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26 avril 2025
Politique
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PLAIDOYER POUR UN NOUVEL ORDRE DE L’INFORMATION ET DE LA PRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le débat en cours dépasse la seule question des arriérés d'impôts. Il interroge la pérennité d'un modèle de presse fragilisé et appelle à une refonte des rapports entre médias et personnel publique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 15/06/2024
38 milliards, c’est la somme que les services de la Direction Générale des Impôts et Domaine (DGID) réclament aux entreprises de presse en arriérés : 13 milliards pour dette fiscale et 25 milliards pour redevances dues à l’Agence de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP). Une trentaine d’entreprises de presse serait concernée.
Pour récupérer cette somme due, la DGID a procédé au blocage des comptes des entreprises débitrices. Alerté, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), demande par la voix de son président M. Mamadou Ibra kane « un arrangement » pour permettre « la main levée sur les comptes bancaires des entreprises de presse… »
Un « arrangement » entre les entreprises de presse et le fisc est recevable car prévu par le Code des impôts et conforme à la pratique habituelle des services de recouvrement de l’impôt.
Il est prévu que ces derniers puissent convenir avec l’entreprise interpellée de modalités de paiement d’arriérés d’impôt selon un échéancier de paiement soutenable, sur la base de ses états financiers.
L’article 706 du Code général des Impôts (CGI), indique en effet que « le contribuable, en situation économique ou financière difficile, qui reconnaît le bien-fondé d’une imposition établie à son nom, peut introduire une demande de remise ou de modération de sa dette fiscale ».
Il suffit aux entreprises de presse concernées d’introduire auprès du ministère des Finances sous le couvert de la DGID, une demande de remise ou de modération de la dette fiscale et de main levée sur leurs comptes.
Mais ce n’est pas la première fois que les entreprises de presse sont interpellées par le fisc pour arriérés d’impôts et taxes. C’est arrivé sous le régime du président Abdoulaye Wade puis de M. Macky Sall.
Une solution pérenne est donc requise.
C’est d’ailleurs le plaidoyer que le président Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), porte : « Nous ne refusons pas de payer, et nous payons nos impôts. Par contre, ce que nous demandons, c’est que compte tenu de la spécificité du secteur, qu’il y ait une fiscalité adaptée comme en France et ici au Sénégal dans les secteurs de l’agriculture, du logement social, de la santé. »
De la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal
On devrait en effet considérer la récurrente crise fiscale et adresser la question de la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal. Que le législateur revoie les dispositions du Code de l’impôt relatives à l’entreprise de presse pour introduire une déduction spéciale de l’impôt comme on l’a fait récemment en France.
Dans le même temps, on devrait réviser la loi sur la publicité de 1983 (Loi N° 83.20 du 28 janvier 1983) afin de promouvoir et développer le secteur de la publicité, seul susceptible de financer les médias et d’assurer leur viabilité économique à long terme.
De même, une révision en profondeur du Fonds d’Appui à la Presse s’impose aussi bien dans sa gestion que dans son utilisation.
Il devrait être géré désormais pour plus de transparence, non plus par le ministère de l’Information et de la communication, mais par le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA).
Il devrait être affectée pour partie à des appuis indirects, formations spéciales et frais de séjour de couverture d’événements mondiaux incontournables par exemple notamment et pour partie comme caution auprès de la Banque Nationale de Développement pour le financement des projets d’équipement des entreprises.
Liquider le conflit politique récurrent entre l’Exécutif et les médias
Mais voici qu’en marge du contentieux sur les dettes fiscales, la presse, tout au moins une partie significative de celle-ci, s’attaque au nouveau régime, en ciblant particulièrement le Premier ministre Ousmane Sonko.
Une information fabriquée de toute pièce est reprise selon laquelle il est le seul responsable de l’affectation d’un officier supérieur de l’armée, sans aucun respect des procédures et protocoles habituels, juste pour régler un compte personnel.
Ses propos sur l’homosexualité sont relevés et mis en exergue pour indiquer que sa position sur la question a changée, histoire de semer le trouble au sein de ses soutiens qui y sont particulièrement sensibles.
Il réagit avec colère et défiance : on crie haro sur l’intolérant, sur l’islamiste menaçant les bonnes mœurs démocratiques.
