Le groupe Parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (majorité) a annoncé mardi que Moustapha Cissé Lo ne faisait plus partie de ses membres après son exclusion de l’Alliance pour la République (APR).
’’(….) Monsieur Moustapha Cissé Lo n’appartient plus au Groupe Parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar’’, indique un communiqué transmis à l’APS.
Le Groupe parlementaire ‘’adhère totalement et s’approprie sans réserve le communiqué rendu public le lundi 06 juillet 2020 par le Bureau de l’Assemblée nationale’’.
Dans ce communiqué, le Bureau de l’Assemblée nationale a condamné ‘’avec la dernière énergie, le comportement inqualifiable du député Moustapha Cissé Lo, et s’est démarqué de ses méthodes et de ses choix langagiers, totalement en porte-à-faux avec la lettre et l’esprit de la loi, notamment du Règlement intérieur’’ de l’institution parlementaire.
Le groupe BBY dit également prendre ‘’acte de la décision unanime de la commission de discipline de l’Alliance pour la République (APR) d’exclure définitivement Monsieur Moustapha Cissé Lo du parti’’.
La Commission de discipline de l’Alliance pour la République a prononcé lundi l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de la formation présidentielle.
Le président de l’APR a activé la commission de discipline de son parti après les insultes de Moustapha Cissé Lo à l’endroit de Farba Ngom et de Yakham Mbaye, dans une bande sonore largement relayée par les réseaux sociaux.
’’La commission de discipline, après avoir délibéré, à l’unanimité prononce l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Alliance pour la République’’, indique un communiqué.
Elle ’’avertit fermement tout camarade qui adopterait des comportements et des propos à même de ternir l’image du parti ou de jeter le discrédit sur les institutions de la République’’.
La Commission dit avoir constaté ’’l’attitude du camarade Moustapha Cissé Lo dont les propos empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale, ont fini de heurter la conscience des populations’’
BABACAR NGOM PREND LA PAROLE
La rencontre entre le patron de Sedima et les journalistes est prévue, jeudi, 9 juillet 2020
Babacar Ngom brise le silence. Le PDG du groupe Sedima a décidé de prendre la parole pour s’expliquer sur le litige foncier qui l’oppose aux populations de Ndingler, un village situé dans la commune Ndiaganiao.
D’après une note de son service de communication, parvenue à Emedia, la rencontre entre M. Ngom et les journalistes est prévue, jeudi, 9 juillet 2020. Babacar Ngom qui fera face à un panel de journalistes va s’exprimer sur plusieurs questions de l’actualité.
Ce litige foncier date de plus de 4 ans. Les habitants de Ndingler accusent le boss de Sedima de prendre environ 80 hectares de leurs terres pour y développer son agrobusiness. Document à l’appui, M. Ngom réplique qu’il a acquis, de manière légale, ses terres qu’il attribue à la commune de Djilakh, une autre commune riveraine.
«C’EST MACKY SALL QUI DEVRAIT ETRE DEVANT LA COMMISSION DE DISCIPLINE»
Pour Moustapha Diakhaté, le président est le «seul responsable» de tout ce qui se passe présentement dans son parti
Pour Moustapha Diakhaté, le président Macky Sall est le «seul responsable» de tout ce qui se passe présentement dans son parti. S’il condamne les injures de Cissé Lô, l’ex-Apériste, exclu lui aussi en janvier dernier, estime que c’est le leader de l’Apr qui devrait être devant la commission de discipline. Il invite par ailleurs le procureur de la République à s’auto-saisir sur cette affaire.
«Je crois d’ailleurs que c’est Macky Sall lui-même qui devrait être traduit devant la commission de discipline parce que c’est lui qui a créé le parti et demandé le suffrage des Sénégalais. Donc si on entend ces propos injurieux venant de responsables de son parti, c’est de sa responsabilité.» C’est la réaction de Moustapha Diakhaté sur la sanction contre Moustapha Cissé Lô. Hier, sur le plateau de l’émission matinale «Toc Toc» de Itv, l’ex-membre de l’Alliance pour la République, lui aussi exclu, a déclaré : «L’Alliance pour la République (Apr) est le parti où tout le monde se déteste. Si dans une maison chacun fait ce qu’il veut, c’est le chef qui est le problème. En réalité, cette situation interpelle la responsabilité de Macky Sall. Ce qui se passe, le seul responsable c’est Macky Sall.» En revanche, l’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar a ajouté sa voix au flot d’indignations après les propos indécents tenus par le député Moustapha Cissé Lô à l’encontre de Yakham Mbaye et de Farba Ngom, tous responsables politiques à l’Apr.
