SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
1 mai 2025
Politique
PAR Cheikh Omar Diallo
DAKAR, GRAND PRIX DES EMBOUTEILLAGES
EXCLUSIF SENEPLUS - La circulation pourrait être une comédie si elle n'était pas si tragique. Ailleurs, on construit des autoroutes pour gagner du temps, au Sénégal, on le fait pour en perdre. Nous construisons notre pays, mais le développons-nous ?
Le Sénégal, avec environ ses 18 millions d'habitants et son million de voitures, vibre d'une énergie indéniable, et Dakar, sa capitale, en est le reflet vibrant. Sur ses 83 km², la ville s'étale dans toute sa splendeur, sa diversité, sa pollution, et sa modernité. Dotée d'autoroutes modernes, de ponts innovants, et d'autoponts de dernière génération, la presqu'île semble être parfaitement équipée pour revendiquer son statut de métropole africaine de premier plan.
Cependant, du lundi au vendredi, entre *7h et 13h*, ainsi qu'entre *17h et 20h*, il est pratiquement impossible de circuler sans se retrouver pris au piège d'embouteillages-monstres s'étirant sur des kilomètres de route.
L’une des premières causes de la circulation à Dakar réside dans l'indiscipline notoire des conducteurs, la clémence des autorités, et l'encombrement humain sur les routes.
Dakar, capitale africaine des bouchons ? Pas loin du top 10. Et, la question n'est plus de savoir : *"vais-je être en retard ?" mais plutôt "à quel point vais-je être en retard aujourd'hui ?"*
Le matin, c'est une "course à la sudation" pour ceux qui luttent désespérément pour arriver à l'heure au travail, tandis que le soir, c'est un véritable "rallye de tortues" pour rentrer chez soi.
On dit souvent que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais à Dakar, il semble que l'avenir sourit davantage à ceux qui ont des relations haut placées, ceux qui se réveillent tôt le font pour échapper à l’enfer des embouteillages.
Selon les dernières statistiques, un Dakarois perd en moyenne plus de *80 heures chaque année* en raison des embouteillages, ce qui équivaut à une perte de temps totale de *312 millions d'heures* par an. Soit une perte cumulée de *100 milliards de francs CFA* par an. Il est évident que nous construisons notre pays, mais le développons-nous réellement ?
Nos autoroutes, conçues pour fluidifier la circulation, ressemblent plutôt à des tapis roulants à l'arrêt. Sur nos routes faites d’enrobé dense, nous restons immobiles pendant des heures, tandis que la sueur perle à grosses gouttes dans nos véhicules.
Plus nos autorités construisent de ponts modernes et de chaussées dernier cri, plus il semble que les embouteillages deviennent un mode de vie pour les Dakarois.
Il semblerait que nos automobilistes, parfois nostalgiques des temps anciens, préféreraient retrouver les routes poussiéreuses et pittoresques d'antan.
La circulation à Dakar pourrait être une véritable comédie si elle n'était pas si tragique. Les routes sont devenues les acteurs principaux, et nous, les citadins, sommes devenus les spectateurs résignés de chaque "bouchon", observant avec résignation, entre chevaux surchargés et motocyclistes déjantés, notre jauge d'essence baisser plus vite que notre moral.
En tant qu'usagers, il est grand temps que nous exigions de nos autorités publiques, un véritable plan de circulation pour remédier à cette "crise routière".
Chez nos voisins, par exemple, il est interdit aux poids lourds de circuler aux heures de pointe, une mesure qui pourrait grandement soulager notre quotidien.
Il est vraiment grand temps que nous prenions des mesures sérieuses pour réduire ces embouteillages-monstres qui nous font perdre du temps, de l'énergie, et de la sueur chaque jour.
Ailleurs, on construit des autoroutes pour gagner du temps, au Sénégal, semble-t-il, on le fait pour en perdre.
Or, disent nos frères ivoiriens, [autres habitués des embouteillages], "le plus grand voleur de tous les temps est celui qui vous vole votre temps".
Dr. Cheikh Omar Diallo, un usager marri et contrit.
PAR Ciré Clédor Ly
LE PROCÈS DE ZIGUINCHOR ET L'ENGAGEMENT DU PEUPLE SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - La justice sénégalaise sera-t-elle à la hauteur pour que ne soit pas faussée la volonté populaire et sapés les fondamentaux de la démocratie et de l'État de droi ?
La justice sénégalaise sera-t-elle à la hauteur pour que ne soit pas faussée la volonté populaire et sapés les fondamentaux de la démocratie et de l'État de droit, les seuls garants de la paix et de la stabilité ?
Nul doute que la justice reste et restera un idéal pour chaque individu et pour l'humanité, mais ce sont des femmes et des hommes magistrats qui rendent toujours compte à l'histoire, et parfois de leur vivant, de ce qu'ils ont fait de leur vie pour leur peuple dans la traque de cet idéal.
Il est des instants de l'histoire d'un peuple où ce dernier reprend de ses mandataires tout le pouvoir, lorsque la justice faiblit et n'est que parodie.
Le procès de Ziguinchor est important, mais il sera loin de trancher définitivement la radiation arbitraire de monsieur Ousmane Sonko des listes électorales et sa participation à l’élection du 25 février 2025 car, dans la pyramide judiciaire, tous ne miseront pas sur le passé, car ceux qui se battent contre le destin du peuple sénégalais aspirant à la liberté, à l'indépendance, à la souveraineté et à l'unité africaine, appartiennent au présent et à l'avenir.
Les regards sont tournés vers Ziguinchor et toutes les oreilles sont tendues vers la région de Casamance, une région symbole de la résistance au colonialisme, réfractaire à toute forme d'injustice, et génitrice d'hommes et de femmes qui n'ont jamais reculé devant les balles et les chars ennemis. Le colon ne me démentira pas.
Le monde s'accorde sur l’impérium de ses lois, même si celles-ci sont souvent transgressées par ceux à qui le peuple a confié en toute innocence son patrimoine commun, la force publique et le pouvoir de décision.
