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3 mai 2025
Politique
PAPE ALIOUNE DIALLO ACCUSE MACKY SALL
Désormais candidat sous la bannière de la coalition de la Gestion des opportunités, pour la Libération des énergies dans la réconciliation, l’Innovation et l’Autonomie (GLorIA), Pape Alioune Diallo se radicalise contre BBy.
Désormais candidat sous la bannière de la coalition de la Gestion des opportunités, pour la Libération des énergies dans la réconciliation, l’Innovation et l’Autonomie (GLorIA), Pape Alioune Diallo se radicalise contre BBy. Selon lui, c’est le candidat de BBy et ses souteneurs qui sont à l’origine de la pléthore de candidatures, pour noyer les candidatures sérieuses. en tout cas, s’il ne franchit pas le premier tour, Pape Alioune Diallo promet de soutenir le candidat de l’opposition devant affronter celui du pouvoir.
L’Ingénieur Pape Alioune Diallo, responsable de l’Alliance Pour la République (APR) à Thiès, avait déposé sa candidature à la candidature de Benno Bokk Yaakaar pour l’élection présidentielle de 2024. Mais finalement, le choix a été porté sur le Premier ministre Amadou Bâ. «Après que Benno a porté son choix sur le Premier ministre Amadou Bâ, j’ai décidé de faire mon chemin. Le Directeur de Cabinet Politique du Président m’a appelé après le choix pour s’enquérir de ma position. Je lui ai dit qu’il faisait partie de ceux qui étaient mandatés par le Président Macky Sall pour écouter les candidats, mais ils n’ont pas joué leur rôle. Je lui ai demandé donc de dire au Président que je maintiens ma candidature», a d’emblée expliqué Pape Alioune Diallo.
C’était hier à Thiès, en marge d’une réunion virtuelle avec les Sénégalais de la diaspora, établis en Afrique du Nord, en Europe, en Afrique de façon générale, en présence des délégués régionaux de la coalition. Il a dénoncé la pléthore de candidatures et pour lui, tout laisse croire que c’est le candidat de Benno Bokk Yaakaar et ses souteneurs qui sont à l’origine. « Beaucoup de candidatures sont dues à ce candidat de BBY et de ses souteneurs. C’est juste pour noyer les candidatures sérieuses comme la mienne. La preuve en est donnée par le fait que la nouvelle loi électorale prévoit que le candidat peut déposer une liste de 13 députés ou de 120 élus territoriaux en lieu et place du parrainage. Le camp de Benno a 82 députés et il aurait pu déposer 13 députés et avoir même de la réserve. Mais au lieu de cela, ses responsables parcourent le pays avec des centaines de millions de FCFA voire des milliards, pour aller chercher des parrains. C’est parce qu’ils veulent dépenser de l’argent, ce qui donne déjà une idée de comment le candidat Amadou Bâ va gérer ce pays, une fois élu. Ces fortes sommes d’argent sont dépensées au moment où les jeunes sont à bout de souffle, ce qui se traduit par une ruée par milliers et par pirogues, vers l’Europe. Nous sommes au mois d’octobre et au moment où nous devrions honorer nos femmes, l’appareil de mammographie de l’hôpital régional est en panne. Ces responsables de Benno feraient mieux d’aller régler ces problèmes». Il ne manque pas de souligner : «Si par miracle le candidat Amadou Bâ passe le premier tour et se retrouve avec moi, tout le monde verra de quel côté vont se pencher les Sénégalais. En tout cas, il est Premier ministre depuis un an et jamais les prix n’ont autant flambé à ce niveau ; même le prix du gombo est passé de 200 à 1 800 Fcfa. Lors de la tabaski, il avait dit que les Sénégalais pouvaient même acheter un mouton à 60 000 Fcfa, ignorant que le kg de viande est à 5 000 Fcfa. La façon dont il a géré le sport et l’élevage constitue aussi un avant-goût de ce qu’il va faire. Si le second tour l’oppose à un autre candidat de l’opposition, je vais soutenir celui de l’opposition. Pour lui, il est temps d’avoir un président de la République qui comprend les enjeux de l’heure, qui ne s’entoure pas de gardes du corps, mais qui va au front pour affronter et résoudre les difficultés des populations. Les ministres, les directeurs généraux doivent aussi aller au front ; mieux qu’ils aillent conquérir les suffrages des Sénégalais.
Sachant que le temps est compté, en ce qui concerne la première étape que constitue le parrainage, Pape Alioune Diallo explique qu’en tant qu’ingénieur, il a mis en place un outil dénommé «parrainage VIP», permettant de faire le tout en moins de temps et en moins de ressources. En moins de deux minutes, dit-il, ce système peut prendre un parrainage, traiter l’image, les textes, pour en faire un parrainage réussi, avec la signature du parrain.
HABIB NIANG CLAQUE LA PORTE ET REJOINT MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE
La coalition Benno Bokk yaakaar de Thiès est confrontée à un exercice complexe de recomposition, consécutivement à la dernière donne liée au choix du candidat pour l’élection présidentielle de 2024.
La coalition Benno Bokk yaakaar de Thiès est confrontée à un exercice complexe de recomposition, consécutivement à la dernière donne liée au choix du candidat pour l’élection présidentielle de 2024. D’ores et déjà, Habib Niang de la zone nord a officialisé son départ ce weekend. Il a dans le même temps claqué la porte de l’Alliance pour la république (APr), avant de faire renaître son mouvement And Suxxali Sénégal (mASS) et rejoindre le candidat Mahammad Boun Abdallah Dionne avec déjà 14 800 parrains.
Le contexte politique national, lié aux déclarations de candidatures pour la prochaine élection présidentielle de 2024, est en train d’impacter lourdement la coalition Benno Bokk Yaakaar à Thiès, avec d’énormes frustrations dans les rangs. Une telle situation a fini d’imposer une perspective de recomposition et d’ailleurs, les lignes ont commencé à bouger.
En effet, Habib Niang, qui s’est longtemps activé à Thiès et même ailleurs pour le compte du Président Macky Sall et de sa coalition, et qui avait finalement dissous son Mouvement And Suxxali Sénégal ak Habib Niang (MASS) dans l’Alliance pour la République (APR), a réuni ce week-end ses militants et sympathisants en assemblée générale, pour annoncer officiellement son départ de BBY. Il a par ailleurs quitté l’APR et fait renaître son MASS pour, dit-il, «préparer et baliser le terrain pour le candidat qu’ils vont accompagner, en l’occurrence Mahammad Boun Abdallah Dionne».
Avant cette assemblée générale, il déclare avoir convoqué, il y a quelques jours, les présidentes des groupements de femmes et les présidents des cellules de jeunes pour échanger autour des enjeux de cette présidentielle de 2024 et discuter avec eux sur la trajectoire à prendre en direction de cette élection. Il affirme par ailleurs que son mouvement politique, qui va s’impliquer dans ces prochaines joutes aux côtés du candidat Boun Abdallah Dionne, vient de renaître sous une peau nouvelle et de nouvelles perspectives pour son avenir politique.
