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2 mai 2025
Société
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SAIF AL-ISLAM KADHAFI ACCABLE NICOLAS SARKOZY
Le fils de l'ancien dirigeant libyen révèle avoir supervisé personnellement le versement de cinq millions de dollars au clan de l'ex-président français. Il détaille pour la première fois depuis 2011 les dessous de ce financement présumé
(SenePlus) - Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI), Saif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, brise plus d'une décennie de silence sur l'affaire du financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ces déclarations interviennent alors que l'ancien président français et onze autres prévenus comparaissent actuellement devant la justice à Paris.
Dans cet échange écrit, sa première prise de parole sur le sujet depuis 2011, Saif al-Islam Kadhafi fait des révélations particulièrement détaillées sur le montant et les modalités du financement présumé. Il affirme avoir personnellement supervisé le transfert de 5 millions de dollars en espèces au "clan Sarkozy". Selon ses déclarations à RFI, la moitié de cette somme, soit 2,5 millions de dollars, aurait été destinée au financement de la campagne présidentielle de 2007, en contrepartie d'accords et de projets favorables à la Libye.
Le fils de l'ancien guide libyen précise que l'autre moitié du versement aurait servi à obtenir l'arrêt des poursuites dans l'affaire de l'attentat du DC-10 d'UTA, survenu le 19 septembre 1989, qui avait fait 170 victimes et pour lequel Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, avait été condamné par contumace en 1999.
Plus troublant, Saif al-Islam révèle à RFI avoir fait l'objet de trois tentatives d'approche distinctes depuis 2021 visant à lui faire modifier sa déposition auprès des juges français. La première approche aurait été effectuée en 2021 par l'intermédiaire de Souha Al Badri, une consultante basée à Paris. Une seconde tentative aurait eu lieu fin 2022 via Noël Dubus, qui aurait contacté Hannibal Kadhafi, emprisonné au Liban depuis 2015, promettant sa libération en échange d'un changement de témoignage. Une troisième tentative aurait été menée par un Français d'origine arabe, dont l'identité n'a pas été révélée.
Contacté par RFI, Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, rejette catégoriquement ces allégations, les qualifiant de "fausses", "fantaisistes" et "opportunistes". Il souligne que ces déclarations surviennent au moment précis où s'ouvre le procès et y voit "le cadre d'une vengeance objective", ajoutant que "le dossier est vide".
L’ENVIRONNEMENT, VICTIME DE LA GUERRE COMMERCIALE DES GEANTS PETROLIERS
Comme la planète entière s’y attendait, le nouveau président élu des Etats Unis d’Amérique (USA) retire son pays de l’Accord de Paris, signé en 2015, sur le climat, à la COP21.
L’annonce du nouveau président des Etats Unis d’Amérique (USA), sitôt après son installation, le lundi 20 janvier dernier, de se retirer de l’Accord de Paris, signé en 2015, à l’occasion de la 21e Conférence des parties (COP 21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), n’a rien de surprenant. Au lendemain de sa première élection en 2017, Donald Trump avait aussitôt mis fin à la présence de son pays à cette instance. Par ces prises de positions radicales, Trump n’entend plus rien céder à son concurrent chinois, certes plus pollueur que lui, mais plus enclin à minimiser les effets des changements climatiques. A l’autel de cet antagonisme géopolitique, apparait une guerre commerciale entre les géants pétroliers. La planète est en sursis et les déluges de sinistres s’emballent.
Comme la planète entière s’y attendait, le nouveau président élu des Etats Unis d’Amérique (USA) retire son pays de l’Accord de Paris, signé en 2015, sur le climat, à la COP21. Donald Trump a répété, à maintes reprises, ne pas être prêt à reléguer les énergies fossiles comme le pétrole pour quelque transition énergétique que ce soit. C’est la deuxième fois que Donald Trump retire son pays de cette Conférence des Nations Unies sur le climat.
A sa première élection en 2017, il avait adopté la même conduite de mépris de la dynamique des 196 Etats membres contre le réchauffement climatique. Et pourtant, les Etats Unis sont responsables de plus de 13% des émissions de gaz à effet de serre (GES), plus ou moins équivalent à la part de l’Union Européenne (UE), derrière la Chine avec près de 30%. Les motifs invoqués par Donald Trump sont de «ne pas saboter les propres industries américaines, alors que la Chine pollue sans impunité», écrit-il sur son compte twiter .
Les objectifs de ces Accords de Paris visent à renforcer le financement des pays en développement pour atténuer les effets des changements climatiques, renforcer la résilience et accroître les capacités d’adaptation aux effets produits par les changements. En réalité, derrière ce défi majeur de l’environnement, se cachent des velléités commerciales notamment l’Amérique qui se recroqueville sur ses gisements de pétrole, face à la Chine qui engage la concurrence mais dans la transition écologique avec les énergies renouvelables.
Le Yémen, la Libye et l’Iran n’ont pas non plus signé cet Accord de Paris, du fait des retombées économiques de leurs champs pétroliers ; alors que leur implication demeure significative pour réduire le réchauffement climatique à +1.5°C ou +2°C d’ici à la fin du siècle courant, selon les experts du climat.
Pas surprenant alors si, en novembre dernier, les plus grands pollueurs ont laissé vides leurs chaises au sommet de Baku, en Azerbaïdjan. Ce qui compromet le mot d’ordre de lutte contre les changements climatiques. Hélas ! Pauvres des pays moins avancés et moins pollueurs qui subissent, avec résignation, les effets des changements climatiques.
