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2 mai 2025
Politique
par Jean Pierre Corréa
ABDOU SOULEYE DIOP : UN LION DE L'ATLAS ET DE LA TÉRANGA
Il nous lance un appel vibrant pour que tout ce monde politique, mais aussi les Sénégalais dans leur ensemble, sachent défier le statu quo et proposer la vision d'une nation prospère pour des réformes innovantes
L'homme a la rondeur des êtres généreux et tellement tournés vers les autres que leurs corps ont obéi naturellement à cette circonférence nécessaire à l'attention des autres qu'on nomme bien heureusement l'empathie. C'est cette empathie qui guide toute sa réflexion qu'il a consacrée à l'Afrique et au Sénégal en particulier, en ces temps troublés et quelque peu désertés par la pensée, devenue hélas furieusement unique.
Abdou Soulèye Diop, à l'orée d'une campagne présidentielle qui s'annonce cacophonique, du fait de la pléthore de prétentieux, pardon, de prétendants à nous gouverner, nous livre à travers son livre, "Sénégal à portée de mains, Le Lion sort de sa Tanière", l'idée qu'au contraire de ce "Bal des Tocards " probable, il y a nécessité de poser les conditions d'un véritable débat entre des candidats, qui auront, pour le moins, compris ce...qu'ils savent, à savoir que le Sénégal ne se conquiert pas par le biais d'une vulgaire tombola. Partant de cette évidence que la "formation et l'essor d'une nation reposent sur la composante d'une vision profonde et d'une dynamique pérenne", Abdou Soulèye Diop nous dit en exergue de son livre, que "dans le contexte actuel du Sénégal, à la croisée de sa trajectoire de développement, il est essentiel de recentrer le débat sur les idées plutôt que sur les personnes, et que ni l'éloge, ni le nihilisme ne construiront notre pays, ce Sénégal que nous aspirons tous à bâtir".
D'où nous parle Abdou Soulèye Diop ?
e président Macky Sall l'appelle " le plus Marocain des Sénégalais" et le Roi Mohamet 6 estime quant à lui qu'il est " le plus Sénégalais des Marocains". Abdou Soulèye Diop vit au Maroc depuis son adolescence, y ayant fait ses études secondaires et universitaires, diplômé de l'ESCAE de Casablanca, avant de se forger une solide expérience dans le grand Cabinet d'audit Mazars, où il entre comme stagiaire avant d'en devenir aujourd'hui Associé Gérant. Et c'est à ce titre qu'il conseille, depuis 30 ans, de nombreuses entreprises marocaines en Afrique subsaharienne.
Il naît en 1970 à Dakar, dans une famile multiculturelle et ethnique, ayant pour père un grand diplomate, le Docteur Babacar Diop, qui Ambassadeur du Sénégal, va mener sa famille à travers le monde et plonger ses enfants dans un ailleurs fécond et un "autrement" éveillant. Alors il nous faut comprendre "d'où nous parle Abdou Soulèye Diop", lequel nous raconte dans le prologue de son dernier livre, les six évènements d'une trajectoire de sa vie qui ont été déterminants dans la construction de son "mindset" et qui permettent de comprendre les soubassements émotionnels et intellectuels qui fondent et son expertise et son expérience.
Il y a d'abord et c'est là que tout commence, une précoce exposition internationale. Il a à peine deux ans, son père est nommé Ambassadeur, en Asie et en Océanie, donc l'Australie, la Malaisie, l'Inde et le Sri Lanka... Il côtoie tout petit, déjà attentif aux exigences paternelles de la diplomatie internationale, Indira Ghandi, amie de la famille, croise mère Thérésa, s'imprègne d'anglais et de hindi, rencontre Mohamet Ali et Yasser Arafat, et écrit : " Il est aisément compréhensible que le contact précoce avec de telles personnalités, dont j'ai pu suivre par la suite la trajectoire, et dont j'ai appris à mieux connaître leur impact sur le monde ait pu influencer ma personnalité et mon caractère".
Il y a ensuite un retour salutaire au Sénégal où il découvre la camaraderie lycéenne à Van Vo, les chemins buissonniers menant à l'Anse Bernard, mais aussi les joies de l'éducation d'antan, où nous allions de part et d'autres du Sénégal, à la rencontre de nos familles et de nos cousins, pour voir du pays et sortir du confort dakarois. Abdou Soulèye en tirera cet ancrage indispensable à tout expatrié, et une maîtrise du wolof, l'adhésion à l'éducation coranique et une connaissance des profondeurs du Sénégal, de sa culture et de ses langues, faisant ainsi sienne la conviction que l'enracinement dans nos valeurs est un ferment pour notre identité.
Capitale est pour ce jeune homme, du fait de la nomination de son père à Rabat comme ambassadeur du Sénégal, la manière avec laquelle il a appréhendé sa vie au Maroc, moment qui lui aura ouvert les yeux sur un pays africain qui, malgré ses ressources limitées est arrivé à tirer son épingle du jeu, et l'aura convaincu que c'était là, en terre africaine qu'il souhaitait poursuivre ses études supérieures. Au terme de celles-ci, son diplôme de commerce et d'expertise comptable en poche, il devient un acteur au coeur des stratégies de développement du Maroc, et de différents pays du continent, et avec une dominante d'interventions dans le secteur public, il a eu à piloter de nombreuses réformes structurelles au Maroc, mais aussi dans d'autres pays d'Afrque. Il en dresse la liste dans ce livre, et cette position privilégiée lui apermis de développer des relations de proximité avec des acteurs publics de premier plan de notre continent, aujourd'hui aux manettes dans plusieurs pays africains.
Abdou SoulèyeDiop a su tisser des relations privilégiées avec des grands de ce monde, Mohamet VI bien évidemment, mais aussi Barack Obama, makhtar Diop ou encore Paul Kagamé. Enfin, cet homme, patriote dans l'âme, n'ayant point besoin d'affubler ce mot de prétentieuses majuscules, est aussi marqué par le 23 juin 2011, lors de la lutte contre le troisième mandat d'Abdoulaye Wade. Il rédige son premier ouvrage, "2012 : 100 projets de réformes pour un Sénégal émergent" publié en 2011. Tiens Tiens ! Abdou Soulèye est donc cet enfant de la République du Sénégal, ayant comme il l'écrit avec humilité, bénéficié d'une éducation aimante et rigoureuse, de la douceur d'une famille et du caractère paisible d'un pays. Africain, citoyen du monde, soucieux de la transformation et du progrès du continent, il souhaite juste donner quelques clés pour que tous nos enfants puissent vivre dans la dignité que procure un environnement économique et social sain.
