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25 avril 2025
Politique
SÉNÉGAL, DESTINATION INCONNUE
Le pays pourrait-il se permettre d’interdire d’entrée sur son territoire des ressortissants de tous ces pays, dont certains doivent venir ici travailler dans des secteurs comme les infrastructures, les hydrocarbures ou les mines ? Quid du tourisme ?
En bombant le torse qu’il appliquerait la réciprocité à tous les pays qui interdiraient d’entrée les ressortissants sénégalais pour motif de Covid19, le ministre Alioune Sarr pourrait même par son arrêté, condamner à mort les secteurs dont ils a la charge, ceux du tourisme et des transports aériens qui, en fait, ne vivent que de l’arrivée au Sénégal de voyageurs étrangers, en particulier ceux des pays qui voudraient nous barrer l’entrée de chez eux.
Le ministre du Tourisme et des transports aériens Alioune Sarr a frappé avant-hier un grand coup en annonçant que le Sénégal allait appliquer la réciprocité à l’égard des pays qui auront refusé l’entrée de leurs territoires aux ressortissants sénégalais au motif de propagation du Covid19. Toutefois, à la suite de cette décision, on n’a pas vu ou entendu que la mesure a été suivie de décret présidentiel ou d’arrêté ministériel quelconque.
Ce qui veut dire en clair, que l’on est encore en pleine obscurité. Néanmoins, des échanges avec des diplomates accrédités à Dakar, montrent que si le Sénégal envisageait sérieusement d’appliquer une quelconque mesure de réciprocité, il devrait s’attendre à supporter les conséquences économiques d’une telle décision.
En effet, les pays Schengen qui ont écarté le Sénégal et bien d’autres ouest-africains de la liste de ceux autorisés à se rendre dans l’Espace Schengen, sont par ailleurs, les principaux fournisseurs de touristes dans le pays de la Teranga. Décider d’interdire à leurs ressortissants l’entrée sur le sol sénégalais, reviendrait également à condamner beaucoup de réceptifs hôteliers à faire disette. Alors que le manque à gagner dans le secteur est déjà très important, et que plusieurs hôtels, et non des moindres, sont en train de jouer tout simplement leur survie, si leur clientèle traditionnelle ne pouvait venir, les choses ne pourraient qu’empirer, alors que le gouvernement lui-même, a débloqué des fonds importants pour la remise à niveau de nombre de ces réceptifs.
Et le pire est que rien ne garantit que ces clients traditionnels pourraient être remplacés par d’autres. Les informations obtenues par Le Quotidien indiquent que plusieurs autres pays membres de l’Ocde (Organisation de coopération et de développement économique, qui comprend les pays membres du G7 plus 30 autres qui ont adopté les politiques libérales de l’économie de marché) estiment que leurs études indiquent que le Sénégal n’est pas encore sorti de la zone rouge en ce qui concerne les niveaux de contamination.
Ces pays pensent surtout que notre pays, comme nombre de ses pairs de l’Afrique de l’Ouest, n’est pas suffisamment préparé à faire face aux fortes vagues de malades de Covid qui vont se déclarer dans les semaines à venir. Ils ont donc décidé, à l’instar du Japon, des pays de Schengen et du Canada, qu’aucun voyageur non national ne pourrait entrer sur leur territoire s’il avait séjourné ou transité par le Sénégal dans une quinzaine de jours.
Le Sénégal pourrait-il se permettre d’interdire d’entrée sur son territoire des ressortissants de tous ces pays, dont certains auront besoin de venir ici travailler dans des secteurs aussi importants que les infrastructures ou ceux liés aux hydrocarbures ou aux mines ?
Ce sont ces questions auxquelles Alioune Sarr et ses collègues devraient s’apprêter à répondre au moment de signer leur arrêté, ou de conseiller au chef de l’Etat de signer un décret. Pour leur gouverne, ils pourraient s’inspirer de ce qui s’était passé avec l’épisode de la réciprocité des visas aux pays qui en demandaient à des ressortissants sénégalais.
