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26 avril 2025
Politique
«JE NE SERAI PLUS LÀ DANS QUELQUE TEMPS»
Lors d’un panel de la Convergence des cadres républicains (Ccr) samedi, au King Fahd Palace, le chef de l’Etat a appelé ses camarades de parti à préparer l’éventualité de faire sans lui à la tête du pays, surtout dans le cadre de la mise en œuvre du PSE
Le président de la République appelle les cadres de l’Apr à travailler la main dans la main car, dit-il, «je ne serai plus là dans quelque temps». Macky Sall l’a dit samedi lors d’un panel de la Convergence des cadres républicains (Ccr). Est ce une réponse à la polémique sur un éventuel 3ème mandat ?
Quand Macky Sall évoque la question du 3ème mandat, c’est avec subtilité. Dans ce contexte où le débat fait rage, le président de la République semble faire une allusion à cette polémique après avoir demandé à ses collaborateurs de ne pas évoquer la question en public. Lors d’un panel de la Convergence des cadres républicains (Ccr) samedi, au King Fahd Palace, le chef de l’Etat a appelé ses camarades de parti à préparer l’éventualité de faires ans lui à la tête du pays, surtout dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse).«Je vous invite à cultiver la collégialité, la solidarité, notre devise comme les valeurs de travail et de dignité. Mais il faudra plus d’ouverture, de camaraderie pour sortir ce pays du sous-développement, peu importe celui qui va être là parce je ne serai plus là dans quelque temps», a lâché le Président Sall lors de ce panel placé sous le thème «Le Pse, bilan et perspectives : Quel Sénégal en 2035».
C’était devant Amadou Ba, Aminata Touré, Me Aïssata Tall Sall, Boun Abdallah Dionne, entre autres membres de la majorité présidentielle. L’éventualité pour l’actuel Président de faire un troisième mandat est un sujet particulièrement sensible au sein de la majorité présidentielle. Pour avoir défendu, au cours de l’émission «Grand jury» de la Rfm du 19octobre dernier que Macky Sall effectue son dernier mandat, Sory Kaba s’est retrouvé éjecté de son poste de directeur des Sénégalais de l’extérieur. Une semaine plus tard, Macky Sall s’est séparé de son conseiller Moustapha Diakhaté, «coupable» d’avoir jugé «contreproductive» la démarche du chef de l’Etat sur cette question.
«J’ai tardé à nommer Diouf Sarr»
Dans la même logique, le Président a autorisé la pour suite de la tournée nationale des cadres de son parti, interrompue lorsque Abdoulaye Diouf Sarr et Cie avaient effectué 31 départements. Dans le management de la Ccr, Macky Sall a encensé le maire de Yoff, sans manquer de jeter des pierres, par une allusion, dans le jardin de son prédécesseur Thierno Alassane Sall, devenu un opposant. «Je voudrais remercier le coordonnateur Abdoulaye Diouf Sarr pour avoir relancé la Ccr qui était en évanescence et se cherchait. Le rôle des cadres, c’est d’être à l’avant-garde du combat. Il s’agit de pénétrer et de maîtriser le programme politique, la stratégie et d’être les vecteurs de la transmission et du combat face aux imposteurs», a rappelé Macky Sall. Avant de déclarer :«J’ai tardé à nommer Diouf Sarr (à la tête de la Ccr).»
Macky tire sur les pourfendeurs de l’endettement
Par ailleurs, le président de la République a répondu à Ousmane Sonko, Mamadou Lamine Diallo et les organismes qui s’inquiètent du niveau de la dette. Sans les nommer, il a indiqué que le Sénégal s’endette pour son développement. «Il y a ce faux débat sur la dette. Quelle dette ? On ne s’est pas endetté pour faire du fonctionnement ni pour entretenir des fonctionnaires ou des politiciens. On s’est endetté pour les accès universels», a rectifié Macky Sall.
