 15 avril 2021 pour le financement illégal de son autre campagne présidentielle, celle de 2012, dans le cadre de l'affaire Bygmalion : il lui est reproché le dépassement du plafond de dépenses de campagne.
RECRUDESCENCE DE L'ÉMIGRATION CLANDESTINE
Après les pirogues, des milliers de jeunes Sénégalais ont choisi le désert. Au cours des dernières semaines, 35 personnes ont été interceptées à Saint-Louis, 73 à Fatick, 14 autres qui se préparaient pour l’Espagne à partir de Rufisque ont été stoppées
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 15/10/2020
Même après plusieurs milliers de morts, l’émigration irrégulière attire encore des candidats, notamment au Sénégal. Après une accalmie trompeuse, le phénomène reprend sa marche macabre irrésistible sous l’œil impuissant des pouvoirs publics réduits à procéder à des interceptions en mer, au détriment de politiques d’emploi efficaces et inclusives.
Dans la nuit du 6 au 7 octobre dernier, un patrouilleur de la marine sénégalaise a intercepté un contingent de 183 personnes, «dont des femmes et des mineurs», entassées dans deux pirogues de fortune en partance pour l’Espagne. L’opération, coorganisée avec une vedette de la «Guardia Civil» espagnole appartenant au dispositif européen de lutte contre l’émigration clandestine Frontex, s’est déroulée au large de Mbour à environ 70 km de Dakar.
Ces migrants, qui seraient sénégalais et gambiens, ont été regroupés dans une base navale dakaroise afin de «déterminer avec précision leur identité, leurs commanditaires, leur nationalité et leurs lieux exacts de départ», selon une note de la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa).
La recrudescence de l’émigration irrégulière à partir du Sénégal a atteint des proportions inquiétantes, constate l’Association des journalistes en migration et sécurité (AJMS) dans un document rendu public le 10 octobre.
Au cours des trois dernières semaines, outre la «rafle» de la marine nationale à Mbour, 35 personnes ont été interceptées à Saint-Louis dans le nord du pays, 73 candidats à l’aventure ont été cueillis par la gendarmerie à Fatick dans le centre, tandis que 14 autres –qui se préparaient à embarquer pour l’Espagne à partir de Rufisque, à une trentaine de kilomètres de la capitale– ont été stoppés.
«La persistance de l’émigration irrégulière traduit l’échec de la politique de jeunesse mise en place par l’État à travers les structures dédiées comme l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes, la Direction générale des Sénégalais de l’extérieur, l’Agence nationale de la maison des outils, etc.», tranche Daouda Gbaya, président de l’AJMS.
Les «prises» effectuées par la marine et la gendarmerie sénégalaises dans les multiples zones d’embarquement du pays sont certes notables. Mais les flux de migrants qui parviennent à leurs fins en touchant le sol espagnol sont beaucoup plus significatifs.
Selon la BBC, qui cite la Croix-Rouge, «plus de 1.000 migrants venus du Sénégal et de la Gambie sont arrivés dans les Îles Canaries espagnoles en 48 heures. Des chiffres jamais enregistrés ici depuis plus d’une décennie».
Plus de 1.000 migrants du Sénégal et de la Gambie sont arrivés aux Îles Canaries espagnoles au cours des 48 dernières heures, selon la Croix-Rouge. Ce sont des chiffres qui n’ont pas été enregistrés depuis plus d’une décennie.»
CORONAVIRUS - RÉINFECTIONS, UNE POIGNÉE DE CAS, UNE MULTITUDE DE QUESTIONS
C'est maintenant une certitude: on peut attraper deux fois le Covid-19, et même être plus malade la deuxième fois. Ces cas de réinfection sont encore très rares mais posent de nombreuses questions sur l'immunité et la suite de la pandémie
C'est maintenant une certitude: on peut attraper deux fois le Covid-19, et même être plus malade la deuxième fois. Ces cas de réinfection sont encore très rares mais posent de nombreuses questions sur l'immunité et la suite de la pandémie.
- Combien de cas ?
Selon la revue médicale The Lancet Infectious Diseases, cinq cas ont été confirmés dans le monde jusqu'à présent: à Hong-Kong (c'était le premier, annoncé le 24 août), en Belgique, aux Pays-Bas, en Equateur et dans l'état américain du Nevada (c'est l'objet d'une étude publiée mardi).
