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26 avril 2025
Opinions
PAR Aliou Thiongane
D’APRÈS LES RÉSULTATS DES LÉGISLATIVES, LA RESTRUCTURATION DE PASTEF S’IMPOSE À MATAM
Nabadji Civol émerge comme le fer de lance du parti dans la région, dominant largement les autres communes. Cette géographie électorale dessine les contours des défis qui attendent le Pastef pour les prochaines échéances
Le scrutin du 17 novembre 2024 a permis au Pastef de réaliser une razzia au niveau national, mais le département de Matam reste un chantier à consolider. Professeur Aliou Thiongane, responsable du parti dans cette région, revient sur les succès, les insuffisances, et les axes prioritaires pour renforcer leur ancrage dans la région, tout en répondant aux critiques de l’opposition.
Les leçons tirées du scrutin du 17 novembre 2024
Le scrutin du 17 novembre 2024 a permis à notre parti le Pastef et au Premier ministre d’avoir la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale permettant ainsi au président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko de conduire la transformation systémique pour le bien-être du peuple sénégalais. Cette vision Sénégal 2050 du tandem Diomaye-Sonko permet de sortir le Sénégal de la pauvreté vers l’émergence, la souveraineté, l’équité territoriale, la prospérité et la bonne gouvernance.
Au niveau national, les Sénégalais ont plébiscité le Premier ministre Ousmane Sonko en lui octroyant la majorité des départements et une proportion importante de députés de la liste nationale. Au niveau local, notamment dans le département de Matam, la réalité est tout autre. Nous n’avons pas pu atteindre nos objectifs qui étaient de remporter le vote du département avec les deux députés. Malgré le soutien des alliés, la victoire n’a pas été au rendez-vous. Cela prouve qu’il reste encore du travail à faire au niveau de Matam, notamment dans la massification du parti, dans l’organisation et dans le fonctionnement. Nos adversaires avaient plus de moyens certes, surtout financiers et logistiques, mais cela ne constitue pas la seule raison du résultat obtenu. Vu l’évolution du nombre de voix par rapport à la Présidentielle avec une nette augmentation, un travail à la base permettrait de convaincre nos compatriotes à voter massivement pour le Pastef.
Les localités du Diéri, qui avaient gagné lors de la présidentielle, ont confirmé leur vote et leur ancrage au projet et au Pastef. Le bastion du Pastef au Fouta, à Matam demeure incontestablement dans les villages du Diéri (Sédo et autres). La commune de Nabadji Civol pèse trois à cinq fois plus de voix que toutes les autres communes du département. Elle est la commune la plus vaste, la plus peuplée du département où le Pastef a toujours gagné les élections, notamment dans le Diéri depuis la Présidentielle.
Cependant, celles du Dandé Mayo et des autres tardent encore à rallier le train du Pastef. Le travail doit être accentué dans ces localités avec une bonne stratégie de sensibilisation et de communication.
Avenir politique du Pastef à Matam après les élections législatives
La restructuration du parti s’impose à Matam, de même que le mode de fonctionnement. Les responsables locaux ont besoin de plus d’appui et d’accompagnement de la direction centrale. Les leaders qui ont toujours gagné dans leurs localités méritent d’être promus dans les instances du parti au niveau local et central. Cela renforce leur motivation et galvanise la base. Actuellement, ce qui est factuel est que la commune de Nabadji Civol est le bastion de Pastef au niveau du Fouta, dans les zones du Diéri. Nous allons vers des élections locales dans deux ans, mais le travail doit commencer dès maintenant. La massification au niveau de la base doit être encadrée, encouragée et soutenue. Notre objectif est de conquérir toutes les communes du département en y installant des responsables de Pastef de première heure. Cela nécessite un travail titanesque, mais surtout une bonne organisation, des moyens et des réalisations sur le terrain.
Il faudra une restructuration du parti au niveau local d’abord. Ensuite, travailler à la massification de la base, appuyer les responsables dans leurs activités de massification, opter pour une démarche inclusive avec les responsables politiques locaux, les jeunes, les femmes, les porteurs de voix et, enfin, la coordination départementale et les sections communales doivent travailler en étroite collaboration, superviser et encourager les opérations de mise en place des cellules dans les quartiers et villages.
Message adressé aux électeurs et au peuple sénégalais
Le 24 mars 2024, en élisant au premier tour Bassirou Diomaye Diakhar Faye en qualité de président de la République du Sénégal, le peuple sénégalais donnait au tandem Diomaye-Sonko les pleins pouvoirs pour conduire ses destinées. Cette prouesse inédite dans l’histoire politique du Sénégal était également l’aboutissement d’un nouveau contrat politique et social qui mettait le Sénégal et les Sénégalais au cœur d’un nouveau paradigme dont la souveraineté et le patriotisme constituent les leitmotivs. Un nouveau contrat social, rompant d’avec les pratiques rétrogrades des régimes précédents, qui fait renaître l’espoir dans les cœurs et les esprits de tout un peuple et de sa diaspora, dont la contribution financière et politique à l’aboutissement du Projet est sans commune mesure. Armé de sa foi, le président avait, dès sa prestation de serment le 2 avril, dégagé les grands axes de la nouvelle doctrine de refondation de l’État, de la nation sénégalaise et de son économie, pour un Sénégal souverain, juste, prospère et ancré dans les valeurs fortes du triptyque “Jub Jubbal Jubbanti”. Le Premier ministre Ousmane Sonko mettant en œuvre les orientations du président de la République, s’est attelé, avec l’expertise nationale, à l’élaboration d’un nouveau référentiel des politiques publiques dénommé Agenda national de transformation, Vision Sénégal 2050. Ce projet est un ambitieux programme qui dépasse les contingences politiques et électoralistes, et vise le développement du Sénégal à long terme, avec une déclinaison temporelle à court et moyen terme pour répondre aux urgences attentes pressantes du peuple sénégalais meurtri par une gestion gabégique et patrimoniale des ressources publiques par l’ancien régime. Nos autorités, notamment le président de la République et le Premier ministre, ont pris l’engagement ferme de développer le Sénégal à travers le Projet de transformation systémique, vision 2050. C’est un projet ambitieux et réalisable qui permet de sortir le Sénégal de la pauvreté et d’aller vers le développement, la souveraineté et la prospérité. Enfin, j’estime, comme Monsieur le Premier ministre, que la mise en œuvre de ce projet dans ses différentes phases (court, moyen et long terme) nécessite un engagement et un consensus patriotique fort de tous les acteurs. L’appel du Premier ministre à un nouveau Pacte de stabilité sociale (Pass) constitue, à mon avis, le premier défi à relever.
Ce projet ne peut réussir que si le peuple sénégalais se l’approprie et en fait le sien. Les députés nouvellement élus seront ceux de la rupture, du peuple par le peuple et pour le peuple. Ils ont été choisis pour défendre les intérêts du peuple, être la voix des sans-voix et élaborer des lois qui reflètent les aspirations du peuple. Les intérêts du brave, vaillant et courageux peuple sénégalais, déjà meurtri par des années de gouvernance gabégique et clanique, doivent être sauvegardés au détriment des intérêts crypto-personnels et corporatistes.
Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, pour et par les Sénégalais, sous la vision éclairée de Bassirou Diomaye Diakhar Faye et la conduite pragmatique du Premier ministre Ousmane Sonko.
Les priorités politiques du Pastef à l’instar des populations locales de Matam
En effet, tout développement vise le bien-être du capital humain qui, en retour, doit être en bonne santé, bien instruit, compétent, dynamique et bien préparé à répondre aux défis multiples du monde moderne ; un capital humain productif, capable de supporter et de promouvoir sa souveraineté dans le cadre d’une gouvernance transparente et vertueuse des affaires publiques et d’une équité judiciaire, sociale et territoriale.
