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29 avril 2025
International
RECORD MONDIAL DE LONGÉVITÉ AU POUVOIR POUR TEODORO OBIANG
Réélu en 2016 avec plus de 90 % des suffrages, le chef de l'État équato-guinéen, 77 ans, prépare désormais son fils, Teodorin, 51 ans et actuel vice-président, à lui succéder
Le petit Etat d’Afrique centrale, enrichi par la rente pétrolière, s’apprête à fêter les quarante ans du coup d’Etat qui avait porté l’actuel président à la tête du pays.
C’est un record mondial de longévité, hors monarchie : Teodoro Obiang Nguema fête, samedi 3 août, ses quarante ans à la tête de la Guinée équatoriale, petit Etat pétrolier d’Afrique centrale miné par la corruption et les inégalités.
Réélu en 2016 avec plus de 90 % des suffrages, Teodoro Obiang, 77 ans, prépare désormais son fils, Teodorin, 51 ans et actuel vice-président, à lui succéder.
Le 3 août 1979, c’est par les armes, avec des officiers, qu’il renverse son oncle, le sanguinaire dictateur Francisco Macias Nguema, fusillé deux mois plus tard.
Le président Obiang en a gardé la hantise du coup d’Etat et s’est appliqué à installer des services de sécurité omnipotents sous son autorité directe.
Depuis son accession au pouvoir, il affirme avoir déjoué au moins dix tentatives de coups d’Etat ou d’assassinat et, à chacune d’elles, Malabo a répondu par la répression, accusant alternativement l’armée, l’opposition ou des puissances étrangères. Dernier épisode en date, Malabo dit avoir déjoué en décembre 2017 une obscure tentative de coup d’Etat. Les auteurs présumés, plus de 130 personnes, dont de nombreux étrangers, ont été condamnés en juin à des peines d’emprisonnement allant de trois à quatre-vingt-seize ans.
« Coup de liberté »
En revanche, le putsch de 1979, lui, est qualifié par le pouvoir de « coup de liberté ». Et il sera célébré samedi dans trois villes du pays, dont Bata, la capitale économique, Mongomo, la ville natale du président, et Djibloho, une ville nouvelle construite au milieu de la jungle grâce à l’argent des pétrodollars, symbole de la transformation de ce petit pays, le seul hispanophone du continent.
Teodoro Obiang Nguema, d’abord chef d’un pays sans grandes ressources et traité avec suffisance par les autres présidents africains, a bénéficié de la découverte de pétrole dans les eaux territoriales au début des années 1990. Les cartes sont rebattues, le pays s’enrichit et se hisse parmi les PIB par habitant les plus élevés d’Afrique : 19 513 dollars par habitant en 2017, selon un rapport des Nations unies.
Mais cette nouvelle richesse a surtout servi à financer des projets pharaoniques, comme celui de Djibloho, qui a dévoré à lui seul près de la moitié du budget du pays en 2016 au détriment de l’éducation ou de la santé. L’espérance de vie stagne ainsi en dessous de 60 ans dans le pays.
Parallèlement, la Guinée équatoriale est régulièrement citée par les ONG comme étant l’un des pays les plus corrompus au monde, son élite préférant investir dans des hôtels particuliers luxueux en Europe.
Le fils du président, Teodorin Obiang, nommé vice-président en 2012, a ainsi été condamné en 2017 à Paris à trois ans de prison et 30 millions d’euros d’amende dans l’affaire des « biens mal acquis », jugement dont il a fait appel.
Fins de mois et de régime difficiles
Une procédure qui ne freine en rien les préparatifs à la succession. Fin novembre 2018, il a dirigé son premier conseil des ministres. Alors que le portrait de son père est omniprésent sur les murs de Malabo et du reste du pays, lui préfère s’afficher sur les réseaux sociaux, entre sommets politiques, carnaval de Rio et séance de plongée au milieu des requins.
Teodoro Obiang, quant à lui, affiche à l’envi son mépris pour toutes les critiques « occidentales » de sa gestion et des violations des droits humains.
L’un des principaux partis d’opposition, Citoyens pour l’innovation (CI), a été dissous en février 2018 à la suite des législatives de novembre 2017.
Les arrestations d’opposants sont fréquentes, et beaucoup d’entre eux ont trouvé refuge à l’étranger, notamment en Espagne, ancienne puissance coloniale.
Le doyen des chefs d’Etat continue en revanche d’accueillir nombre de ses homologues du continent aux fins de mois ou de régime difficiles. Yahya Jammeh, menacé de sanctions et d’extradition liées à sa gouvernance dictatoriale en Gambie pendant vingt-deux ans, a trouvé début 2017 à Malabo un refuge.
Par Mody NIANG
AFFAIRE FRANÇOIS DE RUGY
Un exemple de transparence dans la gestion publique dont nous sommes à des années-lumière - Si nous avions à la tête de notre pays un président de la République digne de la fonction notre pays entamerait sûrement sa marche vigoureuse vers l’émergence
Le célèbre site Mediapart a jeté un pavé dans la mare, en publiant des photos prises lors d’un dîner donné par François de Rugy, en sa qualité d’alors de Président de l’Assemblée nationale française. Au moment où éclatait le scandale présumé, M. de Rugy était Ministre d’Etat, Ministre de la Transition écologique et solidaire, deuxième de la liste du Gouvernement. Les photos ont mis en évidence de gros homards et de grands crus tirés, semble-t-il, des caves de l’Assemblée nationale. Il n’en fallut pas plus pour que, pratiquement, tous les médias s’en saisissent. Il en a été ainsi en particulier de France 5, qui consacrait sa très suivie et très instructive émission “C DANS L’AIR’’ à l ’Affaire, avec pour titre évocateur :’’ De Rugy en pleine tempête’’. L’animatrice, Caroline Leroux, avait invité : 1) Bruno Jeudy, Rédacteur en chef du service politique de “ParisMatch’’ ; 2) Frédéric Says, Éditorialiste politique à “France culture’’, coauteur de “Dans l’enfer de Bercy’’ ; 3) Soazig Quéméner, Rédactrice en chef du service politique de “Marianne’’ ; 4) René Dosière, ancien député, spécialiste de la gestion des finances publiques.
