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25 avril 2025
Politique
par Mouhamédoul A. Niang
LES PÉRIPÉTIES DE LA DÉVALUATION DU CORPS NOIR ET L’URGENCE DE SON DÉPASSEMENT
Les médailles de la gymnaste noire et le succès exemplaire de milliardaires noirs changent la perception du corps noir, mais le mouvement Black Lives Matter montre les limites de cette perception favorable
Nous assistons aujourd’hui à un phénomène d’envergure internationale : le mouvement Black Lives Matter. Sa cause n’a jamais fait l’objet d’aucun mystère dans l’histoire contemporaine, et la réaction militante qu’il constitue se veut être une interpellation forte des tenants du pouvoir afin qu’ils apportent des réponses adéquates à cette grande pratique dont souffrent certaines minorités du monde, en général, et les Noirs, en particulier : la dévaluation, pour ne pas dire dévalorisation, des corps afro-américain et africain. Ce mouvement vient s’ajouter à d’autres qui le précèdent, tous menant presque même le combat en donnant l’impression d’un certain piétinement. L’histoire en retient que la vie du Noir peine encore à compter de toute sa valeur aux yeux des autres ; sa sacralité absolue n’effleure que peu l’esprit de ces mêmes autres. La serait-elle au regard du fait qu’elle vit le cauchemar des arrestations et des emprisonnements arbitraires sur le sol où le privilège de l’état de droit devrait l’en prémunir ? Ce contexte exige qu’on revienne un peu sur quelques aspects de cette pratique de la dévaluation de ces corps afin de montrer que le combat pour la reconnaissance de sa sacralité et de son égalité avec les autres corps du monde risque d’être long et qu’une réforme de la police, bien qu’indispensable, ne saurait suffire.
Les pratiques de dévaluation de certains corps par rapport à d’autres existeraient peut-être dans toutes les sociétés et dans les grandes étapes de l’histoire de l’humanité. Elles sont tributaires de capacités de production stratifiées. Cette production prend plusieurs formes. Elle peut être l’œuvre du naturel et/ou du culturel. En parlant de culture, nul ne saurait occulter le fait que le Moyen-Orient arabe en a une qui ne cache pas sa représentation des Noirs, celle-ci étant entérinée il y a des siècles par le lexique raciste d’un certain Ibn Khaldûn, à savoir «wahšiyyîn» et «mutawahhišîn» pour dire « sauvages », selon Bakary Sambe dans son rapport pour l’UNESCO, titré La Route de l’esclave. D’ailleurs, c’est en vertu de cette caricature que le commerce transsaharien vécut pendant longtemps du corps noir réduit à une servitude atrocement marquée par la castration des esclaves, gardiens de harems. Au sein même de l’Afrique, le servage est encore de rigueur. Reconnaissons-le sans aucune excuse ! Mais s’il y a un moment historique et un espace géographique où l’attribution systémique et sans commune mesure d’une grande valeur au corps et, son contraire, celle d’une infime valeur au corps s’est produite, c’est à partir de 1492 et dans ce que certains nomment fièrement : le Vieux Continent. La prétendue découverte de l’Amérique, point de départ du mouvement Black Lives Matter, accéléra la pratique de dévaluation de ces corps à travers l’invention de la classification des races et sa conséquence, le déni de civilisation ou d’humanité tout court. Il y avait une urgence à développer les grandes terres vierges d’Amérique pour enrichir l’Europe. Ayant connu l’Afrique, qui rayonnait de sa première grande différence, celle de sa pigmentation, singularisée par ses modes de vie exotiques pour le regard des tenants du pouvoir sur le Vieux Continent, l’Europe lui créa un profil pour le sortir de l’humanité, des homos sapiens, en dévaluant le corps de ses enfants par une théorie raciste passée comme de la science ; une pseudoscience appuyée par une certaine interprétation du religieux. L’esclavage, la première manifestation de cette dévaluation du corps, qui ironiquement le valorise seulement dans sa longue capacité de production gratuite, connaitra une série de rebelles qui aboutira au mouvement Black Lives Matter longtemps après le mouvement abolitionniste et celui un peu plus récent des droits civiques. En Europe, la déshumanisation du Noir nécessita une grande campagne de propagande intellectuelle, et une vraie sophistication du bateau négrier, l’espace où l’Africain capturé et vendu pour un rien découvre pour la première fois la réalité de sa déchéance existentielle avant de poser les pieds sur la plantation, où le marron, sans pancarte ni slogan, se réappropria rudement sa quintessence humaine. Aujourd’hui, chez l’Oncle Sam, la prison a remplacé le bateau négrier, ce conteneur macabre avant le grand assaut des conteneurs de la globalisation économique, eux aussi dépréciateurs de corps et de création productifs locaux dans plusieurs cas.
L’esclavage ne put durer éternellement. Les âmes sensibles, ou du moins les humanistes abolitionnistes - on attaque aujourd’hui les statues à leur effigie - se réveillèrent, forçant le Vieux Continent, transformé par sa boulimique Révolution industrielle avec l’apport de la traite négrière abolie bien après l’indépendance des États-Unis, à inventer une autre identité fondée sur une deuxième forme de dévaluation du corps africain, seul moyen de l’envahir ; on admit son corps au sein de l’humanité mais pas dans celui de la civilisation. Il fallait donc lui donner un peu de cette valeur qui lui manquait : la civilisation. D’où la colonisation, qui ne fut pourtant qu’une confirmation de la survalorisation du corps occidental et ses besoins matériels. Cette pratique de dévaluation du corps africain à civiliser, surtout dans l’Empire colonial français, contrairement à l’approche britannique du Indirect Rule, eut comme résultat la création de grands ensembles coloniaux rigoureusement administrés et imprégnés efficacement par la créativité scientifique au nom d’un bon rendement productif et son transfèrement vers les usines polluantes du Vieux Continent. Mais comme beaucoup de grands penseurs africains l’ont bien montré, y compris Cheikh Anta Diop, civiliser l’Africain consistait à l’aliéner culturellement, donc à dévaluer davantage toutes ses productions culturelles. L’Africain entra dans une grande ère du doute : la crise de la croyance et de la confiance. Comme sur la plantation, où l’acculturation de l’esclave lui a donné un nouvel état civil et une nouvelle religion, lui faisant « oublier » la valeur du patrimoine culturel de la terre de ses origines - une certaine rétention de celui-ci y est visible, néanmoins, comme l’amorce louable d’un retour vers l’Afrique - on ancra dans la colonie le complexe d’infériorité pour imposer une autre vision du monde à passer comme étant plus riche et plus porteur de progrès. La valeur économique, militaire, culturelle, humaine, tout court, s’apprécia colossalement ou prit une envergure titanesque sans précédent pendant que les peuples du berceau de l’humanité passèrent de la maitrise de leurs propres systèmes à l’imitation limitante d’un autre imposé et passé comme essentiel à l’avancée de l’humain. Ils se firent damer le pion et continuent de l’être, leur devenir étant plus celui de dépendants que d’indépendants.
Le temps, faisant sa petite et grande marche, aboutit à la décolonisation que les anciens colonisateurs « préparèrent » d’une façon qui réduisit la valeur de ces indépendances, et donc la capacité du corps africain à produire ce qui lui permettra de briller dans le concert des nations : cette balkanisation ou morcellement en faibles petites nations décriée par les adeptes du panafricanisme. Pourtant, les puissants de l’Europe qui procédèrent ainsi chantent à tue et à dia la grande nécessité d’une grande union européenne, rempart contre le colosse américain et le Kung Fu man chinois, tout en finançant notre Union africaine incapable de gérer la menace terroriste dans l’ancienne AOF où l’ancien colonisateur a su imposer la sécurité d’une main de fer. Pire encore, les indépendances n’ont pas permis, et Ahmadou Kourouma en a fait ses choux gras, de redonner aux Africains la valeur que leurs gouvernants doivent à leur vie, selon les principes de la démocratie et du respect des droits humains. Sinon comment justifier la mise en place de la Cour pénale internationale que certains ont surnommée la cour pénale africaine ? La vérité exige, cependant, que l’on jette des fleurs à certains leaders qui font de grands efforts. Si seulement ils jouissaient de la liberté de leur corps dans toute sa totalité ! Pire encore, comme le bateau négrier accosta sur nos côtes pour nous signifier la dévaluation de nos corps, comme le train colonial vint participer à la spoliation de nos ressources en empruntant des rails posés par des mains africaines inhumainement endolories, le conteneur, cet outil de la globalisation, vint un peu plus réduire notre « capacité de création […] qui fait la valeur suprême de l’homme » (Nations nègres et culture 14). Même au sein de notre Afrique, les capacités de création butent contre un certain doute. Prenez le cas du Covid-Organics malgache : un silence de malaise freine la divulgation des preuves de son efficacité chez nous. Le meilleur vient toujours hors du continent noir où l’Européen y vivant devient un Expat alors que nos frères et sœurs sont des immigrés légaux ou clandestins chez lui. Pire encore, on vient dévaluer nos monnaies par des prétextes de politiques d’ajustement structurel et mettre le dollar tout comme l’euro au-dessus des nôtres, les inférieurs du système économique mondial, assujettis aux caprices de la spéculation qui n’épargne guère nos chères ressources naturelles. La baisse de leur prix amorce davantage notre paupérisation. Tiens, hier, par exemple, nous avons appris que la Zambie avait un PNB supérieur à celui du Brésil et égal à celui de la Corée du Sud dans les années 60 et 70, un peu comme le Ghana. Au diable la chute des prix du cobalt et du cacao ! L’Afrique, surtout l’Afrique noire, peine ainsi à s’ériger comme un modèle économique qui réduirait à néant tous les préjugés qui pèsent sur l’homme noir. La dévaluation demeure.