Pour lui, les populations des zones frontalières ne doivent pas attendre 50 ans pour avoir l’accès à l’électricité, à l’eau et à la santé. Aux politiciens, «relais de ces chants et sirènes», le Président les qualifie de «colporteurs de mauvais aloi». Macky Sall invite ses cadres à la «lucidité», mais à être «fiers» du bilan réalisé depuis 2012. «Il appartient aux cadres de le défendre avec véhémence et courage», a-t-il invité.
LE RECIT POIGNANT DE L’ÉPOUSE D'HABRÉ
L’ex-président tchadien, Hissène Habré, aurait fait un chute dans sa cellule du Cap Manuel et s’est retrouvé avec une fracture.
L’ex-président tchadien, Hissène Habré, aurait fait un chute dans sa cellule du Cap Manuel et s’est retrouvé avec une fracture. Son épouse explique les circonstances de l’accident dans ce récit poignant.
« Ce jour à 2h45 du matin, le Président m’a appelé car pris de vertiges, il a glissé dans la douche et est tombé. Son bras lui faisait mal et s’est mis à gonfler. Pendant 1 heure de temps, la porte de la cellule étant fermée, il a tambouriné pour appeler les gardes qui dormaient plus loin enfermés dans leurs chambres.
Le téléphone de secours mis récemment à sa disposition la nuit, après mes multiples demandes, depuis la crise cardiaque, lui a permis de m’appeler. Alertée, j’ai téléphoné à plusieurs gardes, en vain. Aussi, j’ai quitté les Almadies à 3 h du matin pour le Cap Manuel et nous avons réveillé tout le monde sur place.
La prison n’avait pas de chauffeur, nous avons alors pris le Président dans ma voiture avec les gardes pour le conduire à la clinique de la Madeleine. Là bas, une radio a permis de savoir que c’est une fracture. Les gardes pénitenciers qui m’accompagnent, informent leur hiérarchie qui parlent avec le médecin et décident de nous renvoyer à la prison après la pause d’une simple attèle, que le Président devrait garder 6 semaines, en venant chaque semaine pour un contrôle.
Je sollicite une mise sous observation de 48h à la clinique. Refus obstiné du médecin, il nous demande de revenir le lundi. Il faut repartir à la prison, nous répète- t-il sans arrêt. Aussi, ce comportement très particulier m’étonne, c’est ainsi que j’apprends que le refus d’hospitaliser le Président s’explique « par le buzz que ferait l’info de son hospitalisation !!».
Il est 5h45 quand on revient à la prison. Je donne un Doliprane au Président et je rentre chez moi vers 8h30. Je demande un autre avis médical en envoyant la radio du bras fracturé et en parlant du traitement préconisé consistant au port d’une attèle pendant 6 semaines. On me demande d’amener le Président à 15h à la clinique pour une petite intervention pour lui poser des petites broches. C’est impératif !
Je retourne au Cap manuel, il est 11h. La directrice du Cap refuse d’autoriser que le Président aille se faire opérer sous le prétexte que le système des attèles pour 6 semaines a sa préférence !! Pendant plus de 2 h de discussions stériles où la radiographie faite à la clinique de la Madeleine est aussi remise en cause.
A bout, et épuisée, j’ai dû appeler le deuxième médecin pour annuler les RV de l’anesthésiste, de la salle à la clinique pour l’intervention. J’ai compris que cette attitude très négative est due à la réponse faite à l’administration pénitentiaire qui avait démenti les problèmes de santé du Président, mais aussi, aux circonstances de cet accident, qui a mis à nu l’inexistence d’une capacité de réponse à une demande d’assistance et de secours du Président.
Cette triste situation a fait que j’ai dû quitter les Almadies, en pleine nuit, pour venir porter assistance au Président. C’est devenu un problème pour l’administration de la prison.
La volonté de prendre des sanctions a continué et la directrice a repris le téléphone d’urgence qui a permis au Président de m’informer de sa blessure à presque 3h du matin.