A ce rythme de pollution de l’atmosphère et des océans, c’est la planète qui se déprime, avec des conséquences à effet de contagion. C’est dire, en d’autres termes, que le président américain n’a donc pas assez appris de la récente catastrophe écologique survenue dans son pays, avec les incendies de Los Angeles, exacerbés, selon les experts, par les vents de Santa Ana qui assèchent la végétation.
Qui a encore besoin de savoir que la planète est une entité inter liée, jadis formée d’un seul bloc massif, mais que les phénomènes météorologiques associent toujours. Dès lors, tout repli sur soi devient suicidaire par des manifestations violentes de la nature. Et le seul ordre mondial qui vaille, sans faille, est la synergie d’actions pour circonscrire le péril environnemental et écologique qui guette la planète
Entre inondations, déluge de feu et hausse des températures, la géhenne est dessinée par l’homme lui-même, contre la postérité. Aujourd’hui le mépris, demain la déprime !
UNE PLATEFORME NATIONALE POUR FACILITER L’ACCES A L’HABITAT EN VUE
Le gouvernement sénégalais annonce la mise en place prochaine d’une Plateforme nationale dédiée à l’accès au logement, visant à offrir aux Sénégalais, tant résidant au pays qu’à l’étranger, une vue d’ensemble sur les programmes d’habitat développés
Le gouvernement sénégalais annonce la mise en place prochaine d’une Plateforme nationale dédiée à l’accès au logement, visant à offrir aux Sénégalais, tant résidant au pays qu’à l’étranger, une vue d’ensemble sur les programmes d’habitat développés dans les différents pôles territoriaux.
Cette initiative a été dévoilée par le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires, Balla Moussa Fofana, au terme de la signature d’une Convention de partenariat avec Shelter Afrique Development Bank. «Notre objectif est de maîtriser les coûts de construction des logements et de les rendre plus accessibles aux Sénégalais», a déclaré le ministre. Il a précisé que cette Plateforme nationale permettra à tous les citoyens d’accéder facilement à l’information relative aux projets de logement en cours, répartis sur les différents pôles territoriaux.
LE LOGEMENT, UNE PRIORITE PRESIDENTIELLE
Le ministre Fofana a rappelé que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a placé la question du logement au cœur de son projet de développement endogène. Selon lui, la situation actuelle est préoccupante : «Aujourd’hui, 54% des revenus des Sénégalais sont consacrés au loyer, un chiffre bien supérieur à la norme qui devrait se situer autour de 30%».
Cette problématique s’explique par un déficit chronique de logements. «Le Sénégal produit environ 5000 logements par an, alors que les besoins augmentent de plus de 20.000 demandes supplémentaires chaque année. Depuis 2013, le déficit cumulé est estimé à 300.000 logements», a-t-il détaillé. L’objectif du gouvernement est ambitieux : résorber un déficit de 500.000 logements sur une période de dix ans.
UN PARTENARIAT STRATEGIQUE POUR UN HABITAT DURABLE
Lors de la même rencontre, Thierno Habib Hann, directeur général de Shelter Afrique Development Bank, a mis en avant l’engagement de son institution en faveur d’un développement stratégique et durable du secteur de l’habitat urbain. «Nous avons eu des échanges très fructueux avec le ministre et nous sommes heureux de l’accueil reçu. Nous comptons sur le gouvernement sénégalais pour soutenir la mise en œuvre de notre stratégie au Sénégal», a-t-il affirmé.
Le directeur général a également souligné la vocation de Shelter Afrique, en tant que banque de développement : «Notre mission est de mobiliser des ressources à long terme pour avoir un impact significatif dans nos pays africains. Ce partenariat avec le Sénégal vise à renforcer les investissements dans le secteur de l’habitat afin que tous les citoyens puissent accéder à un logement décent». Cette coopération entre le gouvernement sénégalais et Shelter Afrique s’inscrit dans une dynamique visant à répondre aux besoins croissants en logements, tout en promouvant un modèle de développement durable et inclusif.
LE PROJET «SAXAL JAM» POUR LA CONTRIBUTION DES FEMMES, DES JEUNES ET DES HANDICAPES
Le projet «Saxal Jam», soutenu par l'Union Européenne (UE), a organisé à Dakar un atelier de consultation et d'échanges sur les réformes de gouvernance économique, politique et judiciaire
Le projet «Saxal Jam», soutenu par l'Union Européenne (UE), a organisé à Dakar un atelier de consultation et d'échanges sur les réformes de gouvernance économique, politique et judiciaire. Cet atelier de trois jours qui a débuté hier, mardi 21 janvier 2025, sous l’égide de l’ONG 3D, du COSCE et du GRADEC, met l’accent sur la participation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.
Dans le cadre de la contribution à la création des conditions favorables à la stabilité politique et à la cohésion sociale du Sénégal et augmenter la participation politique des femmes, des jeunes et des personnes handicapées en favorisant leur représentation et leur participation active dans les dynamiques en cours, le programme «Saxal Jam» a ouvert un atelier de trois jours à Dakar visant à identifier les obstacles rencontrés par les femmes, les jeunes, et les personnes handicapées. Il s’agit de recueillir leurs recommandations, qui alimenteront les propositions de réforme de gouvernance économique, politique et judiciaire. En effet, cette rencontre regroupe 40 participants, parmi lesquels figurent des représentants de diverses organisations féminines, des leaders d’opinion, des étudiants, des acteurs politiques et de la société civile, ainsi que d’autres parties prenantes.