Sénégal à portee de mains... Ne surtout pas escamoter un debat necessaire dont depend l'avenir de notre jeunesse.
Abdou Soulèye Diop à travers ses pages et grâce à un découpage du sommaire dynamique et cohérent, nous propose une plateforme sérieuse et utile qui devrait alimenter les débats entre ces candidats, qui pourront s'en servir comme un guide essentiel pour la prochaine gouvernance qui devra présider aux destinées du Sénégal, en plaçant notre pays sur la voie des transformations structurelles et superstructurelles surtout, nécessaires à l'éclosion d'un pays où nous pourrons tous vivre, parce que nous l'aimons.
Pourquoi nos enfants doivent-ils se résoudre à partir et abandonner ce continent, alors que d'autres sont en train de se battre pour en conquérir des territoires? Notre responsabilité est de développer ce potentiel, et de faire mentir l'Histoire en n'assistant pas à ce spectacle d'une jeunesse qui achète à coup de millions les chaînes, qui lors de la traite des esclaves ont servi à déporter leurs aÏeux.
Pour que le Lion sorte de sa tanière, Abdou Soulèye Diop pose ce travail qui n'est pas seulement un exercice académique d'un sachant. Il nous lance un appel vibrant pour que tout ce monde politique, mais aussi les Sénégalais dans leur ensemble, sachent défier le statu quo et proposer la vision d'une nation prospère qui met en oeuvre des réformes innovantes, des stratégies inclusives pour un développement global. Il propose à tous ceux et celles qui ont le devenir du Sénégal chevillé au coeur, une réflexion sur ce qui a été et une vision sur ce qui pourrait être. Abdou SoulèyeDiop lance "un appel à l'action, et exhorte les décideurs, les parties prenantes et la population dans son ensemble à s'unir, à tirer les leçons du passé et à tracer une voie vers un avenir plus lumineux et plus prospère".
C'est à vous de lire ce livre... C'est vraiment tout un programme...d'une rare lucidité, qui est comme on dit la brûlure la plus proche du Soleil.
ALIOU SANÉ EN PRISON
Le coordonnateur de la F24 a été arrêté en exécution du mandat de dépôt précédemment émis contre lui après son arrestation le 29 mai dernier pour participation à une manifestation non déclaré et trouble à l’ordre public
Le coordonnateur de la F24 Aliou Sané a été arrêté par les éléments de la Sûreté urbaine (SU) du commissariat central de Dakar cet après-midi.
Aliou Sané a été arrêté le 29 mai dernier et déféré pour participation à une manifestation non déclaré et trouble à l’ordre public, lorsqu’il tentait de rallier le domicile d’Ousmane Sonko, à la cité Keur Gorgui.
Aliou Sané avait alors bénéficié d’une liberté provisoire, mais le procureur de la République avait saisi la Chambre d’accusation du tribunal de grande instance de Dakar pour annuler cette décision prise par le juge d’instruction.
La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar avait infirmé, le 25 juillet, l’ordonnance de refus de placement sous mandat de dépôt du coordonnateur de Y’en a marre. Et il a été arrêté aujourd’hui en exécution du mandat de dépôt.
LES INQUIETUDES DU FORUM CIVIL
Le Bureau exécutif du Forum civil se dit hautement préoccupé de l’état des droits et des libertés publiques, la situation sociale et la gestion du processus électoral au Sénégal.
Le Forum civil a sorti une déclaration hier, jeudi 5 octobre 2023, dans laquelle il revient sur ses constats et regrets sur la vie politique sociale. Il déplore, entre autres, les restrictions de libertés, les nombreuses arrestations et les pertes en vies humaines. Par la même occasion, des recommandations ont été adressées à l’Etat.
Le Bureau exécutif du Forum civil se dit hautement préoccupé de l’état des droits et des libertés publiques, la situation sociale et la gestion du processus électoral au Sénégal. Dans une déclaration publiée hier, jeudi 5 octobre 2023, il regrette le recul inquiétant de l’exercice des libertés publiques collectives notamment de réunion et de manifestation. Le forum civil déplore aussi les restrictions dans l’exercice des libertés publiques individuelles relativement à l’accès à l’information et à l’expression des opinions.
Mieux, il condamne la perte de vies humaines dans le recours à la Police administrative du maintien et du rétablissement de l’ordre public et l’absence ou les lenteurs des enquêtes portant sur les infractions attentatoires à la vie humaine enregistrées à l’occasion de manifestations. Le recours quasi systématique à l’emprisonnement notamment d’acteurs politiques, de leaders d’opinion, de citoyens et surtout des journalistes et la violation par certains professionnels des médias des règles régissant leur profession sont d’autres griefs soulevés par l’organisation. A quelques mois de la présidentielle de 2024, le Forum civil désapprouve aussi le maintien en fonction de membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena), à l’expiration de la durée de leur mandat.
La déclaration du Forum civil fait aussi mention de la suspension temporaire, répétitive et fort préjudiciable des données mobiles, de certaines plateformes numériques et d’organes de presse, l’augmentation continue des prix de denrées de première consommation et des dépenses scolaires, la difficile gestion des attentes des communautés par rapport aux retombées du secteur extractif et la forte précarité dans le monde rural (zones frontalières comme celles de l’intérieur du pays) victime du mode de gestion du ministère chargé de l’Agriculture. La mal gouvernance en matière de lutte contre la corruption, de redevabilité dans le recouvrement des impôts, de gestion des contrats publics doit être pris en compte. La situation constatée dans la déclaration pousse le Forum civil, en guise de recommandations, à exhorter l’Etat au respect de l’état de droit, en garantissant l’exercice des libertés publiques collectives et individuelles, notamment celles de réunion et de manifestation, à garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral, notamment en confiant l’organisation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 à une autorité non partisane. Le rôle de l’Etat est, selon le Forum civil, de garantir à la Police nationale, à l’image de la Gendarmerie et de l’Armée nationales, une autonomie budgétaire et de gestion
En outre, le Forum civil demande d’inclure, dans les réformes urgentes, la mise en place de juges des libertés et de prendre la juste mesure de la grande désespérance de la jeunesse de voir ses rêves d’avenir fleurir au Sénégal. Toujours dans ses recommandations, le Forum civil est également d’avis que les acteurs politiques de tout bord et de la société civile doivent faire preuve de responsabilité dans leur déclaration, pour éviter d’exposer davantage notre pays, dans un contexte de tension et d’insécurité au niveau de la sous-région. Aussi les autorités en charge de l’organisation et de la supervision de l’élection présidentielle sont-elles appelées à l’impartialité, au professionnalisme et à la neutralité dans tout le processus électoral.
