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29 avril 2025
International
ARMES FRANÇAISES EN LIBYE, CE SOUTIEN QUE PARIS NE PEUT PLUS CACHER ?
La France a admis, mercredi, que des missiles découverts dans une base des forces du maréchal Haftar près de Tripoli lui appartenaient, tout en niant les lui avoir fournis
Le Point |
Patrick Forestier |
Publication 12/07/2019
Depuis que le ministère des Armées a été contraint, par choix politique au plus haut niveau, de reconnaître que les missiles trouvés en Libye appartiennent à l'armée française, difficile désormais pour Emmanuel Macron de se poser en médiateur entre le chef du gouvernement Fayez el-Sarraj reconnu par les Nations unies et le maréchal rebelle Khalifa Haftar, qui essaye sans succès de conquérir Tripoli avec son Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée. Alors que la France est déjà accusée de soutenir l'officier rebelle, les dénégations françaises manquent cruellement aujourd'hui de crédibilité. Avec des conséquences diplomatiques et une perte de confiance dans ce dossier où la France était accusée de jouer un double jeu en parlant au Premier ministre de Tripoli tout en soutenant en catimini le maréchal rebelle.
Les relations franco-libyennes plus que jamais tendues
C'est dans leur base avancée de Gharian, à 80 kilomètres de Tripoli, perdue en juin par les miliciens de Haftar, que les forces progouvernementales ont découvert, au milieu d'un arsenal abandonné dans la précipitation, quatre missiles Javelin antichars de fabrication américaine. Des armes identifiées par des journalistes du New York Times grâce à leurs numéros de série. Plusieurs centaines de postes de tir et de missiles de ce type ont été achetées en 2010 aux États-Unis par la France pour équiper ses troupes en Afghanistan. Selon les accords entre les deux pays, la France n'est pas autorisée à rétrocéder à une autre puissance ce matériel. Pis : à une milice dans un pays, la Libye, placé sous embargo concernant l'armement par l'ONU, dont la France est de surcroît membre permanent du Conseil de sécurité. Du coup, si le ministère français des Armées est allé à Canossa, c'est évidemment sur ordre politique, pour tenter de désamorcer une nouvelle polémique impliquant l'action secrète de la France en Libye.
Les missiles Javelin trouvés à Gharian appartiennent effectivement aux armées françaises...
« Ces armes n'étaient pas concernées par les restrictions d'importation en Libye. Elles n'ont pas été transférées à des forces locales. Il n'a jamais été question de vendre, ni de céder, ni de prêter ces munitions à quiconque en Libye », explique le ministère des Armées, qui précise : « Endommagées et hors d'usage, ces munitions étaient temporairement stockées dans un local en vue de leur destruction. » Un démenti complété par une précision : « Ces armes étaient destinées à l'autoprotection d'un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme. » En fait, des commandos du Service de renseignement extérieur qui accompagnent les offensives successives du maréchal Haftar dans sa conquête du pays. Leur mission est officiellement de renseigner Paris sur la situation militaire sur le terrain. Mais pas seulement : leur mission est aussi de travailler sur les cellules djihadistes susceptibles de menacer la France, ses ressortissants et ses intérêts, en particulier en Afrique, mais aussi les groupes armés terroristes (GAT) qui, depuis leurs bases arrière libyennes, s'attaquent aux Français de l'opération Barkhane dans le Mali voisin.
... mais destinées à l'autoprotection d'un détachement français
Pour éliminer ces GAT, moins nombreux aujourd'hui, les agents français s'appuient sur les forces du maréchal Haftar. Des opérations dangereuses. Il y a trois ans, en juillet 2016, trois sous-officiers du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure, la DGSE, sont morts « en service commandé » dans un hélicoptère de l'armée rebelle abattu par des miliciens près de Benghazi. Entre le recueil de renseignements, le rôle de conseillers militaires sur la ligne de front, et la participation à des opérations avec les forces du maréchal Haftar, la mission des commandos d'exception français dans le conflit libyen peut varier suivant la situation opérationnelle du moment. Le dispositif français évolue en fonction des besoins. Les renseignements aériens sont particulièrement appréciés pour déceler l'ennemi dans cet immense pays désertique. Là aussi, l'aide française reste précieuse au maréchal Haftar. À l'automne 2016, un avion affrété par la DGSE s'écrase cependant en décollant de l'aéroport de Malte pour une mission de reconnaissance au-dessus de la Libye. Bilan : deux pilotes et trois agents périssent dans ce qui semble un accident. Les avions de la Direction du renseignement militaire, la DRM, sont aussi présents dans le ciel libyen en décollant d'Égypte, le premier soutien de Khalifa Haftar avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, partenaires stratégiques de la France au nom de la lutte antiterroriste, selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Un combat contre un ennemi commun qui s'accompagne de ventes d'armes, ce trio figurant parmi les premiers acheteurs de matériels militaires français.
La France peut-elle encore cacher son soutien à Haftar
En réalité, le soutien français à Haftar a commencé sous François Hollande avec son ministre à l'époque de la Défense Le Drian, et n'a depuis jamais cessé. Emmanuel Macron semble avoir été convaincu à la même cause, car, au-delà de Haftar, se profile la volonté des meilleurs clients de la France, qui souhaitent un soutien plus large que les contrats d'armement. L'« accompagnement » sur le terrain du maréchal Haftar fait partie de ce fameux partenariat stratégique revendiqué par le ministre français. Un partenariat aux contours assez flous, qui, mise à part la vente de matériels avec des contrats sans un minimum de conditions chiffrées publiques, renferme d'abord un principe où les avantages sécuritaires côté français sont difficiles à évaluer. Une position française figée, qui pourrait ressembler à une fuite en avant depuis l'échec depuis trois mois du vieux, mais bouillant maréchal, devant Tripoli. Il faut en effet maintenant sauver le soldat Haftar, mis en danger depuis la chute de la ville de Gharyan, d'où les officiers du maréchal conduisaient les opérations et acheminaient renforts et matériels. Avec la présence apparemment de commandos français et de missiles antichars hors d'état de fonctionner et qui n'ont pas été détruits, comme le veut l'usage. Capable de percer les meilleurs blindages à 2 000 mètres, le Javelin peut constituer une protection pour des militaires français qui, pris à partie par des chars progouvernementaux, auraient pu se dégager en les détruisant. À moins qu'ils n'aient employé ces missiles au combat en soutien des troupes du maréchal. Ou que ces armes aient été abandonnées dans la précipitation du départ des hommes de Haftar, qui ont fui leur quartier général en quelques minutes, laissant leurs casseroles encore chaudes. Surpris par le changement d'alliance des miliciens de la ville, qu'ils croyaient avec eux, les soldats du maréchal ont décroché, pris au piège. Les agents français qui pourraient avoir été présents n'ont eu, dans cette hypothèse, d'autre choix que de les suivre. Abandonnant des missiles « caducs » et emportant ceux en état de marche.
