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27 avril 2025
Politique
Par Mamadou Oumar NDIAYE
NOTRE AMINATA SOW FALL NATIONALE VICTIME DE SPOLIATION FONCIÈRE
Accaparée par ses multiples activités et se disant que, de les toutes façons, ce projet conçu pour sa retraite pouvait attendre, notre distinguée compatriote a commis l’erreur de négliger son terrain de Sangalkam
Accaparée par ses multiples activités non seulement au Sénégal mais également dans d’autres continents et se disant que, de toutes façons, ce projet conçu pour sa retraite pouvait attendre, notre distinguée compatriote avait commis l’erreur de négliger son terrain de Sangalkam. C’est une parente qui, au détour d’une conversation un jour, lui a demandé : « mais, ma tante, est-ce que tu as songé à sécuriser ton bien immobilier ? La zone où il se trouve fait l’objet de fortes convoitises et de beaucoup de spéculations foncières ! » Mme Aminata Sow Fall ne se le fait pas dire deux fois. Elle se rend à la mairie de Sangalkam pour essayer de régulariser son terrain. On était en 2016, soit 46 ans après l’achat du terrain. Première tuile et première grosse douche anglaise. Ses interlocuteurs lui disent que c’est bien faisable mais à condition qu’elle renonce à la moitié du terrain au profit de la mairie ! Elle tique mais, n’étant pas trop obnubilée par les richesses matérielles, elle accepte cette proposition étrange et…scandaleuse. Ce sur un terrain dont la superficie a été réduite comme une peau de chagrin par eux puisque, de sept hectares, ces bons messieurs de la mairie lui ont dit que son bien faisait en réalité 4 hectares, 75 ares et 17 ca. La proposition indécente acceptée, la mairie consentit à régulariser le terrain par un protocole d’accord numéro 007P/SANG/16. Ce n’est pas tout puisqu’elle a exigé, la commune, un paiement de quatre millions sept cent cinquante mille (4.750.000) francs que Mme Aminata Sow Fall a effectué en date du 13 juin 2016 avec la quittance de paiement numéro 0000136 Bornage Numéro 266. Les gens de la mairie s’étaient engagés à prendre en charge les frais de remblai, de terrassement et de bornage mais ils n’en ont rien fait, bien sûr.
Abracadabra, vous n’avez plus de terrain, madame !
Toujours est-il qu’en juillet de la même année 2016, ils ont délivré à notre icône des Lettres une délibération parcellaire pour 94 parcelles. Hélas sans l’aval du sous-préfet adjoint de Sangalkam, M. Marcel Mbaye Thiaw. Le fils de Mme Aminata Sow Fall réussit à rencontrer le chef du Service des Domaines de Rufisque qui lui a fait comprendre que la délibération et les plans de la mairie de Sangalkam n’étaient pas aux normes.
Par la suite, il obtient une audience avec le maire, c’est-à-dire le ministre Oumar Guèye, qui lui demande de faire établir un plan cadastral par un géomètre agréé. Quelques mois après, la propriétaire se voit demander de faire réaliser le bornage des parcelles sur le site. Ce qu’elle fait à ses frais. Après un an d’attente, la mairie produit enfin une nouvelle délibération en date du 16 octobre 2018.
Le document dit ceci : « Est adopté le projet de lotissement « ilot A. S. F. » initié par le maire de la commune de Sangalkam dans le village de Ndiobène (Noflaye) dénommé « ilot Aminata Sow Fall » sur une superficie de 2 ha, 16 a, 33 ca conformément au plan joint en annexe ». Hourrah ! Hélas, nouvelle douche froide pour la patronne du CAEC et du Cirlac !
En effet, alors qu’elle croyait être au bout de ses peines, le sous-préfet de Sangalkam a, au mois d’août dernier, refusé d’approuver la délibération du conseil municipal dirigé par le ministre Oumar Guèye. Motif : « Le terrain se trouve dans le Pôle urbain de Diack-Sao Bambilor (Noflaye) objet du TF 11361/r ». Autrement dit, Mme Aminata Sow Fall s’était proprement fait déposséder de son terrain ! Elle n’avait plus rien… révulsée par cette injustice, cette extorsion dont elle venait d’être victime, elle prend sa (très belle) plume pour écrire au président de la république afin de lui expliquer ce qui lui était arrivé et en appeler à son arbitrage.
Quelques semaines plus tard, au cours d’une cérémonie à la présidence, le président de la République, apercevant Mme Aminata Sow Fall, est venu vers elle pour lui présenter ses vœux. Puis, sans qu’elle lui ait dit quoi que ce soit, lui a assuré en substance ceci : « J’ai reçu votre lettre, madame, mais soyez sans crainte : votre terrain vous sera rendu intégralement ».
Parole de président de la République ! Effectivement, il a tenu promesse puisque, le 09 janvier dernier, le maire Oumar Guèye a reçu, en ses bureaux alors sis à Dieuppeul, Aminata Sow Fall et son fils pour leur réitérer que leur bien foncier leur sera restitué d’abord parce qu’il n’était même pas sûr que ces pôles urbains (pour la réalisation desquels la grande dame a été « expropriée ») verront le jour mais surtout en raison de ce que l’auteure de « La grève des battù » représente pour la Nation.
Une dame qui a englouti tout ce qu’elle gagne depuis bientôt 50 ans en tant que « visiting professor » aux USA, ses droits d’auteur et l’argent qu’elle perçoit dans les conférences qu’elle donne sur les cinq continents, dans ses projets culturels. Eh bien, depuis son audience avec le ministre Oumar Guèye du 09 janvier 2020, c’est silence radio du côté du ministre-maire.
Et Aminata Sow Fall n’a plus jamais eu de nouvelles de ce terrain dont elle a été dépossédée. Comme quoi, le président de la République a beau donner des instructions « fermes », les forces d’inertie sont encore plus puissantes que sa parole ou son autorité. Mais quand même, faire ça à une fierté nationale comme Aminata Sow Fall… Tout fout le camp !
Par Pape NDIAYE
CES HOTES «SENEGALAIS» ETRANGERS QUI VIVENT PARMI NOUS
Des populations de Touba-Tranquil ont été zappées dans la distribution des vivres de Covid19 à cause de leurs cartes d’identité. La gestion des frontières avec la Gambie et la Guinée-Bissau est devenue impérieuse pour la paix en Casamance
Casamance : les populations de Touba-Tranquil à l’épreuve de la non-délimitation des frontières
Dans l’arrondissement de Diouloulou (Casamance) précisément à la frontière sénégalo-gambienne, se situe le village de Touba-Tranquil, jadis principale zone de repli des combattants du Mfdc sous l’ancien régime de Yaya Jammeh. En 2018, les populations se sont affranchies de l’emprise gambienne avec l’implantation d’un poste de gendarmerie et d’une base militaire du Sénégal. Hélas, la quasi-totalité des populations de Touba-Tranquil ont été zappées dans la distribution des vivres de Covid19 à cause de leurs cartes nationales d’identité confectionnées par l’exprésident Yaya Jammeh. Un exemple parmi tant d’autres qui prouve que, pour l’Etat du Sénégal, la gestion et la délimitation de ses frontières avec la Gambie et la Guinée-Bissau est devenue impérieuse pour la paix et de sécurité en Casamance.
« Sénégalaises, Sénégalais, chers hôtes étrangers qui vivent parmi nous...» : cette formule d’usage revient dans presque tous les discours à la nation du président de la république. Les populations de Touba-Tranquil, à la frontière sénégalo-gambienne, se retrouvent-ils dans cette phrase rituelle ? Des habitants qui sont loin d’être des étrangers vivant parmi nous, certes, mais qui s’interrogent quant à leur sénégalité effective.
