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26 avril 2025
Santé
LA SANTE PARALYSEE AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété une grève de 48 heures qui débute aujourd’hui. Le non-respect de leur plateforme revendicative est à l’origine de cette grève décidée par les médecins intervenant dans les hôpitaux publics.
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété une grève de 48 heures qui débute aujourd’hui. Le non-respect de leur plateforme revendicative est à l’origine de cette grève décidée par les médecins intervenant dans les hôpitaux publics.
«Devant l’absence d’action concrète du gouvernement dans le sens d’un dialogue et d’un consensus pour solutionner nos revendications, le Sames est au regret de poser ce jour le premier acte de son plan d’actions qui consiste en une grève générale de 48 heures, avec respect strict des urgences sur tout le territoire national, les 18 et 19 février 2025», a annoncé Diabel Dramé, Sg adjoint Sames chargé des affaires médicales, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux de l’Ordre national des médecins. Les 14 rencontres que la Sames a eues avec l’Etat, n’ont abouti à rien selon les responsables syndicaux qui ont rencontré le ministre de la Santé le jeudi dernier. «Aujourd’hui, en faisant l’analyse de ces 14 rencontres, on se rend compte que l’Etat du Sénégal n’a jusqu’à présent rien arrêté avec nous de concret. Aucune proposition concrète sur ces revendications n’a été apportée par l’Etat du Sénégal. C’est ce qui motive d’ailleurs la démarche d’aujourd’hui. Donc jusqu’à présent, on n’a pas avancé d’un iota. L’Etat a réaffirmé, à travers les différentes rencontres, le bienfondé des revendications que nous posons sur la table, mais aucune solution, aucune proposition concrète n’a été apportée», précise par ailleurs Dr Mamadou Demba Ndour, Sg du Sames.
Leur plateforme revendicative, qui remonte à décembre 2023, «embrasse 84 points de revendication»,mais le Sames«apris sur lui l’initiative, dès le début, en décembre, de synthétiser et de se focaliser sur six points essentiels, voire sept».
Les revendications tournent essentiellement autour «du recrutement des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans la Fonction publique pour soulager les structures sanitaires, la gestion démocratique des ressources humaines à travers un appel à candidatures lors des nominations à des postes de responsabilité». D’ailleurs, ils disent que le secteur de la santé, ayant des ressources de qualité, pourrait être le précurseur de cet appel à candidatures prôné par les nouvelles autorités. L’autre point concerne le régime indemnitaire qui, selon eux, «souffre d’une incohérence et d’une injustice notoires au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes».
La construction progressive de nouveaux hôpitaux au niveau des départements pour rapprocher les soins de qualité des populations ainsi que l’accélération de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle, en passant par le remboursement de la dette de la Cmu due aux structures sanitaires, sont contenus dans la plateforme revendicative du Sames.Ce syndicat exige la matérialisation du statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux qui tarde à être faite, ce qui rend ces derniers très vulnérables sur le plan socio-professionnel.
LE SAMES REJETTE TOUTE IDEE DE BAISSE DES SALAIRES
Les responsables de ce syndicat estiment qu’au vu du traitement qui leur est réservé en matière salariale, ils méritent plus d’être revalorisés que de se faire appliquer une baisse.
Le Sames n’est pas prêt à accepter la baisse des salaires annoncée par les membres du gouvernement. Les responsables de ce syndicat estiment qu’au vu du traitement qui leur est réservé en matière salariale, ils méritent plus d’être revalorisés que de se faire appliquer une baisse.
La baisse des salaires évoquée par des membres du gouvernement ne concerne pas le Sames, affirment les responsables du Syndicat autonome des médecins et chirurgiens-dentistes du Sénégal. Ils estiment même que leur traitement salarial devrait être revu à la hausse, au lieu de faire l’objet d’une diminution.
«Au niveau du Sames, on aura une revalorisation de notre rémunération parce que c’est une rémunération qui a été assez catastrophique pendant des décennies, et cela plombe la qualité des services qui sont offerts par les structures de santé», affirme Mamadou Demba Ndour, Sg du Sames, qui intervenait hier, lors de la conférence annonçant la grève de 48 heures. Cette baisse de salaire doit être appliquée, selon le Sames, à d’autres salariés beaucoup mieux lotis que les médecins.
«Cette baisse de salaire concerne les corps de l’Etat qui ont toujours été choyés, qui ont toujours été favorisés par rapport aux autres. C’est à ceux-là qui profitent d’avantages que l’Etat leur a conférés, avantages ne répondant ni à leur niveau d’études, ni à la pénibilité de leur travail, ni à la charge de leur travail, d’être les premiers dans l’austérité», avance le Sg du Sames.
Quid de l’appel de l’Etat à se serrer la ceinture à cause d’un contexte de crise économique ? Le Sg du Sames l’écarte de la main.
«La position du Sames est claire. Le pays vit une situation économique, d’après le gouvernement, qui laisse à désirer. Donc, il faudrait, dans les mesures, relancer l’économie du pays. Pour cela, il faut des bras valides. Et pour que les bras soient valides, il faut qu’ils soient en bonne santé. Donc, dans les secteurs qui doivent faire un effort en termes de report de certaines revendications, la santé n’en fait pas partie. La santé est unsecteur sur lequel ondoit s’appuyer pour relancer l’économie du pays. Et sur cette base, on ne peut pas demander à ceux qui ont subi des injustices depuis fort longtemps, injustices connues de toutes les personnes informées dans ce pays, de concéder encore des sacrifices supplémentaires», défend Dr Mamadou Demba Ndour. Les sacrifices devraient concerner les plus nantis qu’eux en matière de traitement salarial. «C’est à ceux-là qui étaient favorisés par ce régime de rémunération dans la Fonction publique de faire des sacrifices, et c’est à eux qu’est destiné ce message. En tout cas, nous, du côté du Sames, estimons que le message du Secrétaire général du gouvernement ne nous est pas adressé.»