La mesure décidé aux premiers mois de l’arrivée au pouvoir de Macky Sall – soi-disant par amour propre patriotique, a fini par faire long feu, et a été piteusement retirée au bout de quelque mois. Les gens se sont rendu compte qu’elle faisait plus de mal qu’elle ne réglait de problèmes. Cette fois-ci, en y réfléchissant bien, on n’aurait pas besoin d’en arriver à ce point
Par Babarcar TOURE
SUDFM, LA RADIO DES GENS QUI PARLENT AUX GENS
1er juillet 1994. Le lancement véritable, c’est-à-dire le démarrage de la diffusion des programmes a bien eu lieu le 1er juillet 1994 presque un an après l'octroi d'une fréquence et de la licence d'émettre
1er juillet 1994. Le lancement véritable, c’est-à-dire le démarrage de la diffusion des programmes a bien eu lieu le 1er juillet 1994 presque un an après l'octroi d'une fréquence et de la licence d'émettre. La dévaluation du Franc CFA était passée par là, bousculant nos prévisions. Amadou Makhtar Mbow ancien directeur général de l'Unesco, madame Viviane Wade épouse de Abdoulaye Wade et Jessica Mbow Sarr, mère de Samuel A. Sarr, ont "démarré l'antenne.
Pourquoi ces trois ? Me Wade et Samuel Sarr étaient alors en prison suite à l'assassinat du vice-président du Conseil Constitutionnel Babacar Seye dans laquelle ils avaient été cités, arrêtés et embastillés. Injustement ? Une façon de leur rendre cette justice qu’on leur avait refusée. Du moins, le croyions nous, à l'époque ! Pendant une bonne dizaine de jours nous avons coaché madame Wade pour le message en wolof que nous devions enregistrer pour le jour du démarrage de l'antenne. Quant à Amadou Makhtar Mbow, le choix porté sur sa personne coulait de source à nos yeux. Grand promoteur de la science, de l'éducation, de la culture, avocat d'un Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication (Nomic), il avait quitté son poste suite aux manœuvres américaines, lâchés par son propre pays. Sud, né à la faveur de cette doctrine, se sentait l'obligation de rendre un hommage mérité à ce digne fils d'Afrique. La culture étant à l'esprit et à l'âme ce que la nourriture est au corps, l'ancrage de Sudfm dans la promotion de celle-ci, n'a jamais été prise en défaut. Elle s'est réaffirmée davantage avec l'avènement de la radio qui souffle ses 26 bougies cette semaine.
Abdoulaye Wade et ses compagnons d'infortune sortiront de prison à temps pour assister à l'inauguration officielle. Nous avions souhaité attendre leur élargissement pour l’inauguration officielle, histoire de défendre et d’illustrer le caractère résolument pluraliste de cette plateforme démocratique que nous avions lancée six mois plutôt, en juillet 1994.
12 janvier 1995. Inauguration “officielle “ de la première chaîne de radio privée sénégalaise diffusée sur la bande Fm. Une cérémonie populaire rehaussée par la présence de personnalités comme Monseigneur Hyacinthe le Cardinal Thiandoum, le Guide de la Tidianya Abdou Aziz Sy (Junior) alors porte-parole et futur Khalif général des Tidianes, le Grand Serigne de Dakar, Bassirou Diagne Marème Diop et tout ce que le Sénégal compte de leaders, de citoyens anonymes, de petites gens, toutes activités confondues ou sans activité.
Trois des quatre chefs d’État des pays membres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal, (OMVS) sont présents à cette cérémonie qui démarre par une exposition des “produits” du groupe Sud, de ses différents titres de l’époque, retraçant son parcours atypique qui a cassé bien des codes et de monopole. Lansana Konté, président de la République de Guinée s’est désisté à la dernière minute parce qu’on lui avait soufflé que le responsable de la radio était un ami de Alpha Condé, son irréductible et farouche opposant. C’est la raison pour laquelle il ne s’est pas joint à ses homologues Alpha Oumar Konaré du Mali, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya de Mauritanie et Abdou Diouf du Sénégal.
Une initiative tout à fait inédite, réalisée en partenariat avec l’Association des Artistes Plasticiens du Sénégal aura marqué les esprits. Viyé Diba, président de l’Association des Artistes Plasticiens, a sélectionné des œuvres de divers peintres pour tapisser l’immense hall et les murs du 5ème étage de l’immeuble Fahd abritant le siège de Sud Quotidien, promoteur et “hébergeur “de la radio Sudfm. Plus tard, Viyé Diba, ne cessera de sublimer le rôle de Sud dans la promotion de l’Art et des artistes, car en plus de ce qui se faisait dans nos différents supports, nous avions racheté, à prix coûtant, toutes les œuvres des différents artistes ayant participé à l’exposition le jour de la cérémonie d’inauguration de Sudfm.