Citoyens sénégalais à part entière, ils ne sont pas loin de se considérer comme des Sénégalais entièrement à part. Lorsque, en 1982, une rébellion armée a éclaté en Casamance, le village frontalier de ToubaTranquil a servi de base arrière aux rebelles. Lesquels avaient fini par administrer ce village jusqu’à le transformer en bastion. La nature ayant horreur du vide, l’ex-président Yaya Jammeh avait profitait de la situation pour multiplier les audiences foraines à Touba-Tranquil où il a réussi à naturaliser de nombreux citoyens sénégalais. Au delà de ces campagnes de naturalisation « cartes d’identité gambiennes » en main, cette portion de territoire « oubliée » par l’Etat du Sénégal s’était transformée en bastion de réseaux criminels transfrontaliers.
Près de 40 ans après, la plupart des populations de Touba-Tranquil sont en train de subir les conséquences sociales de cette naturalisation fantôme. La preuve par la distribution des denrées alimentaires « covid19 » entreprise par l’Etat pour aider les ménages démunis. Une distribution de laquelle de nombreux pères de familles de Touba-Tranquil sont zappés !
Comme le déplore le sieur J. D, vivant dans une précarité extrême. « Dommage que certains d’entre nous ne remplissent pas les critères n pour pouvoir bénéficier de cette aide alimentaire puisqu’ils détiennent une carte d’identité gambienne. Je profite de cette occasion pour demander au président Macky Sall de nous aider à avoir des cartes d’identité sénégalaises afin que nous puissions nous débarrasser de ces nationalités fictives » regrette-t-il.
Puis notre interlocuteur de se justifier : « Parce que bien avant l’implantation de l’Armée et de la Gendarmerie dans ce village, on payait nos impôts et taxes à l’Etat gambien alors que nous sommes sénégalais. Malheureusement, les gouverneurs et préfets de l’ancien régime de Yaya Jammeh avaient profité de cet état de fait pour nous imposer leur nationalité » soutient ce père de famille de Touba-Tranquil où la présence de nos forces de défense et de sécurité a fait déménager les réseaux criminels. Des brigands, en quelque sorte, qui coupaient des routes, braquaient les automobilistes et les passagers avant de les dépouiller de leurs biens. Les plus malchanceux sont égorgés ou canardés à la Kalachnikov. Qui s’adonnaient aussi à la culture et au trafic du chanvre indien. ils ne manquaient pas, à l’occasion, d’attaquer les militaires sénégalais dans leurs cantonnements. Après leurs exactions, ils se repliaient pour la plupart dans leur zone d’impunité qu’est Touba-Tranquil afin de mieux rallier la Gambie voisine.
Sous Macky, l’Armée a marqué son territoire…
Depuis 38 ans (1982-2020), la géopolitique criminelle entre le Sénégal et la Gambie était symbolisée par Touba-Tranquil. il a fallu l’arrivée du président Macky Sall à la magistrature suprême (2012) pour que le village de Touba-Tranquill se libère petit à petit de l’emprise gambienne. Sous le magistère du successeur du président Abdoulaye Wade, ce village « oublié » a reçu pour la première fois de son existence la visite d’un ministre sénégalais. il s’agit de l’ancien ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, qui avait quitté Dakar pour se rendre « officiellement » à Touba-Tranquil. C’était en février 2016. Le ministre de l’Education d’alors avait été accueilli par des populations en liesse.
Une visite historique que Vieux F. Sagna raconte au « Témoin » quotidien avec enthousiasme. « C’est ce jour-là que les habitants de Touba-Tranquil se sont vraiment sentis sénégalais. ici, plusieurs générations de jeunes ne connaissaient que les écoles gambiennes. Dans les boutiques, dans les marchés, on utilisait la monnaie gambienne, le dalasi, alors que nous étions bel et bien en territoire sénégalais. Pis, personne n’osait afficher son appartenance au Sénégal de crainte d’être enlevé ou tué par des rebelles. Vous croyez que cela était normal ? » nous interpelle ce notable de ToubaTranquil. La « colonisation » gambienne de ce village n’est, heureusement, plus qu’un mauvais souvenir aujourd’hui. Pour marquer son territoire, l’Etat du Sénégal a beaucoup investi à Touba-Tranquil en y construisant plusieurs infrastructures et édifices publics sur lesquels flotte le drapeau national « vertor-rouge » : une école, un lycée, un marché, une mairie, une sous-préfecture, un poste de santé etc. Mais l’une des doléances les plus pressantes des populations était la sécurité des personnes et des biens.
Et comme les questions sécuritaires constituent une préoccupation majeure pour le président Macky Sall, il a doté la commune de Touba-Tranquil d’une base militaire et d’un poste de gendarmerie dépendant de la brigade de Diouloulou. Selon un officier de la maréchaussée, il s’agit d’un poste avancé du secteur frontalier de Ziguinchor. « récemment, le commandement de la gendarmerie a renforcé ce poste de Touba-Tranquil en équipements et en effectifs pour mieux sécuriser les populations » rassure-t-il. Et pour consolider leur présence dans ce village frontalier de la Gambie, soldats et gendarmes ont été instruits de multiplier les opérations conjointes de sécurisation le long des frontières avec la Gambie et la Guinée-Bissau.
Selon l’ex-capitaine A. h., ancien commandant de compagnie du Bataillon des parachutistes, les populations de Touba-Tranquil ont toujours souffert d’une absence de délimitation des frontières qui ne profitait qu’aux bandes armées. « Aujourd’hui, on se réjouit de l’implantation d’une base militaire et d’un poste de gendarmerie à Touba-Tranquil. Ces déploiements de souveraineté doivent effectivement constituer une occasion pour l’Armée nationale d’intensifier sa présence dans cette zone frontalière. Comme on l’avait fait en 2008 avec l’opération « Kadiolock » menée par les commandos et les paras qui avaient ratissé et nettoyé la frontière jusqu’à Kolda » se souvient-il. Malgré quelques escarmouches, le processus de paix initié par le président Macky Sall est sur de bons rails. L’Armée nationale entend démontrer qu’elle est bel et bien présente sur toute l’étendue du territoire national où elle n’entend céder aucun pouce de terrain à une quelconque rébellion.
Demain, une ligne de démarcation !
Si, depuis 1982, différents rounds de négociations ont eu lieu entre l’Etat et le Mfdc au cours desquels divers sujets ont été abordés, la délimitation et la matérialisation des frontières, elles, n’ont jamais été prise au sérieux. Un facteur favorisant des nids de repli pour les rebelles.
En effet, cette absence de délimitation complique les actions militaires dans certaines zones où les unités de l’Armée ne savent pas où s’arrête réellement le territoire national. Difficile dans ces conditions d’user de leur droit de poursuite pour traquer les malfaiteurs. Toutes choses qui font qu’aujourd’hui, il est grand temps pour l’Etat d’œuvrer à la délimitation et à la matérialisation de ses frontières avec la Gambie et la Guinée-Bissau. C’est cette absence de délimitation claire qui explique également que nos pêcheurs soient canardés comme des lapins par les soldats mauritaniens en certains endroits du fleuve Sénégal, frontière naturelle entre les deux pays.
A défaut de murs ou de barbelés, au moins des bornes en béton armé devraient matérialiser sur le terrain les limites géographiques de notre pays. Certes, la délimitation des frontières ne peut nullement séparer des pays mais elle peut au moins servir de ligne de démarcation ou de ligne rouge à ne pas franchir.