La justice est un pouvoir dont le rôle est de rétablir les équilibres désarticulés ou rompus. Elle est au-dessus de la mêlée et égale pour tous .
Il n'existe qu'une seule force à laquelle le juge intègre est soumis : la loi, qui est l'expression de la volonté populaire et la justice devrait toujours être rendue au nom du peuple.
Il est donc du devoir de chaque individu de s'intéresser à l'exercice du pouvoir, à la distribution des ressources confiées à l'exécutif, à l'application de la loi par les juges, ainsi qu'à la bonne administration de la justice par ces derniers.
Les Sénégalais, où qu'ils se trouvent dans le monde, ainsi que la communauté internationale, vivent des moments où l’administration sénégalaise mise en place par le seul pouvoir exécutif, déroule son agenda électoral, avec la volonté têtue et obstinée de ne pas organiser des élections inclusives, notamment avec la participation du leader de l'opposition, la personne la plus aimée, la plus populaire, et porteuse d'un projet de société africain libérateur de l'impérialisme et de tout hégémonisme.
Le temps des danses endiablées des affairistes, des oligarchies financières et maraboutiques, et militaires, ainsi que des compradores, ces liens ombilicaux avec ceux qui étouffent l'Afrique et la saignent à blanc, appartient au passé.
Gageons que ceux qui en doutent encore auront un réveil brutal.
Ciré Clédor Ly est avocat à la Cour, Dakar, Sénégal.
GAAL GUI : PLONGÉE AU COEUR DES RÊVES BRISÉS
La nouvelle série «Gaal Gui» (la pirogue) met le focus sur les défis liés à l’immigration clandestine. L’œuvre retrace le destin de Fodé et Bathie, deux personnages tourmentés par les épreuves de la vie à Dakar
«Gaal Gui» est une série dans l’air du temps. Elle évoque un sujet d’actualité et de société : l’immigration clandestine. Ce phénomène a atteint, aujourd’hui, un niveau préoccupant. Chaque jour ou presque, des hommes et femmes empruntent l’océan et le désert dans le but de vouloir atteindre, à tout prix, les côtes occidentales ou l’Amérique. La recrudescence de ces départs illégaux ne trouve toujours pas des explications plausibles dans l’opinion. La nouvelle série «Gaal Gui» lève un petit coin du voile sur ces voyages qui s’organisent souvent dans le plus grand secret et la clandestinité. Cela, en offrant un aperçu captivant de l’histoire de Bathie et Fodé, deux jeunes Sénégalais aspirant à une vie meilleure à l’étranger. La narration est ancrée dans le contexte de Dakar, mettant en évidence les réalités complexes de la jeunesse africaine d’aujourd’hui. Pauvreté, promiscuité, oisiveté…tout un chapelet de maux et de difficultés qui rongent le quotidien de ces jeunes âmes.
La pertinence et l’intérêt de cette série résident dans le fait qu’elle cherche à trouver une réponse sur les causes de cette immigration massive. «Nous avons remarqué, comme tout le monde, que ces derniers temps, il y a beaucoup de jeunes qui partent, qui fuient le pays. Dans la série, nous avons cherché à savoir pourquoi les gens veulent coûte que coûte partir», soutient le réalisateur Babacar Sy. Selon lui, le projet leur a pris trois ans. M. Sy explique ces départs par un sentiment de désespoir qui anime les jeunes. Face à la pression sociale, note-t-il, la jeunesse est obligée de fuir.
Entre désespoir et espérance, ces candidats rêvent d’un ailleurs meilleur où «leurs droits et valeurs seront préservés». «Au Sénégal, tout tourne autour de l’argent. On prend les gens pour ceux qu’ils ont et non pour ce qu’ils sont», avance le réalisateur Babacar Sy.
La série «Gaal Gui» a été produite par le comédien Mahfousse et tournée dans le populeux quartier de Yarakh. La première saison comprend 20 épisodes.
Les deux personnages principaux du film Bathie et Fodé ont un point commun : la déception.
Fodé a perdu l’amour de sa vie qui a choisi de se marier avec un Sénégalais établi en Espagne. Bathie voit son rêve de devenir footballeur professionnel se briser après que son entraîneur lui a refusé la sélection pour une finale.
«Gaal Gui» est une série qui arrive à son heure et aide les autorités et institutions à caractère humanitaire à comprendre les véritables causes de l’immigration clandestine.
LA GAUCHE, DE TÉNORS À FAISEUSES DE ROI
La question du choix du candidat de la coalition BBY semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’APR
La désignation d’Amadou Ba comme futur candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) à la présidentielle 2024, semble avoir ravi les partis alliés de la gauche. Qui, une nouvelle fois, ne présenteront pas de candidat à une élection présidentielle. Les forces progressistes ont décidé de mettre en berne leurs ambitions de conquête du pouvoir, au profit de la dynamique unitaire de BBY.
La question du choix du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’Alliance pour la République. Aucun des candidats désignés dans la short-list n’est issu des forces de gauche qui apparaissent désormais comme des chambres d’enregistrement de l’APR.
La volonté affichée par Jean-Baptiste Diouf, maire socialiste de Biscuiterie-Grand Dakar, de se présenter à la Présidentielle, apparaît comme un coup d’épée dans l’eau. La secrétaire générale du Parti socialiste Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) dans l’émission “Point de Vue” de la Radiotélévision sénégalaise (RTS) dimanche dernier, a bien réaffirmé son soutien total au choix du chef de l’État Macky Sall. D’après nos sources, des responsables socialistes tentent de faire revenir le maire Jean-Baptiste Diouf dans les rangs.
Moustapha Niasse, secrétaire général de l’AFP et vice-président de la Conférence des leaders de BBY, apparaît aussi comme une caution devant faire croire que le choix porté sur Amadou Ba découle de la coalition plutôt que de l’APR. Le patron des progressistes, qui a auditionné les prétendants à la succession de Macky Sall, apparaît comme un lot de consolation aux partis alliés qui peinent à exister au sein de Benno.