La visite de l’expo et des studios terminée, alors que les invités regagnaient les tribunes pour les discours d’usage, voilà qu’entre deux portes, surgissent un trio de gais lurons, exhalant des effluves parfumées, mélange d’eau de vie, de tabac pour pipe, d’extraits de plantes herbacées (psychotropes). Joe Ramangelisa Samb alias Issa, alias Joe Ouakam, figure emblématique du pop’art, à la manière d’un Andy Warhol, devenue iconique, Djibril Diop Mambety, le dandy-bohème de Colobane à la camera baladeuse, préfiguration du Spike Lee de “Jungle fever”, orfèvre de la satire sociale et héritier de Yaadikone, le bandit de cœur qui prenait aux nantis pour combler les enfants démunis, Ibou Diouf, le poète du pinceau, l’enfant gâté, surdoué de l’Esthétique, filleul de Senghor et égérie de l’Ecole de Dakar.
La trilogie des petites gens de Mambety sous l’ombrelle de monstres sacrés qui n’en peuvent plus de disséquer et d’incarner la marginalité. Ce faisant, ils finiront par réinventer de grosses légendes urbaines, incarnées tant par leur praxis que par leur image projetée et durablement imprimées dans l’imaginaire de leurs contemporains. On comprend dès lors la réaction enjouée et un brin amusée du Président Abdou Diouf quand notre Joe Ouakam l’a accroché par l’une des manches de sa veste pour l’entretenir de questions culturelles et d’aménagement d’espaces dédiés aux Arts et à la Culture. Évidemment, les chefs d’État et leurs délégations ainsi que les invités, tous à l’arrêt observaient cette scène hugolienne fourmillant de personnages marqués par le romantisme et l’éclectisme de la nature humaine.
A la suite de cet échange Abdou Diouf contenant les interpellations sympathiquement irrévérencieuses de nos trublions se retourna pour demander à l’hôte du jour de prendre contact avec son secrétariat pour une audience à la présidence de la République. On put dès lors regagner les tribunes. En réalité le trio était plutôt un quatuor, puisque l’expédition c’est le cas de le dire, comptait une grande passionnée d’art, Madame Bintou Niang, épouse Cissé, du nom de l’architecte urbaniste, cinéaste, producteur et homme de culture, Nicolas Sawalo Cissé, auteur d’un film surla décharge de Mbeubeuss, mettant en scène un certain Ramangelisa. Encore une histoire de petites gens, passés maîtres dans l’art de la débrouille pour transformer les ordures en “or dur“.Encore une histoire de gamins des bidonvilles cornaqués par des grands Yadi (pour Yadikone, le miraculé!)rescapé d’une fratrie n’ayant pas survécu, abusivement comparé au Robin des bois (Robin Hood) de la forêt anglaise de Sherwood, héros fictif du moyen-âge anglais qui dépouillait les riches pour donner aux pauvres. Grand Yadi, ou Ndiaye Yadi pour ses proches, de son vrai nom Babacar Ndiaye, a lui bel et bien existé et a pris sa “retraite dans la localité de (campement) Nguekokh dans l’actuel département de Mbour. Un mémoire lui a été d’ailleurs consacré sur le thème du “banditisme social”. Bintou, collectionneure, galériste chevronnée, avait repéré en zone portuaire, un entrepôt pouvant accueillir ce qui va devenir l’espace Vema.
Le jour J, celui du rendez-vous avec Abdou Diouf à la présidence de la République fut mouvementé. Je devais “récupérer “Ibou Diouf au “Midi” une sorte de deuxième rédaction pour les légionnaires, de Sud qui comptaient dans leurs rangs de farouches amazones. On est en situation familière, c’est-à-dire, anxiogène avec cette sensation indéfinissable que peut éprouver quelqu’un largué au bord du précipice, “à l’insu de son plein gré”. Je crois, si ma mémoire ne me trompe, que c’est Ibou Diouf qui s’est pointé au Midi, en bras de chemise, dissertant sur “verticale “, point d’observation et d’élévation, axe de la création (sic). Un coup de téléphone du bureau me fit comprendre que Issa-Joe Ouakam nous donnait rendez-vous au Bilboquet, à quelques encablures entre son refuge et la Présidence de la République. Il nous y retrouvera après avoir fait jonction avec Djibril, comme il l’apostrophait avec une affectivité complice.