Ababacar Fall, secrétaire général du GRADEC, a souligné l'importance de cet événement. «Il est crucial de mobiliser toutes les énergies pour un développement inclusif. L’objectif est de garantir que les voix des femmes, des jeunes et des personnes handicapées soient entendues et intégrées dans les réformes à venir. Les femmes, les jeunes et les personnes handicapées sont au cœur des processus de développement.» D’où l’importance de cette initiative inclusive, selon le secrétaire général de la GRADEC. Il a précisé que cet atelier n'est pas destiné à fournir des directives spécifiques, mais à permettre aux participants d'identifier les défis et de proposer des solutions. «Notre rôle est de rassembler ces recommandations pour un mémorandum destiné aux acteurs politiques», a-t-il ajouté.
En outre, en réponse à la montée des discours haineux, Ababacar Fall déclare que «Le Sénégal n'a jamais connu de problèmes ethniques ou religieux. Et ce n'est pas aujourd'hui que nous allons nous engager dans cette voie». Il a appelé à la condamnation de ces propos et invité l’Etat à prendre des mesures pour les contrer. «Nous travaillons à la cohésion sociale et ce type de discours n'a pas sa place dans notre société», a-t-il affirmé.
Au sortir de ce conclave, les conclusions et recommandations formulées seront partagées avec les acteurs politiques lors d'un prochain atelier. «Il est essentiel que les préoccupations exprimées ici soient prises en compte dans les réformes», a conclu le secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie et la bonne gouvernance (GRADEC).
LE RÉVEIL CITOYEN BOUSCULE LES URNES
René Lake dresse sur VOA Afrique, le bilan d'une année 2024 charnière pour la démocratie en Afrique. Selon lui, la simple tenue d'élections ne suffit plus à satisfaire une jeunesse de plus en plus exigeante
Dans une intervention approfondie sur VOA Afrique lors de l'ultime édition de l'émission Washington Forum, René Lake, analyste politique, dresse un bilan nuancé de l'année 2024 et esquisse les perspectives pour 2025, mettant en lumière les défis de la démocratie contemporaine.
"La démocratie électorale semble être une réalité sur le continent, mais elle n'est pas synonyme de démocratie effective, de démocratie citoyenne, de démocratie participative", observe Lake, soulignant une crise démocratique qui dépasse les frontières africaines. Selon lui, ce déficit de participation explique largement le mécontentement populaire et les bouleversements politiques observés à travers le monde.
La question de l'Alliance des États du Sahel (AES) et son retrait de la CEDEAO illustre les tensions régionales actuelles. Lake qualifie cette décision d'"incompréhensible", tout en reconnaissant que "les critiques des pays de l'AES vis-à-vis de la CEDEAO sont ressenties par les populations". Il place ses espoirs dans les efforts diplomatiques, notamment ceux du "professeur Abdoulaye Bathyli, diplomate chevronné et grand pan-africaniste".
Sur le plan international, l'analyste évoque la surprise de la réélection de Donald Trump aux États-Unis, survenue après la campagne éclair de Kamala Harris. "Il y a six mois, personne n'envisageait un tel scénario", note Lake, attribuant ce résultat à "la persévérance de Donald Trump, qui lui s'est préparé pendant quatre années sans répit".
Pour 2025, Lake identifie plusieurs enjeux majeurs pour l'Afrique francophone : l'avenir du franc CFA, la situation sécuritaire au Sahel, l'avenir de la CEDEAO, et les développements politiques au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Concernant le conflit en Ukraine, il anticipe une possible résolution sous l'administration Trump, probablement "au détriment des Européens et de l'Ukraine en particulier".
L'analyste conclut sur une note d'espoir, évoquant l'émergence d'une jeunesse africaine "de plus en plus informée" et "très déterminée". "Les jeunesses veulent participer au développement et elles ont une exigence de transparence, de moralité, de décence qui est très élevée", affirme-t-il, suggérant un changement de paradigme nécessaire dans la conception même de la démocratie.
VERS UNE ORGANISATION EXEMPLAIRE DU 145ᵉ APPEL DE SEYDINA LIMAMOU LAYE
À moins de dix jours de la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye Al Mahdi, prévue les 30 et 31 janvier 2025, les préparatifs avancent à grands pas. Une réunion présidée ce mardi 21 janvier par le ministre de l’Intérieur a confirmé l'évolution
À moins de dix jours de la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye Al Mahdi, prévue les 30 et 31 janvier 2025, les préparatifs avancent à grands pas. Une réunion présidée ce mardi 21 janvier par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, le Général Jean-Baptiste Tine, a confirmé l’engagement de toutes les parties prenantes à faire de cet événement un succès.
Organisée dans la salle de conférence du Ministère de l’Intérieur, cette rencontre a réuni des autorités administratives et religieuses, notamment Serigne Mamadou Lamine Laye, porte-parole du Khalife général des Layènes, et Serigne Mamadou Makhtar Laye, accompagné d’une importante délégation. Le Gouverneur de la région de Dakar a présenté les conclusions essentielles issues de la réunion tenue le 13 janvier avec le comité d’organisation.
Les priorités identifiées incluent l’amélioration des infrastructures routières, pour faciliter l’accès au site de l’événement et le renforcement des réseaux électrique et téléphonique, afin de répondre efficacement aux besoins des milliers de participants attendus.
Général Jean-Baptiste Tine aux Layennes :
"Le Président et le Premier Ministre ont pris le ferme engagement de vous accompagner"
J’ai éprouvé un grand plaisir à présider, cet après-midi, la réunion nationale consacrée aux préparatifs de la 145ᵉ édition de la commémoration de… pic.twitter.com/Tun6A8Z0jI
La sécurisation des lieux, grâce à une mobilisation accrue des forces de l’ordre a été aussi évoquée.
Ces mesures visent à assurer une organisation sans faille pour cet événement religieux majeur, qui rassemble chaque année des milliers de fidèles autour des enseignements de Seydina Limamou Laye.