Ainsi, le projet de transformation systémique postule un capital humain sain, instruit, éduqué (civique) dans un environnement judiciaire, territorial, social et économique équitable. Ce postulat réaffirme un des droits fondamentaux de l’homme et qui est garanti par la Constitution sénégalaise, le droit à la santé qui constitue l’alpha et l’oméga de la vie tout simplement, d’un droit à la vie et non d’un droit à la survie (“dunda wereyane”). Dans un autre registre, il faudra relever que la réussite du projet ne peut s’opérer que sur une “bonne gouvernance solide et un engagement patriotique de portée africaine” qui constituent un sacerdoce pour Monsieur le président de la République, le Premier ministre et tous les patriotes du Sénégal et de sa diaspora qui partagent les mêmes idéaux. Ils consti- tuent le socle, les fondements sur lesquels doit s’appuyer la transformation nationale envisagée en application du référentiel. Pour dire que le projet porte l’espoir de tout un peuple à travers ses axes stratégiques, dont le capital humain constitue le fil rouge pour asseoir le développement équilibré et équitable du pays à travers les différents pôles de développement (huit pôles). Le Projet de transformation systémique envisage, dans le cadre du développement économique, d’achever les chantiers en cours dans la région de Matam, notamment le bitumage des routes, le nouvel hôpital de Ourossogui, l’aéroport de Ourossogui, l’université de Matam, d’encourager la création d’emplois avec le pôle économique agropastoral de Matam, de moderniser l’agriculture et l’élevage, de promouvoir l’autosuffisance en riz, en lait…
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
CHEIKH HAMIDOU KANE OU LE BÂTISSEUR DES TEMPLES DE NOTRE MÉMOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si L’aventure ambiguë retraçait le choc culturel de l’Occident, Les Gardiens du Temple pose la problématique de la réappropriation de l’identité africaine à l’aide d’une reconstruction globale conscientisée et unitaire
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 25/11/2024
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Cheikh Hamidou Kane est un écrivain rare. Rare car peu littérateur et peu bavard. Ces ouvrages littéraires au nombre de deux ne sont pas la répétition d’une œuvre qui aurait épuisé son souffle. Non, ses publications vont à l’essentiel et nous disent toujours, en même temps qu’ils racontent par leur construction romanesque, ce que nous devons retenir de notre histoire, de notre mémoire, de nos hésitations et de nos complexités humaines.
Si les livres de Cheikh Hamidou Kane appartiennent pleinement au patrimoine littéraire africain, ils sont aussi le reflet de la condition humaine, inspiré de la philosophie et des sciences sociales qui nous éclairent de toute leur intelligence, de toute leur splendeur remplie de générosité et d’humanité.
Après plus de vingt ans de silence et L’aventure ambiguë, publié en 1961, qui, par sa force philosophique, est devenu un livre culte de l’Afrique du 20ème siècle, Les Gardiens du Temple reprennent le fil du récit, interrompu par la fin tragique de Samba Diallo.
Situé juste après les Indépendances, ce livre-ci n’a pas encore effacé « l’ambigüité » des rapports entre les Africains, nouveaux maîtres de leur destin, et les anciens colonisateurs qui règnent encore comme des pères fondateurs, sûrs d’eux-mêmes et qui cherchent inlassablement à laisser leurs empreintes dans un monde nouveau qui aspire à la révolution et à la Renaissance. Construit à partir de personnages dissemblables, aux expériences multiples, le récit des Gardiens du Temple est avant tout la tentative de réhabiliter l’histoire de l’Afrique ravagée par l’esclavage, la déportation et la colonisation.
Ce livre ultime de Cheikh Hamidou Kane parle de la réconciliation identitaire de l’Afrique avec les Africains et qui propose un nouveau mode d’appartenance culturelle et sociale, celui de l’union, celui de la tradition africaine sans revendication, sans aspérité, celui de la concordance qui est la seule planche de salut pour les hommes.
Par la bouche de Daba Mbaye, jeune historienne penseuse intellectuelle et politique, Cheikh Hamidou Kane envoie un message fort qui est celui de la reconstruction unitaire : « Il n’est de Renaissance de l’Afrique-mère que par l’unité, la solidarité fraternelle et le savoir ». En filigrane, Cheikh Hamidou Kane nous dit aussi que savoir c’est connaître, savoir c’est créer, savoir c’est avancer sur les voies de la renaissance africaine.
Mais les personnages de Cheikh Hamidou Kane, de Daba Mbaye à Salif Bâ ou encore Farba Mâri, s’ils sont profondément attachés à la tradition, ils n’en sont pas moins préoccupés par la mutation majeure qui appelle une refondation totale du continent africain qui doit abandonner les oripeaux d’une colonisation et d’une ère post-coloniale dévastatrices au profit de l’aventure humaine, pour voir renaître des peuples enfin réconciliés sur une voie commune, celle de l’unité fondamentale des civilisations : unité culturelle, unité politique et économique, unité sociale, unité humaine qui constituent les piliers des terres africaines de nouveau debout.
Mais Cheikh Hamidou Kane va encore plus loin. À travers les récits imaginaires de ses personnages, il clame une « libération totale du continent – États-Unis d’Afrique – socialisme africain » ! Nous y voilà car la pensée de Cheikh Hamidou Kane est constante depuis très longtemps, sa vision panafricaine s’accompagne du triptyque de l’unité, de l’éthique et de la fraternité.
Car à travers ce nouveau récit, Cheikh Hamidou Kane pose bien la question de la déontologie à ses semblables. Si L’aventure ambiguë retraçait le choc culturel de l’Occident qui conduisait Samba Diallo à l’anéantissement de lui-même, Les Gardiens du Temple pose la problématique de la réappropriation de l’identité africaine à l’aide d’une reconstruction globale conscientisée et unitaire qui vient fracasser la volonté coloniale qui est celle de la division, du malentendu et de la corruption organisée.
Cheikh Hamidou Kane prévient que si l’Afrique ne fonctionne pas en une unité solide au moyen de ses voies géopolitiques, culturelles et sociales, elle sera vouée à de nouveaux schismes et à la décadence qui seront les fantômes de la colonisation mais qui auront pris le visage d’un nationalisme exacerbé et stérile, d’un cercle vicieux retranché sur lui-même et qui contient un paradoxe insoluble, celui de l’enfermement.
C’est avec cette nouvelle ambigüité que se débattent les personnages de Cheikh Hamidou Kane mais lui, en narrateur omniscient et conscient, il donne les clés d’un monde meilleur à bâtir, celui de la confiance, celui de la dignité, celui de la transversalité et de la lutte solidaire.
L’esthétisme littéraire de Cheikh Hamidou Kane est de nouveau à l’œuvre car au-delà de la fiction, il s’appuie sur les valeurs universelles qui doivent guider celui qui crée celui qui propose la réflexion, qui sont celles de la vision humaine pour une société plus juste. La littérature inspirée des sciences humaines a toujours beaucoup plus à dire que le simple exercice stylistique du roman. La force de Cheikh Hamidou Kane c’est de réaliser la promesse d’une littérature qui raconte de manière fine et authentique ce que l’homme doit investir pour proposer une société nouvelle, en société en continuité avec l’histoire mais qui ouvre les portes d’un horizon moderne qui soit en phase avec les aspirations humaines, toutes les respirations humaines. En cela, Les Gardiens du Temple est un grand livre, un livre fondamental pour la reconquête des terres belles d’Afrique qui doivent porter les flambeaux prometteurs d’une renaissance guidée par l’unité, par la générosité, par l’éthique, par le principe de réalité, par le bon sens et par une exigence tenace qui dépasse l’intérêt personnel, assassin de tant d’espérance. Une reconstruction salutaire pour enfin faire rejaillir les flamboyants de la civilisation africaine.
Les gardiens du temple, roman, éditions Stock, Paris, 1995
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète écrivain.
Dans un milieu où les inégalités et les vulnérabilités sociales font florès, le député africain ne peut se contenter d’être un législateur technique n’ayant d’égard qu’a la régularité formelle des normes juridiques
A la suite des élections législatives anticipées au Sénégal, le temps est peut-être venu de parler de ce personnage central du jeu démocratique, le député. Dans le contexte africain, le député, en tant que représentant élu, est souvent perçu comme un acteur clé de la consolidation démocratique et du développement socio-économique. Pourtant, cette figure est aussi confrontée à des défis spécifiques liés à l’histoire coloniale, aux particularités culturelles et aux dynamiques socio-politiques des États du continent. Si le rôle du député est universellement défini par la fonction de représentation, ses responsabilités en Afrique prennent une dimension singulière : il est à la fois médiateur entre les institutions étatiques et les populations, et souvent perçu comme un intermédiaire dans la redistribution des ressources.
Le député est la figure centrale du système de représentation parlementaire à tout le moins historiquement. Investi du mandat de représenter la nation tout entière, il agit en tant que liant entre les aspirations populaires et l’exercice du pouvoir politique. Mais qu’est-ce qu’un bon député ? La question, en apparence simple, renferme une complexité et des aspérités qui méritent qu’on s’y penche avec rigueur. Ce concept s’inscrit à l’intersection de la philosophie politique, de l’histoire des institutions et de la sociologie des élites.
