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26 avril 2025
SENEPLUS TV
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LE SÉNÉGAL À LA DÉRIVE
Droit de s'opposer, droit de manifester... Les acquis démocratiques en train d'être remis en cause. L'atmosphère est en plein pourrissement. Il faut créer un environnement pacifique pour les élections à venir - ENTRETIEN AVEC MAMADOU DIOUF
Au Sénégal s'ouvre une nouvelle séquence politique à risques, à la veille du procès pour diffamation d’Ousmane Sonko, prévu jeudi 30 mars 2023. La principale coalition d’opposition a maintenu ses appels à des mobilisations à Dakar, ce mercredi et ce jeudi, malgré l’interdiction des autorités.
Dans un climat crispé, à moins d’un an de l’élection présidentielle prévue en février 2024, notre invité ce matin est l'historien sénégalais Mamadou Diouf. Il a signé la semaine dernière, avec une centaine d'intellectuels, une pétition adressée au président Macky Sall : « Nous constatons une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens », peut-on lire dans cette tribune intitulée « Appel à la raison ».
Parmi les nombreux signataires, l’écrivain Boubacar Boris Diop, la sociologue sénégalaise Fatou Sow, la journaliste franco-tunisienne Sophie Bessis ou encore Mamadou Diouf donc.
L'historien, professeur à l’université de Columbia à New-York, répond aux questions de Carine Frenk.
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LE DOMICILE DE SONKO BUNKÉRISÉ
Depuis la nuit dernière, impossible de passer entre les mailles de l’épais filet sécuritaire constitué de gros véhicules et d’une forte colonie de policiers lourdement armés de la tête aux pieds
C’est devenu une habitude : à chaque de veille de procès, la police bloque tous les accès au domicile du principal opposant, Ousmane Sonko. Depuis la nuit dernière, impossible de passer entre les mailles de l’épais filet sécuritaire constitué de gros véhicules et d’une forte colonie de policiers lourdement armés de la tête aux pieds. A l’intérieur, le chef du parti Pastef-Les patriotes prépare à sa manière l’audience judiciaire du jeudi 30 mars dans le cadre du procès en diffamation que lui a intenté le ministre du Tourisme et des Loisirs.
A quelques centaines de mètres de là sur la VDN, ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) mettaient la dernière main aux préparatifs de la « marche pacifique » sur l’itinéraire Rond-point Ucad-Poste de Médina. Désirant rejoindre le siège du Parti républicain pour le progrès (PRP) pour y tenir un point de presse, ils en sont d’abord empêchés par les forces de l’ordre. Ils se regroupent ensuite dans la rue, entourés d’une fournée de médias et de journalistes, pour « faire le point de la situation ». Mais une charge violente de gaz lacrymogènes balancés par les policiers disperse la foule compacte.
C’est dans l’une des débandades notées aux alentours du siège du PRP qu’une camerawoman du nom de Yacine Thiam a été renversée par un véhicule particulier après une charge des gendarmes. La consoeur a été évacuée à l’hôpital Principal.
Devant et à l’intérieur de l’Université Cheikh Anta Diop, des affrontements sporadiques ont eu lieu une bonne partie de l’après-midi entre policiers et manifestants. Les deux parties ont échangé grenades lacrymogènes et cailloux, contraignant les automobilistes et les rares moyens de transport en circulation à déserter cette avenue. Le calme est revenu petit à petit, les stigmates des affrontements étant visibles un peu partout aux alentours.
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AFFRONTEMENTS ENTRE POLICIERS ET ÉTUDIANTS À L'UCAD
Déployée massivement aux alentours de l'université, la police a envoyé des gaz lacrymogènes en direction des étudiants reclus à l'intérieur du campus. Les étudiants ont riposté à coups de pierres, mais ont été empêchés de sortir
Des heurts ont opposé mercredi à l'université de Dakar les policiers et des étudiants qui tentaient de participer à une manifestation interdite par les autorités à la veille du procès d'Ousmane Sonko.
Déployée massivement aux alentours de l'université, la police a envoyé des gaz lacrymogènes en direction des étudiants reclus à l'intérieur du campus. Les étudiants ont riposté à coups de pierres, mais ont été empêchés de sortir.