D’ailleurs, Me El hadj Guissé, ancien juge de la Cour africaine des droits de l’homme, n’est pas loin de penser cela. L’éminent juriste déplore le cas de la Gambie, un petit pays quasiment enclavé dans le Sénégal. « A la Conférence de Berlin, les colonisateurs ont séparé l’Afrique sans jamais y mettre les pieds. Sinon, ils n’auraient pas séparé de cette manière le Sénégal de la Gambie. Et ceux parmi les observateurs qui disaient que la Gambie était un cadeau offert au roi d’Angleterre ne se sont pas trompés » s’offusque-il. En tout cas une chose est sûre : la paix ne pourra s’installer durablement en Casamance, et la sécurité définitive restaurée, sans la matérialisation des frontières comme clé de verrouillage du Sénégal.
par Samuel Sene
BABACK VEUT SON LYCÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Au regard de la forte détermination de toute la communauté éducative à disposer de ce lycée, il serait regrettable d’attendre qu’il y ait encore (comme souvent au Sénégal) des marches de protestation, pour réagir
Le 02 Novembre 2019, toute la communauté éducative du Collège d’Enseignement Moyen de Baback a, dans la joie et l’allégresse, inauguré huit nouvelles salles de classe, une grande salle informatique, un magnifique et spacieux bloc administratif et deux blocs de toilettes, chacune comportant six latrines, pour les garçons d’un côté et pour les filles de l’autre. Bien équipées et dotées de toutes les commodités requises, et d’un joli mur de clôture de près de trois hectares pour mieux assurer la sécurité et garantir la tranquillité et l’intimité de la famille scolaire, ces belles, nouvelles, grandes et importantes réalisations, viennent s’ajouter aux dix salles de classe déjà existantes, dont deux financées par Barthélémy Faye, (un digne et valeureux fils du village) A noter qu’une caution (sous forme de participation communautaire) de 10% (six millions cinq cent milles francs) ajoutée à la valeur marchande de l’espace occupé par l’établissement, avait en amont été versée par Barthélémy Faye, (encore lui).
Cette inauguration s’est faite en présence du Sous-préfet de Notto-Jobass, du représentant du maire de la commune, de monsieur Abdou Baydary Diallo, Inspecteur de l’Education et de la Formation de Thiès département, des chefs de village, des chefs religieux et coutumiers, du représentant de l’ambassadeur d’Allemagne et des partenaires allemands de l’ONG Hilfe für Afrika-Wasser, principaux bailleurs (avec un financement de plus de cent trente millions) conduits par Abbé Raphael Wade. Occasion ne pouvait être mieux rêvée pour Abbé Wade, éminent intermédiaire de Hilfe für Africa-Wasser, de rendre un vibrant hommage à Mamadou Sene (un autre digne fils du village et surveillant au CEM) antérieurement en service à Touba-Toul, qui fut à l’époque, l’heureux initiateur du projet.
C’est dire qu’en termes de capacité d’accueil, d’attractivité et de beauté, les Babackois, de concert avec les populations des huit villages polarisés par leur Collège d’Enseignement Moyen et avec qui ils sont irréversiblement liés par l’histoire, la géographie et la culture, ne demandent que l’érection de ce joyau, ce bijou en lycée. Cette demande est d’autant plus plausible, légale et légitime, que Baback remplit à merveille toutes les conditions ou conditionnalités (du préscolaire au secondaire) pour enfin avoir son lycée. En plus de sa position géographique idéalement avantageuse à abriter un lycée, Baback ne compte-t-il pas déjà une garderie d’enfants (petite, moyenne et grande sections au Centre Social des sœurs de Saint-Joseph de Cluny), deux écoles primaires : l’école privée catholique (ayant pendant longtemps servi de Centre Principal d’examens) rebaptisée Ecole Sœur Bernadette Fridez avec un cycle complet de six classes (du CI au CM2) et une école publique avec plus de 14 salles de classe dont au moins deux cours de chaque (du CI au CM2), un CEM flambant neuf d’un total de 452 élèves avec deux sixièmes, deux cinquièmes, trois quatrièmes et deux troisièmes ? Où trouve-t-on mieux dans le Jobass avec autant de villages polarisés et tout aussi déterminés que les Babackois pour avoir en commun un lycée de référence mérité et dont l’érection ne saurait encore souffrir d’atermoiements ?
A titre de comparaison, beaucoup de CEM antérieurement érigés en lycées à travers le Sénégal ne remplissaient pas les conditions ci-dessus qui font déjà la fierté de Baback et de ses villages-partenaires. Et encore, il y a des lycées dans les différents départements et communes du Sénégal dont les constructions, les installations et les équipements sont véritablement en deçà de ce qui se trouve à Baback. Il ne serait donc pas indiqué, que neuf toutes nouvelles et splendides salles de classe, bien équipées, soient fermées pour la deuxième année consécutive pendant que le besoin est bien réel et la demande plurielle pressente. Le bon sens ne l’accepterait pas. La morale le réprouverait. Et tout parent d’élève digne et soucieux des conditions d’études pour la réussite de son enfant, à commencer par l’autorité de tutelle, ne saurait non plus l’accepter. Car ce serait non seulement faire preuve de manque de tendresse, mais ramer à contre-courant de la politique éducative du Sénégal. Or, l’Association des Parents d’Elèves et le Comité de Gestion de l’Ecole, sont vraiment en phase avec la politique sectorielle de l’Etat en matière d’éducation, principalement à travers le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence du secteur de l’Education de la Formation (PAQUET-EF). Pour preuve, ils jouent pleinement leur partition dans l’opérationnalisation de la politique éducative du pays et, ce faisant, aident même l’Etat à promouvoir et à renforcer sa politique de décentralisation et de déconcentration. Ils sont donc à encourager. C’est le moins qu’ils puissent attendre des autorités dans la mesure où, leur exemple pourrait faire tâche d’huile et inspirer d’autres à ne pas toujours tout attendre de l’Etat. « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Disait le président John Fitzgeralf Kennedy à ses concitoyens lors de son discours d’investiture. Les fils de Baback se sont appropriés cette pensée du Président Kennedy et font dignement la fierté du Sénégal aussi bien au niveau national qu’à l’étranger.
En quoi cela gêne-il alors d’ériger le CEM de Baback en lycée ? Qui cela dérange-t-il vraiment ? Pourquoi ? Ceux que l’érection du CEM de Baback en lycée dérangerait ont-ils un cœur, une âme ? Jusqu’où va le degré de leur humanité et de leur humanisme ? Ne leur faudrait-il pas un supplément d’âme eu égard au calvaire quotidiennement vécu par les scolaires des huit villages polarisés par le CEM, tous impatients de voir l’ouverture et le démarrage du lycée ? Qui se cache vraiment derrière le peu d’enthousiasme à répondre promptement et favorablement à la demande plus que légale et légitime de l’ensemble des huit villages polarisés par ce stratégique établissement ? Une autorité aurait, semble-t-il, juré qu’elle userait et abuserait de tout son pouvoir pour que Baback n’ait pas de lycée. Cette autorité est-elle pleinement consciente de son rôle ? Comprend-elle que le cœur du développement, c’est le développement du cœur ? Et que toute autorité, pour ne pas être futile mais utile, devrait être de service et non d’asservissement ? Vivement alors que les écoles de management apprennent à tous, à faire du service, un style de l’autorité, un art de diriger.