Nombre d’autre médias, notamment France 2, France 24, C News, BFM TV, etc., organisèrent des débats autour de ladite Affaire. J’en entends déjà qui s’interrogent : “Que tient-il à prouver vraiment, en nous citant des médias français qui ont organisé des débats sur la question, sur cette question qui ne nous regarde pas ?” Je leur réponds sans hésiter que, de mon humble point de vue, elle ne doit point nous laisser indifférents, au contraire. Je rassure aussi les uns et les autres : loin de moi l’idée de comparer ces médias à quelques autres que ce soit. Ce que j’ai apprécié chez eux, c’est la compétence et la diligence avec lesquelles, des journalistes et autres spécialistes de haut niveau se sont jetés sur cette l’affaire qui passerait pratiquement inaperçue chez nous, pour la décortiquer et permettre à leurs compatriotes de s’en faire chacun, chacune son idée, de savoir en particulier comment leurs deniers publics sont dépensés.
Pour revenir à cette affaire dite de François de Rugy, les photos publiées par Mediapart ont vite fait de tourner en accusations d’organiser des dîners privés fastueux. Rappelons que François de Ruge disposait, en tant que Président de l’Assemblée nationale, de 400000 euros, en guise d’indemnité de représentation pour frais de mandat (IRFM), soit l’équivalent de 260 à 270 millions de francs CFA par an. C’est avec ces IRFM qu’il organisait certaines activités, notamment des dîners professionnels liés à l’exercice de sa mission d’alors. Il s’est beau expliquer, rien n’y fit : journalistes et hommes/femmes politiques même de son camp l’accablèrent. Malgré la tourmente, le Premier Ministre et le Président de la République lui renouvelèrent leur confiance, en attendant que l’enquête ordonnée par l’Hôtel de Matignon (la Primature) et celle menée par l’Assemblée nationale aboutissent à leur terme. Le Ministre de Rugy n’attendit pas les résultats des deux enquêtes : il démissionna de sa prestigieuse fonction de Ministre d’Etat, Ministre de la Transition écologique et solidaire, tout en se considérant comme innocent jusqu’à preuve du contraire, et en s’engageant à rembourser, s’il y a lieu, “tous les euros contestés’’. “Je ne suis pas en mesure, écrira-t-il, la mort dans l’âme, d’assumer sereinement et efficacement la mission que le Premier Ministre et le chef de l’Etat m’ont confiée.” Après sa démission, l’Assemblée nationale remit à qui de droit les résultats de son enquête sur les dîners supposés privés et fastueux.
Le rapport, qui a passé au peigne fin douze dîners, conclut que “les règles de la commande publique ont globalement été respectées”. La présidence de l’auguste Assemblée nationale française précise : “Il apparaît que Monsieur de Rugy n’a enfreint, directement ou indirectement, aucune règle et n’a commis aucune irrégularité.” “Toutefois, reconnaîtra l’auguste Assemblée, sur douze dîners, neuf ne posent pas de difficulté particulière, mais trois appellent des observations. (...) Ils présentent à la fois un caractère familial ou amical et un niveau manifestement excessif par rapport à ce qui peut être considéré comme raisonnable.” Tous les détails sur ces trois dîners jugés “excessifs’’ sont donnés et le rapport rappelle que M. de Rugy “ (avait) de lui-même évoqué devant la Déontologue de l’Assemblée nationale la possibilité de rembourser le montant de ses dépenses qui seraient contestées”. Dès que le rapport a été rendu public, du moins dès qu’il en a eu écho, il prend acte des conclusions.
La présidence de l’Hémicycle lui enjoint de se rapprocher “des services compétents de l’Assemblée nationale pour régler dans les meilleurs délais les frais engagés pour les 3 dîners évoqués par le rapport du Secrétaire général et de la déontologue”. Arrêtons-nous quand même ici pour rappeler que le budget de l’Assemblée nationale française est régulièrement contrôlé par l’opposition en la personne du Président de la Commission des Finances, la déontologue (une députée), et la Cour des Comptes. Il arrive à cette déontologue de prendre au hasard une centaine de députés pour vérifier à la loupe comment ils ont dépensé les frais de représentation mis à leur disposition. Comparons avec ce qui se passe chez nous ! Imagine-t-on, un seul instant, notre “auguste’’ assemblée du président-politicien confier la présidence de la Commission des Finances à un membre de l’opposition ? Qu’une commission composée de députés enquête sur des dépenses du Président de l’’’auguste’’ assemblée ? Qu’un ou qu’une déontologue ose fouiner dans la gestion de l’inamovible questeur ?
En matière de transparence dans la gestion de nos finances publiques, nous sommes à des années-lumière de la France. N’oublions pas que Matignon avait, de son côté, ordonné une enquête par le Secrétariat général du Gouvernement. Mediapart reprochait aussi à M. de Rugy d’avoir effectué des travaux de rénovation dans l’appartement qui lui servait de logement de fonction, logement sis à l’hôtel de Roquelaure, un vieux bâtiment du XVIIIe siècle, où le Ministre de la transition écologique et solidaire avait ses quartiers. C’est, du moins, ce qu’a indiqué le rapport de Matignon qui précise que, “depuis 2009 et même depuis 2003, aucune rénovation importante n y a été effectuée”.
Mediapart avait révélé que le coût de la rénovation était de 64 523 euros, et laissait peut-être entendre qu’il était surévalué. Le rapport de Matignon affirme aussi que “les règles de la commande publique ont été globalement respectées” et que certaines “dépenses d’équipements et d’ameublement (…) ont été ajustées à la baisse”.
Enfin, le rapport indique que “l’inspection n’a relevé aucune irrégularité imputable au ministre dans le respect des principes d’exemplarité et des règles de la commande publique” . Imaginons tout le branle-bas que les accusations de Mediapart ont soulevé, accusations qui ont même secoué la République et fragilisé son président ! Imaginons les moments particulièrement difficiles que le Ministre François de Rugy et sa famille ont vécus ! Certains analystes politiques n’ont pas même hésité à affirmer que “cette affaire (risquait) de peser lourd sur la suite du quinquennat (de Macron)”. Ah ! Cette affaire seulement, qui a tenu la France en haleine pendant plus d’une semaine ! Chez nous, elle passerait pratiquement inaperçue et ne ferait l’objet d’aucun commentaire, ou en ferait très peu, le temps d’une rose. Ce que j’apprécie encore plus chez nos “ancêtres les gaulois’’ c’est que, lorsqu’une faille se révèle dans leur dispositif de mettre leurs deniers publics hors de portée des indélicats – il en existe partout – ils y remédient sans tarder.
