SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
29 avril 2025
International
NON, DAKAR N'EST PAS PLUS CHÈRE QUE PARIS, LONDRES ET ATLANTA
Un classement évoquant la capitale sénégalaise comme l'une des villes les plus chères du monde revient souvent dans la presse. Qu'en est-il exactement ?
Africa Check |
Valdez Onanina |
Publication 23/07/2019
« Dakar fait partie des villes les plus chères de la planète. La capitale sénégalaise est placée 14e au classement africain et 72e mondial devant Paris, Londres et Atlanta. C’est le résultat de l’enquête du cabinet de consultant américain Mercer repris par Les Échos », écrit le site d’information sénégalais Seneweb, dans un article publié le 4 juillet 2019.
« Dakar a reculé de 10 places par rapport à l’année dernière où elle était logée au 60e rang mondial. La ville la plus chère du top 10 africain est Ndjamena, la capitale du Tchad, occupant la 11ème place au plan mondial », lit-on encore sur Seneweb.
Au 22 juillet 2019, l’article de Seneweb avait été partagé plus de 1000 fois.
Précision : classement des villes les plus chères « pour les expatriés »
Dans son article, Seneweb indique que « Dakar fait partie des villes les plus chères de la planète ».
Or, le classement effectué par Mercer, et auquel se réfère le média sénégalais, est précisément axé sur les « villes les plus chères au monde pour les expatriés ».
Sur son site internet, Mercer précise que « l’enquête sur le Coût de la vie a pour but d’aider les multinationales et les gouvernements à définir la rémunération de leurs salariés expatriés ».
Dakar (72e), Paris (47e), Londres (23e), Atlanta (69e)
Africa Check a consulté ce dernier classement effectué par Mercer sur les villes les plus chères au monde pour les expatriés.
La capitale sénégalaise est bien située à la 14e place africaine et à 72e place à l’échelle globale ; mais derrière Paris (47e), Londres (23e), Atlanta (69e) qui sont donc plus chères pour les expatriés comparées à Dakar.
Aussi, si Dakar a en effet reculé de dix places dans ce classement, elle occupait la 62e place en 2018 et non la 60e tel qu’annoncé par Seneweb.
Le classement des villes les plus chères du monde proprement dit
Cependant, il existe bien un classement des villes les plus chères du monde réalisé depuis trente ans par The Economist Intelligence Unit (EIU), la division de recherche et d’analyses de (The) Economist Group, reconnu comme étant une des principales sources d’analyses sur le commerce international et les affaires mondiales.
Ce classement des villes les plus chères du monde est tiré de l’enquête sur le coût de la vie dans le monde qui compare, notamment, plus de 400 prix pour 160 produits et services : « Ceux-ci incluent la nourriture, la boisson, les vêtements, les articles ménagers et de soins personnels, les loyers, les transports, les factures de services publics, les écoles privées, l’aide sociale et les frais de loisirs », est-il indiqué dans le rapport de cette enquête.
Toutefois, ces données traduisent déjà, et une fois encore, que Dakar n’est pas plus chère que les capitales française et anglaise même au classement proprement dit des villes les plus chères du monde.
PAR Omar Arouna
MULTIPLE PHOTOS
MOI, FARAGE ET LE BREXIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est bien établi que les politiques de l’UE affectent la capacité de l’Afrique à relever ses défis agricoles et alimentaires - Les Africains ne doivent pas être considérés simplement comme des exportateurs de matières premières
Nigel Farage m'a été présenté en janvier 2017 par un ami et un partenaire d’affaire peu après qu'il ait remporté la victoire du Brexit. --Pour ceux qui ne le connaissent pas, Nigel Paul Farage est un homme politique, animateur de télévision et analyste politique britannique, dirigeant du parti du Brexit depuis 2019 et membre du Parlement européen pour le sud-est de l'Angleterre depuis 1999 C’est le Britannique qui fait trembler l'Europe--- Assez souvent nous nous rencontrons au cours d’événements, en son honneur chaque fois qu'il se trouve à Washington DC.
Lors de la réception qui lui a rendu hommage ce soir, Nigel a attiré mon attention sur l'image ci-dessous et m’a demandé : « Ambassadeur, approuvez-vous ? » J'ai lu le message sur la pancarte et cela m'a fait réfléchir.