"PAS DE TABOU SUR LE FCFA"
Emmanuel Macron a assuré jeudi que le sujet de l'avenir du franc CFA pouvait être discuté "de manière apaisée" et "sans totem", alors que lAfrique de l'Ouest ont confirmé leur intention de se doter d'une monnaie commune dès 2020
La rencontre avec 400 représentants des diasporas africaines de France a été organisée à l'occasion de la visite du président du Ghana, Nana Akufo-Addo, dans la capitale française pour donner une autre image des relations entre la France et l'Afrique.
A propos du Franc CFA M. Macron a notamment déclaré : "c'est un sujet qu'on doit pouvoir ouvrir et qu'on a décidé d'ouvrir ensemble avec nos partenaires africains, de manière apaisée, sans culte du symbole, sans tabou ni totem".
"Je suis attaché à ce qu'il y ait un succès pour l'intégration régionale de la Cédéao", a souligné le président français à l'intention de son homologue ghanéen, en visite officielle à Paris.
Le franc CFA "a une utilité", a insisté le président français. "On doit garder la part de stabilité que ça apporte mais on doit permettre à toute la région de s'intégrer pleinement dans un espace monétaire intégré", a-t-il déclaré.
Les quinze membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - dont le Ghana - se sont mis d'accord fin juin pour l'adoption à l'horizon 2020 d'une monnaie unique - l'eco - qui signerait la fin du franc CFA dans cette région.
"Il y a des défis dans ce projet mais je pense que c'est un modèle. Le développement de l'Europe a eu un impact énorme sur le niveau de vie des Européens et l'un des piliers essentiels de ce projet a été la monnaie unique", a observé M. Akufo-Addo.
A l'heure actuelle, huit pays de la Cédéao utilisent le franc CFA, tandis que les sept autres manient autant de devises qui ne sont pas convertibles entre elles.
'un levier pour réussir'
Par ailleurs, les présidents français et ghanéen, Emmanuel Macron et Nana Akufo-Addo, ont vanté le "rôle essentiel" des diasporas africaines devant un parterre de personnalités du monde de la culture, des médias et de l'entreprise.
A cette occasion, le président ghanéen a rappelé que la diaspora était pour lui un priorité de son action politique.
"Notre principale tâche c'est de transformer notre continent", a lancé le président ghanéen. "Il faut qu'on arrête de penser que le père Noël va venir pour développer notre continent. Il n'y a que nous qui pouvons développer le continent, il n'y a pas de père Noël", a-t-il tonné en souhaitant impliquer les diasporas "dans le développement du continent".
"Il y a une chose qu'il vous faut garder à l'esprit: le destin de toutes les personnes noires où qu'elles se trouvent dans le monde est lié à l'Afrique. Une Afrique qui réussit élève le statut de tous les citoyens du monde d'origine africaine et améliore la façon dont vous êtes perçus, dont on vous regarde", a conclu le président ghanéen.
"Cette avant-garde que vous êtes j'en ai besoin pour réussir", a lancé M. Macron à l'assemblée qui comptait des entrepreneurs, des représentants associatifs mais aussi des célébrités telles l'ex-footballeur Lilian Thuram, le rappeur Abd al Malik, l'animatrice Hapsatou Sy, le créateur de mode Youssouf Fofana et le meilleur sommelier de France, le Franco-Congolais Albert Malongo Ngimbi.
"Les diasporas (...) sont un formidable levier parce qu'elles connaissent les codes, elles ont les accès. Elles sont en quelque sorte nos meilleurs ambassadeurs et la meilleure façon sur le plan culturel, sur le plan économique, sur le plan sportif, sur le plan politique, de dire comment la France et l'Europe peuvent mieux travailler avec l'Afrique et développer ces liens nouveaux", a renchéri Emmanuel Macron.
Les deux chefs de l'Etat se sont ensuite prêtés à un échange policé de deux heures mais les questions de la salle étaient surtout adressées au président français. Des questions sur la place des membres des diasporas africaines dans les domaines de l'audiovisuel et de l'entreprise, la question des frais d'inscription des étudiants étrangers en France.
A la rentrée prochaine les étudiants extra-européens devront s'acquitter de 2770 euros en Licence (soit un peu plus de 1,8 million de FCFA) et 3770 euros en Master et Doctorat (près de 2,5 millions de FCFA).
Le président Français Emmanuel Macron a justifié cette mesure.
"Jusqu'à présent on disait les études en France c'est gratuit pour tout le monde. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas gratuit, ça a un coût. Le coût, c'est le contribuable français qui le paye. Donc je considère et j'assume totalement de dire il est normal de faire payer pour les étudiants extra-communautaires un montant qui est modique et qui reste extraordinairement inférieur à beaucoup de nos comparables et de pays qui ont cette même politique d'attractivité", a-t-il affirmé.
Peu de questions concernant le terrorisme ou l'immigration ont été évoquées mais le président Macron a promis qu'il y aurait prochainement un autre échange avec les diasporas africaines de France.
VIDEO
LE CALVAIRE DE MARIAM, 16 ANS ET ESCLAVE SEXUELLE EN LIBYE
Violée et séquestrée dans une maison de Tripoli, la jeune ivoirienne nous parlera pendant plusieurs jours et nous racontera son quotidien, ses viols à répétition, sa grossesse, ses rêves d'Europe
InfoMigrants |
Charlotte Boitiaux Leslie Carretero |
Publication 12/07/2019
Pendant plusieurs semaines, cet hiver, la rédaction d'InfoMigrants a pu parler avec Mariam, une mineure Ivoirienne de 16 ans, vendue à un Libyen. Violée et séquestrée dans une maison de Tripoli, la jeune fille nous parlera pendant plusieurs jours et nous racontera son quotidien, ses viols à répétition, sa grossesse, ses rêves d'Europe... Voici son histoire.
