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1 mai 2025
Société
POUR FAYE-SONKO, L'ANNÉE DE TOUS LES DÉFIS
Après une victoire éclatante aux législatives, le duo doit désormais transformer cela sur cinq dossiers brûlants. Des relations avec Paris aux contrats gaziers, en passant par le FMI, chaque décision sera scrutée au cours des prochains mois
(SenePlus) - Selon un article approfondi de Jeune Afrique, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, forts d'une majorité écrasante à l'Assemblée nationale obtenue en novembre 2024, font face à cinq dossiers brûlants qui marqueront l'année 2025.
La rupture avec la France s'accélère
Le premier dossier concerne la relation avec l'ancienne puissance coloniale. Comme le rapporte Jeune Afrique, le président Faye a clairement affiché sa volonté de rompre avec l'héritage colonial en annonçant le départ prochain des militaires français du Sénégal. "Quel pays peut avoir des militaires étrangers sur son sol et revendiquer son indépendance ?", a-t-il déclaré le 28 novembre dernier dans un entretien accordé aux médias français.
Cette position s'est récemment cristallisée autour d'un échange tendu avec Emmanuel Macron. Selon le journal, quand le président français a reproché aux pays africains de ne pas dire "merci", Ousmane Sonko a répliqué sèchement que "la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain."
Le bras de fer avec le FMI
Le deuxième défi majeur concerne les relations avec le FMI. Le Sénégal n'a reçu aucun décaissement depuis l'élection de Bassirou Diomaye Faye. Un audit diligenté par Sonko a révélé que le déficit budgétaire moyen atteindrait en réalité 10,4% sur la période 2019-2023, bien au-delà des 5,5% annoncés précédemment. La dette publique s'élèverait quant à elle à 83,7% du PIB.
La question des hydrocarbures
Le troisième enjeu porte sur la renégociation des contrats pétroliers et gaziers. Le magazine panafricain souligne que le statu quo actuel bloque l'exploitation du gisement Grand Tortue Ahmeyim (GTA), objet de discussions tendues entre le Sénégal, la Mauritanie et BP. Un échec sur ce dossier pourrait, selon Jeune Afrique, compromettre le développement d'autres projets et limiter les revenus attendus des hydrocarbures.
La succession à la mairie de Dakar
Le quatrième dossier sensible concerne l'avenir de la mairie de Dakar. Jeune Afrique détaille comment Barthélémy Dias, maire depuis 2022, s'est vu déchu de ses mandats de député et de maire en décembre 2024, suite à une condamnation judiciaire. Son recours ayant été rejeté le 31 décembre, l'incertitude plane sur la gouvernance future de la capitale.
Une opposition fragilisée
Enfin, le magazine souligne la faiblesse actuelle de l'opposition qui, avec seulement 30 députés sur 165, peine à faire contrepoids face à l'hégémonie du Pastef. Selon Jeune Afrique, c'est davantage du côté de la société civile que pourrait émerger un véritable contre-pouvoir, bien que des inquiétudes existent déjà quant à la capacité des voix dissidentes à s'exprimer librement sous la nouvelle administration.
CRIMINALISATION DU VIOL ET DE LA PÉDOPHILIE AU SÉNÉGAL, UN BILAN MITIGÉ QUATRE ANS APRÈS
Les associations féminines saluent un progrès majeur dans la lutte contre les violences sexuelles. Cependant, elles déplorent l’insuffisance de son effet dissuasif, face à des statistiques toujours alarmantes.
Dakar, 8 jan (APS) – Quatre ans après la promulgation, en 2020, de la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie au Sénégal, des activistes de la société civile, notamment les associations féminines, saluent ce grand pas en avant dans la lutte contre les violences sexuelles, tout en déplorant le fait que l’objectif de la dissuasion ne soit pas encore atteint au regard des statistiques.
Les violences sexuelles constituent des formes graves d’atteinte à l’intégrité des personnes dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. Dans l’optique d’un renforcement de la protection de ces catégories vulnérables, l’État du Sénégal a très tôt mis en place une législation pénale, mise à jour en fonction des mutations de la société.
C’est le cas de la loi n° 99-05 du 29 janvier 1999 modifiant certaines dispositions du Code pénal de 1965. Cette loi a, entre autres innovations, défini et durci son régime juridique, notamment lorsque ces infractions (viol et pédophilie) sont accompagnées de certaines circonstances aggravantes.
Toutefois cette loi ne faisait pas du viol un crime, sauf lorsqu’il est suivi de la mort de la victime. Elle a également élargi la répression des actes de pédophilie qui n’étaient appréhendés que sous leur forme vague d’attentat à la pudeur.
Deux décennies plus tard, et au regard de la multiplication et de l’intensification des faits d’agressions sexuelles, ainsi que des conséquences dévastatrices de ces infractions, des associations féminines, notamment l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et tant d’autres ont plaidé ont obtenu le durcissement des pénalités liées à ces faits incriminés.
Initialement votée le 30 décembre 2019 par l’Assemblée nationale, à l’issue d’un vote à l’unanimité et par acclamation, et promulguée le 10 janvier 2020, la loi criminalisant le viol et la pédophilie était annoncée comme un instrument de dissuasion des éventuels auteurs d’agressions sexuelles.
Bien qu’elles apprécient son effectivité, les femmes juristes du Sénégal, pensent qu’eu égard aux statistiques portant sur les agressions sexuelles liées au genre, l’’’objectif de dissuasion n’est pas encore atteint’’.
Quatre ans après le durcissement des sanctions liées au viol et à la pédophilie, ces activistes, ayant milité pour son vote et sa promulgation, gardent tout de même ’’espoir face au combat sur la protection des victimes à travers son application’’.
Elles soulignent avoir rencontré des poches de réticence de la part de certains magistrats et autres praticiens du droit, qui estimaient que le fait de criminaliser le viol et la pédophilie, ‘’alourdissait la procédure’’.
Selon la présidente de l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS), Me Aminata Fall Niang, l’objectif de l’adoption de cette loi serait toutefois atteint sur le plan des textes.
’’Il y en a qui maintiennent cette position-là, que la criminalisation va non seulement allonger la durée du procès et celle du traitement des dossiers, mais aussi et surtout contribuer à une déperdition des preuves, puisqu’il est difficile de conserver des preuves en cas de viol et de pédophilie tout le long d’une instruction’’, fait-elle savoir.
Selon elle, le ministère de la Justice qui a participé à leur symposium qui a porté sur ces infractions liées au genre a donné des chiffres prouvant que parmi les populations carcérales aujourd’hui, le nombre de personnes incarcérées pour viol et pédophilie reste ’’absolument minime’’ par rapport à la ’’masse de délinquants’’ de toute autre nature.
»Donc quatre ans après, nous estimons que la criminalisation est là ; elle est effective. Il faut appliquer la loi, c’est tout, et se donner les moyens de l’appliquer’’, a précisé Mme Niang, ajoutant que les sanctions prévues pour ce genre de crime vont de 10, 15, 20 ans ou la perpétuité, selon les circonstances aggravantes.
Selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) relatives à la population carcérale de criminels sexuels, il est recensé sur l’ensemble du pays 759 détenus de cette catégorie en 2017, 655 en 2018, 759 en 2019, 515 en 2020, 747 en 2021, 603 en 2022 et 440 en 2023.
Plaidoyer pour la gratuité du certificat médical en cas de viol
»Nous devons lutter pour que le certificat médical en cas de violence sexuelle soit gratuit, que la victime se présente directement à l’hôpital ou via la police’’, plaide Me Fall Niang, invitant les gens à s’imaginer ‘’à la place de la victime, qui parfois traîne pendant des heures avec la ‘’souillure’’.
‘’Humainement, c’est extrêmement difficile à supporter, surtout s’il s’agit d’abus sur des fillettes. Comment voulez-vous demander à une victime de viol de ne pas se laver, de conserver un état et de faire des allers-retours entre la police ou la gendarmerie et l’hôpital, avec cette souillure. Ce n’est pas possible’’, martèle-t-elle, instant sur l’’’importance d’alléger la procédure’’.
’’Pas plus tard qu’il y a quelques semaines à Pikine, on a eu un cas de viol d’un enfant de quatre ans. Et c’est à cette dernière qu’on veut demander de ne pas se laver. Mettez-vous à sa place…’’, observe la juriste.
Les statistiques de l’AJS montrent qu’en 2023, par exemple, 166 cas de violences sexuelles ont été répertoriés dans les six zones où elle intervient.
La boutique de droit de Pikine a enregistré à elle seule 38 cas, 31 pour la commune de Médina, 23 pour la région de Kaolack, 22 Kébémer (Louga), 19 Kolda, 14 Ziguinchor, 10 Thiès et 1 pour Sédhiou.
D’après les données sur les violences sexuelles de janvier à juin 2024 de l’ensemble des boutiques de droit de l’AJS, 83 cas ont été répertoriés durant cette période, dont 27 pour la commune de Médina, 22 pour Pikine, 10 Kolda, 8 Kaolack, 6 pour Kébémer et Thiès et 2 pour les régions de Ziguinchor et de Sédhiou.
’’Donc, c’est affreux, ces histoires de viol-là. Et les chiffres sont effarants. De janvier à juin 2024, dans nos boutiques de droit, nous avons recensé plus de 600 cas d’agressions, de violences basées sur le genre’’, révèle Me Fall.
Actions de communication et de sensibilisation
‘’L’idée était non seulement l’aspect évaluation de l’effectivité en termes d’application de la loi par les tribunaux, mais aussi sa vulgarisation auprès des populations et tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne de prise en charge de ce type de violence’’, explique la chargée du projet ‘’Contribuer à l’éradication des violences sexuelles’’ de l’AJS, Me Aminata Samb.
Elle indique que la vulgarisation de cette loi, criminalisant le viol et la pédophilie, a pour objectif de sensibiliser la communauté, afin qu’elle ‘’porte elle-même ce combat’’.
’’Sur le terrain, on est en train de faire des activités de formation, de sensibilisation et aussi de communication. On a eu à former des journalistes par exemple, pour un traitement adéquat des violences sexuelles, etc.’’, précise Me Samb.
Cette démarche a permis aux acteurs de sillonner plusieurs universités du Sénégal, notamment celles de Bambey, de Saint-Louis, de Dakar, de Kaolack ou encore la police et la gendarmerie pour former sur la prise en charge des victimes.
»Les femmes et les jeunes filles font aussi partie de nos formations. Ce sont nos partenaires. Il y a une formation qui est prévue pour les victimes de violences sexuelles, pour leur autonomisation, pour qu’elles puissent être insérées professionnellement’’, affirme-t-elle.
Me Samb soutient au-delà de ce projet que l’AJS forme également des para-juristes notamment des volontaires hommes et femmes, qui deviennent des relais sur le terrain.
»On a plus de 1 000 para-juristes, répartis sur tout le territoire national, que nous formons régulièrement et qui nous appuient beaucoup sur cette question’’, renseigne la cheffe du projet.
Pour l’application de la loi dans toute sa »rigueur’’
Avocate de son état, Me Marame Dia Sylla, prône l’application de la loi, dans toute sa »rigueur ».
»La loi est faite pour être appliquée à partir du moment où elle est entrée en vigueur. Les juges sont dans l’obligation de l’appliquer’’, dit-elle, insistant sur l’application effective de cette loi dans toute sa ‘’rigueur ».
Une fois la sentence prononcée, le juge contraint le condamné à payer 2, 3 ou 5 millions de FCFA d’amende, note Me Dia.
Elle indique que depuis la promulgation de la loi, elle a reçu et suivi plus d’une dizaine de cas de viol. Ce qui, selon elle, représente ‘’une augmentation’’.
‘’Ce sont généralement des filles dont l’âge varie entre 13 et 16 ans. Souvent, c’est sur le chemin de l’école, soit au daara, c’est-à-dire à l’école coranique, ou au sein d’une maison, dans le quartier qu’elles sont violées ou sont victimes de violences sexuelles. Il y a eu pas mal de cas’’, ajoute-t-elle, précisant que les jeunes garçons ne sont pas non plus épargnés dans cette situation.
Elle s’est toutefois plainte du »non aboutissement » de certains cas, à cause des ‘’arrangements’’ entre familles.
»Si cela advient au sein de la famille, ils essayent de régler cela à l’amiable, d’étouffer l’affaire’’, poursuit Me Dia, déplorant le fait que les plaintes sont parfois retirées en cours de procédure, à cause desdits ‘’arrangements’’.
Développement d’une culture de la dénonciation
Pour la présidente du Conseil sénégalais des femmes (COSEF), Seynabou Mbaye Gueye, l’application de la loi favorise petit à petit le développement d’une culture de dénonciation au sein des populations.
Elle exprime sa satisfaction de voir de plus en plus des victimes prendre leur courage à deux mains pour dénoncer les viols même au sein de leur famille.
»Le fait qu’il y ait des associations de femmes qui accompagnent les victimes, pour leur commettre des avocats, leur assurer un suivi psychologique, pour moi, c’est un sentiment de satisfaction’’, fait-elle valoir.
Malgré ce sentiment de satisfaction, la présidente du COSEF souligne toutefois qu’il reste beaucoup à réaliser, en raison de la nouveauté de la loi, qui ‘’date de 4 ans seulement’’.
»Donc, 4 ans, c’est très peu. Il y a encore beaucoup d’efforts à fournir, notamment dans le domaine de la prise en charge de victimes, pour éviter qu’elles soient stigmatisées’’, ajoute-t-elle.
AFFAIRE PRODAC, LE DOSSIER S'EMBALLE
Le juge chargé du dossier a désigné un cabinet d’expertise comptable pour analyser la conformité des contrats liant les entreprises impliquées, alors que les anciens responsables Mamina Daffé et Ibrahima Cissé sont sous mandat de dépôt.
iGFM - (Dakar) Le dossier de l'affaire Prodac s'est emballé. Le juge d'instruction a décerné des mandats de dépôt et désigné un expert comptable pour tirer au clair certains contrats...