Selon lui, il est un leader politique originaire de Thiès, qui a accompagné le Président Macky Sall dans la loyauté et la fidélité absolues, mais la monnaie de sa pièce ne lui a jamais été rendue. Il affirme pour s’en désoler qu’il a chaque fois introduit des dossiers de financements pour les femmes qui constituent le socle de sa base politique, mais tout a été bloqué. Aussi de noter que malgré cela, il a poursuivi cet engagement aux côtés du Président Macky Sall pendant 7 ans, parfois avec la désapprobation de la plupart de ses militants et avec une descente sur le terrain chaque week-end, pour promouvoir les idéaux de la coalition présidentielle. Il indique que c’est d’ailleurs à cause de la loyauté, de la fidélité, de la grande confiance au président de la République, qu’il avait décidé de fondre son Mouvement And Suxxali Sénégal ak Habib Niang (MASS) dans l’APR, malgré les réserves exprimées alors par certains de ses proches. Mais il estime être victime d’une négligence, d’un manque de considération alors que d’autres qui sont promus autour du Président sont même incapables de créer «un dahira».
Pour toutes ces raisons, il déclare que l’heure de rompre les amarres a sonné et c’est pourquoi il a démissionné de l’APR et de sa coalition, pour reprendre son mouvement et travailler aux côtés de l’ancien Premier ministre Boun Abdallah Dionne en direction de la prochaine élection présidentielle. C’est ainsi qu’il a lancé la bataille du parrainage pour le candidat Boun Abdallah Dionne, non sans déclarer avoir déjà récolté 14 800 parrains. «Je sais que vous êtes nombreux à accueillir ce renouveau que vous avez tant souhaité ; aujourd'hui le destin de notre mouvement est entre nos mains. C'est pourquoi je vous demande de redoubler d'efforts, de maximiser le travail de terrain, de ne point verser dans les polémiques et discussions inutiles qui ne nous mènent à rien, car nous avons un défi à relever, à savoir le pari du parrainage pour permettre à notre candidat de passer ce cap avec brio», tel est l’ultime message lancé à ses militants lors de cette assemblée générale du week-end.
LE F24 VEUT METTRE FIN AUX VIOLATIONS DES DROITS DEMOCRATIQUES
Face à la situation politique actuelle du pays, les leaders de la Plateforme des forces vives de la nation F24 s’est réunie hier en plénière.
Les leaders de la Plateforme des forces vives de la nation F24 se sont réunis hier, en plénière, pour fixer les priorités de leur lutte. A cet effet, les combats de la plateforme vont porter sur la libération des détenus politiques, notamment Aliou Sané et Ousmane Sonko, et la transparence du processus électoral.
Face à la situation politique actuelle du pays, les leaders de la Plateforme des forces vives de la nation F24 s’est réunie hier en plénière. Cette rencontre a donné lieu à un examen critique de la situation actuelle, caractérisée par la pléthore de détenus qui a entraîné le surpeuplement des prisons et la violation des droits des citoyens par Macky Sall et son gouvernement. Selon le coordonnateur du F24, Mamadou Mbodj, le Sénégal traverse actuellement une situation économique très précaire. «Celle-ci se traduit par une hausse hallucinante des prix des denrées de première nécessité. Le coût de l’électricité et de l’eau pose problème. Nous avons convenu qu’il fallait prendre tout cela en charge pour montrer au président de la République que les Sénégalais en ont assez. Il faut se mobiliser pour qu’il y ait une alternative à son pouvoir», a déclaré Mamadou Mbodj qui, au-delà de la situation nationale, a insisté sur la nécessité de dénoncer vigoureusement l’arrestation «injustifiée» d’Aliou Sané coordonnateur du mouvement Y en a marre. A ce propos, il a rappelé la pétition qui a été signée par tous les membres et qui sera rendue publique prochainement. En soutien à Aliou Sané, la plateforme a décidé d’écrire des lettres de témoignage. «Cela pour montrer que ce qu’on lui reproche est totalement fallacieux. Nous allons même faire des demandes de comparution», a-t-il indiqué.
AMINATA TOURE: «LE CANDIDAT DE MACKY SALL N’ARRIVERA PAS EN 3E POSITION A LA PRESIDENTIELLE»
L’ancienne Première ministre, Aminata Touré a axé son intervention sur les «violations» des droits des concitoyens en commençant par ceux d’Ousmane Sonko dont le représentant a été privé de retirer les fiches de parrainage. A cet effet, Mimi Touré pense qu’il est nécessaire de se battre sur le principe d’une élection inclusive et transparente. «Aujourd’hui on observe au Sénégal une violation continue des droits démocratiques et c’est sans précédent dans l’histoire politique de notre pays. On élimine les candidats par voie judiciaire. C’est d’un autre âge. On n’a jamais atteint ce niveau de violation des droits démocratiques dans ce pays. Nous avons encore des milliers de jeunes qui croupissent dans les prisons. Si le Président Abdoulaye Wade avait procédé de la sorte en 2011, Macky Sall ne serait jamais candidat», dénonce Aminata Touré.
Il est important, à ses yeux, que les Sénégalais se mobilisent pour défendre la démocratie afin que nous puissions aller vers des élections libres et transparentes mais également faire tout pour battre Amadou Ba au soir du 25 février 2024. «Nous allons nous battre pour que le processus électoral soit transparent, qu’il n’y ait pas d’élimination par une stratégie de doublonnage générale. Nous serons intransigeants sur ça. Nous irons au scrutin et le candidat de Macky Sall sera battu à plate couture. Il n’arrivera pas en troisième position. Nous avons décidé d’être ensemble et de nous serrer les coudes et de veiller à ce que le contrôle du vote soit effectif. Nous allons également veiller à ce qu’il n’y ait pas de tentative d’élimination de candidat aussi bien sur le plan judiciaire que par la stratégie d’élimination par les parrainages», a ajouté Mme Touré. Elle n’a pas manqué de déplorer la vie insoutenable des Sénégalais. Selon elle, le pays est sous pilotage automatique. Parce que « le Président Macky Sal et son Premier ministre sont occupés à vouloir gagner une élection qu’il sera impossible pour eux de gagner».
Dourandji Jean Martin Leoba
TCHAD : L’URGENCE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Jadis, l’évocation du Tchad dans les médias internationaux renvoyait à la guerre et à la famine entre autres. Aujourd’hui encore, malgré l’accalmie, l’actualité tchadienne reste largement dominée par les questions militaires.
Dourandji Jean Martin Leoba |
Publication 09/10/2023
Jadis, l’évocation du Tchad dans les médias internationaux renvoyait à la guerre et à la famine entre autres. Aujourd’hui encore, malgré l’accalmie, l’actualité tchadienne reste largement dominée par les questions militaires. C’est à se demander si finalement ce pays d’Afrique centrale n’a pas fait du sécuritaire sa vocation. Les discours officiels corroborent cette thèse si bien que les préoccupations des Tchadiens soient ailleurs.
En réalité, et pour comprendre cette situation, il faut a priori reconnaître que les gouvernements successifs depuis 1960 n’ont guère accordé la priorité à autre chose qu’à un secteur qui leur permet de contrer d’une part l’opposition armée, et d’autre part, de se maintenir au pouvoir. Il s’ensuit donc que le développement économique a été occulté par les luttes personnelles pour le pouvoir. Ainsi, aussi bien les dirigeants tchadiens eux-mêmes que les partenaires internationaux, n’ont daigné placer l’économie au rang de première priorité.