Il est bien établi que les politiques de l’UE affectent la capacité de l’Afrique à relever ses défis agricoles et alimentaires : l’augmentation des tarifs ; l'innovation technologique et les préférences en matière d'exportation de produits alimentaires constituent un défi majeur que le continent doit surmonter. Les Africains ne doivent pas être considérés simplement comme des exportateurs de matières premières. Cependant, la valeur ajoutée aux exportations hors du continent continue à être frustrée par les politiques existantes de l'UE.
Selon Calestous Juma, professeur de pratique du développement international à la Harvard Kennedy School, « l’UE applique un tarif de 30% pour les produits à base de cacao transformés tels que les barres de chocolat ou le cacao en poudre et 60% pour certains autres produits raffinés contenant du cacao. » L'impact de telles pratiques va bien au-delà des opportunités d'exportation perdues. Ils inhibent l'innovation technologique et le développement industriel des pays africains. Cette pratique prive le continent de la capacité d’acquérir, d’adopter et de diffuser les technologies utilisées dans la transformation des aliments. Cela explique dans une certaine mesure le faible niveau des investissements dans les entreprises de transformation des aliments en Afrique.
Ces droits d'importation élevés empêchent les produits des pays en développement d'entrer en Europe. Les produits hautement transformés sont davantage taxés que les produits bruts. Les droits d'importation augmentent à mesure que le produit est transformé. Cette mesure garantit que la plupart des importations dans l'UE sont des produits bruts tels que le café, le cacao ou les ananas qui ne peuvent être cultivés en Europe.
Peut-être que le Brexit pourrait ne pas être une mauvaise chose pour l'Afrique après tout... Juste une idée...
Omar Arouna est un ancien ambassadeur du Bénin aux États-Unis
L'AFRIQUE, DÉFI DE TAILLE POUR LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS
L'action du FMI et de la Banque mondiale pour combattre la pauvreté qui sévit depuis longtemps sur ce continent s'est soldée par des résultats mitigés depuis leur création il y a 75 ans
Sur la carte du monde de l'extrême pauvreté, l'Afrique figure en rouge vif.Et ce problème risque de s'accentuer à mesure que la population va s'accroître au cours des prochaines décennies.
L'action du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale pour combattre ce fléau qui sévit depuis longtemps sur ce continent s'est soldée par des résultats mitigés depuis leur création il y a 75 ans.
Aujourd'hui, les institutions de Bretton Woods sont confrontées simultanément au besoin d'investissements massifs dans les infrastructures de ces pays, de créations d'emplois pour faire face à l'explosion démographique ainsi qu'à la menace que fait peser le changement climatique dans une région incapable d'en supporter les coûts.
"En Afrique, les problèmes sont particulièrement visibles", résume sobrement David Malpass, président de la Banque mondiale dans un entretien à l'AFP.
Les dernières données de l'institution font apparaître que l'extrême pauvreté, définie par les personnes vivant avec tout au plus 1,90 dollar par jour, a nettement diminué à l'échelle planétaire tombant à 10% en 2015 contre environ 30% en 1990.
Cependant, elle continue d'augmenter en Afrique sub-saharienne, qui comptait déjà il y a quatre ans, plus de la moitié des gens extrêmement pauvres.
Les projections montrent que d'ici 2030, près de 9 personnes sur 10 vivant dans l'extrême pauvreté seront originaires de cette région du monde, alors que la population du continent va s'accroître dans le même temps de 1,3 milliard, soit plus de la moitié de la croissance de la population mondiale.
Pour 2019, le FMI table sur une croissance de 3,5% du PIB pour cette partie du monde, contre 3% en 2018.Mais l'expansion enregistrée en moyenne ces dernières années reste insuffisante pour créer les 20 millions d'emplois qui seraient nécessaires chaque année pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, a averti le Fonds en avril.
La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d'un milliard d'ici 2030, selon la Banque africaine de développement (BAD).
Dès son arrivée en avril, David Malpass a souligné l'urgence de s'attaquer à la pauvreté.Et c'est symboliquement à Madagascar, en Ethiopie et au Mozambique qu'il s'était alors rendu.
Il y a toujours 700 millions de personnes vivant dans l'extrême pauvreté: "700 millions de trop", a-t-il déploré.