Les contextes de colonisation, de décolonisation et de mondialisation ont vu, non la fin de la dévaluation du corps noir, mais ses métamorphoses, comme c’est le cas ici du rapport entre le berceau de l’humanité et le Vieux Continent. De la plantation, on passa au share cropping, un peu l’équivalent du servage du Moyen Âge européen, sans aucun droit à la propriété, encore moins au droit de vote, puis au Jim Crow avec sa manifestation, la ségrégation raciale accompagnée de séances de lynchage abjectes et une limitation de l’accès au droit de s’approprier un logis malgré les sacrifices faits pendant les deux grandes guerres bien après la Grande Guerre de Sécession. Aujourd’hui, la prison s’est substituée à la plantation, et une certaine catégorie de policiers au contremaitre et au chasseur d’esclaves. L’arme à arme fait regretter le chien qui traquait l’esclave et qui s’assurait sain et sauf dans la plantation où sa valeur productive primait sur son humanité. Aujourd’hui, on tue facilement l’homme et la femme noirs parce que leur valeur productive est perçue par certains comme n’ayant aucune véritable valeur. Quelle erreur de jugement déshumanisante ! L’élection d’un président noir ne fit pas grand-chose pour augmenter la valeur du corps noir aux yeux majoritaires qui, pourtant prennent du plaisir à suivre les grands athlètes de la NFL, de la NBA, de la WNBA, et de la NCAA. Les médailles de la gymnaste noire et le succès exemplaire de milliardaires noirs changent la perception du corps noir, mais le mouvement Black Lives Matter montre les limites de cette perception favorable. Tout cela changera que les bons Blancs engagés se ligueront avec les vaillants membres des multiples minorités pour transcender la politisation pernicieuse de la race d’un côté comme de l’autre. Cela se fera aussi quand le panafricanisme aura permis à l’Afrique d’émerger comme la Chine, ce nouveau colosse dont la maturité surprit tous sauf ce nouveau colosse. Nous parlerons alors d’un nouvel ordre mondial synonyme d’une Afrique rayonnante au grand bonheur de ses enfants et des Afro-descendants. La pratique de sa dévaluation prendra alors fin et lui permettra d’être un peu plus ce que l’Égypte antique fut à un temps où le Vieux Continent était à la quête d’une civilisation que la Grèce, s’inspirant du monde pharaonique, lui légua (mal)heureusement.
Mouhamédoul A. Niang, PhD
Associate Professor of Franchophone Studies
Colby College
Waterville, ME
USA
par Pepessou
MOI DAVID, GEOLIER EN CHEF DE JAMMEH
Comme pour David le geôlier en chef et Goliath Jammeh, les incuries de la Gambie trouvent, pour une large part, leurs sources dans la sous-qualification de ceux qui, à un moment de son histoire, ont eu à gérer le pays
De détenteur d'hommes en mal avec la loi et - assez souvent - seulement avec le régime en place quand Yaya Jammeh, alors tout-puissant président autocrate de la Gambie, régnait en maître incontesté, David Colley est passé de l'autre côté de la cellule. Il était sur la sellette cette semaine, plus de trois ans après la chute de Jammeh. Plus exactement hier jeudi, il comparaissait devant la Commission vérité, réconciliation et réparation de la Gambie, plus communément appelée TRRC. De sa "prison" bien dorée de la Guinée équatoriale, comme beaucoup de Gambiens à l'étranger, Yaya Jammeh a pu suivre sur les réseaux sociaux le récit de ses années de braise au pouvoir, version cour de prison.
Directeur général de l'Administration pénitentiaire gambienne, plusieurs fois nommé, plusieurs fois démis de ses fonctions "sous Jawarah comme sous Jammeh", précise-t-il, il symbolise le visage hideux du règne de Jammeh, en matière de privation de liberté. Avant qu'il ne se retrouve devant cette commission, l'air presque hagard et l'esprit absent, au point de se faire rappeler, par le teigneux Essa Mb. Faal, le Lead Counsel, une sorte de procureur, qu'il se devait d'être plus attentif : "Les choses sont sérieuses", le prévient-il.
CONDITIONS INHUMAINES - Au lendemain du changement de régime, les graves suspicions qui pesaient sur ce septuagénaire en matière de violation des Droits de l'homme l'ont amené à la détention à Mile 2. Il y a découvert de plus près alors le "chamber pot", ou pot de mayonnaise vide de 5 litres, dont les prisonniers gambiens se servent pour faire leurs besoins, entre 18 h et 8 h, à défaut d'avoir des toilettes dans leurs cellules.
Mais son régime de détention est sans doute plus doux et moins inhumain, malgré tout. Il n'est plus question de torture systématique, d'empoisonnement, de disparition, encore moins de détention secrète comme sous le règne du tyran. Pour une population carcérale globale de moins de 700 personnes (plus de 10 000 au Sénégal ou, plus effarant, les 2 300 000 prisonniers aux Etats-Unis), la Gambie, avec ses trois prisons (Mile 2, la plus grande, Jeshwan et Janjaburreh, les deux autres centres secondaires de détention) a connu l'un des pires systèmes de détention au monde. Des dizaines de prisonniers mourraient dans les geôles de Jammeh, chaque année de béribéri, douleurs abdominales, malnutrition, d'anémie et, plus incroyablement, d'empoisonnement. Cette dernière pratique était tellement connue que certains prisonniers rejetaient systématiquement la nourriture qui leur était servie.
TUEURS A LA SOLDE - Baba Jobe, un prospère homme d'affaires qui fut un des leaders du parti APRC, servit de prête-nom à Yaya Jammeh pour ses affaires. Pour le ploutocrate Jammeh, cela allait de la boulangerie à la boucherie, en passant par tout ce qui pouvait rapporter de l'argent en Gambie. Tombé en disgrâce, Baba Jobe finit en prison où il était averti des risques, au point de refuser tout aliment de ses geôliers, comme le raconte sa veuve Tinda Jaiteh, passée en début de semaine devant la commission. Cela ne l'empêcha pas de se faire tuer par l'escadron de la mort de Jammeh. Les Junglers - escadron de la mort de Jammeh - le trouvèrent dans un hôpital de la capitale gambienne où il était hospitalisé en tant que détenu malade, pour le tuer par asphyxie. "Je donnais des milliers de dalasis par mois à David Colley et ses hommes pour sauver mon mari. J'ai acheté des téléviseurs et lecteurs DVD qui ont fini entre les mains de David Colley...". Une corruption assumée par la dame qui voulait à tout prix sauver son homme. Pour rien ! Finalement, pour ne voir que son mari mourir tragiquement.
‘’FONDE’’ LE MATIN, COUSCOUS LE SOIR - Pour ceux qui survivaient au "pap every morning" (‘’fondé’’) au "cherreh every night" (couscous tous les soirs, infect précisent les détenus qui ont témoigné), le menu alimentaire des détenus gambiens était à l'image d'un pays rongé par la ploutocratie : tout se volait. Les provisions pour l'alimentation des prisonniers étaient détournées par Mister Colley, selon les détenus et gardiens de prison qui ont témoigné. "Quand on abattait un boeuf à la cuisine, on n'en voyait pas la viande ; ce sont les abats qui parvenaient dans nos maigres assiettes", raconte l'un d'eux devant la commission. David Colley avait un système de prévarication tellement rôdé et impuni que même des agents pénitentiaires étaient affectés en permanence à sa ferme où ils servaient de cultivateurs, tout en devant payer eux-mêmes leur transport pour s'y rendre...