D'autres cas ont été décrits en Corée du Sud ou en Israël, ce qui donne au maximum moins d'une vingtaine de réinfections scientifiquement prouvées. Soit une goutte d'eau dans l'océan des cas positifs (37,5 millions diagnostiqués dans le monde depuis le début de la pandémie).
"Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas davantage", prévient l'auteur principal de l'étude sur le Nevada, le Pr Mark Pandori.
D'une part, de nombreuses personnes infectées par le Covid-19 n'ont pas de symptômes, ce qui les rend difficiles à repérer. La deuxième infection du patient de Hong-Kong avait d'ailleurs été découverte par hasard, grâce à un test de dépistage à l'aéroport alors qu'il revenait d'Europe.
D'autre part, pour être sûr qu'il s'agit d'une réinfection, il faut faire une analyse génétique des prélèvements réalisés à chacune des deux infections pour vérifier qu'on est bien en présence de deux souches différentes de virus. Ce qui est lourd à mettre en oeuvre à grande échelle.
- Quelles conséquences pour les patients ?
Cela dépend des cas. Chez les patients du Nevada et de l'Equateur, la deuxième infection était plus grave que la première, alors que cela n'était pas le cas pour les trois autres.
Pour les scientifiques, le fait que le patient de Hong-Kong n'ait pas développé de symptôme la deuxième fois est une bonne nouvelle: c'est le signe que son système immunitaire a appris à se défendre après la première infection.
A l'inverse, le patient du Nevada a dû être hospitalisé aux urgences et recevoir de l'oxygène lors de sa deuxième infection, alors qu'il avait eu des symptômes plus légers la première fois.
"C'est inquiétant", juge la Pr Akiko Iwasaki, spécialiste de l'immunité à l'université de Yale (Etats-Unis), dans un commentaire publié par The Lancet Infectious Diseases.
Les auteurs de l'étude sur le patient américain ont dressé des hypothèses pour expliquer pourquoi sa deuxième infection était plus grave. Cela pourrait venir du fait qu'il "ait été exposé à une dose de virus ("inoculum") très importante la deuxième fois, qui aurait provoqué une réaction plus aiguë".
Autres hypothèses: une version du virus plus virulente, ou encore le fait que la seconde infection ait été facilitée par la présence d'anticorps due à la première (cela peut être le cas dans d'autres maladies, comme la dengue).
Enfin, des chercheurs néerlandais ont récemment décrit le cas d'une femme de 89 ans décédée après une réinfection. Mais elle souffrait par ailleurs d'un cancer rare et ses défenses immunitaires étaient très basses.
- Quelles conséquences sur la pandémie ?
Les réinfections relancent la lancinante question que le monde se pose depuis le début de la pandémie et qui n'a pas encore de réponse définitive: quels sont le niveau et la durée de l'immunité contre le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable du Covid-19?
Les réinfections recensées ont eu lieu dans un laps de temps relativement court, quatre mois et demi entre la première et la seconde infection pour le patient de Hong-Kong et même 48 jours pour celui du Nevada.
"Les exemples d'autres coronavirus, responsables de banals rhumes mais aussi du Sras et du Mers (épidémies qui ont éclaté en 2002 puis 2012, ndlr), montrent qu'il n'y a pas d'immunité à vie", a récemment souligné une experte de l'OMS, Maria van Kerkhove.
"Les gens qui ont été testés positifs au SARS-CoV-2 devraient continuer de prendre des précautions, dont la distanciation physique, le port du masque et le lavage des mains", puisqu'une réinfection est possible, conseille le Pr Pandori.
Des précautions dont ne s'embarrasse pas Donald Trump. "Je l'ai eu. Maintenant, ils disent que je suis immunisé. Je me sens si puissant!", a lancé le président américain lundi lors d'un meeting en Floride.
Par ailleurs, les scientifiques cherchent à comprendre pourquoi certaines personnes peuvent être réinfectées.
"Ces cas sont très étudiés pour savoir s'ils n'ont pas un petit facteur différent qui pourrait justifier" leur réinfection, dit à l'AFP Frédéric Altare, spécialiste d'immunologie à l'institut de recherche français Inserm.