Panne de la radiothérapie de Dalal Jamm : les solutions du Sames
La panne de la radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye a été évoquée hier par le Sames. Les responsables de ce syndicat s’en désolent et disent avoir établi depuis longtemps le diagnostic pour que ce genre de chose ne se produise plus au Sénégal. «Le diagnostic, nous l’avions posé depuis longtemps. La qualité de la santé fait intervenir plusieurs déterminants, parmi lesquels l’infrastructure et l’équipement. C’est pourquoi le Sames, dans sa plateforme revendicative, a inséré ce renforcement de la carte sanitaire. Il est inconcevable que dans un pays comme le Sénégal, une seule machine de radiothérapie soit en panne et que les patients utilisateurs de ce service se retrouvent dans le désarroi. Parce qu’aujourd’hui, quand on fait le point au niveau national, la redondance n’existe qu’à Touba au niveau de l’hôpital Cheikhoul Khadim, ce qui est assez préoccupant pour la prise en charge de ces pathologies», regrette le Secrétaire général du Sames. «Donc, globalement, le Sames reste dans sa position de principe, qui est le renforcement de la carte sanitaire à travers de meilleurs équipements, à travers la construction d’infrastructures décentralisées, mais aussi à travers le volet ressources humaines pour une meilleure distribution de la santé.»
LE TAUX DE PRÉVALENCE DU VIH/SIDA ESTIMÉ À 0,3%
Au Sénégal, 70 % des personnes vivant avec le virus bénéficient d’un accès aux antirétroviraux (ARV), a révélé Dr Safiétou Thiam, secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS).
Kaolack, 17 fév (APS) – La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), Dr Safiétou Thiam révèle que le taux de prévalence du VIH/Sida au Sénégal s’élève à 0,3% et que 70% des personnes vivant avec la maladie ont accès aux antirétroviraux (ARV).
‘’Les résultats prometteurs obtenus par le Sénégal dans la lutte contre le VIH/Sida ont permis d’atteindre une faible prévalence de 0,3% et un accès aux ARV pour 70% des personnes porteuses de la maladie’’, a-t-elle indiqué.
La secrétaire exécutive du CNLS s’exprimait ainsi à Kaolack (centre), lors de la cérémonie de lancement officiel, samedi, de la semaine de mobilisation des jeunes contre le Sida, qui se déroule du 15 au 21 février 2025.
La cérémonie a eu lieu en présence de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, de l’adjoint au gouverneur de Kaolack chargé du développement, Mamadou Habib Kamara, entre autres personnalités.
Ces ‘’résultats prometteurs’’ sont, de l’avis du Dr Thiam, le fruit de l’engagement collectif, des efforts du gouvernement du Sénégal, mais aussi et surtout, de l’engagement de la jeunesse sénégalaise.
Elle a toutefois noté qu’ils cachent des disparités, puisque chez les jeunes, ‘’nous observons de plus en plus de nouvelles infections dans la tranche d’âge 15-24 ans’’.
La secrétaire exécutive du CNLS a dans le même temps relevé qu’au Sénégal, ‘’sept sur dix nouvelles infections sont survenues chez des jeunes de moins de 35 ans’’.
Safiatou Thiam a, en outre, pointé ‘’plusieurs vulnérabilités’’ détectées chez les jeunes filles et garçons, et qui les exposent au VIH, notamment le silence qui entoure la santé sexuelle des jeunes filles vivant avec cette épidémie mondiale.
‘’L’étude de la vulnérabilité des jeunes et adolescents, réalisée il y a quelques années par le ministère de la Jeunesse, avait montré une faible utilisation de préservatifs, surtout chez les jeunes filles’’, a-t-elle signalé, soulignant que la même étude montre que les jeunes hommes sont de plus en plus victimes de violences sexuelles.
La secrétaire exécutive du CNLS a également fait savoir que les populations jeunes vivant avec le VIH restent encore stigmatisées, marginalisées et leur accès aux services de santé est limité. Elle plaide par ailleurs pour que la ‘’Semaine jeunes-sida’’ soit un moment qui nécessite la mobilisation de toutes les franges de la jeunesse face à la maladie.
‘’La semaine de mobilisation des jeunes contre le VIH/Sida offre, une fois de plus, l’occasion de faire le point sur la situation de l’épidémie, de sensibiliser et de promouvoir les dépistages volontaires auprès des jeunes en particulier, mais également de promouvoir l’adoption de comportements responsables afin de les protéger du Sida’’, s’est en outre réjouie l’ancienne ministre de la Santé et de la Prévention.
LA REPRISE IMMINENTE RADIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL DALAL JAMM
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé, dans un communiqué officiel, la reprise imminente des activités de radiothérapie à l’Hôpital Dalal Jamm, après une série de pannes ayant affecté le fonctionnement des installations.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé, dans un communiqué officiel, la reprise imminente des activités de radiothérapie à l’Hôpital Dalal Jamm, après une série de pannes ayant affecté le fonctionnement des installations.
« L’interruption était due à des facteurs environnementaux, notamment l’impact des embruns marins sur les appareils et le réseau informatique, ainsi qu’à une instabilité de l’alimentation électrique », renseigne le communiqué.
« Face à ces difficultés, l’arrêt des activités avait été décidé afin de garantir la qualité et la sécurité des traitements. Pendant cette période, les patients ont été redirigés vers le Centre Hospitalier National Cheikh Ahmadoul Khadim pour assurer leur prise en charge », ajoute la source.
Le ministère assure que des mesures définitives ont été prises pour assurer une disponibilité fonctionnelle continue des équipements de Dalal Jamm. Parmi ces interventions, on note la mise aux normes des réseaux électrique et informatique, la régénération de la source de curiethérapie et la préparation d’un contrat pour l’upgrade des accélérateurs. Ces améliorations permettront d’augmenter la capacité de prise en charge, passant de 60 à 120 patients par jour.