Bien entendu, cet échec se traduit par un retard considérable dans les infrastructures, l’accès des populations aux services de base et tout naturellement des indicateurs sociaux alarmants. Il en découle que le pays se retrouve au dernier rang des classements de développement malgré qu’il soit producteur de pétrole depuis vingt-ans.
Les nombreuses ressources dont regorge le pays
En effet, l’ensemble du territoire du pays est doté d’immenses ressources naturelles, d’une part, entre autres, le pétrole, l’uranium, le fer, le cuivre, et d’autre part, des ressources qui font la spécificité du Tchad. Ces ressources qui confèrent donc un avantage différenciatif important sont la gomme arabique, le coton, la spiruline, le karité, le sésame.
Jadis, l’évocation du Tchad dans les médias internationaux renvoyait à la guerre et à la famine entre autres. Aujourd’hui encore, malgré l’accalmie, l’actualité tchadienne reste largement dominée par les questions militaires
Si le pétrole qui place le pays au dixième rang africain avec une réserve de 1,5 milliard de barils, est à ce jour l’unique ressource naturelle judicieusement exploitée, la répartition et la gestion de sa rente demeurent largement discutables. Encore que la nationalisation du principal bassin de production, décision hautement risquée, pourrait compromettre les perspectives.
Quant à l’or, si son existence est prouvée dans plusieurs provinces du pays, son exploitation artisanale prive l’État de ressources financières additionnelles et crée des tensions récurrentes importantes pour son contrôle. Dans le secteur agricole, l’élevage tchadien confère au pays le troisième rang en Afrique tout comme l’agriculture qui lui offre de nombreux atouts. Il demeure tout aussi important de signaler les atouts indéniables du Tchad dans les secteurs du tourisme ou encore de l’artisanat. L’on convient, tant il est vrai, que l’exploitation de ces ressources et la bonne gestion de leur rente peut vraiment placer le Tchad au rang de puissance émergente. Ce passage en revue non exhaustif montre bien la quantité de ressources dont dispose le Tchad.
La responsabilité des dirigeants politiques
La responsabilité de développer un territoire revient aux dirigeants politiques. Ceux-ci doivent imaginer les solutions nécessaires et identifier les moyens pour y parvenir. Toutefois l’on convient que pour le cas du Tchad, la faiblesse des ressources financières intérieures a expliqué en partie le sous-développement jusqu’ à la fin des années 1990. Mais depuis l’entrée en activité des champs pétroliers de Doba en 2003, les ressources financières ont commencé à abonder. Malheureusement, la tradition de développement n’existant pas, les dépenses improductives et militaires ont considérablement et rapidement accru au détriment des dépenses d’investissement. Tout comme la gabegie qui a suivi n’a pas permis le décollage économique.
Si le pétrole qui place le pays au dixième rang africain avec une réserve de 1,5 milliard de barils, est à ce jour l’unique ressource naturelle judicieusement exploitée, la répartition et la gestion de sa rente demeurent largement discutables
La responsabilité des dirigeants est d’autant engagée que l’on constate ces dernières années une forte hausse du chômage et une paupérisation accrue de la population ainsi que des perspectives quasi nulles pour les jeunes. Aussi, les mauvais choix répétitifs des dirigeants constituent un fardeau pour les finances de l’État. Il leur revient d’inverser l’ordre des priorités. Il est aussi de leur responsabilité d’éviter les situations de gaspillage des ressources et de garantir une allocation optimale de celles-ci.
Les dirigeants tchadiens qui ont jusque-là montré peu d’empressement pour le développement de leur pays vont-ils rectifier le tir ? La réponse affirmative n’est pas certaine à ce stade mais il existe cependant un élément de pression très important, la nouvelle génération portée par le charismatique opposant Succès Masra. Économiste de formation et ancien de la Banque africaine de développement, celui-ci doit son succès actuel à son discours innovateur et son ‘’obsession’’ pour la transformation économique du Tchad loin des discours ‘’archaïques’’ d’en face. Les pouvoirs tchadiens gagneraient à adopter la même posture que leur principal opposant.
Politiques publiques peu ambitieuses
En matière de politique publique, les résultats sont tout aussi désastreux. Ceci explique la médiocrité des indicateurs de développement plaçant systématiquement le Tchad dans le dernier rang des différents classements de l’IDH (indice de développement humain), de compétitivité, de la bonne gouvernance, etc. Que ce soit dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau ou à l’électricité, les besoins demeurent entiers. Par exemple, le taux d’accès à l’électricité est de 11% selon la Banque mondiale contre 53% pour l’eau. Ce qui est inconcevable dans un pays ensoleillé en permanence toute l’année et inondé par de nombreux cours d’eau. Pour couronner ces différents échecs, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 4,7 millions à 6,5 millions entre 2011 et 2018.
Aussi faut-il voir en ces résultats le manque d’ambition des dirigeants tchadiens plus enclins à engager le pays et ses ressources sur les questions militaires que pour améliorer la vie de leurs concitoyens.
Malheureusement, la tradition de développement n’existant pas, les dépenses improductives et militaires ont considérablement et rapidement accru au détriment des dépenses d’investissement. Tout comme la gabegie qui a suivi n’a pas permis le décollage économique
Autre fait marquant du peu d’ambitions des dirigeants tchadiens, en considérant le budget général de l’État, celui-ci est insuffisant pour un pays de 17 millions d’habitants. Il oscille entre 900 et 1500 milliards de FCFA en dépenses. Et pourtant des pays démographiquement inférieurs comme le Gabon ou la République du Congo ont dépassé ce seuil. Tout comme d’autres pays sahéliens, tels que le Niger ou le Burkina Faso.
A contrario, le Tchad qui est relativement peu endetté par rapport à son PIB, conserve sa capacité, bien que des risques d’autres natures subsistent, à emprunter pour financer son développement. Il advient qu’en vérité, avec un budget modeste, les moyens de développement soient, toutes choses étant égales par ailleurs, limités.
Faire des arbitrages équitables
Pour maintenir l’équilibre, les dirigeants doivent répartir de manière équitable les ressources nationales. A cet égard, les secteurs productifs doivent avoir une attention particulière. Car créateurs de richesse et pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes. Il est d’autant plus urgent de développer le Tchad que ce pays après vingt ans d’exploitation pétrolière présente quasiment les mêmes caractéristiques qu’il ne l’est avant son entrée dans le cercle des producteurs.
S’il est vrai que la sécurité est un facteur d’attractivité, la négligence du développement génère l’insécurité et constitue un facteur de répulsion. Point n’est besoin de rappeler que dans le contexte de montée du terrorisme, la pauvreté en constitue un terreau, et le pays se doit d’être performant d’abord économiquement puis sécuritaire ensuite. Il apparaît dès lors que dans le contexte tchadien un choix s’impose : opter pour la rupture, ce qui signifie mettre en place une politique pro-développement aux effets bénéfiques inclusifs ou faire le choix de la continuité c’est-à-dire du renforcement disproportionné des forces armées au prétexte de la sécurité au service exclusif des dirigeants.