Comme avant lui, bien d'autres anciens officiels gambiens qui ont servi sous le régime de Jammeh et qui ont eu à témoigner devant la commission, à plusieurs reprises, la réponse de Mister Colley pour se disculper aura été : "Je n'y pouvais rien. J'étais un soldat aux ordres." Cela rappelle bien avant lui Isatu Njie Seydi, la bonne dame qui fut la vice-présidente bien arrangeante de Jammeh. Vingt de ses 22 années de règne au total ! Son passage devant la commission, en octobre 2019, fut un vrai moment d'aveu d'impuissance !
INCOMPETENCE ET MAUVAISE FOI - Quand ce n'est pas la National Intelligence Agency, la fameuse NIA, qui ne venait pas à Mile 2 faire son marché de prisonniers du jour à torturer, à enquêter ou faire disparaître ou exécuter. En 2012, sur ordre de Jammeh, les Junglers vinrent avec la NIA extraire un lot de neuf prisonniers, neuf personnes dont une Sénégalaise (Tabara Samb) et un Sénégalais. Ils furent exécutés par étouffement.
Pour ceux qui n'étaient pas tués, il y avait "talk true place" (comprenez la salle des aveux), l'endroit où le chief Ebrima Jammeh et ses sbires faisaient subir les pires supplices corporels aux prisonniers. Comme pour une opération chirurgicale, les détenus étaient étalés sur la table et frappés jusqu'à avouer ce qu'on voulait bien qu'ils avouèrent.
Quand, à bout de rouleau, désespéré de voir que le témoin Colley avait visiblement un problème de niveau pour comprendre ses questions, tombe l'interrogation quasi-cynique : "Monsieur Colley, quel est votre niveau de qualification ?" "Je suis grade nine". Le procureur sombre dans la désolation à vue d'œil. Il y a de quoi ! Grade nine, comprenez neuf années d'études depuis la première année d'école primaire... Cinquième secondaire ? Comme pour David le geôlier en chef et Goliath Jammeh, les incuries de la Gambie trouvent, pour une large part, leurs sources dans la sous-qualification de ceux qui, à un moment de son histoire, ont eu à gérer le pays. Pour ceux-là qui étaient dans ce que le pouvoir politique pouvait avoir comme forme la plus bête et méchante, c'est-à-dire le totalitarisme, l'Etat de droit n'avait aucun sens à leurs yeux. That's the matter, mister David !
Par Ndey Koddu Faal, Paap Aali Jàllo ak Daawuda Géy
LU DEFU WAXU : Seetlu nañ ni, saa booy wax ci nguurug Maki Sàll, danga naan « Nee na moom moo gañe… ». Mu mel ni nanguwoo ndamu Maki Sàll li ci joŋante wote njiiteef bii weesu. Lu tax ngay waxe noonu ?
USMAAN SONKO : Nun, waa Pasteef ak làng yin lëkkaloo woon, sunu kàddu, ca njëlbéen ga ba nëgëni-sii, genn doŋŋ la te du mës a soppiku. Bi nu génnee ci wote yi, danu ne nanguwunu palug Maki Sàll gi, te li nu taxoon a wax loolu ñépp a ngi ci doon teg seen bët. Waaye, ci wàllu yoon, maanaam, bees sukkandikoo ci ndeyu àtte réew mi, moom mooy njiitu Senegaal. Loolu, sikk amu ci. Waaye, lu jaar yoon te xel nangu ko, tubaab naan ko « légitimité », ak lu yoon sàrtal te muy tekki ci tubaab « légalité », bokkuñu. Am na lol, yoon mën na ko sàrtal, biral ko fekk ne dafa safaanoo ak li yoon woowu tëral. Loolu, nag, mooy li nu jàpp ne moo am ñeel palug Maki Sàll gi. Ndax, Maki ak i ñoñam ñoo jëkk a biral seenug pal laata yoon di ci àddu. Ci guddig bésu wote bi la ay jëwriñam ak i farandoom génn, di joxe ay lim. Te, jamono jooju, biroy wote yi sax noppeeguñu woon seen liggéey. Ndajem ndeyu àtte mi nga xam ne moom la fi nekkal, deful woon lu dul dëggal li ñu waxoon.
LDW : Kon, yéen ak làng yi ngeen àndaloon, dangeen a jàpp ni suñ waxantee dëgg ndamu Maki Sàll li dafa taq suuf ?
US : Danoo gis ne, ni wote yi tëdde woon, ca ndoorteel la ba ca njeexital la, daraba dara booloo jeex méngoowu ci woon ak li yoon tëral. Maki dafa bañoon a amal ndajem politig bi waroon a am ñeel làng yi ngir nu waxtaane lépp lu jëmoon ci wote yin dégmaloon. Yemu ci, mu jël kaardànte yi, jox ñi ko neex, téye yosi ñi mu jàppoon ne duñ ko woteel, rawatina ndaw ñi. Nu ni déet-a-waay, mu séddale dénduw wote bi (carte électorale) ni mu ko neexe. Boo boolee yooyu yépp, dinga xam lu tax ñu naan saa su nekk « nee na moo falu… ». Kon, na féetoo nguur gi, doxal li mu war a doxal, nu féete ci kujje gi, di def li nu war. Loolu mooy demokaraasi.
LDW : Ndax bu la Maki Sàll woowoon ngirdénk la ndombog-tànk dinga nangu ?
US : Mukk ci àddina ! Duma ko mës a def. Bi jiitu ci sabab yi mooy ne, amul benn fànn boo xam ne man ak Maki Sàll bokk nan ci gis-gis. Te, gis-gis moo lal liggéeyub nguur. Ñaareel bi di, bokkunu naal. Man, dama jàpp ne naalub « Plan Sénégal Emergent » bi Maki Sàll kàmpaañe woon te di ko doxal nii, baaxul, santul Yàlla. Nun, danu amoon sunu naalu bopp, mu méngoo ak sunu gis-gis ci nees war a yore réew mi. Ñetteel bi, nag, mooy ne man dama nawloowul Maki Sàll ci ni mu yore réew mi. Bu may wax loolu, du jëmmu Maki Sàll ci boppam laa ci namm. Njiitu réew mim doon a ma tax di wax. Ndaxte, man dama gëm ne, Maki Sàll, amul xam-xamu jiite réew, amul mën-mën bi te sax amul fulla ji ak fit wi. Ndege, ndawal Farãs la.
Ci gàttal daal, Maki dafa jaar nii, ma jaar nee. Kon, xel xalaatul may liggéey ak moom. Bu sama waa pàrti yépp màbboon ne dañuy fekki Maki Sàll ci nguurug bennoo gi mu doon woote, man duma ci dem.
LDW : Nee ñu Usmaan Sonko du waxal mukk Maki Sàll lu baax, safaan bi rekk. Ndax, ci sa gis-gis, amul lu Maki def lu baax bim faloo 2012 ba léegi ?
US : Moone, ci wàllu mbasum Covid-19 bi, waxoon naa fi ne, li Maki Sàll waxoon ne nguur gi du delloosi ndawi réew mi te ñu caŋoon Siin, lu baax la, àndoon naa ci.
LDW : Benn boobu rekk nga ko mën a waxal ci lu baax ?
US : Lu ngeen bëgg yéen tamit ? Su ma fi newoon di tagg Maki Sàll dinaa jaaxal askan wi ! Te du moom sax am nab « armada » bu koy xalamal ? Maanaam, am nay ndaw yoo xam ne, mbaaxam rekk lañuy wax, di ko tagg ak a kañ. Am na, sax, ay kurél, ab tele ak yenn ci yéenekaayi réew mi yoo xam ne, suba ba ngoon jot, lu baax rekk lañuy wax ci moom, lu baaxul sax, ñu baaxal ko, rafetal ko ba nga ne lii lum doon. Man, nag, loolu du sama cër.
LDW : Ndax xamante ngeen ?
US : Man xamuma Maki Sàll, Maki Sàll xamu ma. Benn yoon la sunuy bët mës a daje te mooy keroog bi ma demee pale. Ngeen baal ma rekk ma yokk ci ne nitu Maki ñoru ma. Li mu doon njiitu réew mi moo ma tax di wax. Loolu dafa war a leer ci boppu askan wi.
LDW : Déggees na la yit ngay tuumaal Mañsuur Fay, di ko dendale ak Karim Wàdd mi fi amoon doole lool ca jamonoy baayam Ablaay Wàdd. Ndax danga jàpp ne Maki Sàll da koy xàllal yoon ngir mu wuutu ko ?