Ce déclin progressif des forces de gauche à la remorque de l’APR, semble être le fruit du long compagnonnage avec les marrons beiges qui a finalement érodé la capacité de mobilisation et de représentativité des partis de gauche PS, AFP, LD, AJ/PADS, PIT issus de la dynamique Benno Siggil Sénégal de 2008.
Une gauche en perte d'idéologie et d’identité
Si, pendant un temps, des personnalités de gauche, dont feu Amath Dansokho, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Landing Savané ont joué les premiers rôles au sein de la mouvance présidentielle, au fil des années, la volonté hégémonique de l’APR a fini par les cantonner à un rôle de chambre d’enregistrement du parti au pouvoir. Des partis alignés qui se contentent désormais de préserver leurs quotas de postes ministériels ou de nominations dans les institutions de la République. Niasse (Assemblée nationale) et Aminata Mbengue Ndiaye (HCCT).
Cette état de fait pousse un leader de la gauche à souligner que les forces progressistes ont troqué les idéologies au profit des postes ministériels. L’ouverture vers d’autres forces issues de la galaxie libérale comme le PLD/Suxali Sénégal d’Oumar Sarr et Cie, l’Union des centristes du Sénégal (UCS) d’Abdoulaye Baldé et Rewmi d’Idrissa Seck ont accentué ce sentiment de marginalisation au sein de la nouvelle majorité présidentielle élargie depuis 2020.
L’entrée du parti d'Aïssata Tall Sall (Osez l’avenir) d’obédience socialiste ne réussit pas à contrebalancer ce sentiment ambiant d’une sorte de retrouvailles de la grande famille libérale.
La nomination d’Amadou Ba comme futur candidat de Benno en 2024 marquera l’histoire politique de notre pays, depuis la première alternance. Ainsi, pour un second scrutin présidentiel, les grands partis de gauche comme la LD, le PS et l’AFP ne présenteront pas de candidats. Ce qui risque de provoquer un assèchement du terreau idéologique et programmatique au sein de ces partis.
Ainsi, sans champion capable de mettre en avant les idées de progrès et de justice sociale, ces partis de gauche sont obligés d’être à la remorque de l’agenda néolibéral défendu par l’APR autour de son Plan Sénégal émergent (PSE). Ce rôle de faire valoir les a empêchés de constituer un pôle de changement au service d’une politique plus sociale. Même si le dernier gouvernement d’Amadou Ba a connu une inflexion sociale, avec l’accent mis sur le volet du pouvoir d’achat, la baisse du loyer et l’emploi, le substrat libéral figure toujours en bonne place dans la politique économique du régime de Macky Sall.
Selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger, l’absence de la gauche dans le débat concernant la hausse des prix des denrées de première nécessité et de la demande sociale démontre l’état de déliquescence des forces de gauche au Sénégal incapables de s’imposer comme alternatives en 2024.
La guerre des couleurs entre le Parti socialiste et Taxawu Sénégal
Ce manque d’ambition politique dans une coalition aussi hétéroclite a poussé de jeunes leaders issus de cette mouvance socialiste et progressiste à vouloir prendre leurs distances. De ce fait, les scissions de Taxawu Sénégal et Osez l’avenir du PS, du Grand parti de l’AFP et de la LD/Debout de la LD témoignent d’une perte d’identité de la gauche.
La gauche sénégalaise est largement plurielle avec diverses obédiences allant du socialisme progressiste au trotskisme, en passant par le panafricanisme. Fort de ce constat, une candidature de Khalifa Sall à la Présidentielle pourrait s’avérer désastreuse pour le Parti socialiste (PS), en récupérant une partie de son électorat.
Consciente du danger, la patronne des socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye, a décidé de déclencher les hostilités autour des couleurs de Taxawu Sénégal. Pour elle, le vert et le rouge sont l’apanage du Parti socialiste. Elle ne va pas tolérer que Khalifa Sall et ses camarades, considérés comme des dissidents du PS, s’approprient les couleurs socialistes en vue du scrutin de février 2024, a-t-elle fait savoir sur le plateau de ‘’Point de Vue’’ sur la RTS.
Ces batailles de clocher ont-elles un impact sur la nouvelle génération des militants de gauche qui se sont plus reconnus dans des mouvements comme Taxawu Sénégal de Khalifa Sall (PS), Grand parti (AFP) et LD/Debout ?
Décomposition de la gauche et travail de sape de l’APR
Pour Pape Sarr, secrétaire général par intérim de la LD/Debout, cette décomposition de la gauche sénégalaise s’explique par le travail de sape du régime actuel qui concourt à déstructurer les formations de gauche en perte de vitesse. ‘’Il faut reconnaître, ces dernières années, que la gauche a reçu beaucoup de coups de la part des régimes de Wade et de Macky Sall. Ces régimes avec divers procédés financiers et politiques sont entrés dans les organisations de gauche pour les casser. Ils sont passés par les personnalités de gauche qui ont été sensibles à leur approche et cela a eu des répercussions sur toutes les formations politiques’’, a-t-il déclaré dans nos colonnes en avril 2022.
Pour le politologue Dr Moussa Diaw, cette situation de la gauche sénégalaise ne permet pas de poser les jalons d’un projet politique susceptible de constituer une alternative politique crédible pour 2024. ‘’La gauche sénégalaise a joué un rôle dans les changements politiques et la consolidation de la démocratie au Sénégal. Depuis l’ère des coalitions, on a une partie des forces de gauche qui est intégrée dans la mouvance présidentielle (Benno Bokk Yaakaar) et une autre en marge de cette même coalition. Les forces progressistes ont du mal à trouver leurs marques, car elles n’ont pas été associées à la mise en œuvre du PSE. La gauche ne fait qu'avaliser la politique gouvernementale sans être associée aux grandes orientations de la coalition’’, avait déclaré l’enseignant-chercheur de l’UGB dans nos colonnes.