Mohamadou Fadel Diop
LA CRISE SÉCURITAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST ET AU SAHEL EST AUSSI UN ENJEU DES NÉGOCIATIONS CLIMATIQUES
Bien que les épisodes de putsch, de razzia, de bombes explosives attirent le plus l’attention des médias, ils couvent subtilement une compétition féroce à l’œuvre pour sécuriser les minéraux stratégiques dont regorge le sous-sol africain.
Lorsqu’on s’arrête et qu’on prend un temps pour examiner les dommages collatéraux de la crise sécuritaire sur l’environnement, sur la vulnérabilité au changement climatique, sur la gouvernance des industries extractives, l’on se doute que cette situation nous coûte plus qu’aucun chiffre ne sera jamais capable d’estimer. C’est la capacité des pays africains à tenir debout et à marcher dignement à côté de leurs pairs dans la valse du monde qui est atrophiée. Et cette capacité n’a jamais été plus importante que maintenant, au cœur de bouleversements internationaux sans précédents, devant les menaces du changement climatique et les soubresauts du capitalisme.
Il est clair que le vent de révolte qui souffle en ce moment en Afrique de l’Ouest et du Centre n’est pas seulement causée par les limites de la gouvernance démocratique et sécuritaire. Parmi les autres facteurs inter-reliés, la problématique de la gouvernance des ressources naturelles est particulièrement significative. Elle l’a longtemps été ; mais aujourd’hui, la marche rapide vers « le Net Zéro » d’ici 2050 et la compétition autour des ressources minières qu’elle entraine laisse peu de temps aux Etats africains pour penser aux bonnes options afin de gouverner de manière souveraine leurs ressources naturelles sans condamner leurs peuples à la pauvreté, à la famine et à l’exil alors que le reste du monde jouit des bienfaits d’une planète écologique.
Bien que les épisodes de putsch, de razzia, de bombes explosives attirent le plus l’attention des médias, ils couvent subtilement une compétition féroce à l’œuvre pour sécuriser les minéraux stratégiques dont regorge le sous-sol africain. Le Sahel en souffre.
Les conflits en Afrique de l’Ouest et au Sahel se nourrissent des insuffisances de l’économie politique des ressources naturelles
Il est reconnu que le sous-sol ouest-africain regorge d’abondantes ressources extractives (pétrole, gaz, or, uranium, hydrogène naturel) tout comme des ressources renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, biomasse, hydrogène artificiel, déchets urbains, etc.) et des ressources stratégiques pour la transition énergétique (lithium, bauxite, manganèse, zircon, cuivre, phosphates, etc.). Des pays comme la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Guinée, le Sénégal possède des réserves en minéraux de transition équivalant à des centaines de milliards de dollars selon le Natural Resource Governance Institute (NRGI).
L’exemple du Delta du Niger suffit à montrer que l’exploitation de ces ressources naturelles, au lieu de permettre la prospérité, a engendré des inégalités consistantes que certains assimilent à une « malédiction des ressources naturelles ». Les velléités prédatrices des entreprises extractives ainsi que la construction d’Etats rentiers qui s’adossent à l’exportation des matières premières n’ont pas permis la diversification économique qu’il faut pour corriger ces inégalités. Au contraire, elles ont favorisé des comportements compradors, des flux financiers illicites ainsi que des décisions arbitraires qui ont nourri la frustration et la haine de beaucoup de populations défavorisées, faisant le lit des conflits, des rebellions et de la guerre.
Dans un passage qui confirme les liens entre les caractéristiques défaillantes de l’économie politique des ressources naturelles et la prolifération de l’insécurité et d’un sentiment de rejet en Afrique de l’Ouest, le philosophe camerounais Achille Mbembe explique bien comment, en Afrique, « les zones grises se sont multipliées et une course effrénée à la privatisation des ressources du sol et du sous-sol a été engagée. D’importants marchés régionaux de la violence sont apparus, dans lesquels s’investissent toutes sortes d’acteurs en quête de profit, des multinationales aux services privés de sécurité militaire.
L’exemple du Delta du Niger suffit à montrer que l’exploitation de ces ressources naturelles, au lieu de permettre la prospérité, a engendré des inégalités consistantes que certains assimilent à une « malédiction des ressources naturelles »
Leur fonction principale est de monnayer la protection contre l’accès privilégié à des ressources rares. Grâce à ces formes nouvelles du troc, les classes dirigeantes africaines peuvent assurer leur mainmise sur l’État, sécuriser les grandes zones de ponction, militariser les échanges au loin et consolider leur arrimage aux réseaux transnationaux de la finance et du profit ».
Dans ce contexte, la transition écologique peut-elle être la promesse d’un meilleur monde ?
Mais au-delà des Hommes, les institutions de coopération régionale comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ou l’Union africaine sont fragilisées alors qu’elles devraient être les pierres angulaires de la réponse des Etats africains face au changement climatique.
D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la plus grande autorité scientifique en matière de changement climatique, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest sont parmi les régions les plus vulnérables aux fluctuations climatiques futures. C’est donc une terre riche en ressources naturelles, mais qui est en train de les perdre à cause de l’action de l’Homme, sans que celui-ci ait réussi à garantir la satisfaction des besoins essentiels des populations qui vivent sur cette terre. Des choses simples comme aller à l’école, donner à manger à son enfant, amener sa femme enceinte à l’hôpital, etc. Des choses simples.
Au Sahel, les revendications de justice climatique coïncident avec un temps de revendication extrême pour la justice sociale
Il semble que la marche du temps, la marche de l’histoire arrive bientôt à un carrefour où le besoin de repenser nos modes d’habitation sur terre croisent les aspirations de la jeunesse africaine pour échapper à la manipulation et à la pauvreté qui les guettent eux, ainsi que leurs futurs enfants et leurs futurs petit -enfants. Aujourd’hui, alors que le monde suit la marche de la transition énergétique, l’intérêt de sécuriser la gestion des minéraux stratégiques est crucial afin de permettre l’industrialisation, la création d’emplois et le développement économique des pays producteurs de ces minéraux. Il est aussi question pour ces pays d’avoir l’opportunité d’utiliser leurs ressources pour construire des sociétés sobres en carbone. Y parviendra-ton en Afrique de l’Ouest ? Pas si les questions sécuritaires et les questions climatiques sont perçues sur des terrains différents.
D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la plus grande autorité scientifique en matière de changement climatique, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest sont parmi les régions les plus vulnérables aux fluctuations climatiques futures
La crise sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel ne devrait pas être en dehors de l’agenda des négociations climatiques internationales parce qu’au-delà des nombreux autres facteurs qui ont influencé la propagation de cet enfer, la question de l’autodétermination des peuples ouest-africains à jouir librement des bénéfices de leurs ressources naturelles est centrale.
Alors que se tient actuellement le Sommet Africain sur le Climat, mais bientôt aussi la COP28, les négociateurs africains discuteront avec divers représentants de la communauté internationale pour prendre des décisions sur l’avenir des ressources naturelles dans un contexte de transition écologique. Ils parleront de transition énergétique, de transition agro- écologique, de financement climatique mais en fin de compte ils reviendront pour appliquer les décisions qu’ils auront prises dans un Sahel en tourmente.