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PRIX NOBEL : QUI FAIT LA PAIX ?
Qui sont les faiseurs de paix de 2023 ? Cette année, le comité Nobel a enregistré 351 candidatures, dont celles de Zelensky et d’Erdogan. L’occasion de revisiter l’histoire de ces Nobel de la paix, éminemment géopolitique et riche en polémiques
Qui sont les faiseurs de paix de 2023 ? En 2022, le prix Nobel de la paix avait notamment été remis à Memorial, ONG russe de défense des droits de l’homme. Cette année, le comité Nobel a enregistré 351 candidatures, dont celles de Zelensky et d’Erdogan. L’occasion de revisiter l’histoire de ces Nobel de la paix, éminemment géopolitique et riche en polémiques.
LA LONGUE MARCHE DE GUET NDAR
Quartier fondé vers 1056 par des Maures venus de la Mauritanie, il a aussi accueilli le passage d’éminents guides religieux comme Serigne Touba, El Hadji Malick ou encore Cheikhna Cheikh Saad Bouh
Connu et reconnu pour ses activités de pêche, Guet Ndar a aussi une histoire. Quartier fondé vers 1056 par des Maures venus de la Mauritanie, il a aussi accueilli le passage d’éminents guides religieux comme Serigne Touba, El Hadji Malick ou encore Cheikhna Cheikh Saad Bouh. Au plan politique, Guet Ndar, une des plus fortes concentrations humaines au monde, revendique dans ses rangs Lamine Guèye, ancien président de l’Assemblée nationale du Sénégal.
Guet Ndar a tout d’un chaos social. Bande de terre coincée entre le Fleuve Sénégal et l’océan Atlantique, ce célèbre quartier de la ville de Saint-Louis croule sous les rayons solaires secs et bouillants qui étouffent ses milliers d’habitants obligés de fuir la forte densité dans les maisons pour se donner de l’air auprès de la brise marine ou fluviale. Sur les bords du fleuve, Guet-Ndar offre des dizaines de cargos rouillés, drossés sur le sable, leurs mâts noirs tendus vers le ciel. Il y a l’insalubrité des lieux, ces multiples filets de pêche accrochés sous les tentes artisanales, ce sol vermoulu… Guet Ndar ressemble à un cimetière de pirogues avec une litanie d’épaves piégées par les fonds marins. Il s’agit d’une succession d’habitations bigarrées où vivent plusieurs générations. L’ensemble urbain, assez anarchique, est composé d’un nombre incalculable de baraques et de petites maisons.
Bombe démographique
Dans les étroites concessions, pères et fils, tantes et oncles, petits-fils et gendres se partagent de petits espaces, mangent ensemble et palabrent autour du thé. « Nous étions 35 000 habitants lors du dernier recensement, mais le nombre a largement évolué en hausse », précise Makhou Sène, Délégué du quartier de Guet Ndar. Autour d’un exercice de damier, ses amis et lui se donnent rendez-vous tous les jours à la place publique de « Dakk» qui jouxte le fleuve pour passer du temps et discuter de sujets d’actualité. Ce type de coin longe le littoral du côté du fleuve comme de la mer. Aujourd’hui, les habitants de Guet Ndar regardent l’océan avec angoisse. Ce grand bleu qui a nourri tant de générations est en train de lâcher de longues rafales sur les maisons à défaut de ne plus leur offrir le tant aimé poisson. « On a toujours voulu vivre en communauté. Nous sommes très solidaires. C’est pourquoi, nous vivons en communauté », vante Daouda Fall, coordonnateur du Conseil de la pêche artisanale à Saint-Louis.
Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les origines de Guet Ndar composé de 3 sous quartiers à savoir Lodo Guet Ndar, Dakk et Pondo xolé « Guet Ndar renferme la culture de Ndar. C’est un quartier d’histoires dont les premières populations ont marché jusqu’à Guet Ndar pour s’y installer. Cela fait longtemps. Guet Ndar vient d’une localité dénommée « Adj » qui ne fait pas partie du Sénégal. C’est en Mauritanie. Après, ils sont venus à Hassan qui est à 85 Km de Saint-Louis. Ces terroirs que je viens de citer sont de la Mauritanie », retrace le Délégué de quartier. D’après lui, ces nomades avaient, dans leur organisation, une architecture coutumière. On peut en citer le « Jawdin », chef de la communauté, équivalent du « Jaraaf » chez les Lébous et « Alkhati » déformé dans le temps par la dénomination « Alcati » (policier). « Les Sène étaient ‘’Jawdin’’ et les Gaye se retrouvaient ‘’Alcati’’. Lamine Guèye fait partie de la descendance de la famille Gaye. On peut nommer aussi Moustapha Malick Gaye dont le nouveau porte le nom et qui a été maire de Saint-Louis de 1928 à 1935. Nous avons eu très tôt des cadres », relève Makhou Sène.
Passage privilégié des guides religieux
Mais d’où vient Guet Ndar ? « Nos parents avaient des troupeaux dans les maisons. Raison pour laquelle on disait « Guet yi ci Ndar », c’est-à-dire les troupeaux à Ndar. C’est pourquoi on parle de Guet Ndar », précise M. Sène. Le Délégué de quartier rappelle qu’un historien soudanais du nom d’Al Bacry aurait dit qu’en Afrique de l’Ouest, la première mosquée a été construite en 1056 à Guet Ndar par les Maures du Maurabitoune. « Quand les Maures propageaient l’islam en Andalousie, ils étaient accompagnés de ressortissants de Guet Ndar. Lorsque la mosquée a été érigée, on l’appelait Darou Salam. Mais les Maures disaient ‘‘Ad Dar’’. La déformation par les Wolofs a produit le nom Ndar », souligne-t-il. Au plan religieux, d’éminentes personnalités ont posé leur pied à Guet Ndar. On peut en citer Serigne Touba, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ibrahima Fall ou encore Cheikh Saad Bouh. « Cheikh Ahmadou Bamba venait rendre visite à un des nôtres en l’occurrence Cheikh Malani Moussa Ka, Ass Camara et d’autres hommes de Dieu. Seydi El Hadji Malick est venu chez Mame Awa Sène pour demander à Guet-Ndar d’aller se faire vacciner contre la peste alors que les colons se heurtaient au refus des populations. Seydi El Hadji Malick s’est fait vacciner à Guet Ndar », dira-t-il.