L'ancien sous-secrétaire au Trésor américain, qui a ouvertement critiqué la Banque mondiale alors qu'il oeuvrait encore sous l'administration Trump, s'est donné pour objectif d'améliorer l'efficacité de l'institution.
Pour les pays africains accusant une lourde dette héritée des erreurs du passé, il entend encourager "les bonnes politiques", "un élément clé" pour attirer les investissements privés.
- Doubler les infrastructures -
Pour Masood Ahmed, qui a longtemps travaillé au FMI et à la Banque mondiale, le développement de l'Afrique est d'autant plus difficile qu'elle est fragilisée par le changement climatique.
"Dans les 20 prochaines années, l'économie mondiale sera deux fois plus importante qu'elle ne l'est aujourd'hui.L'infrastructure dont nous avons besoin pour soutenir cette économie devra doubler", a-t-il déclaré à l'AFP.
Or les projets devront être menés tout en réduisant d'un tiers les émissions de gaz à effet de serre.
David Malpass prône une approche ciblée pays par pays pour mieux répondre aux problématiques spécifiques de chaque économie.Il recommande en particulier d'éliminer les monopoles d'Etat et la mise en place d'un solide cadre juridique permettant le lancement d'entreprises et l'acquisition des compétences nécessaires pour occuper les emplois créés.
De son côté, le FMI encourage les pays africains à progresser dans la mise en place d'une zone de libre-échange continentale pour l'Afrique.Une vingtaine de pays ont déjà ratifié l'accord destiné à stimuler les échanges et donc la croissance.
"Cette nouvelle entité pourrait changer la donne sur le continent", avait estimé au printemps le FMI, avec un marché de 1,2 milliard d'habitants et un PIB cumulé de 2.500 milliards de dollars.
Mais la bonne volonté des institutions est régulièrement douchée par la résurgence des conflits armés, qui ont affecté un tiers des pays du continent ces dernières années.
Après une accalmie dans les années 2000, le nombre de conflits est reparti à la hausse dans les années 2010, avec un pic à 17 pays touchés en 2016.
Le FMI a chiffré que ces conflits engendraient une perte moyenne de trois points du PIB par an dans les pays affectés.
Et face à l'insécurité, les populations fuient.La seule Afrique subsaharienne comptait 18 millions de personnes réfugiées ou déplacées en 2017, un record, contre cinq millions en moyenne dans les années 1980, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
L’UE OFFRE 3,280 MILLIARDS DE FRANCS CFA AU SÉNÉGAL
Les fonds offerts par l’UE vont servir à financer le programme ‘’Changement climatique et gestion intégrée des zones côtières’’, mis en œuvre par le gouvernement sénégalais.
Dakar, 22 juil (APS) – L’Union européenne a accordé lundi à l’Etat du Sénégal un ‘’don’’ de trois milliards 280 millions de francs CFA, un financement destiné à la lutte contre les changements climatiques et l’érosion côtière, selon les deux parties.
La ‘’convention de financement’’ a été signée à Dakar par le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, et le directeur général de la Coopération internationale à la Commission européenne, Stefano Manservisi, a constaté l’APS.
Les fonds offerts par l’UE vont servir à financer le programme ‘’Changement climatique et gestion intégrée des zones côtières’’, mis en œuvre par le gouvernement sénégalais.
Selon M. Hott, le financement reçu de l’Europe va aider au ‘’renforcement d’une action climatique intégrée au Sénégal’’, dans la lutte contre les changements climatiques et l’érosion côtière, sur la Petite Côte (ouest), au Sine-Saloum (centre) et en Casamance (sud).
La mise en œuvre du programme sera assurée par le ministère de l’Environnement et du Développement durable, dit-il.
Le directeur général de la Coopération internationale à la Commission européenne espère que le ‘’don’’ offert au Sénégal sera ‘’une source d’employabilité pour les jeunes et les femmes’’.