Lors de son intervention, le Ministre de l’Intérieur a souligné l’implication totale du Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et du Premier Ministre, Ousmane Sonko, dans le soutien à cette célébration emblématique. Il a également insisté sur l’importance d’une coordination étroite entre les différents acteurs pour garantir une organisation exemplaire, à l’image des valeurs de paix et d’unité prônées par l’Appel de Seydina Limamou Laye.
Seydina Issa Thiaw Laye, coordonnateur de l’Appel, a exprimé sa profonde reconnaissance envers le gouvernement pour son appui constant. Il a également appelé à une mobilisation collective afin que cette 145ᵉ édition soit couronnée de succès.
La réunion s’est conclue par des prières pour la paix, la stabilité et la prospérité du Sénégal, marquant ainsi le lancement officiel des derniers préparatifs.
Avec un engagement sans précédent des autorités et une collaboration étroite avec la communauté layène, la 145ᵉ édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye s’annonce déjà comme une célébration à la hauteur de son importance spirituelle et culturelle.
PAR Vieux Savané
LA FOLIE DES JEUX D’ARGENT
Voilà une enquête journalistique minutieuse où l’auteur paye de sa personne pour nous plonger dans l’univers impitoyable des jeux électroniques
C’est un jeu, une activité à laquelle on se prête avec insouciance et légèreté. Seulement, on finit souvent par s’enliser tout doucement, profondément, dans le sable mouvant du jeu, jusqu’à se retrouver dans une posture de dépendance absolue. Tombé en addiction, le joueur convulsif voit ainsi sa capacité à décider par lui-même s’estomper peu à peu, à force d’avoir du mal à surseoir voire à différer une irrépressible envie. En d’autres termes l’adepte aux jeux électroniques court le risque de ne plus être maître de ses actes. Il se retrouve par contre, « à l’insu de son plein gré» à ne plus agir mais à être agi par un ensemble de pulsions qui le plongent dans le jeu. A son corps défendant, il passe ainsi du jeu qui aère l’esprit, d’un moment de détente donc, à ce qui ressemble à une descente aux enfers. Happé qu’il est dans une spirale qui le fait balloter entre l’espoir le plus fou de gagner le jackpot et la chute la plus brutale de constater avoir tout perdu.
Fort de ces désastres qu’il a constatés au cours de sa minutieuse enquête journalistique opérée dans le milieu des casinos dakarois, l’auteur de l’ouvrage trouve que les nouveaux jeux d’argent électroniques, « dont le pari sportif a adopté et adapté le mécanisme », bouleversent la vie quotidienne de gens qui ont joué et tout perdu. L’auteur égrène des cas d’école qui épousent le visage d’un homme, d’une femme, qui portent leurs projets en bandoulière et les voient se déliter et se fracasser sur le rocher de leurs désillusions. Des exemples sont donnés pour dire que l’addiction dont il est question est chair et d’os. Elle fausse tout, met tout en l’air, déshumanise, parce qu’elle expulse la raison de son champ de vision, pour ne laisser place qu’à une sorte de compulsion pour le jeu. Un état d’esprit qui entraîne dans une détresse et une terrible angoisse la personne qui, tout d’un coup, se retrouve défaite de toute sa richesse. Brutalement, jusque ne plus en avoir, au risque de basculer dans la délinquance, dans la folie. Surtout lorsqu’elle se retrouve face aux urgences à régler : se nourrir, payer le loyer, la scolarité des enfants, les dettes. Selon l’auteur, « Naar bi », en référence au précurseur Libano-Syrien qui l’a disséminé dans les quartiers aura ainsi contribué à beaucoup de drames personnels voire familiaux. Cela a par conséquent ruiné et conduit de nombreux joueurs vers « la déchéance par l’accoutumance, la marginalisation professionnelle et sociale, la prostitution, la délinquance ».
C’est ainsi qu’il dénonce « le jeu d’argent », comparé à un « tueur silencieux » qui plus est, se développe « un peu partout dans les villes » avec ses « kiosques » qui « se sont intégrés au paysage et ont recréé les ambiances des Fortune’s club ». Aussi l’auteur de militer pour la suppression des jeux d’argent électroniques et d’appeler à la vigilance des parents. S’y ajoute qu’ils fragilisent l’économie nationale par le biais de fraudes fiscales et constituent un danger mental pour les jeunes utilisateurs.
Edition réactualisée de l’enquête intitulée « Le poker menteur des hommes politiques », publié en 2006 aux « Editions Sentinelle », ce livre raconte la détresse d’hommes et de femmes qui ont perdu beaucoup d’argent puisqu’ils étaient emprisonnés dans les mailles du filet des jeux. Aussi, très tôt, l’auteur avait dénoncé un projet de mise en place de « machines à sous » par des Corses alliés à des politiques locaux. Ils comptaient implanter des milliers de machines à sous dans « les bas quartiers de Dakar » après avoir sévi dans différents pays d’Afrique centrale : Gabon, Congo, Cameroun, notamment. Ce livre est donc né d’une idée de reportage de l’auteur, alors qu’il était à l’époque, directeur de publication du quotidien « Taxi ».
Il s’est aussi intéressé aux dessous économiques, juridiques et politiques de cette activité commerciale.
Par le biais d’une enquête menée avec ténacité, l’auteur essaie de débrouiller les fils de l’écheveau ‘ou démêler l’écheveau) empêtrée dans des imbrications dans lesquelles pataugent des personnalités, des prêtes noms avec l’obsession tenace de profiter de leur situation pour se faire créer un espace de business.
Voilà une enquête journalistique minutieuse où l’auteur paye de sa personne pour nous plonger dans l’univers impitoyable des jeux électroniques.