«Je condamne ces propos, mais Moustapha Cissé Lô n’avait pas parlé à la télévision, ni à la radio, encore moins échangé avec un journaliste. Il s’exprimait au téléphone. Donc les responsables de l’enregistrement sonore et de sa diffusion doivent être poursuivis. La Commission nationale de protection des données personnelles (Cdp) et le procureur de la République doivent prendre leurs responsabilités. Le procureur doit s’auto-saisir contre les injures et les diffuseurs. Si on ne fait pas attention, ça sera un précèdent dangereux», a fulminé l’ancien Apériste. Moustapha Diakhaté a été le premier à être exclu du parti de Macky Sall. En janvier 2020, la commission de discipline avait retenu contre lui «les agissements et propos séditieux, fractionnistes et récurrents, des faits qui entachent gravement l’image du parti».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
CETTE CHIENLIT QUI FAIT CARBURER L’APR
Les digues de la vertu et du respect ont sauté sous le règne de Macky Sall. La gestion sobre et vertueuse dont se prévalait le président est un leurre. Toutes les félonies sont désormais permises au palais et à l’hémicycle
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 07/07/2020
Insultes, injures, invectives, insanités… Voilà ce qui rythme la vie de la République. Des audios ordurières signées Moustapha Cissé Lo font le tour de la toile et alimentent toutes les discussions des Sénégalais. Yakham Mbaye et Farba Ngom sont les principaux destinataires de ces coups en dessous de la ceinture. Les grossièretés déversées par l’alors vice-président de l’Assemblée nationale n’ont pas laissé indifférent le premier magistrat du pays, Macky Sall, qui n’a pas tardé à activer la très couchée commission de discipline de son parti, l’Alliance Pour la République (APR).
Sentence capitale des bourreaux aux ordres du président : Moustapha Cissé est exclu des rangs de l’APR. Cela suffit-il pour mettre une croix sur cette affaire Moustapha Cissé Lo ? Que non ! Au-delà de leur caractère graveleux, le premier vice-président de l’Assemblée nationale soulève des questions de fond qui remettent en cause la gestion sobre et vertueuse sur laquelle on reviendra. En attendant, il est permis de signaler que cette exclusion remet en cause l’égalité de traitement au sein de l’APR. Ce pour quoi Cissé Lo est aujourd’hui exclu de l’APR n’est que la suite d’une longue chaine d’insultes qui ont été proférées à l’égard d’honnêtes citoyens dont le seul tort est de ne pas partager les schèmes de pensée du président Macky Sall.
Dans le passé, en effet, mais toujours sous l’actuel régime, il y avait eu un enregistrement audio dans lequel le premier vice-président de l’Assemblée nationale a tenu des propos insultants à l’endroit de Serigne Abdou Fatah Mbacké, fils du défunt khalife Serigne Fallou Mbacké. L’absence de réaction de l’APR et de la justice avait incité les talibés outrés de Serigne Fatah à laver l’honneur de leur marabout entaché par des insanités débitées avec une violence verbale orageuse rare. Ainsi, des troupes d’illuminés avec à leur tête Sokhna Maï Galass, sœur de Serigne Abdou Fatah, n’avaient pas hésité un seul instant à brûler des maisons et une boulangerie de Cissé Lo.
Sonko, le plus insulté…
Mais Serigne Abdou Fatah Falilou n’a pas été le seul à être traité de tous les noms d’oiseaux par « El insultor ». Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, en a pris pour son grade lui aussi. Sous les vivats d’approbation de ses « frères » de l’APR. En effet, au moment où les Sénégalais s’indignaient massivement des insultes déversées par Cissé Lo sur Ousmane Sonko, ses camarades de l’APR le portaient au pinacle et approuvaient ses exactions discursives licencieuses. De tous les leaders politiques du Sénégal, Ousmane Sonko a été le plus insulté par les apéristes. Et cela avec l’onction de l’Apériste en chef qui se délecte de la crucifixion de ses opposants politiques. Et depuis que Moustapha Cissé Lo a attaqué le ministre de l’Agriculture à l’Assemblée parce qu’il n’aurait pas reçu un quota de semences digne de son rang, c’est le désamour avec Yakham Mbaye. Lequel n’a pas tardé à dénoncer la mafia Lo qui a acquis, contrairement à ce que soutient l’alors président du parlement de la Cedeao, une quantité considérable d’intrants agricoles. D’après Yakham, « pour son propre compte, Moustapha Cissé Lô a obtenu 4 101 tonnes ainsi composées : 3 000 tonnes d’engrais ; 600 tonnes de semences de niébé ; 500 tonnes de semences d’arachide ; 01 tonne de semences de pastèque.
D’autre part, après ces 4 101 tonnes, il est revenu à la rescousse pour exiger et obtenir deux autres marchés de 430 tonnes qu’il disait devoir réserver à ses protégés. Dans le détail, ce sont 165 tonnes de semences niébé et 265 tonnes d’engrais. Ces 430 tonnes, Cissé Lo les a acquis en concoctant deux listes comportant 98 supposés producteurs qu’il dit être ses protégés ». Et le DG du Soleil de révéler que ces 98 supposés producteurs sont « pour l’essentiel, des membres de la mafia Lo ». Après cette accusation gravissime, il s’était ensuivi, sous les yeux amusés du président de l’APR, une véritable guéguerre entre les deux responsables beige-marron avant la signature d’un cessez-le-feu. Mais les premiers mis en cause dans cette dernière affaire d’insultes massives qui a valu au « fou du roi » son exclusion de l’APR, ce sont bien les usagers des réseaux sociaux et les portails d’information qui ont mis en ligne ou partagé les insultes de l’ancien président du Parlement de la Cedeao. Certes le principe de la liberté d’expression est inaliénable, mais il est du devoir des utilisateurs (des responsables surtout) des réseaux sociaux et des sites de ne pas propager des propos déplacés, outrageants, insultants de certaines personnalités politiques lorsque leurs messages peuvent jeter le discrédit sur des citoyens ou sur les institutions de la République.
