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1 mai 2025
Société
Par Mohamed GUEYE
LES FAUSSES BONNES IDÉES DE SERIGNE GUEYE DIOP
Ses projets d'usines de sucre en Casamance et sa volonté de restreindre les importations de friperie rappellent étrangement des initiatives passées qui n'ont jamais abouti, alors que le déficit commercial du pays ne cesse de se creuser
Le ministre du Commerce et de l’industrie, M. Serigne Guèye Diop, fait montre de beaucoup d’activisme dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cet homme, qui gère des secteurs parmi les plus stratégiques du gouvernement, veut montrer qu’il est en mesure de régler les problèmes les plus cruciaux du pays. L’un de ses plus gros soucis semble être de redresser la balance commerciale irrésistiblement déficitaire du Sénégal. Plus le temps passe, plus elle se creuse en notre défaveur. Les données officielles montraient que le déficit commercial, en octobre 2024, était de 342,4 milliards, alors que le mois précédent, le même déficit était à 121,6 milliards de Cfa.
L’écart entre nos exportations et nos importations est causé principalement par l’achat à l’extérieur de ce que nous consommons. Très peu nombreux sont les produits du cru qui nourrissent les Sénégalais. Même dans les secteurs où le Sénégal pourrait se passer des importations, nous sommes obligés de recourir à l’extérieur. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Serigne Guèye Diop a sans doute la volonté de renverser la tendance. Faute de s’en donner les moyens, il ne fait pas mystère de ses priorités. Il veut sans doute reproduire au niveau national, l’expérience positive qu’il a eue en tant que président du Conseil départemental de Sandiara, où il a pu implanter une Zone franche qui a réussi à attirer divers investisseurs et entreprises industrielles.
Ainsi, on l’a entendu sur la chaîne nationale de télévision, la Rts1, déclarer que bientôt deux unités de production de sucre devraient voir le jour en Casamance naturelle, à travers la région de Kolda et celle de Ziguinchor. Le ministre a même affirmé que les études du projet auraient déjà été bouclées et les documents soumis au Premier ministre pour approbation. Sans présumer de ce qui pourrait en sortir, on ne peut que noter que ce n’est pas la première fois qu’il est question d’implanter une usine de production de sucre en Casamance. Déjà, en 2012, à l’arrivée du président Macky Sall, son ministre de l’Agriculture de l’époque, Benoît Sambou, «drivé» par un Grand architecte spécialiste en éléphants blancs dans plusieurs pays d’Afrique, avait annoncé avoir mobilisé 50 milliards de Cfa pour la création d’une usine de sucre, d’une capacité de production, à l’époque, d’au moins 100 000 tonnes. Ces chiffres, s’ils avaient été basés sur une quelconque réalité, auraient permis, dès l’époque, d’en finir avec le déficit du Sénégal en matière de sucre. Le plus drôle, si l’on peut dire, est que Benoît Sambou, en migrant de l’Agriculture à la Jeunesse, a emporté avec lui le dossier de la compagnie sucrière, et on n’a plus entendu parler de l’affaire. Par contre, on a mis en avant un autre projet agricole, qui a donné naissance au Prodac…
La friperie, remplacée par la poussière du textile national
Plein de ressources, et surtout pas à court d’idées, le ministre du Commerce a annoncé un jour, plus vite que son cerveau, sa volonté d’en finir avec les importations de habits de seconde main, la friperie. On ne sait pas ce qui peut le motiver. Le Sénégal n’a plus d’industrie textile digne de ce nom, et les différentes politiques gouvernementales à travers des décennies, ont porté un coup mortel à la filière textile sénégalaise, qui était l’une des plus dynamiques d’Afrique. Peut-être que Serigne Guèye Diop pense-t-il que le blocage des vêtements de seconde main pourrait permettre de relancer l’industrie textile dans le pays, permettre de recréer des emplois et aider à peser sur la balance commerciale. L’ennui est que, très peu de jours après sa sortie fracassante, il a été obligé de rétropédaler et revenir, non pas sur ses déclarations, mais sur la manière dont elles auraient été rapportées. Ce qui explique tout simplement que, si la volonté y est, les moyens et les dispositions à mettre en place ne sont pas encore là.
Il faut tenir compte du fait qu’en 2021, ce sont plus de 17 000 tonnes de «feug jaay» (fripes), qui sont entrées de ce pays. Malheureusement, Le Quotidien n’a pu obtenir de chiffres concernant les droits d’entrée de ces produits au pays. Néanmoins, les informations concordent pour reconnaître que si les petits revendeurs de marchés ou de certains coins de quartiers s’en sortent juste avec de quoi entretenir leurs familles, les gros négociants n’ont pas matière à se plaindre de ces produits. Un moment concurrencée par les habits bon marchés en provenance de Chine, la friperie occidentale a maintenant le vent en poupe. Et les importateurs d’Amérique et d’Europe ne sont pas les derniers à se frotter les mains, car le marché comprend une très grande partie de pays africains. On se rappelle que lors du premier mandat du président américain Donald Trump, son «administration» (gouvernement) était entré en conflit avec des pays comme le Rwanda et l’Ouganda, qu’il a menacés de sanctions commerciales, et même de la cessation de certaines aides américaines. Le tort de ces pays ? Avoir annoncé leur intention d’interdire l’entrée de habits de seconde main sur leurs territoires, parce qu’ils contribuaient à tuer la production locale. L’argumentaire américain avait été de dire que les pauvres de ces pays pauvres n’avaient pas d’autre moyen pour se vêtir décemment, que de recourir au «feug jaay». On n’a plus entendu Museveni ou Kagame tenter de revenir sur cette affaire. On peut imaginer que parmi les préalables à la mise en œuvre éventuelle de cette décision, Serigne Guèye Diop et son gouvernement essaieront, s’ils en ont le moyen et la volonté, de relancer la filière cotonnière du pays.