C’est ainsi que le Président de l’Assemblée nationale française a pris l’initiative de mettre sur place un groupe de travail, avec pour objectif de “proposer toutes les mesures qu’il jugera utiles pour renforcer les règles et procédures budgétaires de la Présidence de l’Assemblée nationale”“. Matignon n’était pas en reste. Le Premier Ministre Edouard Philippe, du moins son entourage, a tenu d’abord à rassurer tout le monde : les résultats de l’enquête ordonnée “n’ont relevé aucune irrégularité imputable au ministre dans le respect des principes d’exemplarité et des règles de la commande publique” Et, à ceux et à celles qui doutent de l’impartialité de cette enquête administrative, Matignon rappelle “que la mission d’organisation des services du Premier ministre est un corps d’inspection composé de fonctionnaires rigoureux et placé sous l’autorité de la contrôleuse des armées”. Et Matignon ne s’est pas arrêté en si bon chemin.
Avec force, il “confirme la pertinence de la circulaire du 26 mai 2017”. Celle-ci rappelle à chaque ministre le devoir d’exemplarité et de sobriété auquel il est soumis, et trace nettement la frontière entre dépenses publiques et dépenses privées. Compte tenu de l’affaire dite de François de Rugy, les dispositions prises devraient être renforcées par une nouvelle circulaire qui “complétera le processus de contrôle des travaux sur les logements de fonction.” Si j’ai tenu à évoquer longuement toutes ces affaires qui ont donné lieu à tant de débats en France et conduit finalement à la démission du ministre François de Rugy, c’est pour attirer l’attention de mes concitoyens et de mes concitoyennes sur le fossé abyssal qui nous sépare de ce pays, en matière de gestion transparente des finances publiques. J’entends déjà les courtisans du couple présidentiel et de la coalition gouvernementale me tomber dessus et me rétorquer que “comparaison n’est pas raison’’, que “je vise très haut, nous ne sommes pas la France’’.
D’autres, à l’horizon très limité, me reprocheront mon “complexe vis-àvis de la France’’. Je n’aurai pas besoin de réfléchir longuement pour leur répondre. D’abord, et personne ne peut m’en démordre, la transparence dans la gestion des affaires publiques par les meilleurs d’entre nous, est une valeur universelle. Ensuite, je ne vois vraiment pas pourquoi je serai complexé par rapport à la France. Je sais ce que je suis, qui je suis et en suis très fier. Je lis beaucoup de journaux et suis régulièrement des débats organisés par des médias de ce pays. Je reconnais sans état d’âme le niveau élevé de ces débats et la haute qualité des textes publiés.
Pour autant, je ne vois vraiment pas pourquoi j’éprouverai un seul grain de complexe vis-à-vis de ce beau monde. Je le répète : je me prends pour ce que je suis : un Sénégalais, fier de sa “sénégalité’’. Cependant, cette “sénégalité’ n’obstrue pas mon objectivité ou ce que je prends pour tel. La France est un grand pays, une grande démocratie, avec des institutions fortes que l’on ne manipule pas au gré des intérêts égoïstes des uns et des autres. J’envie à nos “cousins’’ français leur attachement à la rigueur dans la gestion de leurs affaires publiques, à l’intégrité morale des hommes et des femmes qui sont appelés à exercer des responsabilités publiques à des niveaux élevés. J’ai beaucoup de respect pour cette France-là, cette grande démocratie que je ne confonds pas avec le peuple français.
Combien de ministres ont-ils démissionné du gouvernement du président Macron, depuis son avènement à la magistrature suprême ? Ils sont sept, huit ou plus, qui ont fait parfois quelques mois seulement au gouvernement, avant d’être rattrapés par des affaires, qui ne seraient que broutilles chez nous. Il y a, autour du président de la République, au gouvernement, comme à la tête de directions générales ou d’agences nationales, des hommes et des femmes qui seraient rapidement remerciés – pas seulement d’ailleurs –, si on leur avait appliqué les règles en vigueur en France. Peut-être même, nombre d’entre eux ne seraient pas membres d’un cabinet ministériel. Si nous avions à la tête de notre pays un président de la République digne de la fonction ; un gouvernement formé d’hommes et de femmes ayant le profil de l’emploi en tous points de vue et nommant leurs collaborateurs à leur image ; une Assemblée nationale non de sa majesté mais bien du peuple ; une justice vraiment indépendante, avec une sorte de parquet national financier comme celui de Paris ; une Maison où se retrouveraient, autonomes, tous les organes de contrôle dotés de moyens substantiels ; des populations, avec surtout des jeunes tous conscients de leurs responsabilités citoyennes et se préoccupant en priorité de leur avenir incertain ; une presse libre, vigilante, jouant activement son rôle de sentinelle, etc., avec autant d’atouts*, notre pays entamerait sûrement sa marche vigoureuse vers l’émergence, et la continuerait rapidement vers le développement harmonieux de tout le pays.
Avec les importantes ressources naturelles dont notre généreux seigneur nous a dotés, ce serait vite possible dans la mesure où, bien sûr, toutes les conditions que j’ai évoquées un peu plus haut deviennent réalité. * Je n’ose pas dire comme Mediapart et son président Edwy Plenel.
TEXTE COLLECTIF
POUR LA LIBÉRATION DE GUY MARIUS SAGNA, ARBITRAIREMENT DÉTENU
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous exigeons la cessation de la violation des droits des citoyens et la libération immédiate de l'activiste - Cornel West, Danny Glover, Ngũgĩ wa Thiong'o et plusieurs célébrités interpellent Macky - PÉTITION
SenePlus publie ci-dessous en exclusivité, une pétition qui émane de célébrités mondiales venus des quatre continents dont le Kenyan Ngugi Wa Thiong'o, le Professeur Cornel West des universités américaines Harvard et Princeton et le célèbre acteur américain Danny Glover. Cette initiative d'écrivains et d'universitaires de par le monde appelle à la libération immédiate de l'activiste Guy Marius Sagna, détenu au Sénégal depuis le 16 juillet 2019, pour "fausse alerte au terrorisme". La pétition a été initiée par deux des plus éminents écrivains francophones, notre éditorialiste Boubacar Boris Diop et le tchadien et universitaire établi au Mexique Koulsy Lamko.
"Le mardi 16 juillet 2019, l’activiste Guy Marius Sagna, est arrêté et conduit à la Section de recherche de la gendarmerie nationale sur ordre du procureur de la République du Sénégal, pour s'expliquer sur deux publications faites sur le réseau social Facebook.
Dans ces publications l'activiste Guy Marius Sagna déplore le fait qu'après 59 années d'indépendance, les élites politiques du Sénégal vont se soigner ou finir leurs jours dans les hôpitaux de l'ancienne puissance coloniale, après avoir échoué à doter le pays d'infrastructures hospitalières capables de fournir aux populations des soins de qualité. Ces publications ont été faites à l’occasion du décès en France du Secrétaire général du parti socialiste et président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), et de l’admission dans un hôpital en France de l'ancien premier ministre de Macky Sall, Boun Abdallah Dione.