La promotion de l’insolence !
Si l’APR regorge d’insulteurs professionnels, il n’en reste pas moins qu’« El insultor » n’a pas d’égal dans son attitude extravagante. Quand une grande gueule comme lui méprise ses contradicteurs, bafoue sans cesse les lois de la République pour quelqu’un censé les voter, il provoque en conséquence la colère des citoyens outrés et indignés. Cissé Lo sème la chienlit, exacerbe les querelles partout où il passe. Le nom du premier vice-président de l’Assemblée nationale de la 13e législature restera à jamais collé à tout ce qu’il y a d’effronterie et de grossièreté. Il véhicule l’image d’un terroriste verbal qui n’hésite même pas à s’en prendre au président de son parti, par ailleurs président de la République du Sénégal. Une vidéo où il insultait Abdoulaye Wade un peu avant l’élection présidentielle de 2012 circulait sur la toile. Aujourd’hui comme un remake, les propos insultants débités contre ses propres frères de parti ne font que révéler la véritable nature de l’homme.
Sous le magistère de Wade, il avait dégainé un pistolet le jour où Oumar Sarr, alors proche d’Idrissa Seck, était éjecté de son fauteuil de président du Conseil régional de Diourbel. Non seulement la justice avait fermé les yeux sur cet acte grave mais pire le premier magistrat de la République de l’époque, en l’occurrence Abdoulaye Wade, avait félicité paradoxalement Cissé Lô pour son courage mortel. Si aujourd’hui, Cissé Lo en est arrivé à occuper une place de choix dans le bureau de l’Assemblée nationale au point de violer la loi sur la parité et d’usurper à Yetta Sow la place de premier vice-président et à avoir occupé des fonctions législatives supranationales (Parlement de la CEDEAO), il ne le doit pas à son niveau intellectuel mais seulement à son tempérament volcanique et à son insolence proverbiale. Les digues de la vertu et du respect ont sauté sous le règne de Macky Sall. Le Sénégal est devenu un pays contrasté où la gestion sobre et vertueuse dont se prévalait Macky Sall est devenue l’exact contraire. La preuve, le Palais, l’hémicycle et l’APR sont transformés en foires d’empoigne où toutes les félonies et mesquineries sont permises.
Des élus du peuple, tels des gladiateurs ivres, se crêpent le chignon, s’insultent, s’invectivent, se dénigrent sans vergogne au vu et au su du peuple sénégalais. Ces bassesses notées dans un seul camp politique souillent à foison l’image de marque de notre pays. Hélas, de pareilles dérives ont l’heur de toujours sonner l’hallali d’un régime. La fin du pouvoir socialiste était marquée par trahisons, des rebellions et des exclusions. Celle du PDS n’a pas échappé aux travers qui ont perdu le régime de Diouf. Et voilà Macky sur la même trajectoire !
ENTRE CISSE LO ET MACKY SALL, UNE GUERRE D’USURE SANGLANTE DÉCLENCHÉE
Pour Moussa Diaw, la décision d’exclure le député du parti présidentiel annonce une fin de règne non préparée avec des rivalités qui vont s’accentuer
Moustapha Cissé n’est plus membre de l’APR (Alliance Pour la République), le parti du président de la République. Il a été exclu hier sur ordre de ce dernier. Une exclusion qui pourrait constituer une « prise de risques » pour Macky Sall et son parti, qui vont devoir faire face à la colère de l’ancien président du Parlement de la Cedeao, capable de déclencher « une guerre sanglante ».
Il est beaucoup trop tôt pour enterrer Moustapha Cissé Lô. Membre historique de l’Alliance pour la République, Moustapha Cissé Lô a été exclu hier lundi 06 juillet 2020 par les instances du parti au pouvoir.
Sous la houlette de Abdoulaye Badji, la Commission de discipline de l’APR, disant se baser sur les articles 3, 4, 14, 19, et 20 des statuts de cette formation mais aussi sur les articles 25 et 26 du règlement intérieur, a scellé le sort du « rebelle ». « Constatant l’attitude du camarade Moustapha Cissé Lo dont les propos, empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale, ont fini de heurter la conscience des populations, Constatant la propension de camarades du Parti à s’épancher dans les médias par des propos injurieux ou calomnieux ; Attendu que par ces faits, ils entachent gravement l’image du Parti.