Dans cette région, les coûts de l’adaptation au changement climatique risquent de grimper en flèche si les risques sécuritaires ne sont pas pris en compte dans l’agenda climatique actuel, dans la planification et dans la mise en œuvre des projets. C’est le message que les deux côtés de la table ne pourront ignorer ou balayer avec des analyses éphémères.
Le contexte sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel est un enjeu majeur des négociations climatiques, et il mérite plus d’attention, de recherche, d’analyses rigoureuses fondées sur des données probantes afin de garantir au mieux l’opérationnalité de l’agenda climatique au Sahel et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest. Car la terre brûle, et le temps file.
DAKAR APPELLE À LA RETENUE DANS LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
Le Sénégal exhorte toutes les parties à mettre fin aux violences et à œuvrer de manière collective pour parvenir à une solution politique et pacifique au conflit
Le gouvernement de la République du Sénégal exprime une grave préoccupation face à la reprise des hostilités dans le conflit israélo-palestinien, qui a eu lieu le samedi 7 octobre 2023. Dans un communiqué publié ce dimanche, le ministère sénégalais des Affaires étrangères condamne les attaques à l'origine de cette nouvelle escalade de violence et appelle toutes les parties impliquées à faire preuve de retenue. L'objectif est d'éviter d'aggraver un bilan humain et matériel déjà lourd.
Le Sénégal, en sa qualité de Président du Comité des Nations Unies pour l'Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien, réaffirme l'importance de raviver au plus vite les négociations entre les parties concernées. Ces négociations sont essentielles pour parvenir à l'objectif fixé par les résolutions pertinentes des Nations Unies, à savoir l'établissement de deux États indépendants, Israël et Palestine, vivant côte à côte, à l'intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.
Le Sénégal souligne l'urgence de la situation et la nécessité de mettre fin à la violence qui a entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et de graves destructions matérielles. Les autorités sénégalaises appellent toutes les parties à s'engager dans un dialogue constructif et à respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, y compris le droit à l'autodétermination.
Le gouvernement sénégalais réitère son soutien aux efforts déployés par la communauté internationale pour parvenir à une solution pacifique et durable au conflit israélo-palestinien. Il encourage toutes les parties à s'engager dans un processus de négociation sincère et à travailler en vue de la création d'un climat propice à la paix, à la stabilité et à la sécurité dans la région.
Le Sénégal souligne également l'importance de respecter le droit international humanitaire et les principes fondamentaux des droits de l'homme dans toutes les circonstances. Il appelle à la protection des civils et demande que les responsables de violations des droits de l'homme soient tenus pour responsables de leurs actes.
En conclusion, le Sénégal exhorte toutes les parties à mettre fin aux violences et à œuvrer de manière collective pour parvenir à une solution politique et pacifique au conflit israélo-palestinien. L'objectif ultime est de garantir la coexistence pacifique de deux États indépendants, Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la sécurité et la reconnaissance internationale. Le Sénégal reste engagé à soutenir tous les efforts visant à atteindre cet objectif et appelle la communauté internationale à redoubler d'efforts pour parvenir à une paix durable au Moyen-Orient.
COMMENT LE GHANA A ÉCHAPPÉ AU PIÈGE DES COUPS D'ÉTAT EN AFRIQUE
Alors que de nombreux partisans des coups d'État citent souvent l'exemple du Ghana et de la réussite de John Jerry Rawlings, Ken Opalo soulève des points intéressants sur les véritables facteurs qui ont permis au Ghana de se débarrasser des putschs
Dans un article récemment publié, le professeur associé à Georgetown University, Ken Ochieng’ Opalo, spécialiste de politique comparée et d'origine kényane, a examiné de près le cas du Ghana pour comprendre comment le pays a réussi à échapper au piège des coups d'État en Afrique. Alors que de nombreux partisans des coups d'État citent souvent l'exemple du Ghana et de la réussite de John Jerry Rawlings, Ken Opalo soulève des points intéressants sur les véritables facteurs qui ont permis au Ghana de se débarrasser des coups d'État.
L'article souligne tout d'abord que le Ghana a une longue histoire de coups d'État, avec un total de 17 tentatives et complots entre 1961 et 1985. Lorsque John Jerry Rawlings est arrivé au pouvoir en 1981, il a dû faire face à trois tentatives de coup d'État et à quatre complots. Cependant, contrairement à d'autres pays d'Afrique de l'Ouest qui ont été confrontés à des cycles répétés de coups d'État, le Ghana semble avoir réussi à sortir de cette spirale.
Le premier défi auquel est confronté tout auteur d'un coup d'État est de ne pas se faire renverser à son tour. Dans le cas de Rawlings, il a consolidé son régime militaire par des moyens violents, exécutant plusieurs officiers supérieurs et condamnant d'autres à des peines capitales ou à de lourdes peines. Bien que cette approche expéditive ne puisse être recommandée, elle a contribué à maintenir Rawlings au pouvoir et à éviter un cycle de violences prolongées.
Ensuite, Ken Opalo souligne comment Rawlings a cherché à institutionnaliser la participation populaire pour régénérer la vie politique et dépolitiser l'armée. Entre 1984 et 1988, une Commission nationale pour la démocratie a été mise en place pour étudier les moyens d'introduire la participation électorale, ce qui a conduit à un rajeunissement des gouvernements locaux élus après 1988. Cette institutionnalisation de la mobilisation politique a permis au Ghana de consolider ses institutions démocratiques et de résister aux tentations des coups d'État.
De plus, le Ghana a su faire preuve de résilience face à une crise économique majeure en 1983, marquée par une sécheresse et l'expulsion massive de Ghanéens du Nigeria. Pour réintégrer ces rapatriés sans précipiter une catastrophe humanitaire, Rawlings a mis en place des escouades de mobilisation composées de jeunes, qui ont été chargées de les réinstaller dans leurs régions rurales d'origine. Cette approche pragmatique a permis de revitaliser les zones rurales et de réduire les tensions sociales qui pourraient conduire à des coups d'État.
Malgré les réussites du Ghana, Ken Opalo souligne que sortir du cycle des coups d'État reste extrêmement difficile pour les pays actuellement concernés en Afrique de l'Ouest, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée et la Guinée-Bissau. Ces pays sont confrontés à des menaces graves liées à la sécurité, à des secteurs de la sécurité surdéveloppés, à un manque de ressources suffisantes pour mener des politiques clientélistes et à une exposition aux manipulations géopolitiques mondiales. Ces facteurs ne diminueront probablement pas de sitôt, ce qui signifie que la tâche de civiliser complètement la politique dans ces pays est ardue.