Une situation invraisemblable, qui a aujourd’hui, consisté en une obstruction aux soins d’urgence qui doivent être prodigués au Président, mais aussi, est assimilable à un refus de soins caractérisé, une maltraitance et une mise en danger aggravée d’une personne déjà malade dont le cas vient de devenir plus préoccupant et bien sûr, une violation grave des Règles de Mandela.
Fait à Dakar, le 16 novembre 2019
Mme Fatimé Raymonne Habré
LA FRANCE ET LE SENEGAL RENFORCENT LEUR LUTTE CONTRE L'IMMIGRATION IRREGULIERE
À l'occasion de la visite, à Dakar du Premier ministre français, Edouard Philippe, la France et le Sénégal ont renouvelé, dimanche, leur coopération dans la lutte contre les migrations irrégulières.
À l'occasion de la visite, à Dakar du Premier ministre français, Edouard Philippe, la France et le Sénégal ont renouvelé, dimanche, leur coopération dans la lutte contre les migrations irrégulières.
Sept semaines après un débat au Parlement français sur l'immigration voulu par Emmanuel Macron, la France et le Sénégal se sont engagés à "poursuivre une coopération efficace contre les migrations irrégulières".
"Une politique migratoire ce n'est pas qu'une addition de contraintes, c'est aussi l'expression de choix affirmés", a résumé M. Philippe, qui a été accueilli par le président Macky Sall, à Dakar, le 17 novembre. "La délivrance des titres de séjour doit répondre à des principes clairs et ne pas être le fruit d'une forme de passivité", a ajouté le Premier ministre devant la communauté française vivant à Dakar.
Parmi les leviers dont dispose la France, l'aide publique au développement, dont le budget total doit atteindre 0,55 % du PIB en 2022. Environ 2 milliards d'euros ont été distribués au Sénégal depuis 2007 : des "efforts" qui doivent "produire des résultats sur l'immigration irrégulière", souligne Matignon.
La France soutiendra ainsi la modernisation de l'état civil sénégalais ainsi que certains services de police et gendarmerie dédiés aux contrôles des frontières et à la lutte contre le trafic des migrants.
"Passeports talents"
Concernant l'immigration légale, Matignon salue la "vraie dynamique", "de l'ordre de 7 %", d'admission d'étudiants sénégalais (12 500 en 2019) dans l'enseignement supérieur français.
Edouard Philippe souhaite "augmenter le nombre de passeports talents", réservés aux étrangers disposant de certaines qualifications, "et de visas de circulation de longue durée". Il s'est aussi engagé à réduire de moitié, dès début 2020, les délais de traitement des demandes de visa.
Quatre feuilles de route ont été paraphées à l'issue du 4e séminaire intergouvernemental entre les deux pays : elles portent sur les enjeux de sécurité et de défense ; l'éducation, la jeunesse et la formation ; l'émergence du Sénégal ; la mobilité et la migration.
LE SÉMINAIRE INTERGOUVERNEMENTAL FRANCO-SÉNÉGALAIS, UN DES SUJETS EN EXERGUE
Dakar, 18 nov (APS) - Plusieurs sujets font le menu de la livraison de lundi de la presse quotidienne, parmi lesquels le séminaire intergouvernemental franco-sénégalais et le présumé trafic de faux billets visant le député Seydina Fall Bougazelli.
Le Soleil par exemple annonce que le Sénégal et la France ont signé "six accords de partenariat dans divers domaines de coopération’’, en marge d’un séminaire gouvernemental tenu dimanche, à Dakar.
Ce séminaire intergouvernemental s’est déroulé dans l’après-midi, peu après l’arrivée, dans la capitale sénégalaise, du Premier ministre français Edouard Philippe.
Plusieurs quotidiens reviennent, dans ce cadre, sur la restitution par la France du sabre du marabout El Hadj Oumar Tall, résistant à la pénétration coloniale. "Devant le khalife général des tidianes et le khalife général de la famille omarienne, le sabre de Cheikh Oumar Foutiyou Tall a été officiellement restitué hier, 17 novembre, à la présidence de la République du Sénégal’’, écrit Walfquotidien.