Un journaliste de l'AFP présent avec plusieurs collègues avant le début des incidents a été frappé du poing derrière la tête par un policier qui avait ordonné aux journalistes de s'éloigner en leur reprochant de filmer, ce qu'aucun ne faisait à ce moment-là, ont rapporté les journalistes présents. Le journaliste de l'AFP a ensuite été appréhendé et emmené de force dans un fourgon de police, malgré les tentatives de ses collègues d'intercéder en sa faveur, ont-ils dit. Le policier a lancé une grenade lacrymogène à leur pied pour les tenir à distance. A l'intérieur du fourgon, le journaliste de l'AFP a reçu d'un policier plusieurs coups de poing dans le haut du corps et derrière la tête, a-t-il indiqué par la suite. Il a été relâché quelques instants plus tard.
"L'AFP proteste avec fermeté contre cette brutalité exercée sans aucune raison contre un de ses journalistes qui faisait son métier", a dit le directeur de l'information de l'agence, Phil Chetwynd. Cette brutalité "jette le doute sur les assurances réitérées des autorités sénégalaises quant au libre exercice de la profession et suscite de vives interrogations sur la sécurité des journalistes dans la période pré-électorale", a-t-il ajouté.
L'opposition au président Macky Sall a annoncé des marches et manifestations à Dakar et dans le pays mercredi, jeudi et lundi. L'opposant Ousmane Sonko doit comparaître jeudi à Dakar pour diffamation contre un ministre. Les autorités ont interdit nombre des rassemblements prévus mercredi et jeudi, mais la principale coalition d'opposition a dit son intention de défier l'interdit.
Alors qu'ils s'apprêtaient à faire une déclaration mercredi sur un axe important de la capitale, les chefs de la coalition Yewwi Askan wi (YAW, Libérons le peuple en langue ouolof) ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par la gendarmerie, selon des images visionnées par l'AFP.
Les tensions ont considérablement ralenti les activités de la capitale. Les vacances des écoles et de l'université ont été avancées. Les transports publics ont suspendu leurs lignes mercredi. Des banques ont annoncé fermer plus tôt. M. Sonko et ses supporteurs accusent le pouvoir d'instrumentaliser la justice pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2024.
Le parti présidentiel accuse M. Sonko de vouloir paralyser le pays et de se servir de la rue pour échapper à la justice. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude devant le climat de tensions régnant dans le pays, les restrictions sur les libertés de réunion et d'expression, et ont appelé le président Sall à renoncer à un troisième mandat, lui qui laisse planer le doute sur une candidature en 2024.
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LES DÉMOCRATES DÉCIDÉS À CONFRONTER MACKY SALL
Tandis que le président laisse planer le doute sur une candidature à un troisième mandat, Aminata Touré estime que la Constitution est "très claire" et que le chef de l'État ne peut absolument pas se porter candidat à la présidentielle de 2024 - ENTRETIEN
L'ancienne Première ministre du Sénégal (2013-2014) Aminata Touré a accordé un entretien à France 24. Tandis que le président Macky Sall laisse planer le doute sur une candidature à un troisième mandat, Aminata Touré estime que la constitution sénégalaise est "très claire" et que le chef de l'État ne peut absolument pas se porter candidat à l'élection présidentielle prévue en 2024. Dénonçant une "vague de répression sans précédent", elle assure que "les démocrates" sont prêts à y "faire face".
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UNE ARRESTATION DANS LE CADRE DE LA TENTATIVE D'ASSASSINAT DE SONKO
Yarga Sy, un agent de sécurité aéroportuaire a été appréhendé à la suite de saisies d'objets et de perquisitions menées après des informations de presse faisant état d'une tentative d'assassinat sur du leader de Pastef, selon le procureur général
Yarga Sy, un agent de sécurité aéroportuaire, a été arrêté dans une affaire de tentative d'assassinat de l'opposant Ousmane Sonko, a annoncé mardi le procureur général Ibrahima Bakhoum.