Un témoignage animé à écouter de préférence avec le son.
MACRON OUVRE UNE PREMIÈRE DISCUSSION AVEC LES DIASPORAS AFRICAINES
Pour la première fois, après quatre siècles d’une histoire franco-africaine écrite le plus souvent au profit d’une seule partie, les diasporas africaines étaient reçues à la présidence française pour un échange avec le chef de l’Etat
Le Monde |
Cyril Bensimon |
Publication 11/07/2019
Emmanuel Macron a réitéré sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » dans la relation entre la France et l’Afrique lors de l’échange avec un public de près de 400 personnes.
A écouter les discussions des invités pénétrant la cour d’honneur, observer leurs visages fiers et les tenues parfois trop apprêtées pour l’occasion, il régnait, jeudi 11 juillet, une atmosphère d’aboutissement à l’Elysée, le sentiment qu’un moment longuement attendu était enfin arrivé. Pour la première fois, après quatre siècles d’une histoire franco-africaine écrite le plus souvent au profit d’une seule partie, les diasporas africaines étaient reçues à la présidence française pour un échange avec le chef de l’Etat.
Epaulé par un président du Ghana rendu populaire par ses discours volontaristes – cette fois, Nana Akufo-Addo a prié l’assistance d’oublier une fois pour toute la venue du père Noël pour développer le continent –, Emmanuel Macron a réitéré sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » dans la relation entre la France et l’Afrique. Lors des deux heures d’échange avec un public de près de 400 personnes, dans lequel se retrouvaient une bonne partie des figures noires les plus connues de France, le président a jugé que pour la progression des pays africains, « les diasporas ont un rôle essentiel. Elles connaissent les codes, les accès. Elles sont nos meilleurs ambassadeurs pour dire comment la France, l’Europe et l’Afrique peuvent mieux travailler ensemble ».
La place des diasporas dans la société
Les ressortissants africains installés en France, leurs enfants, les binationaux jouent déjà bien souvent ce rôle de passerelle entre les deux continents. Mais, pour cette première réception à l’Elysée, derrière les propos incitatifs et valorisants des deux présidents, planait en permanence la question de la place laissée à ces diasporas dans la société française. Interpellé à plusieurs reprises sur les problèmes de visibilité et d’opportunités offertes, Emmanuel Macron a expliqué qu’il croyait davantage en la promotion de personnalités modèles qui permettent de « casser les barrières », telle la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, que dans « la discrimination positive ».
En écho, le président ghanéen a eu ces mots à l’endroit de tous les membres de la diaspora : « Le destin de tous les Noirs à travers le monde est lié à l‘Afrique. Si le statut de l’Afrique s’améliore, alors votre statut s’améliorera. »
A l’issue des échanges, Joan Sanga, un jeune entrepreneur originaire du Cameroun, se disait satisfait que « des choses vraies et crues [aient] été dites » et que « la France et l’Afrique [ont] besoin de ce franc-parler pour donner une nouvelle impulsion à leurs relations. »
Eisa, Ornella et Brandy, eux, laissaient poindre une déception. A eux trois, ces étudiants ont à peine l’âge des indépendances africaines et « c’est ce qui se passe en France qui nous intéresse vraiment. Les questions du commerce avec l’Afrique, du franc CFA, de la souveraineté ne nous touchent pas directement. Ce que l’on veut, c’est que l’on trouve des solutions à la discrimination qui nous touche au quotidien ». Acerbe, une observatrice ghanéenne jugeait que toute cette journée était finalement « très french. Beaucoup de mots et peu de solutions ». Emmanuel Macron a promis d’autres rendez-vous.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
ZLECA ET ECO, LE MARCHÉ ET LA MONNAIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment accumuler des richesses quand vous acheter tout en Europe, aux Etats-Unis et en Asie ? Que vous payez avec une monnaie contrôlée par la France ou les USA ou l’Union Européenne ?
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 11/07/2019
Nous autres Africains avons tellement été abusés, pendant si longtemps que nous ne nous attendons plus à rien de bon. Venant du reste du monde comme de nos propres dirigeants. A chaque annonce, nous nous demandons : « que nous préparent-ils encore ? A quelle sauce vont-ils nous manger cette fois ? » Nous en devenons cyniques. C’est pourquoi l’opinion africaine n’apprécie pas à sa juste mesure l’avènement de la Zone de Libre-échange Continentale dite ZLECA ou AFCFTA, selon les acronymes en français et en anglais. De même, l’opinion en Afrique de l’Ouest n’a pas apprécié à sa juste mesure le projet de lancement de la monnaie unique pour tous les pays de la CEDEAO en 2020.
Ces deux initiatives posent pourtant les fondements de toute souveraineté : le marché unique et la monnaie commune. Kwame Nkrumah préconisait à l’époque la « conquête » du « royaume politique » et que « tout le reste sera donné de surcroit ». Il entendait par là que le combat pour l’indépendance politique et pour la souveraineté nationale était primordial. Aujourd’hui on dirait : « le marché et la monnaie d’abord ».
Comment en effet accumuler des richesses quand vous acheter tout en Europe, aux Etats-Unis et en Asie ? Que vous payez avec une monnaie contrôlée par la France ou les USA ou l’Union Européenne ?
La ZLECA ne vise rien moins que de créer la plus grande zone monétaire du monde. Pour 54 pays, 1.2 milliards de personnes, 3000 milliards de dollar de produit intérieur brut (PIB). Il ne s’agit pas bien sûr d’échanger des cacahuètes contre des fèves de café ni d’exporter des véhicules de troisième main « venant de France » du Sénégal vers…l’Ethiopie ou encore de la friperie made in USA de Banjul vers la RDC.