La scolarisation universelle et le droit à l’éducation de qualité imposent que les Collèges d’Enseignement Moyen et les lycées de proximité, soient moralement, judicieusement, équitablement et géographiquement répartis à travers les départements et les communes en particulier dans les zones à forte potentialité de fréquentation. Déjà inscrits dans ce sillage, Baback et les villages-partenaires qui l’environnent, ne demanderaient pas mieux. Ils voudraient qu’on accorde plus de crédit à cette triptyque : ‘’une école pour tous’’, ‘’une école de qualité’’ et ‘’une école viable, fiable et pacifiée’’, car déjà inscrits dans cette dynamique. Ils sont ancrés dans les trois axes stratégiques actuels que sont la qualité améliorée, l’accès équitable et la gouvernance inclusive et efficace. Ceux des huit villages polarisés par le CEM se sont investis et impliqués pour qu’il soit érigé en lycée. Ils comprennent mieux que quiconque le calvaire vécu par leurs enfants, trop souvent obligés de rester à jeun pour suivre leurs cours à Notto. Pour tous les élèves concernés, il incombe aux autorités et aux décideurs de comprendre, que devoir continuer à rester à jeun, n’a que trop duré et ne peut plus perdurer. A moins d’être d’une monstruosité intellectuelle génocidaire, pour ne pas être pris de frissons et de frémissements face au chemin de croix de tous les scolaires en cause. N’est-ce pas respecter les principes et les modalités de la coordination générale du PAQUET basés sur une approche inclusive et la responsabilité mutuelle de toutes les parties prenantes engagées collégialement dans des dispositifs de suivi-évaluation, de dialogue et d’ajustement continu ? En conséquence, ils s’appuient sur loi N° 2004-37 du 03 décembre 2004 qui stipule l’obligation scolaire pour tous les enfants âgés de 07 à 16 ans, et savent que le Gouvernement s’est engagé à assurer, d’ici à 2025, une éducation de base de qualité pour tous, partout, afin que chacun puisse se réaliser pleinement et apporter sa contribution à la société.
Est-ce acceptable que le nombre d’élèves originaires de Baback et régulièrement inscrits au lycée de Notto soit supérieur à celui de leurs condisciples natifs du village éponyme ? Au nombre de 155 (52 de Diamagueune, 29 de Ngohothie, 42 de Baback Centre et 32 de Ndiodione), sans compter ceux de Baback Wolof, un village autonome au cœur de Baback-Sérère, ou encore ceux inscrits dans des établissements de la commune de Thiès. Loin d’être égoïstes, ces jeunes scolaires ne pensent pas seulement aux distances qu’ils parcourent quotidiennement pour se rendre à Notto, mais sont surtout solidaires de leurs camarades de Keur Ibra Fall, de Keur Ndieumbe Ndiaye, de Mbomboye, de Dioungane, de Sessène, de Teub-Dal de loin plus nombreux et beaucoup plus éprouvés par encore plus de kilomètres à parcourir. Ces élèves sont confrontés au calvaire de la marche mais aussi et surtout à l’enfer de la faim. Voilà un argument-massue, qui prouve à suffisance, qu’ériger le CEM de Baback en lycée, réduirait sensiblement leur temps perdu sur le chemin de l’école et aurait un impact très positif sur leurs performances scolaires. C’est donc dire, que pour être honnête et véridique, tous les scolaires des huit villages polarisés par le CEM de Baback ont largement et urgemment besoin de ce lycée qui serait intégrateur et fédérateur d’une bonne partie des villages de la commune de Notto-Jobass. Ce n’est pas seulement leur vœu, c’est aussi le souhait de leurs parents, anxieux et stressés par la fatigue physique et mentale que ne cessent d’endurer au quotidien leurs enfants. Ce n’est plus seulement un besoin exprimé mais une nécessité qui s’impose.
Le besoin est manifestement si réel et la demande si forte, qu’il faille admettre que tant qu’il n’y aurait pas eu d’établissement merveilleusement construit pour répondre à cette requête, on aurait pu comprendre les hésitations et tergiversations. Mais à présent que l’offre est disponible en quantité et en qualité (pour rappel 09 salles de classes sont fermées au CEM de Baback), pourquoi ne pas épargner aux 155 jeunes scolaires (filles et garçons) et à leurs condisciples encore plus nombreux des huit autres villages cités plus haut, les longues distances à parcourir et la faim qui les accable ? Le plaidoyer fait pour la scolarisation des filles (SCOFI) à l’échelle nationale, régionale, départementale et locale est-il vraiment sincère ? Ou alors, est-ce une récupération opportuniste et politicienne ? Est-ce une négligence/malveillance coupable ou une maltraitance institutionnelle ? Comment assurer l’éducation pour tous (EPT) qui fut un des Objectifs du Millénaire pour le Développement ? Concernant la quatrième préoccupation des Objectifs de Développement Durable, comment assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ? Comment réduire les disparités, les inégalités et promouvoir plus de démocratie dans la proximité, que dans la disponibilité de l’offre ? Peut-on encore évoquer ou invoquer la stratégie nationale de protection de l’enfance face à tant d’adolescents contraints à marcher péniblement sous la canicule, astreints à la corvée des longues distances et de la faim ? Sans doute autant de raisons, qui prouvent s’il en était encore besoin, qu’avoir hésité/refusé d’ériger le CEM de Baback en lycée dès le début de cette année scolaire 2019-2020, fut plus qu’une erreur historique et plus qu’une hérésie stratégique. Une erreur qui demande à être rapidement corrigée et une hérésie qui commande d’être urgemment rectifiée avec tact, pédagogie, bienveillance et responsabilité. Au regard de la forte détermination de toute la communauté éducative à disposer de ce lycée, il serait regrettable et abject d’attendre qu’il y ait encore (comme c’est souvent le cas au Sénégal) des marches de protestation, des émeutes et des conférences de presse pour réagir. C’est maintenant qu’il faut agir en responsable. Pour cela, nous prenons à témoin la gouvernance locale, l’Inspection d’Académie, l’Inspection de l’Education et de la Formation de Thiès département, le Conseil départemental, la Direction de la protection de l’enfance, les droits de l’hommistes, les partenaires privés de l’éducation nationale pour clamer haut et fort, qu’on ne peut pas arrêter la mer avec ses bras.
Et d’ailleurs, si la carte scolaire du Jobass avait été respectée depuis le début, aurait-on implanté les deux premiers CEM du Jobass (à Notto et à Sangué) sans penser en priorité à Baback pour non seulement son emplacement idéal au centre du Jobass, mais également pour son rôle indéniable de pionnier dans la scolarisation des jeunes issus de tout le terroir ? Une question morale qui impose aujourd’hui que Baback soit considéré, reconnu et réhabilité.
Les enfants de monsieur Kandji, ancien directeur de l’école publique de Notto (vers les années 70-80), chef-lieu d’arrondissement et siège de communauté rurale (actuelle commune) et ceux des différents sous-préfets qui se sont succédés à Notto-Jobass ne fréquentaient-ils pas en priorité l’école privée catholique de Baback, aujourd’hui Ecole Sœur Bernadette Fridez ? Mieux, ceux de Tatène Sérère, de Tatène Bamabara, de Péléo, de Sessène, de Teb-Daal, de Dioungane, de Sangué, de Thiéo, de Mbomboye, de Keur Ibra Fall, de Ndioukhane, de Keur Sa Daro Fam, de Keur Ndieumbe Ndiaye et même de Ngollar et de Pout Diack, n’étaient-ils pas inscrits à Baback où beaucoup avaient d’ailleurs trouvé des familles d’accueil, un avantage aujourd’hui rarissime pour ne pas dire inexistant dans nombre de villages qui abritent actuellement des CEM ou des lycées ?