US : Ku am tuuti seetlu rekk, ndax mën na maa wax lu wutale Mañsuur Fay ak Karim Wàdd ci wàllu ndomboy-tànk ? Ndax xam ngeen ne Mañsuur Fay mooy séddale ndimbalug njaboot gi ? Ndax xam ngeen ne moo yor naalub tabax tali ci gox-goxaat yi te ñu dippe ko ci nasaraan ‘’Promoville’’ ? Te, nguur yoonam newul ci defar i tali ñeel gox-goxaat yi. Loolu, liggéeyu meeri yi la. Nguur, taliy réew mi la war a féetewoo. Mañsuur Fay mooy jawriñu mbooloo tund wi ak ndimbalu njaboot gi, mooy meeru Ndar, moo yor PUDC, yor PUMA, mooy séddale dund gi…Maanaam, lépp lu koy tax a jege askan wi rekk, joxees na ko ko.
LDW : Lan moo taxoon Maki Sàll ne fàww mu am ñaareelu moomeel, xar ci tànki-tubéyam ?
US : Li taxoon Maki Sàll doon rey boppam ngir am ñaareelu moomeel, mooy tóoxidooni yim defoon, moom ak njabootu politigam. Dafa bëggoon, bu gañee, fexe ba maasale njombe yeek toj-toj yu bare yim def, moom ak nguuram ci moomeem gu njëkk gi. Moom, bi mu nee falu na, toogagul sax, naan day woote ndajem yëgoo ñeel réew mépp ngir tàppe xol yi... Idiriisa Sekk mi toppoon ci moom ci wote bi ne demul, man mi nekkoon ñetteel ma bañ it, ne duma dem, PDS mi nga xam ne, ak lu mu dee dee am na taxawaay, ne moom it demul, làngu ñoom Abdul Mbay gi tamit ne demul. Maanaam, daal, kujje gim soxla woon, kenn fullaalu ko ci. Amul li mu bëggoon.
LDW : Lu taxoon ngeen bañ a wuyuji njiitu réew mi ?
US : Bun ko wuyuji woon ca jamono jooju, kenn ci nun dootul woon mën a diiŋat nguur gi bu jàddee yoon. Loolu lépp àntuwul. Mu des lan ? Ci sama gis-gis, Maki Sàll nas nay pexe ngir génn ci gutë gim dugal boppam.
LDW : Yan pexe ?
US : Ñett lañu. Bi ci jiitu mooy, mu xool ba xam mën na fexe ba ndajem ndeyu àtte mi daganal ñetteelu moomeem. Te, loolook xaru ñoo yem. Bi ci topp mooy, mu xool ndax mën na wut ab tofo ci pàrteem, ngemb ko ngir mu wuutu ko. Ñetteel bi mooy mu jéem a xool kiy gën a jekku ci wutaakoni kujje gi, keroog woteb 2024 bi, mu kootoog moom, ñu déggoo ciy kàddu ngir kooku faral koy njaaxumam, bañ leen a toppe dara, moom ak njabootam. Te kooku moom du mës a doon man mii Usmaan Sonko.
LDW : Noo nar a doxale ?
US : Bés bu Yàlla tegee réew mi ci sunuy loxo, képp ku fi mës a yor fiftinu askan wi, diŋ ko leeral ndax alalu mbooloo la.
LDW : Noo gise ñetti pexe Maki Sàll yi nga lim léegi ?
US : Jàpp naa ni mu ngi liggéey ci 3i pexe yépp. Te, bu dee ci wàlluw tofo bi rekk, génne na ci xelam Aamadu Ba, Aliyun Badara Siise, Ablaay Daawda Jàllo, Aali Nguy Njaay, añs.
LDW : Da leen a wóoluwul, walla ?
US : Ñoom ñépp la yemale, xéy-na da leen a ñemewul. Ku des kon ? Xanaa Mañsuur Fay, goroom, di magu soxnaam Mareem Fay Sàll. Li ñuy coow Aliyun Badara Siise fii, Aamadu Ba fee, lépp ngir xàllal yoon goro bi rekk la. Ci pexe mi la bokk. Moo tax mu dénk ko ay ndomboy-tànk yu bare, jox ko ay milyaar ngir mu jënde leen askan wi. Ndege, ñoom, ni ñu jàppe politig mooy, amal ay milyaar jënd baati askan wi. Waaye, gisuma nan la Mañsuur Fay di def ba jiite miim réew.
Li ma wax fii, nag, sama xalaatu bopp la ; sama njàngatu bopp la ñeel doxalinunjiitu réew mi, Maki Sàll.
LDW : Fu mbirum 94i milyaar yi tollu ?
US : Waaw. Yaakaar naa ne am na ku ciy waajal benn téere. Duma leen wax kan la, te duma ci sore. Mooy li waa ja waxoon rekk, Yàlla du nit [fii reetaan na]. Li ma ci mën a wax daal mooy fàttali askan wi ne OFNAC génne na ràppooram, dëggal li ma waxoon lépp. Rax-ci-dolli, dafa joxe ay ndigal ngir ñu topp Maamur Jàllo, Tayiiru Saar, jaraafu Ndakaaru ji, noteer bi defar kayit yi, ak ñeneen ñoo xam ne tudduma leen woon sax. Li wóor moo di ne gaa ñi, yàgg-yàgg dinañ layook yoon. Ndaxte, mbir mi dafa doy waar, dafa jéggi dayo. Te sax, OFNAC dafa génnewaale 27i njombe yu wute ak njombew 94i miliyaar yi. Li ci kanam rawul i bët.
US : Waaw, loolu mi ngi ci loxo yoon. Man, ci sama wàllu bopp, kalaameji woon naa cay këri àtteb àddina si, ca Àngalteer, ca Amerig… Dafa di, sax, tàmbali nañ gëstu bi. Xam nga, Amerig, ñoom, bu ñuy liggéey duñ ko yàkkamti. Waaye, ñu ngi ciy lëñbëtu. Ndaxte, way-lëñbëti Amerig yi jóge nañ Washington, dem ba Ohio ngir laaj Aliyun Géy li mu xam ci mbir mi. Moom, Aliyun Géy, moo nu kalaamejiloo yoon. Te, mujje naa bokk Pasteef. Yàgg-yàgg dingeen ci dégg dara. Nun, li nu waroon, def nan ko.
LDW : Ndax Usmaan Sonko dafa am ay ndaw yu koy déey i xibaar te bokk ci nguur gi ? Fan ngay xibaarloo ?
US : Nit ñi bàyyiwuñ xel ne, xibaar yi, bu dee 100, 80 yi mënees na cee jot ci anam bu yomb a yomb. Dafa fekk ne, kay, Senegale yee dul gëstu ci dalu– webu njawriñu ngurd mi ak sax bu nguur gi, walla ci yéenekaayi nguur gi, anternet bi, añs. Yooyu ma lim yépp, foo ci dem fekk fa xibaar yu bare yees fay rotal. Ci misaal, bi may siiwal luubalug lempo ga woon ca péncum réew mi, mooy biñ may dàq, ci dalu webu njawriñu ngurd mi laa jukkee woon xibaar yi ma amoon yépp. Kon, bare nañ lool, nit ñi mën nañ cee jot. Man, nag, ci gëstu laa dëkk. Saa yu ma toogee defuma dara, maa ngi gëstu, di seet ak a settantal lu jëm ci réew mi ak lu jëm ci àddina sépp, rawatina diggante réew yi.
LDW : Bu weesoo gëstu yooyu, nag, amul ñuy ñëw leeg-leeg di la déey ?
US : Fànn bu nekk, damay xool ñoo xam ne seen xel da cee màcc dëgg-dëgg, may jokkoo ak ñoom, di leen laaj seen xalaat. Fi mu ne nii, duma toog 3i weer yoo xam ne demuma CNCR seeti leen, waxtaan ak ñoom ci wàllu mbey mi. Noonu laa koy defe ak ñeneen ak ñeneen. Mu des, nag, ñi nga xam ne dañoo bëgg réew mi te di liggéey ci caytu gi te yenn saa yi ñu gis lu leen metti te duñ ko mën a wax. Maanaam, am na ñoo xam ne dañoo dem ba mënatuñu, bëgg a wax te mënuñoo wax. Bu ko defee, dañuy wax ak man walla ñu wax ak kenn ku ma jege, mu jottali ma ko. Noonu laay taataane samay xibaar.
LDW : Nooy jàngate taxawaayu Senegaal ak Afrig ci mbas mi ?