Apparemment, cette presse prend en charge le combat politique contre le régime du Pastef de l’opposition politique, pour faciliter la remise sur pied de celle-ci. A moins qu’elle ne cherche à provoquer littéralement le gouvernement Diomaye Faye /Ousmane Sonko, pour l’accuser ensuite d’atteinte à la liberté d’expression voire aux droits de l’homme.
Rêve-t-on plutôt de rétablir le « deal » qu’on avait avec le président Macky Sall qui avait coopté nombre de patrons de presse et crée de toutes pièces une presse « marron beige » au service de ses combats ?
Ce n’est évidemment ni de la mission ni de l’intérêt de la presse de prendre en charge le combat politique de l’opposition ou de se mettre au service du gouvernement. Elle devrait plutôt considérer que les entreprises de presse sont pour la plupart exsangues économiquement et que les journalistes en sont les premières victimes.
Elle devrait se préoccuper des voies et moyens pour remplir sa mission première : produire et diffuser quotidiennement l’information nécessaire au fonctionnement de la société et de la démocratie. Aussi est-il urgent d’établir des « rapports normaux » entre l’administration politique et la presse.
Pour un nouvel ordre de l’information et de la communication
Que les patrons de presse, car ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause ici, considèrent qu’ils n’ont pas affaire ici à un quelconque Comité de transition monté par des colonels en rupture de ban, mais à un régime dont le président a été élu au premier tour d’une élection on ne peut plus démocratique. Que ceux d’entre eux qui ont partie liée avec l’ancien régime, soient inquiets à l’idée de devoir rendre compte et rendre gorge, cela se comprend.
Appelons-les pourtant à s’imposer ce « minimum de discrétion » (concernant par exemple les informations du secret défense), ce « minimum de sérieux » (pour ne pas publier des informations mensongères en connaissance de cause ou par défaut de vérification) et ce « sens des responsabilités » auquel appelait ce spécialiste de droit public français[1].
Appelons l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à considérer que l’information est un bien commun fondamental qu’il faut sauvegarder vaille que vaille.
Oui, l’information est un bien commun dans le sens de la déclaration de l’UNESCO : elle contribue à la formation du citoyen et à son expression, à la dissémination du savoir, à l’expression de la culture, au bon fonctionnement des institutions et au renforcement de la démocratie.
Que l’administration du président Diomaye Faye se convainque que la presse dans sa majorité travaille effectivement à produire et à diffuser ce bien commun qu’est l’information qui est indispensable non pas seulement au succès du « Projet », mais à l’avènement de la nouvelle société à laquelle les Sénégalais aspirent.
Qu’elle se convainque que le droit des Sénégalais à une information plurielle et sans filtre, corollaire de la liberté de la presse, est indispensable à l’atteinte des objectifs de souveraineté nationale et d’émancipation sociale.
C’est pourquoi il revient à l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko de proposer à la presse et de mettre en œuvre un nouvel ordre de l’information et de la presse au Sénégal.
Ce nouvel ordre devra imposer les règles élémentaires qui régissent toutes les entreprises de presse partout à travers le monde : le respect de l’éthique professionnelle, la transparence concernant aussi bien les bailleurs et propriétaires, que la ligne éditoriale, les tirages et les parts d’audience.
Le respect aussi de la convention collective des journalistes et techniciens. Le paiement régulier des impôts et taxes. Ainsi que les cotisations sociales des employés.
Le nouvel ordre auquel nous appelons ici a pour objet de mettre en place un partenariat entre les entreprises de presse, l’administration publique, les organisations de la société civile spécialisées et les organisations professionnelles (notamment le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias au Sénégal (CORED) pour le bien de la corporation toute entière. Et pour le renforcement de la démocratie.
LA CONCRÉTISATION DES BAISSES DE PRIX SE FAIT ATTENDRE
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais
(SenePlus) - Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye a annoncé jeudi dernier les premières mesures destinées à lutter contre la vie chère, un sujet brûlant sur lequel les nouvelles autorités sont très attendues depuis leur prise de pouvoir il y a deux mois et demi. Parmi ces mesures, une diminution négociée des tarifs du sucre, du riz, de l'huile et du pain devrait en théorie entrer en vigueur dans le courant de la semaine prochaine. Mais sur le terrain, cette baisse tant espérée semble encore loin d'être une réalité, comme l'a constaté la correspondante de RFI à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff, lors d'un reportage au marché Tilène.