Or, le ministère de l’éducation nationale a non seulement pour mission de promouvoir la disponibilité de l’offre de service éducative, mais mieux, d’en faire une offre de proximité. Pourquoi ne pas alors donner à ces termes tout leur sens et toute leur quintessence ? Si ce sont les villageois qui furent les principaux acteurs pour la disponibilité de l’offre de service, pourquoi l’Etat ne transformerait-il pas cette disponibilité de l’offre, en service de proximité ? Pourquoi ? Au moment où 09 salles de classes, toutes neuves et bien équipées sont fermées à Baback, pourquoi faut-il que les jeunes du village et des autres localités concernées continuent à souffrir le martyre pour se rendre à Notto alors que l’Etat, dans sa politique sectorielle, promeut l’offre de service et prône surtout un service de proximité ? Maintenant que cette offre de service est disponible (grâce à la proactivité, à la détermination, à l’ingéniosité et à l’esprit d’ouverture des villageois au partenariat), pourquoi ne serait-elle pas de proximité ? Ou alors cherche-t-on à enfermer Baback et les huit villages concernés par le CEM dans la passivité, l’esprit d’assistanat et la culture de dépendance plutôt que de les encourager à être toujours plus actifs, proactifs et constamment en quête d’autopromotion communautaire ? Veut-on faire d’eux des spectateurs passifs, plutôt que des acteurs créatifs de leur propre développement ?
In fine, qu’y a t-il de si gênant ou de si contraignant à ériger (le CEM de) Baback en lycée ne serait-ce que pour sa réhabilitation tant méritée et pour récompenser son dynamisme, son rôle fédérateur-intégrateur mais surtout, pour éviter les multiples cas d’abandon à mi-parcours (notés principalement chez les filles des différents villages concernés) à cause de la faim et des longues distances à parcourir sous un soleil de plomb ? Quel village offre plus de facilités aux autres localités qu’il polarise pour une meilleure scolarisation et une meilleure intégration des élèves ? Mais pourquoi donc cette injustice faite à Baback, qui a pourtant des décennies durant, formé l’essentiel des cadres du Jobass ? N’est-il pas temps de réparer cette grave injustice, ce grand préjudice fait à Baback ? Pourquoi ne pas donner la chance (pourtant bien méritée) aux jeunes Babackois de faire leur cycle complet (primaire, moyen et secondaire) chez eux alors que toutes les conditions sont réunies pour y arriver ? Le lycée de Baback ne s’impose-t-il pas comme une réponse imminente, idoine et opportune à une question de droit, de justice sociale et d’équité territoriale ? Pourquoi les adolescents de Baback et des huit autres villages concernés doivent-ils encore péniblement parcourir des kilomètres pour se rendre au lycée de Notto alors que toutes les conditions sont déjà réunies (peut-être mieux ici qu’ailleurs) pour un lycée de proximité ? Quelles sont les réalisations de l’Etat à Baback ? Est-ce une case des tout-petits, une école primaire, un CEM ? Est-ce un forage, un dispensaire, une église ou une mosquée ? Y a-t-il une seule réalisation dans Baback à l’actif des différents régimes qui se sont succédés depuis notre accession à la souveraineté internationale ? N’est-ce pas à l’Etat, dans ses fonctions régaliennes, de faciliter l’accès des populations aux services sociaux de base ? Si donc les Babackois ont, à ce jour, tout fait pour trouver des partenaires, et donc, pour lui rendre la tâche encore plus facile, pourquoi ne bénéficieraient-ils pas en retour, d’une marque de reconnaissance légitime et bien méritée ? Ne serait-il pas temps que l’Etat se rappelât véritablement au bon souvenir de Baback, une localité qui, comme toutes les autres, mérite la considération et l’attention républicaines ? Quoi de mieux pour plus de développement communautaire, de justice sociale et d’équité territoriale ? Encore faudrait-il avoir une administration de développement et des services techniques de qualité, pour efficacement mettre en œuvre la politique définie par le président de la république. Celui-ci gagnerait sans doute, à sommer son administration de commandement à se transformer en administration de développement, en synergie avec les services techniques, qui ne seraient plus à la chasse de primes, mais irrémédiablement réorientés sur leur mission de services publics.
Samuel Sene est écrivain-chercheur sur la culture sereer, consultant-Formateur en Gestion de projets, en développement local et en protection de l’enfance.
Sur 1.078 tests effectués, 110 sont revenus positifs, dont 80 cas contacts suivis et un cas importé, recensé à l’aéroport international Blaise-Diagne, a indiqué le docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention.
Dakar, 3 juil (APS) - Le ministère de la Santé a annoncé vendredi 110 nouveaux cas confirmés de Covid-19 et quatre décès survenus au cours des dernières vingt-quatre heures.
Sur 1.078 tests effectués, 110 sont revenus positifs, dont 80 cas contacts suivis et un cas importé, recensé à l’aéroport international Blaise-Diagne, a indiqué le docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention.
Selon lui, les 29 autres cas sont causés par la transmission communautaire. Ils ont été recensés dans les localités suivantes : Pout (4), Guédiawaye (2), Maristes (2), Niary Tally (2), Dakar-Plateau (2), Thiès (2), Touba (2), Bargny (1), Centenaire (1), Fann (1), Mermoz (1) Diamniadio (1), Khombole (1), Liberté 2 (1), Mbour (1), Ouakam (1), Yarakh (1), Popenguine (1), Zone B (1), Yeumbeul (1).
Selon El Hadj Mamadou Ndiaye, 67 patients ont été déclarés guéris au cours des dernières vingt-quatre heures. Depuis le début de la pandémie au Sénégal, le 2 mars, 4.666 patients ont recouvré la santé.
Le directeur de la prévention signale que 38 patients présentant un cas sévère ou grave de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
De 121, jeudi, le nombre de décès est passé à 125, puisque quatre patients ont succombé à la maladie, selon M. Ndiaye.
A ce jour, le Sénégal dénombre 7.164 cas confirmés de coronavirus, et 2.372 malades sont sous traitement.
SÉNÉGAL, DESTINATION INCONNUE
Le pays pourrait-il se permettre d’interdire d’entrée sur son territoire des ressortissants de tous ces pays, dont certains doivent venir ici travailler dans des secteurs comme les infrastructures, les hydrocarbures ou les mines ? Quid du tourisme ?
En bombant le torse qu’il appliquerait la réciprocité à tous les pays qui interdiraient d’entrée les ressortissants sénégalais pour motif de Covid19, le ministre Alioune Sarr pourrait même par son arrêté, condamner à mort les secteurs dont ils a la charge, ceux du tourisme et des transports aériens qui, en fait, ne vivent que de l’arrivée au Sénégal de voyageurs étrangers, en particulier ceux des pays qui voudraient nous barrer l’entrée de chez eux.
Le ministre du Tourisme et des transports aériens Alioune Sarr a frappé avant-hier un grand coup en annonçant que le Sénégal allait appliquer la réciprocité à l’égard des pays qui auront refusé l’entrée de leurs territoires aux ressortissants sénégalais au motif de propagation du Covid19. Toutefois, à la suite de cette décision, on n’a pas vu ou entendu que la mesure a été suivie de décret présidentiel ou d’arrêté ministériel quelconque.