Porter une réflexion sur le concept du bon député dans une perspective africaine, en mobilisant des références historiques, philosophiques et sociologiques adaptées aux réalités du continent est une bonne entrée pour fixer les contours de cette figure particulière. A ce compte, il faudra explorer d'abord les héritages historiques et culturels de la représentation parlementaire en Afrique, avant d’analyser les qualités et devoirs d’un député dans ce contexte. Enfin, nous examinerons le rôle du bon député dans la consolidation des jeunes démocraties africaines et le rapprochement entre l’État et ses citoyens.
Héritages historiques et culturels de la représentation parlementaire en Afrique
La majorité des systèmes parlementaires en Afrique est un héritage sans bénéfice d’inventaire des puissances coloniales européennes. Inspirés des modèles britanniques, français ou portugais, ces systèmes ont été imposés sans jamais tenir compte des structures politiques et socio-anthroplologique préexistantes. C’était proprement un épistémicide institutionnel. Les députés africains du XXe siècle, notamment ceux des années post-indépendance, étaient souvent des visages de l’élite urbaine formée dans les institutions coloniales. L’objectif principal des parlements de cette époque était de stabiliser des États-nations fragiles et de remplacer les institutions coloniales par des structures locales. Mais en creux il s’agissait de perpétuer, sous un format diffèrent, les reliques et l’emprise du colon en projetant sons ombre tutélaire sur toutes les dynamiques en cours. Si bien que la justification souventes fois avancée est très interlope puisqu’au fond, il s’agissait, non point de faire advenir des institutions afro centrées mais de déposséder les peuples de la rationalité qui présidait leur structure traditionnelle de gouvernance collective. Déjà conditionnées à des obédiences métropolitaines ces élites ont omis de repenser à nouveaux frais ces institutions et ont continuer à reléguer les masses populaires aux périphéries extérieures du pouvoir évacuant ainsi leurs aspirations fécondées par leur culturalité. Nul doute alors que cet état de fait est annonciateur d’un télescopage de légitimités et de concurrence normative dans la régulation sociale.
Dès lors, cette importation a créé une onde de perturbation qui a abouti à un irrémédiable décalage entre les attentes des populations locales et les pratiques politiques des élites parlementaires. Les sociétés africaines, fortement ancrées dans des traditions communautaires et des formes de gouvernance locale (comme les conseils d’anciens), ont parfois eu du mal à s’identifier à un modèle de représentation abstrait. Ainsi, le bon député africain doit, dès l’origine, en palliant ces défectuosités historiques, combiner les principes d’un parlementarisme moderne avec des pratiques participatives enracinées dans les réalités culturelles.
Dans les sociétés traditionnelles africaines, la notion de leadership emprunte à une orthopédie axiologique de service, de consensus et de solidarité que la notion de Ubuntu rend parfaitement. Le chef ou le représentant est avant tout celui qui veille sur les besoins de la communauté, agit avec intégrité, respecte les équilibres sociaux, assure le maintien des écritures cosmogonique et historiographique. Ces principes, souvent ignorés à dessein par les cadres parlementaires hérités de la colonisation, restent pourtant une source d’inspiration pour définir le bon député africain.
Cheikh Anta Diop, dans ses réflexions sur les sociétés traditionnelles africaines, rappelle que les modèles de gouvernance en Afrique ne sont pas uniquement des répliques ou des reprises sans inventaire des modèles occidentaux, mais qu’ils puisent dans des normativités sociales propres. Le député africain, dans ce cadre, doit incarner une figure à la fois moderne et enracinée dans ces valeurs locales.
Les qualités et devoirs du bon député dans un contexte africain
L’intégrité et la responsabilité
En Afrique, la corruption maladive constitue un défi majeur pour les institutions démocratiques. Le bon député se distingue avant tout par son intégrité, sa distance avec l’argent. Dans une région où les ressources publiques sont souvent capturées par des élites, il doit se positionner comme un protecteur du bien commun. L’intégrité personnelle, soutenue par une éthique de la responsabilité, est essentielle pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs représentants.
L’importance de l’éthique comme levier de transformation politique n’est plus à démontrer. Sous ce trait, un bon député africain, selon cette vision, est celui qui défend les valeurs universelles de justice et d’égalité tout en respectant les obligations morales envers sa communauté.
Max Weber, dans son essai Le Savant et le Politique (1919), distingue deux éthiques fondamentales en politique : l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité. Un bon député doit conjuguer ces deux dimensions. D’un côté, il doit agir conformément à des prescriptions axiologiques qui incarnent des valeurs universelles telles que la justice, l’égalité et la probité. De l’autre, il doit prendre en compte les conséquences de ses actions, en adoptant des positions pragmatiques au service du bien commun.
Dans une société où la corruption politique est souvent dénoncée, l’intégrité personnelle du député devient une qualité essentielle. Cette vertu, soulignée par des sociologues contemporains comme Pierre Rosanvallon (Le bon gouvernement, 2015), est au cœur de la confiance que les citoyens placent dans leurs représentants.
Le bon député doit également posséder une compétence technique et une capacité d’analyse qui lui permettent de « faire droit » de manière éclairée, de penser la qualité de la bonne loi, de la loi nécessaire pour que la loi ne bavarde point. Les lois sont actes de sagesse, de justice et de raison concluait Portalis après avoir relevé qu’elles n’étaient pas de purs actes de puissance. Toutefois, cette compétence ne doit pas se couper de la réalité sociale des citoyens. Le célèbre juriste insistait d’ailleurs : Il ne faut point de lois inutiles ; elles affaibliraient les lois nécessaires ; elles compromettraient la certitude et la majesté de la législation. Le professeur Ysaac Yankhoba NDIAYE exposait déjà avec véhémence et une pointe de provocation, toute son irrévérence sur l’art de mal légiférer. Alors, pour être efficace, le député doit non seulement maîtriser les arcanes du pouvoir, mais aussi rester connecté aux préoccupations quotidiennes de ses électeurs.
Représentativité et proximité
Dans un milieu où les inégalités et les vulnérabilités sociales font florés, le député africain ne peut se contenter d’être un législateur technique n’ayant d’égard qu’a la régularité formelle des normes juridiques. Il doit également être un médiateur social, à l’écoute des besoins des citoyens. Le rôle du député africain dépasse celui d’un simple législateur : il doit aussi se positionner comme un médiateur social. En établissant un dialogue constant avec les citoyens et en s’investissant dans leurs préoccupations, il devient un vecteur de cohésion sociale et un défenseur des droits fondamentaux. Cette médiation exige une capacité d’écoute active, une présence régulière sur le terrain et un engagement concret pour faire remonter les priorités locales au niveau national. Dans de nombreux contextes africains, où l’État peut sembler éloigné des citoyens, le député doit jouer ce rôle de pont entre les institutions et la population, contribuant ainsi à renforcer la confiance dans les systèmes démocratiques et à promouvoir une gouvernance véritablement inclusive. Cela implique une profonde compréhension des dynamiques et des besoins moraux, économiques, culturels et politiques propres à sa circonscription et, plus largement, à la nation
Cela pose la question de la double fonction du député : s’il légifère pour la nation, il est aussi perçu comme un canal pour accéder aux ressources publiques. Le bon député doit donc trouver un équilibre entre son rôle national et ses responsabilités locales.
Le rôle du bon député dans la consolidation démocratique africaine
Promouvoir une démocratie participative et inclusive
La démocratie représentative en Afrique est souvent critiquée pour son caractère élitiste, où les députés apparaissent éloignés des préoccupations des citoyens, par sa trop forte dépendance au pouvoir de l’argent, par la servilité aux logiques de partis. Le bon député doit contribuer à une démocratisation de l’espace politique, en encourageant des mécanismes participatifs comme les consultations populaires et les assemblées locales, en replaçant le citoyen au centre du jeu social. L’économiste et philosophe Felwine Sarr, dans *Afrotopia* (2016), plaide pour une réinvention des institutions africaines afin qu’elles s’arriment davantage aux normativités anthropologiques.
Dans ce cadre, le député doit se positionner comme un relais entre l’État et les citoyens, facilitant une gouvernance plus inclusive et plus transparente. Il est un passeur de sens.