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Un épicier interrogé confie : "Si les grossistes baissent, ça va diminuer, sinon non, ça ne va pas diminuer parce qu'on achète ça cher. Actuellement, 610 FCFA le sac [de sucre]. On passe parfois à 700, 675 FCFA." Bien loin donc de l'objectif fixé à 600 FCFA maximum le kilogramme.
Pour le riz brisé, c'est la même inconnue. Le gouvernement a négocié 40 FCFA de baisse pour ramener le prix à 410 FCFA le kg, mais sur le marché, il se négocie encore à 640, voire 600 FCFA. Un grossiste de produits alimentaires se dit pourtant "impatient qu'on les fasse appliquer pour qu'on puisse travailler correctement". "Maintenant, comme les autorités les ont fixés à 600 FCFA, je pense que tous les clients voudront bénéficier de ce nouveau prix et les vendeurs devront modifier", espère-t-il dans des propos rapportés par RFI.
Pour accompagner cette transition, le gouvernement a promis la création de "boutiques-témoin" pour encourager la baisse. Du côté de la baguette de pain, la réduction de 15 FCFA devrait être plus aisée à appliquer selon un boulanger : "C'est le gouvernement qui fixe les prix. S'il y a un accord avec le patronat, peut-être qu'ils vont l'appliquer." Une suspension des droits de douane sur le blé à partir d'août est d'ailleurs prévue pour compenser.
Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes de 15 à 50 FCFA semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais, alors que le prix du riz a presque doublé en trois ans, dans un contexte d'inflation galopante. "Non, ce n'est pas suffisant", répondent ainsi de nombreux clients, espérant que d'autres mesures plus ambitieuses suivront.
MALICK NDIAYE PREVIENT CONTRE TOUTE HAUSSE
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a mis en garde les opérateurs de transports en commun contre l’augmentation des tarifs des voyageurs pour les régions de l’intérieur durant cette période de tabaski
Dakar, 14 juin (APS) – Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a mis en garde les opérateurs de transports en commun contre l’augmentation des tarifs des voyageurs pour les régions de l’intérieur durant cette période de tabaski, les exhortant au respect stricte de la réglementation.
‘’En cette période de grands départs pour les fêtes de la Tabaski, les services des ministères chargés des Transports terrestres et du Commerce ont constaté une hausse exagérée des tarifs pratiqués pour les déplacements interurbains de voyageurs’’, a-t-il déclaré.
Dans un communiqué transmis à l’APS, le ministre rappelle que les tarifs des transports publics routiers de personnes sont encadrés par une réglementation en vigueur.
Ainsi, Malick Ndiaye informe ‘’les usagers qu’aucune augmentation des tarifs n’a été discutée, encore moins arrêtée avec les opérateurs’’ et par conséquence, ‘’toute hausse unilatérale des tarifs serait de la seule responsabilité des opérateurs ou gestionnaires des gares routières’’.
Selon lui, les auteurs de cette hausse sur le prix des billets de transport encourent des sanctions conformément à la réglementation en vigueur.
‘’Toute augmentation des tarifs constituerait une violation de la réglementation sur les tarifs de transport routier et de la loi n°2021-25 du 12 avril 2021 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique’’, prévient M. Ndiaye.
Il exhorte les opérateurs de transports en commun à veiller à l’application stricte de la réglementation sur les tarifs.
Dans le cas contraire, ajoute t-il, la tutelle ”se réserve le droit de prononcer, à l’encontre de tout contrevenant, les sanctions prévues par les lois et règlements en vigueur’’.
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens demande aux autorités contractantes et au Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (CETUD) de ‘’surveiller de près les réelles pratiques tarifaires durant cette période de fête pour faciliter les déplacements des citoyens qui souhaitent rejoindre leurs proches’’.
Malick Ndiaye invite les Forces de sécurité, chargées du contrôle routier, à ”veiller strictement au respect des tarifs actuels”.
VIDEO
LA BAISSE DU COÛT DE LA VIE EST INSIGNIFIANTE SELON CHEIKH OUMAR ANNE
Cheikh Oumar Anne constate un surplace plutôt qu’une baisse des prix par le régime de Diomaye Faye. L’ex-ministre de l’Education nationale, qui estime que tout ce qui peut alléger le panier de la ménagère est le bienvenu, semble déçu.
Cheikh Oumar Anne constate un surplace plutôt qu’une baisse des prix par le régime de Diomaye Faye. L’ex-ministre de l’Education nationale, qui estime que tout ce qui peut alléger le panier de la ménagère est le bienvenu, semble déçu.