Celui-là non plus, n’était apparemment pas du matin et a dû réquisitionner une pirogue pour rallier Dakar et le centre-ville à partir de son île de Ngor résidentielle. La nuit a été longue et à verse pour des assoiffés de culture underground! Bintou, très bonne camarade, est restée distinguée et bienveillante.
Vous aurez compris que toutes ces péripéties ont avalé le temps et que l’heure de l’audience nous a trouvé en conciliabules, à hauteur de la maison militaire, face à la résidence du chef de l’État, marchant d’un pas de sénateur, indifférents à la ponctualité et à la rigueur de métronome du disciple de Senghor chez qui nous nous rendions. Apres avoir négocié à la porte, nous voici arpentant le sanctuaire de la République, gesticulant et devisant à la bonne franquette, gravissant les escaliers d’un pas instable. Comme s’ils s’étaient donné le mot, les fonctionnaires de la présidence étaient, qui à la fenêtre de leurs bureaux, qui dans les couloirs, désireux de ne rater aucun moment de notre équipée pittoresque et pour le moins inhabituelle en ces lieux solennels. Une espèce échappée d’une ménagerie ? Des troubadours amusant la galerie pour des étrennes de janvier ? Le spectacle était garanti, même si la présence de Bintou distillait quelque contenance à la troupe. Mais poursuivons. A peine l’huissier nous a-il introduits, que Djibril déploie ses bras comme pour implorer le ciel. En fait, c’était pour envelopper notre longiligne président qui jouant le jeu, a fait de même pour l’accolade de ces retrouvailles hors normes. Puisque y en a pour un, y en a pour trois. Binetou et moi nous nous en sommes tenus aux gestes–barrières de la distanciation protocolaire.
Conversation animée. Issa plus familier avec Diouf lance l’attaque. Fabienne Diouf partageait avec Joe Ouakam un espace de vie à la fois privée artistique, (pour Joe) et commercial pour la fille du président .Djibril suit et rappelle les promesses non tenues par le ministère de la Culture. Abdou Diouf, placide déroule. Vint le tour de Ibou et je dus voler à la rescousse de Bintou, remarquable de retenue afin qu’elle puisse exposer ses préoccupations au chef de l’État. Alors que l’on s’y attendait alors pas du tout, Issa se leva brusquement et alla se poster près de la fenêtre du bureau présidentiel. Il nous planta là sans que l’on sache pourquoi. Il boudait tout simplement. J’ai dû négocier son retour au salon du président qui lui a parlé avec bienveillance et douceur. C’est à cette occasion que le projet de Sandaga, centre culturel ouest africain et zone piétonne a été présenté au président Diouf, séduit par l’initiative. Des questions importantes dans le domaine du cinéma, de l’art, bref de la culture ont été abordées au cours de cette audience et des engagements pris. Un seul a été concrétisé. Joe s’était insurgé justement sur cette manie de nos gouvernants de ne pas traduire dans les faits les politiques annoncées. Cela était insupportable pour des créateurs et des entrepreneurs culturels connus et reconnus mondialement, sans que leur propre pays ne suive. La suite lui a donné raison.
LA RÉCLUSION CRIMINELLE POUR ALIOUNE FALL ET LA BANDE A PEUL BOU RAFET
Le verdict sur les affaires criminelles jugées les 24, 25 et 26 juin derniers est enfin tombé avec des peines diverses et très lourdes contre les accusés. La réclusion criminelle a été le maître-mot de la chambre criminelle.
Pape Alioune Fall et la bande à «Peul bou rafét» écopent de la réclusion criminelle à perpétuité alors que Moustapha Ndiaye du Pur se voit infliger par la Chambre criminelle de Tamba une peine de 15 ans de prison pour respectivement les meurtres de Binta Camara et de l’adjudant-major de la Gendarmerie, Tamsir Sané ainsi que du coup mortel fatal au jeune tailleur, Ibrahima Diop.
Le verdict sur les affaires criminelles jugées les 24, 25 et 26 juin derniers est enfin tombé avec des peines diverses et très lourdes contre les accusés. La réclusion criminelle a été le maître-mot de la chambre criminelle. Pour les affaires Binta Camara et du commandant de la brigade de Koumpentoum, feu Tamsir Sané, la chambre criminelle a suivi le réquisitoire de l’Avocat général en prononçant la réclusion criminelle à perpétuité contre les accusés.