Cela demandera de ne plus laisser aux seules mains de la Sodefitex, qui a été nationalisée, ne l’oublions pas, l’appui aux paysans de la zone sud-est du pays, où se cultive le coton. Revalorisée et mieux rémunérée, elle pourrait éventuellement intéresser les derniers producteurs textiles du pays, notamment Serigne Mboup qui veut relancer son usine de Kahone avec Domitexka, ou Ibrahima Macodou Fall, qui avait promis de relancer les Nsts de Thiès. Avec la disparition de la Sotiba Simpafric et d’autres producteurs textiles, on ne pourrait compter mettre en place, du jour au lendemain, une usine textile. Mais cet embryon d’industrie pourrait peut-être aider à la renaissance de la jadis dynamique industrie de confection du Sénégal dont seuls les vestiges qui restent sont les couturiers, qui sont vantés à travers l’Afrique pour leur talent et leur imagination
La Casamance, c’est bien. Mais pourquoi pas la Css ?
Il en est de même des usines de sucre de la Casamance dont nous avons parlé plus haut. Depuis sa création, dans les années 1970, la Compagnie sucrière sénégalaise s’évertue à combler les besoins en sucre des Sénégalais. Ses dirigeants, Jean-Claude Mimran, son PDG, en premier lieu, ont toujours déclaré aux Sénégalais, qu’ils n’avaient pas peur de la concurrence. Dans leur entendement, il y a assez de place pour deux ou trois autres usines de production. La Côte d’Ivoire ne possède-t-elle pas cinq usines de production de sucre ? Le Sénégal pourrait faire de même. Par contre, il ne faudrait pas que l’Etat se mette à encourager la contrebande en accordant des autorisations d’importer à des négociants dont l’apport sur la balance des paiements est proche de zéro. Souvent, ces négociants importateurs de sucre n’ont pas les mêmes charges que la Css qui, elle, produit et transforme tout son sucre sur place.
L’usine de Mimran est la première industrie du pays et l’un des plus gros employeurs de la région Nord du pays. Dans la conurbation Richard TollDagana, elle emploie 8000 personnes et en fait vivre environ le double, à travers les métiers annexes et les boutiquiers et autres fournisseurs. Si elle monte en puissance dans sa production, elle est en butte, depuis plus de 10 ans, à une indisponibilité de terres dont elle dit qu’elle l’empêche d’augmenter ses récoltes. L’idée de transposer des usines dans les régions du Sud du pays sera bénéfique si lesdites unités parviennent à casser le monopole de la production de la Css. Cette dernière ne l’a d’ailleurs jamais revendiqué. Il faudrait d’ailleurs féliciter Serigne Guèye Diop d’avoir pu trouver, en cette période, des investisseurs désireux de mettre 50 milliards de Cfa par deux fois, dans cette entreprise. C’est une initiative qui créera de l’emploi dans le pays, permettra de redynamiser une zone économique, et contribuera à freiner l’exode rural et l’émigration, illégale ou légale. Mais s’il ne s’agit que d’un rêve éveillé, comme au temps de Benoît Sambou et de son architecte, pourquoi ne pas accorder à la Css les moyens de réaliser ses promesses et ambitions ? Avec Mimran au moins, on a pu voir du concret à ce jour.
Des boutiques pour vendre des vessies à la place des lanternes
Ce serait mieux que de nous faire rêver avec des «boutiques de référence». On a le sentiment, à écouter notre ministre du Commerce, que nos dirigeants ne retiennent rien des leçons du passé, et ne regardent pas le chemin parcouru par leurs prédécesseurs. Depuis les Sonadis, le Sénégal a connu plusieurs modèles de boutiques de référence. Même le président Abdoulaye Wade, en butte à la crise alimentaire mondiale de 2008, s’y était essayé. Le ministère du Commerce en son temps, a encouragé des initiatives privées d’installation de «magasinstémoins», qui devaient vendre à des prix planchers. Cela n’est pas allé au-delà de deux années. Les agents du Commerce intérieur, qui étaient en service en ce temps, devraient s’en rappeler et instruire leur chef. Ils lui diraient pourquoi ces initiatives n’ont pas prospéré, et ce qu’il faudrait faire pour éviter les échecs annoncés.
Autrement, on peut s’attendre que Serigne Guèye Diop nous sorte encore bientôt, une autre fausse bonne idée, qui va se révéler sans effet, et entamer encore plus la crédibilité de la parole gouvernementale. C’est vrai qu’autour de la table du Conseil des ministres, M. Diop ne doit pas se sentir isolé. Il voit régulièrement un autre de ses collègues, qui a voulu nous vendre des vessies à la place des lanternes, en nous vantant des chiffres de production agricole, «jamais atteints dans ce pays». Tout le monde a pu se rendre compte à quel point il avait raison. Heureusement pour tous que l’un d’eux a pu découvrir que la faute en était à cet hivernage, qui n’est pas (leur) hivernage…
LA SOUFFRANCE DES MENAGES TOUJOURS PAS ALLEGEE
Malgré les mesures prises par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, relatives à la baisse des prix des denrées de grande consommation, la souffrance des ménages n’est toujours pas allégée
Malgré les mesures prises par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, relatives à la baisse des prix des denrées de grande consommation, la souffrance des ménages n’est toujours pas allégée. Pour cause, en dépit de tout le dispositif de contrôle mis en place par le gouvernement à travers le ministère du Commerce, on note une hausse «injustifiée» des prix et même une «pénurie» de certaines denrées sur le marché notamment le sucre et l’huile.