AUDIO
SÉNÉGAL, DESTINATION PRIVILÉGIÉE DES ENTREPRISES FRANÇAISES
Christophe Bigo est l'invité de Baye Omar Gueye sur Sud FM
Après avoir parcourou presque tout le Sénégal Christophe Bigot déclare avoir écouté le Sénégal des profondeurs pour connaitre les problèmes et des besoins afin de contribuer à leur résolution. Un choix de l'Ambassadeur qui, d'après lui s'est soldé par de très bons résultats. La relance du tourisme en Casamance en est un exemple parmi tant d'autres. Aussi, l'Ambassadeur de France au Sénégal justifie l'importance du volume d'investissement des entreprises francaises par le fait que le Sénégal offre des garanties sur le plan sécuritaire. Face à Baye Omar Guèye dans la grande émission du dimanche ''Objection,'' Bigot fait le bilan de sa misson au Sénégal et une indique les projets futurs pour un développement durable.
Bonne écoute
SÈYE DÉNONCE LE SILENCE DES AFRICAINS
Entre 2014 et 2017, il y a eu plus de 15 mille 386 morts en Méditerrané, mais aucune autorité africaine ne s’est prononcée, personne n’a condamné. Et jusque-là, rien n’a été fait - Boubacar situe les responsabilités.
Après avoir suivi en avant-première la projection du film réalisé par Khadim Ndiaye sur la migration irrégulière, Boubacar Sèye, président de l’Ong Horizon sans frontières, et Ngoné Ndoye de l’Ong Femidec ont incité, lors d’un panel sur la question, les Etats africains à harmoniser leurs politiques. Par ailleurs, selon M. Sèye, entre 2014 et 2017, il y a eu plus de 15 mille 386 morts en Méditerranée.
La migration irrégulière peut conduire à la mort ou à l’esclavagisme pour les jeunes Africains. «Entre 2014 et 2017, il y a eu plus de 15 mille 386 morts en Méditerrané, soit plus de 71% en Méditerrané centrale sur l’axe Tripoli - Désert du Sahara», affirme Boubacar Sèye, président de l’organisation internationale de défense, d’orientation et d’intégration des migrants, Horizon sans frontières, lors d’un panel qui a suivi la projection d’un film sur l’émigration.
Le panéliste qui travaille avec un centre de recherches sur l’identification des migrants morts en Méditerrané occidentale informe aussi qu’en 2018, sur l’axe Maroc-Espagne, il y a eu plus de 769 migrants morts. Devant ces chiffres accablants, Boubacar Sèye appelle à la responsabilité et pointe du doigt l’Union européenne et les Etats africains.
«On a vu ce qui s’est passé en Lybie avec le bombardement d’un camp de migrants. Aucune autorité africaine ne s’est prononcée, personne n’a condamné. Et jusque-là, rien n’a été fait. Mais quand il s’agit d’aller chercher de l’argent, tout le monde se bouscule», fustige-t-il avant d’ajouter : «Aujourd’hui, ils (les Etats africains) attendent que l’Union européenne dégage des fonds. Malheureusement, l’Union européenne qui fausse le débat ne se remet pas en question dans la gestion de ces flux-là. L’Europe est en train de violer les conventions internationales. Je parlerai de la Convention de Genève de 1951. Les Européens jouent leur comédie en condamnant. Mais au-delà, il faut agir. Il faut ouvrir une enquête indépendante, internationale pour savoir qui est responsable de tout cela. Les chiffres ont été biaisés, il y a eu plus de 100 et quelques morts. C’est la réalité», dit-il.
Ngoné Ndoye, qui est du même avis que M. Sèye, pointe l’absence de politique cohérente au Sénégal sur la question de la migration. «J’ai participé à l’élaboration du premier document fait par le ministère de l’Economie et des finances par sa direction de la Planification, mais c’est un document à parfaire et à actualiser. Le problème qui me touche le plus, c’est qu’au Sénégal, les politiques en matière d’immigration sont exécutés par différents ministères.
D’abord, par la présidence de la République, ensuite le ministère de l’Intérieure sur des problèmes de sécurité frontalière, puis par le ministère de la Jeunesse et de l’emploi pour un peu s’occuper de l’emploi des jeunes. Cette manière aussi disparate de prendre en charge cette question ne permet pas de mettre le doigt sur une politique organisée et harmonisée», constate la présidente de ’Ong Femme, enfant, migration et développement communautaire (Femidec).