Pour l’affaire Binta Camara, tuée par Pape Alioune Fall le 18 juillet 2019, le mis en cause a été déclaré coupable des faits à lui reprochés. Ainsi, les juges ont retenu contre lui la réclusion criminelle à perpétuité. Pour les dommages et préjudices, la cour a retenu le franc symbolique réclamé par les avocats de la partie civile. Pape Alioune Fall, 34 ans, va devoir passer le restant de ses jours en détention.
Pour le meurtre de l‘adjudantmajor Tamsir Sané, ex-commandant de la brigade de Koumpentoum, la même peine est prononcée contre la bande à Idrissa Sow alias «Peul bou rafét». Sow, Bà, Ka et Diao doivent payer une amende de 100 millions à la partie civile.
Moustapha Ndiaye, membre de la garde rapprochée du Pur, quant à lui, écope de 15 ans de prison pour le coup mortel porté au jeune tailleur, Ibrahima Diop, tué lors des affrontements entre éléments du Pur et jeunes de Bby, le 11 février 2019 en pleine campagne électorale
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MÉMOIRES D'AFRIQUE, ESCLAVAGE ET COLONISATION
Au coeur des relations tumultueuses entre l'Europe et le continent africain, à travers des reportages et des entretiens. De Bordeaux à Ouidah, au Bénin, en passant par Kinshasa et Bruxelles, le rapport à la mémoire reste compliqué des deux côtés
France 24 |
Nicolas Germain, Meriem Amellial, Célia Caracena |
Publication 02/07/2020
Si le meurtre de George Floyd aux États-Unis a ravivé les mouvements contre le racisme dans le monde, il a aussi remué le passé douloureux de la traite négrière et de la colonisation.
Nous vous proposons une émission spéciale consacrée aux relations tumultueuses entre l'Europe et le continent africain, à travers des reportages et des entretiens réalisés en France, en Belgique, au Bénin et en RD Congo. De Bordeaux à Ouidah, au Bénin, en passant par Kinshasa et Bruxelles, vous verrez que le rapport à la mémoire reste compliqué des deux côtés.
PAR Alain Nkontchou
LE MORATOIRE SUR LES DETTES AFRICAINES FERAIT PLUS DE MAL QUE DE BIEN
Si l’Afrique doit éventuellement mettre un terme à sa longue dépendance à l’égard des donateurs et des fonds multilatéraux pour financer son développement économique, elle devrait évoluer vers un financement de marché
Jeune Afrique |
Alain Nkontchou |
Publication 02/07/2020
Afin de faire face aux problèmes les plus urgents découlant de la pandémie de Covid-19, qui, pour l’instant, ne les touche pas avec la même gravité que d’autres parties du monde, les pays africains auront besoin d’une forme d’expansion budgétaire importante.
Ces mesures doivent principalement cibler les infrastructures. Premièrement, par un renforcement des services de santé essentiels ; deuxièmement, par une aide gouvernementale au secteur des services publics primaires pour garantir un accès illimité à l’eau et à l’électricité après la mise en œuvre des protocoles de confinement requis. En outre, des fonds devraient également être mis à la disposition du secteur privé pour soutenir l’inévitable contraction économique due au gel de l’activité économique.
Des dommages considérables à long terme
La question d’un moratoire ou d’une « suspension » du remboursement des Eurobonds, telle qu’elle est proposée, ne revêt pas autant d’importance en comparaison des besoins susmentionnés et, qui plus est, compromettrait grandement l’accès futur des économies africaines aux marchés internationaux. Un tel moratoire serait perçu comme un défaut de paiement et, quelle que soit la gravité de la situation actuelle, il infligerait des dommages considérables à long terme.
Ultimement, ce sont les marchés de capitaux privés qui doivent être la véritable source du capital destiné à l’investissement productif, ce qui est fondamental pour la poursuite du développement du continent.
À titre d’exemple, la capacité de pays tels que le Bénin et le Ghana à accéder aux marchés des capitaux au cours de l’année écoulée, à 5,75 % sur sept ans (500 millions d’euros) et à 8,875 % sur quarante ans (750 millions de dollars américains), respectivement, témoigne des conditions favorables dont ont bénéficié les nations africaines. Il serait sage de ne pas mettre en péril un tel acquis à ce stade.
Une solution : des dettes à coupon zéro sur quinze ans
Pour les pays qui ont encore la capacité de servir leur dette, la question du remboursement de la dette privée pourrait, à l’inverse, être abordée dans un cadre plus large qui comprend, à titre essentiel, un soutien budgétaire visant à relever les défis économiques actuels et futurs auxquels sont confrontés les pays d’Afrique subsaharienne, comme indiqué ci-dessus.