Depuis quelques temps, on constate sur le marché sénégalais une hausse des prix de certaines denrées de grande consommation. Cette situation éprouve lourdement le pouvoir d’achat des ménages. Les prix des denrées comme l’huile et le sucre ne cessent de flamber. Pis, parfois ces produits sont introuvables sur le marché. Les consommateurs sont dans le désarroi total, car ils ont du mal à se payer les trois repas par jour, dans ce contexte de conjoncture.
Pourtant, sous son magistère, l’ancien Président de la République, Macky Sall, avait pris des mesures allant dans le sens du maintien du pouvoir d’achat des consommateurs. Quelques mois après l’adoption de ces mesures, le problème reste entier. On constate que les prix des denrées de grande consommation, notamment le sucre, le riz et l’huile, entre autres, ne cessent de grimper du jour au lendemain. Cette situation avait suscité le désarroi chez les ménages sénégalais. Pour apporter des solutions à ce problème, le Président de la République d’alors, Macky Sall, avait pris 15 mesures pour renforcer le pouvoir d’achat des Sénégalais. Des mesures qui ont été adoptées le 5 novembre 2022 à l’issue d’un Conseil national de la consommation. Ainsi, le gouvernement avait annoncé en grande pompe une baisse du prix des denrées de première nécessité. Le riz, le sucre, le lait, l’huile de palme, les produits horticoles, la viande, les intrants agricoles, le fer à béton, le loyer, les frais d’inscription scolaire étaient entre autres, les produits et services concernés. Ces mesures ont été appréciées par les Sénégalais qui avaient du mal à joindre les deux bouts dans ce contexte de crise économique. Malheureusement, la période de soulagement des ménages a été très courte ; car la baisse n’est pas très bien suivie sur le terrain, malgré le dispositif que l’Etat a déployé pour contraindre les commerçants à appliquer strictement la mesure.
Arrivé au pouvoir en mars 2024, le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, et son gouvernement ont décidé de faire de la lutte contre la cherté de la vie une priorité. Ainsi, en juin 2024, l’Etat a pris des mesures pour alléger l'accès aux produits de première nécessité. C'est lors d'un point de presse que le ministre, secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lô, a annoncé une série de baisses de prix sur plusieurs denrées de base comme le sucre, l’huile, le riz, le pain. Malgré ces mesures prises par les nouvelles autorités du pays, aujourd’hui encore, on assiste à une hausse voire une pénurie de certaines denrées alimentaires.
UN COMITE TECHNIQUE SERA MIS EN PLACE
Un comité technique sera mis en place pour lever les entraves aux travaux de construction du pont de Rosso. La décision a été prise par le Sénégal et la Mauritanie, en marge de la visite de travail du Premier ministre, Ousmane Sonko.
Un comité technique sera mis en place pour lever les entraves aux travaux de construction du pont de Rosso. La décision a été prise par le Sénégal et la Mauritanie, en marge de la visite de travail du Premier ministre, Ousmane Sonko.
«En visite officielle en Mauritanie, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est longuement entretenu ce lundi (hier, ndlr) avec son homologue Moctar Ould Djay. Un entretien élargi aux membres des deux délégations», informe un communiqué reçu du Bureau d’information gouvernementale (BIG). Cette note signale que les deux parties ont convenu de mettre en place un comité technique pour lever les blocages en vue d’une livraison de l’ouvrage de franchissement sur le Fleuve Sénégal reliant Rosso Sénégal à Rosso Mauritanie, avant le 31 juillet 2026.
Rappelons que le communiqué du Conseil des ministres du Sénégal du jeudi 24 avril 2024 a évoqué ce retard noté dans les travaux d’exécution du pont de Rosso. Lors de la visite en Mauritanie du président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, «chaque partie a été invitée à lever les goulots d’étranglement» à l’origine de ce retard. El Malick Ndiaye, alors ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, et son homologue mauritanien, Aly Sidy Mouhamed, en charge des Infrastructures et des Equipements, ont échangé sur le sujet un mois après la visite du président sénégalais en terre mauritanienne. Le blocage est imputé à l’entreprise en charge de la réalisation de l’ouvrage. Les deux États ont respecté les engagements financiers ; par contre, elle a manqué dans ses engagements.
Selon l’Ageroute, la Mauritanie et le Sénégal ont obtenu de la Banque Africaine de Développement (BAD), du Fonds Africain de Développement (FAD), de l’Union Européenne et de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) des fonds en vue de financer le «Projet de construction du Pont de Rosso». Ce projet contribuera au renforcement de la coopération et de l’intégration en Afrique, «par la réduction des chaînons manquants du corridor transafricain N°1 (Le Caire-Dakar)» d’après la BAD. Il constitue, également, «un maillon important du développement des échanges entre les pays de l’Union du Maghreb arabe, de l’Afrique de l’Ouest et probablement au-delà. Sa mise en place permettra de développer les activités de transport le long des corridors transafricains Tanger-Nouakchott-Dakar-Lagos et Alger-Nouakchott-Dakar et des routes d’interconnexions. Le pont de Rosso est long de 1400 m. Lancé en novembre 2020 par les présidents Macky Sall et Mohamed Ould El-Ghazaouani, les travaux ont démarré en juillet 2021 et devraient s’étendre sur une durée de 30 mois.
la chronique de Ndèye Dieumb Tall
MULTIPLE PHOTOS
LA CORNICHE DES INÉGALITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Qu’il soit végétal, animal ou humain, la course au capital et au développement laisse le vivant sur le bas-côté. À combien de talibés avons-nous répondu cette semaine ? LA RUE SÉNÉGALAISE, CETTE ACTRICE OUBLIÉE
Comment Médina[1] et Fann Résidence[2] coexistent dans 83 km2 [3]? Comment les fàq-men[4] et les ministres se croisent-ils aussi régulièrement à tous les carrefours de l’une des anciennes quatre communes[5]? Tant de questions auxquelles les sociologues, responsables publiques et chercheurs doivent se pencher. À cette question, je propose mon humble réponse : la rue.