Mamina Daffé, ancien coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), et Ibrahima Cissé, gérant d'une entreprise, ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt depuis novembre dernier pour respectivement complicité d'escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment de capitaux et escroquerie portant sur des deniers publics, faux et usage de faux en écritures privées de commerce ou de banque, ainsi que blanchiment de capitaux, pour un préjudice évalué à plus de 682 millions de francs Cfa.
L'Observateur annonce un développement dans l'affaire. «Lundi dernier, 6 janvier, le magistrat instructeur du Parquet financier, chargé du dossier, a rendu une ordonnance désignant le cabinet d'audit et d'expertise [Adr] d'Abdoulaye Dramé», explique le titre du Groupe futurs médias.
La même source avance que l'expert-comptable désigné dispose «d'un délai de 60 jours» pour «déterminer si les activités des entreprises Tida et Itaa sont compatibles avec l'objet du contrat conclu en vue d'assurer le transit des équipements du Port de Dakar aux sites finaux ; les diligences faites tant par elles que par l'entreprise Itaa pour l'acheminement desdits équipements».
Il devra également «produire toutes les factures validées et ayant donné lieu à un paiement, procéder à une étude comparative de la tarification fixée sur ces factures à la tarification visuelle sur le marché, compris comme l'institution sociale abstraite où se rencontrent l'offre et la demande de biens ou de services», complète le journal.
LES CONTOURS ENCORE FLOUS DU RETRAIT MILITAIRE FRANÇAIS DU SÉNÉGAL
Deux bases sont déjà vidées, mais le transfert effectif se fait attendre, Dakar ayant demandé un délai supplémentaire. Pendant ce temps, les discussions politiques avec les nouvelles autorités sénégalaises tardent à se concrétiser
(SenePlus) - D'après les informations rapportées par RFI, le retrait des forces militaires françaises du Sénégal, annoncé fin décembre pour 2025, s'annonce comme un processus graduel dont les modalités précises restent encore à définir.
La présence militaire française à Dakar se compose actuellement de quatre installations distinctes, abritant environ 200 militaires, selon le radio internationale française. Une situation qui devrait connaître des évolutions significatives dans les mois à venir, bien que le calendrier définitif ne soit pas encore arrêté, comme le soulignent plusieurs sources gouvernementales citées par RFI.
Deux des emprises françaises situées à proximité du port de Dakar sont déjà vacantes depuis plusieurs mois et prêtes à être transférées aux autorités sénégalaises. Fait notable rapporté par le site d'information : "Dakar aurait demandé un délai supplémentaire avant d'en récupérer les clefs."
Les deux autres installations militaires françaises encore actives présentent des caractéristiques distinctes. La base de Rufisque, en périphérie de la capitale, comprend des logements équipés d'antennes de communication sécurisée. La base de Ouakam, située en zone urbaine, constitue quant à elle un centre névralgique où "un peu plus de 200 militaires français assurent des formations avec l'armée sénégalaise et des officiers de la région", précise RFI.
Une proposition française visant à transformer la base de Ouakam en installation franco-sénégalaise à l'été 2024 avait été avancée, permettant le maintien d'un contingent français réduit. Cependant, comme le souligne une source militaire française, "aucune discussion politique avec les nouvelles autorités n'a encore eu lieu sur le sujet."
Cette situation intervient dans un contexte de désaccord diplomatique, le Sénégal ayant vivement contesté les récentes déclarations du président Emmanuel Macron selon lesquelles ces retraits résulteraient de négociations avec les pays africains concernés.
MACRON NE VISAIT NI LE SÉNÉGAL NI LE TCHAD
Selon les confidences recueillies par Le Monde auprès de diplomates français, la sortie présidentielle sur l'ingratitude africaine visait principalement le Mali, où 58 soldats français ont perdu la vie en moins de dix ans
(SenePlus) - Les déclarations du président français Emmanuel Macron sur l'intervention militaire de la France en Afrique ont provoqué une onde de choc diplomatique. Selon les informations du journal Le Monde, les diplomates français tentent de déminer la situation tout en révélant une profonde amertume, particulièrement vis-à-vis du Mali.
Une source diplomatique citée par Le Monde s'est empressée de préciser que "le Tchad et le Sénégal n'étaient absolument pas visés par ces propos". Elle explique que pour ces deux pays, les départs des forces françaises "étaient déjà actés", même si "le timing de ces annonces nous a surpris".
La même source diplomatique révèle que les propos présidentiels visaient en réalité spécifiquement l'Alliance des États du Sahel (AES) et "en particulier le Mali". Le ressentiment est palpable dans ses confidences au Monde : "On l'a tous mauvaise avec le Mali quand on voit le dispositif, l'investissement humain et financier que cela a représenté pendant des années à la demande des autorités maliennes, et alors que l'on pensait bien faire."
La diplomatie française semble particulièrement marquée par le bilan humain de ces interventions. Le Monde rapporte que les propos de Macron s'inscrivaient dans un contexte plus large où il évoquait "les pertes humaines françaises au Sahel", qui s'élèvent à 58 morts en moins d'une décennie.
Les confidences recueillies par le journal français laissent transparaître une certaine désillusion dans les rangs diplomatiques français. La source citée conclut avec une forme d'amertume : "Alors oui, le président a exprimé quelque chose de déceptif pour nous mais aussi pour les populations concernées, c'est tellement décevant." Elle en tire une leçon sans appel : "Il faut une approche transactionnelle comme [avec] les autres [partenaires non africains] et arrêter d'être les dindons de la farce."
Par Fadel DIA
VOUS AVEZ DIT INGRATITUDE ?
Depuis Sarkozy aucun homme politique français n’avait accumulé autant de prétentions, de contre-vérités historiques. Celui qui rappelle sans cesse être le premier président né après la décolonisation cultive les poncifs colonialistes
Depuis Nicolas Sarkozy aucun homme politique français n’avait accumulé autant de prétentions, de contre-vérités historiques, et même à proprement parler de mensonges si l’on en croit certains, et tout cela en un seul discours, avec cette différence que Sarkozy avait pris une heure pour les exposer alors que Emmanuel Macron n’a eu besoin que de cinq minutes pour détricoter les fondements des relations qui lient la France à ce qu’on appelait « les pays du champ » !
Il est paradoxal qu’un homme qui ne cesse de nous répéter qu’il est le premier chef d’Etat français né après la décolonisation, cultive aussi souvent les pires poncifs des chantres de la colonisation, joue à la politique de l’autruche et se targue d’illusions.