De plus, Cheikhna Cheikh Saad Bouh a visité Guet Ndar en 1872. « C’est 30 ans après que le Sénégal l’a connu et en 1903, il est venu dans le pays. Guet Ndar est une terre de prière et de culture », soutient Makhou Sène. Il mentionne que Cheikh Ibrahima Fall a passé une bonne partie de son temps à Guet Ndar quand Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké a été déporté au Gabon.
Les menaces contre Majmoud Diop
L’histoire de la communauté guet-ndarienne peut aussi être appréhendée en rapport avec son environnement. Guet Ndar a construit une société locale qui intime respect et considération. La mer a forgé le caractère trempé qu’on lui reconnaît. Et les colons n’ont pas manqué de se tourner vers ce peuple lors de la Première Guerre mondiale. « Lamine Guèye est venu ici et a présenté Senghor aux populations de Guet Ndar. Il a dit que c’est un homme en qui il avait confiance. Un de nos grands-pères qui s’appelle Iba avait prédit que Senghor serait un jour président de la République », narre le Délégué de quartier.
Il raconte une anecdote : « En 1968, lorsque Majmoud Diop a brûlé tous les bureaux de vote de Saint-Louis, les populations se sont opposées à sa venue à Guet Ndar. On avait menacé de le tuer s’il entrait ici pour faire ces choses-là. Guet Ndar est un peuple digne et solidaire. Nous n’avons jamais eu d’accrochages avec les colons ».
Patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco, le « Ceebu jën » riz au poisson est aussi une des fiertés de Guet Ndar. « Le Ceebu jën, plat traditionnel du Sénégal, a été inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco. « Le patrimoine immatériel, le Ceebu jën, a été préparé la première fois à Guet Ndar. Lorsque les Sénégalais ont connu le riz, nos femmes ne pouvaient pas le préparer avec le poisson. Des générations et des générations se sont essayées jusqu’à l’arrivée de Penda Mbaye en 1905. Elle n’était pas la seule à bien préparer du ‘’Ceebu jën’’ mais elle était la plus célèbre. Aujourd’hui, quand on a un évènement, on recommande de cuisiner le ‘’Ceebu jën’’ Penda Mbaye. Grâce à Dieu, les enfants de Guet Ndar maitrisent le Coran et savent préparer le ‘’Ceebu jën’’. C’est notre signature », souligne fier Makhou Sène.
par Oumy Ndour
NON À LA HAUSSE ABUSIVE DES FACTURES D'ÉLECTRICITÉ
Nous ne pouvons pas accepter que certaines factures passent du simple au double, au quintuple, voire décuplent sans aucune explication. Il faut arrêter la SENELEC dans sa volonté manifeste de faire des populations leurs vaches à lait
Ces dernières semaines, beaucoup de Sénégalais ont reçu des factures d'électricité ayant connu une hausse brutale et excessive que la seule période de forte chaleur ne saurait justifier.
De nombreux clients de la SENELEC (Société Nationale d'Électricité) ont partagé sur les réseaux sociaux les preuves de cette hausse injustifiée de leurs factures. Ils ont ainsi pu démontrer que le problème concernait presque tout le monde: les abonnés du prépayé comme ceux détenteurs de compteurs classiques. De Dakar à Tambacounda en passant par plusieurs autres régions, le constat est le même. Malgré leurs récriminations, aucune réponse cohérente ou convaincante n'a été fournie par la SENELEC qui s'enferme dans un mutisme dédaigneux ou leur sert des réponses standard que leurs Community Managers sont chargés de distiller sur les réseaux sociaux.
Nous abonnés de la SENELEC, subissons depuis trop longtemps les dérives de cette société nationale (délestages, électricité instable entraînant des dommages irréversibles sur le matériel électrique, hausse injustifiée de factures, service client défaillant, etc).
Nous comprenons aisément que la conjoncture mondiale exige que les prix de certains biens et services soient réajustés. Nous ne pouvons toutefois pas accepter que certaines factures passent du simple au double, au quintuple, voire décuplent sans aucune explication. Il faut arrêter la SENELEC dans sa volonté manifeste de faire des populations leurs vaches à lait.
Nous exigeons ainsi que les factures du dernier bimestre ayant subi une hausse injustifiée soient revues dans leur totalité et non au cas par cas, comme semble vouloir le faire la SENELEC. Exigeons la fin des factures estimées et une tarification plus transparente de l'électricité au Sénégal.
Pour mettre un terme à tous ces manquements, nous vous demandons de bien vouloir, s'il vous plaît, signer cette pétition et de la partager massivement. Elle sera déposée à la direction générale de la SENELEC et à la Médiature de la République.
Le putsch conduit du général Tchiani confirme l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais, sur la base d’appréciations personnelles, pointer son arme sur le représentant légitime d’un État pour en exiger la destitution
S’exprimant le 30 septembre dernier sur une chaîne de télévision nationale, le chef de la junte nigérienne, le général Abdourahamane Tchiani, a une fois encore tenté de justifier le coup d’Etat perpétré deux mois plus tôt. Loin de convaincre tous ceux qui condamnent l’action des putschistes de Niamey, cet exercice a confirmé l’isolement du pays sur la scène régionale.
Pour la première fois depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum, élu en 2021, le général AbdourahamaneTchiani, président autoproclamé du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP),s’est prêté à l’exercice d’un entretien télévisé sur Télé Sahel. Plus exactement, deux entretiens diffusés le 30 septembre dernier, en langues haussa et zarma. Une fois encore, le chef de la junte a tenté d’expliciter les « raisons » d’un putsch qu’une partie de l’opinion africaine continue de considérer comme « le plus indéfendable et absurde » de tous ceux qui bouleversent depuis 2020 l’espace Cédéao(Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Il faut rappeler que les premières tentatives de justification de ce qui ressemblait initialement à un règlement de comptes personnels entre des officiers d’une garde présidentielle et le chef de l’exécutif, ne résistaient pas à l’épreuve du bon sens. Deux mois après le putsch, ce sont pourtant les mêmes motifs que le général Tchiani s’est appliqué à avancer à la télévision, dans l’espoir, peut-être, d’une inflexion de la position de la Cédéao qui, selon lui, « n'a même pas cherché à connaître les raisons du coup d'Etat… »
« Le coup d’Etat de trop »
Il est vrai que si les coups d’Etat survenus précédemment au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont su bénéficier d’une tacite concessionde « circonstances atténuantes », l’opération menée par les militaires de Niamey continue d’être considérée comme « le coup de trop » par les responsables de la communauté régionale. En effet, au regard des circonstances, le coup d’Etat conduit par le général Tchiani, chef de la garde présidentielle, confirme, aux confins de la caricature, l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais et en tout lieu, sur la base d’appréciations personnelles, voire subjectives, pointer son arme sur le représentant légal et légitime d’un État pour en exiger la destitution. Une telle logique consacrerait unebanalisation des anomalies, une négation de la notion même de l’Etat et de sa sacralité.