Ces deux publications ne pouvant fonder une infraction, le procureur, après deux jours de détention, a mis les enquêteurs sur une autre piste, à la recherche d'une infraction à retenir contre l'activiste pour ainsi pouvoir le garder en prison. C'est ainsi qu'après quatre jours entre la Section de recherche de la gendarmerie, la Cave du tribunal de Dakar et la cellule du Commissariat central de Dakar, Guy Marius Sagna est placé sous mandat de dépôt sous le chef d’accusation de "fausse alerte au terrorisme".
L'infraction est constituée, selon le procureur, par un texte que l'activiste aurait partagé sur sa page Facebook, parlant de la France qui préparerait un attentat terroriste au Sénégal.
Pourtant, l'activiste Guy Marius Sagna n'a pas partagé ce texte sur sa page Facebook. De plus, l'auteur du texte c'est l'organisation FRAPP (Front pour une Révolution Anti-impérialiste, Populaire et Panafricaine), qui l'a rendu public lors d'une conférence de presse tenue à Dakar, le lundi 15 juillet 2019. L’activiste Guy Marius Sagna n'était pas sur le présidium ce jour-là. Enfin, même s'il est un membre du FRAPP, il n'en est pas le Coordonnateur. Dès lors, s'il y a à convoquer quelqu'un pour ce texte, ce sont tous les membres de l'organisation qui devraient l'être. Or ni le coordonnateur ni aucun autre membre du FRAPP n'a été convoqué.
Par ailleurs, ce texte est l'écho de propos tenus le 18 février 2019 à Kasnack (région de Kaolack) par un député de la mouvance présidentielle, M. Khoureichi Niasse pour justifier la concession par l'État du Sénégal de blocs pétroliers à l'entreprise française Total, en violation du code pétrolier, et expliquer la brouille entre le ministre de l'énergie démissionnaire et le Président Macky Sall. Voici les propos de M. Niasse : "C'est la France qui nous a colonisés durant plus de deux siècles. Et la France n'a jamais pensé que le Sénégal pouvait disposer du pétrole, du gaz, ou d'autres ressources. Elle pensait que le Sénégal se limitait à la pêche, à l'agriculture, à la mendicité et à l'élevage. Mais on se réveille un jour et on découvre que le Sénégal a du pétrole et du gaz et bien d'autres ressources. Bien évidemment, il faut que la France vienne réclamer sa part. Quand la France est venue demander qu'on lui donne une zone pour exploration, si le Président Macky Sall avait refusé de lui concéder cela, la France allait ouvrir les portes du Sénégal aux jihadistes du Mali pour qu'ils viennent perpétrer des attentats, elle aurait aussi réarmé les rebelles casamançais et créé d'autres problèmes dans le pays."
Le 21 mai 2019, soit trois mois plus tard, c'est Christophe Castaner, ministre français de l'Intérieur, en visite au Sénégal, qui a affirmé sans ambages que "Le terrorisme est présent au Sénégal".
Dans cette affaire, qui est en fait un gros scandale, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une cabale montée de toutes pièces par le régime de Macky Sall, utilisant la justice et les forces de sécurité comme bras armé pour se débarrasser de Guy Marius Sagna et de l'organisation FRAPP/France Dégage, dont le tort est d'être debout contre l'impérialisme et l'oppression sous toutes leurs formes, mais aussi pour la défense de l'État de droit et de la démocratie.
Guy Marius Sagna est ciblé à travers l’organisation FRAPP et on cherche à le faire taire par des méthodes dignes des régimes autocratiques. On veut, par cette détention arbitraire, décourager les mobilisations populaires contre les injustices et les faits de corruption qui accablent le régime en place.
Cette énième arrestation de l'activiste panafricaniste Guy Marius Sagna a choqué une bonne frange de l’opinion sénégalaise, poussant des organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile, comme la Rencontre Africaine des Droits de l'homme (RADDHO), Amnesty international, le mouvement Y'EN A MARRE, LEGS AFRICA, des artistes comme Dj Awadi et de nombreux blogueurs et citoyens à se mobiliser pour dénoncer sa détention arbitraire et exiger sa libération.
Guy Marius Sagna dérange à cause des différents fronts sur lesquels il se bat contre les dérives du régime et aussi contre le néocolonialisme français au Sénégal et en Afrique. Dans un passé récent, il s’est illustré dans le combat citoyen contre la signature des Accords de Partenariat Économique (NON AUX APE), la Campagne «Pour une souveraineté monétaire France Dégage », l’opposition à l’érection d’une Place de l’Europe à côté de la Maison des Esclaves à Gorée, le combat pour la débaptisation des rues et avenues qui portent le nom d’esclavagistes et/ou de colons, etc.
Il a fait ce commentaire raciste au téléphone à Richard Nixon, alors président des USA, qui avait la manie d'enregistrer tous ses appels téléphoniques.
Le gouverneur était furieux que les délégués africains à l'ONU ne se soient pas rangés du côté des États-Unis lors d'un vote visant à reconnaître la Chine et à expulser Taïwan.
Après le vote, les membres de la délégation tanzanienne ont commencé à danser à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Lorsque M. Reagan a appelé M. Nixon le lendemain, il a demandé s'il avait regardé le vote à la télévision.
Il a poursuit en disant : "Voir ces singes, ces singes de ces pays africains, bon sang, ils sont encore mal à l'aise avec des chaussures !"
M. Nixon en a rigolé.
L'enregistrement a été "déterré" par Tim Naftali, professeur agrégé d'histoire à l'Université de New York, qui avait dirigé la Nixon Presidential Library, qui a conservé toutes les bandes audio enregistrées par M. Nixon, de 2007 à 2011.
Dans son article publié dans The Atlantic, Naftali explique que l'échange raciste a été retiré de la conversation enregistrée lorsqu'il a été publié en 2000 par les Archives nationales pour des raisons de confidentialité.
M. Reagan était encore en vie à l'époque.
Naftali souligne qu'à la suite d'une ordonnance du tribunal, les enregistrements ont fait l'objet d'une révision.
"La mort de Reagan, en 2004, a éliminé les problèmes de confidentialité. L'an dernier, en tant que chercheur, j'ai demandé que les conversations concernant Ronald Reagan soient réexaminées et, il y a deux semaines, les Archives nationales ont publié en ligne des versions complètes des conversations d'octobre 1971 concernant Reagan."
Selon Naftali, M. Reagan avait appelé M. Nixon pour le presser de se retirer de l'ONU, mais dans le discours du président, il dit que les "plaintes de M. Reagan contre les Africains sont devenues le principal sujet de l'appel".