La reprise des activités est prévue pour la semaine prochaine, selon le communiqué. Par ailleurs, le ministère de la Santé rappelle son engagement à améliorer la prise en charge des patients atteints de cancer au Sénégal.
L’ouverture prochaine du Centre national d’oncologie et du service d’oncologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec est présentée comme une solution structurelle pour renforcer l’offre de soins contre le cancer dans le pays.
LE MINISTERE DE LA SANTE INDEXE L’ENVIRONNEMENT POUR LA PANNE DE LA RADIOTHERAPIE DE DALAL JAMM
Depuis plusieurs jours, les malades du cancer doivent se rendre jusqu’à Touba pour bénéficier d’un traitement. Les activités du centre de radiothérapie de Dalal Jamm vont reprendre cette semaine
Depuis plusieurs jours, les malades du cancer doivent se rendre jusqu’à Touba pour bénéficier d’un traitement. Les activités du centre de radiothérapie de Dalal Jamm vont reprendre cette semaine. L’annonce a été faite par le ministère de la Santé et de l’action sociale dans un communiqué. Dans le même document, il a été expliqué que l’érosion marine a causé la panne des installations de la radiothérapie du centre de Dalal Jamm.
Depuis la fermeture de l’hôpital Le Dantec, les malades du cancer sont souvent confrontés à des périodes de souffrance. Ces derniers mois, ils vivent un calvaire avec la panne de la radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm. Certains ont même alerté sur la situation, en soulignant que la seule radiothérapie disponible se trouve à l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba. Depuis le mois de décembre, les gens en parlent, mais le ministère de la Santé ne s’est pas prononcé sur cette question. C’est ce 15 février que le département dirigé par Ibrahima Sy a décidé, à travers un communiqué, de se livrer à une séance d’explications et d’annoncer dans la foulée que «la reprise des activités du centre de radiothérapie de Dalal Jamm est prévue pour la semaine prochaine».
Le communiqué souligne que des «pannes répétitives ont été notées au niveau des installations de la radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm, principalement dues à l’environnement avec les embruns marins qui attaquent les pièces des appareils et le réseau informatique». A cela, fait savoir le Msas, «s’ajoute une instabilité électrique résultant des fluctuations de l’alimentation sur le réseau local». Par conséquent, renseigne le ministère de la Santé, «l’arrêt a été décidé face à cette situation qui ne permettait plus de garantir la qualité et la sécurité nécessaires à la fourniture du service de radiothérapie».
Dans la même dynamique, le ministère de la Santé tente de minimiser la gravité de la situation en soutenant que «les dispositions nécessaires ont été prises pour que les patients nécessitant une radiothérapie soient pris en charge au niveau du deuxième centre de traitement situé au Centre hospitalier national Cheikh Ahmadoul Khadim». Et d’ajouter : «A la fin du mois de décembre 2024, après la dernière cohorte de patients pris en charge, le ministère de la Santé a mobilisé les ressources nécessaires pour régler définitivement cette problématique de disponibilité fonctionnelle continue des accélérateurs de Dalal Jamm.» Il assure ainsi que «la mise aux normes des réseaux électrique et informatique a été réalisée en attendant la construction d’un nouveau poste transformateur». Selon toujours le document, «la source de curiethérapie a également été régénérée, et le contrat pour la mise à niveau des accélérateurs est en cours de signature». Ces interventions, est-il dit, «permettront de renforcer la qualité des traitements tout en augmentant la capacité de prise en charge, la faisant passer de 60 à 120 patients par jour»
Pour rassurer les malades, le ministère de la Santé informe que «les dispositions nécessaires sont en train d’être prises pour trouver une solution durable et viable». Dans cette perspective, il soutient que «l’ouverture prochaine du Centre national d’oncologie et celle de l’hôpital Aristide Le Dantec constitueront une solution et amélioreront la prise en charge des cancers au Sénégal».
Par Fatou Warkha SAMBE
CES MAUX QUE L’ON TAIT
Certains s'identifient au message de Matar Diagne, d'autres ont été sauvés par du soutien. Mais beaucoup restent sans aide. Sommes-nous assez attentifs à la souffrance autour de nous ?
Nous vivons dans une société où l’espoir s’efface lentement, comme un murmure étouffé par le bruit des exigences et des illusions perdues. Une jeunesse en quête d’avenir se cogne contre un mur d’indifférence, traînant derrière elle des rêves brisés et des ambitions érodées par l’incertitude. Nous avançons, fatigués, sous le poids des attentes familiales, des contraintes économiques et des inégalités qui s’étirent comme une ombre. Exprimer son mal-être est perçu comme une faiblesse, alors que c’est parfois le seul cri qui nous reste avant de sombrer.
Chaque disparition tragique, chaque acte de violence lié à la santé mentale secoue l’opinion publique comme une onde de choc qui s’éteint aussitôt qu’elle est née. Nous nous sentons tous concernés, car chacun porte en lui des blessures invisibles, des douleurs qu’il tait par peur d’être incompris. Mais combien de ces douleurs resteront-elles sans écho ? Combien de vies s’éteindront en silence, noyées sous l’injonction à tenir, à paraître invincibles dans un monde qui broie sans relâche ?