Par ces motifs, la commission de discipline, après avoir délibéré, à l’unanimité : Prononce l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Alliance pour la République. » La sentence se veut sans appel. La commission de discipline n’a pas manqué d’avertir fermement tout membre de l’APR qui adopterait des comportements et des propos à même de ternir l’image de ce parti ou de jeter le discrédit sur les institutions de la République qu’il subirait le même sort que le « rebelle » Moustapha Cissé Lô. Une décision qui traduit un malaise au sein de l’APR et qui serait, aussi, « symptomatique » de la situation des partis qui ne sont pas structurés voire qui n’ont pas, selon le professeur Moussa Diaw, de code de conduite entre autres. « Ces individus ou personnalités s’engagent derrière quelqu’un pour avoir, une fois au pouvoir, des retours. Ce qui est dommage. On les appelle partis politiques mais ce sont des associations qui regroupent différents individus de la société avec leurs comportements, leurs éducations… », explique l’enseignant- chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Pr Moussa Diaw : « Cissé Lô sera le perdant dans ce face-à-face »
Toujours selon Pr Moussa Diaw, cette décision d’exclure Moustapha Cissé Lô annonce une fin de règne non préparée. A l’en croire, des rivalités vont s’accentuer au sein du parti présidentiel. « Chacun essaie de se positionner. Tout cela parce que le parti n’est pas structuré et aussi du fait que le président de la République joue en même temps le rôle de chef de parti. Cette situation coïncide aussi avec le fait qu’il n’y a plus de Premier ministre. Le Président est obligé de gérer directement le pays mais également son parti qui n’a pas de numéro 2. »
A la question de savoir si Moustapha Cissé Lô pourra gagner son combat contre Macky, le « politologue » pense que même si le candidat à la mairie de Dakar va perdre ce face-à-face, il pourra peut-être faire un baroud d’honneur. Selon notre interlocuteur, l’ancien président du Parlement de la Cedeao ne pourra pas résister à la toute puissance du président de la République et de ses affidés. Quoi que Cissé Lô fera, il perdra, selon lui.
Le Pr Moussa Diaw est toutefois d’avis que, dans cette affaire d’insultes, Moustapha Cissé Lô n’est pas le seul à incriminer. « Et apparemment, il y aura des poursuites judiciaires. Comment Cissé Lô va-t-il apprécier cette réaction ? va-t-il se laisser faire ? Fera-t-il des révélations lors de la bataille judiciaire ? Est-ce que ce n’est pas stratégie pour ouvrir d’autres voies ? Mais cela dépendra du soutien qu’il aura », développe l’enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Il se dit convaincu qu’aucun membre du parti au pouvoir n’osera afficher son soutien à Moustapha Cissé Lô par peur d’être sabré par le chef de ce parti qui n’est autre que le chef de l’état. « Comme vous le savez, les élections (Ndlr, présidentielles) sont encore loin. Donc, nul ne va accepter de manifester publiquement son soutien à Cissé. Il risque d’être seul dans ce combat », conclut notre analyste… Macky Sall est sur une pente dangereuse. Il devra se méfier de la réaction de son désormais « ex-ami » Cissé Lô, qui « n’est pas homme à se laisser dicter sa conduite »...
L’APR, HORIZON 2024
Quel enjeu se dessine derrière cette sanction qui frappe Cissé Lo, compagnon de route du président Macky Sall dans son ascension vers le pouvoir ?
Suite à une énième sortie au vitriol teintée d’insanités et d’accusations à l’encontre de hauts responsables de l’APR, le tonitruant Moustapha Cissé Lô vient d’être exclu du parti au pouvoir par une commission de discipline réunie hier sur instruction du président Macky Sall. Quel enjeu se dessine derrière cette sanction qui frappe ce compagnon de route du président Macky Sall dans son ascension vers le pouvoir ? Les observateurs de la scène politique ont décrypté ce regain de tensions qui entache gravement la gestion du pouvoir en place.
C’est acté ! Moustapha Cissé Lô, l’ancien président du Parlement de la CEDEAO et deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, a été exclu du parti présidentiel hier lors d’une réunion de la commission de discipline de l’APR. Un conclave tenu dans la foulée du tintamarre suscité par la publication des fameux « messages privés» dans lesquels le parlementaire abreuvait d’injures ses « frères » de parti notamment Yakham Mbaye et Farba Ngom. Le tout, sur fond d’accusations de détournement de deniers publics dans divers marchés attribués par un Etat dont il était jusqu’à hier un des principaux piliers. Son exclusion constitue la deuxième à laquelle procède le parti au pouvoir après celle de Moustapha Diakhaté, ancien chef de cabinet du président Macky Sall après avoir dirigé le groupe de la majorité à l’Assemblée nationale.
Spécialiste de la communication politique, le journaliste Bakary Domingo Mané voit en cette polémique, les prémices d’un long et palpitant feuilleton politique qui va continuellement marquer ce dernier mandat du chef de l’Etat Macky Sall. « On est en train d’assister au début des remous nés des frustrations de militants de la première heure. Ce qui, quelque part, s’explique par l’absence de cadre d’expression au sein de la formation politique au pouvoir mais aussi par un sentiment d’être mis à l’écart dans la gestion du pays au profit des nouveaux arrivants. Cette situation risque de perdurer avec d’autres sorties en vue dans la mesure où l’APR souffre d’un manque de structuration. Une structuration avec des instances qui, si elles se réunissaient régulièrement, auraient permis à Moustapha Cissé Lo d’avoir un espace où vider sa bile », a expliqué Domingo Mané.