Le président Macron reproche à ses homologues africains, tous confondus dans le même sac, et indirectement à leurs peuples, d’avoir fait preuve vis-à-vis de la France, d’impolitesse, de démagogie et d’ingratitude. Pour commencer, dit-il, ils ne lui ont pas dit « merci », et en cela il se trompe car ils ont bien dit « merci », mais tout simplement pas de la manière dont lui, le souhaitait. A Bamako, à Niamey, à Ouagadougou, à Dakar, à N’Djamena et à même à Abidjan, des gouvernants, qui sont loin d’avoir la même conception des relations franco africaines, ont écouté leurs peuples et lui ont dit ceci : « Merci, mais nous ne reprenons plus de la présence militaire française sur notre sol ! »
C’est un peu comme si vous disiez à votre hôte qui vous pousse à continuer à déguster le plat qu’il vous a servi mais dont vous vous êtes suffisamment gavé : « merci je n’en reprendrais plus. »
En toute logique le président français devrait se réjouir que les pays africains décident de se passer de l’armée française, car outre « l’économie d’échelle » qu’il devrait tirer de ce retrait, cela devrait être la preuve que sa mission est remplie. Le propre d’une bonne assistance entre deux Etats n’est-il pas que le pays assisté se libère de l’assistance du pays aidant, et décide de se prendre en charge ?
Quant aux accusations citées plus haut, ce cadre est trop étroit pour en découdre et je me contenterai de quelques repères.
Impolis nos chefs d’états ? Y a-t-il plus impoli qu’un chef d’Etat en visite officielle en Afrique qui, devant les dirigeants politiques et l’élite scientifique du pays qui le reçoit en grande pompe et dans l’amphithéâtre d’une université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop, proclame solennellement que l’Afrique n’a pas d’histoire ? Y a-t-il plus irrespectueux que cet autre chef d’Etat qui tourne en ridicule le chef du pays africain dont il est l’hôte, prend en témoin les centaines de jeunes qui l’écoutent pour traiter leur président de vulgaire frigoriste obligé de pallier aux carences de son administration ? Si Emmanuel Macron veut fustiger l’impolitesse chez ses homologues alors sa cible naturelle devrait être Donald Trump qui a souvent glosé sur son penchant à jouer à la grenouille qui se prend pour un bœuf. Mais comme le dit un proverbe pulaar « le fou, si fou soit-il, connait la maison où il y a un chien méchant » !
La France nous a-t-elle sauvés ? C’est un des thèmes préférés de Macron qui l’a encore répété aux Mahorais, pourtant des citoyens français, en assenant aux sinistrés de l’ile qu’ils seraient encore plus « dans la m… », si la France n’était pas venue à leur secours.
Je me contenterai de rappeler que l’explosion des mouvements djihadistes est la conséquence directe de la désagrégation de la Lybie dont la France a été l’un des maitres d’œuvre, que le stationnement de 5000 soldats, non combattants, sur un espace vaste comme la moitié de l’Union Européenne est bien dérisoire, que la présence des forces françaises n’a pas mis fin aux attentats et aux enlèvements et a paru bien équivoque, puisqu’il a fallu leur retrait, pour que Kidal, qu’on disait imprenable, se retrouve sous l’administration du gouvernement malien et qu’enfin la mémoire africaine a surtout retenu les interventions de l’armée française pour empêcher ou faciliter des coups d’état, bombarder les avions ivoiriens ou extraire Gbagbo et sa femme du palais présidentiel.
Quant à l’ingratitude, et quelques semaines après la commémoration du massacre de Thiaroye dont seulement six victimes ont mérité le titre de « morts pour la France », je me contenterai de relater un incident relativement peu connu de l’histoire coloniale française.
Vers la fin du XIXe siècle alors que le partage de l’Afrique est achevé, chaque puissance coloniale cherche à grappiller un bout de territoire ou à rendre son domaine plus cohérent. Le rêve de la France c’est d’étendre le sien de Dakar à la Mer Rouge tandis que l’Angleterre qui a fait main basse sur l’Egypte, se proposait de construire une ligne de chemin de fer allant du Caire au Cap. Le choc des ambitions était inévitable. Il eut lieu le 19 septembre 1898, quand le Général Kitchener, représentant britannique, trouva que le capitaine Marchand, envoyé de la France, avait hissé le drapeau de son pays à Fachoda, à 650 km de Khartoum, qu’il avait rebaptisé Fort SaintLouis. Il avait mis des mois pour traverser la cuvette congolaise et pour pouvoir franchir la région marécageuse du Bahr el Ghazal, il avait fait démonter deux bateaux à vapeur, pièces par pièces, qu’il avait fait transporter à dos (oui à dos) par des milliers de porteurs razziés dans les villages et sans salaire !
Peine perdue Kitchener le somma d’évacuer les lieux en lui faisant savoir qu’il n’y aurait ni négociation ni compromis, ce à quoi il aurait répondu « nous nous ferons tuer » plutôt. La réalité c’était qu’il était prêt à sacrifier la vie des 150 Tirailleurs Sénégalais qui constituaient l’essentiel de sa garnison qui ne comptait… qu’une dizaine d’officiers et sous-officiers blancs. Les Tirailleurs furent sauvés parce que le gouvernement français préféra céder, comme souvent face aux Anglais. Marchand retourna en France en héros national, acclamé par des foules de Français humiliés et farouchement anglophobe.
Et les Tirailleurs ? Ils étaient restés trois ans sans percevoir leurs salaires (cela ne vous rappelle rien ?) pourtant bien dérisoires (240 F par an contre 1500 pour Marchand !) et ne purent rentrer dans leurs droits qu’après avoir déclenché des rixes dans leurs cantonnements. Bien entendu aucun d’entre eux (pas plus que les porteurs de bateaux) n’a survécu à l’histoire, ni à son droit. L’ingratitude alors qu’est-ce c’est ?
Le président français, qui est en vacances de pouvoir, a-t-il voulu donner des cours de géopolitique à un auditoire passif d’ambassadeurs, mais ceux-ci devront fournir des explications quand ils rejoindront leurs postes. A-t-il voulu pousser les Africains à la riposte et dans ce cas, il est servi et il n’est pas exclu que les plus autorisés d’entre les protestataires en tireront la leçon en ne se présentant pas au sommet France-Afrique qu’il a « convoqué » à Nairobi (?). A moins qu’englué dans des difficultés internes nées d’une décision jupitérienne dont il a du mal à reconnaitre les effets pervers, il ait cherché à offrir les Africains en agneaux de sacrifice à la partie la plus avide de chauvinisme de son opinion en faisant l’éloge d’une France généreuse, forte et magnanime.
Mais comme le dit encore un proverbe pulaar « un homme atteint d’ éléphantiasis peut tourner en rond autant de fois qu’il veut, ce n’est pas cela qui le guérira de son mal » !
Par Henriette Niang KANDE
LES HÉROS DE LA RÉSISTANCE ... À LA CRITIQUE
Si certains considèrent que critiquer le Projet est un crime de lèse-majesté, peut-être est-ce simplement parce que la vision qu’en ont ceux qui le défendent est tellement lumineuse qu’elle ébloui. Oui, c’est doit être ça
La nomination de certaines personnalités non affiliées à Pastef, à des postes de responsabilités étatiques a fait sortir de l’univers du parti au pouvoir, des acteurs réfractaires à la critique. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Des choix portés sur les personnes qui avaient critiqué le « Projet » et/ou ses initiateurs ont été rapportés ou demandés à l’être, parce que ces dernières avaient émis des objections, des critiques, avant que le parti n’accède au pouvoir.