La lettre publiée sur la page de Matar Diagne, cet étudiant retrouvé sans vie dans sa chambre à l’Université Gaston Berger, dont l’autopsie a confirmé la thèse du suicide, a ravivé un malaise profond. Ce qui bouleverse dans ces réactions, ce n’est pas seulement la douleur d’un destin brisé, mais la façon dont chacun y projette sa propre lutte. Certains se reconnaissent dans les mots laissés, d’autres témoignent de l’importance d’un soutien qui les a sauvés. Mais pour tant d’autres, il n’y a ni oreille attentive, ni regard bienveillant, ni main tendue pour retenir leur chute. Nous courons après la réussite, pensant que les biens matériels combleront le vide. Pourtant, ce manque est là, profond, abyssal. Nous avons soif d’amour, de reconnaissance, d’un lieu où être soi ne soit pas un luxe. Même ceux qui condamnent son geste ne le font pas toujours par conviction religieuse, mais parce qu’ils vivent la même détresse, parfois pire, et s’accrochent malgré tout, tentant de survivre là où l’on ne laisse aucune place à la vulnérabilité. Les cas de détresse explosent, et pourtant, la santé mentale demeure un tabou. On nous apprend à sourire même quand tout s’effondre, à tenir même quand nous sommes à bout, à ravaler nos peines pour ne pas déranger. Mais qui prend soin de celles et ceux qui portent ce fardeau invisible ?
L’absence de prise en charge de la santé mentale est une blessure béante dans notre société. Peu de structures existent pour accompagner ceux qui souffrent, et celles qui existent restent inaccessibles, faute de moyens ou par manque d’information. L’impact de cette négligence est terrible : des vies brisées, des familles détruites, des générations entières condamnées à porter un poids qu’ils n’ont jamais choisi. L’anxiété chronique, la dépression, les pensées suicidaires, l’épuisement émotionnel ne sont pas de simples états d’âme : ce sont des silences qui tuent à petit feu.
L’histoire se répète inlassablement, comme une pièce de théâtre dont nous connaissons déjà la fin. En 2012, les révélations sur les milliards détournés faisaient la Une, les scandales s’empilaient, les promesses de justice se multipliaient. Mais au fil du temps, l’indignation a cédé la place à l’oubli, et les coupables ont disparu dans l’ombre, protégés par un système qui pardonne aux puissants. Aujourd’hui, les chiffres de la Cour des comptes révèlent de nouvelles malversations, des fonds publics dilapidés à une échelle insoutenable. Encore une fois, ces révélations captivent, suscitent la colère, mais pour combien de temps ? La population endure, souffre, se débat avec des urgences bien plus pressantes que ces scandales qui finissent toujours par être enterrés.
Sommes-nous condamnés à revivre le même cycle de mensonges et d’impunité ?
Ces scandales «politiques» occultent déjà la tragédie de cet étudiant, comme tant d’autres injustices. Mais ils ne peuvent effacer la peur qui brille dans les regards, celle de ces centaines de citoyens qui, du jour au lendemain, se retrouvent au chômage à cause de décisions politiques. Que ce soit la fermeture des bases françaises, les politiques d’austérité -comme la récente décision de Donald Trump de supprimer des agences comme l’Usaid et de suspendre d’autres institutions d’aide internationale- ou encore ces nouveaux directeurs d’agence qui licencient pour recruter des militants en guise de récompense politique. Ces licenciements de masse exacerbent une crise de l’emploi déjà insoutenable, où les opportunités sont rares et l’espoir d’un avenir stable s’amenuise chaque jour un peu plus.
Le harcèlement en ligne est devenu une arme invisible, mais dévastatrice. Derrière un écran, les mots fusent sans retenue, les humiliations s’enchaînent, les accusations se propagent comme une traînée de poudre. Pour certaines victimes, ce n’est pas seulement une question d’image ou de réputation : c’est un poids psychologique qui les écrase, les enfermant dans une spirale d’anxiété, de honte et parfois même de désespoir. Combien d’adolescents, de militants, de personnalités publiques ont sombré sous le poids de cette violence numérique ? Combien de vies ont été brisées par une rumeur amplifiée, par des insultes incessantes, par l’acharnement collectif d’inconnus qui ne mesurent pas l’ampleur des cicatrices qu’ils laissent derrière eux ? Des nuits entières sont consacrées à des «révélations» sans preuve, à l’étalage public de l’intimité des personnes, aux accusations infondées relayées pour faire de l’audience. Des vies sont brisées par des sextapes diffusées sans consentement, par des mensonges orchestrés pour salir une réputation, par des familles endeuillées qui voient l’histoire de leurs défunts déformée et exploitée pour le divertissement. Derrière chaque scandale viral, il y a des êtres humains piégés dans un lynchage collectif, qui ignore les séquelles psychologiques qu’il laisse derrière lui.
Combien de personnes souffrent en silence, accablées par le manque d’affection, par des attentes irréalistes, par des trahisons qui laissent des plaies profondes ? Dans un monde où le matériel prend le dessus sur les sentiments, où la valeur d’un individu semble parfois se mesurer à ce qu’il possède plutôt qu’à ce qu’il est, les liens humains se fragilisent. Les cadeaux remplacent les paroles réconfortantes, la réussite financière se substitue à la tendresse, et les connexions authentiques s’effacent derrière des obligations superficielles. Combien d’âmes se brisent sous le poids d’une relation toxique, d’un amour non partagé, d’un rejet familial ou de l’indifférence d’un ami ? L’absence d’écoute, le manque de reconnaissance, l’incapacité à exprimer ses émotions sans peur du jugement transforment parfois les liens affectifs en blessures qui ne cicatrisent jamais. Car la solitude ne vient pas toujours d’un isolement physique, mais souvent du sentiment d’être incompris, invisible, même entouré.
Regardons-nous vraiment ceux qui souffrent autour de nous ? Sommes-nous capables d’entendre les silences pesants, ces non-dits qui trahissent une détresse que l’on refuse de voir ?