Selon ce journal, le Premier ministre français Edouard Philippe "s’est spécialement déplacé pour la remise de l’arme d’un des pionniers de la confrérie tidiane au Sénégal’’. "Sa place est ici’’, dit M. Philippe dans des propos rapportés par le journal Le Quotidien.
"Hier a été signée la convention du dépôt de sabre de El Hadj Oumar Tall entre les ministres des Armées de la République de France, Florence Parly, et le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop. Un processus qui marque le début de la rétrocession du patrimoine africain, qui dort dans les musées français’’, signale le même journal.
"Un moment à la fois solennel et historique !’’, relève Sud Quotidien, au sujet de cette cérémonie tenue à la salle des banquets de la présidence de la République, sous la présidence du chef de l’Etat sénégalais, lequel "a qualifié cet acte de retrouvailles pour +signer la paix des braves+ entre descendants d’anciens belligérants, déclarant ainsi que +ce jour est historique !+’’.
"Les grands hommes, comme leurs sabres, ne meurent jamais. Ils défient le temps’’, a déclaré Macky Sall lors de la restitution de cette relique historique, rapporte le quotidien Vox Populi.
"Malgré le symbolisme et l’euphorie légitime qui ont ponctué la présentation du sabre d’El Hadj Omar Tall (...), la restitution intégrale va être un peu plus compliquée qu’il n’y parait’’, souligne le quotidien Enquête, parlant de "flou artistique autour d’un +dépôt-restitution+’’.
Un autre sujet en exergue concerne le présumé trafic de faux billets de banque dans lequel le député Seydina Fall Bougazelli est cité. "Bougazelli, billet retour à la gendarmerie’’, affiche L’Observateur. Le quotidien annonce que ce dernier ’’est attendu aujourd’hui (lundi) à la section de recherches de Colobane’’, après avoir fait faux-bord vendredi.
"Interné depuis vendredi dernier, dans une clinique de la place, à la suite d’un +malaise+ lui ayant occasionné une +hyperglycémie+, le député Seydina Fall Bougazelli avait fait faux bond aux gendarmes’’, écrit le journal.
"Au procureur de jouer’’, indique le quotidien Enquête, qui souligne que selon le Code de procédure pénale, seul le maître des poursuites peut contraindre Bougazelli à comparaître. Il note que dans cette affaire, un Burkinabè a été aussi arrêté, portant à six le nombre de complices qui seront déférés ce lundi.
"Fin de cavale ?’’, s’interroge le quotidien Kritik’, selon lequel le député Bougazelli a promis, par sms, de se livrer aux gendarmes ce lundi. Le journal, citant le garde des Sceaux, Malick Sall, précise toutefois que cette affaire ’’n’est pas encore devant la justice’’.
D’autres journaux dont Walfquotidien relaient les propos du chef de l’Etat sur la dette, des déclarations faites par Macky Sall lors du panel organisé par les cadres de son parti "pour répondre à ses détracteurs qui parlent de l’endettement du Sénégal’’.
’’Pour le chef de l’Etat, note Walfquotidien, cet endettement est universel car aucun pays ne saurait se développer sans endettement’’.
L’Observateur fait remarquer que le débat sur la dette ’’énerve Macky Sall’’. ’’On ne s’endette pas pour entretenir des fonctionnaires et des politiciens (...)’’, assène-t-il sur ce sujet, des déclarations reprises par le journal à sa Une.
BK/ASG
PAR Jean-Baptiste Placca
FRANC CFA, L'IMPOSSIBLE DÉBAT
À force de répéter que la monnaie est un sujet bien trop compliqué pour être laissée au grand public, ceux qui se prétendent défenseurs du franc CFA ne risquent-ils pas de donner l'impression de manquer d'arguments pour défendre leur position ?