M. Sy a été arrêté dans le cadre d'une enquête confiée par le procureur de la République à la Sûreté urbaine, a précisé M. Bakhoum lors d'un point de presse.
Le mis en cause a été appréhendé à la suite de saisies d'objets et de perquisitions menées après des informations de presse faisant état d'une tentative d'assassinat sur M. Sonko, le 16 mars, jour de son procès contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, alors qu'il était sur le chemin du tribunal.
Yarga Sy, qui dit être un militant de Pastef, "est en instance de défèrement", selon le procureur général, qui a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire.
Il est poursuivi pour tentative d'assassinat, homicide involontaire et jet d'un liquide pouvant nuire à l'intégrité physique d'une personne.
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LE POUVOIR DE MACKY SALL MANQUE DE SÉRÉNITÉ
Siré Sy, chroniqueur et candidat à la présidentielle de février 2024, commente l'actualité sociopolitique nationale au micro de Sud FM dans l'émission dominicale Objection
Siré Sy, chroniqueur et candidat à la présidentielle de février 2024, commente l'actualité sociopolitique nationale au micro de Sud FM dans l'émission dominicale Objection.
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MULTIPLE PHOTOS
MBOUGAR SARR DANS L'ITALOPHONIE
La littérature africaine en général, et sénégalaise, en particulier, a connu le faste en 2021 si l’on en juge par des Prix littéraires qui ont été remportés au cours de la seule année par trois écrivains dont deux Sénégalais.
La littérature africaine en général, et sénégalaise, en particulier, a connu le faste en 2021 si l’on en juge par des Prix littéraires qui ont été remportés au cours de la seule année par le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, puis les Sénégalais Boubacar Boris Diop et Mbougar Sarr.
Ce rayonnement mondial de la culture à travers la littérature africaine ne laisse pas indifférents des centres culturels européens. Pour preuve, l’Institut culturel italien de Dakar a décidé d’honorer ces artistes africains et afro descendants, aussi bien ceux connus comme moins connus à travers une exposition dans laquelle Mohamed Mbougar Sarr figure en bonne place.
L’exposition a lieu dans l’enceinte de l’institut cultuel à Fann Résidence. En marge du vernissage de l’exposition en présence de l’artiste, AfricaGlobe a interrogé, Serena Cinquegrana, la directrice de l’Institut culturel sur cette exposition réalisé par qui explique le sens et la portée de cette exposition.
Pour mémoire, le 3 novembre 2021, le prestigieux Prix littéraire Goncourt a été attribué au jeune écrivain Mohamed Mbougar Sarr pour son livre «La plus secrète mémoire des hommes», (448 pages), coédité par Philippe Rey (France) et Jimsaan (Sénégal).
Quelques jours plus tôt le 26 octobre le vétéran Boubacar Boris Diop, journaliste et écrivain a, lui, remporté le prix international de littérature Neustadt, pour son livre-témoignage sur les cent jours du génocide rwandais, «Murambi, le livre des ossements» (220 pages), publié par les éditions Zulma en 2014.
La même année et quelques semaines avant Boris Diop, sur le plan africain, c’est le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah qui remporte le prix Nobel de littérature, pour sa narration « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents’’. Il est auteur d’une dizaine de romans, dont « Paradise » et « Près de la mer ».
Les Africains ne peuvent que se réjouir de cette performance alors que trop de problèmes minent le contient et que l’on a tendance à penser que tout va toujours mal et partout. C’est pour changer cette approche que Medici con l’Africa l’ONG italienne s’est associé à l’institut italien pour présenter cette exposition en hommage à ces belles plumes d’Afrique, mais aussi des plumes beaucoup moins célèbres, mais pertinentes, voire percutantes.
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NOUS SOMMES APTES POUR TOUTES LES COMPÉPITIONS
S.EM., Sönke SIEMON, l’Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne, malgré la cour assidue que font la Turquie, la Chine et la Russie à l’Afrique, estime son pays serein parce que possédant de bons arguments, surtout économique
L’association des professeurs d’allemand du Sénégal (APAS) a tenu la 3è édition des journées pédagogiques de sa discipline les 20 et 21 mars, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, en collaboration avec l’Institut Goethe de Dakar, le centre culturel allemand. En prélude à cette rencontre, une réception a été organisée à la résidence de Sönke SIEMON, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Sénégal, en présence desdits professeurs.