Non sans déplorer ce manque d’organisation au niveau régional face à ce fléau qui évolue au niveau mondial. «C’est devenu un problème global qui migre le plus souvent vers le terrorisme et vers ce qu’on appelle le déséquilibre socio-économique. Et pour cela, les Etats africains doivent parler d’une seule voix pour donner une seule réponse par rapport à une Europe qui s’organise», précise-t- elle.
«Calvaire des migrants»
Le calvaire des migrants est un film réalisé par Mamadou Ndiaye, plus connu sous le nom de Khadim Ndiaye, technicien- monteur à la Radio futurs médias (Rfm). Le documentaire apporte une touche particulière par rapport aux films sur l’émigration. En effet, il relate l’histoire de Big Makhou, un rappeur qui n’était pas initialement parti pour le voyage, mais qui a eu un accident de parcours le menant tout droit vers «l’enfer» du dessert du Sahara.
Le réalisateur a choisi des gens qui témoignent de leur calvaire, durant tout le chemin emprunté et éclairent sur les raisons qui expliquent ces départs. La quête d’opportunités des jeunes pour satisfaire leurs objectifs éducatifs, économiques et sociaux, est considérable. Dans la plus grande partie de l’Afrique, la décision de ces derniers de migrer est basée sur des témoignages tels que ceux d’amis ou de membres de leur famille.
Les informations reçues se sont souvent révélées imprécises et pas toujours pleinement représentatives des difficultés qu’ils pourraient rencontrer en cours de route. L’occasion pour le réalisateur du film de sensibiliser. «L’objectif, c’est la sensibilisation. Parce qu’actuellement, nous sommes tous responsables face à ce fléau qui est en train de faire tant de mal à notre société. Donc, il va falloir que tout le monde se lève pour prendre à bras-le-corps ce mal et lutter efficacement contre», dit Khadim Ndiaye.
Un film, c’est comme une œuvre d’art, selon le technicien de la Rfm qui veut vulgariser son produit. Pour ce faire, il a deux projets phare. «Le premier, c’est de trouver des partenaires qui vont nous accompagner dans la diffusion de ce film à la télé pour mieux atteindre notre objectif. Le deuxième consiste à faire une tournée nationale, surtout dans les zones sensibles, celles de départ, pour une campagne de sensibilisation.
Parce qu’il y a des zones qui n’ont pas d’électricité, zones où la télévision n’est pas en service», explique Khadim Ndiaye. «Le film est très parlant et très actuel», d’après Ngoné Ndoye. Pour Boubacar Sèye, ce film qui reflète la souffrance des jeunes Africains durant leur projet migratoire dévoile des aspects aux conséquences incalculables dans nos sociétés en situation de vulnérabilité chronique.
Toujours selon lui, ce documentaire est important dans la mesure où la migration est en train de décimer toute la jeunesse africaine du fait de «l’absence d’initiative stratégique» de ses dirigeants. «Il y a urgence absolue. Parce que quand la jeunesse africaine, notamment sénégalaise, se tue en Méditerrané du fait de l’absence de perspective heureuse, il y a danger», conclue- t-il.
PAR Tierno Monénembo
DE L'IMPORTANCE DE BIEN NOMMER NOTRE MONNAIE
Rendez-vous compte, bientôt, nous allons devoir compter, en éco. C'est là tout le travers de nos technocrates : un groupuscule de copains s'enferme dans une salle et décide de notre sort sans consulter rien ni personne : ni le peuple, ni l'histoire
Le franc guinéen, le franc congolais, le franc burundais, le franc rwandais, le franc djiboutien ! Vous ne rigolez pas ? Et le dollar zimbabwéen, le shilling du Kenya, de la Tanzanie, de l'Ouganda et d'ailleurs ? Heureusement, nous avons quelques pays pour sauver l'honneur, des pays bien de chez nous où les pièces sonnantes et trébuchantes tintent en langue locale. Au Ghana, c'est en cedi que l'on fait ses emplettes. Au Nigeria, c'est en naïra que l'on s'acquitte de ses impôts. En Angola, c'est en kwanza que l'on se paie un verre. En Zambie et au Malawi, c'est en kwacha que l'on jette l'argent par les fenêtres. En Gambie, c'est en dalasi que l'on se ruine. Je dis cela parce qu'un événement que l'on attendait depuis les Indépendances vient de se produire à la Cédéao : la création d'une monnaie unique pour l'ensemble de la zone.