Dans un récit de la conversation à son secrétaire d'État, M. Nixon dit : "Il a vu ces cannibales... ces cannibales à la télévision hier soir, et il dit : "Jésus, ils ne portaient même pas de chaussures, et ici les États-Unis vont soumettre leur sort à cela", et ainsi de suite...".
Naftali affirme que l'enregistrement permet de mieux comprendre le soutien de M. Reagan à la Rhodésie et l'Afrique du Sud qui ont pratiqué l'apartheid plus tard dans les années 1970.
PAR Elhadji Ibrahima THIAM
AFROPHOBIE
Qui pouvait imaginer que l’Afrique du Sud pour lequel l’ensemble du continent s’est mobilisé pour mettre un terme à la ségrégation raciale qui étouffait ses fils, allait se transformer en un véritable enfer pour les communautés africaines sur son sol ?
En mi-juillet, deux dates, à deux jours d’intervalles, ont amené le monde à replonger dans l’un des épisodes les plus sombres de notre histoire contemporaine : l’Apartheid. En effet, le 16 juillet, le monde apprenait la disparition du chanteur sud-africain Johnny Clegg à l’âge de 66 ans. Musicien engagé, auteur d’énormes tubes dans les années 1980 parmi lesquels le célèbre « Asimbonanga » dédié à Nelson Mandela, celui qui était appelé le « Zoulou blanc » incarnait, avec ses chansons, la résistance à l’Apartheid, puis la réconciliation. Et le 18 juillet, la planète célébrait la naissance de Madiba qui aurait eu 101 ans. Ces deux événements ont donc remis au goût du jour cette politique de ségrégation raciale officialisée à grand renfort de lois et de règlements, à partir de 1948, par le Parti national Afrikaners et qui ne prit fin officiellement qu’avec les premières élections multiraciales, en 1994, qui portèrent l’Anc et sa figure historique, Nelson Mandela, au pouvoir.
Un quart de siècle plus tard, la Nation Arc-en-ciel peine à se départir des démons de son passé de pays clivant et d’intolérance. Cette fois-ci, les soubresauts n’ont pas pour noms « tensions raciales », mais plutôt « xénophobie » à l’endroit de la diaspora africaine. L’Afrique du Sud est régulièrement le théâtre de violences xénophobes. Ce phénomène revient chaque année, surtout en période électorale, comme lors des élections générales du 8 mai dernier. Et elle fait parfois beaucoup de victimes. C’est le cas des 64 morts de 2015, suite à cette incroyable déclaration du roi Zoulou, Goodwill Zwelithini, qualifiant les communautés étrangères africaines établies dans le pays de « cafards ». Le terme « cafard » rappelle le génocide rwandais. La radio « Mille collines », porte-voix des Hutus, l’utilisait pour nommer les Tutsis dédaigneusement appelés « Ignezi », qui veut dire « cafard » en langue kinyarwanda.
« Les étrangers deviennent un argument de campagne et leur sort est entre les mains des hommes politiques et des chefs traditionnels sud-africains qui peuvent provoquer, en un rien de temps, de véritables chasse-à-l’homme », informait la radio Rfi dans un grand reportage consacré à la xénophobie en Afrique du sud diffusé en fin juin et intitulé « L’enfer des diasporas africaines ». Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, en janvier dernier, lors du lancement de sa campagne électoral, s’était aussi laissé aller lorsqu’il dénonça l’envahissement de son pays par la diaspora africaine. Même s’il était revenu sur ses propos. Toujours est-il que cette « haine » des Sud-Africains envers les migrants du continent est une réalité. Le philosophe Achille Bembé l’appelle « afrophobie ».
Preuve de cette profonde tendance xénophobe qui s’est emparée du pays, un parti politique a participé aux dernières élections générales avec comme idée forte de son programme l’expulsion systématique de tous les étrangers au motif qu’ils s’accaparent du travail des nationaux. Un discours cher aux nationalistes de tout acabit. Mais, même le Front national, devenu Rassemblement national de Marine Le Pen, en France, ou la Ligue du Nord de Matteo Salvini, en Italie, n’expriment pas si ouvertement leur aversion des étrangers.
Qui pouvait imaginer que l’Afrique du Sud, un pays pour lequel l’ensemble du continent s’est mobilisé pour mettre un terme à la ségrégation raciale qui étouffait ses fils, allait se transformer en un véritable enfer pour les communautés africaines vivant sur son sol ?
Peut-être que les Sud-Africains ont la mémoire courte ou peut-être le travail de mémoire qui aurait dû être fait en direction de la jeune génération ne l’a pas été ou pas assez suffisamment. Et pourtant, dans son autobiographie « Un long chemin vers la liberté », Nelson Mandela est largement revenu sur le soutien ô combien important qu’il a obtenu des pays africains lorsque, à partir de 1960, l’Anc a décidé d’abandonner sa stratégie de résistance pacifique pour épouser la lutte armée à travers sa branche militaire Umkhonto We Sizwe (Fer de lance de la nation). Il raconte alors son périple qui le mena, à partir de février 1962, au Botswana qui s’appelait alors Bechuanaland, au Soudan, au Ghana, en Ethiopie, en Egypte, en Tunisie, en Algérie, au Mali, en Guinée, en Sierra Léone, au Liberia, au Maroc et au Sénégal. Et partout, il a eu une oreille attentive et un appui financier ou diplomatique. Par exemple, en Tunisie, Habib Bourguiba remit à Nelson Mandela 5000 dollars. Au Liberia, le président Tubman lui donna 5000 dollars pour l’achat d’armes et 400 dollars comme argent de poche. En Guinée, Sékou Touré lui offrit 5000 dollars. Au Sénégal, Senghor procura à Nelson Mandela et à Walter Sisulu des passeports diplomatiques et leur paya le voyage en avion de Dakar à Londres. Dans son livre, Nelson Mandela dit avoir beaucoup aimé « son bref séjour » à Dakar et écrit ceci : « J’ai été frappé par la grâce et l’élégance des femmes sénégalaises vêtues de robes flottantes et la tête recouverte d’un ruban. Les Sénégalais sont beaux et la société montre comment des éléments très disparates – Français, Africains, [musulmans] – peuvent se mêler pour former une culture unique et distincte ». Les xénophobes sud-africains devraient lire ce passage et y méditer profondément.