En marge de cette réception, AfrocaGlobe Tv a interpellé le diplomate allemand sur diverses questions relatives à la coopération germano-sénégalaises. Son Excellence s'est prêté à toutes nos questions sans détour : du cadre global de la coopération, au point d’orge de la coopération militaire, des opportunités offertes aux germanisants, à la politique éventuel pour dynamiser l’attrait de l’allemand pour les collégiens, en passant par la révision ou non des bases de la coopération allemande dans un contexte où, de nouveaux partenaires tels que la Chine, la Turquie, la Russie se déploient de plus en plus sur le continent avec leur puissance de feu.
Pour le diplomate allemand, c’est une bonne nouvelle pour l’Afrique d’avoir de nouveaux partenaires qui s’intéressent à elle. Il revient à l’Afrique de savoir tirer son épingle du jeu avec chaque partenaire. En tout état de cause, en ce qui concerne l’Allemagne, elle a des arguments de poids de quoi séduire l’Afrique, notamment son économie, dont il faut le rappeler est la première de la zone euro.
Par conséquent, Berlin reste sereine face à l’arrivée de ces nouveaux acteurs qui viennent avec leur puissance de feu, faire des avances la belle Afrique et qui sont prêts à ravir la vedette aux concurrents traditionnels composés de l'Europe et des Etats-Unis. Que le meilleur gagne, c'est le mot d'odrde de Sönke SIEMON sur cette question. Voir son entretien sur AfricaGlobe Tv et Seneplus.
(Nous nous excusons pour la qualité du son de la vidéo)
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JE NÉGOCIE AVEC DES GROUPES ARMÉS POUR SECURISER LES ELECTIONS
Dans une interview à RFI et France 24, Abdoulaye Bathily, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Libye, regrette que le Parlement libyen – la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État, basé à Tripoli – « traîne des pieds »
Dans une interview à RFI et France 24, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Libye, regrette que le Parlement libyen – la Chambre des représentants, basée à l’Est, et le Haut Conseil d’État, basé à Tripoli, à l’Ouest – « traîne des pieds » pour aller aux élections.
M.P. : Monsieur Abdoulaye Bathily, il y a un mois, vous avez présenté au Conseil de sécurité des Nations unies une nouvelle initiative pour tenter de sortir enfin de l’impasse libyenne. Cette initiative prévoit notamment des élections présidentielle et législatives d’ici la fin de cette année 2023. On se souvient qu’en 2021, des élections devaient se tenir, mais tout a été bloqué en raison des tensions entre le camp de l‘Est et celui de l‘Ouest. Or ces tensions n’ont pas disparu, loin de là. Expliquez-nous pourquoi vous espérez que cette fois, ça va marcher ?
Je pense que, cette fois-ci, il faut le dire, la plupart des acteurs libyens sont décidés à aller aux élections, veulent aller aux élections. Et en réalité, il n’y a que quelques responsables en position institutionnelle qui ne veulent pas des élections, ou tout au moins qui traînent les pieds. Et il faut créer les conditions pour que la question électorale ne reste pas entre les mains de cette minorité qui bloque, mais que la question électorale concerne l’ensemble des segments de la société. Il y a l’institution législative, la Chambre des représentants et le Haut conseil d’État qui ont en charge la partie législative. Mais il faut dire que, depuis un an, ces deux chambres n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la base constitutionnelle et sur la base des lois électorales. Mais récemment, elles sont venues avec une proposition, c’est-à-dire l’amendement constitutionnel n°13, sur lequel je n’ai pas d’objection majeure. Mais il faut le dire, il y a d’autres questions importantes qui restent à régler : la question par exemple des lois électorales, la question de l’éligibilité des candidats.