Hélas, une grosse maladresse est venue tout de suite ternir cet heureux événement : le baptême de cette nouvelle monnaie qui dédouble notre espoir et ajoute à notre fierté a été volontairement raté. Rendez-vous compte, bientôt, nous allons devoir compter, en éco. Vous avez compris ? En éco ! C'est là tout le travers de nos technocrates : un groupuscule de copains s'enferme dans une salle et décide de notre sort sans consulter rien ni personne : ni le peuple, ni l'histoire, ni la géographie.
Un peu d'histoire pour s'éclairer
D'où ont-ils bien pu sortir ça : éco ! Ecco ? Échos ? Écot ? Qu'es aquo ?Le mot économie en raccourci peut-être ? Ou alors, a-t-on voulu faire comme Giscard d'Estaing – nos intellectuels sont tellement mimétiques ! - qui avait sans succès voulu que l'Europe place ses revenus en écus et non en euros. Éco, un mot ridicule et inepte qui ne parle à personne ! Et si l'on s'était donné la peine de lire la carte ? Bafing, dioliba, ferlo, fouta, tonkoui, atakora ! Niani, Koumasi, Tombouctou ! Et si l'on s'était tourné vers le passé ? Chaka, Soundiata, Dan-fodio ! Et si l'on avait célébré nos indépendances ? Nkrumah, Cabral, Olympio ! Pourquoi pas – une fois n'est pas coutume – un clin d'œil à nos cousins d'Amérique auxquels nous devons le jazz et la salsa, la mode afro et le panafricanisme ? Haïti, Toussaint, Pétion, Dubois, Garvey, Padmore, Blyden !
Hé, messieurs les technocrates, pourquoi pas Africa, tout simplement ?
Pourquoi pas le nom d'une ethnie ?
On m'aurait demandé mon avis, c'est le nom d'une ethnie que j'aurais proposé. Non, non, ni peul ni mandingue, ni sonraï, ni haoussa, ni yoruba, ni ashanti. Ces ethnies-là font peur par leur démographie et par leur poids historique. On leur prête à juste raison des tentations hégémoniques. Les ethnies minoritaires sont plus rassurantes : diola, nalou, baga, coniagui, mano, guéré, dida, bété, goun, éwé, dogon, gourounsi. Oui, mais ces ethnies-là aussi ont un défaut : elles sont minoritaires, certes, mais trop localisées, elles manquent d'envergure régionale. Ce qui fait qu'il n'en resterait qu'une pour donner son nom à la première monnaie panafricaine : le bassari. Cette ethnie a le mérite d'être minoritaire et régionale puisqu'on la retrouve aussi bien au Sénégal qu'en Guinée, au Ghana qu'au Togo. Et puis, le mot bassari sonne bien. Vous ne trouvez pas ?
Débaptiser le Nyassaland et les deux Rhodésie, la Haute-Volta, et la Gold-Coast n'a rien de folklorique, je vous assure. C'est un éminent signe de prise de conscience, un désir d'émancipation, un acte de souveraineté. Ne laissons à personne le pouvoir de nous désigner, faisons-le nous-mêmes ! Le disant, je suis tenté de paraphraser Albert Camus : « Mal nommer notre monnaie, c'est ajouter au malheur de l'Afrique. »
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
ÉGYPTE, LE MARÉCHAL ET LE FOOTBALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Sissi ne devrait-il pas faire marche arrière dans sa lutte contre les « Ultras », en retirant par exemple le nom d'Aboutrika de la liste des terroristes comme le demandait déjà un député de son parti il y a plusieurs mois ?
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 18/07/2019
Mohammed Aboutrika : ce nom incarne à lui tout seul le conflit qui oppose le régime du Maréchal Abd El Fattah al Sissi au football égyptien. Attaquant star d’Al-Ahly, le club le plus titré d’Egypte et d’Afrique, pour lequel il jouera de 2004 à 2013, milieu offensif de l’équipe nationale, il est l’auteur des buts victorieux des finales de la CAN en 2006 face à la Côte d’Ivoire et en 2008 face au Cameroun. Meilleur joueur africain en 2008 et 2012.