RFI : Plus que jamais, le devenir du franc CFA est au cœur du débat public, sur le continent. Mais comment expliquer que Patrice Talon, le chef de l’Etat béninois, ait été, de fait, « recadré » par un ancien cadre de la BCEAO, pour avoir évoqué la nécessité de rapatrier les réserves de change des pays de la zone franc domiciliés dans les livres du Trésor français ?
Parce que, sous couvert de technicité, certains s’emploient systématiquement à dénier aux autres le droit d’émettre un avis sur une monnaie qui conditionne leur vie, conditionne le sous-développement de leur pays et, peut-être même, leur dénuement. Il va pourtant laisser les Africains s'exprimer, exprimer leurs angoisses, si l’on ne veut pas courir le risque de se retrouver avec une réforme approximative, qui néglige l’intérêt général. Il y a bien trop d’exemples qui illustrent le meilleur et le pire auxquels l’on peut parvenir, en suivant une voie autre que celle de la Zone franc. L'intérêt du débat est d'explorer toutes les pistes, de n'en négliger aucune.
Vous aurez remarqué que le technicien ou technocrate de la monnaie ne s’est pas contenté de recadrer le chef de l’État béninois. Il a aussi recadré le chef de l’État français, pour finir par proposer une piste qui revient précisément à donner le premier rôle à la France, donc au président de la France, à qui il demande d’organiser les concertations. Il va falloir aux uns et aux autres faire preuve d’humilité et d’honnêteté, pour espérer avancer un peu.
Patrice Talon suggère de rendre le contrôle de l’intégralité des réserves de change à la BCEAO (ou à ce qui tiendra lieu de banque centrale, à la place). Il n’est pas allé trop loin, pas plus que le chef de l’État ivoirien qui, au sortir d’une audience avec son homologue français, annonçait, il y a quelques semaines, de beaux jours pour le franc CFA, tel qu’il est. Les discours contradictoires de ceux qui s’estiment les mieux qualifiés ne font qu’embrouiller l’opinion.
Si le franc CFA est une si bonne affaire pour elle, pourquoi la France accepte-t-elle aussi facilement ce que le ministre français de l’Économie et des Finances appelle « une réforme ambitieuse » ?
Sans doute parce que l’impopularité que lui coûte cette monnaie est bien trop importante, par rapport aux bénéfices qu’elle en tire ou peut en tirer. Il y a déjà un moment que la France n’est plus la principale bénéficiaire des avantages supposés de cette monnaie. À l’origine, la Zone franc avait été conçue pour favoriser les transactions entre les pays africains concernés et les entreprises françaises. Et, surtout, pour faciliter le transfert (le rapatriement) de leurs bénéfices vers la métropole. Or, dans les faits, la parité fixe et la convertibilité du franc CFA profitent essentiellement, aujourd’hui, à la Chine, à quelques pays émergents et, accessoirement, à deux ou trois grands groupes français, héritières d’une certaine économie d’empire.
Emmanuel Macron rêve, lui, d’une autre économie, avec des start-up, des entreprises jeunes et dynamiques dans les divers secteurs d’une économie moderne, prospérant, par exemple, dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Davantage que la plupart de ses prédécesseurs, nostalgiques de privilèges bâtis sur des liens historiques à ne perdre à aucun prix, il préférerait que son pays ait bonne réputation sur un continent qui, bon gré mal gré, comptera, et comptera beaucoup, demain, sur l’échiquier mondial.
Mais une réforme ambitieuse n’est pas pour autant la fin de la Zone franc…
Exactement ! On oublie trop souvent que dans le train de l’euro, l’Afrique est comme un passager clandestin, emmené par la France dans ses bagages. Concrètement, la Zone franc n’existe qu’indirectement, et sur le contingent de la France, en zone euro. La BCEAO n’est, par exemple, pas une interlocutrice de la Banque centrale européenne. Pas plus que la BEAC. C’est toujours la France, et pas la BCE qui garantit la convertibilité…
Cette garantie joue-t-elle vraiment ?