Christophe Boisbouvier : Abdoulaye Bathily, arrêtons nous sur ces deux assemblées législatives dont vous venez de parler et qui « trainent des pieds », comme vous dites. Elles sont rivales, l’une à l’Est, l’autre à l’Ouest. Mais elles sont toutes les deux d’accord sur un point en effet, elles ne veulent pas de votre plan. Elles vous accusent d’ingérence. Est-ce qu’elles ne cherchent pas surtout en réalité à « jouer la montre » pour empêcher toute élection afin que chaque député, chaque sénateur puisse garder son siège le plus longtemps possible ?
Il n’y a pas d’ingérence de notre part. Qu’est-ce qu’il y a de notre part ? Il y a un appel à la responsabilité, responsabilité politique, responsabilité morale, responsabilité aussi légale. Parce que ces deux chambres ont perdu leur légitimité dès lors qu’elles ont été élues respectivement en 2012 et 2014. Et depuis lors, aucune élection n’a mis en jeu leur mandat. Et par conséquent, la prolongation de cette situation intérimaire évidemment les arrange sans doute, mais n’arrange pas la majorité des Libyens qui veulent aujourd’hui, après s’être inscrits massivement sur les listes électorales, que des institutions légitimées par les urnes soient mises en place. Et aujourd’hui, il s’agit justement de faire en sorte que la question électorale soit étendue à d’autres segments de la société qui interviennent sur ce processus. C’est dans ce sens-là que, depuis quelques mois déjà, j’ai engagé les consultations et la négociation, non seulement avec les partis politiques, mais aussi les groupes de femmes, les groupes de jeunes, mais également les groupes sécuritaires. La situation sécuritaire en Libye est très préoccupante. Ce sont des institutions sécuritaires qui sont fragmentées : il y a les miliciens, il y a les groupes armés, il y a des mercenaires. Il y a toute une situation préoccupante qu’il faut aussi régler pour que les élections se tiennent. Or jusqu’ici, le débat électoral ne tient pas compte de cette dimension-là. J’ai déjà engagé, grâce au soutien du Comité militaire 5+5 [5 membres du gouvernement libyen légitime et 5 membres des forces de Khalifa Haftar, Ndlr], des pourparlers, des discussions, et même des négociations avec des groupes armés de l’Est et de l’Ouest qui sont d’accord pour participer à la sécurisation du processus électoral. Et je continue cette discussion là. Dans les prochains jours, je vais également aller dans certains pays voisins de la Libye, à la frontière, au Soudan, au Tchad, au Niger. Un comité de liaison sous l’autorité du Comité militaire conjoint 5+5 a été mis en place. Il faudra discuter avec les autorités de ces pays également sur la question des mercenaires, sur la question des groupes armés, en particulier dans la région Sud. Donc, aujourd’hui, il s’agit de créer les conditions pour que la question électorale dépasse les rivalités, les débats internes à ces deux chambres qui ne veulent pas avancer. Il s’agit que la société libyenne, qui aujourd’hui en a marre de ces groupes de politiques qui veulent conserver leurs sièges, il s’agit que cette société libyenne puisse avoir l’occasion d’ouvrir une nouvelle perspective pour le pays.
M.P. : Abdoulaye Bathily, parlons maintenant de l’exécutif. À Tripoli, le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah a plutôt bien accueilli votre initiative. Mais est-ce le cas de son rival Fathi Bachagha ? Et à Benghazi, est-ce que l’homme fort, le maréchal Khalifa Haftar est d’accord ? On le dit assez réservé ?
Ces derniers jours, j’ai pris contact avec tous ceux que vous venez de nommer : le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah à l’Ouest, le maréchal Khalifa Haftar. Et je suis en contact permanent avec ce dernier : il est pour les élections, il est pour mon initiative. J’ai pris contact avec Fathi Bachagha, l’autre Premier ministre qui est à l’Est également, il m’a dit très clairement qu’il est pour les élections. Donc, aujourd’hui, il faut le dire, la plupart des acteurs, y compris le conseil présidentiel qui a également apporté son soutien à cette initiative, vont dans le sens vraiment de sortir le pays de l’impasse. C’est ceux qui veulent perpétuer la situation actuelle, qui veulent bloquer. Mais, je dois dire que l’écrasante majorité de la population libyenne voudrait que les élections puissent se tenir et nous maintenons le cap dans ces conditions.