Un autre défi pour le bon député africain est de promouvoir l’État de droit dans des contextes où les institutions sont souvent fragiles, dévoyées et fortement politisées. Cela implique un engagement actif contre les abus de pouvoir et pour le respect des normes constitutionnelles. Par son rôle au parlement, il contribue à limiter les dérives autoritaires et à garantir l’équilibre des pouvoirs. Ici, l’héritage des figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance, telles que Patrice Lumumba ou Nelson Mandela, offre des exemples de leadership fondés sur des principes éthiques et démocratiques.
Le député est souvent tiraillé entre deux déontologies : représenter la nation dans son ensemble, et répondre aux attentes spécifiques de sa circonscription ou de son parti. Cette dualité exige une capacité de discernement et une aptitude à concilier des intérêts parfois contradictoires. Edmund Burke, célèbre parlementaire britannique du XVIIIe siècle, affirmait que le rôle du député n’était pas de suivre aveuglément les volontés de ses électeurs, mais de leur offrir son jugement éclairé.
Autant dire que le mandat du député, dans les démocraties modernes, est de nature représentative et non impérative. Le postulat de cette distinction est que le député n’est pas corseté par des instructions formelles de ses électeurs mais agit selon sa propre délibération et sa conscience pour l’intérêt général. Dans le cadre du mandat représentatif, le député n’est pas le simple ventriloque d’une circonscription mais un représentant de la nation tout entière, comme le stipule souvent le droit constitutionnel. Cette approche vise à préserver l’autonomie des parlementaires, leur permettant de fabriquer la loi avec discernement et de dépasser les revendications locales et les partisaneries pour adopter une vision à hauteur nationale et globale des enjeux.
Cependant, ce modèle soulève des tensions, notamment dans les jeunes démocraties et dans les dispositions où les électeurs attendent des réponses concrètes et immédiates à leurs préoccupations locales. En Afrique, par exemple, le député est souvent perçu comme un médiateur entre l’État et sa communauté d’électeurs, chargé de défendre leurs intérêts proches. Cela crée une contradiction entre la logique universelle du mandat représentatif et les attentes pratiques des citoyens. Si le député doit théoriquement exercer sa fonction en toute indépendance, il ne peut ignorer les pressions sociopolitiques qui pèsent sur lui, soulignant ainsi le défi de concilier sa responsabilité nationale avec les attentes spécifiques des électeurs.
La communication et la proximité comme leviers de légitimité
Dans les démocraties contemporaines dont les marqueurs topiques sont une défiance croissante envers les institutions politiques, un besoin irrépressible des sociétés civiles jeunes et informées d’accéder à la vie politique, le bon député doit continuellement réinventer sa relation avec les citoyens. La communication transparente, la consultation régulière et la pédagogie sur les enjeux complexes deviennent des outils essentiels pour restaurer la confiance. Les travaux de Jürgen Habermas sur l’espace public (Théorie de l’agir communicationnel, 1981) rappellent que le dialogue est un pilier fondamental de toute démocratie participative.
Le député, en tant que représentant de la nation tout entière, doit s’affranchir des loyautés de coterie pour exercer la plénitude son rôle au service de l’intérêt général. L’allégeance à un parti politique, bien que souvent nécessaire pour accéder au pouvoir, ne devrait jamais primer sur les responsabilités qu’impose le mandat parlementaire. Les logiques de chapelle, souvent dictées par des calculs électoraux ou des intérêts de groupe, risquent de compromettre l’indépendance du député et de l’enfermer dans des clivages qui freinent la recherche de solutions aux défis communs. L’émancipation des diktats partisans permet au député de légiférer avec intellection (les sont des actes de sagesse, de justice et de raison), en s’appuyant sur une analyse objective des enjeux et sur les besoins réels des citoyens, plutôt que sur des consignes idéologiques ou électoralistes.
Mais à bien considérer, cette émancipation ne signifie pas un rejet des partis politiques, mais plutôt une réaffirmation de l’autonomie intellectuelle et morale du député dans le cadre de son mandat. Cette posture exige un sens aigu de la responsabilité et un engagement éthique profond pour transcender les intérêts particuliers et adopter une vision collective des politiques publiques. En Afrique, où les systèmes politiques sont souvent marqués par des alliances fragiles et des divisions tribales ou régionales, l'indépendance des députés vis-à-vis des pressions partisanes est cruciale pour renforcer la légitimité des parlements et consolider la démocratie. Un député émancipé des logiques partisanes qui n’en est pas un simple notaire ou un vil vicaire au sein de l’hémicycle, est ainsi mieux à même d’incarner un leadership éclairé et de contribuer à une gouvernance plus inclusive et efficace.
Tout compte fait, le bon député en Afrique ne peut être une simple copie de son homologue des démocraties occidentales. Il doit être un acteur enraciné dans les réalités socioculturelles africaines, tout en incarnant des valeurs universelles de justice, d’intégrité et de responsabilité. Dans un environnement marqué par des défis multiples — corruption, pauvreté, fragilité des institutions —, il se distingue par sa capacité à concilier les attentes locales et les exigences nationales. Ainsi, le bon député est non seulement un législateur au profil pénurique, mais aussi un bâtisseur de lien social en facilitant les transactions entre et citoyen et l’État, un défenseur des principes démocratiques et un artisan du développement. Dans cette quête, l’Afrique dispose d’une riche tradition de gouvernance politique communautaire et de figure institutionnelle dans les démocraties traditionnelles, qui peuvent stimuler la construction d’une démocratie parlementaire véritablement africaine et résolument moderne en tant que la modernité n’est pas une donnée figée mais évolutive. A contrario, le bon députe ne devrait assurément pas être ce jocrisse ou ce sycophante qui, confondant l’hémicycle avec un tatami, se donne en spectacle par des coups d’éclat (des coups de ténèbres devrions-nous dire en toute rigueur stylistique) pour assouvir je ne sais quel besoin. Cette posture altère la dignité de la fonction et la joliesse du sacerdoce parce que, dans notre régime parlementaire, le député est le vis-à-vis institutionnel de l’exécutif encore qu’originairement le parlement était le siège total de la souveraineté en ce qu’il rend présent (re-présente) le peuple.
En définitive, le bon député est un singulier pluriel, à la croisée des dimensions éthiques, intellectuelles et sociales. Héritier des idéaux des Lumières, il doit conjuguer compétence, intégrité et proximité avec les citoyens. Dans une époque marquée par des défis globaux — climatiques, sociaux, économiques —, son rôle dépasse la simple représentation : il devient un acteur et un moteur de la transformation sociétale. Ainsi, le bon député n’est pas seulement un élu ; il est un serviteur de l’intérêt général, engagé dans une quête constante d’équilibre entre les aspirations du peuple et les exigences du gouvernement démocratique.
par Djibril Sambou
QUELLE PLACE POUR SONKO DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA TRANSFORMATION SYSTÉMATIQUE ?
La création d'une vice-présidence aux prérogatives renforcées apparaît comme la solution idoine. Cette innovation constitutionnelle permettrait d'optimiser le leadership du chef de Pastef tout en modernisant la gouvernance sénégalaise
À un moment crucial de son histoire, le Sénégal se trouve à la croisée des chemins. Face à des défis socio-économiques complexes et des attentes croissantes pour une gouvernance plus juste et souveraine, le pays a besoin d’un leadership exceptionnel. Avec la large victoire de Pastef aux élections législatives, Ousmane Sonko émerge comme la figure politique incontournable, porteur d’un projet visionnaire pour le Sénégal. Cependant, pour concrétiser une transformation systématique et durable, Sonko doit occuper un rôle exécutif à la hauteur de son envergure et de ses ambitions.
Le poste de président de l’Assemblée nationale: Un rôle limité pour Sonko
Depuis la publication des tendances lourdes donnant Pastef et son leader largement vainqueur des élections législatives, les apôtres du système hérité de la colonisation ont synchronisé leurs violons pour convaincre l’opinion que le poste de président de l’Assemblée nationale serait mieux indiqué pour M. Ousmane Sonko. Leur objectif non déclaré est de confiner le PROS (président Ousmane Sonko) à l’arbitrage des débats parlementaires, loin des leviers stratégiques du pouvoir exécutif nécessaires pour piloter les grandes réformes attendues par le peuple sénégalais.