MACKY SALL SOUHAITE L’INSTITUTION D’UN "PRIX CHEIKH ANTA DIOP’’ AU FESPACO
’’(...) il faut voir comment instaurer un prix qui sera nommé Cheikh Anta Diop— car je suis un panafricaniste— dédié au cinéma africain’’, pour notamment soutenir les actions du Burkina Faso dans ce domaine, a déclaré le chef de l’Etat
Le président de la République, Macky Sall, propose l’instauration d’un ’’Prix Cheikh Anta Diop’’ d’un montant de 20 millions de francs CFA lors du prochain Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
’’(...) il faut voir comment instaurer un prix qui sera nommé Cheikh Anta Diop— car je suis un panafricaniste— dédié au cinéma africain’’, pour notamment soutenir les actions du Burkina Faso dans ce domaine, a déclaré le chef de l’Etat en recevant mardi des cinéastes sénégalais, dont la réalisatrice du film ’’Atlantique’’, Mati Cléméntine Diop.
Des professionnels du cinéma ont été décorés à cette occasion. Il s’agit de Mati Diop, Ousmane William Mbaye, Moussa Touré, Arona Camara, Ibrahima Mbaye, Rokhaya Niang, Baba Diop, Lamine Ndiaye, Alain Gomis et Oumar Sall.
Le FESCAPO a été créé en 1969 à Ouagadougou à l’initiative d’un groupe de cinéastes africains, dont le Sénégalais Sembène Ousmane (1923-2007), surnommé l’aîné des anciens.
Son objectif consiste, entre autres, à favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain, permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, contribuer à l’essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que moyen d’expression, d’éducation et de conscientisation.
LE BLOGUEUR MAURITANIEN MOHAMED CHEIKH OULD MKHEÏTIR SE RÉFUGIE AU SÉNÉGAL
C'était le "plus ancien journaliste-citoyen détenu en Afrique francophone" selon Reporters Sans Frontières : initialement condamné à mort pour blasphème, il a "retrouvé la liberté" après plus de cinq ans de détention
C'était le "plus ancien journaliste-citoyen détenu en Afrique francophone" selon Reporters Sans Frontières: initialement condamné à mort pour blasphème, le blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir a "retrouvé la liberté" après plus de cinq ans de détention et a rejoint le Sénégal, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Reporters Sans Frontières, en pointe dans la campagne internationale pour sa libération depuis des années, est "heureux d'annoncer la remise en liberté", lundi à l'aube, de M. Ould Mkheïtir, 36 ans, a indiqué mardi dans un communiqué l'ONG de défense de la liberté de la presse.
"Contacté directement par RSF, il a remercié les organisations qui se sont mobilisées pour sa libération depuis près de 6 ans", a ajouté RSF.
Son avocate, Fatimata Mbaye, a confirmé à l'AFP que le blogueur avait été "libéré du lieu où il était en résidence surveillée", une forteresse de la capitale Nouakchott selon un responsable mauritanien.
Mais il n'est "pas entièrement libre de ses mouvements", a ajouté son avocate, en indiquant qu'il avait quitté Nouakchott. Le dossier est sensible dans ce pays du Sahel très majoritairement musulman, régulièrement épinglé par les ONG pour son bilan en matière de droits humains.
"Le sieur Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir est entré sur le territoire national (sénégalais) ce lundi 29 juillet", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire à Dakar, confirmant une information de la presse sénégalaise.
Ses parents, se sentant menacés, avaient quitté la Mauritanie en vendant leurs biens fin 2016 pour se rendre en France, en passant par le Sénégal, selon des sources familiales.
Interrogé mardi par l'AFP sur la possibilité que le blogueur se rende en France, le ministère français des Affaires étrangères n'a pas souhaité faire de commentaire.
Emmanuel Macron s'est entretenu par téléphone lundi après-midi avec le président mauritanien élu, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, qui doit succéder jeudi à Mohamed Ould Abdel Aziz, selon l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle). "L'entretien a porté sur les excellentes relations entre nos deux pays", indique l'AMI, sans évoquer le cas de M. Ould Mkheïtir.
- Exécution réclamée dans la rue -
Dans son article, le jeune blogueur, inconnu jusque-là, critiquait l'utilisation de la religion pour justifier certaines discriminations, dont celles visant sa communauté, les Maalmines (forgerons).
Détenu depuis janvier 2014, il avait été condamné à mort en décembre de la même année pour apostasie, son texte étant jugé blasphématoire envers le prophète de l'islam.
Cette peine avait été ramenée en appel à deux ans de prison en novembre 2017 pour tenir compte de son repentir et il aurait donc dû être immédiatement remis en liberté.
Mais la décision, jugée trop clémente, avait entraîné des manifestations pour réclamer son exécution, bien que la peine capitale n'ait plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.
M. Ould Mkheïtir était depuis lors maintenu en détention administrative, quasiment au secret, et les militants des droits de l'homme étaient "très inquiets de son état de santé physique et mentale", selon Amnesty International.
- "Immense soulagement" -
Le président mauritanien sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait le 20 juin justifié cette situation par la "sécurité personnelle" du blogueur "aussi bien que celle du pays". RSF et 11 autres ONG l'ont alors exhorté à "utiliser les quelques semaines qui lui restaient à la tête du pays pour mettre fin à la détention illégale" du blogueur.
Une commission d'oulémas a été constituée pour "suivre" le processus menant à sa libération et M. Ould Mkheïtir s'est à nouveau repenti publiquement, une condition posée par des chefs religieux pour sa libération.
"Comme je l'avais annoncé au début de 2014 et comme je l'ai répété à toutes les occasions qui s'offraient à moi devant les tribunaux, je réaffirme ici mon repentir devant Allah, le Seigneur des Mondes", a-t-il écrit dans son premier post sur Facebook depuis 2014.
"Sa libération est un immense soulagement", a réagi le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. "Pour un simple article publié sur un réseau social, il a vécu un véritable calvaire, en violation d'une décision de justice rendue par son propre pays", a-t-il dit.
MONNAIE UNIQUE EN AFRIQUE DE L'OUEST, UN PROJET MAL ENGAGÉ
Paris manœuvre pour que les transformations du FCFA ne se traduisent que par un changement de nom. Les pays de l'UEMOA n’ont toujours pas dit à leurs pairs de la Cédéao comment ils comptaient rompre le cordon qui les lie au ministère français des finances
Les présidents de quinze pays d’Afrique de l’Ouest ont révélé, fin juin, le nom de la monnaie unique régionale qu’ils veulent lancer en 2020 : l’eco. Mais la volonté politique de plusieurs États semble manquer pour faire aboutir ce projet mal ficelé. En coulisses, Paris manœuvre pour que les transformations du franc CFA ne se traduisent que par un changement de nom.