La société sénégalaise est constituée de multiples acteurs et actrices. Parmi elles, une me saute particulièrement aux yeux : la rue sénégalaise. Pensez-y. Bopp u koñ bi[6], tali bi[7], bunt u kër gi[8]… Tant d’expressions faisant référence à la rue.
Cependant, cette rue est difficile à apprivoiser. La temporalité et la géographie jouent un rôle majeur dans l’approche que l’on a et que l’on devrait avoir de la rue et de nos interactions sociales en général. Médina, un premier jeudi de décembre à 7h du matin n’est pas les Almadies[9] un dimanche de fin de mois à 23h. Au milieu de tout cela, la corniche Ouest fait office de frontière. Surplombant l'océan Atlantique par son extrémité la plus à l'Est, la vue y est aussi faramineuse que les montants mobilisés par Karim Wade[10] pour sa construction. Exit la plage publique accessible à toutes et tous durant les longues journées ensoleillées. Désormais, pour en profiter, il faudra débourser au mieux 5.000 FCFA[11](fcfa note de bas de page), au pire 15.000 FCFA. Après tout cela, j’espère que vous n’êtes pas une femme musulmane et ne comptez-pas entacher les belles plages de sables fin du Terrou-bi[12].
Vous l’aurez compris, la rue joue un rôle de plus en plus accessoire dans la vie sociale et politique sénégalaise. Je crois qu’il y a là les symptômes d’un pays qui se perd. Ne vous y méprenez pas ! Je suis l'opposé d’une conservatrice. Par contre, vouloir l'émancipation et le progrès n'empêchent pas de se reposer sur un socle constant et stable.
Étudiante à New York, globe trotteuse devant l'éternel, les rues de Dakar possèdent un je-ne-sais-quoi que je n’ai retrouvé dans aucune ville ou bourg du monde. À vrai dire, je ne m'en étais pas rendu compte avant de quitter le cocon familial. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais eu d’avoir pu grandir dans un tel joyau. Pour en revenir à notre histoire, j’avais décidé la semaine dernière, un matin à 10 heures, de me promener. De notre maison à Fann-Résidence à la librairie Les 4 vents de Ouakam. C’était l’occasion pour moi de jouer à la Mère Noël et de refaire mon stock de livres locaux. Sur le chemin, j’ai été frappée par les interpellations des gardiens des somptueuses villas d’ambassadeurs de mon quartier. Ils étaient étonnés qu’une inconnue disrupte leur petit quotidien. “Quel est ton nom de famille ?”, “Où habites-tu ?”, “Depuis combien de temps ? “Tu es étudiante ?”. Ah lala, s’il y a une chose qui ne m’avait pas manquée lors de mon exil volontaire c’est bien l'intrusivité de certains et certaines de mes compatriotes. C’est aussi le revers de notre légendaire chaleur[13].
Quelques foulées plus tard, je suis interpellée par un homme âgé, peut-être la soixantaine. Il tenait dans ses bras frêles un kilo de mburu[14] . Il demandait aux passants et passantes pressés d’être un énième rouage dans la machine capitaliste de quoi assaisonner son pain. Il est vrai que le pain blanc sec ne glisse pas très bien le matin lorsqu’on n’est pas sérère[15]. En discutant avec lui un peu, il m’est apparu que le vieil homme était déboussolé par mon intérêt.
Même scène avec les talibés[16] et femmes assises juste à côté du kiosque du primeur[17]. Au cours de cette courte promenade, j’ai pu croiser des personnes âgées, des enfants, des hommes, des femmes, des personnes à mobilité réduite, des personnes handicapées mentalement, des gens sur le chemin du travail, des gardiens, des animaux… J’ai eu à observer aussi l'état de la rue : le pavé, le goudron, le trottoir inexistant, le sable, les publicités et affiches.
J’ai été frappée par la particularité géographique et urbaine d’un quartier comme Fann-Résidence ou Fann Hock[18], comparée à la Médina ou à Colobane[19] par exemple. Le sable et la poussière de Dakar mériteraient presque d’en être les acteurs principaux. Sans oublier les embouteillages. Comment oublier les embouteillages à Dakar ?! À Fann-Résidence, l’absence de trottoirs et de zones de stationnement ne se font pas ressentir car les villas qui bordent la mer sont en général équipées de parkings. A l’inverse, la cité Mbackiyou Faye[20] et cité Avion[21] sont constituées de chemins exigus et sinueux que seules les siru-man[22] peuvent naviguer habilement.
Ces inégalités dans l’urbanisme ne se limitent pas seulement aux places de stationnement et à l'état des routes. Les bâtiments et immeubles n’occupent pas la même fonction dépendamment du quartier. Alors que le pôle Fann-Residence, Mermoz, Point E fait écho au quartier latin et au 5e arrondissement de Paris, abritant tous les deux l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et de belles maisons, des quartiers comme Ñaari-Tali, HLM 5[23] sont des méli-mélo de bâtisses à moitié construites, de charrettes, dibiteries et mosquées. Là ou a Fann-Residence les habitations sont jalousement gardées par des gardiens et des bergers allemands, aux HLM 5 les portails, s’ils existent, sont grand ouverts. On y entend les conversations, bêlements de moutons et cris de siru-man. D’un côté, les restaurants huppés ou la bouteille Kirène[24] de 500 ml coûte 1.500FCFA, de l’autre les inondations et eaux usées décorent et parfument les rues.