Pas de place pour les « opérateurs économiques» pour importer des produits industriels de Chine ou d’Allemagne au Sénégal ou au Mali par exemple pour les réexporter vers le Nigeria et l’Afrique. Il s’agit de fabriquer véritablement en Afrique des produits et marchandises.Puis de les exporter sur le marché commun, de Dakar à Djibouti. De Tunis au Cap. De créer ainsi en Afrique une richesse qui reste en Afrique.
Des critiques « de gauche » nous disent que la ZLECA est une construction capitaliste qui renforcera la mainmise du « libéralisme globalisé » sur l’Afrique. Peut-être ! Mais est-ce s’opposer au libéralisme, que de laisser l’Afrique se découper en comptoirs spécialisés du commerce international ? Mais c’est seulement un projet qui a été formellement lancé dimanche dernier à Niamey au Niger par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine. Il reste à le réaliser, ce projet. Et il y a du boulot pour les années à venir.
Quant à l’Eco (On aurait pu trouver une appellation plus « roots » non ?), elle nous permettra du coup de dépasser l’ère du CFA et des micros monnaies nationales : Dalassi, Naira, Cedi etc...
Là encore, les spécialistes nous mettent en garde : les différends pays pourront-ils vraiment respecter toujours le même taux de change, contrôler les prix, maintenir la masse monétaire en circulation aux niveaux prescrits ? Inquiétudes fondées de spécialistes avertis sans doute ! Là encore, pour avancer encore faut-il se mettre debout et mettre un pas après l’autre !
L’Eco n’est une recette miracle, il ne suffit de le créer pour que le sous-développement, la mauvaise gouvernance, la stagnation économique et culturelle ainsi que tous les maux qui affectent nos pays disparaissent.
La création de l’Eco à partir de 2020 n’est qu’un premier pas vers la solution de tous ces maux, un pas décisif certes mais pas suffisant.
Déjà un premier obstacle se dresse sur la voie vers la réalisation de la monnaie unique de la CEDEAO, c’est la réticence des présidents francophones, Macky Sall et Alassane Ouattara en tête, à abandonner leur bon vieux FCFA.
Retrouvez désormais chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Sujet particulièrement passionnel, le débat sur le franc CFA entraîne dans son sillage bon nombre de fantasmes et contre-vérités. Mais qu'en est-il réellement à l'heure où l'Afrique de l'Ouest s'apprête à lancer l'éco, sa monnaie commune ?
The conversation.com |
Cheikh Ahmed Bamba Diagne |
Publication 11/07/2019
Le débat sur le franc CFA est régulièrement remis au goût du jour, soit par les hommes politiques soit par les intellectuels du continent. Cette monnaie suscite des débats passionnés, des proclamations politiques aussi simplistes que péremptoires. De quoi s'agit-il, en réalité, lorsqu'on parle du franc CFA ?
Mais la zone n'est pas seulement un système de change, elle est aussi une zone de coopération économique (Uemoa, Cemac). Le système de change des pays africains de la zone franc comportait traditionnellement trois caractères.
Le premier avait trait au régime de convertibilité : entre les pays de la zone franc, le principe était celui d'une totale liberté des changes, tandis qu'à l'égard de l'extérieur la réglementation des changes était identique. Le taux de change entre la France et les pays de la zone franc était fixe ; autrement dit, le taux de change des pays membres de la zone à l'égard du reste du monde était défini par l'intermédiaire du taux de change du franc français. Pour assurer la fixité du change et la convertibilité, les réserves monétaires étaient « mises en commun » ; les pays africains devaient détenir leurs réserves monétaires en francs et la France garantissait la valeur des monnaies africaines par rapport au franc. Cet arrangement se concrétisait par l'existence d'un « compte d'opérations » ouvert par le Trésor français aux trois instituts d'émission africain et malgache, en charge de la politique monétaire, qui y déposaient leurs réserves. Le compte d'opérations peut, en principe, devenir débiteur de façon illimitée. Aujourd'hui, les réserves sont égales à 50 % de leurs avoirs extérieurs nets.
Les avoirs extérieurs nets que les pays de l'Uemoa (Union économique et monétaire d'Afrique de l'Ouest) ont dans le compte d'opérations se montent à 2 709 milliards de FCFA, soit 4,1 milliards d'euros ou encore 4,7 milliards de dollars. Cette somme équivaut au tiers du bénéfice du groupe Total, la troisième plus grande entreprise française, ou à 0,18 % du PIB de la France.
Les amères leçons du Mali et de la Guinée
Il faut apprendre des erreurs des autres : le Mali a eu une douloureuse expérience monétaire qui a duré vingt-deux ans (1962-1984). À sa sortie de la zone CFA en 1962, le Mali avait mené une politique monétaire expansionniste ayant abouti à la dévaluation en 1967 du franc malien, suivie d'un coup d'État une année plus tard.
La Guinée-Conakry, plus grande et plus riche en ressources naturelles que le Sénégal, a depuis 1960 sa propre monnaie. Elle pèse 7 milliards, là où le Sénégal pèse 16 milliards de dollars. Quel est l'effet du franc guinéen sur son développement ? Le débat est ailleurs.
Pourquoi devons-nous snober, dans le court et le moyen terme, la matérialisation de la monnaie unique dans l'espace Cedeao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) ?
L'Uemoa – qui rassemble huit pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) – pèse 58,966 milliards de FCFA, soit 102,2 milliards de dollars (l'équivalent de 22 % du PIB nigérian). La Côte d'Ivoire, qui représente 35,2 % de l'économie de la zone Uemoa, n'a jamais partagé la gouvernance de la Banque centrale. La politique monétaire de la zone répond plus au besoin de la Côte d'Ivoire que le reste des pays membres de l'Uemoa.
Alors qu'en sera-t-il d'une future monnaie de la Cedeao – l'éco – où le Nigeria représente à lui seul 73,1 % et les 14 pays restants 26,9 % ? c'est dire qu'il y a de fortes chances que la satisfaction des besoins du Nigeria devienne la préoccupation majeure de la politique monétaire au sein de la zone éco.
Tirer les leçons de zone euro
Certains pays n'ont pas les mêmes intérêts que le Nigeria. Par exemple, si l'augmentation du baril du pétrole arrange ce dernier, elle dérange d'autres pays non producteurs de pétrole. On voit nettement que ces États n'ont pas les mêmes intérêts. Dès lors, comment peuvent-ils partager la même monnaie ?