Bien que prestigieux, le poste de président de l’Assemblée nationale demeure fondamentalement un rôle de gestion législative. Le président de l’Assemblée est un arbitre et un coordinateur des débats parlementaires, dont l’influence, bien que notable, est confinée au cadre législatif. Un tel rôle limiterait la capacité de Sonko à mettre en œuvre les réformes majeures contenues dans son programme ambitieux pour la transformation systémique, notamment les initiatives du Plan Sénégal 2050 qui exigeront une autorité exécutive directe. Ce rôle limiterait également la capacité de Sonko à mobiliser les institutions pour le changement, compte tenu du fait que son leadership de dépasse de loin les attentes d’un poste législatif. Enfin, cela limiterait la pleine exerce de son charisme ; Sonko est un homme d’État capable de fédérer et d’inspirer les masses, ce qui dépasse le cadre procédural et souvent restreint de la présidence de l’Assemblée.
On le sait, Pastef regorge de talents tels qu’Ayib Daffé, qui pourraient brillamment diriger l’Assemblée nationale, libérant ainsi Sonko pour des responsabilités exécutives plus stratégiques. Limiter Sonko à ce poste équivaudrait à dilapider un potentiel immense, une opportunité que le Sénégal ne peut se permettre de perdre.
Premier ministre ou vice-président : Quelle position pour maximiser l’impact de Sonko ?
Le rôle de Premier ministre, bien qu’offrant davantage de pouvoir exécutif, reste limité par sa dépendance au président de la République. Le Premier ministre agit comme un exécutant des orientations présidentielles, ce qui bride sa capacité à impulser des changements structurels.
À l’inverse, une réforme constitutionnelle créant un poste de vice-président, avec des prérogatives renforcées, apparaît comme une nécessité historique pour répondre aux aspirations du peuple sénégalais et relever les défis du moment. Ce poste offrirait un cadre idéal pour exploiter pleinement les compétences de Sonko. Ce poste, inédit dans l’histoire politique du Sénégal, permettrait de renforcer la continuité institutionnelle. En cas d’absence ou d’empêchement du président, le vice-président pourrait prendre les rênes du pays sans perturber la mise en œuvre des politiques publiques. Il permettrait également un partage stratégique du pouvoir exécutif.
Contrairement au Premier ministre, le vice-président jouerait un rôle clé dans l’élaboration et la mise en œuvre des grandes orientations nationales. Enfin, il renforcerait la modernisation de la gouvernance sénégalaise. Ce modèle, inspiré de pays comme les États-Unis, donnerait un signal fort de rupture avec les anciennes pratiques centralisatrices.
Dans ce cadre, le vice-président assumera toutes les responsabilités actuelles du Premier ministre en plus de certains pouvoirs que détient le président de la République.
En somme, le poste de vice-président offrirait à Sonko un cadre pour incarner une transformation profonde tout en modernisant les institutions de la République.
Plaidoyer pour une réforme constitutionnelle ambitieuse
Pour traduire cette vision en réalité, une réforme constitutionnelle introduisant le poste de vice-président s’impose. Cette transformation institutionnelle serait bien plus qu’un simple ajustement administratif ; elle représenterait une avancée stratégique dans la gouvernance sénégalaise.
Les bénéfices de cette réforme sont multiples avec, notamment :
Un pouvoir équilibré. En confiant des responsabilités stratégiques au Vice-président, le Sénégal pourrait accélérer les réformes sans monopolisation du pouvoir par une seule entité.
Une meilleure résilience de l’État. Ce modèle garantirait la continuité de l’État en cas de crise majeure, politique ou sanitaire.
Une proximité accrue avec le peuple. Le vice-président, élu ou désigné dans une première phase, serait un interlocuteur direct des citoyens, agissant comme un médiateur entre la population et les institutions.
Dans une phase transitoire, le vice-président pourrait être élu par les députés à la majorité des deux tiers. À l’avenir, ce poste pourrait être intégré dans l’élection présidentielle, comme cela se fait aux États-Unis.
Ousmane Sonko : Un leadership indispensable dans la mise en place d’un Sénégal nouveau
Ousmane Sonko ne se limite pas à être un simple politicien. Sa trajectoire, marquée par une intégrité exemplaire et une vision audacieuse, en fait l’homme de la situation pour le Sénégal. Ses priorités incluent (1) une souveraineté économique accrue. En réduisant la dépendance aux partenaires étrangers et en valorisant les ressources locales, il prône un développement endogène et durable. (2) Une justice sociale équitable. Son engagement pour l’éducation, la santé et la réduction des inégalités reflète sa volonté de mettre les citoyens au cœur de l’action publique. (3) Une gouvernance transparente : Il milite pour une rupture totale avec les pratiques clientélistes, favorisant la reddition des comptes et l’exemplarité institutionnelle.
Sonko est bien plus qu’un visionnaire ; il est un catalyseur de changement. Pour réaliser ces ambitions, il a besoin des outils appropriés, et le poste de vice-président, renforcé par des prérogatives exécutives, est le cadre idéal pour matérialiser ses réformes.
Pour terminer, il faut noter que le Sénégal est à un moment décisif de son histoire. Ni le poste de président de l’Assemblée nationale, ni un rôle limité de Premier ministre ne permettraient à Ousmane Sonko de conduire efficacement la transformation systématique attendue. Une réforme constitutionnelle créant un poste de vice-président est la solution naturelle pour répondre aux défis de l’heure et refléter la nouvelle ère politique incarnée par Sonko.
Aux côtés du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Ousmane Sonko pourrait devenir l’architecte du Sénégal de demain. Un Sénégal souverain, prospère et équitable, à la hauteur des attentes de son peuple. Le moment est venu de faire ce choix audacieux pour écrire une nouvelle page de l’histoire nationale.
" Il est de notre devoir de nous lever et de dénoncer ces dérives. Il est de notre devoir de montrer que nous n’accepterons pas la dilution de la démocratie, l’étouffement de la liberté d’expression, ni l’éradication de la justice."
Je vous écris aujourd’hui avec le plus grand respect, mais aussi une profonde inquiétude. Vous êtes pour moi bien plus qu’une figure emblématique. Vous êtes un phare dans cette société qui cherche des repères. Vous avez toujours incarné l’engagement, la défense des principes qui fondent notre République. C’est pourquoi votre silence actuel, dans un moment aussi crucial de notre histoire, m’interpelle profondément. Je ne saurais l’accepter.
Permettez-moi de vous dire avec sincérité que, face à la dérive autoritaire qui se dessine, votre retrait ne peut être une option. Le Sénégal, notre pays, a besoin de vous plus que jamais. Ce n’est pas une question de « prendre du recul », mais bien de prendre une position ferme et décisive contre les injustices qui gangrènent notre société. Loin d’un simple « temps d’observation », ce moment est une bataille que nous devons mener ensemble. Le silence face à cette situation, face à ces dérives, serait une trahison de ce que vous représentez et de l’exemple que vous avez toujours donné.
Le cas de Moustapha Diakhaté incarne cette répression politique qui ne dit pas son nom. Vous le savez, cet homme n’a commis aucun autre crime que de défendre ses convictions et de s’opposer pacifiquement à un pouvoir qui sape les fondements mêmes de notre démocratie. Son arrestation n’est rien d’autre qu’un abus de pouvoir, une atteinte directe à la liberté d’expression et une tentative de museler ceux qui, comme vous et moi, refusent de fermer les yeux sur l’injustice.
Nous ne pouvons pas, en toute conscience, rester les bras croisés. Il est de notre devoir de nous lever et de dénoncer ces dérives. Il est de notre devoir de montrer que nous n’accepterons pas la dilution de la démocratie, l’étouffement de la liberté d’expression, ni l’éradication de la justice. C’est votre voix, une voix respectée et influente, qui doit résonner dans cette bataille. L’histoire nous jugera si nous restons silencieux. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous taire. Vous n’en avez pas le droit, et surtout, nous n’avons pas le luxe de nous passer de vous.
Moustapha Diakhaté n’est pas un simple individu parmi d’autres ; il est un symbole de résistance, un phare pour ceux d’entre nous qui croient encore en un Sénégal libre et démocratique. En silence, nous laissons triompher l’injustice. En agissant, nous pouvons redresser la barre. Il est temps de prendre position, de refuser de laisser l’histoire s’écrire sans nous.