Mais quelle que soit leur cause, "les réinfections nous montrent que nous ne pouvons pas nous appuyer sur l'immunité acquise par l'infection naturelle pour atteindre une immunité de groupe", écrit la Pr Iwasaki, selon qui "cette stratégie est non seulement mortelle pour de nombreuses personnes mais aussi inefficace".
- Quelles conséquences pour un futur vaccin ?
"Le fait que des réinfections soient possibles pourrait vouloir dire qu'un vaccin ne serait pas totalement protecteur. Mais dans la mesure où le nombre de cas est minuscule, cela ne doit pas nous dissuader d'en développer", avance prudemment le Pr Brendan Wren (London School of Hygiene & Tropical Medicine), cité par l'organisme britannique Science Media Centre (SMC).
"Malgré toutes ces inconnues, la vaccination reste notre meilleur moyen de protection (contre le Covid-19), même s'il s'avère que les vaccins ne procurent pas une immunité à vie et que des rappels sont nécessaires", souligne pour sa part l'Alliance pour les vaccins (Gavi) sur son site internet.
"Le problème avec les anticorps contre les coronavirus, c'est qu'ils déclinent vite et qu'on peut être réinfecté", déclare à l'AFP Lia van der Hoek, spécialiste de cette famille de virus à l'Université d'Amsterdam.
"Il se pourrait donc qu'on ait besoin de répéter la vaccination tout le temps", poursuit-elle, en se risquant à une prédiction: ce coronavirus "restera avec nous jusqu'à la fin de l'humanité".
LA LIBÉRATION DES OTAGES AU MALI A ÉTÉ PAYÉE CHER, SELON LE PRÉSIDENT BURKINABÈ
La libération la semaine dernière de plusieurs otages étrangers et du chef de l'opposition au Mali, en contrepartie de l'élargissement de quelque 200 prisonniers jihadistes, a été "payée cher", estime Roch Marc Christian Kaboré
La libération la semaine dernière de plusieurs otages étrangers et du chef de l'opposition au Mali, en contrepartie de l'élargissement de quelque 200 prisonniers jihadistes, a été "payée cher", estime le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré dans une interview à France 24 et RFI diffusée jeudi.
"La contrepartie a été payée chère", déclare, tout en saluant la libération des otages, M. Kaboré, qui affirme n'avoir "pas du tout" été au courant des tractations, notamment de la libération du cerveau présumé de l'attaque jihadiste de 2016 à Ouagadougou. "On a suivi les évènements comme tout le monde (...) c'est le Mali qui a décidé de pouvoir gérer cette situation", "c'est une négociation entre l'Etat malien et le camp des preneurs d'otage", selon le président burkinabè.
Il a par ailleurs estimé que les forces de défense et de sécurité étaient en train de gagner le combat contre les groupes jihadistes au Burkina Faso, et que l'armée française n'intervenait que pour des "opérations à caractère ponctuel". M. Kabore a dans le même temps reconnu qu'une vingtaine de personnes ont été tuées dans une nouvelle série d'attaques jihadistes dans le nord du Burkina mercredi.
Interrrogé sur les exactions contre des civils burkinabè attribuées aux forces de l'ordre ou à des milices de volontaires aidant l'armée, il a notamment démenti les accusations de Human Rights Watch sur le massacre de 180 civils à Djibo, et justifié l'emploi de supplétifs."L'armée ne peut pas être déployée sur 8.000 villages en même temps", a-t-il estimé.Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre d'attaques jihadistes régulières depuis 2015.
Des centaines de personnes ont été tuées cette année dans des dizaines d'attaques visant des civils.Les violences jihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires, avaient fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l'ONU.
Faute de « journées d’intégration » que les associations d’étudiants africains avaient l’habitude d’organiser, à chaque rentrée, les étudiants africains en France vivent des déconvenues. Des mésaventures dues aux cours en distanciel, la solitude et le stress de l’adaptation, rapporte le journal Lemonde. En raison des restrictions liées à la Covid-19, les nouveaux n’ont pas de cadre pour bénéficier d’un partage d’expériences et conseils de la part des anciens.