Poursuivant son analyse de cette guéguerre qui règne au sein de l’Alliance pour la République, le journaliste estime que c’est toute la gestion du président qui est en train d’en pâtir. L’enseignant en communication politique ajoute : « Face à ces dérives, Macky Sall est actuellement dans une situation très inconfortable. Du fait de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays, notre économie est complètement à terre. Et si, au lieu de se concentrer sur les vrais préoccupations des Sénégalais, il prête le flanc en donnant de l’importance aux problèmes internes de son parti, ça va être le comble des incohérences. La façon dont son parti est managé en ce moment laisse la porte ouverte à d’autres dérives qui se profilent à l’horizon » prédit le responsable du Cored. Pour illustrer son propos, il fait remarquer que, dans le communiqué annonçant l’exclusion de Moustapha Cissé, les potentiels fauteurs de troubles au sein du parti présidentiel sont avertis en filigrane.
ASSANE SAMB, ANALYSTE POLITIQUE : « MACKY SALL N’A PAS APPRIS DU SYNDROME DU PDS »
Selon le spécialiste en sciences politiques, le doyen Assane Samb, tous ces tiraillements qui secouent en interne le parti au pouvoir ne sont rien d’autre que la résultante d’une guerre de succession. Hélas, estime-t-il, il s’agit là du même schéma qui a précipité la chute du PDS à l’époque. « C’est le syndrome PDS qui guette actuellement l’APR. Et Macky Sall n’a pas assez tiré les leçons du syndrome PDS. Dans ce parti, Abdoulaye Wade était la seule constante or une personne ne peut pas être une constante. Quand vous créez un parti, il vous faut mettre en place des instances démocratiques fortes. On parle de la posture radicale de Cissé Lo mais il y a des responsables beaucoup plus frustrés que lui qui attendent seulement le bon moment pour se dévoiler », avertit l’analyste politique qui entrevoit une probable déstabilisation de l’APR par des ténors en rébellion. « Il y a des non- dit dans ces bisbilles. Les gens ne peuvent pas se réveiller et s’insulter gratuitement sans qu’il y ait des motifs réels et pleins d’enjeux. Aujourd’hui, beaucoup de responsables du parti présidentiel pensent que Macky Sall est en train de mettre en orbite des personnalités pour le remplacer. Des personnalités dont l’éventuelle mise en selle et qui ne les arrange pas. Et c’est un des facteurs qui sont en ce moment à l’origine des frustrations », ajoute Assane Samb, cet observateur de l’échiquier politique. D’ailleurs, explique-t-il pour étayer son propos, dans la plupart de ses sorties, Cissé Lo ne vise pas directement le chef de l’Etat mais c’est plutôt certains ténors du parti qu’il prend pour cibles.
MOMAR THIAM, EXPERT EN COM « CES INSULTES, C’EST LE DEGRE ZERO DU LANGAGE POLITIQUE !»
Expert en communication, le docteur Momar Thiam s’est penché sur les « audios pamphletistes » à l’origine de l’exclusion de Moustapha Cissé Lo des rangs du parti au pouvoir. A en croire l’ancien conseiller en communication du président Abdoulaye Wade, c’est le degré zéro du langage politique qui a fait des émules sur les réseaux sociaux à travers les insanités proférés par un si haut responsable de la dimension de Moustapha Cissé Lo. Par ailleurs, estime l’expert en com’, au-delà des différends crypto-personnels, l’auteur des injures a prononcé quelques phrases qui doivent interpeller la justice. « En cernant les contours de son discours, l’ancien président du Parlement de la CEDEAO a lancé deux à trois phrases chocs relatives à la gestion du marché des semences et celui du Ter (Train express régional). Sur ce, dans un pays normalement constitué avec une justice qui se respecte, le procureur devrait immédiatement s’autosaisir sur cette affaire surtout que les révélations émanent d’une haute personnalité », a décrypté Momar Thiam qui, dans la même grille de lecture, voit des accusations de magouilles portées à l’encontre du chef de l’Etat par un parlementaire. Et pas n’importe lequel !
«FARBA NGOM, YAKHAM MBAYE ET CISSE LO VONT FINIR EN PRISON APRES LE REGNE DE MACKY»
Le maire socialiste de Ndoulo, Kany Bèye, est choqué par les propos injurieux tenus par des responsables du régime
Le maire socialiste de Ndoulo, Kany Bèye, est choqué par les propos injurieux tenus par des responsables du régime. Des injures diffusées dans les réseaux sociaux et qui ont valu à Moustapha Cissé Lo, d’être exclu de l’Alliance Pour la République (Aps). Pour Kany Bèye, qui dit ne pas être surpris, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo iront en prison après le règne de Macky Sall.
«Ces comportements dignes de vrais sauvages démontrent que ceux qui nous gouvernent ne sont pas dignes d’être au sommet de l’Etat. Très peu de Sénégalais sont surpris par l’attitude des gens qui entourent Macky Sall. En vérité, Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo ne méritent même pas d’être chefs de quartier dans ce pays», a martelé, hier, le maire de Ndoulo, Kany Bèye. Mais pour lui, la faute incombe en partie aux Sénégalais qui n’ont pas su faire les bons choix. «Les Sénégalais ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes parce qu’ils ont élu des gens incapables de diriger ce pays. Les Sénégalais n’ont pas encore assez de maturité pour distinguer les hommes capables de conduire les destinées de cette Nation. Jadis, les vrais hommes d’Etat se distinguaient facilement, même en apparence. Mais aujourd’hui, vous avez envie de vomir quand on vous présente un ministre, un député, un ambassadeur ou un quelconque autre responsable. C’est pitoyable», fulmine-til avant d’ajouter : «Moustapha Cissé Lô n’a surpris personne. Comment croire en quelqu’un qui a voulu manger à toutes les sauces servies par les différents régimes ? C’est un homme sans vergogne qui a été au Parti socialiste (Ps), ensuite au Parti démocratique sénégalais (Pds) et maintenant à l’Alliance pour la République (Apr).