L'article conclut en soulignant l'importance de ne pas céder à la résignation face à ces défis. Bien que la situation puisse être difficile, il est essentiel de rester mobilisés et concernés pour promouvoir des institutions démocratiques solides et résister aux tentations des coups d'État. Le cas du Ghana montre qu'il est possible d'échapper au piège des coups d'État, mais cela nécessite des efforts continus et une volonté politique de consolider la démocratie.
par Patrick Chamoiseau
UN MATRI-PATRIMOINE MÉCONNU
Les Traces-mémoire, telles que je les devine, ne sont pas des monuments. Ce poécept englobe bien entendu, l’ensemble des dimensions immatérielles envisageables dans nos situations existentielles
SenePlus publie ci-dessous, le discours d'ouverture de Patrick Chamoiseau colloque international "Avec Sel et Piment, aux origines des cuisines de la Caraïbe et d'Amazonie" organisé les 3 et 4 octobre 2023 à l'Université des Antilles.
Permettez-moi quelques brèves considérations concernant la cuisine qui est la nôtre — celle des Antilles et des Amériques. Dans l’un de mes romans, intitulé Solibo Magnifique, publié en 1988, j’avais indiqué la recette du « Toufé-rétyen ». Cette chair de requin cuite à l’étouffée constituait un des plats emblématiques de l’époque. C’était aussi l’une des gourmandises préférées de ma mère. Je n’ai jamais raffolé du poisson et je ne suis pas un grand amateur de ce « Toufé-rétyen ». Seulement, je reste convaincu que cette recette méritait toute sa place dans mon exploration de l’imaginaire populaire de notre pays, mais aussi de notre créativité collective alors sous-estimée. Ce qui est intéressant, c’est que cette simple évocation avait déclenché une petite polémique. J’avais été accusé « d’auto-exotisme », pour ne pas dire de « doudouisme » par un philosophe martiniquais bien en vue à l’époque. Excusez-moi cette anecdote, mais elle est symptomatique de ceci : même si dans ces années-là, nous avions largement avancé dans la réappropriation de nos patrimoines oubliés — patrimoine de l’habitat, patrimoine de la mémoire orale, patrimoine de la danse, du tambour, de la musique des mornes —, la cuisine était encore considérée comme un symptôme du « localisme ». La citer dans un texte littéraire, constituait le symptôme haïssable d’une désertion de cet « universel » que glorifient sans précaution ceux qui se désertent eux-mêmes.
Le temps a passé, mais je crains que les choses n’aient pas vraiment changé. Notre art culinaire, notre gastronomie historique, sont largement méconnus, pour ne pas dire quelque peu négligés. Ce que nous savons d’eux se résume souvent à des compilations de recettes ou à une poignée de plats devenus passe-partout, akras, blaf, kolonbo, donbwé et tinen-lanmori qui remplissent nos célébrations militantes du bon-manger local. Je n’ai rien contre ces plats, mais on peut craindre qu’ils ne suffisent pas à résumer l’amplitude des saveurs qui nous viennent des labyrinthes de nos histoires.
Bien qu’elle soit bienveillante, cette minoration s’inscrit, à mon sens, dans deux problématiques que nous devons résoudre.
La première est celle de la notion de patrimoine.
La seconde concerne la production d’une culture savante.
La notion de patrimoine est toujours problématique chez nous. Quand on veut la définir et la valoriser, ce sont les structures monumentales qui spontanément font l’objet de notre attention. Les forts, les batteries défensives, les moulins, les ruines de pierre taillées, la Grand-case des vieilles habitations… sont nos balises en la matière. Le problème c’est que dans nos Amériques, les monuments les plus spectaculaires sont le plus souvent d’origine coloniale. Ils ne témoignent que d’une partie de nos histoires, évacuant alors la diversité et la complexité de ce que nous sommes. Ici, les trajectoires existentielles qui ne sont pas d’origine coloniale, n’ont pas atteint le stade monumental. Elles sont restées pendant longtemps, sans stèle, sans socle, sans édifices, dans les oubliettes de l’invisibilité. Nos patrimoines immatériels de la danse, de la musique, de la langue, des techniques, des savoirs populaires, savoirs-être et savoir-faire, sont largement sous-explorés. Pour réellement approcher notre réalité mémorielle, et deviner l’épaisseur de nos équations historiques, j’ai le sentiment qu’il faudrait ajouter à cette notion occidentale du « patrimoine-perçu-comme-monument », la notion de « Traces » qu’a proposée Glissant. C’est a la fois un éclat poétique et un axiome de lecture conceptuelle, ce que j’appelle un « poécept ».
Les Traces-mémoire, telles que je les devine, ne sont pas des monuments. Ce poécept englobe bien entendu, l’ensemble des dimensions immatérielles envisageables dans nos situations existentielles. Néanmoins, il dispose d’une vertu supplémentaire. Il peut s’appliquer à de petits vestiges, sublimer des objets ordinaires, magnifier un bout de paysage, réanimer jusqu’à l’éblouissement les restes ténus d’une pratique ancestrale. Les Traces sont à même de nous ramener, à connaissance sensible, les mémoires, les techniques, les savoirs de tous ceux qui ont contribué à la construction de nos Pays et qui se sont vus minorés — à commencer par les amérindiens désapparus, les africains jetés en esclavage, tous les immigrants venus de l’Asie et du levant, et, bien entendu, toute la diversité des « engagés » blancs et de ces colons originels qui camouflaient leur prédation sous le terme « Habitants ».
Un tambour, une danse, un mayoumbé, une flute de bambou, un coutelas, un geste de poterie, un « manger-mêlé », un vieux chanté créole, ne sont ni des monuments ni des densités immatérielles. Ce sont des Traces. Et c’est donc la mise à jour de ces Traces qui jalonnent notre histoire et subsistent parmi nous, c’est elle qui pourra contrebalancer non seulement les monuments coloniaux mais aussi nos minorations militantes et vertueuses. Le maillage de nos Traces, associé aux constructions monumentales, constituera enfin le récit horizontal de ces histoires qui se sont rencontrées dans le système des plantations, de ces mémoires qui se sont affrontées, qui se confrontent encore, dans l’explosive genèse de nos singularités. Ce sont toutes ces absences éclatées dans des Traces qui ont fait de chacune de nos îles, de la Caraïbe et de nos Amériques, un espace composite d’une grande modernité. Dès lors, il est évident que notre art culinaire nous a laissé d’innombrables Traces : des récipients, des ustensiles, des plats, des saveurs, des totems gustatifs, des associations inattendues, des gestes, des mélanges d’une simplicité restée indéchiffrable, des assaisonnements rituels, des racines, des tubercules, des plantes et des fruits qui a force de résister au temps sont devenus des poèmes symboliques…
C’est donc à ce triple titre — de patrimoine, de densité immatérielle et de Traces-mémoire — que notre art culinaire est à considérer comme une instance patrimoniale déterminante
Et c’est là qu’une deuxième problématique s’installe.