Ces fonds pourraient être versés aux pays qui en ont besoin par les institutions multilatérales sous la forme d’une dette à coupon zéro sur quinze ans, à un taux de 1 ou 2 % par exemple (ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres).
Le Nigeria en est un bon exemple : le pays a récemment demandé un financement multilatéral de 6,9 milliards de dollars au FMI, à la Banque mondiale et à la BAD pour lutter contre la crise du coronavirus. Une partie de cette somme serait utilisée pour établir un fonds d’intervention de crise Covid-19 de 1,2 milliard de dollars afin d’améliorer les établissements de soins de santé et de fournir des fonds d’intervention aux États. Un tel montant doit être comparé aux engagements de service de la dette extérieure qui seront en moyenne inférieurs à 750 millions de dollars au cours des quatre prochaines années.
Si l’Afrique doit éventuellement mettre un terme à sa longue dépendance à l’égard des donateurs et des fonds multilatéraux pour financer son développement économique, elle devrait évoluer vers un financement de marché. Avec des engagements de capital et d’intérêts sur toutes les euro-obligations en circulation de l’Afrique subsaharienne qui s’élèvent à environ 5 milliards de dollars par an sur les 48 prochains mois, l’ « allègement » de la dette privée, tel que proposé compromettrait l’accès durement gagné de la région aux marchés des capitaux internationaux, et entraverait l’avenir de son développement.
Alain Nkontchou est associé-gérant de l'investisseur panafricain Enko Capital Management LLP.
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DE L'ÉLECTION À LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE
Voter assure-t-il le bon fonctionnement d'une démocratie ? Pierre Jacquemot, universitaire et ancien diplomate vient de signer un essai sur cette question en Afrique
Voter assure-t-il le bon fonctionnement d'une démocratie ? Pierre Jacquemot, universitaire et ancien diplomate vient de signer un essai sur cette question en Afrique.
Il est l'invité du Journal Afrique de TV5MONDE.
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L'OMS N'A PAS JOUÉ SON RÔLE AU DÉBUT DU COVID-19
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l'OMS est prise en tenaille entre la Chine et les États-Unis. L'Organisation mondiale de la santé a révélé ses faiblesses au grand jour
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l'OMS est prise en tenaille entre la Chine et les États-Unis. L'Organisation mondiale de la santé a révélé ses faiblesses au grand jour. Des failles exposées par le journaliste Pierre Haski dans son documentaire "Chine - Usa : la bataille de l'OMS".
par Abdoul Mbaye
MACKY S'EST CONTENTÉ DE BAISSER LES BRAS
Le covid fait éclater au grand jour les deux principaux maux de nos gouvernants : l’incompétence et l’enrichissement illicite. L’Exécutif discrédité, il reste peut-être l’espoir de voir nos députés enfin revêtir leurs habits de représentants du peuple
La sortie de mesures exceptionnelles mises en place dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la covid-19 est certes chose difficile. Elle doit prendre en compte des données objectives fournies par la situation médicale et permettant de constater que l’entrée dans un moment de décrue (ou de pic dépassé) a été effective par l’analyse de statistiques. Elle doit également donner lieu à une posture de vigilance permettant de guetter la moindre reprise de cas d’infections comme le vivent déjà plusieurs pays. Elle doit enfin reposer sur une batterie de mesures propres à relancer l’activité économique, en particulier dans les pays les moins nantis où l’appauvrissement s’est accéléré et où la faim déjà guette.
Les paramètres à prendre en compte pour adopter la bonne décision sont donc nombreux, plaçant les gouvernants dans des situations délicates. Et les critiques deviennent faciles lorsque plusieurs choix sont toujours possibles. Mais il est au moins une exigence à réclamer aux décideurs en dernier ressort : faire reposer sur une cohérence forte la sortie de l’état d’exception sanitaire - et parfois d’un état d’urgence qui n’était sans doute pas nécessaire - afin que l’état nouveau, fait de vigilance et de résidus d’exception, soit bien compris pour être largement accepté par les populations.
Au Sénégal, Macky Sall s’est contenté de baisser les bras, de laisser ses compatriotes à leur sort, les privant de cette nécessaire cohérence qui rendra encore plus difficile la tâche d’autres bonnes volontés qui pourraient s’impliquer dans le projet de protéger nos compatriotes contre la capitulation du chef de l’Etat, chef des armées, chef de la magistrature, président du parti contrôlant la majorité à l’Assemblée nationale.