Cissé Lo a été le premier à me dire au Point-Chaud, sur le Boulevard de la République, que Macky Sall mettrait Khalifa Sall en prison si ce dernier osait se présentait à l’élection présidentielle», s’indigne Kany Bèye d’après qui Yakham Mbaye serait atteint de déficiences mentales. «Quant à Yakham Mbaye, ce n’est pas un homme normal. Il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Il n’est même pas journaliste. C’est grâce à Cheikh Tidiane Dièye qu’il est entré dans la presse. Tous les membres de sa famille étaient des socialistes. Le grand frère de Yakham Mbaye, Cheikh Yama Mbaye, était à Paris en même temps que moi», renseigne-t-il.
Kany Bèye d’ajouter : «Pour Farba Ngom qui ne mérite même pas d’être un planton. Il démontre que Macky Sall est entouré par des gens sans vergogne. Mais il y a un adage qui dit : ‘’dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es’’. Farba Ngom, Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo peuvent s’insulter et proférer autant d’insanités qu’ils veulent, parce qu’à la fin du règne de Macky Sall, ils finiront tous en prison.»
«A L’APR, IL N’Y A AUCUNE IDEOLOGIE PERMETTANT DE CRISTALLISER LES MOBILISATIONS»
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel
Suite à l’exclusion de Moustapha Cissé Lo, «L’AS» a contacté l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, pour comprendre ces frictions au sein du parti présidentiel. Monsieur Diaw a ainsi indiqué qu’il n’y a aucune idéologie à l’APR, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations.
«L’AS» : Deux caciques de l’APR, Moustapha Diakhaté et depuis hier Moustapha Cissé Lo ont été exclus par les leurs. Cela n’annonce-t-il pas la fin d’un cycle politique pour le parti présidentiel ?
Moussa DIAW : Je n’irais pas jusque-là. Mais cela traduit un malaise à l’intérieur du parti. Ce qui est symptomatique de rivalités entre les différents leaders, des ambitions contradictoires et les enjeux de pouvoir, compte tenu de la situation et les possibilités d’accéder à des positions leur permettant d’accéder à des ressources. Mais cela augure quand-même un avenir incertain. Parce qu’on sait que c’est un parti relativement jeune qui n’a pas été structuré. Le Président Macky Sall n’a pas eu de temps d’organiser son parti, d’organiser un congrès et de structurer les instances. C’est pourquoi on assiste à une situation de conflictualité à l’intérieur du parti, de dénigrement. Parce que c’est un parti qui rassemble des personnalités venant d’horizons divers. C’est un agrégat d’individus qui sont mus par des intérêts politiciens. Ils ont une conception de la politique qui est celle de penser qu’on va s’enrichir ou qu’on peut avoir une consécration sociale et économique à travers une activité politique. C’est un parti qui redistribue des postes et également des ressources. Ce qui crée des tensions, des rivalités, des positionnements des uns et des autres. Et c’est dans cette guerre-là qu’apparaît justement le cas Moustapha Cissé Lo avec ses dérives verbales, son francparler et son tempérament difficile à maîtriser. Cette situation-là est aussi favorisée par le fait que le Président cumule les fonctions de président de la République et de chef de parti. Ce qui le met en première ligne parce que généralement d’ailleurs, cette position-là est souvent critiquée parce qu’on pense que quand on est président de la République, on joue le rôle d’arbitre. Donc, le parti n’a pas de numéro 1 ni de numéro 2. Et c’est ce qui explique d’ailleurs qu’il y ait des conflits de positionnement entre les leaders dans certains départements. Et aujourd’hui, normalement, c’est le dernier mandat du président de la République et cela va aiguiser les appétits des uns et des autres et va renforcer les dissensions au sein de l’APR.
Est-ce que ces dérives ver- bales ne traduisent pas une déliquescence des mœurs po- litiques au Sénégal ?