Il rappelle que les nouvelles autorités ont «tellement promis aux Sénégalais» que ces mesures ne peuvent avoir d’effets sur la vie des citoyens. «Pendant la campagne électorale, ils s’étaient engagés à donner de l’emploi aux jeunes, à dégager le système pour mettre le Projet», a-t-il rappelé. Or, sur cette réduction du coût de la vie, il estime que c’est «insignifiant». «Et ils ont même fait fi d’une étape importante et décisive, la tenue du Conseil national de la consommation, excluant ainsi les acteurs du secteur. Bref, ce Projet qu’on nous a vendu, c’est de la tromperie».
LE NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE INSTALLÉ DANS SES FONCTIONS
L’inspecteur Aliou Ciss a promis ”de ne ménager aucun effort pour œuvrer à la sécurisation des établissements pénitentiaires et à la préparation à la réinsertion sociale des détenus”.
Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a installé, vendredi, l’inspecteur Aliou Ciss dans ses nouvelles fonctions de directeur général de l’Administration pénitentiaire, en remplacement du colonel Abdoulaye Diagne.
La cérémonie s’est déroulée au camp pénal de Liberté 6, en présence de plusieurs autorités militaires, civiles et administratives.
Le nouveau directeur général de l’Administration pénitentiaire a promis ”de ne ménager aucun effort pour œuvrer à la sécurisation des établissements pénitentiaires et à la préparation à la réinsertion sociale des détenus”.
Premier directeur issu du personnel pénitentiaire, Aliou Ciss a indiqué qu’il s’agira pour lui d’inscrire en priorité l’humain au cœur de son action en s’attelant à ”améliorer des conditions de détention et de préparation à la réinsertion sociale, au renforcement des capacités opérationnels du personnel et à la revalorisation de la fonction de pénitentiaire”.
Il a relevé que ”nonobstant les progrès réalisés, le système pénitentiaire sénégalais souffre aussi de problèmes spécifiques liés aux longues détentions provisoires, la surpopulation carcérale, la vétusté et l’inadaptation de l’architecture carcérale et l’inadéquation entre la capacité d’accueil des établissements pénitentiaires et l’effectif carcéral”.
S’y ajoute, a t-il listé, ”la faible application des peines alternatives à l’incarcération et des modes d’aménagement des peines, l’insuffisance du personnel pénitentiaire, ainsi que le manque de personnels spécialisés, conformément à l’ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, dénommées Règles de Nelson Mandela”.
Fort de ce constat, le nouveau directeur général de l’Administration pénitentiaire a annoncé la mise en place prochaine d’un plan stratégique qui prendra en compte les réformes juridiques et tous ces aspects, ainsi que l’amélioration des conditions de travail du personnel.
LITIGE FONCIER, LE PREMIER MINISTRE A REÇU UNE DÉLÉGATION VENUE DE NDINGLER
Depuis des années les paysans du village de Ndingler dénoncent « l’accaparement » de leurs terres par le groupe agro-alimentaire Sedima. En 2020 le Président Bassirou Diomaye, à l’époque inspecteur des impôts avait dénoncé cette expropriation des terres.
Le chef du gouvernement Ousmane Sonko a reçu, vendredi, une délégation du village de Ndingler dirigée par le chef de village Abdoulaye Galgor DIONNE en présence du directeur exécutif d’Amnesty International à Dakar.
« Le PM Ousmane Sonko a reçu ce matin une délégation de Ndenglér accompagnée par monsieur Seydi Gassama d'Amnesty et le héros Abdoulaye Galgor Dionne», a-t-on appris.
Depuis des années les paysans du village de Ndingler dénoncent « l’accaparement » de leurs terres par le groupe agro-alimentaire Sedima.
En 2020 le Président Bassirou Diomaye, à l’époque inspecteur des impôts avait dénoncé cette expropriation des terres appartenant à des paysans.
L’entreprise sénégalaise, spécialisée dans l’élevage de volailles, avait acquis en 2019 un titre foncier sur 225 hectares dans la zone pour développer un projet d’agro-business. Mais les paysans de Ndingler protestent toujours, au nom du droit coutumier.