L'exemple des difficultés de la zone euro doit nous servir de leçon. La Grèce en crise a déprécié la monnaie européenne et rendu l'économie allemande très compétitive. L'Allemagne étant une économie exportatrice, plus l'euro est faible mieux son économie se porte.
En 2017, l'activiste et président de l'ONG Urgences panafricanistes Kémi Séba avait brûlé un billet de 5 000 FCFA. Son geste provocateur avait relancé le débat sur cette monnaie.
Dans la zone Uemoa, la stabilité monétaire est une réalité : l'inflation a toujours été maîtrisée depuis la dévaluation du franc CFA de 1994, contrairement aux autres pays de la Cedeao (Nigeria, Ghana…) qui connaissent des inflations de plus de 10 %. Cette stabilité monétaire a permis à la zone Uemoa de mettre en place des politiques économiques dans le long terme avec un faible décalage entre les scénarios pessimistes et optimistes.
La zone monétaire la plus stable au monde
Depuis 2011, les pays de la zone Uemoa sont rentrés dans une dynamique de croissance soutenue encore plus intéressante. Pourquoi quitter, alors, une zone stable, qui nous permet d'avoir une croissance économique soutenue qui avoisine les 7 %, au moment où l'Afrique affiche son taux de croissance le plus faible depuis vingt-cinq ans (1,6 %), pour rejoindre une zone chroniquement instable du fait du poids du PIB du Nigeria, qui dépend aux trois quarts du pétrole ? Comme le pétrole est très volatile et l'économie nigériane ne dépend que de cette ressource naturelle, on doit s'attendre à une monnaie très instable pour les pays de la Cedeao.
Bien que la monnaie puisse être considérée comme un instrument de développement, le ciblage d'inflation – politique monétaire qui vise à fixer des objectifs d'inflation sur une période donnée – reste, par expérience, la stratégie de politique monétaire dominante – ce qu'on appelle la « mission hiérarchique ». Seule la Réserve fédérale américaine (FED) a une mission duale, à savoir : stabiliser les prix et chercher la croissance économique.
La zone Uemoa est aujourd'hui la zone monétaire la plus stable au monde. Elle a surtout besoin de mettre en place une économie de transformation des ressources en améliorant le climat des affaires pour créer davantage de valeur ajoutée et lutter, par conséquent, contre le chômage.
Cheikh Ahmed Bamba Diagne est directeur scientifique du Laboratoire de recherche économique et monétaire (Larem), à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
par Raymond Joseph
LES "DEEPFAKES" MENACENT LA CONFIANCE DU PUBLIC DANS LES FAITS
Les nouvelles technologies facilitent la manipulation des vidéos et rend les résultats factices plus convaincants. Mais à quel point devriez-vous vous en préoccuper ?
Africa Check |
Raymond Joseph |
Publication 11/07/2019
Les nouvelles technologies facilitent la manipulation des vidéos et rend les résultats factices plus convaincants et plus susceptibles d’être partagés en ligne.
Mais à quel point les experts sont-ils inquiets et à quel point devriez-vous vous en préoccuper ?
Sur un ton sinistre, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, se vante dans une vidéo en ligne où il souligne que « quiconque contrôle les données contrôle l’avenir ».
Dans une autre vidéo, l’ancien président américain Barack Obama qualifie son successeur, Donald Trump, d’ « incompétent total et parfait »
Les deux vidéos sont fausses. Elles ont été conçues pour mettre en évidence les dangers que représentent de fausses vidéos mettant en scène des personnes bien connues qui disent et font des choses scandaleuses.
Bienvenue dans le monde des deepfakes – une fusion entre « apprentissage approfondi (à l’aide d’algorithmes) » et « faux » – qui utilise l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle pour créer de fausses vidéos.
Du monde du porno au Pentagone
Les deepfakes ont attiré l’attention du public pour la première fois en 2018. Mais, ils ont leur origine – comme pas mal de technologies couramment utilisées, telles que le commerce électronique, la diffusion en direct et les caméras vidéo – dans le monde trouble de la pornographie.
Une recherche basique sur les deepfakes sur Internet ainsi que les noms de célébrités comme Daisy Ridley, Emma Watson, Taylor Swift ou Katy Perry renvoient à de multiples liens vers une grande variété de sites Web sur la pornographie avec des femmes célèbres s’adonnant prétendument à des actes sexuels.
Le deepfake à usage pornographique, a initialement fait son apparition sur Internet en 2017. Depuis lors, la publication d’un logiciel libre a rendu relativement facile pour n’importe qui la falsification de vidéos.
Mais ce n’est pas seulement la vidéo qui peut être modifiée : un outil développé par un groupe de scientifiques peut modifier le dialogue dans une vidéo, simplement en éditant un script.
Le gouvernement des États-Unis est tellement préoccupé par les implications pour la sécurité nationale que le comité du renseignement de la Chambre des représentants a récemment tenu des auditions sur le deepfake, alors que le département de la Défense des États-Unis a intensifié ses efforts pour les combattre.
L’émergence des deepfakes a déclenché une « course aux armements » parmi les chercheurs et les techniciens, pour créer des outils permettant de lutter contre les fausses vidéos.
Les chercheurs en intelligence artificielle dépassés
Mais de nombreux chercheurs de haut niveau en intelligence artificielle se disent dépassés.
Hany Farid, professeur en sciences informatiques à l’Université de Californie à Berkeley, a déclaré au Washington Post que les chercheurs « restent à la traîne, principalement parce que nous sommes si peu nombreux ». « Probablement à hauteur de 100 contre 1 », a-t-il précisé.
Farid dirige des recherches pour développer un outil biométrique qui cartographie les données faciales. Cela inclut les particularités qui sont propres à chaque individu, comme la manière dont il bouge la tête, le corps et les mains tout en parlant. Mais c’est un travail qui prend du temps.
Bien que les deepfakes ne représentent pas encore un problème majeur, Farid a précisé que ce n’est « qu’une question de temps » avant qu’ils ne soient largement déployés en politique.