La négligence du mobilier urbain s'étend au-delà des objets inanimés. La maltraitance animale est sous nos yeux tous les jours. Il suffit d’observer les moutons dans nos maisons, censés être des réceptacles de toutes les malédictions dirigées vers la famille, les chevaux, les chiens et chats errants. Les êtres humains sont eux aussi traités comme des objets inanimés. Lorsqu’ils ne sont pas méprisés, ils sont ignorés. La semaine dernière, à bord d’un Yango, le conducteur fait tout son possible pour éviter le chien errant qui traverse en catastrophe la rue. A peine dix minutes plus tard, une personne qualifiée de folle slalome sans objectifs entre les véhicules. Le chauffeur ne lui prêta aucune attention. De la même façon, une personne à mobilité réduite assise dans une impasse à côté de son véhicule me raconte comment régulièrement il est écrasé par les passants et les voitures.
Si Fann-Résidence, la Médina, Mermoz et les Almadies sont présentés comme acteurs principaux de ce premier épisode, ils ne sont en réalité qu’un prétexte pour mettre en exergue le plus important : le vivant. Qu’il soit végétal, animal ou humain, la course au capital et au développement les laisse sur le bas-côté de la route rocailleuse. À combien de talibés avons-nous répondu cette semaine ? Lorsque l’on donne l’aumône à ces braves gens, sommes-nous plus intéressé•e• par les monts et merveilles promis par notre marabout ou par comment cette offrande va améliorer leur conditions matérielles d’existence ? Ces questions nous concernent toutes et tous et devraient nous empêcher de dormir.
Ndèye Dieumb Tall est étudiante en sociologie et sciences sociales.
[15] Ethnie du Sénégal stéréotypé pour leur amour du pain. Léopold Sedar Senghor, premier président de la République du Sénégal, académicien, membre de la Négritude est sérère.
[16] Enfants mendiant, confiés à des serignes (guides religieux traditionnels) par des familles généralement démunies.
[17] Communément appelés Diallo, du fait de la prédominance des primeurs d’origine fulani, notamment venant de la Guinée.
L’INTERSYNDICALE DU CROUS SINE SALOUM DÉNONCE UN PLAN DE LICENCIEMENT MASSIF
328 agents permanents du CROUS Sine Saloum risquent de perdre leur emploi selon un document qui sera examiné par le Conseil d’Administration ce 14 janvier. Ils appellent les autorités à intervenir.
L’intersyndicale du CROUS Sine Saloum tire la sonnette d’alarme concernant un projet de licenciement de 328 agents permanents, qui sera présenté au Conseil d’Administration ce mardi 14 janvier 2025. Elle appelle les autorités étatiques à agir pour préserver ces emplois.
Kaolack, le 12 janvier 2025 - L’intersyndicale du CROUS Sine Saloum exprime sa vive inquiétude face à "un document qui sera présenté au Conseil d’Administration du CROUS-SS ce mardi 14 janvier 2025. Ce document propose un plan de licenciement massif portant sur 328 agents permanents, une décision qui menace la stabilité des emplois et des familles concernées" rapporte un communiqué.
L’intersyndicale juge "cette initiative inadmissible" et lance un appel pressant aux autorités étatiques, notamment au Président de la République, au Premier Ministre et au Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour qu’ils interviennent de toute urgence afin de stopper ce projet qui va à "l’encontre des principes de justice sociale et de solidarité".
Plus que jamais déterminée à défendre le maintien de l’emploi, l’intersyndicale "rappelle que ces agents jouent un rôle crucial dans le fonctionnement et le développement du CROUS Sine Saloum. Elle réaffirme son engagement à utiliser tous les moyens légaux et pacifiques pour s’opposer à cette décision qu’elle qualifie d’inacceptable.
L’intersyndicale appelle également à une mobilisation générale pour soutenir les agents menacés par ce plan et pour protéger leurs droits.
LES POPULATIONS DE POUT ET KEUR MOUSSA DÉNONCENT LA POLLUTION DE L’USINE DE PLOMB
Accusée de causer de graves problèmes de santé et des pertes agricoles, cette usine suscite des revendications pour sa délocalisation, malgré les garanties de conformité avancées par ses responsables.
Thiès, 13 jan (APS) – Des populations des villages rattachés aux communes de Pout et Keur Moussa, dans le département de Thiès, dénoncent la reprise des activités de l’usine de recyclage de plomb installée à Ndiakhate, a constaté l’APS.
Elles se sont réunies dimanche à Palal, un village de la zone, « pour déplorer et dénoncer » la reprise des activités de cette usine, source de pollution.
La reprise de cette usine de recyclage de plomb semble jeter à l’eau toutes les avancées que le collectif a enregistrées depuis le début son combat pour la délocalisation de cette unité industrielle, entre 2020 et 2022.
Dans le cadre de ses démarches, ledit collectif a rencontré, en octobre dernier, le ministre de l’Environnement, avec qui il a « discuté de long en large » des problèmes générés par cette usine, a rappelé son coordonnateur, Mamadou Lèye, lors d’un point de presse.
»Il y a deux semaines, l’usine de recyclage a repris ses activités », a-t-il affirmé, ajoutant que « la population continue à subir des dommages inimaginables », depuis que cette usine s’est installée à Ndiakhate, non loin de Pout.
« Nous avons vu des maladies qui n’existaient pas dans la zone », a noté le coordonnateur, évoquant « des cas d’avortement, de sinusite, d’asthme ».
S’y ajoute que les agriculteurs de la zone ont constaté une « baisse drastique des rendements », alors que ceux d’entre eux qui travaillaient en face de l’usine, ont été « obligés de lâcher leurs champs pour aller s’installer ailleurs ».
»Nous traversons d’énormes difficultés à cause de cette usine de plomb », a déploré M. Lèye.
Il a rappelé qu’en 2023, le ministre alors chargé de l’Environnement, Alioune Ndoye, avait adressé une mise en demeure à l’usine de recyclage de batteries en plomb, après que ses services techniques avaient effectué une visite de terrain et confirmé la pollution dont se plaignaient jusque-là les riverains de l’usine, dans les communes de Pout et Keur Moussa.