Jusque dans les premières années de la décennie 90, elle n’avait jamais joué, ou si peu. En 1993, la France était, pour la deuxième fois, en cohabitation. Et Jacques Chirac avait envoyé à Matignon son ami de trente ans, Edouard Balladur. Ce dernier, en rupture avec Chirac, l’Africain, a décidé que le Trésor français ne pouvait continuer à couvrir les défaillances de l’assuré Zone franc. Il envoya donc les pays de la Zone franc se faire imposer une dévaluation par le FMI. Un peu comme si, pendant vingt ans, vous aviez payé vos primes d’assurance, sans jamais avoir d’accident. Et que, pendant deux petites années, vous aviez deux ou trois sinistres, et que l’assureur en prenait prétexte pour vous imposer d’aller à pied quatre jours sur sept. En l’occurrence, ici, cela a consisté en une dévaluation de 50%.
Du coup, du jour au lendemain, la dette extérieure des Etats et des entreprises doublait. Air Afrique, qui s’était lourdement endettée pour acquérir des Airbus flambant neufs, mourra de ne pouvoir doubler ses tarifs pour honorer ses remboursements.
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"POUR RÉPARER LE MONDE, IL EST IMPORTANT DE REGARDER DANS LES ARCHIVES AFRICAINES"
Le philosophe camerounais Achille Mbembe, revient sur les Ateliers de la pensée, organisés à Dakar. Il estime que "dans les traditions précoloniales, l'humain n'était pas au-dessus de tout"
"Le monde est en train de brûler, on parle de déclin, d'effondrement", commence par rappeler Achille Mbembe, dans une interview accordée à France 24 à l'occasion des Ateliers de la pensée organisés à Dakar. "Les ateliers sont le lieu de production et dissémination des idées nouvelles sur le continent. C'est un impératif."
Parmi les thèmes abordés, la restitution des œuvres d'art en Afrique : "Le musée tel qu'il existe est une institution occidentale moderne. Les objets avaient pour vocation de disséminer les énergies vitales, d'accompagner les communautés. Si on veut réanimer ces objets, il faut les libérer du musée conçu par l'Occident au XIXe siècle, il faut les sortir de la captivité", affirme Achille Mbembe.
Sur l'immigration, le philosophe camerounais déplore que les jeunes du continent risquent leur vie pour une Europe "qui tourne en rond, qui n'en veut pas".
Quant à l'écologie, Achille Mbembe appelle à replonger dans les archives. "Dans nos traditions pré-coloniales, l'humain n'était pas au-dessus de tout. Nos crises, y compris écologiques, découlent de la croyance que l'humain est supérieur aux autres espèces. Ce n'était pas une conception africaine. Pour réparer le monde, il est important de regarder dans ces archives africaines."
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FCFA, L'AFRIQUE PEUT-ELLE RETIRER SES RÉSERVES DE CHANGES DU TRÉSOR FRANÇAIS ?
50 % des réserves de change du franc CFA sont déposés à la Banque de France. Patrice Talon a émis le souhait de les retirer. Est-ce possible ?
50 % des réserves de change du franc CFA sont déposés à la Banque de France. Patrice Talon a émis le souhait de les retirer. Est-ce possible ? On vous explique.
par Ousmane Ibrahima Dia
LE DÉSENCLAVEMENT DE L’ÎLE À MORPHIL
Depuis quelques mois, les habitants sont sous le charme de cette route bitumée. Le goudron, comme on appelle ici, était un rêve. Pour la première fois depuis l’Indépendance, les populations viennent d’en bénéficier
La traversée du marigot de Doué en direction du Nord marque l’entrée dans l’Ile à Morphil, vaste bande de terre comprise entre le fleuve Sénégal, au Nord, et le marigot de Doué, au Sud. Quoi de neuf sur ces espaces en cette matinée de novembre 2019 ? Il y a d’abord la routine. Les agriculteurs qui ont engagé les travaux de culture dite ‘’jabbere waalo’’’. Autrement dit, la période de semis des terres du waalo avec la décrue. Depuis toujours, le rituel est le même. Une campagne de semis mobilise tous les bras de la famille. Voilà pourquoi certaines quittent le village et s’installent dans leur champ pendant un mois voire plus, dans des conditions sommaires, bravant les rigueurs du climat.