C.B. : L’une des causes de l’annulation des élections de 2021, c’est la querelle, vous le savez bien, sur la question d’éligibilité à la présidentielle. Et pour dire les choses simplement, le camp de l’Ouest veut interdire la candidature d’un militaire et d’un binational. Or, il se trouve que l’homme fort de l’Est, le maréchal Haftar, est non seulement un militaire mais un binational, Libyen et Américain. Le Premier ministre de Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, vient de déclarer : « Il est inacceptable de voir revenir un régime militaire ». Est-ce qu’il n’y a pas un blocage de ce côté-là ?
Ce qui est clair, c’est que les Nations unies sont pour des élections inclusives. Dans l’état actuel de la Libye, il n’est pas acceptable que des candidats puissent être, pour des raisons politiques, écartés de l’élection présidentielle. Cela porterait un grave préjudice à l’unité territoriale du pays, cela porterait un grave préjudice à la société libyenne. Aujourd’hui, une telle prise de position nous amènerait à une situation non seulement de blocage, mais à une situation d’aggravation de la crise. Une crise qui déjà a des conséquences néfastes pour tous les pays frontaliers de la Libye. Je pense au Sahel, à tous les pays du Sahel qui subissent les conséquences de cette crise libyenne et du vide sécuritaire. La Libye est un marché d’armes à ciel ouvert, une sorte même de supermarché.
M.P. : On sait que les Américains cherchent une solution en Libye. On sait que les Russes jouent aussi un rôle très important en Libye. Ils soutiennent notamment à l’Est le maréchal Haftar. Donc, en fait, pour trouver une solution, il faut quand même que les Américains et les Russes s’entendent. Or depuis un an, depuis la guerre en Ukraine, ils sont à couteaux tirés, c’est le moins qu’on puisse dire, est-ce que cela veut dire que vos efforts sont voués à l’échec, comme cela a été le cas pour tous vos prédécesseurs ?
Jusqu’ici, je dois dire que le tour que j’ai fait, de tous les pays concernés par la crise libyenne, montre qu’en réalité, il y a une volonté exprimée des uns et des autres de participer à la solution de la crise. Je suis allé dans tous les pays voisins, aussi bien en Turquie, au Qatar, aux Émirats arabes unis, en Égypte, en Algérie, au Maroc, et bien entendu en Tunisie, mais également dans tous les pays européens : l’Italie, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Russie, je suis allé à Moscou. Et le message que j’ai donné à tous ces pays, c’est que oui, les uns et les autres sont concernés par ce qui se passe aujourd’hui en Libye, mais il est important qu’on donne la chance au peuple libyen de forger son destin à travers des élections libres, démocratiques et transparentes. Et ce qu’on m’a répondu, c’est que, effectivement, il y a un accord sur cela parce que la prolongation de cette crise porte en germe l’aggravation de la crise non seulement en Afrique, mais également dans toute la région de la Méditerranée. Et bien entendu, il faut mettre fin à cette situation avant que la crise ne prenne de nouvelles proportions internationales. Parce que je dis que, s’il y avait une Coupe du monde en politique, la Libye serait qualifiée automatiquement, parce que beaucoup de pays sont déjà en train de jouer sur ce terrain, il faut mettre fin à ce jeu.
C.B. : Merci Abdoulaye Bathily de nous avoir accordé cet entretien.
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LA COLÈRE DES POPULATIONS EST NÉE DES ACTES POSÉS PAR LA JUSTICE
Pour Boubacar Boris Diop, écrivain-journaliste, invité de l’émission « Belles Lignes » de nos confrères d’ITV, la colère des populations est aujourd'hui motivée par des actes posés émanant du système judiciaire sénégalais
Les réactions sur la situation politique et sociale actuelle de notre pays se poursuivent. Ils sont nombreux les intellectuels à réagir aux affaire touchant Ousmane Sonko parmi lesquelles son procès contre Mame Mbaye Niang, celui l’opposant à Adji Sarr ou encore les manifestations survenues ces derniers jours. Pour Boubacar Boris Diop, écrivain-journaliste, invité de l’émission « Belles Lignes » de nos confrères d’ITV, la colère des populations s’explique par le fait que la justice se comporte d’une certaine manière. Il a rappelé que cette affaire est un complot.