US : Waaw, taxawaayu Afrig moom du jafee jàngat. Li may wax rekk, di li ma njëkk a seetlu, mooy nanu sant Yàlla ndax amul menn réewum Afrig mu am dooleci wàllu paj, mu mel ni kon Afrig ag tàkk la ci wàllu paj. Xanaa ay Tinisi, Marog, ñoo ci tàmbali woon tane, ak réewum Afrig-Bëj-Saalum. Te kat, gis nañ ne ñoo ci gën a sonn fi mu ne nii. Kon, mbir mi Yàllaa nu ko fànqal boppam. Walla moo nu ko woyofalal boog ba aayul ni mu waroon a aaye. Teewul nag, réewi Afrig yépp jël nañu ay matuwaay. Te matuwaay yi wuutewuñu ak yees jël fépp ci àddina si. Afrig, nag, defe naa Afrig-Bëj-Saalum rekk a ci jéemoon a lëlu, te dafa mujjoon a jur coow, ndax réew moo xam ne li nit kiy xëye tey moom lay dundee ëllëg, soo ko bëggee lël du sotti. Kon, moo tax ma ni leen jàngat taxawaayu Afrig du jafe, ndax jàpp naa ni li ëpp solo ci mbir mi mooy li nu Yàlla suturaal ba nu muccandi ci. Waaye bu doon ni mu aaye feneen la aaye fii, tey dina metti lool ci nun. Di ñaan Yàlla, nag, mu wéy noonu.
LDW : Luy sa xalaat ci coowul “artemisia” li, di garab gu réewum Madagaskaar ne day faj covid-19 te Kurél gi yor wérgi-yaram ci àddina si (OMS) bañ ko koo nangul ?
US : ‘’Artemisia’’ bi wareesu koo dàq ndax li mu jóge Afrig rekk – loolu nun mënatunu koo nangu, weesu nanu loolu. Waaye tamit garab dafa am yoon wu mu war a jaar ci wàllu xamtu balaa ñuy mën a wax ni garab gii day faj lii. Ñépp nangu nañu ne yoon woowu jaaraguñu ci. Li ñu ci xamagum daal, dégg naa ni am na ñu koy jëfandikoo te gis nañu ci njariñ. Loolu lañu waxagum. Te tamit boo dégloo njiitu réewum Madagaskaar, dafa ne yàgg naa waxtaan ak kilifay OMS yi te OMS nangu naa gunge Madagaskaar ci wàllu xamtu. Kon, xanaa rekk ñaan Yàlla li ñu ci amoon ci yaakaar mu àntu. Ak nu mu mënti deme yit, ñépp nangu nañu ne garab gu baax la, te am nay feebar yu muy faj te sax, ci misaal, baax na ci sibbiru. Kon nañu ñaan Yàlla bu ñu ci jaaree fi ñu war a jaar yépp, liñ ci yaakaar am te muy ndamu Afrig gépp.
LDW : Noo gise diggante Senegaal ak Farãs, walla sax diggante Farãs ak Afrig ?
US : Waaw fi ngeen daanele, diggante Farãs ak Afrig, laay njëkke. Gis naa ne dañuy jox Farãs gëdd gu ëpp li mu tekki ci Afrig te réewi Afrig yiy làkk farañse ñoo may tax a wax. Farãs amul lenn loo xam ne mën na koo dogal ci réewi Afrig yiy làkk àngale, du Niseryaa, du Gànnaa, du Afrig-Bëj-Saalum, du feneen. Boo jëlee réewi araab yi nekk Afrig tamit, Farãs tekkiwu fa dara, muy Misra, di Alséri, ñépp xam nañu loolu. Kon, su ñuy wax ‘’Françafrique’’ war nanoo xam fan la yem. Nañuy yemale wax ji ci Farãs ak réew yi mu tegoon loxo démb. Te digganteem ak réew yooyu bu deme ni mu deme tey, man amuma dara lu may wax Farãs, luñ ko ci wax tooñ ko. Tubaab yi dañoo am seen fulla, xam li ñu bëgg, di def seen kem-kàttan ngir am ko, jaar sunu kow. Sunu njiit yi fi Tubaab yi teg laay duut baaraam, di leen laaj lu tax ñu ñàkk fullaak fayda bay nangoo doon i xuus-maa-ñàppam, yoon wu mu leen awloo ñu gaawtu aw fa. Kon wax ji, feek delloowuñ ko foofu…
LDW : Ñi naan « France dégage », nag ? Dangaa bëgg a wax ne àndoo ci ?
US : Ànduma ci, kay. Fi ngeen may gis nii, saa su ne damay tooñ sama gaa ñi, naan leen bàyyileen di wax “France Dégage”. Te lu ma gëm la, damaa gëm ne coow li du “France Dégage”. Farãs mënu fee jógee noonu, walla bu fi jógee yit te nuy wéy ak xeetu njiit yu mel ni ñi fi nekk, yeneen doxandéem dinañ leen fi wuutu. Seetleen ko ci Siin rekk, fi nu jëm ak Siin boo moytuwul mooy gën a doy waar, gën a metti li nuy dund ak Farãs. Te nanu sant Yàlla, nag, ci li nu mësul a yitteel Amerig. Moom daal, feek nu ngi wéy di am xeeti njiit yi fi nekk, waxuma la sax Farãs walla Siin waaye réew yu leen gën a néew doole dinañ sonal Senegaal.
LDW : Yan réew ngay xalaat ?
US : Ci Tirki la sama xel njëkk a dem. Tirki, ci atum 1950 sorentewunu woon te léegi nee nañu dañ noo bëgg a dimbale. Waaye mën naa lim tamit Marog nga xam ne noo moomandoo sunu bopp. Réew yu ni mel ñooy ñëw tey dinu noggatu. Moo tax mbir mi bu nu ko tënkee ci Farãs rekk dafay mel ne dan koo singali ndax fi nu jaar ak moom ca jamonoy njaayum jaam jaak nooteel ja. Waaye tey, doomi–Tirki yi dañuy ñëw, nu jébbal leen lépp, jox leen naawu bi te ni ñu ko bëgge lay ame.Sinwaa yi tamit dañuy ñëw ne la dama lay lebal xaalis ci anam yi ma bëgg, indiy ndefaram, indiwaale ñi ciy liggéey. Xam ngeen ne Farãs sax mësul àgg ak nun foofu. Moo tax bunu ci demul ak xel danuy moy li gën a am solo. Farãs, bu nu amee njiit yu am fulla, Farãs day nekk naataango, ni ñeneen ñi, nuy jëflanteekmoom ndax danoo nekk ci àddina su ubbeeku.
LDW : Kon ci yow lan mooy wax ji ci dëgg-dëgg ?
US : Ci sama gis-gis bu gàtt, wax ji yépp lii la : lan moo tax Maki Sàll, Alasaan Watara ak IBeeKaa ak ñoom seen di sukkal ay doxandéem, di dox ci waawu Farãswalla Siin walla keneen ku mu mënti doon ? Waxtaan woowu lanu war a amal, dem ci ak xel, nag, fexe ba waa Senegaal tamit yeewu ci.
LDW : Dinañ lay dégg léeg-léeg ngay tagg Aasi…Jàpp nga ne dan leen war a roy ?
US : Naw naa lool waa Aasi, muy Sinwaa yi di Sapone yi, ndax li ñu gëm seen bopp ! Maa ngi waxtaan keroog ak sama benn xame bu def 20i at Siin, ay doomam juddoo fa ba am sax kayitu réew ma. Mu ne ma fu mel ne Kàntoŋ ñu koy wax Guwànju, ñoom beneen Sinwaa bu fa bokkul sax dañu lay xeeb. Nee na ma yit Guwànju dafa am xeetu taksi boo xam ne waa Guwànju rekk a am sañ-sañu dugg ci, farañse beek ñépp a ci yem, bu leen doxandéem tàllalee loxo dañu koy rombdem seen yoon. Mën nañu ne sax loolu ëpp na waaye day biral tamit ni ñu gëmeseen bopp. Foofu kenn sañu faa dem naan day taxawal ab sosete ci nu mu ko neexe, ñoom ñoo lay wax ni nga koy defe, boo ci àndulee foo xam nga jëm. Moo waral gën gaa néew ci 100i sosete yoo jël, 51i ay Sinwaa ko moom. Keroog damay seetaan li xew Taylànd, gis ne Farañse yu bari dañoo tàmbalee wutali réew moomu. Waaye foofu tamit du ku jóg taxawal ab sosete, ci misaal, benn doxandéem mënul a ubbi sosete buy liggéey ci turism, di jëley nit Farãs di leen yóbbu Taylànd. Ñi ko bëgg a def dañuy mujjee ànd ak benn doomi-Taylànd, te moo la ciy ëpple, fàww nga jox ko 51i xaaj ci 100 boo jël.