Parmi eux, Rokia, une Malienne qui ne vit pas l’entrée rêvée ; elle qui a débarqué mi-septembre de Bamako pour suivre les cours d’administration économique et sociale à l’université de Toulouse. Quand elle ne pleure pas, Rokia s’échine à manipuler les sites de cours en ligne. « Je fais tout avec : les recherches, les cours, tout ! A cause de la crise sanitaire, on vient de mettre tous nos cours en distanciel jusqu’à novembre. C’est triste, car tu viens d’un autre pays, tu as envie de découvrir la France, de te faire des camarades mais ce n’est pas possible », explique-t-elle.
Mame Birame Sène, étudiant sénégalais à l’Institut national des sciences appliquées (INSA), un établissement rattaché à l’université polytechnique des Hauts-de-France, à Valenciennes, ressent le même spleen. « Il n’y a pas d’autre compatriote dans ma promo. Je ne connais personne, se désole-t-il. Je m’attendais à savourer la vie du campus. Mais la distanciation physique imposée en cours nous empêche de créer des liens d’amitié. C’est chacun pour soi et Dieu pour tous, regrette-t-il avant d’ajouter que « le Covid a aussi empêché les Sénégalais de se rencontrer en début d’année. Alors je ne peux demander à personne de me faire visiter la ville. Je reste à la maison et je suis mes cours ».
« Nous qui sommes ici depuis plusieurs années, nous savons comment fonctionne le système universitaire, ce qui n’est pas évident à appréhender pour les nouveaux cantonnés à la maison, constate Bréhima Sidibé, le président de l’Association des étudiants maliens d’Ile-de-France (AEMIF). C’est une vraie difficulté pour eux, ajoute-t-il, alors qu’ils sont déjà confrontés à des problèmes de solitude et d’adaptabilité. »
En attendant de trouver une solution pour organiser une cette journée d’accueil alternative, l’association a élaboré un guide téléchargeable sur son site.
En plus les responsables associatifs craignent qu’à cette détresse morale s’ajoutent des problèmes financiers. « Normalement, à cette époque de l’année, on distribue des habits pour l’hiver aux nouveaux. Eh bien on n’a pas pu le faire, pas plus que la mise à disposition de matériel pour étudier à domicile, à ceux qui n’en disposaient pas », regrette Souleymane Gueye, le vice-président de la Fédération des étudiants et stagiaires sénégalais de France (Fessef).
« Cet isolement est un vrai sujet qu’il faut traiter cas par cas », ajoute Mohamed Amara, qui lui, essaie de monter « des dispositifs de tutorats pour accompagner les étudiants étrangers ». L’attente a été longue pour Birame Sène. Qui a bien cru qu’il n’arriverait jamais à Valenciennes (Nord), et qu’il passerait en définitive une année de plus à Parcelles Assainies, son quartier de Dakar.
À cause de la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus et des fermetures de frontières, il a beaucoup craint que son rêve absolu de venir étudier en Europe, reste un mirage. Comme lui, des milliers d’étudiants africains ont en fait rejoint leur chambre de résidence universitaire, faute d’investir les amphithéâtres ou les écoles de l’Hexagone. « Pour nous, c’est administrativement une rentrée normale, estime même Souleymane Gueye. Nous n’avons pas eu de remontée de problèmes particuliers depuis début septembre. Tout se déroule comme les autres années alors qu’on craignait de vrais blocages. »
Malgré les craintes, l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, l’arrivée des étudiants africains en France devrait être « quasi stable » par rapport à 2019 et ce malgré la crise sanitaire (soit quelque 160 000 personnes en 2019). Car, comparée à l’Asie (et notamment l’Inde) ou à l’Amérique latine, l’Afrique s’en sort beaucoup mieux, selon les premières tendances de Campus France. Ils ont pu venir en France même s’ils provenaient de pays en zone rouge, à condition de respecter les protocoles sanitaires en vigueur [quatorzaine ou test PCR]. « On a fait un effort pour montrer aux étudiants qu’on voulait qu’ils viennent. Nous sommes l’un des rares pays à l’avoir fait au monde », se félicite Campus France.
UNE NOUVELLE MESURE A L'AIBD
Dans une circulaire datée du 13 octobre, le ministre du Transport aérien Alioune Sarr a décidé d’imposer une nouvelle mesure sur les tests pour limiter les cas importés à partir de l’Aibd.