PAR Birane Gaye
LES SÉNÉGALAIS ONT CHOISI LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES. Le 24 mars, le peuple a lancé un message clair au nouveau pouvoir. Il faut savoir l’entendre et se méfier des sirènes nationalistes
Le général Mamadi Doumbouya, le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré devaient être dans leurs petits souliers quand Bassirou Diomaye Faye, président légitimement élu du Sénégal, est venu leur rendre visite. Malgré les tensions qui ont eu cours au Sénégal à la suite des nombreuses « affaires Sonko » et du report de la présidentielle décidé par Macky Sall, le pays a tenu. Le Conseil constitutionnel a censuré l’Exécutif, qui s’est plié aux exigences des Sept Sages. Le peuple sénégalais a fait le reste, en se rendant massivement aux urnes pour élire son président parmi dix-neuf candidats. Le scrutin, marqué par un calme exceptionnel, a été libre, démocratique et transparent en dépit des Cassandre qui, de l’intérieur et de l’étranger, agitaient la menace du chaos généralisé voire de l’effondrement du pays.
Le Sénégal a confirmé son ancrage dans la démocratie libérale et du modèle électoral ouvert qui permettent une compétition entre des projets concurrents avec comme arbitre suprême le peuple souverain.
La présidentielle du 24 mars dernier a été une respiration pour tous ceux qui désespéraient de la démocratie dans une région ouest-africaine engluée dans les putschs, les dérives autoritaires et l’assujettissement à des puissances étrangères, dont certaines envisagent de devenir maîtresses et alliées des nouveaux autoritarismes tropicaux.
En faisant le choix d’élire son président au suffrage universel, ce qui signifie tourner le dos à la tentation du pire, le peuple sénégalais a lancé un message clair au nouveau pouvoir : nous ne voulons pas du modèle illibéral vendu notamment par des puissances conquérantes à leurs nouveaux alliés, mais de la poursuite dans la voie de la démocratie libérale qui seule permet l’alternance au pouvoir et la garantie de l’effectivité des libertés publiques. Il ne faudrait pas que les nouvelles autorités sénégalaises se trompent dans le décryptage du message des électeurs. Celui-ci est éloquent, car il consacre, avec la victoire d’un candidat de l’opposition sans expérience de l’élection ni du gouvernement, la compétition électorale pour choisir librement à qui confier le pouvoir.
Que le président sénégalais fasse la tournée des voisins après son élection est tout à fait normal. Mais il lui faut toujours garder à l’esprit que le Sénégal n’est ni le Mali, ni le Burkina Faso encore moins la Guinée. Aussi, il lui faut se souvenir de la manière dont il est arrivé au pouvoir ; ni par les armes ni par une insurrection. Il a été élu démocratiquement et installé à la suite d'une prestation de serment devant le président du Conseil constitutionnel et d'une passation de service en bonne et due forme avec son prédécesseur. L’heure n’est pas au rapprochement avec des régimes autoritaires dont les dirigeants ont arraché le pouvoir par le fusil sous prétexte que la situation de leur pays était déplorable et que l’armée subissait des défaites face aux bandes armées. Désormais, ils jouissent du confort du pouvoir dans des palais cossus, loin des théâtres d'opérations, se partagent les postes de responsabilité, répriment toute voix discordante et décident de se maintenir au pouvoir sans mandat populaire.
Au Burkina Faso, des opposants et des membres de la société civile sont régulièrement arrêtés s’ils ne sont tout bonnement envoyés au front. En janvier Me Guy Hervé Kam, avocat d’Ousmane Sonko, est enlevé et détenu au secret. Libéré le 30 mai, il a, le même soir, encore été arrêté par la gendarmerie. Récemment, le capitaine Ibrahim Traoré s’est octroyé sans coup férir un mandat « cadeau » de cinq ans.
Au Mali, la junte non seulement refuse de rendre le pouvoir après quatre années de transition, mais Assimi Goïta a suspendu par un décret du 10 avril 2024, les activités des partis et des associations politiques. Les médias ont également reçu l’ordre de ne plus traiter l'actualité politique.
Au Niger, non content de détenir l’ancien président élu démocratiquement Mohamed Bazoum, le régime putschiste empêche toute forme d’expression démocratique. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte, déroule le tapis rouge à Niamey à Kémi Séba et Nathalie Yamb, activistes pseudo-panafricanistes, mais en vérité relais propagandistes de Moscou en Afrique francophone. En Guinée, quatre radios et une télévision ont été interdites par le régime au mois de mai.