Et il ressort clairement de cette enquête la fragilité des joueurs qui n’arrivent pas à asseoir leur lucidité et à couper le cordon, abimés qu’ils sont dans une dépendance déstabilisante qui n’épargne aucune couche sociale.
Par Henriette Niang KANDE
QUAND L’ÉTAT RAME, ÇA MOULINE DANS LE VIDE
Quand un chef d'État avoue n'avoir « aucune marge de manœuvre », on pourrait se demander s’il ne manque pas aussi de marge pour une bouffée d’air. Un cri d’alerte ou l’aveu qu’il aurait mieux fait de rester aux Impôts et Domaines ?
Le chef de l’Etat a présidé, lundi dernier, la première Conférence des Administrateurs et Managers Publics (CAMP). Dans son évaluation de l’Administration sénégalaise, il a déclaré en gros qu’après neuf mois aux commandes, le bilan fait tousser
1. D’abord, un État fauché comme les blés, avec des finances qui font grise mine et des marges de manœuvre aussi vastes qu’une boîte de sardines.
2. Ensuite, une Administration républicaine, certes, mais qui tourne encore sous Windows 95, alors qu’on parle d’intelligence artificielle et de révolution numérique à chaque coin de rue.
3. Puis, un secteur parapublic gonflé comme un ballon de baudruche, qui coûte un bras tout en doublonnant les services centraux, avec des dividendes qui se font désirer comme des vacances en première classe.
4. Enfin. Des services publics aussi simples qu’un casse-tête chinois, avec des coûts qui grimpent plus vite qu’un chat sur un rideau, et une image de l’État qui prend la poussière.
Bref, il faut un bon coup de balai pour dépoussiérer tout ça, moderniser, rapprocher l’administration des citoyens et la rendre plus efficace. C’est justement tout l’enjeu de cette Conférence des Administrateurs et Managers publics (CAMP) : causer stratégie, solutions, et surtout éviter la panne sèche.
Quand un chef d’État annonce qu’il n’y a « aucune marge de manœuvre » pour sortir son pays d’une crise, on pourrait se demander s’il ne manque pas aussi de marge pour prendre une bouffée d’air. Est-ce un cri d’alerte sincère, une manière d’éviter le stress des attentes, ou simplement l’aveu qu’il aurait peut-être mieux fait de rester aux Impôts et Domaines ? Explorons cette déclaration avec un brin d’humour.
Quand on parle de « contraintes systémiques », cela sonne un peu comme une excuse que l’on sort à l’école pour ne pas avoir fait ses devoirs. « Ce n’est pas moi, c’est la crise énergétique, la dette et le pays pillé par nos devanciers », semble-t-on entendre. Certes, les chefs d’État, surtout dans les pays en développement, jonglent souvent avec des problèmes qui semblent taillés pour un super-héros… mais sans le costume.
Reste que dire pudiquement « je ne peux rien faire » ressemble à une stratégie curieuse. S’agit-il de transparence pour préparer la population à de futurs sacrifices ? Ou simplement d’un moyen de baisser les attentes, parce qu’après tout, à quoi bon décevoir si tout le monde est déjà déprimé ?
Évidemment, une telle déclaration ouvre la voie à des critiques. Et si le véritable problème était une incompétence bien dissimulée ? Certains diront qu’un bon leader trouverait toujours une solution, même si elle implique de transformer des citrons en limonade. Mais quand on ne voit que des citrons, le casse-tête est qu’il faut choisir entre ceux qui ont des pépins et ceux qui n’en n’ont pas.
Pourtant, il faut bien admettre que tout ne peut pas être imputé à une seule personne. Quand un pays traîne un boulet depuis plusieurs décennies, le dirigeant actuel ressemble davantage à quelqu’un qui tente de réparer un avion en plein vol. Mais bon, si on a promis des réformes miracles et que l’on finit par lancer un SOS, il faut s’attendre à des critiques.
Si le chef d’État évoque une absence de marge de manœuvre, il y a peut-être une logique derrière. C’est un peu comme quand on dit à ses amis qu’on est fauché juste avant qu’ils ne demandent qu’on paye la prochaine tournée. En mettant en avant les contraintes extérieures, il déplace l’attention : ce n’est pas lui, ce sont les gens d’avant.
Mais attention, cette stratégie peut avoir un effet boomerang. Si la population sent que tout est de la faute des autres, elle pourrait finir par se demander pourquoi elle écoute encore quelqu’un qui n’a visiblement pas les commandes.
Les citoyens, eux, oscillent entre l’espoir d’une solution et une envie grandissante d’éclater de rire devant l’absurdité de certaines situations. Entendre qu’il n’y a pas de marge de manœuvre peut sembler honnête, mais cela risque aussi de ressembler à un abandon. Pourtant, l’art du leadership consiste justement à trouver un moyen de transformer une impasse en opportunité. Un peu comme ces gens qui, coincés dans un ascenseur, finissent par inventer un jeu pour passer le temps
Quand un chef d’État affirme qu’il n’y a pas de marge de manœuvre, cela peut être le reflet d’un contexte véritablement difficile, ou une manière astucieuse de réduire les attentes. Mais pour beaucoup de citoyens, cela reste une pirouette rhétorique qui pourrait bien résumer toute la situation : « On est dans le même bateau, mais moi, je ne rame pas. » Au final, la véritable question reste : qui prendra les rames et, surtout, où est-ce qu’on va ?