Il y a cette routine. Mais un élément nouveau est venu s’ajouter au décor : depuis quelques mois, les habitants de l’Ile à Morphil, sont sous le charme de cette route bitumée. Le goudron, comme on appelle ici, était un rêve. Pour la première fois depuis l’Indépendance du Sénégal, les populations viennent d’en bénéficier à la faveur d’un programme de désenclavement de l’Ile à Morphil lancé par le gouvernement en 2017.
Voilà une bonne nouvelle pour les habitants des arrondissements de Cas-Cas et de Saldé et autres qui longtemps ont souffert de l’enclavement particulièrement en période d’hivernage, lorsque sortir ou entrer dans l’Ile était une véritable équation. Par exemple, combien de fois les voyageurs en provenance de Dakar ont-ils été bloqués des heures durant à Ngouye ou à Madina Ndiathbé à cause d’un bac défectueux, d’une route envahie par les eaux ? Combien de fois les voyageurs ont-ils risqué leur vie à bord de petites embarcations au milieu de ces eaux qui s’étalent à perte de vue ?
Le désenclavement de l’Ile à Morphil était une doléance majeure de ses habitants. Ces dernières années, des actions ont été posées. On peut citer l’installation de bacs modernes à Madina Ndiathé et à Ngouye. Ensuite, il y a eu la construction du pont de Ngouye et celui de Madina Ndiathbé vanté partout par l’ancien ministre de la Communication Bacar Dia qui qualifia l’infrastructure d’’’ascenseur social’’.
Après les ponts, voici donc la route. De quoi ouvrir de lendemains meilleurs dans cette partie du Sénégal où se déplacer d’un village à un autre relevait d’un parcours du combattant tant les moyens de transport étaient inexistants. Sur les pistes latéritiques, il y avait l’horaire en provenance de Dakar, attendu avec impatience dans tous les villages, les véhicules de service et des projets mis en œuvre dans la zone, de rares voitures de particuliers et les…..charrettes. Aujourd’hui, un embryon de système de transport en commun se met en place. Pont, route : toutes ces infrastructures facilitent la circulation des personnes et vont permettre aussi le transport des produits de l’agriculture. Dans cette zone frontalière, voilà qui assure également la présence permanente des Forces de sécurité.
AUDIO
OBJECTION AVEC CHEIKH OUMAR SY
Le président de l'observatoire des indicateurs de déveeloppement économique en Afrique, est l'invité de Baye Oumar Guèye
Cheikh Oumar Sy, président de l'observatoire des indicateurs de développement économqiue en Afrique, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
DÉBAT RELANCÉ AUTOUR D'UNE RÉFORME DU FCFA
Ce chantier compliqué est à nouveau évoqué depuis les propos du président béninois, qui a affirmé vouloir retirer les réserves de change de la devise déposées en France
Le Monde Afrique |
Mariama Darame |
Publication 16/11/2019
Comme à intervalles réguliers, la polémique s’est ranimée autour du franc CFA. Une nouvelle poussée de fièvre liée aux récentes déclarations, le 7 novembre, du président du Bénin Patrice Talon. Sur RFI et France 24, celui-ci annonçait le retrait des réserves de change du franc CFA déposées en France.
M. Talon affirmait que la BCEAO, la banque centrale des Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont le Bénin fait partie, allait « gérer la totalité de ces réserves de devises » et « les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires [de l’UEMOA] dans le monde ». Actuellement, le franc CFA est utilisé dans quatorze pays répartis en deux zones monétaires : l’UEMOA et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac).