« Si vous regardez… à quel point ces fausses vidéos sont sophistiquées, convaincantes et fascinantes, ce n’est qu’une question de temps. Si ce n’est pas 2020 [les élections américaines], alors ce sera les élections suivantes ».
Mais il a dit qu’un problème plus important est la question de la confiance. « Que se passe-t-il lorsque nous entrons dans un avenir où nous ne croyons tout simplement pas à ce que nous lisons, entendons ou voyons en ligne ? Comment pouvons-nous avoir une démocratie, comment pouvons-nous nous mettre d’accord sur les faits de base de ce qui se passe dans le monde » ?
D’autres experts appellent à la prudence
L’équipe de Farid n’est que l’une des nombreuses à travers le monde travaillant à créer des outils de lutte contre les deepfakes, même si la technologie utilisée pour les fabriquer continue de s’améliorer.
Claire Wardle, responsable de la recherche chez First Draft News, une organisation visant à relever les défis liés à la confiance et à la vérité à l’ère numérique, a déclaré qu’elle n’était pas encore trop préoccupée par les deepfakes.
« Peut-être que je suis naïve, mais ce n’est pas ce qui m’inquiète du tout », écrit-elle dans un blogpour Niemann Labs.
« Les universitaires et les experts s’accordent sur le fait que nous sommes à environ quatre ans du niveau de sophistication qui pourrait causer de véritables dommages et qu’il existe actuellement une course aux armes pour la production d’outils permettant de détecter efficacement ce type de contenu ».
Ce dont elle a dit être « très inquiète », c’est « la diffusion à dose homéopathique dans la société de mèmes hyper partisans qui entraînent la division ».
« Je suis particulièrement inquiète car la plupart de ces contenus sont partagés dans des espaces fermés ou éphémères, tels que des groupes Facebook ou WhatsApp, SnapChat ou Instagram Stories. Alors que nous passons plus de temps dans ces types d’espaces en ligne, habités par nos amis les plus proches et notre famille, je pense que nous sommes encore plus sensibles à ces messages émotionnels, visuellement démesurés ».
Une escalade de la guerre de l’information
Ben Nimmo, chercheur principal en défense de l’information au Digital Forensic Research Lab à Atlantic Council, s’est fait l’écho de l’opinion de Claire Wardle. Il était à l’avant-garde des initiatives ayant abouti à démasquer l’implication russe dans les élections américaines.
« Pour le moment, nous n’avons pas vu de deepfakes utilisés », a-t-il déclaré dans une récente interview par courrier électronique.
« Le gouvernement russe a utilisé beaucoup d’imitations superficielles, comme des images manipulées, qui ont été démasquées. Les deepfakes seraient une nouvelle escalade de la guerre de l’information. Ce n’est probablement qu’une question de temps ».
Mais les deepfakes représentent néanmoins un risque, car ils pourraient amener les journalistes à commettre des erreurs, a-t-il averti.
« Les journalistes doivent être conscients du problème des deepfakes et toujours rechercher des sources qui corroborent », a-t-il déclaré.
« En fin de compte, cependant, ils devront développer une relation plus étroite avec les plateformes technologiques, qui possèdent la meilleure expertise technique et qui ont tout intérêt à ne pas se laisser submerger par du faux ».
Les journalistes doivent retourner à l’essentiel
Kyle Findlay, qui a joué un rôle clé dans l’identification des robots Twitter qui ont contribué à semer la tension raciale en Afrique du Sud, a déclaré à Africa Check : « Pour l’instant, les deepfakes contiennent des schémas statistiques qui les rendent identifiables par des machines. Avec le temps, ceux-ci pourraient être lissés par les fabricants ».
Il a déclaré que la guerre contre les deepfakes « se transformerait en une course aux armes. Au fur et à mesure que les outils de détection apparaîtront, ils seront contournés ».
« Nous devrons peut-être fournir aux journalistes des outils d’identification automatisée de la provenance des images, tels que les plug-ins que vous utilisez pour la recherche d’images inversées, afin de retracer automatiquement le circuit de partage de tous les médias jusqu’à leurs sources ».
Mais les réponses ne sont finalement pas uniquement techniques, il ne s’agit que de retourner au bon vieux journalisme.
« Traitez tout avec suspicion. Concentrez-vous sur les noms en lesquels vous avez confiance et insistez sur les traces visibles reliant les contenus que vous visualisez à ces sources fiables ».
WILFRID LAURIANO DO REGO, NOUVEAU COORDONNATEUR DU CPA DE MACRON
Le Béninois a été choisi pour succéder à Jules-Armand Aniambossou au poste de coordonnateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique. Cinq nouveaux membres intègrent le CPA, dont le président souhaite qu'il joue un rôle accru auprès des diasporas africaines
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 11/07/2019
Un Béninois succède à un autre à la tête du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA). Selon nos informations, Wilfrid Lauriano do Rego a été choisi par le président français Emmanuel Macron pour remplacer Jules-Armand Aniambossou au poste de coordonnateur du CPA. Le poste était vacant depuis la nomination de « JAA », ami de longue date du chef de l’État, au poste d’ambassadeur de France en Ouganda.
Wilfrid Lauriano do Rego, 59 ans, est consultant et membre du conseil d’administration de KPMG France. Spécialisé dans le domaine des énergies renouvelables, ce diplômé de l’université de Dakar et de l’ESCP a fait carrière dans le conseil en fusion-acquisition, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures. Sa nomination sera officialisée ce jeudi après-midi, à l’occasion de la grande rencontre avec les diasporas africaines organisée à l’Élysée par Emmanuel Macron en présence de son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo.
Se rapprocher des diasporas africaines
Outre ce nouveau coordonnateur, cinq nouveaux membres font leur entrée au CPA. Il s’agit d’Aché Coelo, sociologue et réalisatrice franco-tchadienne de 33 ans, de Mbaye Diallo, professeur des universités sénégalais de 38 ans, de Patrick Fandio, journaliste d’origine camerounaise de 44 ans, de Florelle Manda, journaliste d’origine congolaise et sénégalaise de 39 ans, et de Bourry Ndao, entrepreneuse sénégalaise de 41 ans. Ils remplaceront Elisabeth Gomis et Karim Sy, appelés respectivement à de nouvelles fonctions au sein de la saison culturelle « Africa 2020 » et de l’initiative « Digital Africa ».