Les délires anti-impérialistes, qui sont en réalité une manière de masquer ses carences en matière économique et de transformation sociale, masquent mal une incapacité à gouverner dans la transparence et la vertu. Il est attendu des dirigeants de la sous-région une volonté et une ambition pour plonger leurs pays dans la modernité mais pas dans la reconstitution d’un agenda qui fait office de vieilles reliques tiers-mondistes. Les discours enflammés sur la souveraineté, le nationalisme économique et le patriotisme ne sont que leurre face aux vraies urgences qui relèvent de la transformation de l’économie, de l’industrialisation, de la réalisation d’infrastructures modernes et de l’attrait des investissements en vue de générer de la croissance et des emplois massifs. La compétition entre les pays du champ devrait se situer au niveau de savoir qui attire les plus grandes multinationales pour lutter contre le chômage des jeunes et non qui montrerait le plus d’attachement à la milice Wagner pour sécuriser son territoire.
Heureusement que le président Faye a catégoriquement fermé la porte d’une adhésion du Sénégal à l’Association des États du Sahel. Le Sénégal est un leader de la Cedeao et de la zone Franc et devrait l’assumer en pesant de tout son poids diplomatique pour renforcer l’intégration régionale, la monnaie commune et la dynamique d’échanges commerciaux au sein de la communauté régionale.
La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES, mais de rester dans le giron des grandes démocraties de la région, avec le Ghana et le Cap Vert. Il s’agit aussi pour le Sénégal de rattraper le voisin et rival ivoirien dont le miracle économique se réalise sous nos yeux. Dakar doit s’éloigner de la tentation autoritaire et renforcer sa coopération avec des puissances démocratiques comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, sur le continent, la France, l’Allemagne et le Brésil, hors de nos frontières. Trêve de fanfaronnades nationalistes ! Le Sénégal a vocation à s’ouvrir à toutes les partenaires économiques qui respectent le principe de non-ingérence et qui apportent de la valeur ajoutée à son ambition économique.
Les Sénégalais votent depuis un siècle et demi. Ils ont expérimenté la presse privée depuis les années 70. Le droit de marche est inscrit dans la Constitution depuis janvier 2001. Nos compatriotes, qui en 2022, ont donné plus de députés à l’opposition au Parlement, ont plusieurs fois réalisé une alternance au sommet de l’État par le biais du suffrage universel. Ce peuple est jaloux de sa liberté et de son pouvoir conférés par la Constitution. Il a, le 24 mars dernier, fait une nouvelle fois le choix de la pérennité d’un modèle démocratique qui connaît ses limites certes mais garantit l’exercice des libertés fondamentales. Les Sénégalais ont choisi la démocratie, il faut savoir l’entendre, se méfier des sirènes nationalistes et faire nôtre le rendez-vous senghorien du donner et du recevoir.
Birane Gaye est enseignant.
par Dija Sow
ET MAINTENANT, QUE FAIT-ON ?
La France est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident. De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate
Encore un matin. Encore un matin où le si mal nommé "Rassemblement National" (RN) est aux portes du pouvoir. Un parti dont les racines puisent allègrement dans le pire vice d’une société : la peur de l’autre, le rejet. L’arbre RN a des racines vivaces dans le négationnisme et le pétainisme, mais son tronc, c’est la petite entreprise familiale des Le Pen. Et puis il y a ses bourgeons, les p’tits gars sympas qui prennent des mairies en sympathisants avec la population et Bardella-belle-gueule qui passe si bien sur TikTok.
Pourquoi je ne veux pas que le RN gouverne le pays ?
D’abord parce qu’il le gouvernera mal. La première victime de la guerre, c’est le plan qu’on établit pour la gagner. Voilà pourquoi aucun parti ne tient ses promesses de campagne. Une fois qu’on a des idées, il faut faire avec les imprévus internationaux : crise économique pour Sarkozy, attentats sur le territoire pour Hollande, crise Covid pour Macron…et donc ils prennent des décisions moins basées sur leur programme que sur leurs convictions.
Et moi ça ne me dérange pas qu’un élu républicain, quel que soit son bord politique, prenne des décisions fortes avec ses convictions lorsque le pays traverse une crise. Mais je ne souhaite pas être gouverné à vue par une personne dont la réponse sera à tout bout de champ : “C’est de la faute de l’Autre ! “, par un xénophobe.