Unité de la gauche
Et pourtant, en février dernier, plusieurs partis et organisations de la gauche sénégalaise avaient exprimé leur souhait d’unité de la gauche : AFP, AJ/PADS/A, APL/ Dog Buumu Gacce, BDS, BPS, CNNO, Galaxie Communautaire, LD, M2R, MRG, MPCL, Niaxx Jarinu/MAG, NPVR, PIT, PS, RES/Les Verts, RSD/TDS, RTA/S, SÔR, UDF/Mbooloo Mi et URD. Ces forces communistes, socialistes, socio-démocrates, nationalistes, écologistes révélaient leur volonté de construire une nouvelle Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales avec un discours nouveau et des méthodes nouvelles.
En effet, elles avaient le constat que les organisations se réclamant de la Gauche, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser sur le cours politique de notre pays. Elles soulignaient, dans un texte intitulé : « Appel, Groupe d’initiative pour les assises de la gauche plurielle’’, que l’unité de la Gauche est devenue, aujourd’hui, une urgence, un impératif catégorique. ‘’Le contexte international et africain actuel, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de Gauche de se retrouver. Elles sont condamnées à réaliser leur unité afin d’être en mesure de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’elles. Face à cette situation, elles sont appelées à prendre leurs responsabilités », indiquaient les signataires.
Elles entendaient ainsi organiser les Assises de la Gauche plurielle sur la base de termes de référence consensuels, afin de créer une vaste organisation des partis et mouvements de la Gauche plurielle. Des Assises qui devraient être l’occasion d’aborder toutes les questions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles qui agitent le pays.
‘’C’est le lieu, poursuivaient les signataires de l’Appel, de souligner avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, les valeurs et les principes de Gauche comme la générosité, l’humanisme, la solidarité, le partage, la justice sociale, l’égalité, le refus de l’oppression et de l’exploitation ainsi que la défense des couches défavorisées’’.
Apparemment, ces retrouvailles sont remises à plus tard. En attendant, les partis de gauche vont essayer d’être des faiseurs de roi.
DE LA DOUBLE DOMINATION, COLONIALE ET CAPITALISTE
EXCLUSIF SENEPLUS - D'une part, persiste l'archaïsme colonial dans les mentalités. D'autre part, l'imaginaire capitaliste s'impose, avec son culte de l'argent, de la compétition et de l'individualisme. Patrick Chamoiseau : art, politique et engagement
Le célèbre écrivain martiniquais, Patrick Chamoiseau, est bien plus qu'un auteur renommé. Dans cette discussion, avec Barbara Jean-Elie dans "A coeur ouvert", il partage ses réflexions sur sa vie en tant qu'écrivain, travailleur social et figure politique. Tout en explorant le besoin de transcender l'angoisse existentielle par le biais de l'art, Chamoiseau évoque son engagement politique en faveur de la reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques.
Sublimer l'angoisse existentielle par l'art
Pour Chamoiseau, le bonheur chez un être humain ne peut être un état permanent. Il considère le bonheur comme des instants précieux que l'on s'efforce d'agrandir autant que possible. Cependant, il estime que donner un sens à sa vie est tout aussi crucial. Pour lui, l'activité artistique et le fait d'être un créateur jouent un rôle essentiel dans la sublimation de l'angoisse existentielle qui accompagne chaque être humain.
Engagement politique et conscience élargie
Patrick Chamoiseau ne se limite pas à son rôle d'écrivain. Il a également été un travailleur social, s'occupant de jeunes en situation difficile. Cette expérience a contribué à développer une conscience élargie, l'amenant à explorer en profondeur l'histoire de la Martinique et les réalités anthropologiques des Caraïbes. Cette acuité l'a conduit à s'engager politiquement, bien qu'il précise qu'il est un intellectuel politique et non un politicien.
La reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques
Chamoiseau souligne l'importance de la reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques, des nations uniques et inédites. Son travail est à la fois une préoccupation esthétique, éthique et politique, dans laquelle l'idée politique est intrinsèquement liée à l'éthique et à l'esthétique.
Les manifestes et le projet global
L'auteur du roman primé au Goncourt 1992 « Texaco » a publié plusieurs ouvrages majeurs avec une dimension politique importante dont "Écrire en pays dominé" et "L'éloge de la créolité". Il a également été journaliste, tenant une rubrique culturelle intitulée "Une semaine en pays dominé". Cette préoccupation politique découle de sa prise de conscience précoce de la richesse esthétique des réalités anthropologiques complexes et nouvelles qui n'étaient pas encore reconnues politiquement.
"Faire Pays" : Une dimension éminemment politique
En 2000, le Parti Communiste Martiniquais a publié le "Manifeste pour un projet global", signé par Gérard Delvert, Édouard Glissant, Bertène Juminer et Patrick Chamoiseau. Ce manifeste visait déjà à refonder les outre-mer. Chamoiseau revient sur ce même concept dans son dernier texte, "Faire Pays", soulignant la nécessité de trouver de nouveaux concepts pour résister à la nouvelle réalité de l'outre-mer.
Chamoiseau conclut en expliquant que le monde a considérablement évolué depuis l’an 2000. Aujourd'hui, il estime que la meilleure manière d'être utile à son pays est d'alimenter le débat politique avec des idées basées sur l'imaginaire de la relation, mettant en lumière l'interdépendance entre les cultures et les civilisations. Pour lui, une déclaration pertinente ne serait pas une déclaration d'indépendance, mais plutôt une déclaration d'interdépendance.
Responsabilisation pour sortir de la domination
Patrick Chamoiseau analyse la complexité de la situation actuelle, caractérisée par une double domination. D'une part, persiste l'archaïsme colonial dans les mentalités des territoires d'Outre-mer. D'autre part, l'imaginaire capitaliste s'impose, avec son culte de l'argent, de la compétition et de l'individualisme. Cette combinaison postcoloniale ou néocoloniale associée au capitalisme crée, selon Chamoiseau, une situation qu'il qualifie de "monstre d'Outre-mer".
Pour sortir de cette situation, Chamoiseau plaide en faveur de la responsabilisation. Il fait l'éloge de la responsabilité, expliquant qu'il s'agit de donner aux peuples d'Outre-mer un pouvoir de décision sur les grandes réformes qui affectent leur vie. Depuis 1946, les décisions importantes échappent en grande partie à ces territoires, ce qui a engendré des illusions successives. D'abord, l'illusion de l'assimilation, puis celle de la décentralisation. Enfin, une illusion plus récente, qui consiste à placer les territoires d'Outre-mer dans un cadre de déresponsabilisation collective, avec la possibilité de réclamer des habilitations et des compétences.