Ce remaniement au sein du CPA, dont on assure à l’Élysée qu’il est « naturel » puisque « cette structure a toujours été appelée à évoluer », a pour objectif de servir l’ambition d’Emmanuel Macron de s’appuyer davantage sur les diasporas africaines pour construire une « nouvelle relation » entre la France et les pays africains. « Le CPA a été créé pour concevoir et mettre en œuvre le discours de Ouagadougou en 2017. Cela reste un enjeu central, mais nous souhaitons aussi construire une relation privilégiée avec les diasporas établies en France », explique-t-on à l’Élysée.
Ce CPA reconfiguré est également appelé à jouer un rôle dans la préparation de deux grandes échéances à venir en France en 2020 : le sommet Afrique-France, qui se tiendra en juin à Paris et Bordeaux, et la saison des cultures africaines « Africa 2020 », qui aura lieu de juin à décembre à travers tout le territoire français.
POUR LES ANCIENS SOLDATS AMÉRICAINS, LES GUERRES AU MOYENT-ORIEN "N'EN VALAIENT PAS LE COUP"
Une majorité d’anciens soldats américains estiment que la guerre en Afghanistan, qui dure depuis près de 18 ans, «ne valait pas le coup d’être menée» et 64% tirent les mêmes conclusions sur la guerre en Irak
Une majorité d’anciens soldats américains estiment que la guerre en Afghanistan, qui dure depuis près de 18 ans, «ne valait pas le coup d’être menée» et 64% tirent les mêmes conclusions sur la guerre en Irak, selon un sondage publié mercredi par le Pew Research Center.
«Pour une majorité des anciens soldats (58%) et du grand public (59%) la guerre en Afghanistan n’en valait pas le coup» tandis qu’à peu près 40% pensent l’inverse, estime le think tank américain dans ses conclusions.
Cette étude est publiée tandis qu’Américains et Talibans sont engagés dans des processus de paix inédits pour mettre fin à ce conflit, entamé par Washington après les attentats du 11 septembre 2001.
Concernant la guerre en Irak, qui a commencé en 2003 et a marqué l’opinion publique américaine, 64% des anciens soldats pensent qu’elle «n’en valait pas le coup».
Et 55% d’entre eux ont le même avis sur l’intervention américaine en Syrie contre le groupe Etat islamique.
«Les points de vue ne diffèrent pas selon le grade militaire ou l’expérience», précise le Pew Research Center.
D’après une récente analyse de l’université Brown, 6.951 militaires américains sont morts en opération entre 2001 et 2018.
Beaucoup d’anciens soldats reviennent en souffrant de stress post-traumatique (PTSD).
Plus de 6.000 vétérans de l’armée américaine se sont suicidés chaque année entre 2008 et 2016, selon un rapport du ministère des Anciens combattants publié fin 2018.
par Adama Gaye
ZLEC, UNE FARCE AFRICAINE
Peut-on réussir un projet aussi ambitieux au milieu d’une mer de pauvreté générale ? La Zlecaf est vouée à la faillite - S’imaginer qu’elle puisse être autre chose qu’une coquille vide, c’est être le plus optimiste des Pangloss sur terre
Financial Afrik |
Adama Gaye |
Publication 11/07/2019
C’est une naissance par césarienne qui préfigure une mort lancinante. Malgré les applaudissements, l’histoire risque de ne retenir du dernier sommet de l’union africaine, du 7 au 9 juillet, à Niamey (Niger), que la précocité et la précarité du projet de zone commerciale continentale qui y est devenue opérationnelle.
Solennellement, les chefs d’Etat africains ont donc sorti du bain leur nouveau bébé en l’habillant des couleurs vives d’une Zone de libre échange continental (Zlecaf) sans s’imaginer qu’il a peu de chance de survivre à leur lubie du moment.
Sur le papier, il a fière allure. C’est un projet que nul ne peut brocarder a priori tant est noble son ambition d’augmenter le flux des échanges commerciaux intra-africains, par la réduction des barrières tarifaires et non-tarifaires, afin de donner à l’intégration économique africaine le coup de fouet salvateur. Enfin, devrait-on dire.
S’opposer à tout ce qui participe de la mystique communautaire continentale relève même d’une certaine folie. Elle est ancrée dans le psyché africain. C’est un déterminant primordial dans cette Afrique en quête d’un dépassement de sa balkanisation. Son développement collectif, la stabilité africaine et la prospérité de ses peuples, avancent la plupart des esprits brillants, à la suite des chantres de l’unité panafricaine, tels Cheikh Anta Diop ou Kwame Nkrumah, passent par la matérialisation d’un tel impératif.
Autant dire que les architectes de la Zlecaf ont touché la corde sensible des populations africaines en l’initiant. Tous s’y retrouvent.
Mais un examen plus minutieux suscite un doute profond quant à sa viabilité. On peut d’abord se demander comment atteindre un objectif aussi qualitatif si la plupart des acteurs qui devraient le mettre en œuvre, en particulier les chefs d’état africains, restent attachés à la préservation de leur beffroi etatique. Combien d’entre-eux, une fois asséchée l’encre de la signature apposée sur le traité instituant la structure, sont susceptibles de passer à l’acte? Combien vont faire des abandons de souverainetés pour faciliter la libre circulation des personnes, biens et services? Ou abdiquer une partie de leur fiscalité au service du groupe? Peut-on réussir un projet aussi ambitieux au milieu d’une mer de pauvreté générale, l’intégration régionale n’a jamais pu s’enraciner entre pays pauvres n’ayant que misères et malheurs à se partager ! Et puis qui peut croire à une idée lancée loin des peuples qu’elle concerne au premier chef: faire l’intégration “avec” et non “pour” les peuples fut l’un des leitmotivs les plus marquants dans la promotion de l’intégration quand elle n’était pas encore autant sujette à caution comme maintenant.
Elle ne fait plus rêver, disons-le sans détour. On pourrait même penser qu’elle a fini sa période de grâce et englouti son pain blanc.