Ah, la mélodie du panafricanisme des auteurs et promoteurs du Projet ! Ce mots qui fait vibrer les âmes, soulever les foules et réveiller les tambours d’une souveraineté flamboyante. A entendre leurs discours, on pourrait croire que la souveraineté est un cocktail de bissap pour l’extérieur, mais agrémenté d’une pincée de "ne dites que du bien de notre Projet" à l’intérieur.
Derrière les grandes proclamations se cachent des partitions bien plus discordantes. Le Projet donc, oui avec un grand P, doit être « englouti », jusqu’en 2050, sans aucun froncement de sourcils. Ceux qui ont ou qui osent encore demander s’il est une idée lumineuse se retrouvent ou se sont retrouvés exilés au royaume des bannis. C’est là que la souveraineté prend un tournant intéressant : à l’extérieur, on clame haut et fort que le Sénégal est un pays qui se tient debout, mais à l’intérieur, mieux vaut s’asseoir et garder ses idées pour soi.
Ça donne un peu l’impression d’un orchestre où le chef veut jouer une symphonie panafricaine, mais exige que les violons et le piano soient accordés comme les koras, ignorant que les uns sont des instruments à cordes et que l’autre est de touches. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fanfare de décibels uniformément dociles. C’est l’obsession pour le consensus interne forcé. Vous savez, ce moment où le chef d’orchestre se retourne vers une salle clairsemée et demande : « Qui est avec moi ? » Devinez quoi ? Tout le monde l’est ! Comme par magie. C’est beau, n’est-ce pas ? Une unité parfaite, obtenue par le silence stratégique des derniers musiciens
Ceux qui ne sont pas férus de cette musique, deviennent les victimes d’un autisme politique sur les réseaux sociaux, qui offrent bien plus de places que dans un stade de foot. Ils sont devenus un terrain de jeu où les arguments jouent à saute-mouton avec la logique. Il suffit d’un tweet pour déclencher une guerre civile virtuelle, où les grossièretés se le disputent aux insanités. Et la surenchère finit par ressembler à une compétition de surdité collective. Chacun est enfermé dans sa bulle « idéologique », hermétique à toute intrusion dans la réalité. « L’autre ? Quel autre ? Celui qui ne s’est pas battu ? Celui qui n’a pas mené le combat ? Celui qui a fait partie du « système » alors que nous, nous sommes anti-système ? » semblent répondre ces valeureux soldats du clavier.
Pour justifier la transhumance à la veille élections législatives anticipée, la facétie a été poussée avec la fameuse théorie de la dichotomie entre les « adversaires » et les « ennemis » du Projet. La rhétorique du Bien et du Mal, du transhumant acceptable et celui banni car le promoteur du Projet ne l’a pas couvert de son gracieux pardon.
Et pourtant, l’idée d’une souveraineté réelle et d’un panafricanisme sincère est noble. Elle résonne dans le cœur de beaucoup de Sénégalais. Car l’exigence d’une Afrique digne et souveraine, débarrassée des scories humiliantes de la colonialité est réelle chez tous. Partout sur le continent on appelle à la liberté et à la dignité. La manière avec laquelle la commémoration de Thiaroye a été célébrée, révèle quelque chose de ce désir de changement que le politique a le droit d’encadrer et de traduire en idée et en matérialité.
Mais peut-être faudrait-il commencer par cultiver cette souveraineté en interne, en apprenant à accepter la dissonance et les débats. Parce que, à ce rythme-là, le Projet risque de se retrouver avec une souveraineté monophonique – et avouonsle, ce n’est pas très fun pour une symphonie. Alors, souverainistes et panafricanistes, un peu de courage ! Laissez les critiques jouer leur mélodie. On ne construit pas une nation forte en étouffant les notes discordantes, mais en les intégrant à l’ensemble. Et qui sait, peut-être que le "Projet" pourrait finalement devenir une véritable œuvre collective ? Après tout, ce n’est pas un orchestre de yes-men qui fera vibrer le cœur du peuple, mais une symphonie de voix diverses, mais unies dans sa commune souveraineté. La politique n’est pas le règne du consensus permanent, de la soumission à un discours voire pire un homme. C’est le règne du dissensus car des idées opposées cohabitent pour produire du bien commun.
Après tout diriger, c’est tout un art. Savoir jongler entre souveraineté extérieure et harmonie intérieure n’est pas chose facile pour des novices. Si certains considèrent que critiquer le Projet est un crime de lèse-majesté, peut-être est-ce simplement parce que la vision qu’en ont ceux qui le défendent est tellement lumineuse qu’elle éblouit. Oui, c’est doit être ça. Ç’est ça.
UN MBEUBEUSS BIS AU CŒUR DE DAKAR
Logé entre Grand Yoff et Zone de captage, le canal dit « de la Zone de captage » pollue la vie des populations et des travailleurs de ces quartiers de Dakar.
Logé entre Grand Yoff et Zone de captage, le canal dit « de la Zone de captage » pollue la vie des populations et des travailleurs de ces quartiers de Dakar. L’endroit est devenu un Mbeubeuss (plus grande décharge d’ordures à Dakar) bis au cœur de la capitale sénégalaise avec ses ordures débordantes et eaux usées stagnantes.
En cette matinée de janvier, un vent frisquet souffle à Grand Yoff, précisément dans le coin appelé « Bignona ». Un site qui ne paie pas de mine. Il est rendu célèbre par l’activité de vente de la viande de porc. D’incessants va-et-vient y sont notés tout le long de la journée avec le décor de bouchers transportant des cadavres de cochons et déversant les résidus et autres dans le canal qui fait face. C’est l’un des endroits les plus malsains de Dakar. Du marché Bignona au canal, la pollution et le manque d’hygiène ont laissé leurs marques.
À la porte du marché de porcs, une dame est assise. Une odeur suffocante monte au nez et à la gorge du visiteur. Aissatou Diallo guette le moindre client pour vendre ses patates grillées. « Je vends ça pour nourrir ma famille », lance-t-elle, avant de couvrir le bol. L’odeur du canal se fait sentir jusque-là. Un jeune mécanicien, vêtu de haillons, estime qu’ils ont l’habitude de travailler dans cet environnement sans être indisposés par l’odeur que dégage le canal.
De l’autre côté, dans le quartier Zone de captage, des jeunes laveurs s’activent autour des véhicules. Aucun parmi eux ne porte de masque. Les voitures sont garées en face du canal où officient ces jeunes. L’air vicieux qui se dégage de ce détroit ne semble nullement les déranger. Saliou Tine, tenant un seau d’eau, un morceau de tissu dans l’autre main, lave tranquillement un taxi. « Nous faisons de notre mieux pour ne pas rester ici jusqu’à la tombée de la nuit. Les moustiques sont très nombreux à cause des déchets qui sont jetés dans ce canal. J’ai appris aussi que certains camions vidangeurs déversent des excréments dans cet endroit », révèle-t-il, non sans souligner que l’endroit est parfois irrespirable à certaines heures.