Ce n’est pas le moment de la réclusion. C’est le moment de l’action, de l’engagement et de la résistance. Nous avons besoin de vous. Vous êtes un guide pour nous, et vous devez nous montrer la voie, celle de l’espoir et de la liberté. Ce n’est pas une option, c’est une obligation morale. Nous devons faire front ensemble pour empêcher ce régime de basculer dans la dictature et pour défendre les idéaux de liberté et de justice qui nous sont chers.
Je vous implore de réfléchir à votre silence et de revenir parmi nous. Nous avons besoin de vous, Madiambal et Moustapha .
Le Sénégal a besoin de vous. Avec toute ma considération et ma détermination,
Votre Fils.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
APRÈS LE 17 NOVEMBRE 2024, UNE NOUVELLE RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'échec du PSE le démontre : pas de transformation nationale sans l'adhésion des forces vives. Pour ne pas reproduire cette erreur, la Vision 2050 devrait être soumise à de larges consultations populaires à travers le pays
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 24/11/2024
Le triomphe de Pastef aux législatives du 17 novembre est à la mesure de l'énorme espérance du peuple sénégalais à l'endroit de ce parti.
C'est parce que Pastef a proposé un projet politique de révolution nationale et démocratique, de rupture systémique, de gouvernance démocratique, populaire et souverainiste, qu'il a suscité l'espoir au sein de la population sénégalaise et a été plébiscité lors des élections législatives après que son candidat Bassirou Diomaye Faye ait été élu dès le premier tour de l'élection présidentielle du 24 avril dernier.
Il faut répondre à cette espérance dès à présent. Je postule qu'il s'agit d'abord d'assurer l'appropriation par les Sénégalais de l'agenda national de Transformation Sénégal 2050 (Projet 2050) qui a été présenté au peuple par le Premier ministre au cours de la campagne électorale et qui a donc été de fait plébiscité. C'est la seule garantie de son succès.
Je plaide donc ici en faveur de l'établissement d'un consensus explicite et fort avec toutes les forces vives du pays (et non pas avec les seuls Sénégalais qui ont voté Pastef) sur les propositions programmatiques ainsi que sur la philosophie et les thématiques qui constituent le cœur du Projet 2050.
Je propose ainsi que l'on passe revue au cours d'assemblées consultatives des forces vives à travers tout le pays les quatre axes successifs de l'Agenda National de transformation Sénégal 2050 (Vision 2050) .
Ainsi concernant l’Axe N°1 portant sur les "réformes de gouvernance", on s'accordera sur le contenu des objectifs proposés, relatifs notamment à l'État de droit et la protection du citoyen, aux réformes institutionnelles, au civisme, à la citoyenneté, à la déconcentration et la décentralisation, aux réformes institutionnelles et à la sécurité nationale.
Concernant l'Axe 2 intitulé "capital humain de qualité et équité sociale", le consensus sera recherché sur le contenu et les modalités de réalisation des objectifs visés et qui concernent la santé publique, la culture, le genre et l'inclusion, l'éducation, la formation professionnelle et l'intégration africaine.
Concernant l'Axe 3 relatif à "l'aménagement et le développement durable", on discutera des contenus à donner aux concepts tels " la transition énergétique", "l'aménagement durable des territoires et l'urbanisation organisée" et " l'économie sociale solidaire".
Concernant l'Axe 4 intitulé "économie compétitive", le consensus sera recherché sur les notions avancées de "filières compétitives", de "pôles économiques" et de "financement domestique".
Il s'agit in fine de faire valider par le peuple à la fois le contenu programmatique et les options politiques et idéologiques du projet 2050.
La faillite du plan Sénégal Émergent, déjà évidente en 2013, cinq ans seulement après son lancement, alors que les objectifs visés étaient pourtant tout aussi généreux que la présente Vision 2050, s'explique d'abord parce qu'il n'a pas été porté par les forces vives du pays.
Vers la nouvelle République
Je suggére aussi ainsi que l'avait déjà préconisé la Commission de Réformes des Institutions (CNRI) que le consensus soit recherhé également sur le contenu de la Constitution d'une nouvelle République et notamment sur ses fondements que sont l'État de droit, la laïcité et le statut de la femme.
On procédera également à la critique du système électoral et de représentation pour éventuellement raffermir la stabilité des institutions, réduire le nombre de partis politiques et réduire les dépenses électorales.
Il ne s'agit pas de dupliquer le travail accompli en son temps par la CNRI mais plutôt de s'en inspirer, de l'adapter au contexte politique actuel caractérisé par le plébiscite de Pastef et la Vision 2050 et d'en emprunter la méthode et les outils (les panels citoyens, les enquêtes par questionnaire et les foras populaires) pour bâtir un consensus national inédit.
Le Sénégal est encore à la croisée des chemins
Le Sénégal est encore à la croisée des chemins : il peut aussi bien grâce à la mobilisation extraordinaire de la jeunesse et des forces vives suscitée par le Pastef, se régénérer grâce à un système de gouvernement véritablement démocratique, une administration républicaine et une gestion éthique des finances publiques et des politiques publiques ou continuer dans les travers dans lesquels il s'est embourbé au cours des soixante dernières années, sous les régimes successifs de Léopold Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Il s'agit au final de fonder une nouvelle République capable de porter le "nouveau modèle de développement" qui enfantera le "pays souverain", le "pays juste" et 'la nation prospère" projetée par la Vision 2050 du régime du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko.
Dans cet objectif, le consensus pourrait même aboutir à la mise en place d'un Congrès permanent du peuple qui sera consulté sur toutes les initiatives politiques majeures du législatif et de l'exécutif.
par Ousseynou Nar Gueye
PASTEF POST-LÉGISL'HÂTIVES : ET MAINTENANT ?
Vivement l'institution du poste de vice-président, dont la seule fonction est de succéder au président en cas d'empêchement. Un rôle taillé sur mesure pour Sonko, dont l'ambition d'être président date de si longtemps
Les urnes sénégalaises ont parlé. Le dimanche 17 novembre 2024. Le verdict des élections législatives au pays de Kocc Barma est sans appel. Avec 130 députés sur 165, Pastef casse la baraque et atteint les 73% de sièges à la Place Soweto. Résultat en trompe-l'œil ? Je crois pouvoir affirmer que si.
En effet, le système de "raaw gaddu", "the winner takes all", en vigueur dans les 46 départements du pays et dans les circonscriptions de la diaspora, pousse artificiellement à une victoire aux points qui devient une victoire par coup K.O. Celui qui a le plus de voix, même avec une courte avance sur son suivant, prend tous les sièges de députés en jeu. On pourrait trouver un système de répartition plus équitable, et pour tout dire, plus démocratique. Mais enfin...Toujours est-il que la messe est dite.
Pour les cinq ans à venir, le président Diomaye, mais plus encore le Premier ministre sortant (et bientôt sorti) Ousmane Sonko, disposent d'une majorité législative plus que confortable pour mettre en œuvre leurs projets de "changement systémique".
Dans le contrat de législature de Pastef ? L'adoption d'une loi qui criminalise l'homosexualité, d'une loi sur la renégociation des contrats pétroliers et gaziers, la suppression du poste de Premier ministre pour instituer la fonction de vice-président, et l'abrogation de la loi d'amnistie prise en fin de mandat par l'ex-Macky Sall. Ce sont les seuls vrais engagements du contrat de législature de Pastef. Excusez du peu. Toutefois, même si poursuivre les prévaricateurs présumés ou confirmés de l'ancien régime, le Salltennat, est à lui tout seul une tâche de longue haleine, tout ceci ne suffira pas à remplir les cinq ans de mandature.
D'autant que la vraie question, c'est l'économie. Le vote du prochain budget 2025 du Sénégal par cette nouvelle législature nous renseignera sur les orientations et sur le cap de ce Diomayat. Oui, la patate chaude à gérer, c'est l'économie, sans nul conteste : le déficit représente 10% du PIB alors qu'il ne devrait pas dépasser les 3%, la dette est a 88% du PIB alors qu'elle ne devrait pas dépasser les 70%, tout ceci selon les critères de convergence de l'UEMOA. Ceci fait que s'endetter pour le Sénégal revient très cher en taux d'intérêt.
La priorité, c'est donc bien, pour ce nouveau régime de mars conforté en novembre par une forte majorité législative, le redressement de l'économie dans un pays, le Sénégal, où 22% des actifs sont au chômage et où 35% des jeunes n'ont ni emploi, ni qualifications. Les 27 milliards d'euros d'investissement sur cinq ans par le gouvernement du Sénégal doivent être explicités, en termes de faisabilité. Le pétrole désormais produit sur place sera utile s'il est raffiné sur place pour permettre une baisse du coût de l'énergie et de l'électricité, que tous les Sénégalais attendent avec impatience.