Lors des interviews du 30 septembre dernier à Télé sahel, le chef de la junte nigérienne s’est donc efforcé à rappeler que son putsch sanctionnait les lacunes de la lutte contre les groupes terroristes. Occultant ainsi, grossièrement, la responsabilité cardinale de l’armée dans cette guerre. Sans compter que, peu avant son coup d’Etat, le même général associait sa voix à celles de tous ceux qui soulignaient les remarquables avancées du Niger dans la lutte contre le terrorisme, sous la houlette du président Mohamed Bazoum. Aujourd’hui, le généralaffirme qu’il a fallu « prendre des mesures pour éviter que le pays ne disparaisse, parce que les gens au pouvoir n’écoutaient pas leurs conseillers militaires ». Le coup d’Etat était aussi destiné, selon le général Tchiani, à « mettre fin à la mal gouvernance et à la dilapidation des deniers publics » par les dirigeants sous la présidence de Mohamed Bazoum. Difficile de plaider la cause d’un putschsur la base de tels soupçons dont l’appréciation est en principe soumise à la Justice et a fortiori auverdict des électeurs dans un Etat normalement constitué.
Par ailleurs, on pourrait y voir une inversion de la réalité, quand l’on sait que la lutte contre la corruption était devenue l’un des principaux objectifs du président Bazoum. Parmi les personnalités visées, le général Tchiani et certains de ses proches qui, au fil des années, se sont constitué un patrimoine particulièrement conséquent, jusqu’ici conservé à l’abri de tout soupçon. Toujours sur Télé Sahel, le général s’est étendu sur le turbulent chapitre des relations de son pays avec la France, au lendemain du départ forcé de l’ambassadeur Sylvain Itté, alors que se prépare le retrait des soldats français du Niger. Selon Abdourahamane Tchiani, « non seulement les Français n'ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux ».
La fabrique de fictions
Il est à tout le moins surprenant d’entendre ainsi le chef de la junte attribuer aux soldats français – placés sous commandement nigérien – l’exclusivité de la tâche et de la responsabilité de la lutte contre le terrorisme au Niger, tout en présentant avec une sidérante légèreté la France comme un « multiplicateur » de terroristes. Il semble que ce « modèle oratoire » ait été prestement emprunté à la junte voisine du Mali qui avait accusé en 2022, sans jamais en avoir apporté les preuves, la France d’armer, voire de générer des terroristes. Il faut bien constater que la junte nigérienne a elle aussi adopté cette fabrique de fictions devenue une marque identitaire des néo-putschistes du Sahel… Toutefois, le général Tchiani n’exclut pas une « reprise de notre coopération avec la France, etc'est le peuple souverain qui va dicter ces relations futures avec la France ». En attendant, il indique que son pays peut désormais compter sur de « nouveaux amis », sans plus de précision. Pour l’heure, les seuls alliés reconnus du Niger sont le Mali et le Burkina Faso, les trois pays ayant récemment scellé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une coalition de putschistes aux allures d’une entité dissidente ou d’un « front du refus » au sein de l’espace Cédéao.
On notera qu’au cours de ces entretiens télévisés, le général Tchiani n’a pas jugé utile de revenir sur l’accusation de « haute trahison » émise à l’encontre du président Bazoum le 15 août 2023. Une accusation effarante de la part d’auteurs d’un coup d’Etat – délit majeur, s’il en est – qui continuent à ce jour d’infliger au dirigeant nigérien un intolérable régime de séquestration. Le chef de la junte aura aussi évité les virulentes diatribes envers la Cédéao qui, après avoir annoncé l’option d’une intervention militaire dans le but de rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey, fut, en août dernier, accusée de « préparer laguerre contre le peuple nigérien ». A présent, la junte se montre déterminée à instaurer une période de transition d’une durée de « trois ans, au plus ». Une transition informelle qu’aucune instance régionale et internationale ne semble disposée à reconnaître. A cet égard, le général Tchiani a tout de même jugé nécessaire de préciser que « nous n'avons pas le droit de passer cinq années au pouvoir, il faut être élu pour cela ».
Le bruit des bottes et la fureur des discours
Comment se déroulera cette transition ? Une fois passé le cap des arguments fallacieux, comment tenir les promesses des lendemains radieux et vertueux aux foules galvanisées par les slogans et les incantations opportunément inspirés des stratégies communicationnelles précédemment endossées par les putschistes du Mali et du Burkina Faso, et bruyamment promues par les activistes russolâtres de la place ? Au terme des agitations post-putschs, au Niger comme ailleurs, le projet politique des hommes en treillis qui se sont se sont emparés du pouvoir d’Etat, pourrait se réduire au bruit des bottes, à la fureur des discours, au vertige des impostures et des mensonges…
Tout en malmenant sans vergogne les concepts de souverainisme et de panafricanisme pour justifier un coup d’Etat, et en promettant d’apporter toutes les solutions de la Terre aux attentes légitimes despopulations, la junte nigérienne impose la loi des armes, convaincue d’avoir anéanti la menace d’une intervention armée de la Cédéao. Mais alors que cette dernière refuse toujours d’entériner ce « coup d’Etat de trop », le Niger s’installe peu à peu dans sa nouvelle situation de pays « paria » de la sous-région. Restée lettre morte, cette « exhortation » adressée aux militaires nigériens le 24 août dernier par la Commission de l’Union africaine « à placer les intérêts suprêmes du Niger au-dessus de tout, à retourner sans condition dans les casernes et se soumettre aux autorités civiles conformément à la Constitution. » Deux mois après le coup d’Etat « le plus injustifiable », et alors que l’on signale une alarmante dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, à quoi ressemble la scène de crime ? À un invraisemblable gâchis.
«TOUS LES FONCTIONNAIRES MILLIARDAIRES SONT DES VOLEURS !»