»À notre grande surprise, quelques mois après, on a vu que l’usine avait réussi à obtenir une dérogation de trois mois, [prétendument] pour épuiser ses stocks », a regretté Mamadou Lèye.
« Tout le monde, dans la zone, veut que cette usine soit délocalisée une bonne fois pour toutes pour qu’on puisse s’épanouir et faire nos activités convenablement », soutient-il.
En mai 2023, des travailleurs de l’usine, accompagnés d’un consultant, avaient fait visiter l’unité à des journalistes, pour battre en brèche les griefs portés contre l’activité de l’usine.
Serigne Abdou Lahad Yade, consultant dans un cabinet indépendant dont la société s’était attaché les services, avait soutenu que les particules de plomb prélevées dans l’air ambiant et sur le sol, à l’extérieur de l’usine, sont « très largement en-deçà de la limite admise ».
Les prélèvements effectués dans l’environnement immédiat des installations, dans le village de Ndiakhate et dans les champs, ont été selon lui soumis au laboratoire de l’Institut de technologie nucléaire appliquée (ITNA) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Ces prélèvements ont porté sur des points géolocalisés, avec possibilité de réaliser une contre-expertise par un autre cabinet, a-t-il souligné, comme gage de transparence.
Au moment où le four fonctionne, il n’y a presque pas de fumée au niveau de la cheminée, avait-il fait constater, relevant que ce résultat a été atteint grâce à l’installation de filtres électrostatiques qui retiennent « à peu près 99% » des particules de plomb.
Selon l’étude, l’air ambiant contient, par contre, une forte teneur en poussière d’argile en suspension, avait-il admis, précisant que cela peut se comprendre en raison de la proximité d’une cimenterie.
« Dire que l’usine (de recyclage de plomb) pollue l’environnement est inexact », avait-il conclu, citant l’étude en question.
À l’intérieur, toutefois, l’air ambiant atteint parfois des « niveaux anormaux », a noté l’environnementaliste, relevant que le rapport recommande que le personnel soit doté de moyens de protection adaptés à l’activité, comme des masques à gaz, des lunettes et autres équipements de protection individuelle.
L’unité continuera à faire l’objet d’un suivi, pour vérifier le respect des recommandations, avait annoncé le consultant dont le cabinet est agréé, selon lui, par l’État.
POUR PARIS, UN DIVORCE AFRICAIN AMER
"Il y a un an, au Gabon, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Tchad, le message consistait plutôt à nous demander de ne pas partir". Jean-Marie Bockel révèle comment la France a été prise à contre-pied par ses partenaires historiques
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à Jeune Afrique ce lundi 12 janvier 2025, Jean-Marie Bockel, envoyé personnel d'Emmanuel Macron pour l'Afrique et ancien secrétaire d'État à la défense, livre une analyse approfondie des mutations radicales qui secouent les relations militaires entre la France et ses partenaires historiques africains. Son témoignage révèle les complexités d'une transition qui échappe au contrôle de Paris.
Une mission avortée par les événements
Nommé par Emmanuel Macron pour repenser la présence militaire française en Afrique, Jean-Marie Bockel a mené pendant neuf mois un travail de fond auprès de quatre pays clés : la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Sénégal et le Tchad. Mais à peine trois jours après la remise de son rapport à l'Élysée, le 25 novembre, un premier coup de théâtre survient : le Tchad dénonce unilatéralement ses accords de défense avec la France, rapidement suivi par le Sénégal.
Cette rupture brutale contraste fortement avec le climat des discussions préalables. "Il y a un an, au Gabon, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Tchad, le message consistait plutôt à nous demander de ne pas partir. Aucun de ces pays ne nous a dit souhaiter le départ des soldats français et la fermeture, du jour au lendemain, de nos bases", souligne Jean-Marie Bockel dans les colonnes de JA.
Le cas tchadien, symbole d'une rupture inattendue
Le Tchad illustre particulièrement ce paradoxe. L'envoyé spécial détaille des négociations qui semblaient constructives : "Quand je suis allé au Tchad en mars dernier, les discussions se sont bien déroulées. Les autorités tchadiennes étaient d'accord avec l'idée d'une baisse importante de la présence militaire au profit d'un partenariat, dont nous avons commencé à définir les contours lors de réunions de travail."
Plus révélateur encore, ces discussions avaient progressé jusqu'à des aspects très concrets : "Nous sommes allés loin dans les détails, jusqu'aux attentes de nos partenaires en matière d'équipements militaires", précise-t-il. Début octobre, les discussions portaient encore sur une présence minimale sur les trois bases françaises, au moins à titre transitoire.
Une méthode qui questionne
La brutalité de la rupture soulève des questions sur la méthode. "Les responsables africains ont des susceptibilités légitimes. Chacun considère, à raison, qu'il a le droit d'être correctement traité. Mais c'est aussi vrai du côté français. Et quand, dans un contexte où la discussion semble bien se dérouler, vous apprenez une demande de fin de partenariat par voie d'un communiqué de presse, la méthode est discutable", déplore Jean-Marie Bockel.
Cette situation est d'autant plus surprenante que l'annonce tchadienne est intervenue quelques heures seulement après le départ du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en visite à N'Djamena.
Vers un nouveau modèle de partenariat
Face à ces bouleversements, la France semble s'orienter vers une nouvelle approche. Jean-Marie Bockel note avec intérêt que "le président Macron a eu raison de préciser que la relation avec un certain nombre de pays anglophones se renforçait." Il souligne un avantage majeur de cette évolution : "D'une certaine manière, c'est plus simple, cela permet d'expérimenter une relation sans le soupçon d'un agenda secret ou d'une attitude néocoloniale."
Le rapport Bockel, bien que largement rendu caduc par les événements, proposait déjà une réduction significative de la présence militaire française, privilégiant la formation via "22 écoles déjà présentes dans plusieurs pays africains, ainsi que l'Académie d'Abidjan, spécialisée dans la lutte contre le terrorisme."