A partir du 1er novembre, les règles d’entrée à l’Aéroport international Blaise Diagne vont changer pour les passagers à destination du Sénégal. Dans une circulaire datée du 13 octobre, le ministre du Transport aérien Alioune Sarr a décidé d’imposer une nouvelle mesure sur les tests pour limiter les cas importés à partir de l’Aibd.
« (…) Un test RT-PCR Covid-19 négatif datant de moins de sept jours à compter de la date de rendu des résultats délivrés par un laboratoire situé dans l’Etat où le passager a commencé le voyage et figurant sur la liste des laboratoires agréés par cet Etat ou par un organisme sanitaire international reconnu par les Autorités sanitaires compétentes du pays d’origine ou de départ, est requis pour tout passager embarquant pour un aéroport du Sénégal », avertit l’autorité.
En termes simples, les passagers ont l’obligation de présenter un test négatif datant de moins de 7 jours et délivré par une structure de santé reconnue par l’Etat du Sénégal ou le pays de départ ou d’origine du passager. Les compagnies aériennes et les agences de voyage, précise la note, ont l’obligation d’informer les clients au moment de l’achat du billet d’avion.
Dans tous les cas, les avions qui transporteront des passagers non conformes à cette nouvelle réglementation le feront à leurs dépens. En effet, l’Etat qui avait décidé de faire payer le test à l’arrivée aux compagnies aériennes qui débarquent des passagers avec de faux négatifs semble changer de stratégie pour appliquer une mesure plus contraignante.
«Sans préjudice des sanctions prévues par les lois et règlements en vigueur, toute compagnie aérienne qui embarque un passager à destination d'un aéroport du Sénégal qui ne respecte pas les dispositions précitées aura l'obligation d'assurer le rapatriement du passager à son aéroport d'origine ou à tout autre aéroport prévu par les procédures de la compagnie aérienne ou convenu avec le passager ».
En d’autres termes, le Sénégal n’accueillera plus sur son sol un passager qui n’a pas un test négatif dûment établi et datant de moins de 7 jours.
A signaler que depuis un certains temps, les cas importés de Covid-19 se multiplient, alors que le Sénégal est sur une pente descendante. Avec la fermeture des frontières terrestres et maritimes, l’Aibd reste la seule porte d’entrée au Sénégal.
Hier, en conseil des ministres, le président Macky Sall a demandé au gouvernement d’avoir une attention particulière à ce point. « A cet effet, il a notamment demandé aux Ministres en charge de la Santé, de l’Intérieur, des Forces armées et des Transports aériens, de veiller, particulièrement, au niveau de nos frontières, à la maîtrise des cas importés qui se sont multipliés au cours de ces dernières semaines », rapporte le communiqué du conseil des ministres.
Cette série de mesures à donc pour but de barrer le ciel aux cas importés.
LES MUSÉES OCCIDENTAUX SONT ENTRÉS DANS L'ÂGE DE L'INTRANQUILITÉ
Pour l’économiste Felwine Sarr, le projet de loi relatif à la restitution par la France de biens culturels au Bénin et au Sénégal « correspond au sens de l’histoire, mais le travail n’est pas fini »
Le Monde Afrique |
Laurence Caramel |
Publication 14/10/2020
Trois ans après l’engagement pris par Emmanuel Macron à Ouagadougou, le projet de loi relatif à la restitution de biens culturels au Bénin et au Sénégal a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale, mercredi 7 octobre. Pour l’économiste Felwine Sarr, auteur avec l’historienne Bénédicte Savoy du rapport commandé par le chef de l’Etat sur « la restitution du patrimoine culturel africain », il s’agit d’une « loi a minima, loin d’être à la hauteur des enjeux ». Leur travail a permis de recenser la présence de plus de 90 000 objets provenant d’Afrique subsaharienne dans les collections publiques françaises. Quelque 46 000 d’entre eux, arrivés pendant la période coloniale et issus de butins de guerre, de pillages, d’expéditions scientifiques ou d’acquisitions diverses, se trouvent au musée du Quai-Branly, à Paris.
Sans dénier au vote des députés les mérites d’« un premier pas », l’universitaire sénégalais, qui enseigne depuis la rentrée à l’université Duke (Etats-Unis), voit dans ce compromis un gage donné à la partie conservatrice de la société française, peu encline à regarder le passé colonial en face. Ce mouvement, engagé aussi dans d’autres pays d’Europe, lui apparaît cependant inéluctable. L’irruption de militants réclamant lors d’interventions spectaculaires le retour des objets dans leur pays natal marque le début d’un « âge de l’intranquillité » pour les musées, explique-t-il au Monde Afrique.