Ce qui veut dire en clair, que l’on est encore en pleine obscurité. Néanmoins, des échanges avec des diplomates accrédités à Dakar, montrent que si le Sénégal envisageait sérieusement d’appliquer une quelconque mesure de réciprocité, il devrait s’attendre à supporter les conséquences économiques d’une telle décision.
En effet, les pays Schengen qui ont écarté le Sénégal et bien d’autres ouest-africains de la liste de ceux autorisés à se rendre dans l’Espace Schengen, sont par ailleurs, les principaux fournisseurs de touristes dans le pays de la Teranga. Décider d’interdire à leurs ressortissants l’entrée sur le sol sénégalais, reviendrait également à condamner beaucoup de réceptifs hôteliers à faire disette. Alors que le manque à gagner dans le secteur est déjà très important, et que plusieurs hôtels, et non des moindres, sont en train de jouer tout simplement leur survie, si leur clientèle traditionnelle ne pouvait venir, les choses ne pourraient qu’empirer, alors que le gouvernement lui-même, a débloqué des fonds importants pour la remise à niveau de nombre de ces réceptifs.
Et le pire est que rien ne garantit que ces clients traditionnels pourraient être remplacés par d’autres. Les informations obtenues par Le Quotidien indiquent que plusieurs autres pays membres de l’Ocde (Organisation de coopération et de développement économique, qui comprend les pays membres du G7 plus 30 autres qui ont adopté les politiques libérales de l’économie de marché) estiment que leurs études indiquent que le Sénégal n’est pas encore sorti de la zone rouge en ce qui concerne les niveaux de contamination.
Ces pays pensent surtout que notre pays, comme nombre de ses pairs de l’Afrique de l’Ouest, n’est pas suffisamment préparé à faire face aux fortes vagues de malades de Covid qui vont se déclarer dans les semaines à venir. Ils ont donc décidé, à l’instar du Japon, des pays de Schengen et du Canada, qu’aucun voyageur non national ne pourrait entrer sur leur territoire s’il avait séjourné ou transité par le Sénégal dans une quinzaine de jours.
Le Sénégal pourrait-il se permettre d’interdire d’entrée sur son territoire des ressortissants de tous ces pays, dont certains auront besoin de venir ici travailler dans des secteurs aussi importants que les infrastructures ou ceux liés aux hydrocarbures ou aux mines ?
Ce sont ces questions auxquelles Alioune Sarr et ses collègues devraient s’apprêter à répondre au moment de signer leur arrêté, ou de conseiller au chef de l’Etat de signer un décret. Pour leur gouverne, ils pourraient s’inspirer de ce qui s’était passé avec l’épisode de la réciprocité des visas aux pays qui en demandaient à des ressortissants sénégalais.
La mesure décidé aux premiers mois de l’arrivée au pouvoir de Macky Sall – soi-disant par amour propre patriotique, a fini par faire long feu, et a été piteusement retirée au bout de quelque mois. Les gens se sont rendu compte qu’elle faisait plus de mal qu’elle ne réglait de problèmes. Cette fois-ci, en y réfléchissant bien, on n’aurait pas besoin d’en arriver à ce point
Par Babarcar TOURE
SUDFM, LA RADIO DES GENS QUI PARLENT AUX GENS
1er juillet 1994. Le lancement véritable, c’est-à-dire le démarrage de la diffusion des programmes a bien eu lieu le 1er juillet 1994 presque un an après l'octroi d'une fréquence et de la licence d'émettre
1er juillet 1994. Le lancement véritable, c’est-à-dire le démarrage de la diffusion des programmes a bien eu lieu le 1er juillet 1994 presque un an après l'octroi d'une fréquence et de la licence d'émettre. La dévaluation du Franc CFA était passée par là, bousculant nos prévisions. Amadou Makhtar Mbow ancien directeur général de l'Unesco, madame Viviane Wade épouse de Abdoulaye Wade et Jessica Mbow Sarr, mère de Samuel A. Sarr, ont "démarré l'antenne.
Pourquoi ces trois ? Me Wade et Samuel Sarr étaient alors en prison suite à l'assassinat du vice-président du Conseil Constitutionnel Babacar Seye dans laquelle ils avaient été cités, arrêtés et embastillés. Injustement ? Une façon de leur rendre cette justice qu’on leur avait refusée. Du moins, le croyions nous, à l'époque ! Pendant une bonne dizaine de jours nous avons coaché madame Wade pour le message en wolof que nous devions enregistrer pour le jour du démarrage de l'antenne. Quant à Amadou Makhtar Mbow, le choix porté sur sa personne coulait de source à nos yeux. Grand promoteur de la science, de l'éducation, de la culture, avocat d'un Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication (Nomic), il avait quitté son poste suite aux manœuvres américaines, lâchés par son propre pays. Sud, né à la faveur de cette doctrine, se sentait l'obligation de rendre un hommage mérité à ce digne fils d'Afrique. La culture étant à l'esprit et à l'âme ce que la nourriture est au corps, l'ancrage de Sudfm dans la promotion de celle-ci, n'a jamais été prise en défaut. Elle s'est réaffirmée davantage avec l'avènement de la radio qui souffle ses 26 bougies cette semaine.
Abdoulaye Wade et ses compagnons d'infortune sortiront de prison à temps pour assister à l'inauguration officielle. Nous avions souhaité attendre leur élargissement pour l’inauguration officielle, histoire de défendre et d’illustrer le caractère résolument pluraliste de cette plateforme démocratique que nous avions lancée six mois plutôt, en juillet 1994.
12 janvier 1995. Inauguration “officielle “ de la première chaîne de radio privée sénégalaise diffusée sur la bande Fm. Une cérémonie populaire rehaussée par la présence de personnalités comme Monseigneur Hyacinthe le Cardinal Thiandoum, le Guide de la Tidianya Abdou Aziz Sy (Junior) alors porte-parole et futur Khalif général des Tidianes, le Grand Serigne de Dakar, Bassirou Diagne Marème Diop et tout ce que le Sénégal compte de leaders, de citoyens anonymes, de petites gens, toutes activités confondues ou sans activité.
Trois des quatre chefs d’État des pays membres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal, (OMVS) sont présents à cette cérémonie qui démarre par une exposition des “produits” du groupe Sud, de ses différents titres de l’époque, retraçant son parcours atypique qui a cassé bien des codes et de monopole. Lansana Konté, président de la République de Guinée s’est désisté à la dernière minute parce qu’on lui avait soufflé que le responsable de la radio était un ami de Alpha Condé, son irréductible et farouche opposant. C’est la raison pour laquelle il ne s’est pas joint à ses homologues Alpha Oumar Konaré du Mali, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya de Mauritanie et Abdou Diouf du Sénégal.
Une initiative tout à fait inédite, réalisée en partenariat avec l’Association des Artistes Plasticiens du Sénégal aura marqué les esprits. Viyé Diba, président de l’Association des Artistes Plasticiens, a sélectionné des œuvres de divers peintres pour tapisser l’immense hall et les murs du 5ème étage de l’immeuble Fahd abritant le siège de Sud Quotidien, promoteur et “hébergeur “de la radio Sudfm. Plus tard, Viyé Diba, ne cessera de sublimer le rôle de Sud dans la promotion de l’Art et des artistes, car en plus de ce qui se faisait dans nos différents supports, nous avions racheté, à prix coûtant, toutes les œuvres des différents artistes ayant participé à l’exposition le jour de la cérémonie d’inauguration de Sudfm.