Gouverner demande du courage. Et lorsqu’on en manque, le refuge peut être de la cohérence et de l’équilibre dans sa décision. Cette cohérence peut permettre d’éviter qu’une capitulation ne se transforme en désastreuse déroute mettant en jeu de nombreuses vies.
Un débat peut s’instaurer autour du moment choisi pour lever l’essentiel des mesures qui avaient été prises afin de protéger contre la dissémination du coronavirus par la réduction des contacts. Le pic a été partout retenu comme le bon moment pour desserrer de telles mesures restrictives. Au Sénégal ce pic n’a pas encore été dépassé comme le prouvent les statistiques quotidiennes de ces dernières semaines.
Macky Sall, sous la pression et craignant lassitude et énervement des populations, a retenu l’abandon du combat et le retour à une vie normale. Ce faisant il reste fidèle à sa conception de la gouvernance consistant à privilégier le traitement politicien de toute problématique nationale, y compris lorsque la santé des populations est en jeu. Nous étions pourtant en droit de recevoir de sa part un discours soutenu par une cohérence constructive de crédibilité, et susceptible de provoquer l’adhésion à toute la part d’attitudes demandée à des citoyens désormais livrés à eux-mêmes dans la lutte contre la covid-19.
La première grosse faiblesse du discours du président du 29 juin se trouve dans la citation de statistiques cumulées lorsque l’analyse juste exigeait celle de l’évolution de ces statistiques au cours des dernières semaines pour justifier ou non un allégement général des mesures de poursuite de déconfinement relatif. Il aurait alors ajouté : « malgré tout je décide l’allègement des mesures prises afin de permettre la reprise des activités économiques et éviter plus grande souffrance aux populations démunies. »
Sans perdre de vue l’aspect sanitaire de la crise, la suite de son discours aurait dû porter sur les mesures de vigilance visant l’identification de futurs clusters éventuels par un accroissement des tests de dépistage, et en prévenant les citoyens de possibles mesures restrictives qui pourraient de nouveau s’avérer nécessaires pour contenir une reprise de la propagation de l’épidémie. Pas un mot de tout cela ! Pourtant les populations doivent y être préparées.
La remise en marche de l’économie apparaît dans son discours comme la principale raison du renoncement à la distanciation systématisée et imposée. La bonne logique aurait nécessité que l’on expose immédiatement les mesures phares prises pour assurer la reprise économique. Je lui avais pourtant conseillé de ne pas sortir du mois d’avril sans un conseil interministériel spécial consacré à l’agriculture dont les résultats de fin d’année seront essentiels à notre Nation. Son discours se contente malheureusement d’annoncer de gros chiffres (60 milliards fcfa) sans préciser ni les cultures, ni les intrants en semences et engrais encore moins les régions destinataires concernés.
Nous lui avions également recommandé d’inviter les professionnels des différents secteurs de l’économie à procéder à un diagnostic de leurs situations respectives et à proposer des mesures de leur maintien en activité et du redémarrage de cette dernière. Car il faut bien avoir conscience qu’il ne s’agit pas de relancer mais plutôt de sauver et faire survivre dans l’urgence. En lieu et place Macky Sall annonce que son gouvernement (comprendre ses collaborateurs en l’absence d’un Premier ministre) travaille sur un Programme de relance de l’économie nationale non encore disponible.
C’est le propre des crises d’être révélatrices de l’incompétence. Celle du Covid-19 n’aura pas fait exception à la règle en dévoilant celle de plusieurs gouvernants à travers le monde. Chez nous éclatent au grand jour les deux principaux maux qui les caractérisent sauf en de rares périodes de temps : l’incompétence et l’obsession de l’enrichissement illicite. Pour rappel, en mars 2020, lorsque nous appelions déjà à de premières mesures de protection contre une pandémie qui frappait à nos portes, le premier collaborateur du chef de l’Etat se souciait de faire passer de gré à gré une dépense de la Senelec en poteaux de béton estimée à moins d’un milliard FCFA pour un marché de 36 milliards FCFA. Et tant pis si une véritable gabegie au sein de cette structure impose le renchérissement de l’électricité remettant ainsi en cause la condition première de l’émergence du Sénégal (PSE paragraphes 388 et suivants).