Emmanuel Macron avait déclaré à Ouagadougou, en 2017 : « Je veux que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. » Les députés viennent de voter la restitution de plusieurs objets au Bénin et au Sénégal. La France est-elle sur la bonne voie ?
Je ne suis pas un nihiliste, je ne considère pas que rien ne s’est passé : il y a quand même un début de restitution à deux pays. Mais il faut aller largement plus loin, car le geste qui a été fait n’est pas à la hauteur des enjeux. Cette loi a minima maintient le caractère dérogatoire des restitutions alors que nous préconisions, avec Bénédicte Savoy, d’aller vers une loi-cadre à la portée plus générale. Nous continuons de penser qu’il est possible d’aménager le droit français tout en respectant le principe d’inaliénabilité qui protège les collections du patrimoine.
L’option du cas par cas, du compte-gouttes, a été retenue. Il va falloir voter une loi à chaque fois qu’un objet devra être restitué, reprendre le débat comme s’il n’avait jamais eu lieu. L’argument de l’incertitude de la provenance des objets est souvent mis en avant pour justifier cette extrême prudence. Or en ce qui concerne la France, ce travail est déjà très avancé. Il a été largement mené pour les besoins de la création du musée du Quai-Branly. Nous avons refait et enrichi cet inventaire. L’information est disponible pour avancer. Je vois donc dans ce manque d’ambition un signal destiné à rassurer la partie conservatrice de la société française qui a agité le spectre du vidage des musées.
Quelle est-elle ?
Je pense à certains conservateurs de musées, à certains marchands d’art qui se sont clairement exprimés contre la restitution. Et à tous ceux qui voient dans cet acte une sorte de repentance. Une partie de la société ne veut pas regarder l’histoire coloniale en face. Or là est bien le sujet : travailler l’impensé de la relation aux autres, se confronter à l’histoire et parvenir à la dépasser, même si cela va à l’encontre du mythe, du récit sur soi, celui des Lumières, de la grandeur… Certains ne veulent pas voir que leur histoire est héritière de la construction d’une altérité négative vis-à-vis des anciennes nations colonisées et qu’il y a là une situation totalement injuste, inéquitable. L’essentiel du patrimoine matériel des pays africains ne peut pas se trouver dans les musées occidentaux et le caractère universaliste de ces établissements ne peut pas être utilisé pour refuser un rééquilibrage et rendre les objets à leurs ayants droit.
POURQUOI LA FRANCE A-T-ELLE DU MAL À REGARDER EN FACE SON HISTOIRE COLONIALE ?
Macron a été le premier président à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité", plus de 60 ans après les guerres d'indépendance. Comment expliquer ces années de silence ? Entretien avec l' historienne Christelle Taraud
"Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte." Dans son Discours sur le colonialisme en 1950, l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire dénonçait puissamment l'idéologie colonialiste européenne et accusait ses "maîtres" d'être incapables de regarder en face et de résoudre le "problème colonial" qu'ils avaient créé. Soixante-dix ans après cet écrit, après la fin des guerres d'indépendance, l'histoire de la colonisation française et les processus de décolonisation restent partiellement connus et étudiés.
Pourtant, les débats autour du passé colonial français se multiplient ces dernières années : appels à reconnaître les massacres et leurs victimes, restitution des œuvres d'art, déboulonnage de statues… Il faudra attendre 2017 pour qu'Emmanuel Macron soit le premier président français à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité" et à lancer, trois ans plus tard, une mission sur la mémoire de la colonisation et la guerre d'Algérie. Lors de son discours sur les "séparatismes", le 2 octobre dernier, il a évoqué les "traumatismes" du passé colonial, que la France n'a "toujours pas "réglés". Assiste-t-on à la fin d'un tabou ? Peut-on "réconcilier" les mémoires ? Franceinfo a interrogé Christelle Taraud, historienne spécialiste de la colonisation et des décolonisations. Elle a notamment publié Idées reçues sur la colonisation (Le Cavalier bleu, 2018).
Franceinfo : Tout d'abord, lorsque l'on parle de colonisation puis des décolonisations, de quelle période parle-t-on ?