En séminaire national sur le parrainage à Thiès, Dr Babacar Diop, président des Forces démocratiques du Sénégal (FDS)/Les Guelwaars, a soutenu que les Sénégalais ne doivent pas soutenir la candidature du Premier ministre Amadou Bâ
Oumy Yamar SARR, Correspondante à Thiès |
Publication 05/10/2023
En séminaire national sur le parrainage à Thiès, Dr Babacar Diop, président des Forces démocratiques du Sénégal (FDS)/Les Guelwaars, a soutenu que les Sénégalais ne doivent pas soutenir la candidature du Premier ministre Amadou Bâ qui a un ascenseur chez lui au moment où le peuple croupit dans la misère et que les jeunes meurent en pleine mer.
« Des médias sont en connivence avec certains médias internationaux qui travaillent pour nous imposer la candidature et l’image d’Amadou Bâ. Nous dénonçons ce travail. On voit des éditions spéciales sur Amadou Bâ, des reportages en plein journal pour nous faire croire qu’Amadou Bâ est le meilleur profil pour le Sénégal. Nous avons besoin de médias équilibrés, d’une presse équilibrée. Des médias corrompus en connivence avec des médias internationaux parce que tout simplement Amadou Bâ représente la soumission des intérêts du pays. Il a le soutien de ces médias et milieux affairistes corrompus et aussi de certaines institutions internationales », a cogné Dr Babacar Diop
Mieux, le maire de Thiès estime qu’Amadou Bâ est le candidat de la mafia politico-affairiste du Sénégal. « Qui est Amadou Bâ qu’on veut nous imposer aujourd’hui ? Un simple fonctionnaire sorti de l’Ecole nationale d’Administration (ENA). Il n’a jamais participé à une marche dans ce pays. Il n’a jamais signé de pétition pour son pays. Nous avons vu des images sur les réseaux sociaux. Des gens qui vivent dans un luxe insolent. Un fonctionnaire de l’Etat qui a un ascenseur chez lui », ironise-t-il.
Dr Babacar Diop estime que les Sénégalais doivent élire des gens qui comprennent leurs difficultés. « Des gens qui comprennent le monde rural, qui vivent dans les quartiers populaires. Amadou Bâ est le candidat des riches, des milieux corrompus. C’est le candidat de l’argent, de l’insolence. Le peuple sénégalais va lui faire face et va dire non. Nous voulons une alternative démocratique, un changement de cap, des visages nouveaux, des projets nouveaux, des idées nouvelles. Tous ces gens qui sont là depuis Léopold Sédar Senghor, ils ne peuvent rien proposer. Quand on est trop englué dans la corruption politique, quand on a grandi dans la voie de la corruption politique, quand on a gravi les échelons dans la voie de la corruption politique, par l’argent, par le jeu de l’influence sans aucun mérite, on ne peut produire qu’une politique de corruption. Elire Amadou Bâ, c’est voter pour la continuité et la corruption. Oui ! Amadou Bâ, inspirateur du PSE. Le bilan du PSE, ce sont ces milliers de jeunes qui meurent en pleine mer. Nous voulons le changement », martèle le leader des Fds/Guélewars.
Dans la même foulée, Dr Babacar Diop a soutenu que le ministre de l’Intérieur ne peut pas se substituer au Conseil constitutionnel pour valider ou invalider des candidatures. « Je déplore ce qui s’est passé au niveau de la Direction générale des élections (DGE). Le citoyen Ousmane Sonko a envoyé son mandataire pour retirer ses fiches de parrainages. La DGE a refusé de donner au mandataire de Sonko ses fiches de parrainages. C’est un précédent très dangereux. Un simple fonctionnaire ne peut pas invalider la candidature d’un citoyen. Il appartient au juge constitutionnel d’invalider ou de valider des candidatures. Ousmane Sonko a ses droits. Je demande à la DGE de remettre à Ousmane Sonko ses fiches et il appartiendra aux juges du Conseil constitutionnel de dire si oui ou non la candidature de Ousmane Sonko est valable. Antoine Félix Abdoulaye Diome ne peut pas se substituer au Conseil constitutionnel. Ismaïla Madior Fall ne peut pas faire le travail du Conseil constitutionnel. C’est une violation grave et violente des droits de Ousmane Sonko ! », s’insurge-t-il.
LA GUERRE FROIDE PAR AFFIDES INTERPOSES
Dans le maquis depuis le choix porté par Macky SALL sur Amadou Ba pour défendre les couleurs de la majorité et la volte-face de son ex-mentor, Abdoulaye Daouda Diallo, le député Aliou Dembourou Sow continue d’intriguer ses camarades de parti
Malgré sa superficie de 15 mille Km2, le département de Ranérou, qui est la deuxième circonscription la plus vaste du Sénégal, ne compte même pas... 13 000 électeurs - 12 403 plus exactement si l’on s’en réfère aux chiffres des dernières élections législatives de 2022.
Pourtant, cette zone sylvopastorale par excellence n’en demeure pas moins un enjeu de taille pour l’élection présidentielle de 2024. Et pour cause, c’est le fief du député Aliou Dembourou Sow, ex-principal lieutenant du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, lui-même ex-candidat à la candidature de la mouvance présidentielle pour le scrutin du 25 février 2024.
Dans le maquis depuis le choix porté par le président de la République sur le Premier ministre Amadou Ba pour défendre les couleurs de la majorité et la volte-face de son ex-mentor, Abdoulaye Daouda Diallo — qui, ravalant ses propres vomissures, s’est finalement rangé du moins en apparence —derrière le candidat désigné de la mouvance présidentielle, le député Aliou Dembourou Sow continue d’intriguer ses camarades de parti.