En préparant la série documentaire sur notre cuisine, j’ai acquis la certitude que la notion de patrimoine, dans son acception dominante, ne convenait pour définir ce gisement culturel. Le patrimoine est patriarcal. La vision masculine, les vieux réflexes machistes, ont toujours été les seuls à conter nos histoires, et donc à structurer nos imaginaires. Ils ont écarté, jusqu’à l’obstination, la présence, l’action et la créativité des figures féminines. Dans nos histoires culinaires, les hommes ont assumé une présence importante, mais il n’en demeure pas moins qu’une évidence s’impose : l’effervescence imaginative qui a donné naissance à la richesse exceptionnelle des cuisines de la Caraïbe et de nos Amériques, a essentiellement été mise en œuvre dans les canaris vides et les casseroles noircies que devaient sublimer les femmes — et cela à toutes les époques, depuis les antériorités amérindiennes jusqu’aux acculturations de nos urbanités portuaires. Toutes ces femmes, femmes de peuples génocidés, déportées jetées à l’esclavage, potomitan d’imposantes familles, marchandes ambulantes, matadors-cuisinières, servantes de grand-cases, toutes ces féminités indomptables qui ont dû, jour après jour, faire preuve de ruse, d’inventivité, de créativité cruciale, pour nourrir ceux qu’elles servaient, ou qu‘elles aimaient, sont à la base de ce que nous devons appeler : un matrimoine. Néanmoins, pour demeurer dans la complexité de nos situations humaines, je proposerais plutôt le terme de : matri-patrimoine.
La seconde problématique qui s’impose aux accomplissements de nos pays, est celle de la production d’une culture savante. Les traits structurants d’une culture proviennent toujours de la créativité populaire. Une culture, c’est avant tout des créatures anonymes qui, par leur génie, inventent au quotidien, des chemins praticables dans tous les défis de l’existence. Toute culture est le fait de créateurs obscurs qui, par le succès de leur création, initient ce qui va devenir une constante culturelle communautaire. Cependant, nos cultures créoles caribéennes ont échappé à l’archétype communautaire : elles sont par nature des cultures d’individuations relationnelles. Elle se sont sédimentées, nullement sur des bases collectives, mais dans la terrible rencontre de milliers d’individus de cultures amérindiennes avec d’autres milliers d’individus venus des autres cultures du monde. Cette alchimie (véritable choc d’individuations forcées et de communautarismes empêchés) s’est produite avec une zébrure vertébrale qui est celle de l’Afrique. Nos cultures caribéennes proviennent donc d’une créativité populaire diffuse qui, dans une même matrice épouvantable, a développé des logiciels de survies et de transmission débrouillarde que nous nous sommes efforcés de maintenir.
Comment avons-nous fait ?
Au mieux par du militantisme politique et culturel ; au pire par des sacralisations répétitives.
Conserver des dynamiques culturelles ancestrales par du militantisme ou par de la répétition sacrale aboutit nécessairement à une folklorisation. Dans les deux cas, on perd l’esprit profond, la vivacité secrète, qui fait qu’une singularité culturelle est un organisme vivant. Toute singularité culturelle se doit d’éprouver les évolutions imprévisibles du vivant. C’est pourquoi une culture vivante ne se fige jamais, elle se transforme pour bien se conserver, elle se conserve pour mieux se transformer, elle s’accomplit au rythme de ces échanges qui la changent, et elle s’adapte en continu aux écosystèmes qui la stimulent. Aujourd’hui, l’écosystème pertinent de toutes les singularités culturelles du monde, n’est autre que le monde lui-même – un monde fait de relations entre cultures, civilisations et individus, une entité hautement dynamique que Glissant a nommé le Tout-monde...
Tenter de préserver des abscisses culturelles par le militantisme ou par la répétition mécanique aboutit à leur stérilisation douce.
Hélas, cela nous est arrivé dans beaucoup de domaines.
Le seul moyen d’y échapper, c’est d’assurer le prolongement de nos gisements culturels par la production d’une culture savante. Chaque noyau culturel devrait, à mon sens, se voir enrobé d’un cytoplasme et d’une membrane de culture savante qui en assure à la fois la connaissance profonde et, par là-même, sa transmission la plus féconde et donc la plus inaltérable. Sans culture savante, les lignes culturelles populaires se folklorisent et meurent sous les bons sentiments. Nous avons pu développer cette culture savante sur notre langue, sur le tambour, sur la musique et la danse, grâce au travail de personnes formidables (je pense à l’association AM4, je pense à l’ethnomusicologue Jacqueline Rosemain, je pense à notre regretté linguiste Jean Bernabé... et à bien d’autres...) mais nous devons continuer à en produire pour toutes les variables de notre équation culturelle caribéenne, toutes les étoiles de notre galaxie américaine.
Alors voilà ma conviction.
Sans travaux de recherches, sans discussions, sans études, sans réflexions, sans projections imaginatives, sans colloques d’inventaires et de synthèse, sans esthétisation artistique exigeante, nous ne connaîtrons jamais comme il faut notre matri-patrimoine culinaire. Non seulement nous ne serons pas en mesure de le transmettre, mais nous ne pourrons pas en assurer la sublimation dans ses rencontres inévitables avec les autres esthétiques culinaires du monde. C’est donc, à mon sens, l’objet de ce colloque que d’inciter à ouvrir un champ permanent de recherches universitaires sur notre gastronomie, ses fondements, ses histoires, ses plats, ses pratiques, ses Traces oubliées, ses Traces à révéler, ses lignes de force et ses principes. De développer autour d’elle une culture savante capable de libérer les imaginations, d’exalter les imaginaires, et d’assurer ainsi à notre art culinaire une présence significative dans le renouvellement actuel. Aujourd’hui, de jeunes chefs de la Caraïbe et des Amériques —beaucoup d’entre eux sont ici avec nous — explorent avec notre richesse gastronomique. Nous implorons l’université de conférer une amplitude à leurs boîtes à outils.
Maintenant, une ultime remarque.
Lorsque l’on regarde l’espace de notre assise au monde (espace que les colonialistes ou que les universalistes auraient appelé « civilisationnel » mais que je préfère considérer comme simplement « relationnel »), on constate qu’il existe des cuisines antillaises, des cuisines sud-américaines, des cuisines de l’amérique centrale, des cuisines nord-américaines... Une diversité d’apparence chaotique. Cependant, si on y regarde de plus près, elles proviennent de la même matrice interactive, — à savoir : la présence-absence des peuples amérindiens ; la créativité inattendue qui résista aux système des plantations ; l’influence de l’Afrique explosée en des milliers de traces, et pour finir : les apports de toutes les immigrations qui ont nourri nos multiples surgissements. Il y a dans nos cuisines antillo-américaines des différences signifiantes. Malgré tout, dans ce magnifique arc-en-ciel de possibilités, il existe des lignes de force, des invariants déterminants, que nos réflexions à venir, aujourd’hui et dans les années qui viennent, pourront mettre en relief. Il nous sera clair alors que, si le choc relationnel ouvre à la diversité créative, cette dernière suscite, au cœur même de cette diversité, une unité dynamique et complexe, que nous avons l’obligation de deviner, de prolonger, de maintenir tout autant dynamique et tout autant complexe. Seule une culture poétique et savante peut assumer cette exigence.
Pour finir, je voudrais vous remercier à mon tour tous les participants à cette nouvelle page de notre accomplissement en tant que pays-frères. Remercier les services des fonds européens et particulièrement ceux de l’Interreg. Remercier tous ceux qui nous ont aidé pour la mise en œuvre de cette série documentaire. Mais je voudrais aussi remercier particulièrement M. Guy Deslauriers, réalisateur de films essentiels — L’exil du roi Béhanzin, La naissance de la biguine, le martyr d’André Aliker, la vision inconnue du Passage du milieu… et-cætera. — je le remercie d’avoir décidé de mettre son talent au service de notre matri-patrimoine culinaire.