Un tournant historique
Cette séquence marque un tournant décisif dans l'histoire des relations franco-africaines. Après avoir quitté le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la France voit son dispositif militaire traditionnel en Afrique francophone se réduire drastiquement. Cependant, Jean-Marie Bockel refuse de parler de déclin : "Il n'y a pas de déclin militaire de la France. Il y a en revanche un retrait, et c'est normal. Il était temps que cela soit assumé pleinement."
RELANCE DES ACTIVITES DE L’USINE DE RECYCLAGE DU PLOMB DE NDIAKHATE
Des populations des villages rattachés aux communes de Pout et Keur Moussa, dans le département de Thiès, dénoncent la reprise des activités de l’usine de recyclage de plomb installée à Ndiakhate
Des populations des villages rattachés aux communes de Pout et Keur Moussa, dans le département de Thiès, dénoncent la reprise des activités de l’usine de recyclage de plomb installée à Ndiakhate, a constaté l’APS.
Elles se sont réunies dimanche à Palal, un village de la zone, « pour déplorer et dénoncer » la reprise des activités de cette usine, source de pollution.
La reprise de cette usine de recyclage de plomb semble jeter à l’eau toutes les avancées que le collectif a enregistrées depuis le début son combat pour la délocalisation de cette unité industrielle, entre 2020 et 2022.
Dans le cadre de ses démarches, ledit collectif a rencontré, en octobre dernier, le ministre de l’Environnement, avec qui il a « discuté de long en large » des problèmes générés par cette usine, a rappelé son coordonnateur, Mamadou Lèye, lors d’un point de presse.
»Il y a deux semaines, l’usine de recyclage a repris ses activités », a-t-il affirmé, ajoutant que « la population continue à subir des dommages inimaginables », depuis que cette usine s’est installée à Ndiakhate, non loin de Pout.
« Nous avons vu des maladies qui n’existaient pas dans la zone », a noté le coordonnateur, évoquant « des cas d’avortement, de sinusite, d’asthme ».
S’y ajoute que les agriculteurs de la zone ont constaté une « baisse drastique des rendements », alors que ceux d’entre eux qui travaillaient en face de l’usine, ont été « obligés de lâcher leurs champs pour aller s’installer ailleurs ».
»Nous traversons d’énormes difficultés à cause de cette usine de plomb », a déploré M. Lèye.
Il a rappelé qu’en 2023, le ministre alors chargé de l’Environnement, Alioune Ndoye, avait adressé une mise en demeure à l’usine de recyclage de batteries en plomb, après que ses services techniques avaient effectué une visite de terrain et confirmé la pollution dont se plaignaient jusque-là les riverains de l’usine, dans les communes de Pout et Keur Moussa.
»À notre grande surprise, quelques mois après, on a vu que l’usine avait réussi à obtenir une dérogation de trois mois, [prétendument] pour épuiser ses stocks », a regretté Mamadou Lèye.
« Tout le monde, dans la zone, veut que cette usine soit délocalisée une bonne fois pour toutes pour qu’on puisse s’épanouir et faire nos activités convenablement », soutient-il.
En mai 2023, des travailleurs de l’usine, accompagnés d’un consultant, avaient fait visiter l’unité à des journalistes, pour battre en brèche les griefs portés contre l’activité de l’usine.
Serigne Abdou Lahad Yade, consultant dans un cabinet indépendant dont la société s’était attaché les services, avait soutenu que les particules de plomb prélevées dans l’air ambiant et sur le sol, à l’extérieur de l’usine, sont « très largement en-deçà de la limite admise ».
Les prélèvements effectués dans l’environnement immédiat des installations, dans le village de Ndiakhate et dans les champs, ont été selon lui soumis au laboratoire de l’Institut de technologie nucléaire appliquée (ITNA) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Ces prélèvements ont porté sur des points géolocalisés, avec possibilité de réaliser une contre-expertise par un autre cabinet, a-t-il souligné, comme gage de transparence.
Au moment où le four fonctionne, il n’y a presque pas de fumée au niveau de la cheminée, avait-il fait constater, relevant que ce résultat a été atteint grâce à l’installation de filtres électrostatiques qui retiennent « à peu près 99% » des particules de plomb.
Selon l’étude, l’air ambiant contient, par contre, une forte teneur en poussière d’argile en suspension, avait-il admis, précisant que cela peut se comprendre en raison de la proximité d’une cimenterie.
« Dire que l’usine (de recyclage de plomb) pollue l’environnement est inexact », avait-il conclu, citant l’étude en question.
À l’intérieur, toutefois, l’air ambiant atteint parfois des « niveaux anormaux », a noté l’environnementaliste, relevant que le rapport recommande que le personnel soit doté de moyens de protection adaptés à l’activité, comme des masques à gaz, des lunettes et autres équipements de protection individuelle.
L’unité continuera à faire l’objet d’un suivi, pour vérifier le respect des recommandations, avait annoncé le consultant dont le cabinet est agréé, selon lui, par l’État.
LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE, SENEGAL ET GAMBIE UNISSENT LEURS FORCES
L’Inspecteur Général de Police du Sénégal, Mame Seydou Ndour, a effectué une visite officielle en Gambie pour consolider les liens bilatéraux et relever les défis communs en matière de sécurité.
L’Inspecteur Général de Police du Sénégal, Mame Seydou Ndour, a effectué une visite officielle en Gambie pour consolider les liens bilatéraux et relever les défis communs en matière de sécurité. Reçu par le Président gambien Adama Barrow et les autorités locales, il a mis en avant l'importance d'une collaboration accrue entre les deux nations pour renforcer la paix et la stabilité dans la région.