L’Etat doit agir maintenant. Il ne peut plus ignorer la douleur de son peuple. Pourquoi la santé mentale n’est-elle toujours pas une priorité ? Pourquoi les budgets alloués aux infrastructures psychologiques sont-ils si dérisoires face à l’ampleur du problème ? Pourquoi la Justice ne protège-t-elle pas mieux les victimes des lynchages médiatiques, du harcèlement en ligne et de la détresse psychologique qui en découle ? Il est temps d’offrir de vraies solutions, d’écouter, de protéger, d’agir.
Moi aussi, comme vous, je ressens le poids des attentes, des jugements, de toutes ces injonctions qui dictent nos vies et nous enferment dans des cases trop étroites. Comme vous, j’ai été ébranlée par les mots qui blessent, les silences qui tuent, les déceptions qui marquent. Mais ce qui me permet de tenir, ce qui me permet de croire encore, c’est cette infime lueur qui, même vacillante, refuse de s’éteindre. Dans tout ce que je traverse, dans chaque chute et chaque doute, je cherche ce fil invisible qui relie encore mon cœur à l’espoir. Parfois, c’est un sourire échangé, une présence discrète mais précieuse, une main tendue quand je n’y croyais plus. Si vous ne l’avez pas encore trouvée, cherchez cette lumière, même minuscule, qui réchauffe l’âme et rappelle que nous ne sommes pas seuls. Que même dans l’obscurité la plus totale, il y a toujours une promesse d’aube. Prenons soin de nous, osons demander de l’aide, osons exister pleinement, car chaque souffle porte en lui la possibilité d’un renouveau.
LA PRISE EN CHARGE DES CANCERS PEDIATRIQUES, UN «VERITABLE» PROBLEME DE SANTE
Manque de personnel qualifie avec seulement 4 onco-pediatres en activite, un seul centre de traitement avec seuls 10 lits pour plus de 200 malades reçus par an…La prise en charge des cancers pédiatriques est devenue un véritable problème de santé.
Plus de 200 nouveaux cas sont reçus chaque année au sein de l’hôpital Dalal Jamm qui abrite le seul centre de référence en matière de prise en charge des cancers pédiatriques, fait savoir le chef de service de ce département, Dr Mame Ndella Diouf. Etle Directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Samba Cor, d’ajouter : «le Sénégal attend chaque année 1204 cas de cancers des enfants et aujourd'hui seuls 10 lits sont disponibles au niveau de nos hôpitaux». Ces révélations ont été faites, samedi dernier, lors de la célébration de la journée dédiée à cette maladie à l’hôpital Dalal Jamm.
La prise en charge des cancers pédiatriques est devenue un véritable problème de santé. Pour tout le pays, un seul centre accueille les malades pour des soins adaptés. Cependant, il faut souligner que la disponibilité de lits est très limitée, pour une demande qui touche 200 nouveaux cas, comme l’atteste l’onco-pédiatre au sein de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Pour Dr Mame Ndella Diouf, le cancer de l'enfant existe et concerne au Sénégal plus de 200 nouveaux cas reçus dans cet hôpital, par année. Elle a aussi renseigné que sont attendus normalement entre 800 et 1200 cas par an. «Ily a beaucoup de malades qui n'arrivent pas (à l’hôpital) parce qu'ils n'ont pas été diagnostiqués ou encore parce qu'ils n'ont pas les moyens d'arriver à Dakar et que la prise en charge coûte quand-même cher», s’est-elle désolée.
Considéré comme seul centre de prise en charge, le service se trouve confronté à d'énormes difficultés concernant les ressources humaines. «Il faut savoir que l'unité d'oncologie pédiatrique existe depuis 2000; donc, nous avons quand-même 25 ans d'existence. Et malheureusement, au Sénégal, elle est la seule unité, il n'y a pas encore une véritable décentralisation qui fait qu'il y ait d'autres unités satellites. Les difficultés sont nombreuses sur le plan des ressources humaines parce qu'en activité, actuellement, il n'y a que 4 onco-pédiatres, il y a d'autres qui sont formés mais qui n'ont pas encore pris service pour pouvoir pratiquer l'activité. En plus de ces difficultés, nous n'avons pas encore un service assez grand pour accueillir tous ces enfants» a-t-elle renseigné.
LE PROBLEME DE LA DISPONIBILITE DES MEDICAMENTS, UNE AUTRE PREOCCUPATION
Et d’ajouter : «la capacité d’accueil est à 10 lits, avec une salle d'hospitalisation du jour qui contient 12 fauteuils de chimiothérapie. Mais le nombre de malades étant largement supérieur à ça, nous avons la possibilité d'hospitaliser dans les autres services ; ce qui constitue un frein quand-même à la prise en charge de ces enfants. On a également le plateau technique parce que nous n'avons pas tout ce qu'il faut pour poser des diagnostics précis. Il faut relever le plateau technique au niveau des laboratoires, au niveau des services de radiologie, au niveau des services d'anapathe, pour pouvoir poser des diagnostics précis afin de donner le traitement qu'il faut à ces enfants». En plus des problèmes de ressources humaines et d’accueil, il s’y ajoute celui de la disponibilité en médicament. «Il y a le problème des médicaments ; ce sont les anticancéreux, ils ne sont pas tous gratuits pour ces enfants, ils ne sont pas tous disponibles non plus. On sait que le cancer est très proche de la douleur, le cancer et la douleur font leur chemin ensemble. La disponibilité de la morphine également fait défaut, surtout la forme qui est adaptée aux enfants, c'est-à-dire la forme sirop», a déclaré la blouse blanche.
Bien que le cancer de l'enfant soit guéri dans les pays industrialisés autour de 95%, plusieurs paramètres plombent les acquis d’y arriver. Et au premier plan figure le retard de diagnostic. «Il faut qu'on éduque les populations, qu'on les informe pour qu'ils puissent envoyer les enfants très tôt (à l’hôpital) et qu'une fois sur place, ils trouvent du personnel de qualité qui soit formé et qui soit apte à dispenser des soins de qualité à ces enfants pour pouvoir avoir de bons taux de survie», a-t-elle préconisé.