L'Appel de Fort-de-France : Une étape cruciale
L'Appel de Fort-de-France est pour Chamoiseau un événement politique majeur. Il marque la fin de l'illusion de la responsabilité en tant qu'option. Plusieurs grands responsables politiques et élus s'unissent dans une unanimité rare pour réclamer davantage de pouvoir et de responsabilisation. Cette unanimité souligne l'urgence de la situation et la nécessité de comprendre pourquoi les réformes précédentes n'ont pas abouti.
Chamoiseau estime que la proposition de "Faire Pays" repose sur l'idée que les peuples d'Outre-mer sont des nations avec une histoire, une culture, une identité, et un désir profond de décider de leur propre destin. Cette prise de conscience de la durée historique et de la conscience identitaire est ce qui, selon lui, peut être le moteur du changement. Il conclut en insistant sur la nécessité de comprendre cette dynamique pour espérer dépasser les obstacles systémiques qui persistent depuis des décennies.
Vers la reconnaissance des peuples sans État
Patrick Chamoiseau évoque un changement d'approche par rapport à l'imaginaire des années 50, où la conscience nationale était souvent associée à la revendication d'un État souverain, avec ses frontières et ses symboles nationaux. Dans le monde contemporain, marqué par l'interdépendance, Chamoiseau reconnaît que l'idée de drapeaux nationaux peut persister, même dans un cadre d'interdépendance. En tant qu'indépendantiste, il exprime le désir de voir le drapeau de la Martinique reconnu.
Cependant, Chamoiseau propose une catégorie juridique alternative : celle de "pays". Il estime que la reconnaissance des peuples en tant que nations peut se faire sans nécessairement aboutir à la création immédiate d'États souverains. Il souligne que de nombreux peuples dans le monde vivent sans État souverain et participent à l'intelligence collective mondiale. Il cite l'exemple des Kanaks et d'autres peuples qui ont conservé une vision atavique, inspirée des années 50.
La spécificité des peuples d'Outre-mer réside dans leur composition complexe, résultant de la colonisation et de l'immigration. Cette diversité rend leur situation unique. Dans le monde interdépendant d'aujourd'hui, Chamoiseau estime que les peuples puissants sont ceux qui peuvent mobiliser toutes leurs ressources géographiques, historiques, et culturelles. Cela nécessite une responsabilisation collective et le développement de systèmes relationnels pour tirer parti de ces sources diverses.
Chamoiseau insiste sur l'importance de la responsabilisation collective, qui permettra aux peuples d'Outre-mer de développer leur intelligence collective et de mobiliser leurs ressources pour s'épanouir dans ce nouveau contexte mondial d'interdépendance.
Repenser la Constitution et la République
Patrick Chamoiseau souligne que la constitution française, datant de l'après-guerre, est obsolète dans un monde de plus en plus interconnecté. Il critique la vision verticale de la République française, basée sur l'indivisibilité et l'unité linguistique, et propose une vision plus ouverte. Pour lui, il est envisageable d'avoir une République unique qui rassemble des pays et des peuples différents, fondée sur un pacte démocratique et républicain. Il insiste sur la nécessité de repenser ces notions pour l'avenir.
Responsabilité collective
Chamoiseau met en avant la responsabilité collective comme un élément essentiel pour sortir de la situation actuelle. Il estime que les peuples d'Outre-mer ont la responsabilité de conquérir davantage de compétences, d'habilitations et de pouvoir collectif. Cette responsabilisation doit les pousser à faire un bilan des grands défis qui se posent à eux et à voir s'ils sont véritablement responsables.
Méthode pour la responsabilisation collective
Pour Chamoiseau, la méthode pour parvenir à la responsabilisation collective consiste à soutenir toutes les demandes politiques dans le cadre juridique existant, en récupérant toutes les habilitations et compétences disponibles. Il s'agit d'obtenir un socle solide de pouvoirs. Cependant, il reconnaît que depuis 50 ans, cela n'a pas suffi, et il insiste sur le caractère systémique du problème.
Charte de pays et vision d'avenir
Chamoiseau propose de se battre pour que les Martiniquais puissent définir ce qu'il appelle le "pays Martinique" en élaborant une charte de pays. Cette charte permettrait de visualiser le pays que les générations futures souhaitent avoir dans les 15 à 20 ans à venir. Il estime que cela nécessite une responsabilisation collective optimale obtenue par les habilitations, tout en maintenant l'idée d'indépendance et d'une perspective nationaliste.
Il appelle à remettre en marche une pensée politique qui permette de sortir de l'impasse actuelle et de créer un avenir plus prometteur pour les peuples d'Outre-mer.
Hommage à Édouard Glissant et appel à l'action collective
En conclusion, Patrick Chamoiseau souhaite rendre hommage à Édouard Glissant, dont l'influence a été déterminante dans sa propre réflexion esthétique et politique. La notion centrale de "relation" qu'il a puisée chez Glissant a profondément marqué son travail, tant sur le plan esthétique que politique. Il invite tous les responsables culturels, politiques et ceux qui cherchent à comprendre la réalité complexe de la Caraïbe, des Amériques et du monde contemporain à lire l'œuvre de Glissant, particulièrement "La Poétique de la Relation". Pour Chamoiseau, cette notion de relation reflète la dynamique du monde contemporain, que nous devons affronter pour construire un avenir meilleur.
Chamoiseau conclut en exprimant son espoir que, dans les années à venir, avant que les catastrophes liées à la transition climatique ne nous affectent irrémédiablement, il y aura un véritable élan de responsabilisation collective. Il appelle à sortir des contraintes politiciennes pour repenser notre monde et mettre en place une politique culturelle qui projette notre pays dans le contexte mondial. Pour lui, il est urgent de faire progresser cette vision avant que les défis climatiques ne deviennent insurmontables.