L’Exécutif discrédité, il reste peut-être l’espoir de voir nos députés enfin se décider à revêtir leurs habits de représentants du peuple, et tenter d’être à l’origine d’un sursaut national. L’Assemblée nationale devrait engager une série d’auditions : spécialistes et professionnels de la santé, experts en modélisation mathématiques, économistes, représentants des différents secteurs d’une économie à préserver de l’effondrement, dans le but de proposer des mesures de sauvegarde de vies de citoyens et de reprise économique.
A défaut, puisse Dieu (swt) protéger le Sénégal !
GESTION DU CORONAVIRUS : LE SÉNÉGAL ADOPTE UNE NOUVELLE STRATÉGIE
Dans son intervention, Dr Abdoulaye Bousso, Directeur du Centre Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a indiqué que la stratégie mise en place jusque là doit être réajustée
Les services du ministère de la Santé et de l’action sociale ont, ce jeudi, fait le point du mois sur la gestion de la Covid-19. Dans son intervention, Dr Abdoulaye Bousso, Directeur du Centre Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a indiqué que la stratégie mise en place jusque là doit être réajustée. Selon lui, aujourd’hui, l’accent doit être mis sur les malades et la protection des personnes vulnérables. « Il faut faire focus sur ces personnes et d’essayer de réduire cette mortalité pour pouvoir maitriser cette épidémie et ses conséquences négatives », a explique Dr Bousso.
Également, , une nouvelle décision a été prise sur les tests. Lesquels, informe-t-il, ne se feront désormais que sur les personnes qui sont symptomatiques et vulnérables. Ce qui veut dire le test systématique qui se faisait sur les personnes contactes qui n’ont pas de symptômes va être arrêté. Concernant la prise en charge à domicile, il souligne que ce n’est pas une première au Sénégal. Et, si cette stratégie a été adoptée c’est parce qu’elle donne des résultats probants.
LES AUDIENCES SUSPENDUES AU TGI DE DIOURBEL JUSQU’AU 13 JUILLET
Les audiences et les interrogatoires sont suspendus au Tribunal de Grande instance de Diourbel jusqu’au 13 juillet, suite à la détection de cas de coronavirus à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, a appris l’APS de source judiciaire.
Diourbel, 1er juil (APS) - Les audiences et les interrogatoires sont suspendus au Tribunal de Grande instance de Diourbel jusqu’au 13 juillet, suite à la détection de cas de coronavirus à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, a appris l’APS de source judiciaire.
"Suite à la détection de cas positifs à la Covid-19 au niveau de la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, à la date du 30 juin courant et pour lutter contre la propagation du virus toutes les audiences criminelles, civiles, commerciales et correctionnelles, de même que les interrogatoires des inculpés sont suspendus à compter de ce jour jusqu’au lundi 13 juillet", a indiqué le président du TGI de Diourbel, Papa Mohamed Diop, dans une note de service rendue publique le même jour.
Ce mercredi, la presse quotidienne a mis en exergue la contamination à la Covid-19 de 10 détenus au niveau de la Mac de Diourbel.
Le président du Tribunal de grande instance de Diourbel a souligné que les autres services restent ouverts, et les usagers comme le personnel, sont invités au respect strict des mesures de prévention édictées par les autorités sanitaires.
Le TGI de Diourbel avait déjà fixé l’ouverture de la première session 2020 de la chambre criminelle, le mardi 7 juillet.
Trois affaires étaient inscrites au rôle pour les crimes d’infanticide, association de malfaiteurs, vol de bétail en réunion commis la nuit, avec usage de véhicule entre autres.
Six prévenus devaient comparaître durant deux jours.
Le responsable de la Raddho à Diourbel, Malick Ciré Sy, a déploré le report de ces audiences, estimant que cette décision ne respecte pas le droit des détenus.
"Nous dénonçons avec la dernière énergie cette mesure qui ne repose sur rien du tout pour la bonne et simple raison que le président de la République a levé l’état d’urgence et le couvre-feu", a-t-il indiqué.
A l’en croire, le chef de l’Etat a demandé aux Sénégalais de vivre en présence du virus. Donc, a-t-il estimé, les autorités du tribunal n’avaient pas de raison de repousser les audiences qui devaient fixer les détenus sur leurs sorts.
"Non seulement, elles violent les droits des détenus qui devraient connaître leurs sorts. L’autre chose, c’est qu’elles vont augmenter sans le savoir la surpopulation carcérale parce que pendant tout ce temps, certains seront interpellés et seront mis sous mandat de dépôt", a fait remarquer M. Sy.