Didier Drogba lui dira lors de la remise des Awards 2012, «Vous êtes une légende ». En 2012, il déclare son soutient à la candidature de Mohammed Morsi, candidat des Frères Musulmans à l’élection présidentielle.
Comme on le sait, Mohammed Morsi sera élu avant d’être victime d’un coup d’état militaire le 3 juillet 2013, conduit par Abd El Fattah al Sissi
Mohammed Aboutrika dénonce alors le coup d’état avant de s’exiler au Qatar d’où il couvre d’ailleurs la CAN 2019 en tant que consultant de la chaine de télévision BeIN Sports.
Il ne faut pourtant pas réduire les rapports entre le régime du Maréchal et le football égyptien à la seule figure de Mohammed Aboutrika.
En réalité, c’est un conflit profond entre le régime militaire, les clubs de football et les supporters, voire la jeunesse égyptienne toute entière qui s’est cristallisé autour de la figure « légendaire » de l’attaquant d’Al-Ahly et des Pharaons.
Les origines du conflit remontent à la création des « Ultras », ces organisations de supporters qui au début des années 2000 ont pris le contrôle des clubs les plus populaires du pays, notamment ceux d'Al-Ahly du Caire, à travers les Ultras Ahlawy (UA-07) et de Zamalek à travers le S.C Ultras White Knights (UWK ou Zamalkawy).
Il s’agissait pour les supporters d’assurer l’autofinancement de leurs clubs et leur libération de la tutelle des régimes militaires qui de l’ère du Colonel Gamal Abd el Nasser, à celui d’Anouar Al Sadate jusqu’à celui d’Hosni Moubarak, ont contrôlé financièrement et exploité politiquement les clubs et le football égyptien dans son ensemble.
De fait, les « Ultras » sont devenus très vite un cadre et une tribune d’expression pour la jeunesse dans un pays bâillonné, sans libertés individuelles et sans presse indépendante.
Aussi, quand le Printemps Arabe éclate en 2011, les « Ultras », comme toute la jeunesse égyptienne prennent la rue, aux côtés du peuple.
Les « Ultras » s’érigent même en service d’ordre et avant-garde armée du mouvement révolutionnaire en affrontant les milices du régime et l’armée lors des grandes manifestations de rues et de l’occupation de la Place Tahrir.
C’est dans le climat de confrontation quasi quotidienne entre Ultras et l’armée que survient le drame le 1er Février 2012 à l‘issue d’un match gagné 3-1 par Al Masry, l’équipe de Port Said, sur son stade au contre l’équipe cairote d’Al-Ahly. 74 morts et 200 blessés sont décomptés.
Pour Mohammed Aboutrika qui a joué ce jour-là, le drame a été provoqué par la passivité volontaire des forces de l’ordre, si elle n’a pas été planifiée par eux. Les supporters d’Al-Ahly réclament d’ailleurs au cours du procès qui s’ensuit la mise en accusation de l’armée en plus des Ultras d'Al Masry. En vain bien sûr.
Mais dès lors, la présence des supporters dans les stades est interdite lors des matchs du championnat. L’interdiction ne sera levée qu’en 2018. Mais les supporters et les jeunes en général continuent de bouder les stades et…le régime.
Mohammed Aboutrika bien qu’exilé est plus populaire que jamais ainsi qu’en témoigne son image toujours présente dans les spots publicitaires. Les hommes du Maréchal auraient bien aimé lui substituer Mohammed Salah la nouvelle « légende » mais celui-ci se révèle incontrôlable.
Il critiquera ainsi ouvertement la Fédération Egyptienne de Football de lui avoir imposé la présence de M. Ramzan Kadyrov, le président de Tchétchénie lors de la préparation pour la Coupe du Monde 2018. Il s’engagera par ailleurs dans une campagne de l’ONU en faveur des droits de la femme et de l’égalité des sexes en Egypte.
Dans ce contexte, l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations fournissait une occasion imprévue et inespérée pour la Fédération Egyptienne de Football et pour le régime du Maréchal Al Sissi de se réconcilier avec les supporters et avec la jeunesse. Mais voilà que les Pharaons sont éliminés dès le début de la compétition.