Son collègue, Moussa Dione, abonde dans le même sens. Il confie qu’ils sont contraints de venir tous les jours humer cet air nauséabond. Notre interlocuteur avoue qu’ils sont conscients des risques de maladie encourus à cet endroit, mais ils ne peuvent pas quitter le lieu.
À côté d’eux, rodent les « Boudiou man » (récupérateur de déchets). Réparant son véhicule chez les mécaniciens, Mamadou, la cinquantaine, confie qu’il vient rarement dans cet endroit à cause de ce canal. « Il y avait même un garage des bus dits « Horaires » en partance pour la Casamance de l’autre côté. C’était extraordinaire car, les coxeurs, chauffeurs et apprentis restaient tous les jours presque à cet endroit, humant cette odeur nauséabonde qui sortait de ce canal. Finalement, je pense que la mairie a repris l’espace », explique-t-il. Riverain, Boubacar indique qu’il vit depuis plusieurs années dans ce quartier de la Zone de captage. Il souligne qu’ils vivent avec tous les risques de maladies à cause de ce canal. Selon Boubacar, dans son immeuble, les locataires ne durent presque jamais. « C’est le quartier qui accueille le plus de moustiques dans ce pays », dit-il en raillant. Les habitants de la Zone de captage se désolent souvent de ce canal qui est devenu un dépotoir d’ordures de toutes sortes, polluant ainsi la vie dans la cité.
par Abdou Sène
LE JUB JUBAL JUBBANTI ÉCORNÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Qui a mené l’enquête de moralité à propos d'Aoua Bocar Ly ? Comment ses malheureuses déclarations ont pu échapper à la vigilance du président qui a signé et à celle du Premier ministre qui a contre-signé le décret la nommant ?
Dans le document de la Stratégie nationale de Développement 2025-2029, on peut lire : « La bonne gouvernance est un pilier fondamental du développement économique et social. A cet égard, elle occupe une place centrale dans les politiques publiques et repose principalement sur les principes d’éthique, de transparence et de redevabilité, faisant du « Jub, Jubal, Jubbanti » (JJJ) un levier de la Transformation systémique. »
Si nous avons combattu le régime de Macky Sall, c’est parce que nous nous sommes rendus à l’évidence, comme beaucoup de Sénégalais, qu’il avait fini par s’empêtrer dans la tyrannie, la turpitude et la promotion de l’anti-JJJ. Et c’est dans la même logique que nous avons soutenu les hérauts du JJJ. Comme nous, peu de Sénégalais avaient une idée claire des compétences de ces derniers à diriger un pays, si on se réfère à leurs états de service. Notre engagement pour qu’ils accèdent au pouvoir était essentiellement motivé par le fait qu’ils nous ont présenté une idéologie reposant sur un souverainisme courageux et intelligent et surtout sur le JJJ. Ce dernier, d’après l’acception que nous en avons, s’il est mis en œuvre dans toute sa plénitude, suffit largement pour inscrire un pays dans les différentes dimensions du développement. Économique, sociale, culturelle, spirituelle…
Nous avions renoncé à publier le présent article le 31 décembre, date de sa production, lorsque nous avions appris le limogeage de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, dont le maintien dans l’équipe de la présidence de la République en était le seul motif. Mais, la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall, le 11 décembre 2024, au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) rajoute une couche au souci que nous avons pour la sauvegarde du JJJ, et nous fait revenir sur cette renonciation.
A cause de ces deux affaires, notre espoir suscité par l’avènement du JJJ a pris un coup dont nous espérons qu’il va rapidement se relever. Effet, nous avions beaucoup de mal à comprendre pourquoi Monsieur Cheikh Oumar Diagne restait encore dans l’entourage du président de la République, en tant que Directeur des moyens généraux de la présidence de la République (DMGPR). Le JJJ appliqué dans toute sa rigueur aurait dû amener le président de la République à mettre fin aux fonctions de Monsieur Diagne au sein du palais de la République dans les 24 heures qui ont suivi ses déclarations sur les tirailleurs sénégalais et la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), le 21 décembre 2024, sur la chaîne Fafa TV. Nous considérons que ses propos, pleins d’arrogance et très peu empreints de sens politique, sont une offense, un manque de respect au chef de l’Etat. Nous ne les aurions pas nommés ainsi s’ils émanaient d’un opposant politique ou d’un citoyen lambda. Ils ont été tenus par l’un des proches collaborateurs du président de la République. Afin de vous permettre de vous faire une idée de l’extrême gravité de la sortie de Monsieur Diagne, nous vous invitons à écouter vous-mêmes attentivement ses propos dont nous allons vous relater les parties les plus choquantes.
Sur le massacre de Thiaroye.
Le 1er décembre 2024, Monsieur le président de la République, en présence de ses invités dont 5 chefs d’Etat et le corps diplomatique, commémore le massacre des tirailleurs sénégalais, et rend un vibrant hommage à ces derniers. Trois semaines plus tard, le 21 décembre 2024, Monsieur Cheikh Oumar Diagne fait une sortie pour démonter de toute pièce tout le bien que le président de la République pense des héros-victimes du massacre de l’aube du 1er décembre 1944.
Suivons le malheureux duel que Monsieur Diagne a imposé à son patron, le président :
Monsieur le président de la République salue le courage moral du président Français Emmanuel Macron pour avoir assumé que ce qui s’est passé à Thiaroye le 1er décembre 1944 était un massacre et dit : « Je salue l’ouverture des autorités françaises actuelles qui ont accédé à notre requête pour la manifestation de la vérité » ; Monsieur le DMGPR dans un long ddéveloppement sur la diplomatie sénégalaise vis-à-vis de la France, traite cette dernière de pays lâche.
Monsieur le président de la République, parlant des tirailleurs sénégalais, dans un ton empreint d’émotion dit : « …des héros Africains sans défense, armés de courage, de dignité, et de fraternité africaine, ont été froidement abattus… », « Ils méritent tous les honneurs, ils méritent notre respect, ils méritent notre admiration. » ; Monsieur le DMGPR dit qu’il n’aime pas les tirailleurs, qu’il ne les honore pas et qu’ils sont des traîtres, ils ne sont pas des héros. Il rajoute qu’il n’y a aucun pays où on honore des traîtres, et fait même un benchmarking pour son patron, le président de la République, en France, en Algérie et en Italie pour le convaincre et lui donner des exemples de maltraitance infligée à des traîtres comme les tirailleurs sénégalais.
Monsieur le président de la République dit «…il s’agissait d’Africains, en majorité, arrachés à leur terroir contre leur gré pour aller combattre au service de l’empire colonial français d’alors. », « Les tirailleurs sénégalais n’étaient pas des mercenaires, mais bien les défenseurs d’une dignité humaine universelle. » ; Monsieur le DMGPR réplique qu’ils ne sont intéressés que par l’argent et c’est pour cette raison qu’ils ont été humiliés à Thiaroye.