DEPUIS MARRAKECH, MACKY SALL PRÉPARE SA RIPOSTE
L'ancein président peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise
Exilé au Maroc depuis son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall reste au cœur des enjeux politiques sénégalais. Depuis la Palmeraie de Marrakech, l’ancien président suit de près les vagues de poursuites qui visent ses proches, à l’instar de Farba Ngom, député-maire des Agnams, au centre d’une affaire de blanchiment d’argent. Craignant que la justice sénégalaise ne s’oriente vers des mesures le visant directement, Macky Sall s’appuie sur un réseau d’experts juridiques et politiques, tant au Sénégal qu’à l’international, pour organiser sa défense.
Redoutant une vendetta politique menée par l'administration de son successeur, Macky Sall peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise, renseigne des sources d’Africa Intelligences.
Depuis Marrakech, où il s’est installé après son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall suit de près la situation politique sénégalaise. En contact régulier avec les cadres de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien chef d’État s’inquiète des vagues de poursuites judiciaires qui ciblent ses fidèles lieutenants. Parmi eux, Farba Ngom, député-maire des Agnams et grand argentier de l’APR, se retrouve au centre d’une procédure pour blanchiment d’argent impliquant plus de 190 millions d’euros. L’Assemblée nationale a d’ailleurs engagé un processus visant à lever son immunité parlementaire, une première sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye.
Face à cette situation, Macky Sall a mobilisé un réseau d’experts juridiques pour anticiper d’éventuelles actions judiciaires le visant directement. Il est notamment en contact avec El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous Abdoulaye Wade, qui s’était illustré dans la défense de Karim Wade lors de son procès pour enrichissement illicite. Dès septembre 2024, ce ténor du barreau a mis sur pied un collectif d’avocats chargé de défendre les personnalités de l’ancien régime.
Un collectif d’avocats en ordre de bataille
Baptisé ‘’Collectif des avocats républicains’’, cette structure a déjà dénoncé les restrictions de circulation imposées à plusieurs anciens ministres et dignitaires du régime Sall. Certains, comme l’ex-ministre des Sports Lat Diop, se sont vu interdire de quitter le territoire sénégalais.
Ce collectif, qui compte parmi ses membres des figures influentes du barreau comme Omar Youm, El Hadj Moustapha Diouf et Bassirou Ngom, s’emploie à décrédibiliser les procédures en cours, les qualifiant de ‘’justice des vainqueurs’’. En coulisse, Macky Sall s’active également sur le plan international, multipliant les consultations avec des avocats étrangers. Le médiatique avocat français Antoine Vey, connu pour ses dossiers sensibles, a été mandaté pour préparer une éventuelle contre-offensive judiciaire en Europe.
Si l’ex-président de la République lui-même ne fait pas encore l’objet de poursuites, la multiplication des affaires impliquant ses proches alimente les spéculations. Outre Farba Ngom, plusieurs anciens ministres et hauts fonctionnaires sont cités dans des enquêtes pour détournement de fonds publics et blanchiment d’argent. Le parquet financier sénégalais aurait déjà ouvert plusieurs dossiers dont les ramifications pourraient remonter jusqu’à l’ancien président.
En exil discret au Maroc, Macky Sall évite pour l’instant de rentrer au Sénégal, préférant suivre les évolutions judiciaires à distance. Il reste toutefois actif sur la scène internationale : il serait présent le 20 janvier aux États-Unis à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, un déplacement qui devrait lui permettre de consolider des appuis politiques et diplomatiques.
Dans ce climat de tensions croissantes, l’issue des procédures en cours pourrait bien redéfinir l’avenir politique de Macky Sall et de son entourage. Une chose est certaine : l’ancien président n’a pas dit son dernier mot et prépare déjà sa riposte.
PAR Ibrahima Dia
PROPOSITION POUR LA FORMALISATION DES CONDUCTEURS DE MOTOS JAKARTA
EXCLUSIF SENEPLUS - Le statut d'entreprenant, pierre angulaire de cette stratégie, permettrait aux conducteurs d'accéder à la formalité sans frais initiaux tout en bénéficiant d'une reconnaissance légale de leur activité
La formalisation des conducteurs de motos taxis et livreurs, communément appelés "Jakarta", est devenue un enjeu crucial et urgent au Sénégal. Les récentes décisions étatiques exigeant une mise en conformité ont exacerbé les tensions dans un secteur qui, bien qu’informel, joue un rôle vital dans l’économie. Ce problème n’est pas nouveau. Déjà sous un précédent régime, des tentatives de régulation avaient provoqué une forte opposition malgré les efforts pour simplifier les démarches et alléger les coûts. Cette situation a permis au phénomène des motos Jakarta de prospérer de manière incontrôlée et les risques de sécurité publique deviennent plus importants.
Ces tensions soulignent l'importance de solutions inclusives et durables pour intégrer ces acteurs dans le cadre légal et économique formel et de traiter cette question structurelles en dehors de toutes considerations politiciennes partisanes. Ce défi s'inscrit dans une dynamique plus large visant à moderniser l'économie et à répondre à la problématique de l'emploi des jeunes, particulièrement marquée par une forte dépendance au secteur informel. En 2016, 97 % des unités économiques étaient informelles, contribuant à 54 % du PIB national, mais affichant une faible productivité et une couverture sociale quasi inexistant
Le succès de ce mode de transport repose sur une forte demande de mobilité rapide, des trajets courts et à bas coût et sur des besoins croissants en livraison, notamment grâce à l’essor du e-commerce. En parallèle, l’offre est alimentée par une main-d’œuvre abondante composée de jeunes sans emploi qui arrivent de plus en plans nombreux sur le marché, d’étudiants et d’autres individus cherchant à accumuler des revenus pour divers objectifs, pour un métier peu exigeant en qualification et avec presque pas de barrières d’entrée. On estime qu’entre 300 000 et 400 000 personnes travaillent dans ce secteur et ce chiffre risque de croitre d’avantage et plus rapidement que prévu.