Ce que je propose pour le pays
L’identité est une chose qui évolue en fonction de comment on la projette. La France n’est pas le fruit de son passé - aucun pays ne l’est. Elle est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident.
Elle n’est que l’arbre des possibles et il nous appartient de lui donner la direction que nous souhaitons. Celle que je souhaite, c'est une décision cohérente avec l’Histoire du monde, et quelque part aussi dans la droite file d’une certaine Histoire de la nation.
Parce que je pense que la France n’a jamais été aussi belle et aussi grande que lorsqu’elle était le pays des lumières, je veux qu’elle voit naître et croître les Lumières de notre siècle : l’éthique technologique et l’intelligence créative, la redéfinition de la place de l’humain dans les espaces naturels et l’univers technologique.
Pour cela, il faut accueillir tous les humains qui souhaitent participer à la belle aventure française : travailler, étudier, penser, douter, écouter et accueillir puis transmettre à son tour.
Pour cela, il faut la paix dans le monde : elle s’obtient par la lutte active et légitime contre les belligérants : diplomatique ou armée, mais ferme et publique.
Pour cela, il faut la paix en bas de chez soi :
Les préfets doivent prendre en charge la délinquance et le crime. Pas les exilés, pas les victimes de produits et de conduites addictives, pas les activistes sociaux et politiques. Ils doivent en avoir les moyens et ne doivent pas avoir la crainte de les déployer. Il n’existe pas de paix sans sentiment de sécurité.
Une politique ambitieuse de grands travaux transformant l’héritage urbain des années soixante en écoquartiers favorisant la mixité sociale et une vraie pénalisation des mairies qui ne construisent pas assez de logements sociaux.
Proposons un nouveau modèle ambitieux centré autour de la commune et de son centre : réhabilitation urbaines, réflexion et mesure nationale contraignante sur la politique de parking sur la voie publique.
Pour cela, il faut la justice sociale :
Remettre à plat notre système fiscal et notre système d’allocation en le basant sur l’individu plutôt que sur le ménage. C’est le premier pas vers la possibilité d’un capital universel inconditionnel, versé à chaque citoyen à l’âge de 25 ans.
Valoriser le Travail, tous les travaux : éduquer ses enfants, être bénévole au club de foot du quartier…autant d’activités qui comptent pour la société et qui doivent donner lieu à une rétribution sociale, pour la retraite par exemple. L'entrepreneuriat vertueux doit être encouragé, en simplifiant la mise en place des coopératives dans tous les secteurs d’activité.
Pour cela il faut l’education pour tous et par tous :
Renouer avec l’éducation populaire en généralisant l’e-learning certifiant. Pour cela former à l’emploi efficace des outils digitaux - pour tous les âges et tous les milieux.
Pour cela il faut la santé :
Attirer et favoriser l’installation de médecins étrangers sur notre territoire - comme le fait déjà très à profit le Canada - mais aussi l’installation d’aides humaines à la personne et d'auxiliaire de vie.
En finir avec la tarification à l’acte à l’hôpital.
Favoriser l’essor de la silver economy afin de préparer par l’innovation le vieillissement de la population.
Pour cela, il faut la croissance, mais pas celle du PIB, celle de l’indice de développement humain : Pour avancer sur la bonne route, il faut les bons indicateurs. Les euros ne valent que s’ils sont transformés en bonheur pour le plus grand nombre. Notre tissu économique est principalement composé de TPE et de PME : simplifions leur implantation et leur développement. Développer encore la lutte contre l’évasion fiscale.
De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate. Terriens. Ensemble. Pour le progrès de tous et de chacun sur la voie qu'il choisit librement dans le respect de son voisin.
Alors, pourquoi voterez-vous ?
L'UCAD FACE AU RISQUE D'UN VIDE ADMINISTRATIF
Selon le Sudes, le retard pris dans le processus de nomination du nouveau recteur enfreint la réglementation en vigueur. Si rien n'est fait dans les prochains jours, l'Université pourrait se retrouver sans direction légitime à compter du 20 juillet
(SenePlus) - L'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar est confrontée à une situation préoccupante concernant le renouvellement de son rectorat. Selon le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal / Enseignement Supérieur et Recherche (SUDES-ESR) section UCAD, un retard significatif dans le lancement de l'appel à candidatures pour le poste de recteur met l'institution au risque d'un vide administratif à partir du 20 juillet 2024, date d'expiration du mandat de l'actuel recteur Ahmadou Aly Mbaye.