Réunis fin juin à Abuja, au Nigeria, les dirigeants des quinze pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont semblé donner un coup d’accélérateur à un vieux projet de monnaie unique : ils ont annoncé qu’ils avaient retenu le nom d’« eco » pour cette future unité de compte, censée voir le jour en juillet 2020. Mais, depuis, le doute plane sur ce projet tant la volonté politique de certains chefs d’État à mener cette entreprise à son terme semble manquer.
L’idée de monnaie unique régionale a été adoptée en 1983 par la Cédéao. Elle doit concerner 335 millions d’habitants : les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA), soit le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, qui utilisent actuellement le franc CFA et sont membres de la zone franc, ainsi que le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Léone, qui ont chacun leur monnaie. Au fil des décennies, la mise en œuvre du projet s’est révélée compliquée, et il y a eu de nombreux reports pour la plupart des étapes fixées.
En dépit des retards, les chefs d’État de la Cédéao multiplient depuis un an les déclarations affirmant leur intention de tenir l’échéance de 2020. À Abuja, pour montrer leur détermination, ils ont non seulement annoncé le choix du nom « eco », mais se sont aussi prononcés pour un régime de change flexible (http://www.ecowas.int/wp-content/upl oads/2019/07/Communiqu%C3%A9-Final_55%C3%A8m-Sommet_Abuja_29-juin-2019-1.pdf ).
Cependant, le flou continue de dominer tout le reste, comme l’a souligné l’économiste ivoirien Mamadou Koulibaly dans une vidéo (https://m.youtube.com/watch?v=LniFFT27ejM): la Cédéao n’a pas de traité d’union monétaire, les statuts de la future banque centrale n’ont pas été définis, la question de la gestion des réserves de change n’a pas été abordée, ni celle des politiques économiques et financières communes, etc.
Certes, des « critères de convergence » (taux d’inflation inférieur à 10 %, endettement public sous 70 % du PIB, déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB, etc.) ont été définis il y a quelques années comme préalables à remplir par chaque État avant d’aller vers une monnaie unique. Mais aucun pays n’avait respecté ces critères en 2018.
Mi-juin 2019, le « comité ministériel » de la Cédéao s’est même dit préoccupé (https://www.mays-mouissi.com/wp-c ontent/uploads/2019/06/Rapport-final-reunion-ministeres-et-Gvneurs-BC_18-juin_monnaie-unique-CEDEAO.pdf ) par « le recul relatif de la convergence macroéconomique et le manque de performances au regard de l'échéance de 2020 pour la création d‘une union monétaire », « la vulnérabilité des économies de la région aux chocs extérieurs qui rend difficile le respect des critères de convergence sur une base durable par les États membres », « le déficit budgétaire élevé, en aggravation dans certains États membres, qui a un impact négatif sur le taux de change et la dette extérieure ». Ce sont sans doute ces constats qui ont poussé les chefs d’État à préconiser depuis Abuja une
« approche graduée » : les pays qui rempliront les critères de convergence pourront utiliser l’eco en 2020 en attendant que les autres soient prêts, ont-ils annoncé.
À ces problèmes, il faut ajouter la position ambiguë des pays de l’UEMOA. Tout en se montrant depuis quelques mois enthousiastes à propos du projet eco, ils n’ont toujours pas dit à leurs pairs de la Cédéao comment ils comptaient rompre le cordon qui les lie au ministère français des finances (la moitié de leurs réserves de change est actuellement déposée sur un compte spécial du Trésor français par lequel transitent une grande partie de leurs opérations extérieures ; des représentants français siègent dans les instances de leurs banques centrales, etc.).
Pourtant, le Nigeria réclame depuis 2017 un plan de divorce, indispensable avant la création d’une monnaie unique. Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a lui aussi souligné à plusieurs reprises que les membres de l’UEMOA devaient revoir leurs relations avec le Trésor français. Il l’a redit devant son homologue français, Emmanuel Macron, le 11 juillet : « Clairement, il faudra qu’il y ait quelques transformations dans l’arrangement monétaire de ces pays. »
Les ambiguïtés d’Alassane Ouattara
À l’issue d’une visite à l’Élysée, le 9 juillet, et d’une réunion des dirigeants de l’UEMOA, le 12 juillet, Ouattara a laissé entendre que les États de l’UEMOA seraient les premiers à adopter la monnaie unique, arguant qu’ils se rapprochent le plus des critères de convergence – ce qui est exact et s’explique par le fait qu’ils sont déjà soumis à des règles strictes imposées par le système CFA.
Le franc CFA serait alors simplement rebaptisé eco et garderait sa parité fixe avec l’euro « dans l’immédiat », c’est-à-dire au moins tant que les pays de l’UEMOA seront les seuls à utiliser cette monnaie unique, a expliqué Alassane Ouattara, faisant ainsi fi de la décision de la Cédéao d’opter pour un régime de change flexible et de l’avis de nombreux économistes affirmant que la parité fixe avec l’euro est désastreuse pour les pays CFA. En somme, la situation monétaire de l’UEMOA ne changerait pas, excepté le nom de sa monnaie.
Ce scénario aurait le mérite de répondre aux vœux des autorités françaises, dont Alassane Ouattara est proche : si Emmanuel Macron, pressé par la fronde anti-CFA qui ne cesse d’enfler, s’est dit « ouvert » à des changements concernant la zone franc, il a suggéré qu’ils se limitent à un élargissement de son périmètre et à une modification du nom franc CFA... Mais un tel tour de passe-passe ne permettra pas d’affaiblir la contestation, qui semble être devenue la préoccupation principale des défenseurs du franc CFA. Déjà circule l’idée que la France et ses alliés africains cherchent à berner les citoyens de la zone franc (https://youtu.be/UpjT6_H9u0k), en essayant de leur faisant croire qu’ils vont retrouver le contrôle de leur monnaie grâce à l’eco.
Et il est difficilement imaginable que cette monnaie soit lancée pour quelques-uns d’entre eux seulement. On peut par ailleurs s’interroger sur le degré d’attractivité d’une « zone eco » qui serait lancée sans le Nigeria et le Ghana, poids lourds de la Cédéao.
Pour Mamadou Koulibaly, il n’y a pas de doute : aucune monnaie unique régionale ne verra le jour en 2020. Par conséquent, il « faut continuer à se battre contre le franc CFA », lequel « n’est pas là pour assurer » le « développement » des pays qui l’utilisent. Il va falloir aussi que les dirigeants de la Cédéao, qui n’ont jamais jugé utile de soumettre la question monétaire à un vote démocratique, revoient leur copie.