Monsieur le président de la République annonce : « Des rues et des places porteront le nom de cet événement tragique, de ces soldats,.. », « L’histoire de Thiaroye sera enseignée dans les curricula éducatifs » ; Monsieur le DMGPR n’est, une fois de plus, pas d’accord et décrète : « Baptiser des rues au nom des tirailleurs sénégalais revient à enseigner la traîtrise à nos enfants. »
Monsieur le président de la République dit que la cérémonie du 1er décembre 2024 a été organisée « pour nous acquitter d’une dette morale vis-à-vis des tirailleurs et de leurs familles » ; Monsieur le DMGPR dit que ceux qui honorent les tirailleurs ignorent qui ils sont réellement.
Coïncidence troublante entre les déclarations du président de la République dans son discours du 1er décembre 2024 et la façon harmonieuse dont son Directeur des moyens généraux lui a porté la contradiction. L’opposant le plus radical n’aurait pas fait mieux.
Sur la CEDEAO
Monsieur Diagne jette un pavé encore plus gros dans la mare de la diplomatie sénégalaise, en soumettant à une terrible diatribe la CEDEAO dont le Sénégal est membre fondateur depuis un demi-siècle. Soit dit en passant, même la ministre chargée de la diplomatie sénégalaise n’aurait pas dû accepter les violations de son périmètre par le DMGPR.
Les déclarations de Monsieur Diagne sont d’autant plus graves que trois mois après l’accession de Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye au pouvoir, alors qu’il participait pour la première fois à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, la 65ème, l’Institution l’a désigné « comme Facilitateur de la CEDEAO dans les discussions de la Communauté avec l'AES (Burkina Faso, Mali, Niger), en collaboration avec S.E. Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République Togolaise ». Ce sont les termes du communiqué final, une grande fierté pour le Sénégal.
Suivons maintenant le deuxième duel que Monsieur Diagne a imposé à son patron, le PR :
Monsieur le président de la République, lors de ce 65ème sommet de la CEDEAO, a déclaré « Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO. Ce serait le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme » ; Monsieur Diagne développe tout un argumentaire et décrète que les Etats de l’AES ont le droit de sortir de la CEDEAO, et que c’est acté, ils ne reviendront pas.
Monsieur le président de la République, lors de sa première participation au Sommet de la CEDEAO a appelé à « travailler pour débarrasser la CEDEAO des clichés et stéréotypes qui la réduisent à la posture d'une organisation soumise aux influences de puissances extérieures et distante des populations qu'elle a la responsabilité historique de servir, conformément à son acte constitutif. » ; Monsieur Diagne déclare que la CEDEAO est le bras armé de l’Occident pour humilier des peuples africains.
Monsieur le président de la République, toujours au 65ème Sommet, dit « alors que nous sommes à la croisée des chemins, le legs précieux des pionniers nous impose l’obligation de retrouver l’unité de la CEDEAO des peuples et son lustre d’antan » ; Monsieur Diagne s’y oppose en déclarant que la CEDEAO, qu’il traite en passant de syndicat de chefs d’Etat, n’est d’aucune utilité, évoque sa dissolution et dit en conclusion que c’est une organisation sans futur.
Noter aussi que dès son premier discours à la Nation, le 4 avril 2024, Monsieur le président de la République avait annoncé la couleur quant à sa position par rapport à la CEDEAO. Il disait : « Nous veillerons, sans cesse, à maintenir et raffermir les relations de bon voisinage et de solidarité agissante au sein de nos organisations communautaires, notamment la CEDEAO et l’UEMOA. »
Pendant que Monsieur Diagne se dressait contre la CEDEAO et les positions du chef de l’Etat vis-à-vis de l’Institution, lors de son 66ème sommet tenu en décembre 2024, une semaine avant sa sortie, la CEDEAO avait chaleureusement félicité Monsieur Bassirou Diakhar Diomaye Faye pour ses efforts de médiation entre la CEDEAO et les pays de l’AES, lui avait renouvelé sa confiance et avait annoncé qu’il se rendrait prochainement dans les pays de l’AES pour poursuivre le dialogue diplomatique en vue de leur réintégration.
Les deux sorties de Monsieur Cheikh Oumar Diagne sur les tirailleurs d’une part, et la CEDEAO d’autre part, à la suite des positions prises par le président de la République, donc par le Sénégal, s’appellent tout simplement du « yabaate » à l’état pur. Passez-moi le mot français s’il vous plaît.
Rappelons que, comme l’y oblige l’article 37 de la Constitution, le président de la République, le 2 avril 2024, lors de sa prestation de serment avait juré devant Dieu et la Nation sénégalaise de « consacrer toutes ses forces à défendre les institutions constitutionnelles,… ». Dès lors, il n’avait plus le choix. Compte-tenu des graves manquements liés à la sortie sur Fafa TV de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, le président de la République devait, sans délai, démettre ce dernier de ses fonctions au sein de la présidence de la République, au nom de la défense des institutions constitutionnelles - comme le président de la République - à laquelle il s’est engagé. Même si l’article 44 de la Constitution lui confère le droit de nommer aux emplois civils, il est non seulement légalement tenu par son serment, mais aussi moralement par le JJJ.
Par ailleurs, la faute commise par Monsieur Diagne s’inscrit dans une tendance générale au Sénégal à déconsidérer, offenser, calomnier, insulter l’autorité au nom de la liberté d’expression. Le président de la République et les institutions compétentes de l’Etat devraient travailler sur des mécanismes pour une protection spéciale des autorités politiques. Des ministres au président de la République en passant par les députés. Ils sont dans des positions qui ne leur permettent pas de se défendre comme le fait le commun des mortels. En plus, mettre un terme à leur maltraitance serait plus conforme à la tradition africaine, et à la civilisation tout court. En Afrique, une autorité, on ne l’insulte pas, on ne la gifle pas, en temps normal. Les « grands intellectuels complexés » et certains « défenseurs des droits de l’Homme obligés » vont encore se dresser en défenseur de la liberté d’expression. Hélas, en général, ils ne font que répéter ce que dit l’Occidental. Oui à la liberté d’expression, non au libertinage d’expression. Tout citoyen a le droit de s’opposer radicalement et de formuler des critiques les plus véhémentes à l’encontre des autorités à qui les destinées de la cité sont confiées, dans la limite de ce que permet la civilisation. Ceci est une digression importante par rapport à notre propos du jour.
Pendant que Monsieur Cheikh Oumar Diagne ramait à contre-courant des convictions et orientations historiques et diplomatiques du président de la République, Mme Aoua Bocar Ly Tall tenait des propos éthnicistes en s’essayant à une hiérarchisation des ethnies du Sénégal à la tête de laquelle elle place les Haal Pulaar. Rappelons que l’Article 42 de la constitution stipule que « Le président de la République est le gardien de la Constitution. » et que « Il incarne l’unité nationale. ». Par conséquent, il est difficilement concevable que le président de la République nomme une telle personnalité à un poste aussi important dans un organe national de régulation. De l’audiovisuel de surcroît. Qui a mené l’enquête de moralité à propos de Mme Tall ? Comment ses malheureuses déclarations ont pu échapper à la vigilance du président de la République qui a signé et à celle du Premier ministre qui a contre-signé le décret la nommant ? N’a-t-on pas vu qu’elle avait tenu sur les ethnies des propos de peu de moralité, dans une société pluri-ethnique, où la sauvegarde de la cohésion nationale doit être une lutte de tous les jours ? Notez qu’avant elle, Monsieur Cheikh Oumar Diagne avait déclaré qu’il ne portait pas Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du Mouridisme, dans son coeur. Ce qui ne l’a pas empêché d’être nommé au poste de DMGPR. Quelles que soient, par ailleurs, les valeurs et les compétences que l’on pourrait reconnaître à une personnalité, ces types de déclaration la disqualifie d’office pour un poste de responsabilité publique d’envergure nationale. Ils constituent un danger pour la Nation.