Christelle Taraud : La question coloniale en Europe remonte à la période dite des "Grandes explorations" à partir du XVe siècle, lorsque les premiers empires, portugais et espagnol pour l'essentiel, ont commencé à se constituer en Afrique et en Amérique. Mais aujourd'hui, dans le débat public, les personnalités politiques, les chercheurs, se réfèrent assez rarement à ces empires, sauf lorsqu'est évoqué l'histoire de l'esclavage, puisque la traite atlantique est le produit direct de ce partage du monde.
Maintenant, lorsqu'on parle de colonisations européennes, on se réfère surtout aux empires coloniaux qui ont été bâtis à partir du début du XIXe siècle, où l'on assiste à une occupation totale des territoires – ce qui n'était pas le cas dans les phases d'expansion coloniale précédentes – et on évoque presque exclusivement les empires français et anglais, alors qu'il y a aussi eu des empires portugais, néerlandais, belge ou allemand.
Quant à "l'ère des indépendances", elle débute, officiellement, juste après la Seconde Guerre mondiale. Pour la France, elle démarre avec la guerre d'Indochine (1946-1954) et se termine avec la guerre du Cameroun (1955-1961) et la guerre d'Algérie (1954-1962). D'autres territoires, appelés dans le langage impérialiste "des confettis d'empire", ont obtenu leur indépendance bien après. Il faudra attendre 1977 pour Djibouti, et rappelons qu'il y a eu un référendum pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie cette année.
Après la fin des guerres d'indépendance, quelle a été l'attitude des dirigeants français vis-à-vis de ce passé colonial ?
Je pourrais la résumer en une formule lapidaire : glorification de l'œuvre, déni des crimes. La politique de l'Etat a été de mettre en avant les "bienfaits" de la "mission civilisatrice" française, tout en taisant les crimes. Juste après les accords d'Evian en 1962 [qui entérinent l'indépendance de l'Algérie] et jusqu'en 1982, l'Etat fait passer deux décrets et trois lois qui empêcheront toute poursuite concernant les crimes commis durant cette guerre. Ces textes ont imposé une chape de plomb sur tout ce qui a été réalisé par l'armée française en Algérie, mais aussi le rôle et les actions de l'Organisation de l'armée secrète (OAS).
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"Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte." Dans son Discours sur le colonialisme en 1950, l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire dénonçait puissamment l'idéologie colonialiste européenne et accusait ses "maîtres" d'être incapables de regarder en face et de résoudre le "problème colonial" qu'ils avaient créé. Soixante-dix ans après cet écrit, après la fin des guerres d'indépendance, l'histoire de la colonisation française et les processus de décolonisation restent partiellement connus et étudiés.
Pourtant, les débats autour du passé colonial français se multiplient ces dernières années : appels à reconnaître les massacres et leurs victimes, restitution des œuvres d'art, déboulonnage de statues… Il faudra attendre 2017 pour qu'Emmanuel Macron soit le premier président français à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité" et à lancer, trois ans plus tard, une mission sur la mémoire de la colonisation et la guerre d'Algérie. Lors de son discours sur les "séparatismes", le 2 octobre dernier, il a évoqué les "traumatismes" du passé colonial, que la France n'a "toujours pas "réglés". Assiste-t-on à la fin d'un tabou ? Peut-on "réconcilier" les mémoires ? Franceinfo a interrogé Christelle Taraud, historienne spécialiste de la colonisation et des décolonisations. Elle a notamment publié Idées reçues sur la colonisation (Le Cavalier bleu, 2018).
Franceinfo : Tout d'abord, lorsque l'on parle de colonisation puis des décolonisations, de quelle période parle-t-on ?
Christelle Taraud : La question coloniale en Europe remonte à la période dite des "Grandes explorations" à partir du XVe siècle, lorsque les premiers empires, portugais et espagnol pour l'essentiel, ont commencé à se constituer en Afrique et en Amérique. Mais aujourd'hui, dans le débat public, les personnalités politiques, les chercheurs, se réfèrent assez rarement à ces empires, sauf lorsqu'est évoqué l'histoire de l'esclavage, puisque la traite atlantique est le produit direct de ce partage du monde.