Défis et enjeux de la formalisation des motos jakarta
Bien que tout le monde s'accorde sur l'importance de réguler l'activité, notamment par l'obtention de documents administratifs et l'immatriculation des motos, plusieurs obstacles majeurs continuent de constituer de fortes barrières si l’on se réfère aux déclarations des acteurs.
Le premier obstacle réside dans le coût élevé des procédures et les contraintes financières qu'elles imposent. Les frais administratifs sont jugés prohibitifs, d'autant plus qu'ils doivent être réglés en une seule fois, ce qui constitue un défi pour des acteurs dont les revenus, souvent modestes et instables, dépendent d'une activité quotidienne.
Ensuite, la complexité des démarches représente un frein significatif. Les étapes à suivre, souvent longues et exigeantes en termes de temps et de ressources, découragent de nombreux individus qui peinent déjà à répondre aux besoins immédiats de leur quotidien.
Enfin, l'achat informel des motos constitue un autre obstacle de taille. Beaucoup de ces véhicules, acquis sans documents officiels, rendent difficile la présentation de preuves de propriété, (avec des soupçons que certains ont fait l’objet de vols), ce qui complique davantage leur intégration dans un cadre formel.
Ces défis appellent des réponses structurelles, intelligentes et pérennes. Des solutions ponctuelles ou conjoncturelles ne suffiront pas à surmonter ces obstacles profondément enracinés. Une approche globale et adaptée est nécessaire pour favoriser une régulation effective et inclusive de ce secteur dans un climat de sérénité.
Une approche structurelle via le statut d’entreprenant
Conceptuellement, les conducteurs de motos Jakarta sont des autoentrepreneurs. Ils travaillent pour leur propre compte, génèrent leurs revenus directement à partir de leur activité et, dans la majorité des cas, possèdent leur outil de travail. Même lorsqu’ils ne sont pas propriétaires, ils ne sont pas des salariés au sens classique, mais partagent les recettes avec les propriétaires des motos. Cette situation les positionne naturellement dans la catégorie des autoentrepreneurs, tels que définis par la loi d’orientation sur les PME et le cadre OHADA.
Le statut d’Entreprenant, introduit par l’Acte Uniforme de l’OHADA et renforcé par le cadre légal national (loi d’orientation n°2020-02 sur les PME et le décret n°2022-1190 du 03 juin 2022 portant statut de l’entreprenant), constitue une opportunité pour formaliser les conducteurs de motos Jakarta. Ce statut, destiné aux entrepreneurs individuels travaillant pour leurs propres comptes, offre une procédure simple et accessible
Caractéristiques du statut d’entreprenant
Le statut d'entreprenant se distingue par sa simplicité et son accessibilité. Toute personne physique majeure peut y prétendre par une simple déclaration, sans frais, à condition de présenter une pièce d’identité et des informations de base sur son activité. Ce statut offre des plafonds de chiffre d’affaires annuels adaptés, variant entre 30 et 60 millions de FCFA selon le type d’activité exercée. Une carte d’Entreprenant est alors délivrée, valable pour une durée de trois ans et renouvelable.
Ce statut garantit également la reconnaissance formelle de l’activité, permettant à ses bénéficiaires de sortir de l’informalité. En parallèle, il ouvre l’accès à des mesures d’accompagnement, incluant des incitations spécifiques, dont la définition est encore en cours.
Cependant, ce statut implique certaines obligations. Les bénéficiaires doivent tenir une comptabilité simplifiée et se conformer aux réglementations sectorielles, notamment en matière de licences pour des activités spécifiques comme le transport. Ces exigences visent à assurer la viabilité et la conformité des activités déclarées tout en favorisant leur développement.
Propositions de mesures opérationnelles
Pour lever les blocages actuels et encourager la formalisation des conducteurs de motos, les mesures suivantes sont préconisées :
Encourager l’enregistrement des conducteurs de motos Jakarta au statut d’entreprenant :
Pour encourager les conducteurs de motos à adhérer au statut d’Entreprenant, plusieurs mesures stratégiques peuvent être mises en œuvre :
D’abord, il est essentiel de faciliter la procédure de déclaration. En collaboration avec les greffes du ministère de la Justice, des guichets uniques mobiles pourraient être déployés pour faciliter les inscriptions directement sur le terrain. Cette approche rapprocherait le service des bénéficiaires et réduirait les obstacles logistiques et administratifs.
Ensuite, une campagne de sensibilisation ciblée devrait être menée pour mettre en avant les avantages du statut notamment l’accès au crédit, la protection sociale et des opportunités d’accompagnement entrepreneurial. Ce travail de sensibilisation, réalisé en partenariat avec les associations de conducteurs de motos, permettrait de mieux informer ces derniers sur les bénéfices concrets de la formalisation.
Enfin, la mise en place d’un dispositif spécifique au sein de la Direction de l’Encadrement et de la Transformation des Entreprises Informelles, relevant du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, serait cruciale. Ce dispositif en intelligence avec le ministère en charge du transport, serait chargé de soutenir et d’encadrer les associations de conducteurs. Il pourrait également faciliter la mise en place d’équipes d’assistance dédiées, aidant les membres à accomplir les démarches nécessaires pour accéder au statut d’Entreprenant. Une telle initiative renforcerait la proximité et l’efficacité des services proposés.