C’est ainsi qu’une tentative de l’humilier a été orchestrée depuis la Primature avec, comme maître d’œuvre, le puissant griot du président de la République, le député Farba Ngom. Une humiliation qui allait s’étendre à son ex-mentor Abdoulaye Daouda Diallo qui, lors de son discours de renonciation à sa candidature, a snobé le Premier ministre et candidat désigné de la mouvance présidentielle, Amadou Ba, dont il s’est gardé de prononcer une seule fois le nom. La campagne de vaccination du cheptel contre les maladies infectieuses et un méga rassemblement, tous ces deux événements ayant pour cadre Ranérou — devaient sonner le glas pour le duo Dembourou Sow et Abdoulaye Daouda Diallo dans leurs fiefs respectifs. Les dates des 14 et 30 septembre avaient été ainsi retenues dans un premier temps pour lancer la campagne nationale de vaccination du cheptel qui devait marquer la première sorti du candidat Amadou Ba à Ranérou dans le fief de Aliou Dembourou Sow et à Ndioum pour un méga meeting avec Cheikh Oumar Hann, le ministre de l’Education nationale, ennemi juré de Abdoulaye Daouda Diallo dans le département de Podor. Un département qui constitue justement le bastion d’Abdoulaye Daouda Diallo
Dembourou Sow déjoue le piège
Initialement prévu le 14 septembre, le lancement de la campagne de vaccination du cheptel sera finalement reporté au 23 du même mois pour permettre aux dissidents de réintégrer les rangs. Mais l’approche initiée est maladroite. Le député Farba Ngom en charge de l’organisation et de la mobilisation de la mouvance présidentielle passe par les rivaux politiques de son collègue du Ferlo pour sonner la mobilisation. Une enveloppe de 30 millions de francs à laquelle l’ancien maire de Ranérou, Amadou Gallo Ba, a ajouté 03 millions de F CFA est dégagée pour mobiliser les troupes. Aucun responsable ne prend langue avec Dembourou Sow qui est ainsi mis à l’écart dans ce qui devait être la première sortie du candidat Amadou Ba même si c’est en tant que ministre intérimaire de l’Elevage. En revanche, son rival politique dans la zone, financé depuis 2013 par Amadou Ba, est au cœur de l’événement. Patron de la Convergence des éleveurs pour l’émergence du Sénégal (CEES), un mouvement qui regroupe l’essentiel des éleveurs favorables à la mouvance présidentielle, Aliou Dembourou Sow croise les bras et ne fait aucune déclaration à l’intention des éleveurs afin que l’accueil soit à la dimension de l’hôte. Résultat, le lancement de la campagne de vaccination du cheptel accouche d’une souris et la première sortie du candidat de la mouvance présidentielle dans le Ferlo se transforme en désastre. Surtout que les préposés à l’organisation soldent leurs comptes avec les élus locaux auprès desquels ils avaient déclaré disposer seulement d’un modique budget de …15 millions de FCFA pour la mobilisation en lieu et place des 33 millions de FCFA dégagés. Les 18 millions restants s’étant volatilisés.
La bataille de Ndioum différée
Avec l’échec du lancement de la campagne de vaccination dans le Ferlo le 23 septembre, les pontes de la mouvance présidentielle, qui avaient retenu Ndioum, le fief du ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Hann, pour y organiser un grand rassemblement afin de démontrer leur force et d’humilier Abdoulaye Daouda Diallo freinent des quatre fers et diffèrent la bataille. Dans cette partie du Fouta, les deux responsables de l’Alliance pour la République (APR) se regardent en chiens de faïence. Et sonner une mobilisation grandeur nature à Ndioum, c’est-à-dire dans les terres d’Abdoulaye Daouda Diallo n’aurait pas manqué d’être considéré par ce dernier comme un chiffon rouge. Voire un casus belli.
Aliou Dembourou boycotte le Secrétariat exécutif de l’Apr
Le choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba pour être le candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 février 2024 ne fait pas l’unanimité dans l’Alliance pour la République. Cela, c’est un secret de Polichinelle. Un très haut responsable proche du président de la République a même déclaré publiquement ce jour fatidique mettre un terme à sa carrière politique avant de se raviser après avoir subi les foudres du Palais et faire en catimini un petit démenti dans un autre support qui n’avait rien à voir avec celui à l’origine de l’info relayée.
Il en est de même pour Abdoulaye Daouda Diallo et Aliou Dembourou Sow qui ont fait, ces dernières semaines, le tour des familles religieuses pour solliciter des prières et afficher leurs ambitions. Dans la ville sainte de Touba, ils avaient même marqué des points et pris des engagements. Le maire de la ville, Abdou Lahad Ka, avait été ainsi chargé de faire le tour des familles religieuses avec leurs fortes délégations pour les présenter aux différents dignitaires de la capitale du mouridisme. C’est après ces visites fructueuses que le président Macky Sall a brisé leur élan en choisissant Amadou Ba. Aliou Dembourou Sow, qui n’est toujours pas rentré dans les rangs, a boycotté la dernière rencontre du secrétariat exécutif national de l’Apr convoquée samedi dernier par Macky Sall. Autant le dire ici et maintenant, le compagnonnage Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo reste une simple vue de l’esprit.
DES CANDIDATS FANTÔMES À L’ÉPREUVE DU DOOR MARTEAU
Compte tenu du parcours tortueux des uns et du profil non convaincant des autres, il est permis de subodorer que ces drôles de candidats sont mus par une volonté de chantage, de collecte de fonds et de racket « diplomatique »
Dans les starting-blocks de la présidentielle 2024, ils sont déjà plus de 150 candidats pour la course au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor (ex-Roume). Au-delà de quelques sérieux prétendants, la majorité écrasante ne sont que des candidats fantômes, guignols et fantoches s’activant dans le chantage, la collecte de fonds et le racket « diplomatique » auprès de richissimes hommes d’affaires, mécènes, chefs d’Etat et de gouvernement étrangers. Après s’être enrichis, ils vont se retirer de la course ! En prenant toutefois le soin de négocier leur ralliement à des candidats mieux placés en échange de portefeuilles ministériels, marchés publics et autres avantages. Pour Dr Momar Thiam, expert en communication, on assiste à un « louma politique » où « bouchers » et éleveurs « téfankés » marchandent sur le dos du peuple électeur.
A cinq mois de la prochaine élection présidentielle, plus de 150 candidats ont déjà annoncé qu’ils seront dans les startingblocks pour la course vers le Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Mais entre l’intention de prendre part à la compétition, les échauffements sur la piste, la détonation du starter, la course elle-même et l’atteinte de la ligne d’arrivée, il y a toute une marge de micmacs financiers et de manœuvres politiques mais aussi de tortuosité et de ruses.
S’agissant de la prochaine présidentielle, s’il est vrai qu’ils sont très nombreux les candidats déclarés, il n’en reste pas moins que la majorité écrasante sont des candidats fantômes, guignols et fantoches. Compte tenu du parcours tortueux des uns et du profil non convaincant des autres, il est permis de subodorer que ces drôles de candidats sont mus par une volonté de chantage, de collecte de fonds et de racket « diplomatique ».