La visite de l’expo et des studios terminée, alors que les invités regagnaient les tribunes pour les discours d’usage, voilà qu’entre deux portes, surgissent un trio de gais lurons, exhalant des effluves parfumées, mélange d’eau de vie, de tabac pour pipe, d’extraits de plantes herbacées (psychotropes). Joe Ramangelisa Samb alias Issa, alias Joe Ouakam, figure emblématique du pop’art, à la manière d’un Andy Warhol, devenue iconique, Djibril Diop Mambety, le dandy-bohème de Colobane à la camera baladeuse, préfiguration du Spike Lee de “Jungle fever”, orfèvre de la satire sociale et héritier de Yaadikone, le bandit de cœur qui prenait aux nantis pour combler les enfants démunis, Ibou Diouf, le poète du pinceau, l’enfant gâté, surdoué de l’Esthétique, filleul de Senghor et égérie de l’Ecole de Dakar.
La trilogie des petites gens de Mambety sous l’ombrelle de monstres sacrés qui n’en peuvent plus de disséquer et d’incarner la marginalité. Ce faisant, ils finiront par réinventer de grosses légendes urbaines, incarnées tant par leur praxis que par leur image projetée et durablement imprimées dans l’imaginaire de leurs contemporains. On comprend dès lors la réaction enjouée et un brin amusée du Président Abdou Diouf quand notre Joe Ouakam l’a accroché par l’une des manches de sa veste pour l’entretenir de questions culturelles et d’aménagement d’espaces dédiés aux Arts et à la Culture. Évidemment, les chefs d’État et leurs délégations ainsi que les invités, tous à l’arrêt observaient cette scène hugolienne fourmillant de personnages marqués par le romantisme et l’éclectisme de la nature humaine.
A la suite de cet échange Abdou Diouf contenant les interpellations sympathiquement irrévérencieuses de nos trublions se retourna pour demander à l’hôte du jour de prendre contact avec son secrétariat pour une audience à la présidence de la République. On put dès lors regagner les tribunes. En réalité le trio était plutôt un quatuor, puisque l’expédition c’est le cas de le dire, comptait une grande passionnée d’art, Madame Bintou Niang, épouse Cissé, du nom de l’architecte urbaniste, cinéaste, producteur et homme de culture, Nicolas Sawalo Cissé, auteur d’un film surla décharge de Mbeubeuss, mettant en scène un certain Ramangelisa. Encore une histoire de petites gens, passés maîtres dans l’art de la débrouille pour transformer les ordures en “or dur“.Encore une histoire de gamins des bidonvilles cornaqués par des grands Yadi (pour Yadikone, le miraculé!)rescapé d’une fratrie n’ayant pas survécu, abusivement comparé au Robin des bois (Robin Hood) de la forêt anglaise de Sherwood, héros fictif du moyen-âge anglais qui dépouillait les riches pour donner aux pauvres. Grand Yadi, ou Ndiaye Yadi pour ses proches, de son vrai nom Babacar Ndiaye, a lui bel et bien existé et a pris sa “retraite dans la localité de (campement) Nguekokh dans l’actuel département de Mbour. Un mémoire lui a été d’ailleurs consacré sur le thème du “banditisme social”. Bintou, collectionneure, galériste chevronnée, avait repéré en zone portuaire, un entrepôt pouvant accueillir ce qui va devenir l’espace Vema.
Le jour J, celui du rendez-vous avec Abdou Diouf à la présidence de la République fut mouvementé. Je devais “récupérer “Ibou Diouf au “Midi” une sorte de deuxième rédaction pour les légionnaires, de Sud qui comptaient dans leurs rangs de farouches amazones. On est en situation familière, c’est-à-dire, anxiogène avec cette sensation indéfinissable que peut éprouver quelqu’un largué au bord du précipice, “à l’insu de son plein gré”. Je crois, si ma mémoire ne me trompe, que c’est Ibou Diouf qui s’est pointé au Midi, en bras de chemise, dissertant sur “verticale “, point d’observation et d’élévation, axe de la création (sic). Un coup de téléphone du bureau me fit comprendre que Issa-Joe Ouakam nous donnait rendez-vous au Bilboquet, à quelques encablures entre son refuge et la Présidence de la République. Il nous y retrouvera après avoir fait jonction avec Djibril, comme il l’apostrophait avec une affectivité complice.
Celui-là non plus, n’était apparemment pas du matin et a dû réquisitionner une pirogue pour rallier Dakar et le centre-ville à partir de son île de Ngor résidentielle. La nuit a été longue et à verse pour des assoiffés de culture underground! Bintou, très bonne camarade, est restée distinguée et bienveillante.
Vous aurez compris que toutes ces péripéties ont avalé le temps et que l’heure de l’audience nous a trouvé en conciliabules, à hauteur de la maison militaire, face à la résidence du chef de l’État, marchant d’un pas de sénateur, indifférents à la ponctualité et à la rigueur de métronome du disciple de Senghor chez qui nous nous rendions. Apres avoir négocié à la porte, nous voici arpentant le sanctuaire de la République, gesticulant et devisant à la bonne franquette, gravissant les escaliers d’un pas instable. Comme s’ils s’étaient donné le mot, les fonctionnaires de la présidence étaient, qui à la fenêtre de leurs bureaux, qui dans les couloirs, désireux de ne rater aucun moment de notre équipée pittoresque et pour le moins inhabituelle en ces lieux solennels. Une espèce échappée d’une ménagerie ? Des troubadours amusant la galerie pour des étrennes de janvier ? Le spectacle était garanti, même si la présence de Bintou distillait quelque contenance à la troupe. Mais poursuivons. A peine l’huissier nous a-il introduits, que Djibril déploie ses bras comme pour implorer le ciel. En fait, c’était pour envelopper notre longiligne président qui jouant le jeu, a fait de même pour l’accolade de ces retrouvailles hors normes. Puisque y en a pour un, y en a pour trois. Binetou et moi nous nous en sommes tenus aux gestes–barrières de la distanciation protocolaire.
Conversation animée. Issa plus familier avec Diouf lance l’attaque. Fabienne Diouf partageait avec Joe Ouakam un espace de vie à la fois privée artistique, (pour Joe) et commercial pour la fille du président .Djibril suit et rappelle les promesses non tenues par le ministère de la Culture. Abdou Diouf, placide déroule. Vint le tour de Ibou et je dus voler à la rescousse de Bintou, remarquable de retenue afin qu’elle puisse exposer ses préoccupations au chef de l’État. Alors que l’on s’y attendait alors pas du tout, Issa se leva brusquement et alla se poster près de la fenêtre du bureau présidentiel. Il nous planta là sans que l’on sache pourquoi. Il boudait tout simplement. J’ai dû négocier son retour au salon du président qui lui a parlé avec bienveillance et douceur. C’est à cette occasion que le projet de Sandaga, centre culturel ouest africain et zone piétonne a été présenté au président Diouf, séduit par l’initiative. Des questions importantes dans le domaine du cinéma, de l’art, bref de la culture ont été abordées au cours de cette audience et des engagements pris. Un seul a été concrétisé. Joe s’était insurgé justement sur cette manie de nos gouvernants de ne pas traduire dans les faits les politiques annoncées. Cela était insupportable pour des créateurs et des entrepreneurs culturels connus et reconnus mondialement, sans que leur propre pays ne suive. La suite lui a donné raison.
LA RÉCLUSION CRIMINELLE POUR ALIOUNE FALL ET LA BANDE A PEUL BOU RAFET
Le verdict sur les affaires criminelles jugées les 24, 25 et 26 juin derniers est enfin tombé avec des peines diverses et très lourdes contre les accusés. La réclusion criminelle a été le maître-mot de la chambre criminelle.