UN CENTRE NATIONAL D'ONCOLOGIE, AVEC UNE UNITE D'ONCOPEDIATRIE, ET UN PLAN NATIONAL DE FORMATION D'ONCO-PEDIATRES ANNONCES
Au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, le Directeur de cabinet du ministre, Dr Samba Cor Sarr, venu présider la rencontre, a souligné que le cancer de l'enfant est une problématique de santé qui est très importante à travers le monde, mais qui n'avait pas fait l'objet d'une attention particulière il y a de cela quelques années au niveau de notre pays. «L'Etat du Sénégal, depuis 2000, en a fait une préoccupation avec la mise en place d'un système d'onco-pédiatrie et la création de filières permettant de créer des profils qui puissent prendre en charge ce type de cancer parce que ce sont des types de cancers qui, la plupart du temps, relèvent de la génétique ou de la génomique de façon globale. Et dès l'instant que c'est cette particularité, il est important de mettre en place un système de prise en charge», a-t-il fait comprendre. Et de relever : «c'est le temps maintenant de poursuivre les recherches pour voir s'il est possible d'agir sur la génomique pour éviter justement la venue de ces types de cancers chez l'enfant. Il y a un travail qui est en cours au niveau international qu'on appelle le développement de la médecine personnalisée».
Revenant sur les préoccupations relevées, Dr Samba Cor Sarr a fait comprendre, dans cette prise en charge, qu’il y a le partenariat coréen qui va permettre cette année, en décembre, au Sénégal, de disposer d'un Centre national d'oncologie avec une unité d'onco-pédiatrie. «Sur le plan également du développement de l'onco-pédiatrie, nous avons un Plan national de formation qui va nous permettre d'avoir plus d'onco-pédiatres. Pourle moment, nous n'en avons que 4 et nous comptons en avoir un nombre assez suffisant pour une bonne prise en charge de cette pathologie. L'État a aussi renforcé le budget de subvention pour la prise en charge des cas de cancer».
QUAND LES PARENTS CACHENT LEURS ENFANTS DANS LES MAISONS
La paralysie cérébrale est une affection neurologique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et spécialisée. Beaucoup d’enfants victimes de paralysie cérébrale sont abandonnés à leur sort.
Beaucoup d’enfants victimes de paralysie cérébrale sont abandonnés à leur sort. Certains sont utilisés par leurs parents ou des proches pour faire la manche dans les rues du pays. Au niveau médical, peu de structures les prennent en charge par manque de spécialistes ou encore de centres de rééducation adaptés. Une situation qui hypothèque la vie de plus de 200 enfants recensés au sein d’une association des familles d’enfants victimes de paralysie cérébrale (AFEPC),
La paralysie cérébrale est une affection neurologique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et spécialisée. Au Sénégal, les seuls centres de prise en charge sont logés dans la capitale. A Dakar, si le Centre national d’appareillage orthopédique (Cnao) accueille le plus des enfants victimes de cette affection, sa capacité d’accueil est loin de contenir la demande en soin qui s’offre en lui. Quant au centre Talibou Dabo, le déficit en matériel de soins fait que des patients le désertent pour aller vers les structures de santé même si la prise en charge dans ces zones n’est pas adaptée. Notons que la paralysie cérébrale affecte le plus souvent le mouvement et la posture, résultant de lésions non évolutives survenues sur le cerveau en développement du fœtus ou du nourrisson.
Selon les spécialistes de ces maladies, une fois que ces lésions sont installées, elles deviennent irréversibles et entraînent des limitations d’activités et peuvent être accompagnées de troubles sensoriels, perceptifs entre autres. Le traitement est à vie et les victimes ont besoin d’aide durant toute leur vie même si peu deviennent autonomes après un suivi régulier. « Bien que la paralysie cérébrale soit irréversible, une prise en charge adaptée peut améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Cela inclut des interventions en kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, ainsi que l’utilisation d’appareillages spécifiques. Dans certains cas, des traitements médicamenteux ou chirurgicaux peuvent être envisagés pour gérer les symptômes et les complications associées » soulignent des spécialistes. Au Sénégal, à cause de la cherté de la prise en charge et de la non-disponibilité des centres de prise en charge dans certaines régions et de la discrimination de la société, beaucoup de parents cachent leurs enfants victimes de cette maladie dans les maisons. Ils sont quasiment enfermés dans les chambres loin des regards de la société. Quant aux plus âgés, ils sont souvent utilisés par leurs parents pour faire la manche dans les rues de Dakar. Au sein de l’association des familles d’enfants victimes de paralysie cérébrale (AFEPC), le président Rawan Samb avait déploré lors de la dernière journée mondiale de la Paralysie célébrale, l’absence de structures et d'établissements dédiés à la prise en charge de cette affection ainsi que le manque de spécialistes qui peuvent leur donner une éducation adéquate à l’état de santé des victimes. A l’en croire, le centre Talibou Dabo qui est le centre de référence dans le domaine n’accueille pas beaucoup d’enfants même s’il dispose d’un département pour l’infirmité motrice cérébrale (IMC). A cela, s’ajoute l’absence de spécialistes
En effet, la prise en charge de ces enfants doit se faire de façon pluridisciplinaire avec des ergothérapeutes, des psychomotriciens, des orthophonistes. Malheureusement, le Sénégal ne dispose que pour le moment de kinésithérapeutes. «Si nous prenons l’exemple du Centre national d'appareils orthopédiques, il y a un seul kiné qui s'occupe des centaine de malades. Et actuellement, sur la liste d'attente, on a plus de 200 enfants », déplore Mr Samb.
Rappelons que les causes de cette maladie sont variées et incluent les infections ou maladies pendant la grossesse, la grande prématurité, l’accouchement difficile, les maladies survenant dans les premiers mois de la vie de l’enfant.