LDW : Senegaal de demewul noonu…
US : Déedéet. Senegaal, danga fiy wàcc léegi, ñu ni la lii bu la neexee jël ndaxbenn doomu-Senegaal yelloowu ko. Ci loolu lanu war a xalaat te dafa mel ni soxalul kenn. Loolu laay wax bés bu nekk ñoom Gii Maryiis Saaña, mbir mi warunu koo yemale ci benn réew, noonoo ko, bàyyi ñi ci des. Te bunu ci deful njàngat gi war, am ndam ci xeex bi du yomb. Fàww nu taxaw seetlu, jéem a xam lu waral Póol Kagame mën a fippu, lu waral Àndri Rajowelina tàmbalee fippu ca Madagaskaar, lu waral njiitu réewum Gana mën a fippu, te Maki Sàll sañu ko sax xalaat. Foofu lanu war a yóbbu wax ji. Bu doon sama sago danuy teg fale Farãs te laaj sunuy njiit lan moo tax ñu ragal ko nii.
LDW : Ayi-bés yii ñu weesu, gis nañ nga yëkkati sa kàddu di jàppale Madagaskaar ci xëccoo bi am ci digganteem ak Farãs te li ko waral di ay dun yu nekk ci wetu Madagaskaar te Farãs wéy di ci teg loxo ne moo leen moom. Ndax foog nga ni Madagaskaar mën naa am ndam ci boobu xëccoo ?
US : Madagaskaar mën na cee am ndam, ndaxte du ñaari làrmee jàkkaarloo, du xeex bu ñuy génne ay xeej ak i fetal, yoon a leen di àtte te Madagaskaar moo ne ci dëgg. Loolu la Mbootaayu Xeet yi xam ba jël ay dogal. Kon Farãs yey nañ ko ba noppi, day guddal jéll fi mu ne nii. Waaye mën ngaa am ndam te du doy, li gën mooy Afrig jàppale Madagaskaar ndax leer na ñépp ne dun yooyu indi coow li, moo leen moom ni Senegaal moome dunu Gore. Dun yooyu soree nañ lool Farãs, soo jógee Pari, dinga toog 8i waxtu walla lu ko ëpp cib fafalnaaw door faa yegg.Boo ko jaaree géej, dinga romb Marog ak Afrig sowu-jant, wàcc ba Afrig-Bëj-Saalum, wër ko, soog a yéeg wutali dun yooyu. Nan la leen Farãs mën a moome ? Dafa am loo xam ne xel mënu koo nangu. Gis nga yu mel nii, dafa waroon a nekk nattukaay ci ni nuy jàppalantee nun doomi-Afrig yi. Waaye fi ngay gis sunu njiit yi, ñoom ñépp dañuy lem seen geen toog ci, mel ne yëguñu sax li xew.
(ÑETTEELU XAAJ BI FEEK I FAN)
LE RACISME N'EST PAS UN ACCIDENT, C'EST UN ÉCOSYSTÈME
Le philosophe et historien camerounais, Achille Mbembe, revient sur la polémique autour des statues de figures de la colonisation, et la nouvelle ère qui s’ouvre pour le combat contre le racisme à travers le monde
QG Média |
Jonathan Baudoin |
Publication 27/06/2020
Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe a accordé un entretien fleuve exclusif à QG depuis Johannesbourg, en Afrique du Sud. Il revient pour nous sur les manifestations consécutives à la mort de George Floyd, sur le sens de celles organisées en France par le Comité pour Adama, sur la polémique autour des statues de figures de la colonisation, et la nouvelle ère qui s’ouvre pour le combat contre le racisme à travers le monde.
Il est l’un des intellectuels les plus importants de notre époque. Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, auteur de De la postcolonie, aux éditions La Découverte, et professeur à l’université du Witwatersrand, à Johannesbourg en Afrique du Sud, a accordé un entretien fleuve exclusif à QG, revenant sur les manifestations consécutives à la mort de George Floyd à Minneapolis le 25 mai dernier, sur ce qu’elles illustrent en matière de racisme, un « écosystème » à ses yeux. Aux États-Unis, mais aussi en France, où le déni est également puissant dans le débat public à ce sujet. Cette interview est également l’occasion pour lui d’évoquer les accusations d’antisémitisme lancées à son encontre par deux universitaires allemands, et aussi d’évoquer le regard porté sur le décès de George Floyd à travers le continent africain. Interview par Jonathan Baudoin
QG : Quel regard portez-vous sur les manifestations contre le racisme organisées dans le monde occidental après la mort de George Floyd, le 25 mai dernier ?
Achille Mbembe : J’espère vivement que c’est un pas de plus sur le chemin vers une nouvelle conscience planétaire. À travers ces manifestations se sont exprimés des sentiments de colère et d’indignation, voire de rage. Mais nous avons également assisté à ce qu’il faut bien appeler un deuil collectif. Il était en effet important que cette vie et ce corps honnis et souillés par un dispositif d’Etat, la police, soient publiquement reconnus comme la vie et le corps d’une personne humaine dont la perte est, par définition, incalculable.
Ce deuil était œcuménique dans la mesure où il a rassemblé des personnes humaines de toutes les couleurs. Ceci signifie, et je voudrais y croire, que pour une fois, le malheur n’aura pas seulement frappé les communautés ordinairement racisées. D’autres se seront reconnus dans le calvaire de George Floyd, dans la croix de la race que les personnes d’origine africaine et plusieurs autres sont obligées de porter partout à travers le monde. Contrairement au policier assassin, ils auront entendu son cri et auront perçu, par-delà son visage, bien des images de leur propre visage.
L’amplitude de ces manifestations montre par ailleurs que la lutte contre le racisme sera universelle, ou alors qu’elle n’aboutira point. C’est ce pesant d’universalisme qui, du reste, aura fait la force des grands mouvements de libération humaine depuis le 18ème siècle, qu’il s’agisse de l’indépendance d’Haïti, de l’abolition de l’esclavage, de la décolonisation, du mouvement des droits civiques ou de l’abolition de l’Apartheid. Car, contrairement à ce que prétendent certains, c’est bel et bien le système esclavagiste, le système colonial et le racisme qui sont des expressions du séparatisme, de la sécession, ou de ce que j’appelle le désir d’apartheid.
J’espère enfin qu’à l’occasion de ces manifestations, nous aurons tous compris que le racisme existe. Qu’il n’est pas un accident, mais un écosystème. Qu’il n’est pas une menace à laquelle seule une partie de l’humanité est exposée. Qu’il menace notre capacité à tous de respirer et de respirer ensemble. Et c’est donc à s’attaquer à cette écologie qu’il s’agit de se consacrer, plus que jamais.
QG : Plus généralement, comment les pays africains réagissent-ils à cette histoire tragique ?
La plupart des gouvernements africains ne sont guère conscients des enjeux de mémoire, ni des choix éthico-politiques qui devraient en découler. Dans l’ensemble, les élites africaines ne comprennent pas que pour se réapproprier des ressorts de notre monde, l’Afrique a besoin de reconquérir son regard sur elle-même et sur ses diasporas. Je doute, par exemple, qu’il y ait plus de trois ou quatre pays africains ou l’histoire des Africains-Américains, des Afro-Caribéens ou des Afro-Brésiliens soit enseignée dans les programmes scolaires. Cette abdication, y compris au regard de la pensée, nous aura causé d’énormes préjudices. Ce défaut de conscience historique explique, en très grande partie, la servilité dont elles font preuve à l’égard des ex-puissances coloniales. Elles ont un rapport trouble à la mémoire et lui préfèrent l’oubli et l’amnésie.
La situation est cependant relativement différente parmi les jeunes générations, du moins il faut l’espérer. L’exécution de George Floyd a donné, je dirais, un coup d’accélérateur à un mouvement qui lui préexistait, un grand mouvement culturel, intellectuel et artistique qui travaille le continent depuis quelques années et qui a pour nom le mouvement de la « décolonisation ». De l’Afrique du Sud au Kenya, du Zimbabwe au Sénégal et au Congo, l’injonction de “décoloniser” travaille l’imagination des nouvelles générations.
L’objectif de ce mouvement est de faire de l’Afrique sa puissance propre et son centre propre. Dans le domaine de la pensée critique, de l’écriture et des arts en général, une jonction est en train de se faire entre l’Afrique et ses diverses diasporas. Si elle veut jouer un rôle décisif dans le monde qui vient, l’Afrique devrait faire du 21ème siècle le siècle de ses diasporas. En organisant méthodiquement la jonction avec celles-ci, elle peut contribuer à changer le visage du monde.
QG : Étant donné que vous enseignez, ou avez enseigné, aux États-Unis, analysez-vous cet homicide comme une démonstration macabre du racisme institutionnel au sein de ce pays ?