Dans le cadre de sa visite officielle en Gambie, l’Inspecteur Général de Police du Sénégal, Mame Seydou Ndour, Directeur Général de la Police nationale, a rencontré le Ministre de l’Intérieur gambien, M. Abdoulie Sanyang, en présence de son homologue, l’Inspecteur Général de Police gambien, Seedy Mukhtar Touray. Cette visite, axée sur le renforcement des relations bilatérales et la lutte contre les défis communs en matière de sécurité, a été marquée par des échanges constructifs.
L’Inspecteur Général de Police Mame Seydou Ndour et sa délégation ont également été reçus au palais de Banjul par Adama Barrow, Président de la République de Gambie. Ils étaient accompagnés de l'IGP Seedy Mukhtar Touray, du Ministre de l’Intérieur Abdoulie Sanyang, du Conseiller à la Sécurité Nationale Abubakr Sulayman Jeng, et d’autres hauts responsables gambiens.
Au cours de l’audience, l’Inspecteur Général Seedy Mukhtar Touray a présenté son homologue sénégalais au Président Barrow, mettant en avant les engagements productifs qui ont eu lieu durant la visite. Le Président Barrow a, pour sa part, salué l’amitié historique et culturelle entre la Gambie et le Sénégal, tout en soulignant l’importance d’une coopération renforcée pour lutter contre la criminalité transfrontalière et les migrations irrégulières.
En réponse, Mame Seydou Ndour a exprimé l’honneur de cette rencontre, transmettant les salutations du Président du Sénégal, Bassirou Diomaye D. Faye, et du peuple sénégalais. Il a également réaffirmé l’engagement du Sénégal à travailler de concert avec la Gambie pour garantir la stabilité dans la région.
Durant son séjour, l’Inspecteur Général Mame Seydou Ndour a visité le quartier général de l’unité d’intervention de la police gambienne à Kanifing, ainsi que le commissariat de Serekunda, où il a participé à une réunion stratégique avec le commandement local. Ces visites ont permis d’échanger sur les meilleures pratiques et de renforcer les liens opérationnels entre les deux forces de police.
45% DES SALARIÉS DU BRT PROVIENNENT DES COMMUNES TRAVERSÉES
Le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, lancé il y a sept mois, a rapidement attiré l’attention en raison de son impact sur le transport urbain de masse.
Le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, lancé il y a sept mois, a rapidement attiré l’attention en raison de son impact sur le transport urbain de masse. Lors de son passage dans l’émission Salam Sénégal, Cheikh Yatt Diouf, directeur général de Dakar Mobilité, a partagé des informations cruciales sur le système, ses réussites, mais aussi les défis à relever pour améliorer son efficacité.
Depuis sa mise en circulation, le BRT a transporté plus de 10 millions de voyageurs, un résultat impressionnant qui témoigne de l’acceptation rapide du public. Cheikh Yatt Diouf se réjouit des progrès accomplis : « 21 stations sur 23 sont désormais fonctionnelles, et d’ici février, les deux autres stations seront ouvertes », a-t-il annoncé. Le système, qui a su respecter les engagements en termes de ponctualité et de régularité, commence à atteindre la vitesse commerciale souhaitée, bien que le nombre de passagers par heure soit encore en développement.
Le directeur général souligne qu’avec une capacité de transport de 10 000 à 15 000 voyageurs par heure, l’objectif est d’augmenter la fréquence des bus. Cependant, cette amélioration progressive est liée à l’achèvement des infrastructures et à la stabilisation du système.
Le BRT ne se contente pas d’être un système de transport moderne : il incarne un changement majeur dans la manière dont les Dakarois se déplacent. « Dakar est une presqu’île avec peu d’espace, donc pour résoudre les problèmes de congestion, il faut privilégier des systèmes capacitaires comme le BRT », explique Cheikh Yatt Diouf.
En plus de répondre à des besoins de transport massifs, le BRT contribue à la réduction de la pollution en diminuant les émissions de CO2, une avancée majeure pour l’environnement. Il se distingue également par la qualité de son service, offrant des bus climatisés, du confort, de la sécurité, et même un accès Wi-Fi, une première pour les transports en commun à Dakar. Les transactions sont également digitalisées, permettant aux voyageurs d’acheter leurs billets via leurs téléphones.
Bien que le système ait rencontré un grand succès, des défis demeurent. « L’une des difficultés majeures est la traversée fréquente des piétons, qui perturbe la circulation des bus », explique le directeur général. Ce phénomène a diminué grâce aux campagnes de sensibilisation, mais il persiste encore dans certaines zones.
Il y a également des problèmes de comportement à bord, comme le non-respect des places prioritaires ou l’utilisation abusive des téléphones. Ces comportements sont encadrés par un règlement strict et supervisés par 165 agents de contrôle.
Un autre défi concerne la circulation des motos et des taxis qui, malgré les interdictions, continuent de créer des accidents, notamment en tournant à gauche sur des voies réservées.
Le BRT prend en compte l’emploi local dans les 14 communes traversées par la ligne. Cheikh Yatt Diouf explique que 45% des salariés du BRT proviennent des communes traversées. Cela a été rendu possible par une communication active pendant le recrutement, et les jeunes bénéficient de conditions de travail avantageuses, au-delà des exigences du code du travail.
Le directeur général se projette dans les années à venir, avec plusieurs défis à relever. Le premier est l’achèvement des stations restantes pour une mise en service totale du BRT. Il ambitionne également de renforcer la digitalisation des services, notamment l’élargissement des cartes d’abonnement et l’interopérabilité, permettant aux usagers de voyager sur différents moyens de transport public avec un seul titre de transport, comme dans les grandes villes du monde. Avec ces projets en tête, le BRT de Dakar s’inscrit dans une vision à long terme visant à transformer le transport urbain et à en faire un modèle de transport de masse pour l’Afrique.