Car la loi sur le parrainage qui devait être un mal nécessaire car contribuant à assainir l’espace politique sénégalais n’a pas apporté grand-chose ! Au contraire, il a favorisé l’apparition de candidats fantômes ou virtuels cherchant à recueillir des parrains citoyens afin de les monnayer au plus offrant. De ce point de vue, la présidentielle 2024 donne l’impression d’une végétation infestée de candidats à l’image d’insectes, mange-mil, criquets et sauterelles qui s’adaptent à la diversité des régimes politiquement alimentaires ou des coalitions de rente viagère. Pour preuve, dès l’annonce du retrait des fiches de collecte des parrainages, les candidats-charançons de saison électorale ont repris du service. Sans doute, ils vont solliciter des audiences nocturnes auprès des membres influents de la taskforce du président sortant Macky Sall ou de son candidat désigné, le Premier ministre Amadou Ba. D’autres feront des voyages de racket chez de nombreux chefs d’Etat voisins, auprès de riches et discrets mécènes politiques, de souverains arabes, de bailleurs internationaux, de grands investisseurs ayant des intérêts au Sénégal ou désireux d’y faire des affaires pour solliciter leurs contributions aux campagnes électorales de ces candidats fantômes. A la clé, de drôles d’ordres de missions du genre : « Monsieur le Président, je suis candidat à la présidentielle de mon pays. Je suis l’espoir de toute une jeunesse dès lors que le potentiel candidat de l’opposition du nom de Ousmane Sonko est recalé. Comme l’attestent ces articles et coupures de journaux à l’appui de ma lettre, ma candidature est prise très au sérieux et risque de créer la surprise. D’ailleurs, si vous consultez la presse sénégalaise en ligne, vous verrez mes interviews et programmes de campagne. Monsieur le Président…
Son Excellence, Majesté face aux sollicitations populaires, je suis obligé de répondre positivement à l’appel de la Patrie et faire don de ma personne à mon pays. Je me vois donc contraint de battre campagne et solliciter les suffrages que les Sénégalais sont prêts à m’accorder pour que je sois candidat…
Hélas, vous n’ignorez pas que, dans nos pays, une campagne électorale demande beaucoup de moyens financiers et logistiques. Pire, dans le but d’écarter de sérieux candidats comme moi, les autorités exigent une caution de 30 millions cfa instaurant de ce fait une sorte de suffrage censitaire. D’où la démarche que j’entreprends auprès de vous… tout en vous assurant que tout geste que vous ferez à mon endroit ne sera pas oublié ! Comme vous le savez, mon pays regorge d’opportunités avec la prochaine exploitation — dès 2024 justement — de ressources pétrolières et gazières et des blocs restent à attribuer. » C’est un exemple de lettre que nos candidats « doorkatu marteau » peuvent bien adresser à d’éventuels bailleurs! Juste pour montrer comment ces sérials-racketteurs procèdent après avoir déclaré leur candidature par des quêtes voilées.
La traite des escrocs électoraux !
Des politologues interpellés estiment que ce désir d’extorsion de fonds justifie le nombre pléthorique de candidats à la prochaine présidentielle. De véritables « frappeurs de marteaux » ! Les plus rusés parmi ces margoulins, une fois assis sur un solide matelas financier, et sachant qu’ils n’ont aucune chance de gagner, voire d’avoir ne serait-ce qu’un pour cent de l’électorat, se désistent la veille du dépôt des candidatures ou alors cherchent par tous les moyens à se faire recaler. D’autres, plus fins, une fois les fonds rassemblés et sécurisés, battent « champagne » pour ne pas dire campagne aux côtés de sérieux candidats avec les rares membres de leur famille. Et à moindre frais ! Les apparences sont sauves vis-à-vis des généreux donateurs et le tour est joué ! Tiens, tiens…d’autres candidats fantômes, après avoir fait mousser leur candidature et rassemblé quelques foules moyennant finances, annoncent subitement, avant ou pendant la campagne, leur désistement au profit d’un candidat ayant des chances de gagner. Contre remboursement des frais déjà engagés lors de la collecte des parrainages !
Un vrai « Louma politique » selon Dr Momar Thiam
D’après Dr Momar Thiam, expert en communication politique et enseignant, « à ce rythme, on va atteindre le chiffre fatidique de 200 candidats déclarés. On a l’impression que cette présidentielle de 2024 est un « louma politique » c’est-à-dire un marché anarchique voire spontané où marchandent bouchers et éleveurs sur le dos des Sénégalais considérés comme de petits ruminants » déplore l’ancien conseiller en communication du Président Abdoulaye Wade avant de s’interroger « Pourquoi un « Louma politique » ? Parce que vous avez des candidats déclarés issus du pouvoir mais aussi des candidats fantômes ou fantaisistes, et des candidats standards qui se déclarent pour la bonne et simple raison qu’ils ont métier, la politique, alors que la politique est une mission, c’est un sacerdoce. Dès lors qu’ils font de la politique un métier, ils cherchent à avoir à travers la politique ce que l’on appelle des ressources additionnelles. Souvent, c’est des personnes qui ont peut-être un métier ou qui sont dans le secteur informel c’est-à-dire dans le business et qui, à travers la politique, vont chercher à s’immiscer dans l’espace public pour pouvoir y retirer des dividendes du genre : être ministre, être député, être directeur général d’une société nationale, ou chargé de mission dans l’espoir de s’enrichir. Ou, dans la plupart des cas, négocier et gagner des marchés. Car, au Sénégal comme partout ailleurs dans les pays africains, la politique est la voie la plus rapide pour faire fortune » explique Dr Momar Thiam. Notre spécialiste en communication politique se dit convaincu que la majorité écrasante des soi-disant candidats n’auront pas le nombre de parrainages requis. «A l’arrivée, ils ne seront que quelque dix candidats sérieux dans les starting-blocks pour la présidentielle 2024. Et donc ce qui va se passer, c’est que ces candidats fantômes, pour ne pas dire candidats de la dernière minute ou opportunistes, vont après monnayer leur présence dans des coalitions comme Benno Bokk Yakaar (Bby) ou celle de l’opposition ayant le plus de chances d’accéder au pouvoir en faisant comprendre qu’ils peuvent leur apporter des électeurs. Vraiment cela ressemble un peu à une supercherie qui n’honore pas la politique. Et si aujourd’hui on veut rendre à la politique ses lettres de noblesse, il doit avoir un système de filtre avec les parrainages. Parce que la caution et le parrainage n’ont pas permis de mettre hors d’état de nuit ces délinquants politiques composés d’hommes d’affaires va nu-pieds » se désole Dr Momar Thiam. Et notre expert en communication de dispenser un cours magistral sur la fonction présidentielle « désacralisée » avec ces drôles de postulants dont la plupart n’ont aucune compétence politique et intellectuelle pour être ne serait-ce que délégués de quartier, à plus forte raison président de la République ou même ministre. Mais quand il s’agit de faire du « door marteau », il y aura toujours de la place pour tout le monde au Sénégal !