Ousmane Sonko sera-t-il toujours aux manettes à la Primature, pour mener à bien tout cela ? Rien n'est moins sûr.
D'abord, de par la tradition républicaine, après des élections nationales, le Premier ministre se doit de remettre la démission de tout son gouvernement au président de la République. Cela devrait être acté très vite. Le GOS (Gouvernement Ousmane Sonko) vit donc ses derniers jours (et même pas ses dernières semaines, étant donné l'urgence d'installer les nouveaux députés pour voter le budget 2025, marathon parlementaire s'il en est). Nous ne devrions pas voir la reconduction d'un GOS 2.
L'alternative pour Ousmane Sonko ? Aller à l'Assemblée et s'y faire élire au perchoir comme PAN (président de l'Assemblée nationale). Il devra se faire assister d'un président de groupe parlementaire Pastef consensuel comme Ayib Daffé ou ductile comme Amadou Ba. Sonko aura besoin de toute sa maestria, quitte à user de la manière forte qu'on lui connaît, pour cornaquer cette majorité parlementaire mahousse costaud. Parmi une des premières lois : l'institution du poste de vice-président de la République, poste que Sonko pourra alors prendre, avec la suppression de la fonction de Premier ministre, pour éviter tout risque de rivalité entre un Sonko vice-président et une autre personnalité qui serait Premier ministre.
Car Sonko ne pourra souffrir longtemps d'être PAN en ayant un Premier ministre entre lui et le président Diomaye. Mais la dualité qui a fini par apparaître entre Sonko et le président ne lui permet plus d'être Premier ministre : à la veille des législatives, en interview avec Walf TV, Sonko a dû expliquer que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes entre lui et le chef de l'Etat (c'est le meilleur moyen pour prouver que non, ça ne va pas : il y a bel et bien dyarchie).
Donc, vivement l'institution du poste de vice-président, dont la seule fonction est de succéder au président en cas d'empêchement. Un rôle taillé sur mesure pour Sonko, dont l'ambition d'être président date de si longtemps. Lui et le président Diomaye ne devront donc pas écouter tous ceux qui poussent à ce que Sonko soit reconduit Premier ministre. Il est vrai que votre caractère forge votre destinée : et le caractère de Sonko, c'est la castagne, donc d'aller se bagarrer comme Premier ministre au nom et pour le compte du Premier ministre, et de prendre tous les coups. Mais il devra résister à cette tentation mortifère. Not All your Followers Are Your Fans. Traduction : Tous ceux qui vous poussent à faire quelque chose ne visent pas votre bien. A bon entendeur....
Qu'en est-il de la coalition Pôle Alternatif Kiraay ak Natangué 3eme Voie dont j'ai été candidat sur la liste nationale ? Eh bien, sans parler au nom de notre tête de liste, le président Birima Mangara, élu député unique de cette coalition, je peux m'avancer à dire que nous sommes plutôt enclins à travailler dans le sens des intérêts bien compris du peuple sénégalais. Et ce peuple nous a indiqué clairement la voie à suivre : soutenir les efforts de changement systémique et de rupture radicale du président Diomaye, d'avec l'ancien système. Nous nous y attellerons et nous ne serons pas en contradiction avec nous même, en le faisant : car nous avons été membre de la coalition Diomaye Président, lors de la présidentielle de mars 2024.
Aussi, tenez-le vous pour dit : nous avons fait advenir le changement et la rupture. Nous sommes et demeurerons un acteur de changement et de rupture, d'avec les pratiques du passé.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste-communicant-écrivain et homme politique.
par Madiambal Diagne
FAITES COMME BON VOUS SEMBLE, NOUS NOUS TAIRONS
Les électeurs ayant décidé de voter massivement pour la liste de Pastef et confier les pleins pouvoirs à Sonko, je me donne un temps d’observation au moins le temps d’un semestre tout en silence, pour savoir où tout ceci va nous mener
J’ai pu voir mon ami Moustapha Diakhaté, qui est placé en garde-à-vue à la police depuis. Il m’est apparu serein, coriace et aguerri face à l’épreuve. Je l’ai trouvé en bonne forme et j’avoue être soulagé, après notre discussion, qu’il ait accepté d’adopter ma nouvelle posture, celle de garder le silence.
Son franc-parler n’a pas fini de lui causer des déboires, depuis le régime du Président Abdou Diouf et je demeure convaincu qu’il l’emportera dans sa dernière demeure, le plus tard possible, s’il plaît à Dieu.
Je ne doute pas qu’il retrouvera très vite les siens, parce que l’on ne saurait reprocher indéfiniment à un citoyen d’exprimer son opinion, de se soucier de l’avenir de la Nation à laquelle il appartient et qu’il a choisi de servir, quoi qu’il lui en coûte.
Moustapha Diakhaté est fait d’un seul bloc : celui de la franchise, de la loyauté, d’un amour immodéré pour son pays, du respect des valeurs humanistes, de la République et des sacro-saints principes démocratiques.
C’est ce que nous partageons en commun.
Pour ma part, je lui ai suggéré l’attitude que je décide d’adopter. Les électeurs sénégalais ayant décidé, le 17 novembre 2024, de voter massivement pour la liste de Pastef et confier les pleins pouvoirs à Ousmane Sonko, je me donne un temps d’observation au moins le temps d’un semestre tout en silence, pour savoir où tout ceci va nous mener.
De toutes manières, avec la majorité mécanique que le peuple sénégalais vient de leur octroyer au Parlement, ils auront le loisir de montrer ce qu’ils sauront faire de ce beau pays. Ousmane Sonko et son régime pourront faire adopter toutes les réformes qu’ils voudront, le peuple sénégalais, qui leur a donné tous les armes et leviers, s’en accommodera. J’exhorte les nouveaux députés de l’opposition à adopter la même attitude du silence. En effet, chercher à faire barrage à leurs velléités sera chercher à arrêter la mer avec ses bras. Quoi que vous diriez, ils feront ce qu’ils voudront. Votez leurs textes ou, à tout le moins, abstenez-vous lors du vote et dans les débats. Toute autre attitude équivaudra à une certaine légitimation de leur pouvoir autocratique. Les Sénégalais mesureront par eux-mêmes l’ampleur de leur méprise. On respecte certes le choix des électeurs même si nous avons la conviction qu’ils se sont trompés et qu’ils le réaliseront fatalement. « Le temps est le seul juge », disait un certain François-Marie Arouet, célèbre écrivain sous la plume de Voltaire.
Je dois souligner que j’ai également trouvé totalement injuste qu’on veuille dénier à Moustapha Diakhaté le droit de critiquer des adversaires politiques alors que ceux-là mêmes insultent copieusement leurs soi-disant contempteurs. Son arrestation, pour reprendre le mot de Me El Hadji Amadou Sall, un de ses avocats, « est une prise d’otage avec une demande de rançon, qui est de l’obliger à fermer sa bouche ».
Nous décidons de payer solidairement la rançon ; c’est, encore une fois, par notre silence.
Assurément, qu’un Moustapha Diakhaté disparaisse de la scène politique ne manquerait pas d’enchanter quelques personnes. Nous n’avons pas vocation de devenir des martyrs mais plutôt nous espérons faire partie, comme Moustapha Diakhaté, de ceux qui se feront le devoir de s’évertuer à consoler notre peuple abusé. Le peuple sénégalais aura certainement besoin de nous. Soyons prêts à servir la démocratie. Nous ferons notre bilan, nous pencherons sur nos stratégies, nos faiblesses et nos forces, réfléchirons aux offres que nous ne manquerons pas de présenter à l’occasion des futures échéances électorales.
C’est tout le sens de notre engagement. Au demeurant, nous resterons stoïques, sourds, muets et aveugles face aux provocations qui ne manqueront guère.
En attendant, je vais en revenir à Voltaire pour faire comme son personnage, Candide : « cultiver mon jardin ». J’entends consacrer les six prochains mois à la production littéraire et au spectacle des matchs de football.
Par Alassane Bèye
LES ELECTIONS LEGISLATIVES CONFIRMENT LA DYNAMIQUE OBSERVEE LORS DE LA PRESIDENTIELLE
Alassane Bèye Enseignant chercheur, Université Gaston Berger, dont les recherches portent notamment sur les dynamiques électorales au Sénégal, explique à The Conversation Africa les principales leçons à tirer de ces élections.