La compagnie nationale semble désormais prête à étendre son réseau grâce à des certifications et des partenariats stratégiques, qui lui offrent une visibilité accrue et des opportunités commerciales prometteuses
Air Sénégal, la compagnie aérienne nationale, franchit une étape importante dans sa quête de développement et de renforcement de sa position sur la scène internationale. Après avoir obtenu le certificat IOSA en août 2022, garantissant sa conformité aux normes de sécurité internationales, la compagnie est désormais éligible à l'adhésion à l'Association internationale du transport aérien (IATA). Cette avancée majeure facilitera les négociations commerciales d'Air Sénégal à l'échelle mondiale.
En outre, quelques jours seulement après cette réalisation, Air Sénégal a signé un accord de "partenariat stratégique" avec la Royal Air Maroc (RAM). Ce partenariat vise à renforcer la coopération entre les deux compagnies aériennes et à ouvrir de nouvelles opportunités commerciales. Cette étape marque une volonté claire d'Air Sénégal de tourner la page des années difficiles et de se positionner comme un acteur clé dans le secteur de l'aviation en Afrique.
Ce nouvel élan est également soutenu par l'arrivée d'un nouveau directeur général à la tête d'Air Sénégal. Alioune Badara Fall a pris ses fonctions le 18 juillet 2022, succédant à Ibrahima Kane. Cette nomination témoigne de la volonté de la compagnie de se doter d'un leadership fort pour mener à bien ses ambitions de croissance.
Air Sénégal semble désormais prête à étendre son réseau grâce à ces certifications et partenariats stratégiques, qui lui offrent une visibilité accrue et des opportunités commerciales prometteuses. Bien que la compagnie ne détienne actuellement qu'une part de 7% du trafic aérien intérieur, elle envisage d'ajouter de nouvelles destinations à son catalogue, en plus des capitales de la sous-région déjà desservies, telles que Bamako, Conakry et Dakar.
Les chiffres clés du transport aérien au Sénégal soulignent l'enjeu du développement d'Air Sénégal pour le secteur touristique. Avec le tourisme représentant 10% du PIB sénégalais et le nombre de passagers aériens atteignant près de 2 millions en 2019 avant la crise sanitaire, le renforcement de la flotte et du réseau d'Air Sénégal devient essentiel pour soutenir cette industrie.
De plus, le repli récent d'Air France sur le Sahel offre des opportunités à saisir pour Air Sénégal. En réduisant son maillage territorial sur certaines routes africaines, Air France diminue l'offre de vols régionaux qu'elle proposait auparavant entre les villes sahéliennes. Cette situation ouvre la voie à Air Sénégal, une compagnie ambitieuse dans la région, pour étendre son réseau en répondant à la demande non satisfaite.
Cependant, l'accord entre Air Sénégal et Air France sur la route Dakar-Paris est crucial pour les ambitions de la compagnie sénégalaise. Paris reste une plaque tournante majeure pour les correspondances internationales vers et depuis le Sénégal, et cet accord permet à Air Sénégal d'accéder aux réseaux d'Air France en Europe et dans le monde entier via l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Il s'agit d'une opportunité stratégique pour Air Sénégal de développer son trafic international, en particulier dans le segment affaires et touristique.
L'accord entre Air Sénégal et Air France est décrit comme un partenariat gagnant-gagnant, bénéfique pour les deux compagnies. En renforçant son offre sur l'Afrique de l'Ouest grâce à son partenaire sénégalais, Air France consolide sa présence dans la région. De son côté, Air Sénégal bénéficie d'une visibilité et d'une compétitivité accrues à l'international grâce à cette coopération.
Avec ces avancées significatives, Air Sénégal se prépare à prendre son envol et à jouer un rôle croissant dans le paysage de l'aviation africaine. En s'appuyant sur des certifications solides, des partenariats stratégiques et des accords clés.
VIDEO
JUAN BRANCO ÉVOQUE LA RÉPRESSION AU SÉNÉGAL ET LES PARALLÈLES EN FRANCE
L'avocat franco-espagnol parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il parle des menaces subies en raison de son activisme
Juan Branco parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il évoque les similitudes entre les répressions en France et au Sénégal, ainsi que les menaces qu'il subit en raison de son activisme.
LES MAUX D'UN SECTEUR
9% des établissements d’enseignement fonctionnent dans ce pays sans autorisation, et que l’on trouve une pléthore d’enseignants sans diplômes ainsi que des filières inadéquates, ou même sans formateurs
L’audit des établissements d’enseignement privés, restitué le vendredi dernier, a montré que 9% des établissements d’enseignement fonctionnent dans ce pays sans autorisation, et que l’on trouve une pléthore d’enseignants sans diplômes ainsi que des filières inadéquates, ou même sans formateurs. Des chiffres qui révèlent l’étendue du mal qui ronge le système d’enseignement de ce pays.
Les parents devraient bien se renseigner sur les établissements d’enseignement privés avant d’y faire inscrire leurs enfants. D’après les résultats de l’audit des établissements privés à Dakar, «46% des établissements disposent d’autorisations provisoires, 43% ont une autorisation définitive et 9% des établissements ne disposent d’aucune autorisation».
Lors de l’atelier de restitution, le vendredi dernier, de l’audit fait avec l’appui de la Coopération allemande Giz, M. Serigne Modou Niang, le chef de la Division formation privée au ministère de la Formation professionnelle, qui faisait la restitution, a déclaré : «Au Sénégal, nous avons 9% d’établissements qui fonctionnent sans aucune autorisation et 2% d’établissements qui disposent d’actes de reconnaissance.»
Il a ajouté : «Sur le plan administratif, nous savons tous que l’établissement doit être dirigé par un déclarant responsable. Mais nous pouvons aujourd’hui dire, sans risque de nous tromper, que 7% de nos établissements n’ont pas de déclarant.» Une situation qui peut s’expliquer par des cas de décès. «Parfois les déclarants décédés, on ne les remplace pas. Ce sont des établissements qui sont dans une situation administrative chaotique», a-t-il commenté.