Maintenant, lorsqu'on parle de colonisations européennes, on se réfère surtout aux empires coloniaux qui ont été bâtis à partir du début du XIXe siècle, où l'on assiste à une occupation totale des territoires – ce qui n'était pas le cas dans les phases d'expansion coloniale précédentes – et on évoque presque exclusivement les empires français et anglais, alors qu'il y a aussi eu des empires portugais, néerlandais, belge ou allemand.
Quant à "l'ère des indépendances", elle débute, officiellement, juste après la Seconde Guerre mondiale. Pour la France, elle démarre avec la guerre d'Indochine (1946-1954) et se termine avec la guerre du Cameroun (1955-1961) et la guerre d'Algérie (1954-1962). D'autres territoires, appelés dans le langage impérialiste "des confettis d'empire", ont obtenu leur indépendance bien après. Il faudra attendre 1977 pour Djibouti, et rappelons qu'il y a eu un référendum pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie cette année.
Après la fin des guerres d'indépendance, quelle a été l'attitude des dirigeants français vis-à-vis de ce passé colonial ?
Je pourrais la résumer en une formule lapidaire : glorification de l'œuvre, déni des crimes. La politique de l'Etat a été de mettre en avant les "bienfaits" de la "mission civilisatrice" française, tout en taisant les crimes. Juste après les accords d'Evian en 1962 [qui entérinent l'indépendance de l'Algérie] et jusqu'en 1982, l'Etat fait passer deux décrets et trois lois qui empêcheront toute poursuite concernant les crimes commis durant cette guerre. Ces textes ont imposé une chape de plomb sur tout ce qui a été réalisé par l'armée française en Algérie, mais aussi le rôle et les actions de l'Organisation de l'armée secrète (OAS).
L'attitude de l'Etat français concernant la guerre d'Algérie a été celle de la terre brûlée.Christelle Taraudà franceinfo
Le début de la période dite postcoloniale se traduit également par toute une série d'assassinats de leaders indépendantistes. Je pense à Félix Moumié, grande figure de l'indépendance du Cameroun français, assassiné en 1960 à Genève, mais aussi à l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé en plein Paris et probablement tué en région parisienne en 1965. Ou à l'affaire Maurice Audin, qui n'est toujours pas réglée. Sa veuve est morte en 2019 sans savoir où se trouve le corps de son époux et sans avoir pu lui donner une sépulture.
Cette politique plus néocoloniale que postcoloniale a aussi perduré sous d'autres formes, comme ce que l'on a appelé la "Françafrique" : un système d'interdépendances que la France a construit vis-a-vis de ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne dans le but d'y maintenir son pré carré.
Hormis la guerre d'Algérie, l'histoire des guerres et des massacres coloniaux (Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie en 1945, Haïphong au Vietnam en 1946…) est très peu connue, tout comme l'enrôlement de peuples colonisés dans l'armée française. Comment l'expliquer ?
Une nation a toujours plus de mal à parler des guerres ou des massacres qu'elle a commis que des choses bénéfiques qu'elle a apportées. Lors de la libération de Paris, le récit officiel est que la France continentale se libère par elle-même ; on en a exclu, de facto, tous les Français non blancs et/ou non chrétiens.
LE SÉNÉGAL RÉÉLU AU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU
Le Sénégal a été triomphalement réélu, mardi, avec 188 voix, lors du renouvellement des Etats membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, rapporte le quotidien Le Soleil.
Dakar, 14 oct (APS) – Le Sénégal a été triomphalement réélu, mardi, avec 188 voix, lors du renouvellement des Etats membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, rapporte le quotidien Le Soleil.
’’Le Sénégal a été brillamment réélu, hier par l’Assemblée générale de l’ONU comme membre du Conseil des droits de l’homme pour un nouveau mandat de trois ans. C’était dans le cadre de la 75ème session ordinaire de ladite assemblée’’, écrit le journal dans son édition de ce mercredi.
Le Sénégal ’’est arrivé premier du groupe Afrique à l’issue du vote, comme ce fut le cas, il y a quelques années, lors de son élection en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU’’, souligne la publication.
’’Le Sénégal est arrivé en tête, tous groupes de pays confondus (africains, asiatiques, Europe de l’Est, Amérique latine et les Caraïbes et le groupe dit +pays occidentaux et autres+’’, ajoute le journal.