Cette inaction des instances de l'UCAD, notamment le Conseil d'Administration, contrevient au décret n° 2021-846 du 24 juin 2021 relatif aux modalités de nomination du recteur. Dans deux lettres adressées respectivement au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Abdourahmane Diouf, et au président du Conseil d'Administration, Mamadou Bocar Sy, le 13 juin 2024, le SUDES-ESR a dénoncé ce retard et appelé à des actions urgentes.
Dans sa lettre au ministre, le syndicat rappelle qu'un "comité de validation et de sélection des candidatures doit être mis en place quatre-vingt-dix (90) jours avant le terme du mandat du recteur en fonction". "Or, le mandat actuel du recteur expire le 20 juillet 2024, ce qui signifie que le comité aurait dû être mis en place et l'appel à candidatures lancé il y a déjà cinquante-cinq (55) jours", peut-on lire dans la lettre.
Le SUDES-ESR exprime son "indignation et profonde inquiétude quant aux conséquences potentielles sur la continuité et la stabilité de la gouvernance de l'UCAD". Il exhorte le ministre à "procéder le plus rapidement possible à la mise en place du comité de sélection et de validation" et à "instruire le conseil d'administration de l'UCAD afin de procéder sans délai au lancement de l'appel à candidatures".
Dans sa lettre au président du Conseil d'Administration, le syndicat dénonce "une violation manifeste des dispositions du décret" et pointe un "retard inadmissible". "À moins de quarante-cinq (45) jours de la fin de son mandat, le comité n'est toujours pas mis en place et l'appel à candidatures encore moins lancé", fustige la lettre.
Le SUDES-ESR met en garde contre les risques d'un vide administratif qui "impacterait gravement la gestion quotidienne et les prises de décisions cruciales" à l'UCAD. Il demande au Conseil d'Administration de "procéder sans délai à la rédaction et à la diffusion de l'appel à candidatures".
LES JEUNES REPORTERS RÉCLAMENT LA MISE SOUS CONTRÔLE JUDICIAIRE DES ENTREPRISES DE PRESSE PEU SCRUPULEUSES
L'organisation dénonce le non-paiement des salaires des travailleurs à l'approche de la Tabaski. Elle regrette l'utilisation par certains patrons de presse de « leur situation fiscale comme subterfuge pour se dérober de leurs obligations légales »
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) monte au créneau pour réclamer la mise sous contrôle de la justice des entreprises de presse qui ne respectent pas leurs obligations envers leurs employés. Dans un communiqué cinglant publié ce jeudi 13 juin 2024, l'organisation dénonce le non-paiement des droits des travailleurs des médias à l'approche de la Tabaski et exige l'application des procédures prévues par le droit du travail. Celles-ci prévoient notamment qu'une «quand une entreprise n'arrive plus à honorer ses obligations envers ses créanciers y compris les travailleurs, elle doit être soumise à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens», rappelle la CJRS dans le texte ci-dessous.
"La Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) constate avec une très grande désolation l'attitude irrespectueuse des entreprises de presse à l'égard de leurs personnels. Cette situation est d'autant plus désolante et grave qu'elle intervient en cette veille de fête de la Tabaski qui est très importante pour ces pères, mères et soutiens de familles.
La CJRS trouve dommage que certaines entreprises de presse utilisent leur situation fiscale comme subterfuge pour se dérober de leurs obligations légales envers les journalistes et techniciens des médias. Il est temps que les autorités, au-delà de la fiscalité, insistent sur le nécessaire respect des droits des travailleurs. Conformément aux dispositions pertinentes du droit HADA, en particulier de l'acte uniforme portant Code des procédures collectives, quand une entreprise n'arrive plus à honorer ses obligations envers ses créanciers y compris les travailleurs, elle doit être soumise à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
L'Etat n'a pas le droit de laisser ce statuquo perdurer au détriment des travailleurs. Si l'objectif est vraiment de faire respecter la loi, il n'a qu'à aller jusqu'au bout de la logique.
La CJRS demande également à l'autorité de veiller au respect strict du Code de la presse sur les conditions relatives à la gouvernance transparente des entreprises de presse, condition sine qua non pour des entreprises viables et une meilleure administration de l'appui au secteur de la presse.
Enfin, la CJRS appelle les patrons de presse à revenir à la raison en respectant scrupuleusement la législation en matière de droit du travail."