Il faut d’abord dire que des faits comme celui-ci, c’est-à-dire l’exécution extra-judiciaire d’une personne noire sur le trottoir d’une grande ville américaine, ne sont absolument pas nouveaux. Il ne s’agit pas d’un accident, non plus. Non seulement, ils se répètent sur la durée, mais encore, ils font partie de la substance même des États-Unis.
J’irai plus loin. Je dirai qu’il y a une dimension proprement négrophage dans le concept même des États-Unis. En tant qu’idée et en tant que projet, les États-Unis exigent, pour leur reproduction dans la durée, que de temps à autre, un homme noir de préférence, mais aussi des femmes noires, soient sacrifiés. Ce sacrifice se déroule de plusieurs manières. Il est l’œuvre de la police, au détour de rencontres qui se soldent généralement, soit par la mort de la cible ou alors par sa mutilation corporelle. Le corps noir demeure, de ce point de vue, la pierre angulaire dans la logique de reproduction du pouvoir raciste.
NIASSE ET TANOR ONT DIVERTI MACKY PENDANT SEPT ANS (5/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Ils ont fait faire au président, durant sept ans, leur propre combat (personnel) contre Wade à travers la traque des biens supposés mal acquis - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c’est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacré à et sur le président Macky Sall. Pour ce cinquième et dernier épisode, Macky, ex-otage de Benno ?
La traque des biens supposés mal acquis, n'est pas à vrai dire, pour le moment, une crise mais plutôt un scandale parce que son processus de mise en œuvre a abouti à une impasse fort dommageable. Car, en termes de gouvernance politique dans son versant de reddition des comptes, quand on commence une entreprise de cette ampleur et de cette portée, on ne s'arrête pas au beau milieu de la mer. Même houleuse. En stratégie de combat, un général ne prend jamais sur lui, l'initiative d'une attaque contre des lignes adverses, s’il n’est pas prêt à aller jusqu'au bout, tout en étudiant au préalable les points forts et les points faibles de l'adversaire mais aussi, lui-même le général, ses points forts et ses points faibles.
En politique, les fautes se payent cash. Et l’une des fautes de stratégie politique au débit du président Macky Sall durant son mandat 2012-2019, a été la traque des biens supposés mal acquis. Entendons-nous bien : la reddition des comptes est une exigence démocratique et une demande sociale. En tout temps (pour tous les régimes) et en tout lieu (sur toutes les affaires publiques). Cependant, faire une reddition des comptes, de manière sélective, s'appelle un règlement de compte politique. Lequel règlement de compte politique a fini par diviser en deux camps, la propre famille du président Macky Sall. Souvenir pour souvenir, quand certains pontes du défunt régime de Wade ont été convoqués par la gendarmerie nationale, la propre grande sœur du président Macky, qui vit en France, avait piqué une crise….
Le président Macky Sall s’est créé lui-même ses propres adversaires et s’est aliéné lui-même des soutiens de taille, quand il venait tout juste d'être élu de fort belle manière en 2012. Seulement, voilà, si le film de l'histoire pouvait être rembobiné, certainement le président Macky, n'accepterait pas qu'on lui fasse mener un combat par procuration. La seule circonstance atténuante pour Macky Sall dans cette affaire de ''chasse aux sorcières'', c'est qu'il a été divertit par Moustapha Niass et feu Ousmane Tanor Dieng, qui ont fait faire au président, durant sept ans (2012-2019), un combat par procuration : leur propre combat (personnel) contre le président Ablaye Wade. Et comme le dit la sagesse Wolof, quand on ne peut pas atteindre directement son adversaire, on s'en prend à ses plus proches, à sa famille. C’est donc de l'échec de cette périlleuse entreprise inachevée et sélective qu'est la traque des biens supposés mal acquis, qui est le point de départ d'un certain désamour entre une frange grossissante de Sénégalais envers leur président. Et que la gestion ambivalente de la Covid-19, a, on ne peut plus, creusé. Maintenant que le président Macky Sall a peut-être réalisé, tardivement, qu’il a été divertit, en étant embarqué sur une fausse-vraie piste, va-t-il entreprendre ‘’une rectification du tir’’ ? Benno Siggil Sénégal, après l’avoir porté au pouvoir et à bout de souffle, Macky Sall va-t-il mettre en place et conjuguer avec cette nouvelle majorité présidentielle, celle-là qui l'a porté au pouvoir en 2019 ? Le président va-t-il s’émanciper du PS, de l’AFP et de Benno Siggil Sénégal ? Lui seul le sait.
RIPOSTE À LA COVID-19, RÉAJUSTEMENT OU FUITE EN AVANT ?
La voie de salut réside dans une approche qui laisse plus d’espace aux initiatives locales. Cela suppose le partage de données fiables avec les acteurs locaux, la transparence et la redevabilité dans la conduite des actions publiques
Au moment, où le nombre de décès dépasse la barre fatidique de 100, nos autorités semblent avoir opté, sinon pour la dissimulation, tout au moins pour une omerta qui ne dit pas son nom sur les principaux indicateurs de pandémie, à savoir les vrais taux de prévalence et de mortalité de la Covid-19.
Les mesures d’assouplissement prises par le gouvernement censées permettre la reprise des activités socio-économiques ont eu pour conséquence naturelle l’augmentation des contacts au sein de la population, induisant du coup une hausse de la transmission du virus. De telle sorte que le pic annoncé de 771 cas observé durant la semaine du 11 au 17 mai dernier a été dépassé pendant la semaine du 15 au 21 juin 2020, avec 798 cas.
S’il faut regretter l’absence de compliance de plusieurs de nos concitoyens aux mesures préventives édictées par les pouvoirs publics, il revient aux autorités politiques de jouer leur partition en initiant, avec les professionnels de la santé, des stratégies pour casser les chaines de transmission grâce au dépistage, au traçage et à l’isolement.
Alors qu’on s’attendait à une augmentation du nombre de tests de dépistage, le ministère de la Santé vient de publier une nouvelle lettre-circulaire accompagnée d’une fiche technique pour procéder à un "réajustement stratégique", rendant encore plus drastiques les conditions d’accès au test pour les cas-contacts. Seuls y auront désormais droit ceux d’entre eux, présentant des symptômes et ceux asymptomatiques mais jugés vulnérables (âge supérieur à 50 ans et/ou présence de comorbidités).
On peut douter de la pertinence d’un tel choix, quand on sait que les dangers de propagation du coronavirus émanent précisément des personnes jeunes, souvent exemptes de comorbidités, pauci- ou asymptomatiques, à l’origine de cas communautaires, dont le nombre est en train d’exploser actuellement.
C’est dire que le système sanitaire doit se donner le maximum de chances pour que l’identification des personnes-contacts (ou traçage) soit la plus exhaustive possible en tablant sur les mécanismes communautaires plus compatibles avec nos réalités socio-culturelles et le respect de nos droits et libertés.
L’isolement des cas positifs, qu’ils soient ou non symptomatiques et de leurs contacts va aider à ralentir la propagation du coronavirus.
Au regard des gaps énormes en dépistage des cas, qui empêche à l’opinion, d’avoir une visibilité sur le niveau réel de la Covid-19, il ne reste plus, dès lors, que les formes graves et les décès pour surveiller l’impact de la pandémie dans la population générale et sur l’offre de soins.
Les professionnels africains de la santé publique se sont rendu compte, depuis l’épidémie d’Ébola, que la maîtrise des causes de décès est devenue un impératif, malgré le caractère embryonnaire des systèmes d’enregistrements des faits d’état civil et des statistiques vitales dans leurs pays.
Notre pays, avec un nombre officiel de 102 morts, se trouve à la croisée des chemins. Il est temps que les autorités se mettent à la hauteur des enjeux.
La plupart des professionnels de santé de notre pays, depuis les fonctionnaires et experts de la santé publique jusqu’aux spécialistes les plus pointus sont unanimes sur le fait que l’approche exclusivement curative est suicidaire dans ce genre de pandémie.
La voie de salut réside dans une approche de responsabilisation communautaire, qui laisse plus d’espace aux initiatives locales.
Cela suppose le partage de données fiables avec les acteurs locaux, la transparence et la redevabilité dans la conduite des actions publiques.
Le discours des autorités doit redevenir crédible pour espérer entraîner les larges masses dans le combat contre la pandémie.