Mèsi Misié !
Mèsi tout moun !
Mèsi anchay !
L'AFRIQUE ET LES ÉCRIVAINS OUBLIÉS DU NOBEL DE LITTÉRATURE
Le continent reste largement sous-représentée parmi les lauréats de ce prix, tandis que l'Europe et l'Amérique du Nord dominent le classement avec les trois quarts des auteurs récompensés
Le prix Nobel de littérature est l'une des récompenses les plus prestigieuses du monde littéraire. Depuis sa création en 1901, il a honoré de nombreux écrivains talentueux du monde entier. Cependant, un constat amer persiste : l'Afrique reste largement sous-représentée parmi les lauréats de ce prix, tandis que l'Europe et l'Amérique du Nord dominent le classement avec les trois quarts des auteurs récompensés.
Sur les 118 lauréats à ce jour, seuls cinq écrivains africains ont été couronnés. Il s'agit de Wole Soyinka, Naguib Mahfouz, Nadine Gordimer, John Maxwell Coetzee et Abdulrazak Gurnah. Bien que ces écrivains aient indéniablement mérité leur récompense, il est indéniable que la production littéraire africaine dans son ensemble est largement sous-représentée.
Elara Bertho, chercheuse au CNRS et spécialiste des littératures africaines, souligne cette disparité. Elle affirme à RFI que cinq auteurs primés depuis 1901 sont très peu par rapport à la richesse et à la diversité de la production littéraire africaine. Selon elle, il existe une prétention à l'universel dans la manière dont les littératures mondiales sont considérées, mais cet universalisme est en réalité fortement eurocentré.
La question se pose alors de savoir pourquoi les écrivains africains sont souvent oubliés par le comité Nobel. Certains estiment que cela est dû à la profusion d'écrivains talentueux en Europe et en Amérique du Nord. Sami Tchak, écrivain togolais et lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire, affirme toujours dans les colonnes de RFI qu'il n'y a pas autant de Boubacar Boris Diop, Ben Okri ou Mia Couto en Afrique. Selon lui, ceux qui méritent le Nobel sont une minorité, même si la qualité de leur œuvre est indéniable. Pour lui, il y a également une longue histoire d'invisibilisation des littératures africaines.
Une autre raison de cette sous-représentation réside dans les langues utilisées par les écrivains africains. Parmi les cinq lauréats africains, quatre écrivaient en anglais et un seul en arabe littéraire. Les écrivains africains francophones, quant à eux, se sentent souvent oubliés. La France, avec 16 auteurs récompensés depuis 1901, domine largement le classement des pays primés. Les langues africaines, telles que le wolof ou le swahili, sont donc souvent négligées en faveur des langues européennes.
Ngugi wa Thiong'o, écrivain kényan souvent cité comme candidat potentiel au Nobel, est intéressant à cet égard. Depuis la publication de son livre "Pour décoloniser l’esprit" en 1986, dans lequel il prône la décolonisation linguistique, il a cessé d'écrire en anglais et se consacre exclusivement à sa langue maternelle, le kikuyu. Cette prise de position est un défi à l'eurocentrisme de la littérature et met en lumière la nécessité de reconnaître et de valoriser les langues africaines.
Bien que la traduction puisse permettre aux écrivains africains de dépasser les frontières linguistiques, elle ne suffit pas à garantir leur visibilité internationale. Sami Tchak souligne à RFI que la question du nombre de personnes lisant dans les langues africaines se pose également. Les auteurs africains ont besoin d'une validation et d'une reconnaissance locales pour briser les dominations symboliques. Cela impliquerait la mise en place de prix littéraires en Afrique et le développement de maisons d'édition puissantes sur le continent.
Actuellement, de nombreux écrivains africains se font éditer dans de grandes maisons d'édition en Europe et dépendent des prix littéraires européens pour obtenir une reconnaissance. Ce système centralisé de légitimation limite leur autonomie et leur visibilité internationale. Il est donc nécessaire derepenser les mécanismes de reconnaissance littéraire et de valorisation des écrivains africains.
Certaines initiatives ont été mises en place pour remédier à cette situation. Par exemple, le prix Caine pour la littérature africaine, créé en 2000, vise à promouvoir et à récompenser les écrivains africains émergents. Il a permis de mettre en lumière de nombreux talents et d'encourager la production littéraire africaine.
Par ailleurs, la diversification des jurys des prix littéraires internationaux pourrait contribuer à une meilleure représentation des écrivains africains. Il est important d'inclure des membres issus de différentes régions du monde et de différentes cultures afin d'éviter les biais et les préjugés culturels.
Enfin, il est essentiel de soutenir et de promouvoir les maisons d'édition africaines, qui jouent un rôle crucial dans la diffusion des œuvres littéraires africaines. Le renforcement de ces maisons d'édition permettrait aux écrivains africains d'avoir un meilleur accès au marché international du livre et de gagner en visibilité.
MON ADVERSAIRE S’APPELLE AMADOU BA
Mahammed Boun Abdallah Dionne s’est confié à Jeune Afrique. Et les phrases ne sont pas pour le rapprocher de Macky Sall qui considère que lui et les autres qui refusent de s’aligner se sont auto-exclus.
Mahammed Boun Abdallah Dionne s’est confié à Jeune Afrique. Et les phrases ne sont pas pour le rapprocher de Macky Sall qui considère que lui et les autres qui refusent de s’aligner se sont auto-exclus. « Pourquoi y aurait-il une rupture entre lui et moi puisqu’il ne se représente pas ? Mon adversaire s’appelle Amadou Ba, pas Macky Sall, avec qui je n’ai aucun problème. Pour moi, c’est la patrie avant le parti. C’est le peuple sénégalais qui décidera qui sera le prochain chef de l’État, le 25 février 2024, et j’espère que ce sera moi », a-t-il dit.
Thierno Alassane Sall avait surnommé Boun Dionne « double bouton » dans son livre, pour dire qu’il lui obéissait au doigt et à l’œil. Mais le candidat à la Présidentielle refuse : « Je ne suis pas un double bouton. Je n’en ai même pas le caractère. Mais en tant que Premier ministre, j’ai été entièrement loyal au président de la République ».
Si Dionne tente encore de préserver son « amitié » avec Macky Sall, il ne ménage pas son Premier ministre. « Au départ, je n’étais pas candidat. C’est Macky Sall lui-même qui m’a poussé à être candidat à l’investiture parce que mon parcours l’y autorise : j’ai été son chef de gouvernement pendant cinq ans. Il a fait de même avec Amadou Ba. J’ai de ce fait passé des entretiens, puisqu’un processus avait été mis en place afin de choisir la bonne personne. Néanmoins, je n’ai pas décidé de me présenter uniquement en réaction à la décision qui a été prise. Si je suis candidat, c’est parce que j’ai mené une réflexion qui m’autorise, à titre personnel, à porter l’espoir de tout un peuple », a-t-il dit.