Mise en place de financements adaptés
Pour soutenir les conducteurs de motos dans leur transition vers la formalisation, des actions concertées avec le ministère en charge de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) pourraient être mises en place. Une première initiative consisterait à mobiliser les institutions de microfinance (IMF) pour leur accorder des crédits dédiés, inspirés des nanocrédits de la DER-FJ. Ces financements permettraient de couvrir les frais liés à l’immatriculation, les plaques, les licences, les assurances, et autres démarches administratives nécessaires.
Pour rendre ces crédits accessibles et adaptés aux réalités économiques des bénéficiaires, des modalités de remboursement flexibles seraient proposées. Cela inclurait des échéanciers souples, avec des paiements journaliers ou hebdomadaires, étalés sur une période de 6 à 12 mois. Ces conditions tiendraient compte des habitudes de cotisation déjà pratiquées par les conducteurs dans leurs garages, facilitant ainsi une intégration progressive au processus de formalisation sans alourdir leurs charges financières immédiates. Cette approche inclusive renforcerait leur capacité à s’organiser et à évoluer dans un cadre économique plus stable, plus serein et plus structuré.
Perspectives de développement post-formalisation
La formalisation des conducteurs de motos ouvre la voie à de nouvelles opportunités de développement économique et social, tout en renforçant leur inclusion dans un cadre structuré et sécurisé. Au-delà des étapes initiales d’enregistrement et de mise en conformité, il est crucial d’explorer des mécanismes qui permettent de maximiser les bénéfices de cette transition. C’est le meilleur moyen d’avoir leur adhésion
Les perspectives préconisées visent non seulement à améliorer les conditions de travail des conducteurs, mais aussi à stimuler leur contribution à l’économie locale et à renforcer leur résilience face aux aléas sociaux et économiques.
Pour promouvoir l’inclusion financière et le développement durable des conducteurs de motos, plusieurs mesures stratégiques peuvent être mises en œuvre. D’abord, l’ouverture de comptes bancaires serait encouragée pour une gestion transparente des revenus et une tenue simplifiée de la comptabilité. Cette initiative renforcerait la capacité des conducteurs à gérer efficacement leurs finances tout en facilitant leur accès à des services financiers formels.
En parallèle, des opportunités d’accès au crédit seraient offertes pour financer des investissements essentiels. Ces crédits pourraient couvrir le renouvellement ou l’acquisition de motos, notamment en soutenant la transition vers des modèles électriques, ainsi que l’achat d’équipements divers et la consommation de base. La protection sociale serait également intégrée de manière progressive en liant le paiement des cotisations sociales aux crédits octroyés. Ce mécanisme assurerait une meilleure couverture sociale, incluant l’assurance maladie, pour les conducteurs et leurs familles. Enfin, un appui spécifique serait apporté aux conducteurs pour les aider à créer et à structurer des sociétés coopératives. Ces coopératives seraient en mesure de mettre en place des centrales d’achat pour réduire les coûts liés aux équipements, ainsi que des unités de production de plaques d’immatriculation. Cette perspective renforcerait leur pouvoir économique et leur autonomie.
Gouvernance et suivi pour une formalisation durable
Pour garantir le succès de la formalisation des conducteurs de motos, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de gouvernance solides et inclusifs, ainsi que des outils de suivi et d’évaluation performants pour coordonner les efforts entre les différents acteurs impliqués et de mesurer l’impact économique et social des initiatives engagées.
Une première mesure clé consiste à créer un comité national chargé de la mise en œuvre sur le terrain des mesures préconisées. Ce comité, composé des ministères concernés (en charge de l’Économie Sociale et Solidaire, de la formalisation, des PME et du transport, entre autres), des associations de conducteurs, des collectivités territoriales aurait pour mission de piloter les actions stratégiques, d'assurer leur cohérence et d’évaluer leur pertinence.
Par ailleurs, il est crucial de renforcer le comité existant de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre du statut de l’Entreprenant pour superviser cette initiative et l’inscrire dans sa feuille de route. En collaboration étroite avec les partenaires techniques et financiers, ce comité pourrait intégrer des indicateurs de performance spécifiques et favoriser des retours réguliers sur l’évolution du processus. Cela permettrait d’adapter les stratégies en temps réel et de garantir que les objectifs initiaux, tels que l’inclusion financière, la protection sociale et le développement entrepreneurial, soient effectivement atteints.
Transformer une crise en opportunité
La situation des conducteurs de motos Jakarta ne doit pas être perçue uniquement comme une contrainte, une crise, une menace à la paix sociale et la sécurité par les gouvernants, un risque par les travailleurs mais comme une opportunité stratégique. Ce secteur constitue une illustration concrète des mutations de l’emploi au Sénégal et des opportunités qu’offre la transition vers une économie plus inclusive et structurée.
La formalisation des conducteurs de motos Jakarta représente donc une opportunité stratégique pour transformer un secteur informel dynamique mais vulnérable en un moteur de développement économique durable. En intégrant ces travailleurs au cadre du statut d’entreprenant, le Sénégal peut non seulement améliorer la régulation du secteur du transport et la sécurité, mais aussi promouvoir l'inclusion financière, sociale, et économique d’une couche importante de la population. Cette démarche s'inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser l'économie informelle, renforcer la protection sociale et créer des emplois décents pour les jeunes.
Cette démarche peut également servir de modèle pour d’autres initiatives visant à intégrer les travailleurs informels dans le secteur formel, tout en promouvant un cadre favorable au développement de l’entrepreneuriat individuel.
La mise en œuvre de cette proposition ambitieuse nécessite un engagement fort des parties prenantes, une coordination efficace et une volonté de transformer les défis actuels en opportunités durable.
Ibrahima Dia est Sociologue-Environnementaliste, expert en politiques de protection sociale, de développement des PME, et de développement rural.