Ces pays doivent déposer 50 % de leurs réserves de change en France, l’autre moitié étant à la disposition des deux banques centrales de la zone franc, soit la BCEAO et son homologue des Etats d’Afrique centrale, la BCEAC. En contrepartie, ils obtiennent une convertibilité illimitée avec l’euro, ce qui leur permet d’asseoir leur crédibilité à l’international, notamment auprès des opérateurs économiques.
Controverse sur la légitimité de la devise
Sans fournir de date précise, le chef de l’Etat béninois a souligné que ce déménagement des avoirs en franc CFA logés au Trésor français aurait lieu « très rapidement ». « Nous sommes tous d’accord là-dessus, à l’unanimité, pour mettre fin à ce modèle », a-t-il assuré. Aucun dirigeant africain n’a pourtant réagi publiquement à cette proposition. Celle-ci a, en revanche, relancé la controverse sur la légitimité de cette devise, perçue par certains comme un gage de stabilité, mais par beaucoup d’autres comme l’ultime avatar du colonialisme. Et suscité un débat d’experts sur la possibilité d’une réforme, et ses modalités.
« La proposition de Patrice Talon est faisable », affirme Ruben Nizard, économiste français, spécialiste de l’Afrique chez l’assureur-crédit Coface. « La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest aurait le contrôle complet de ses réserves et pourrait en disposer librement », précise-t-il. Néanmoins, nuance-t-il, avec une telle décision, « on touche à l’un des piliers des mécanismes de la zone franc qui est celui de la centralisation des réserves ». Nul ne peut garantir que Paris continuera à assurer la convertibilité totale de la devise avec l’euro si le « compte d’opérations » où sont déposées les réserves, au sein du Trésor français, est fermé.
« La proposition de Patrice Talon est faisable », affirme Ruben Nizard, économiste français, spécialiste de l’Afrique chez l’assureur-crédit Coface. « La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest aurait le contrôle complet de ses réserves et pourrait en disposer librement », précise-t-il. Néanmoins, nuance-t-il, avec une telle décision, « on touche à l’un des piliers des mécanismes de la zone franc qui est celui de la centralisation des réserves ». Nul ne peut garantir que Paris continuera à assurer la convertibilité totale de la devise avec l’euro si le « compte d’opérations » où sont déposées les réserves, au sein du Trésor français, est fermé.
« Les dynamiques de croissance de ces pays ne dépendent pas de leurs situations intérieures mais de la conjoncture de l’euro. Aujourd’hui, c’est une monnaie qui a tendance à être plus forte que le dollar qui reste la principale monnaie du commerce international, notamment pour les matières premières », soutient-il. La BCEAO et la BCEAC seraient contraintes de s’aligner sur des politiques monétaires jugées inadaptées aux enjeux de développement auxquels ces Etats font face. « La question du déplacement des réserves de change du Trésor français est symbolique, mais ce n’est pas l’aspect le plus essentiel. Il est important de savoir si on va mettre fin ou pas à la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone franc », argue l’économiste sénégalais.
Paris s’en tient pour sa part à sa position de principe, affirmant que la balle est dans le camp des dirigeants africains. « Si une majorité d’Etats membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse, nous répondrons oui », a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire, au lendemain de l’annonce de Patrice Talon.
L’avenir du franc CFA est, quoi qu’il en soit, soumis à des fortes questions puisque les quinze pays qui forment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – incluant les huit Etats de l’UEMOA et sept autres pays dont le gigantesque Nigeria – ont annoncé fin juin vouloir adopter en 2020 une monnaie unique, baptisée « eco ». « Il y a un projet d’intégration monétaire qui est là mais, pour que ça aille plus loin, il faut matérialiser ce divorce avec le Trésor français. C’est une des conditions posées par le Nigeria », affirme M. Sylla. Mais, pour de nombreux analystes, l’eco peine à convaincre comme alternative crédible au franc CFA. De quoi alimenter encore les arguments entre pro- et anti-franc CFA.