Dès lors, le Maréchal ne devrait-il pas faire marche arrière dans sa lutte contre les « Ultras », en retirant par exemple le nom de Mohammed Aboutrika de la liste des terroristes comme le demandait déjà un député de son parti il y a plusieurs mois ? Ne devrait-il pas prendre au sérieux le fait que lors de sa réélection en mars 2018, 1 million d’Egyptiens ont voté…..Mohammed Salah ?
De 1962 à maintenant, tout a été fait pour précipiter cet homme dans l'oubli et le discrédit, mais la vérité sur l'histoire du Sénégal et de l'Afrique finira inéluctablement par triompher, portée par des générations nouvelles
Aujourd'hui, 18 juillet, est célébré le Président Mamadou Dia, l'un des plus valeureux hommes politiques du Sénégal, à côté de Cheikh Anta Diop.
Avec cet homme exceptionnel, nous partageons une même ville : Khombole d'où est originaire ma mère, et tellement de convergences politiques que notre naissance au même mois de juillet, à trois jours d'intervalle, ne saurait relever de la pure coïncidence.
De 1962 à maintenant, tout a été fait pour précipiter cet homme dans l'oubli et le discrédit, mais la vérité sur l'histoire du Sénégal et de l'Afrique finira inéluctablement par triompher, portée par des générations nouvelles abreuvées aux sources de Thomas Isidore Sankara, Cheikh Anta Diop, kwamé Nkrumah, Mamadou Dia...
Repose en paix Maodo!
Puisse ta demeure de barzakh préfigurer de ta place au paradis éternel.
Ameen.
PAR Aboubacar Demba Cissokho
JOHNNY CLEGG, MERCI !
Sa mort vient rappeler deux choses : l’exaltation de sentiments humains comme l’amour, la lutte acharnée pour les droits humains fondamentaux, à travers la création artistique surtout, installent durablement son auteur dans la conscience des hommes
En 1986, Hugh Masekela et Johnny Clegg écrivaient, chacun de son côté, une chanson en l’honneur de Nelson Mandela, alors en prison : Bring Him Back Home pour le premier et Asimbonanga pour le second, à la fois plaidoyers pour la libération de l’icône de la lutte anti-apartheid et hymnes de ralliement qui plaçaient ce combat pour la justice, l’égalité et la liberté dans les espaces publics et les foyers les plus reculés…
Johnny Clegg, décédé ce mardi 16 juillet à l’âge de 66 ans, a rejoint Masekela et Madiba, sans pour autant quitter le coeur des mélomanes et combattants de la liberté à travers le monde pour qui il continuera de symboliser – avec bien d’autres artistes – le refus de la soumission et de l’exploitation d’un groupe par un autre au nom d’une prétendue supériorité raciale.
Son élan humaniste l’a conduit à trouver un intelligent mélange entre les influences de ses lointaines origines occidentales et les rythmes et mélodies de son pays, l’Afrique du Sud. C’est ce qui lui a valu le surnom de ‘’White Zulu’’ (le Zulu blanc), expression d’un humanisme qui veut que les hommes et femmes vivant sur le même territoire soient obligés – condamnés même – de bâtir l’édifice d’un vivre-ensemble bien compris, profitable et enrichissant à tous.
Clegg est donc parti aujourd’hui après quatre ans lutte contre un cancer du pancréas, semant tristesse un peu partout dans le monde. Sa mort vient rappeler deux choses : l’exaltation de sentiments humains comme l’amour, la lutte acharnée pour les droits humains fondamentaux, à travers la création artistique surtout, installent durablement son auteur dans la conscience des hommes, le rendant immortel ; il faut rester vigilant et mobilisé parce que rien n’est acquis pour de bon, les attitudes réactionnaires et les populismes de toutes sortes nous rappelant que les victoires d’hier peuvent être remises en cause.
Les djéli du Mandé disent que « la mort n’est rien, c’est partir sans laisser de traces qui peut être un drame ». Pour ce qu’il a chanté, dit en dehors des studios et des scènes, aux quatre coins du monde, Johnny Clegg a vécu une vie utile. Il restera vivant. Il avait chanté Asimbonanga, qui veut dire « nous ne l’avons pas vu », en référence à Nelson Mandela. Depuis, le monde a vu Mandela. Dans ce fait, il a admirablement joué sa partition. Il y a bien d’autres actes de noblesse et de grandeur à son actif, mais rien que pour cela, il a mérité son repos.