L’eco, « conçu dans une optique d’orthodoxie budgétaire » et calqué sur l’euro, comporte des risques importants, notamment parce que les États concernés ont des profils économiques différents et des « cycles économiques rarement synchrones », ainsi que l’a expliqué l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla dans une tribune publiée par le Monde Afrique (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/0 6/30/la-monnaie-unique-ouest-africaine-risque-d-etre-un-echec-cuis ant_5483447_3212.html). À eux seuls, les actuels critères de convergence témoignent de l’irréalisme du projet : pour les respecter tous, beaucoup de pays de la Cédéao devraient mener des politiques d’austérité très coûteuses socialement, ce qui n’est évidemment pas dans leur intérêt. D’ailleurs, si le Nigeria soutient officiellement l’eco, il n’y est en réalité pas favorable : il sait qu’il perdrait beaucoup s’il devait renoncer à sa monnaie nationale.
par Yann Gwet
FRANCE-AFRIQUE, L'HEURE DU RÉÉQUILIBRAGE
Comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation ? Un monde dans lequel plus que jamais la France n’aura que le pouvoir que nous lui donnerons
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 29/07/2019
L'affaiblissement de l’influence de la France en Afrique permet de mieux se focaliser sur le véritable enjeu : comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation.
Le 11 juillet dernier, Emmanuel Macron recevait à l’Élysée des membres « des diasporas africaines de France » pour un « grand débat ». Comme cela était prévisible, cette initiative a été fortement critiquée par de nombreux internautes, activistes et intellectuels africains. Emblématique du tollé suscité par cette rencontre, la réaction de l’intellectuel Achille Mbembe qui, dans un texte à charge sur sa page Facebook, a dénoncé un « bal des cyniques ».
Les critiques formulées à l’encontre de cette rencontre étaient souvent fondées. Mais elles trahissaient aussi chez beaucoup une incompréhension des évolutions du monde et des conséquences de celles-ci sur la relation entre la France et l’Afrique. Pour beaucoup, manifestement, la France reste, en Afrique, l’hyperpuissance qu’elle a été par le passé. Rien n’est plus discutable.
Hyperpuissance
Dans son livre Modern Times, l’historien britannique Paul Johnson rappelle que déjà en 1957, François Mitterrand déclarait : « sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au XXIe siècle ». De son côté, dans un remarquable livre consacré à la diplomatie franco-britannique au Cameroun au milieu du XXe siècle, l’historienne Mélanie Torrent confirme que « les relations avec l’ex-Afrique française faisaient partie intégrante de “la grandeur française” telle que conçue par de Gaulle ». Mais on peut remonter jusqu’aux conseils prodigués par Charles Gravier de Vergennes, diplomate et homme politique français, à Louis XVI, pour apercevoir les racines d’une politique de puissance française reposant essentiellement sur l’embrigadement d’une coalition d’États vassaux (africains) à son service.
Emmanuel Macron, qui est l’héritier de cette histoire, ne peut pas ne pas avoir compris que plus que jamais la France dépend de sa « clientèle tiers-mondiste » pour exister dans le monde qui vient. Car le monde a bien changé depuis de Gaulle. La globalisation, la révolution des technologies de l’information et l’émergence de nouvelles puissances ont davantage, et considérablement, diminué l’influence de la France en Afrique.
Des ruptures en cours
Certes, trop bien insérés dans les éternels réseaux françafricains, peu de représentants de l’élite francophone ont pris la mesure des ruptures en cours. Et pourtant : là où par le passé les Africains francophones accédaient au monde par le filtre de RFI, aujourd’hui c’est ma belle-mère qui m’envoie la dernière vidéo virale anti-franc CFA via WhatsApp. Le Bénin, en compagnie du Rwanda et de Djibouti, vient de rejoindre la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Les cours de mandarin prolifèrent dans les écoles primaires du continent.
La controverse sur « la diplomatie de la dette » ne s’estompera pas, mais elle masque l’autre pan de la réalité : la présence massive d’entrepreneurs individuels chinois sur le continent qui, ainsi que le montre la chercheuse Irene Yuan Sun dans son livre, The Next Factory of the World, investissent sur le long terme, embauchent essentiellement de la main-d’œuvre locale, sont une majorité à proposer des stages professionnels et même à embaucher des managers locaux. Et donc si une partie de l’Afrique d’en haut reste désespérément françafricaine, celle qui se lève tôt et celle des salles de classe préparent la sécession d’avec le monde d’hier. Mais il n’y a pas que la Chine, loin de là.
L’Afrique est le continent où s’ouvrent le plus d’ambassades dans le monde (320 entre 2010 et 2016, selon The Economist) ; des panneaux publicitaires écrits en russe émergent dans les rues de Bangui. Résultat de tous ces bouleversements, alors qu’en 2006 la France était encore le 3e partenaire commercial de l’Afrique, en 2018 elle occupait le 7e rang. Même sa présence militaire, qui reste importante et continue d’entretenir son influence politique, cache mal son affaiblissement : plusieurs rapports américains font en effet état de la dépendance française à la logistique américaine sur les théâtres d’opération africains. Fin juin, Le Figaro rapportait les propos d’un ancien haut-responsable du ministère français de la Défense, selon lequel la France « n’a plus les capacités d’endiguer la crise » dans le Sahel.
Nouvelle donne
Est-ce à dire que la France est finie ? Non. Son armée parvient encore, au Tchad par exemple, à servir sa politique de grandeur. Son poids politique, dont le F CFA est un des instruments, reste considérable. Mais c’est son influence psychologique qui est aujourd’hui la plus forte. La France reste puissante en partie parce que l’élite francophone a décidé qu’elle le soit. Elle a capitulé. Pourtant l’opportunité d’un rééquilibrage des relations n’a jamais été aussi grande. Il faut donc se libérer de l’emprise psychologique que la France continue d’exercer pour mieux se focaliser sur le véritable enjeu : comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation ? Un monde dans lequel plus que jamais la France n’aura que le pouvoir que nous lui donnerons.
LE COMBAT DES GILETS NOIRS POUR LEUR DIGNITÉ
"C’est pas parce que tu nous traites de “nègre” ou “noir” que ça va nous faire peur. Sans ces sales nègres, la France n’est rien. L’économie française, l’économie européenne n’est rien"
"C’est pas parce que tu nous traites de “nègre” ou “noir” que ça va nous faire peur. Sans ces sales nègres, la France n’est rien. L’économie française, l’économie européenne n’est rien. Tu te lèves demain à 5 heures du matin, tu prends le métro, les personnes que tu trouves dans le métro ce n’est pas les français, c’est des noirs et des arabes."