TOUS POUR ARRETER L’HEMORRAGIE QUI DECIME LES FEMMES EN COUCHE
Les acteurs de la région de Sédhiou ont procédé hier, mardi 11 février 2025, au lancement de la Semaine de la Mère et de l’Enfant, sous l’autorité du gouverneur de région.
Les acteurs de la région de Sédhiou ont procédé hier, mardi 11 février 2025, au lancement de la Semaine de la Mère et de l’Enfant, sous l’autorité du gouverneur de région. Il est apparu que les hémorragies sont la cause principale de beaucoup de décès des femmes en couche dans la région de Sédhiou. Le Directeur de la Santé ainsi que le chef de l’exécutif régional ont uni leur voix pour crier fort à la mobilisation en faveur du don de sang avant même que le besoin ne soit exprimé.
C’est parti pour une semaine d’intenses activités de sensibilisation et de prise en charge de la santé de la mère et de l’enfant ; le ton en a été donné, hier mardi, à l’occasion du Comité régional de développement (CRD) consacré au lancement de la Semaine national de la Mère et de l’Enfant. Selon Dr Amadou Yéri Camara, le Directeur de la Santé de la région de Sédhiou, «c’est un programme national qui vise à rehausser l’impact de la prise en charge des activités de la santé de la mère et de l’enfant sur toute l’étendue du territoire national. Le thème est de renforcer l’engagement de la communauté au sujet de la santé de la mère et de l’enfant». Il ajoute que «l’implication des acteurs de la communauté notamment les ‘’Bajénu Gox’’ (assistantes sociales issues des communautés) et autres leaders communautaires peuvent nous valoir des bonds significatifs en termes d’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant».
Il ressort que les hémorragies sont la cause de la plupart des cas de décès. D’où cet appel strident du Directeur de la Santé à l’endroit des communautés de la région de Sédhiou : «nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation des communautés car le niveau central nous libère les moyens de mise en œuvre mais très peu de gens sortent pour donner de leur sang. Et il faut que les gens comprennent que le sang qu’ils donnent peut leur être retourné une autre fois ou à leur proches», explique-t-il.
Et de préciser que «la banque de sang reste fonctionnelle pour tout le monde et sans exclusive. En rapport avec les différents acteurs clés, nous allons poursuivre la mobilisation pour disposer régulièrement de sang et éviter des décès suite aux hémorragies», rassure le Directeur de la Santé de Sédhiou, Dr Amadou Yéri Camara. Et le gouverneur de la région de Sédhiou d’en faire une recommandation forte, comme un sursaut patriotique à l’accompagnement des programmes de santé : «il s’agira principalement de dérouler des activités de communication de masse à travers les radios communautaires, des fora et des caravanes pour parler directement à la population. Ce sont aussi des moments de prise en charge des cibles au niveau des structures de santé et en stratégies avancées en milieu rural. J’exhorte davantage les communautés à collaborer avec les acteurs de la santé pour mieux impacter sur les résultats», relève le gouverneur Diadia Dia
Au cours des plénières, les participants ont fait montre d’un engagement manifeste à jouer leur partition pour faire de cette semaine et même bien après, des progrès visant à améliorer considérablement la santé de la mère et de l’enfant dans la région de Sédhiou.
LE SÉNÉGAL PERD SES SOIGNANTS
Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, bien loin des recommandations de l'OMS, le pays peine à retenir ses professionnels de santé face aux conditions de travail difficiles et aux salaires peu attractifs
Depuis plusieurs années, le Sénégal est confronté à un exode massif de ses professionnels de santé vers la France et d'autres pays européens. Ce phénomène, qui ne cesse de s’accentuer, pose un véritable problème de santé publique, menaçant l'équilibre déjà fragile du système médical national.
Il y a quelques jours, le licenciement du Dr Maïssa Ndao, médecin vacataire au centre de santé de Grand-Dakar, a exacerbé les tensions dans un secteur déjà en proie à des difficultés chroniques. Considérée comme arbitraire par ses collègues, cette décision a déclenché une vague de protestations et de menaces de grève, révélant au grand jour les maux qui rongent la profession médicale au Sénégal.
Le Dr Ndao a été licencié, après avoir osé demander une augmentation de salaire, selon certains de ses proches, alors que son supérieur hiérarchique a avancé qu’il avait critiqué la gestion financière du centre de santé lors d’une réunion de cogestion à laquelle il n’avait pas été officiellement convié. Le médecin-chef du centre, Dr Modou Ndiaye, justifie cette décision par une attitude jugée ‘’irrespectueuse’’ et une perturbation de la réunion. Cependant, pour les collègues du Dr Ndao, ce licenciement est symptomatique d’un système qui étouffe la liberté d’expression et méprise les professionnels de santé. ‘’Nous attendons la réponse du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (Sames). S’il ne réagit pas, nous allons arrêter toute prestation dans les structures publiques’’, a déclaré El Hadj Babacar Ndoye, porte-parole du Mouvement des jeunes médecins du Sénégal, lors d’un point de presse.
Une profession en souffrance
Cette affaire a remis en lumière les conditions de travail difficiles des médecins sénégalais. Entre salaires insuffisants, plateau technique défaillant et recrutements au compte-gouttes, la profession se sent délaissée. Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, le Sénégal est loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise un médecin pour 5 000 à 10 000 habitants. S’y ajoutent le manque d'infrastructures, des salaires peu attractifs et des conditions de travail déplorables. Ils constituent les premières causes d’un exode noté. De nombreux médecins, infirmiers et spécialistes déplorent le manque de matériel adéquat et les longues heures de travail, souvent sans compensation financière suffisante.