Le parti au pouvoir, Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), a largement remporté la victoire aux élections législatives anticipées du 17 novembre convoquées par le président Bassirou Diomaye Faye. Les principaux partis d'opposition ont concédé leur défaite, alors même que le décompte des voix n'était pas encore terminé. La décision de dissoudre l'Assemblée nationale et d'organiser ce scrutin a été annoncée en août dernier, quatre mois seulement après l'arrivée au pouvoir du président Faye. Il voulait ainsi clarifier le jeu démocratique et se donner une majorité stable afin de gouverner. Alassane Bèye, dont les recherches portent notamment sur les dynamiques électorales au Sénégal, explique à The Conversation Africa les principales leçons à tirer de ces élections.
QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS A TIRER DE CES ELECTIONS ?
Ces résultats provisoires officiels confirment la large victoire de Pastef, qui obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 130 sièges sur les 165 qui étaient en jeu lors des élections législatives anticipées. Cette victoire écrasante de Pastef révèle trois éléments majeurs. Tout d’abord, ces résultats traduisent un élargissement significatif de la base rurale de Pastef. En effet, lors de l’élection présidentielle même si la coalition Diomaye Président (celle qui portait la candidature de Bassirou Diomaye Faye) avait fait un bon score dans les zones rurales, les élections législatives ont permis d’observer une accentuation de l’ancrage rural de ce parti avec un basculement de certains départements dans le nord (Dagana) dans le centre (Linguère).
Ensuite, elles confirment une consolidation de son hégémonie dans le Sud du pays, fief de Ousmane Sonko. Enfin, elles marquent une percée importante dans les grandes villes comme Dakar, Thiès et SaintLouis. Cette dynamique ascendante, déjà observée lors de l’élection présidentielle de mars 2024, se confirme pleinement avec ces résultats provisoires. Le taux de participation aux législatives (49,72 %) certes est en dessous de celui de la présidentielle (62 %) de mars 2024 mais il reste acceptable pour des élections législatives. L’engouement des Sénégalais historiquement est beaucoup plus important lors de l’élection présidentielle. Cela signifie que l’électeur sénégalais a une perception très différente entre ces deux types d’élection. Maintenant, ce phénomène n’est pas spécifique au Sénégal même les grandes démocraties sont confrontées à une distanciation croissante des électeurs vis à vis des élections parlementaires. Cette situation pourrait être expliquée comme une conséquence d’une crise de la démocratie représentative.
QUELLES SONT, SELON VOUS, LES IMPLICATIONS LES PLUS SIGNIFICATIVES DE LA VICTOIRE DU PARTI AU POUVOIR ?
Avec cette victoire, le Pastef dispose des moyens institutionnels nécessaires pour mettre en œuvre les promesses de campagne, notamment en matière de réformes institutionnelles, de reddition des comptes et de déploiement des politiques publiques s’adossant sur le Jub Jubal Jubanti (slogan des nouvelles autorités prônant la droiture).
Cette victoire renforce également la légitimité électorale et le leadership de Ousmane Sonko (président de Pastef), qui, après avoir porté son candidat à la magistrature suprême, contrôle désormais le parlement. Il pourrait devenir, de facto, le président de l’Assemblée nationale. Ce qui contribuerait à l’unité de Pastef et à la stabilité institutionnelle du pays, évitant ainsi une dualité au sommet de l’État. La présence de Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale pourrait en effet libérer davantage le président de la République et enlever toute équivoque sur le risque d’une dualité au sommet de l’État.
QUELS SONT LES PRINCIPAUX DEFIS ET OPPORTUNITES AUXQUELS EST CONFRONTEE LA NOUVELLE ASSEMBLEE NATIONALE ?
Les défis sont multiples. Dans l’immédiat, après la proclamation des résultats et l’installation des députés, il sera crucial de voter la loi de finances et de valider le budget 2025 dans des délais très serrés (avant la fin du mois de décembre). Un autre défi majeur concerne la nécessité de rompre avec les pratiques antérieures observées dans le parlement sénégalais. Lors des législatures précédentes, les députés se sont souvent illustrés de manière négative (bagarres, insultes, alignement systématique avec l’exécutif).
Les nouveaux parlementaires doivent prendre conscience de leur rôle et pouvoir : contrôler l’action gouvernementale, évaluer les politiques publiques et porter des réformes institutionnelles consolidantes.
Il s'agit notamment de renforcer la bonne gouvernance en criminalisant le détournement des deniers publics, par exemple. Il faudra également renforcer la séparation des pouvoirs, rééquilibrer les pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, en diminuant les pouvoirs du président de la République.
QUE SIGNIFIE LE RESULTAT DES ELECTIONS POUR L'AVENIR DE LA DEMOCRATIE MULTIPARTITE AU SENEGAL ?
Ces résultats mettent en lumière deux aspects essentiels de la démocratie multipartite au Sénégal. D’une part, ils soulignent le rôle central des électeurs dans l’autorégulation du système politique. Malgré la prolifération des partis politiques et des candidatures, les Sénégalais semblent rejeter la fragmentation excessive des offres politiques.
Le Sénégal compte plus de 300 partis politiques. Au total, 41 listes de partis et coalitions de partis ont participé aux législatives du 17 novembre.
Lors de l’élection présidentielle, par exemple, sur 17 candidats, seuls deux ou trois (le vainqueur Bassirou Diomaye Faye avec 54 % des suffrages, l'ancien Premier Amadou Ba avec 34 % et Aliou Mamadou Dia avec 3 %) ont réellement capté l’essentiel des voix. Pour les législatives, malgré la multitude de listes, on devrait observer la formation de deux grands groupes parlementaires.
D’autre part, ces élections témoignent de l’attachement des Sénégalais aux valeurs démocratiques pour résoudre les conflits politiques. En dépit d’une campagne parfois agitée, les électeurs ont voté dans le calme, confirmant ainsi leur maturité politique et leur engagement en faveur de la démocratie.
SÉNÉGAL - UNION EUROPÉENNE, LA PÊCHE DE LA DISCORDE
400 mille tonnes de poissons contre une aumône de 1,7 million d'euros. Pendant ce temps, la ménagère sénégalaise doit débourser 15€ pour un simple kilo de Thiof. Des licences et Accords de Pillages Économiques (APE)
Les accords de pêche ont pris fin dimanche 17 novembre, jour d'une victoire éclatante de Pastef et d’Ousmane Sonko aux législatives. Selon l'ambassadeur de l'UE à Dakar Jean Marc Pisani, l'Europe nous gratifie d'une pitance, qui ne vaut pas un maravédis, de 1,7 million d'euros pour extraire 400 mille tonnes de poissons par an aux larges de nos côtes. Celà revient à 4€ (-3000 FCFA) la tonne, sans distinction de l'emprise qualitative sur les ressources halieutiques.
Or, pour un seul repas, la ménagère doit débourser 15€ le kilo d'un poisson tel que le Mérou (Thiof). Il est temps de nommer ces pratiques de braconnage frelaté de juridisme pour ce quelles sont, c'est-à-dire, des licences et Accords de Pillages Économiques (APE).
Rappelez-vous de cet extrait [2] d'anthologie du film "Guelwar" (1992), réalisé par le génie Ousmane Sembène, dans lequel le pétulant acteur Thierno Ndiaye "Doss" y dresse un portrait au vitriol de la mendicité d'État et de l'incurie des politiciens d'alors.
Pour votre gouverne, non seulement la pêche peut rapporter au Sénégal plus que le pétrole (-1,8 milliard de dollars USD), mais rien que la contribution de la diaspora y représente +11% du PIB, soit deux milliards de dollars USD par an. Plus globalement, la diaspora rapporte le triple de l'Aide Publique au Développement (APD) - 223.7 milliards en 2023, avec une projection de 777 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation annuelle de +5% par rapport à 2023 (669 milliards - Banque Mondiale).
Par conséquent, il faut, réviser tous les accords mais surtout, opérer une catharsis (i) et exécuter des mesures conservatoires avec effet immédiat (ii), ainsi que des pénalités rétroactives (iii) sur l'ensemble du préjudice irréversible ! S'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à aller voir ailleurs. Comme le disent nos parents Lébou : "Kamassi Méré; Maa Ngagn".