L'HOMME À L'ORIGINE DE L'IDÉE DE CRÉATION DE LA CEDEAO
Si l’histoire retient que les fondateurs de la CEDEAO sont les ex-présidents Yakubu Gowon du Nigeria et Gnassingbé Eyadema du Togo, on oublie parfois le rôle important de l’ancien président libérien William Tubman dans la création de la communauté
Si l’histoire retient à raison que les fondateurs de la CEDEAO sont les ex-présidents Yakubu Gowon du Nigeria et Gnassingbé Eyadema du Togo, on oublie parfois le rôle important de l’ancien président libérien William Tubman dans la création de la communauté. En effet des années avant la création de la CEDEAO, c’est le réformateur libérien qui a avancé l’idée de créer une telle organisation.
Lorsque la CEDEAO et les présidents de ses pays membres décident de rendre hommages aux personnes ayant joué un rôle fondateur dans sa création, comme en 2015, les anciens présidents Yakubu Gowon et Gnassingbé Eyadema reçoivent les hommages dus à leurs rôles de pionniers. Seulement, le tableau n’est pas vraiment complet sans William Tubman.
Président modernisateur du Liberia, l’homme était le premier à essayer de créer une organisation de ce genre pour favoriser l’intégration en Afrique de l’Ouest. S’il échoue à concrétiser sa vision, c’est pourtant son idée qui a été à l’origine de la création de la CEDEAO.
Jeunesse d’un politique aux idées révolutionnaires
William Tubman est né le né le 25 novembre 1895 à Harper au Liberia. Son père est un pasteur méthodiste afro-américain originaire de l'État de Géorgie. Durant ses plus jeunes années, il grandit dans un environnement vicié par la domination des Libériens venus des Etats-Unis, sur les autochtones. Plutôt que de s’y complaire il décide de lutter contre ce qu’il considère comme une injustice. Il s’inscrit en cours de droit et devient avocat en 1917. Il exerce ce métier, pendant plusieurs mois, avant d’être nommé juge à la Cour de justice de Harper, sa ville natale. Pourtant, il quittera le droit pour devenir collecteur d’impôts, professeur et ensuite colonel dans la milice libérienne. Pour changer les choses, il comprend qu’aucun des métiers qu’il a pratiqué jusque-là ne vaut une incursion dans la vie politique. Il intègre le True Whig Party (TWP), qui domine l’arène politique locale depuis 1878. En 1923, il est élu au parlement et devient, à 28 ans, le plus jeune sénateur de l’histoire du Liberia. Réélu en 1929, il intègre l'équipe du vice-président Allen Yancy comme conseiller juridique.
Deux ans plus tard, un trafic scandaleux d’esclaves impliquant le gouvernement est révélé. William Tubman démissionne de ses fonctions de sénateur. En 1934 il revient au Sénat avant de démissionner à nouveau en 1937, pour prendre le poste de juge à la Cour suprême, qu’il occupe jusqu’en 1943.
Le père du Liberia moderne
Lorsque se posera la question de la succession du président Edwin Barclay, William Tubman, très populaire grâce à ses positions rassembleuses, fait partie des 6 candidats en lice et est même, avec le ministre des Affaires étrangères Clarence L. Simpson, l’un des favoris. Finalement, le natif de Harper l'emporte et est élu président le 4 mai 1943, à l’âge de quarante-huit ans.
Le pays, potentiel futur «émirat gazier», est contraint par la crise du covid-19 de revoir ses ambitions à la baisse dans ce secteur. Avec l’urgence de régler dans l’immédiat les conséquences désastreuses d’une récession imprévue
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 27/06/2020
Le coronavirus est passé par là. Il tue, mais il déstabilise de grands projets économiques et financiers à travers le monde. Le Sénégal, potentiel futur «émirat gazier», est ainsi contraint de revoir ses ambitions à la baisse dans ce secteur. Avec l’urgence de régler dans l’immédiat les conséquences désastreuses d’une récession imprévue.
Les déclarations du Président Macky Sall au journal britannique Financial Times du 23 juin ont sonné l’alerte et font craindre des lendemains difficiles pour l’économie sénégalaise et, surtout, pour les populations. «Si la pandémie de Covid-19 se poursuit, le Sénégal risque la récession économique. […] Cela ne fait aucun doute», a lâché le chef de l’État sénégalais. Après cinq années successives de croissance soutenue d’au moins 6,5%, le pays ne pourra pas dépasser 1% en 2020 «même si tout se passe bien». Le Président Sall, après avoir pourtant tablé sur une croissance d’environ 3% dès les premiers effets de la pandémie, met aujourd’hui le curseur sur les «effets dévastateurs» du Covid-19.
«Cette récession, tous les économistes l’ont vue venir. Nous avons dit à haute voix que le Président Sall était un peu trop optimiste de tabler sur une croissance de 3%. Pour moi, même 1% serait une performance inespérée du fait de notre modèle économique presque entièrement dépendant de l’étranger», souligne l’économiste sénégalais Mbaye Sylla Khouma interrogé par Sputnik.
Il y a de l’eau dans le gaz… et le pétrole
Pour un pays comme le Sénégal, explique à Sputnik un ex-haut fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances, la récession est «une baisse d’activité qui se traduirait par d’importantes moins-values fiscales par rapport aux prévisions. Quand on sait que 85 à 90% des recettes fiscales vont au paiement du service de la dette et aux salaires des fonctionnaires, on peut dire que la survie dépendra de la perfusion des bailleurs et de coupes sombres dans les programmes d’investissement publics de l’État». En plus de «la désorganisation de la campagne agricole, les secteurs secondaire et tertiaire seraient très affectés», précise cet ancien fonctionnaire qui a préféré gardé l’anonymat.
Un autre gros souci s’est imposé au gouvernement, c’est la remise en cause des grands projets bâtis autour des hydrocarbures. Depuis 2014 en effet, le Sénégal est dans le cercle des futurs grands producteurs de gaz et, dans une moindre mesure, de pétrole grâce aux découvertes des compagnies Kosmos Energy, Cairn, Woodside Energy et de leurs partenaires. Les réserves de gaz sont estimées à 700 milliards de mètres cubes. Celles de pétrole, autour de 500 millions de barils, devaient permettre au Sénégal de produire «une moyenne de 100.000 à 120.000 barils/jour» à partir de 2021. Aujourd’hui, cette échéance n’est plus tenable, confirme Macky Sall qui table sur un retard «d’un à deux ans» dans l’exploitation du gaz et du pétrole.
«Ce que le Président Sall n’a pas dit, c’est: que fait-on justement à partir du moment où on sait avec certitude que le pétrole et le gaz ne seront pas là aux dates indiquées?», interpelle Mbaye Sylla Khouma.
«C’est toute une stratégie qui prend l’eau»
Entre investissements prévus mais plombés par le Covid-19 d’une part et d’autre part les nouvelles stratégies envisagées, le Comité d’orientation stratégique des secteurs du pétrole et du gaz (COS PETROGAZ) créé par Macky Sall s’échine à trouver un juste milieu qui ferait aboutir les projets initiaux.
«Les compagnies et les techniciens sont en train d’y travailler pour évaluer», affirme laconiquement à Sputnik Barthélémy Sène, conseiller technique en communication du ministre sénégalais du Pétrole et des Énergies.
L'expert en actuariat, Abdou Cissé, lève le voile sur la garantie de convertibilité française sur la nouvelle monnaie ouest-africaine. Il y note beaucoup de non-dits
L'expert en actuariat, Abdou Cissé, lève le voile sur la garantie de convertibilité française sur la nouvelle monnaie ouest-africaine. Il y note beaucoup de non-dits.
LA BARRE DES 100 DÉCÈS FRANCHIE CE SAMEDI
Le Sénégal a franchi la barre des 100 décès liés à la Covid-19, selon les chiffres rendus publics samedi par les autorités.
Dakar, 27 juin (APS) – Le Sénégal a franchi la barre des 100 décès liés à la Covid-19, selon les chiffres rendus publics samedi par les autorités.
Quatre décès supplémentaires ont été enregistrés au cours des dernières 24h, ce qui porte à 102 le nombre de malades ayant succombé à la Covid-19, a rapporté le ministre de la Santé.
105 nouvelles contaminations ont été également signalées, ce qui porte à 6459 le nombre de cas déclarés dans le pays depuis le 2 mars 2020.
Sur 1009 tests effectués au cours des dernières 24h, 105 sont revenus positifs dont 84 cas contacts suivis et 21 issus de la transmission communautaires recensés à Dakar (17) Fatick (02), Mbour (01) et Saint-Louis (01).
Selon Abdoulaye Diouf Sarr, 62 malades ont été déclarés guéris tandis que 26 cas graves sont dans les structures de réanimation.
A ce jour, le Sénégal a dénombré 6459 cas dont 4255 guéris, 102 décédés et 2101 sous traitement.