Selon toujours le fonctionnaire, 141 établissements fonctionnent sans pilote dans les enseignements-apprentissages. «Un établissement a besoin de directeur pédagogique pour contrôler, veiller, réajuster, remédier le système apprentissage. L’étude a montré que sur tous ces établissements audités, 141 n’ont pas de directeur technique», a-t-il indiqué. Sur la notion administrative, «les documents de gestion ont fait l’objet d’étude, de même que les bulletins de paie et les impôts, et 46 pour cent de nos établissements s’acquittent régulièrement des impôts. La moitié des établissements ne paie pas avec des bulletins. C’est un cas qui peut intéresser l’Inspection du travail, mais aussi qui nous intéresse dans le cadre de la promotion de la qualité du travail», a-t-il déclaré.
Relativement à la planification pédagogique, a-t-il poursuivi, «51% des établissements font des efforts, mais 49% ne planifient pas leurs enseignements-apprentissages sur la base de planning et de chronogramme». Une chose qui n’est pas sans conséquences. «Nous savons tous que la conduite des enseignements-apprentissages nécessite la mise à disposition d’outils d’accompagnement. 27% d’établissements ne gèrent pas correctement les emplois du temps, qui sont pourtant le premier référentiel pour l’organisation pédagogique dans un établissement», a-t-il soutenu.
L’audit a porté aussi sur l’offre de formation. Et à ce propos, les choses ne se passent pas dans les règles de l’art. «Nous avons une répartition un peu inégale de l’offre de formation sur les secteurs porteurs de croissance. Les secteurs qui portent la croissance économique au Sénégal, sont les secteurs qui ont les moyens portés dans l’offre de formation privée. 223 sur l’ensemble des établissements audités sont dans le tertiaire, 96 sont dans le secondaire, 25 sont dans le secteur primaire. Il y a une prédominance de formation dans le secteur tertiaire», a dit M. Serigne Modou Niang. A l’en croire, la conformité des filières a été aussi vérifiée.
«16 pour cent des filières enseignées ne sont pas autorisés. Dans nos établissements de formation professionnelle, il y a beaucoup de filières qui sont enseignées, mais qui ne sont pas autorisées», a-t-il dit tout en précisant que «cela peut bel et bien hypothéquer l’avenir des apprenants. Parfois, il y a des parents qui investissent beaucoup de millions, mais à la fin, le diplôme n’est ni signé par l’autorité compétente ni homologué. Généralement, l’étudiant ne s’en rend compte que lors de son entretien d’embauche. C’est un peu pathétique».
Sur la disposition des formateurs, les audits ont aussi relevé un problème. «Le taux de formateurs intervenant sans diplômes conformes dans les filières enseignées est de 17, 57%», a informé M. Niang, qui pense que «dans les établissements privés, cela devrait attirer l’attention de tous les acteurs». Car «les établissements ouvrent des filières sur lesquelles il n’y a pas de formateurs. Les formateurs habilités à le faire, on n’en cherche, mais on n’en trouve pas. Mais, le fait est réel, il y a 17, 57 pour cent de formateurs qui interviennent sans diplômes conformes aux filières pour lesquelles ils sont recrutés», a-t-il informé.
Mamadou Camara Fall, Secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, a indiqué, à l’issue des travaux, que l’esprit de cet audit n’est pas de tendre vers la répression, mais d’identifier, avec les acteurs, les points à améliorer et les accompagner techniquement et institutionnellement pour qu’on puisse améliorer l’existant. Et d’après lui, d’autres audits seront aussi faits dans les autres régions du pays, en dehors de l’échantillon des 447 établissements audités.
MULTIPLE PHOTOS
PRESIDENTIELLE, LES FEMMES DE BENNO KOLDA ADOUBENT LE CANDIDAT AMADOU BA
Les femmes membres de Benno Bokk Yakaar (Bby) ont tenu un grand rassemblement ce week-end à Kolda. Cette rencontre à l’allure d’un mega-meeting a été organisé sous la houlette de Aminata Diao, première Vice-présidente du HCCT
Les femmes membres de Benno Bokk Yakaar (Bby) ont tenu un grand rassemblement ce week-end à Kolda. Cette rencontre à l’allure d’un mega-meeting a été organisé sous la houlette de Aminata Diao, première Vice-présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct).
La rencontre a été l’occasion pour les femmes de Benno à Kolda de réitérer leur soutien et adhésion au choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition Bby à l’élection présidentielle de 2024.
Porte-parole du jour, Aminata Diao a listé les mille réalisations socioéconomiques du Président Macky Sall et de son gouvernement conduit par Amadou Ba pour la région de Kolda. Ces réalisations vont des bourses de sécurité familiale à la couverture maladie universelle en passant par les financements octroyés aux groupements féminins… Des faits palpables qui, selon elle, méritent que toute la population de cette partie sud du pays, vote pour le porte-étendard de Benno Bokk Yakaar à la prochaine joute électorale.
Aminata Diao et ses camarades ont promis de parrainer et de voter massivement pour le candidat de la mouvance présidentielle pour une victoire éclatante dès le premier tour de la Présidentielle de 2024. Cette rencontre de grande envergure s’est tenue en présence de Moussa Baldé, président du Conseil départemental de Kolda.
Le ballet se poursuit à la Direction Générale des Élections(DGE) pour le retrait des fiches de parrainage des candidats à la candidature de la présidentielle de 2024. Plus de 200 candidats auraient déjà retiré ces fiches parle biais de leurs mandataires. Et parmi eux, il y a trois pontes de la mouvance présidentielle qui continuent à faire polémique quant à leurs motivations. Il s’agit de Mame Boye Diao, Aly Ngouille Ndiaye et de l’ancien Premier ministre Boun Abdallah Dionne.
A cinq mois de la présidentielle, le Sénégal enregistre d’ores et déjà un nombre record de candidats à la candidature pour la présidentielle de février prochain. Un chiffre astronomique comparé à la taille de notre population. Toujours est-il qu’aujourd’hui, dans un contexte inédit où, pour la première fois, un président sortant ne va pas participer à la mère des élections, les ambitions se multiplient aussi bien dans l’opposition qu’au sein de la mouvance présidentielle. Toutefois, ce qui frappe surtout, ce sont les candidatures de pontes du régime en place à savoir Aly Ngouille Ndiaye, Mahammad Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao.