Ainsi, la France, qui est le principal pays d’accueil des médecins sénégalais, profite de cette situation. Elle offre de meilleures opportunités : salaires plus élevés, meilleures conditions de travail et une reconnaissance professionnelle accrue. Chaque année, de nombreux jeunes médecins s’envolent vers l'Hexagone, après avoir réussi les concours de validation de diplômes étrangers.
Selon des sources hospitalières, certains services de santé français fonctionnent grâce à la présence massive de médecins issus d’Afrique francophone, notamment du Sénégal.
La contribution percutante du Dr Boubacar Signaté
Ces centaines de médecins qui quittent le pays pour l’Europe ou les États-Unis sont attirées par de meilleures conditions de travail et des rémunérations plus attractives. Cette fuite des cerveaux, déjà préoccupante, risque de s’aggraver, comme l’a souligné le docteur Boubacar Signaté, médecin urgentiste à Paris et figure respectée du secteur, dans une contribution virale largement partagée sur les réseaux sociaux.
Dans la foulée, il précise qu’avant, c’était les Maghrébins qui étaient en nombre. Ils le sont toujours, 3 000 candidats pour certaines spécialités, 2 000 pour d’autres, pour parfois moins de 100 postes ouverts. ‘’C’est la première fois, cette année, que j’ai vu beaucoup de médecins sénégalais se présenter en nombre et surtout être lauréats de ce concours. Certains déjà en France, mais, fait inédit cette année, d’autres sont venus directement du Sénégal concourir et être lauréats. Donc, ils vont s’y mettre de plus en plus et réussir le concours’’, alerte ce médecin urgentiste.
Dans ce contexte alarmant, le Dr Signaté, qui vit à Paris, a dressé un tableau sans concession de la situation. ‘’Si vous pensez qu’il y a une saignée, attendez-vous à une hémorragie massive’’, a-t-il averti. Il décrit en détail les mécanismes qui poussent les médecins sénégalais à partir, notamment vers la France, où ils peuvent obtenir une autorisation de plein exercice après avoir réussi un concours exigeant.
‘’En France, les médecins sénégalais sont accompagnés dans leurs démarches administratives, logés et bénéficient d’un cadre de travail moderne et respectueux. Ici, au Sénégal, nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone’’, déplore-t-il.
Le médecin sous-entend aussi que les revenus des médecins au Sénégal sont si bas qu’il serait presque choquant de les mentionner. En comparaison, dans des pays comme la France, les médecins bénéficient de salaires nettement plus élevés, ce qui rend la situation sénégalaise d’autant plus difficile à accepter. Il suggère que les médecins sénégalais sont sous-payés, ce qui les pousse à chercher des opportunités à l’étranger. ‘’Je ne parlerai pas des revenus, ce serait indécent, ni des conditions de travail, ni de la protection sociale du travailleur et de sa famille, ni du cadre de vie, ni de la reconnaissance et du respect donnés au médecin. Il n’y a qu’au Sénégal qu’on ne sait pas qu’un médecin a plus de valeur que toutes les pièces précieuses réunies’’, ironise-t-il.
En outre, il pointe du doigt le retard sur le plan de la formation inadaptée aux exigences modernes. ‘’Nos universités, leurs programmes pédagogiques et leurs visions dans le domaine des sciences de l’éducation sont obsolètes. Les enseignants qui y officient dans leur majorité sont dépassés et totalement fermés à toutes velléités de réforme de l’espace universitaire. Les plus jeunes d'entre étant les pires sur ce point. Nos autorités étatiques sont sourdes, aveugles et muettes, à commencer par nos deux ministères de tutelle : de la Santé et de l’Enseignement supérieur’’, s'indigne-t-il.
Le Dr Signaté souligne également que cette fuite des cerveaux ne se limite pas à la France. Le Canada, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse attirent également de nombreux professionnels de santé sénégalais. ‘’Ce que vous voyez aujourd’hui n’est qu’un petit saignement. Une hémorragie massive est en route’’, prévient-il. Les universités sénégalaises forment environ 1 000 médecins par an, mais l’État n’en recrute qu’une centaine pour les structures publiques. ‘’Nous ne pouvons pas absorber tout le flux de diplômés’’, explique le professeur Bara Ndiaye, doyen de la faculté de Médecine de l’Ucad.
Cette situation crée un cercle vicieux : les médecins, frustrés par le manque de perspectives, partent à l’étranger, laissant le système de santé sénégalais encore plus affaibli.
Une réforme urgente
Pour inverser la tendance, le Dr Signaté appelle à une refonte complète du système de santé et de l’enseignement médical. ‘’Il faut former une nouvelle génération de médecins qui restera au Sénégal. Celle-ci ne restera pas’’, a-t-il affirmé.
Face à cette situation, le gouvernement sénégalais tente d'apporter des réponses, mais celles-ci restent insuffisantes. La revalorisation des salaires, l'amélioration des infrastructures et la création de meilleures conditions de travail pourraient contribuer à retenir ces talents. Certains experts suggèrent également la mise en place d’accords bilatéraux avec les pays d’accueil afin de favoriser le retour de ces médecins après quelques années d’expérience à l’étranger.
En attendant, les menaces de grève se multiplient et le licenciement du Dr Ndao pourrait bien être l’étincelle qui déclenchera une crise majeure dans le secteur de la santé. Car son licenciement n’est pas une affaire isolée. C’est le symptôme d’un système de santé à bout de souffle, où les médecins se sentent méprisés et sous-estimés. Alors que la fuite des cerveaux s’accélère, le Sénégal doit agir rapidement pour éviter une catastrophe sanitaire.
En effet, le secteur de la santé est un pilier essentiel du développement d'un pays et l'exode de ses acteurs principaux met en péril la capacité de la nation à assurer des soins de qualité à sa population. La volonté politique et des investissements stratégiques seront nécessaires pour enrayer cette tendance et redonner espoir aux soignants qui aspirent à exercer dans leur propre pays.