Oui tout à fait. Cette légèreté dans les propos etle vocabulaire utilisé traduit un manque de considération par rapport à la fonction et par rapport même à des gens qu’on a élus. Et cela traduit aussi le fait que le recrutement se fait n’importe comment. Ce sont des personnalités qui n’ont aucune compétence et qui sont dans ces positions parce qu’ils soutiennent une personne. Donc, ils ne sont pas mus par l’attachement à une idéologie, à des valeurs morales, et à une éthique. A l’APR, il n’y a aucune idéologie, aucune référence permettant de cristalliser les mobilisations autour de cet enjeu-là. Ce qui fait que les gens viennent de façon volontaire rien que pour accéder à des positions de pouvoir. Et ceux qui sont aujourd’hui concernés malheureusement par ce discours-là, cette violence verbale, sont dans le même cas. S’il y avait une unité autour d’un projet, d’une idéologie, on aurait dépassé ces contradictions de personnes. Parce que ce qui les lie serait plus fort que ce qui les différencie. Mais on n’assiste pas à cela aujourd’hui malheureusement. On influence et on est dans des réseaux pour se rapprocher du leader pour pouvoir obtenir des positions. Lesquelles positions contribuent justement à leur ascension sociale et économique de par leur proximité du pouvoir. Donc, c’est ça la conception qu’on a au sein de ces formations. Dans les vraies démocraties, on s’engage politiquement pour soutenir les positions du leader pour avoir un sens élevé de l’Etat, de la responsabilité et être au service des citoyens. Mais si on regarde ce qui passe actuellement, il est évident que les citoyens sont désabusés. Ces gens ternissent l’image des hommes politiques. En effet, dans un contexte particulier de lutte contre la pandémie, on note la guéguerre au sein du parti présidentiel pour des histoires de positionnement ou de redistribution de ressources ou de rivalités de personnes.
Au-delà des insultes, Moustapha Cissé Lo a fait des révélations de taille sur la gouvernance et la gestion de certains projets. Ne devrait-il pas y avoir une auto saisine du Procureur pour éclairer certaines choses ?
Normalement, c’est ce qui devrait se faire dans un Etat où il y a une vraie séparation des pouvoirs. Mais généralement ici, malheureusement, le Procureur agit sur instruction. Il y a une confusion des rôles. Et il n’y a pas une vraie séparation des pouvoirs dans sa pratique. C’est l’Exécutif qui influence le Judicaire. Et c’est un peu problématique, dans ce cas précis, qu’il y ait une auto saisine du procureur de la République. Peut-être que cela pourrait se faire. Mais en temps normal, dans un Etat démocratique, quand on tient ces propos, le lendemain, vous êtes convoqués par la Justice pour en savoir davantage sur ce que vous dites, la véracité des propos et les preuves pour faire de telles allégations. Mais ici, on est dans un contexte où la séparation des pouvoirs est un peu difficile à réaliser. Et il est très rare qu’il y ait cette saisine de la Justice pour pouvoir tirer au clair les propos de Moustapha Cissé Lo. Mais peut-être que cela pourrait se faire. On ne sait jamais. De toute façon, on verra quelles sont les positions des uns et des autres ; est-ce qu’il y a vraiment une volonté de clarifier les choses et d’éviter de telles exagérations, de telles dérives verbales qui n’augurent pas un bon avenir du politique dans ces formations. Tout dépendra de la volonté des uns et des autres, soit de clarifier le jeu, soit de tourner la page et de penser à autre chose.
CISSE LO CONSERVE LÉGALEMENT SON MANDAT DE DÉPUTÉ
Le professeur de droit Mouhamadou Ngouda Mboup indique que Cissé Lô peut attaquer la Commission de discipline « pour excès de pouvoir devant la Cour suprême»
Interpellé hier, lundi 6 juillet sur les conséquences juridiques de l’exclusion de Cissé Lo, le professeur de droit Mouhamadou Ngouda Mboup a expliqué que celui-ci conserve légalement son mandat de député. Mieux, il a indiqué que Cissé Lô peut attaquer la Commission de discipline « pour excès de pouvoir devant la Cour suprême».
«Le dispositif concernant la protection du député est fixé par la Constitution. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en précise la mise en œuvre. En vertu de l’article 60 de la Constitution et de l’article 7 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, «Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat ».
En d’autres termes, ce que la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ont prévu, c’est le cas d’un député démissionnaire de son parti en cours de législature et non de celui exclu de son parti en cours de législature», a-t-il souligné avant d’ajouter. «N’ayant pas présenté sa démission de l’Apr et n’ayant pas été déclaré démissionnaire de l’Apr par les instances du parti, le député Moustapha Cissé Lo ne se trouve dans aucun cas prévu par l’article 60 de la Constitution et l’article 7 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Même exclu de l’Apr, il conserve légalement son mandat de député. Une démission de l’Apr aurait amené l’Assemblée nationale à prendre acte de la déchéance de son mandat».
JURIDIQUEMENT, CISSÉ LÔ «PEUT ATTAQUER CETTE DÉCISION POUR EXCÈS DE POUVOIR DEVANT LA COUR SUPRÊME».
Par ailleurs, se prononçant sur la portée juridique de la décision d’exclure Cissé Lô de l’Apr, le professeur Ngouda Mboup a indiqué que celle-ci «n’est pas exempte des griefs». Soulignant que le droit des partis politiques est soumis aux principes constitutionnels et aux exigences conventionnelles du droit à un procès équitable, l’enseignant chercheur affirme que du point de vue du droit «cette exclusion n’est pas exempte des griefs de violation des principes du respect des droits de la défense, de la contradiction et d’impartialité qui s’imposent dans le droit associatif et particulièrement dans le droit des partis politiques».