Selon le journaliste et écrivain Boubacar Boris Diop, le Sénégal est habitué à des situations tendues. Il se rappelle des duels entre Senghor et Mamadou Dia, entre Lamine Guèye et Senghor et ceux ayant opposé Abdou Diouf à Abdoulaye Wade. Mais, pour lui, l’impensable c’est de voir Ousmane Sonko et son rival se donner la main et négocier. « Telles que les choses se passent, c’est ça passe ou ça casse. Dans tous les deux camps, on y va à fond et advienne que pourra. Je pense que c’est le gouvernement qui est fautif, c’est-à- dire toutes ces personnes qui ont monté un complot contre Ousmane Sonko, l’accusant de viol sur la fille Adji Sarr. Mais, au fil du temps, les choses se sont décomposées alors qu’au début, ça marchait bien. Vous ne pouvez pas dire, ici au Sénégal, un leader politique est entré quelque part les armes à la main’’, a dit le journaliste et écrivain. Il ajoute que cette fille, qui accuse le leader de l’opposition, est bien prise en charge par l’Etat et manipulée par des personnes qui ne s’intéressent pas du tout à elle. « Ces personnes qui sont à l’origine de tout cela et qui ont échoué, il faut que le gouvernement les lâche. Avec tous ces audios et ces manipulateurs démasqués, dont le milliardaire qui a été à la tête de toute cette affaire, cette présumée affaire de viol ne doit pas continuer.
Dans un système judiciaire normal, si cette affaire continue, c’est parce que c’est insensé. Et la colère des gens vient de là. Les populations sont en colère parce que, pour elles, une justice ne doit pas se comporter ainsi’’, a déclaré Boris Diop. Le journaliste se dit moins intéressé que toutes ces personnes concernées par cette affaire, notamment Ousmane Sonko, Mame Mbaye Niang, Adji Sarr, mais par le fait que des gens comme François Mancabou, torturé à mort, et les deux gendarmes disparus soient carrément oubliés, même si certaines personnes en parlent de temps en temps. « Ce qui m’intéresse le plus, c’est moins Adji Sar, c’est moins Mame Mbaye Niang, c’est moins Ousmane Sonko ou même Macky Sall, c’est le fait qu’un citoyen du nom de François Mancabou ait été torturé à mort et que deux autres citoyens, des gendarmes, aient disparu. Je jauge la situation à cette aune-là. C’est-à-dire, la différence entre une société civilisée et une société où règne la barbarie, c’est que de telles choses ne sont pas possibles », a dit l’écrivain qui remporta le Grand Prix du président de la République pour les lettres avec son roman « Le temps de Tamango »
Pour lui, dans une société civilisée, de telles choses ne devraient pas arriver. Il ajoute que ces affaires sont plus importantes — que les affaires Adji Sarr et Mame Mbaye Niang — et au même niveau que la mort de Oumar Blondin Diop. Boubacar Boris Diop n’a pas manqué de dire qu’il y a un acharnement sur les militants d’Ousmane Sonko. Il souligne que si les jeunes s’identifient à Ousmane Sonko, c’est parce que il est des leurs. « Personne n’a le contrôle de cette jeunesse. Elle échappe à tout le monde. Elle n’écoute pas la radio. Elle ne regarde pas la télé et se retrouve complètement dans le discours de Sonko », a-t-il analysé lucidement.
Parlant de Sonko, l’écrivain-journaliste estime qu’il est devenu radical. « Avant l’affaire Adji Sarr, il était un homme politique normal mais ayant vu le sort de Karim Wade et de Khalifa Sall, il s’est dit que si je ne résiste pas, on me liquide », a expliqué Boris. Et de poursuivre : « Je suis assez âgé, mais Sonko, après l’affaire Adji Sarr, a atteint un niveau de popularité jamais égalé ! Dès qu’il sort, il crée des attroupements et même le président initie des promenades pour tenir la concurrence avec Sonko. Une concurrence que ce régime a créée », estime Boris.