En Afrique plus particulièrement…Depuis plus de trente cinq ans de vécu et d’observation au plus haut niveau de la marche du continent, jamais je n’ai été aussi habité par le triste sentiment qu’il est pris en otage par des individus égoïstes, sans vision au delà de la théorie et du verbiage.
Il suffit de relever les cachoteries, l’officialisme et la volonté des décideurs politiques de n’en faire qu’à leur tête. Seules ne sont associées à leurs agapes, presque souterraines, que leurs excroissances médiatiques, financières, voire entrepreneuriales triées sur le volet, selon de louches accointances.
Quand ils présentent les projets d’intégration africaine, ils préfèrent le faire sur des médias occidentaux avec des interlocuteurs bien identifiés, par exemple à France24 ou Rfi. Le président de la commission de l’union africaine (ua), le Tchadien Moussa Faki, est insaisissable, agissant comme au vieux temps de la gouvernance verticale. Les autres dirigeants sont devenus, dans leurs États et ailleurs sur le continent non pas des leaders mais des…dealers. Pis, beaucoup parmi eux sont à la solde de sulfureux affairistes s’ils ne sont simplement au service de puissances étrangères. Ne parlons pas des diverses entités africaines -de la Bad, Africa50, Afreximbank, banques sous régionales, CEA, etc-, qui sont toutes sous la gouverne d’intérêts individuels, privés et sous la coupe des pouvoirs d’Etat. Avoir une posture indépendante mais juste est toxique à leurs yeux: on en devient pestiféré. C’est un recul dramatique sur le front du pluralisme des idées…Ce n’est plus le syndicat que dénonçait naguère l’alors Président Tanzanien, feu Julius Nyerere. L’Afrique est piratée désormais par une caste unie autour d’intérêts particuliers la faisant s’allier avec des forces exogènes similaires, si besoin, à seule fin de maintenir un status quo à leur profit.
S’aligner ou être marginalisé devient l’alternative qui s’offre à l’individu refusant de s’adapter à la nouvelle normalité qui a fini d’étouffer les espoirs, fondés sur les atouts énormes d’un continent que l’on pensait bien parti pour jouer les premiers rôles dans ce nouveau siècle.
C’est plutôt une situation catastrophique qui la prend à la gorge. En vertu de quoi, progressivement capturée par des forces interlopes, devenue un terreau de moins en moins fertile à des initiatives endogènes, ouvertes à tous, donc démocratiques et populaires, l’Afrique patine.
Il y a même fort à parier que la Zlecaf, son nouveau-né, produit des rêves intégrationnistes, vient au monde dans le pire des contextes malgré les cris de joie qui l’accueillent.
N’oublions d’abord pas qu’il y a un reflux du régionalisme. Qu’il est loin le temps où cet idéal faisait florès. Partout. De l’Europe, avec son Traité de Maastricht en 1992, à l’Amérique, avec la naissance de l’Alena (Usa-Mexique-Canada) ou encore à travers le raffermissement de l’Asean autour des pays d’Asie du Sud Est. Désormais, énervés par la gouvernance conceptuelle égoïste des bureaucrates et politocrates, les peuples exigent davantage de gestion frappée de subsidiarite. L’Afrique ne saurait être en reste. Surtout qu’elle aussi a eu sa part d’échec et de rejet de projets intégrateurs. Rien qu’en Afrique de l’Ouest , plus de 200 organisations inter-Etatiques attendent leur rationalisation. Les communautés économiques régionales, de la Cemac, à l’Uma, à la Cedeao restent des tigres en papier. Aucun des États du continent ne se distingue par un cachet vertueux: la démocratie est en régression, la vénalité traverse les veines des autorités à tous les niveaux et les violences terrorisées autant que les pandémies prolifèrent. Les investisseurs restent dans l’expectative, ayant le sentiment que l’Afrique est une terre de promesses jamais accomplies…
Où trouver les moyens financiers pour construire les infrastructures physiques et sociales coûtant des milliers de milliards de dollars? Comment impliquer les populations de moins en moins convaincues du sérieux des projets venus de haut? Qui ne se souvient du lancement à Abuja en 1991 de la Communauté économique africaine (CEA), clone de l’actuelle Zlecaf? J’y étais et les discours alors étaient passionnés . On les croyait authentiques. Ce n’était que des propos de circonstance tenus par des…comédiens politiciens. Du toc. La Cea devait devenir une réalité en 2035. Jamais elle n’a dépassé l’étape de la gésine. Elle est sous terre, depuis !
La Zlecaf est vouée à la faillite. On ne peut faire un tel projet dans la cachoterie, entre copains et coquins officiels, encore moins sans générosité. S’imaginer qu’elle puisse être autre chose qu’une coquille vide, c’est être le plus optimiste des Pangloss sur terre: ceux qui sont chargés de l’animer sont incapables de répondre à une simple lettre; leur arrogance frise la folie; ils méprisent le commerce. Sans oublier les fonctionnaires impolis et égocentriques, égoïstes, des institutions africaines uniquement mus par leurs intérêts privés -et qui ont tué l’élan et l’enthousiasme ayant longtemps entretenu le mythe panafricaniste en le rendant attractif.
Ce sont ceux qui gouvernent ce continent et leurs plumitifs dans les institutions ou dans les groupes étroits qu’ils capacitent qui l’ont transformé en repoussoir, le projetant comme l’incarnation de l’immobilisme voire le recul de l’Afrique. Ses porte-voix les plus bruyants et officiels sont, de fait, loin d’être dignes de porter notre rêve d’unité. C’est en eux qu’on trouve les premiers traîtres à la cause qu’ils ont prétendu pousser ces derniers mois, avant de nous servir leur bébé, congénitalement sans espoir…
Je ne crois pas à la Zlecaf. Trop de médiocres et ripoux penchés sur son berceau l’ont mortellement infectée. Triste de voir une ambition collective s’effondrer du fait de ceux qui annihilent sa marche—-avant même ses premiers pas. Ce n’est pas cette farce, toute de réthorique, sous les traits d’une nouvelle institution qui donne envie de s’esclaffer, qui relancera donc l’idée panafricaniste…
Adama Gaye est ancien Directeur de la Communication de la Cedeao, est auteur de: « Demain, la nouvelle Afrique », aux Editions l’Harmattan, à Paris.