Poursuivant son exposé, Mouhamadou Ngouda Mboup affirmera que, juridiquement, Cissé Lô «peut attaquer cette décision d’exclusion au moyen du recours pour excès de pouvoir devant la Cour suprême». Cependant, abordant la question relative à d’éventuelles poursuites judiciaires à l’encontre du député Cissé Lô, l’enseignant-chercheur de Droit public à la Fcjp/Ucad fait remarquer qu’il y a des obstacles qu’il faudrait forcément surmonter en citant notamment l’immunité parlementaire qui est, selon lui, d’ordre public
«En vertu de l’article 61 de la Constitution et de l’article 51 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, hors le cas classique du flagrant délit, lorsqu’elle ne fait pas l’objet d’une demande de levée, l’immunité des députés est permanente car elle s’apprécie au regard de la durée du mandat. L’immunité s’étend sur toute la législature», a-t-il expliqué. Toutefois, il a précisé qu’une demande en vue de lever l’immunité d’un député peut être adressée au président de l’Assemblée nationale ».
MACKY SALL ENTRE DEUX FEUX
La guéguerre qui fait rage dans l’APR ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président de la République ?
La guéguerre qui fait rage dans l’Alliance pour la République (Apr) ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président Macky Sall ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative au vu de la situation économique fortement impactée par la pandémie de la Covid-19, ajoutée à cela la guerre des tranchées à laquelle se livrent des ténors du parti et qui écorne l’image de la République. Quid de la question du mandat qui continue d’émailler la mandature actuelle du président Macky Sall ?
Le chef de l’Etat, Macky Sall, ne sera pas de tout repos pour son deuxième et «dernier» mandat, très chahuté par beaucoup de facteurs, qu’ils soient exogènes ou endogènes à son parti, à savoir l’Alliance pour la République (Apr). La dernière en date est cette querelle au ras de pâquerette qui a abouti à l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo, Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, du parti présidentiel.
La commission de discipline du Secrétariat exécutif national de l’Apr a prononcé l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Apr aux motifs qu’il a tenu des propos indécents qui «récusent la morale et la bienséance sociale». De l’avis des partisans du chef de l’Etat, ces écarts de langage «entachent gravement l’image du parti».
En effet, l’on entend l’ancien président du parlement de la Cedeao injurier copieusement certain de ses camarades de parti. Bien avant, l’on se rappelle des échanges de propos très durs entre Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo au sujet de la campagne arachidière et de la distribution de l’engrais. Selon certaines indiscrétions, ce serait ce différend qui s’est poursuivi au point d’en arriver à ces injures partagées dans les réseaux sociaux. La question du mandat présidentiel avec son corollaire, la chasse à l’homme au sein du parti présidentiel, fait partie des éléments qui vont également fortement impacter le mandat en cours du chef de l’Etat, Macky Sall.
Déjà, des voix se lèvent pour avancer la thèse du coup de balai au sein de l’équipe gouvernementale avec des sanctions envisagées contre des ministres accusés de refuser de défendre le chef de l’Etat, Macky Sall, attaqué de tout bord dans la gestion de la pandémie de la Covid-19. Pis, des ténors sont accusés de comploter contre le président, à savoir Amadou Ba et Aminata Touré. Ce qui trahit le sentiment de ceux-là qui parlent de complot, sinon pourquoi comploter contre un président qui fait son second et dernier mandat et qui ne doit pas se représenter ?
De toute évidence, Sory Kaba et Moustapha Diakhaté ont déjà payé pour leur position contraire à celles de Boun Abdallah Dionne et Mbaye Ndiaye. Vient s’y ajouter Moustapha Cissé, même si le motif évoqué pour son exclusion est tout autre. Il avait lui aussi fait une sortie pour se porter-en faux contre un troisième mandat du président Macky Sall. Macky Sall serait-il fatigué de protéger un compagnon encombrant ou plutôt un «insulteur public» ? Au-delà de ces éléments qui sont propres au parti présidentiel, à savoir les querelles internes à même de s’ajouter au climat général de mécontentement, il y a d’autres facteurs exogènes non maitrisés par le chef de l’Etat. Déjà, le président Sall avait annoncé la couleur en revoyant à la baisse ses prévisions économiques pour 2020.
En invoquant un contexte économique défavorable et les dépenses faites en réponse à la riposte à Covid-19, il avait prévu une croissance ramenée à 1% en 2020, contre 6,8% initialement prévue. Bien avant l’arrivée de la pandémie du Coronavirus, les réalisations avaient commencé à connaitre un coup de frein parce que la situation économique était tendue, depuis longtemps. Le TER en poussière, le BRT pas encore démarré, le Fmi qui enjoint à l’Etat du Sénégal de faire attention à son volume de dette, le rapprochement dangereux du seuil autorité par l’Uemoa, au maximum 70%, montrent à suffisance une situation financière difficile. Que dire de la hausse de certains prix, notamment celui du carburant, puis du ciment, sans oublier celui de l’huile et du riz qui ont flambé ? Ce qui ne manque pas d’impacter le panier de la ménagère et par ricochet s’ajouter au mécontentement populaire. Toute chose qui met le chef de l’Etat dans une situation inconfortable car étant entouré de deux feux : d’une part, un parti miné par des querelles internes écornant l’image du parti et de la République elle-même, de l’autre, une situation économique pas des meilleures, susceptible de généraliser le mécontentement populaire. Le président parait esseulé, surtout après la suppression du poste de Premier ministre.