Pape Alioune Fall et la bande à «Peul bou rafét» écopent de la réclusion criminelle à perpétuité alors que Moustapha Ndiaye du Pur se voit infliger par la Chambre criminelle de Tamba une peine de 15 ans de prison pour respectivement les meurtres de Binta Camara et de l’adjudant-major de la Gendarmerie, Tamsir Sané ainsi que du coup mortel fatal au jeune tailleur, Ibrahima Diop.
Le verdict sur les affaires criminelles jugées les 24, 25 et 26 juin derniers est enfin tombé avec des peines diverses et très lourdes contre les accusés. La réclusion criminelle a été le maître-mot de la chambre criminelle. Pour les affaires Binta Camara et du commandant de la brigade de Koumpentoum, feu Tamsir Sané, la chambre criminelle a suivi le réquisitoire de l’Avocat général en prononçant la réclusion criminelle à perpétuité contre les accusés.
Pour l’affaire Binta Camara, tuée par Pape Alioune Fall le 18 juillet 2019, le mis en cause a été déclaré coupable des faits à lui reprochés. Ainsi, les juges ont retenu contre lui la réclusion criminelle à perpétuité. Pour les dommages et préjudices, la cour a retenu le franc symbolique réclamé par les avocats de la partie civile. Pape Alioune Fall, 34 ans, va devoir passer le restant de ses jours en détention.
Pour le meurtre de l‘adjudantmajor Tamsir Sané, ex-commandant de la brigade de Koumpentoum, la même peine est prononcée contre la bande à Idrissa Sow alias «Peul bou rafét». Sow, Bà, Ka et Diao doivent payer une amende de 100 millions à la partie civile.
Moustapha Ndiaye, membre de la garde rapprochée du Pur, quant à lui, écope de 15 ans de prison pour le coup mortel porté au jeune tailleur, Ibrahima Diop, tué lors des affrontements entre éléments du Pur et jeunes de Bby, le 11 février 2019 en pleine campagne électorale
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MÉMOIRES D'AFRIQUE, ESCLAVAGE ET COLONISATION
Au coeur des relations tumultueuses entre l'Europe et le continent africain, à travers des reportages et des entretiens. De Bordeaux à Ouidah, au Bénin, en passant par Kinshasa et Bruxelles, le rapport à la mémoire reste compliqué des deux côtés
France 24 |
Nicolas Germain, Meriem Amellial, Célia Caracena |
Publication 02/07/2020
Si le meurtre de George Floyd aux États-Unis a ravivé les mouvements contre le racisme dans le monde, il a aussi remué le passé douloureux de la traite négrière et de la colonisation.
Nous vous proposons une émission spéciale consacrée aux relations tumultueuses entre l'Europe et le continent africain, à travers des reportages et des entretiens réalisés en France, en Belgique, au Bénin et en RD Congo. De Bordeaux à Ouidah, au Bénin, en passant par Kinshasa et Bruxelles, vous verrez que le rapport à la mémoire reste compliqué des deux côtés.
PAR Alain Nkontchou
LE MORATOIRE SUR LES DETTES AFRICAINES FERAIT PLUS DE MAL QUE DE BIEN
Si l’Afrique doit éventuellement mettre un terme à sa longue dépendance à l’égard des donateurs et des fonds multilatéraux pour financer son développement économique, elle devrait évoluer vers un financement de marché
Jeune Afrique |
Alain Nkontchou |
Publication 02/07/2020
Afin de faire face aux problèmes les plus urgents découlant de la pandémie de Covid-19, qui, pour l’instant, ne les touche pas avec la même gravité que d’autres parties du monde, les pays africains auront besoin d’une forme d’expansion budgétaire importante.
Ces mesures doivent principalement cibler les infrastructures. Premièrement, par un renforcement des services de santé essentiels ; deuxièmement, par une aide gouvernementale au secteur des services publics primaires pour garantir un accès illimité à l’eau et à l’électricité après la mise en œuvre des protocoles de confinement requis. En outre, des fonds devraient également être mis à la disposition du secteur privé pour soutenir l’inévitable contraction économique due au gel de l’activité économique.
Des dommages considérables à long terme
La question d’un moratoire ou d’une « suspension » du remboursement des Eurobonds, telle qu’elle est proposée, ne revêt pas autant d’importance en comparaison des besoins susmentionnés et, qui plus est, compromettrait grandement l’accès futur des économies africaines aux marchés internationaux. Un tel moratoire serait perçu comme un défaut de paiement et, quelle que soit la gravité de la situation actuelle, il infligerait des dommages considérables à long terme.
Ultimement, ce sont les marchés de capitaux privés qui doivent être la véritable source du capital destiné à l’investissement productif, ce qui est fondamental pour la poursuite du développement du continent.
À titre d’exemple, la capacité de pays tels que le Bénin et le Ghana à accéder aux marchés des capitaux au cours de l’année écoulée, à 5,75 % sur sept ans (500 millions d’euros) et à 8,875 % sur quarante ans (750 millions de dollars américains), respectivement, témoigne des conditions favorables dont ont bénéficié les nations africaines. Il serait sage de ne pas mettre en péril un tel acquis à ce stade.
Une solution : des dettes à coupon zéro sur quinze ans
Pour les pays qui ont encore la capacité de servir leur dette, la question du remboursement de la dette privée pourrait, à l’inverse, être abordée dans un cadre plus large qui comprend, à titre essentiel, un soutien budgétaire visant à relever les défis économiques actuels et futurs auxquels sont confrontés les pays d’Afrique subsaharienne, comme indiqué ci-dessus.
Ces fonds pourraient être versés aux pays qui en ont besoin par les institutions multilatérales sous la forme d’une dette à coupon zéro sur quinze ans, à un taux de 1 ou 2 % par exemple (ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres).
Le Nigeria en est un bon exemple : le pays a récemment demandé un financement multilatéral de 6,9 milliards de dollars au FMI, à la Banque mondiale et à la BAD pour lutter contre la crise du coronavirus. Une partie de cette somme serait utilisée pour établir un fonds d’intervention de crise Covid-19 de 1,2 milliard de dollars afin d’améliorer les établissements de soins de santé et de fournir des fonds d’intervention aux États. Un tel montant doit être comparé aux engagements de service de la dette extérieure qui seront en moyenne inférieurs à 750 millions de dollars au cours des quatre prochaines années.
Si l’Afrique doit éventuellement mettre un terme à sa longue dépendance à l’égard des donateurs et des fonds multilatéraux pour financer son développement économique, elle devrait évoluer vers un financement de marché. Avec des engagements de capital et d’intérêts sur toutes les euro-obligations en circulation de l’Afrique subsaharienne qui s’élèvent à environ 5 milliards de dollars par an sur les 48 prochains mois, l’ « allègement » de la dette privée, tel que proposé compromettrait l’accès durement gagné de la région aux marchés des capitaux internationaux, et entraverait l’avenir de son développement.
Alain Nkontchou est associé-gérant de l'investisseur panafricain Enko Capital Management LLP.
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DE L'ÉLECTION À LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE
Voter assure-t-il le bon fonctionnement d'une démocratie ? Pierre Jacquemot, universitaire et ancien diplomate vient de signer un essai sur cette question en Afrique
Voter assure-t-il le bon fonctionnement d'une démocratie ? Pierre Jacquemot, universitaire et ancien diplomate vient de signer un essai sur cette question en Afrique.