Comme ils avaient promis de le faire au cas où le président Macky Sall ne serait pas candidat, Aly Ngouille Ndiaye, Mame Boye Diao et Boun Abdallah Dionne ont finalement décidé d’être candidats à la présidentielle 2024. Ces trois personnalités, qui ont cheminé avec l’actuel le président Macky Sall depuis son accession au pouvoir soit plus de onze ans — plus pour Mahammad Dionne qui était déjà directeur de cabinet de l’actuel Président lorsqu’il était Premier ministre—, ont senti le besoin de rompre ce compagnonnage pour prendre leurs destins en main. Ce malgré les tentatives menées pour les convaincre de revenir sur leurs décisions.
Pourtant, on avait pensé qu’après avoir défendu et soutenu le référentiel des politiques publiques du Macky Sall qu’est le PSE (Plan Sénégal émergent), ils allaient en toute responsabilité poursuivre cet élan de solidarité par respect à leurs convictions. Ce, dès l’instant qu’ils ont toujours laissé croire que ledit Pse est le meilleur programme pour aller vers l’émergence. Et voilà qu’à l’arrivée, ils disent qu’ils peuvent faire plus et mieux que ce qu’a réalisé en 12 ans leur mentor et auquel ils ont participé. Deux lectures peuvent être faites de leurs attitudes. La première c’est de dire que ces trois ex-aperistes étaient atteints d’une cécité dont la gravité ne leur permettait pas de voir les failles du régime auquel ils appartenaient. Une cécité dont ils ont brusquement guéri le jour de l’annonce parle Président de sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. Ou, plutôt, le jour où il a dit que c’est Amadou Ba son candidat à la présidentielle. La seconde consiste à faire un aveu qui leur aurait donné plus de crédibilité. C’est à dire reconnaître que, dans le souci de préserver leurs intérêts personnels, ils ne comptaient pas s’attaquer aux failles qui ont caractérisé la gouvernance de l’actuel régime. A part ces deux déclarations toute autre posture relèverait d’une tentative maladroite de vouloir leurrer les populations qui, en définitive, sont les seules détentrices de la légitimité.
Ces trois candidats ont tous promis de diriger le pays autrement s’ils sont élus le 25 février prochain. Ne serait-ce pas alors vouloir faire du neuf avec du vieux ? Dans ce cas, la cohérence aurait voulu qu’ils prennent leur courage à deux mains et quittent le navire marron-beige à temps pour s’affirmer et se positionner comme des alternatives crédibles au président Macky Sall. Mais voilà qu’à cinq mois seulement de l’échéance électorale, ils promettent d’être les hommes providentiels capables de faire sortir les populations de leurs difficultés. Peut-être que, durant la campagne électorale, ils parviendront à se faire écouter d’abord par les Sénégalais avant de trouver les moyens de les convaincre.
Quels discours pour convaincre ?
Même s’ils sont restés droits dans leurs bottes s’agissant de leurs candidatures et de leur volonté de rompre définitivement avec la mouvance présidentielle, certains observateurs continuent de soutenir que toutes ces candidatures bénéficient de l’onction du président Macky Sall. Pour eux, cette pluralité de candidatures issues de son camp s’inscrit dans la même logique de reconduire la stratégie politique mise en œuvre lors des dernières élections. Ce pour que, dans l’éventualité d’un second tour, il puisse récupérer ces voix issues de sa famille politique. Autrement, il serait difficile de comprendre la pertinence de voir aussi bien Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Boye Diao défier l’autorité de leur mentor après avoir défendu bec et ongles sa politique. Si l’actuel maire de Linguère a occupé les postes de ministre des Mines, de l’Intérieur et de l’Agriculture, celui de Kolda s’est vu confier les fonctions de Directeur des Domaines puis de directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations alors que Mahammad Boun Abdallah Dionne a été celui qui aura le plus duré à la Primature sous Macky Sall soit cinq ans. Durant toute cette période, il avait en charge, en tant que Premier ministre, la mise en œuvre de la politique du chef de l’État. Et durant tout le temps passé au pouvoir pas une seule fois ces trois candidats n’ont critiqué la gouvernance du Président Macky Sall pourtant entachée de nombreux scandales! De quoi installer le doute dans certains esprits à moins de cinq mois de la présidentielle. Des accusations de connivence et de cécité que les trois «gros» dissidents de la mouvance présidentielle rejettent en bloc même s’ils revendiquent être comptables en partie du bilan de Macky Sall. Pour eux, cela n’empêche nullement qu’ils nourrissent l’ambition de vouloir s’inscrire dans une dynamique de proposer des offres programmatiques alternatives pour sortir le Sénégal de ses difficultés. Mais si telle était leur volonté pourquoi alors ne pas l’afficher bien avant que le président Macky Sall ne se prononce dès l’instant que la politique de son candidat s’inscrit dans la continuité ?Ou alors doit-on croire que c’est le choix porté sur la personne de Amadou Ba qui a guidé leur décision de maintenir leur candidature et non la politique mise en œuvre 12 ans durant ? Dernière hypothèse : cherchent-ils à marchander leurs voix avec le candidat qui serait en pole position entre les deux tours en échange de postes dans son gouvernement ? Sous tous ces angles, il serait très difficile à Aly Ngouille Ndiaye, à Mahammad Dionne et à Mame Boye Diao, surtout durant la campagne électorale, de convaincre des populations devenues de plus en plus éveillées et très conscientes des enjeux de l’heure. Toujours est-il que, même si nul ne conteste leurs souhaits légitimes de devenir président, il serait tout de même intéressant, par souci de clarté, qu’ils se prononcent sur celui qu’ils vont soutenir en cas de deuxième tour entre le candidat de la majorité et celui qui serait issu de l’opposition. Cette clarification permettrait de mieux édifier l’opinion publique et lever toutes les suspicions autour de leurs candidatures aux contours toujours alambiqués en tout cas pour certains.