Les faits ainsi décrits nous amènent à revisiter la définition et l’application du JJJ. Nous aimerions d’abord en préciser une conception que nous partageons sans doute avec beaucoup de Sénégalais. Ce puissant concept va bien au-delà de « travailler 15 ans aux impôts et domaines sans un seul franc détourné ». Il importe de bien saisir le sens du JJJ intégral qui fonde la décision et l’espoir de beaucoup parmi les 54.28% d’électeurs qui ont voté le 24 mars 2024 pour le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. A notre sens, le JJJ intégral s’appuie essentiellement sur 5 piliers :
La préservation des deniers publics au sens large. Le niveau le plus élémentaire étant le fait de ne pas en détourner, il s’agit surtout de prendre les meilleures décisions pour le bien du pays, en s’appuyant sur une bonne intelligence économique.
Le souverainisme et la fin du complexe vis-à-vis de l’autre qui plombe nos capacités d’initiative comme disait Aimé Césaire. C’est la mort du « mental slavery » comme l’appellait Bob Marley.
L’application de la justice dans toute sa rigueur. Pour cela, la base philosophique devrait être l’article 1 de la Charte du Mandé, déclaration des droits de l’Homme du Royaume du Mali de 1236 : « Une vie est une vie ; une vie n'est pas plus ancienne ni plus respectable qu'une autre vie, de même qu'une autre vie n'est pas supérieure à une autre vie. »
La transparence et la reddition des comptes. Les nouvelles autorités sénégalaises ne devraient pas se laisser brider par le complexe de l’« élégance républicaine » qu’on leur chante tous les jours. Pas d’élégance à l’égard des non-élégants avec le peuple ! L’exemple doit être donné pour inspirer les acteurs politiques actuels et futurs.
La rigueur dans le choix des principaux acteurs du JJJ, et la force mentale et l’humilité de s’amender lorsqu’on fait fausse route. Il s’agit notamment de mûrir les décisions à prendre, d’accepter de changer d’orientation politique lorsque celle en cours nous mène vers le mur, mais aussi de se séparer de collaborateurs pour incompétence ou manquements. Ceci est un impératif, quelle que soit la relation ou l’affection qui pourrait lier l’autorité au collaborateur en question.
Pour les 4 premiers piliers, les signaux envoyés depuis l’installation du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la tête du pays nous fondent à être optimiste. Par contre, la nomination de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, sa réaction tardive face à l’attitude de ce dernier à son égard, et la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall administrent une inquiétante écornure au 5ème.
Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye,nous comprendrions parfaitement que vous ayez humainement la largesse d’être indulgent par rapport à certains actes répréhensibles posés par vos proches, mais le président de la République du Sénégal que vous incarnez a le devoir constitutionnel de préserver le respect dû à l’Institution qui transcende les locataires temporaires du palais de la République ; et de veiller à l’unité de la Nation sénégalaise. Permettez-moi, Monsieur le président de la République, de ramener un rappel que j’avais fait à Monsieur Macky Sall, dans un article intitulé « Trop, c’est trop Macky », publié le 9 février 2024 dans SenePlus : « Nous vivons dans une société organisée qui, à tour de rôle, confie la coordination de ses activités à un de ses membres, appelé président de la République. » Ce dernier a donc, entre autres, la lourde responsabilité de protéger l’Institution à lui confiée par le peuple, afin que ses successeurs n’aient pas à pâtir du peu de considération que le citoyen pourrait en avoir ; et de choisir les meilleurs parmi nous, du point de vue technique et moral, pour construire le Sénégal.
Monsieur Ousmane Sonko, président du Pastef, dans sa déclaration du 5 janvier 2025 visant, à juste titre, à rassurer les militants et sympathisants du parti et défendre le président de la République, a donné l’impression de minimiser les faits qui ont soulevé un tollé dans les rangs de ses souteneurs ces derniers jours. Mais permettez-nous de souligner que, au-delà des affaires Cheikh Oumar Diagne et Aoua Bocar Ly Tall, notre inquiétude se situe surtout dans ce qu’elles laissent augurer. La perspective de voir le JJJ souffrir des difficultés que nos nouvelles autorités auraient à choisir les profils adéquats aux différents postes, et à relever leurs collaborateurs lorsque cela s’impose. Ces types d’exercice sont inhérents à la marche de toute organisation qui se veut juste et efficace. Pire, toute entreprise incapable de sélectionner convenablement et de sanctionner positivement et négativement ses acteurs est vouée à l’échec. Que Dieu nous garde de l’échec du régime du Jub, Jubal, Jubbanti ! L’espérance est énorme mais nous restons vigilants. Et, nous nous réjouissons du dialogue qui s’installe entre l’opinion et les nouvelles autorités politiques. A ma connaissance, le Sénégal n’a jamais eu une opinion publique aussi regardante par rapport à la gestion de l’Etat et de ses démembrements. Et il est heureux de voir les autorités leur apporter la réplique en termes d’explications et de clarifications. Monsieur le Premier ministre, ce phénomène est à encourager, il révèle une maturité démocratique qui ne pourrait être que bénéfique pour notre pays. Rassurez-vous, l’opinion publique sénégalaise a une profonde conscience politique et fait bien le discernement entre erreur, faute et turpitude. C’est d’ailleurs, cette faculté qui a amené ce vaillant peuple à vous porter au pouvoir malgré la campagne de diabolisation sans nom que vous et le Pastef avaient subie pendant trois longues années.
Que vive la révolution du Jub, Jubal, Jubbanti intégral ! Elle est une voie qui peut certes avoir un coût important en capital social et politique mais il faut se préparer à assumer les pertes qui y sont inhérentes, car elle est le seul chemin qui mène vers le bout du tunnel, la prospérité de notre cher Sénégal.
Abdou Sène est Professeur titulaire de classe exceptionnelle en mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
LE CHÔMAGE EN HAUSSE À 20,3 % AU TROISIÈME TRIMESTRE
Cette tendance à la hausse s’accompagne d’une baisse de la participation au marché du travail et d’inégalités persistantes, notamment chez les jeunes, les femmes et en milieu rural.
Les derniers chiffres publiés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) peignent un tableau sombre du marché de l’emploi sénégalais.
En effet, le taux de chômage a continué de grimper au troisième trimestre 2024, atteignant 20,3%, soit une hausse de 0,8 point par rapport à la même période l’année précédente.
Cette nouvelle augmentation du chômage s’inscrit dans une tendance à la hausse observée depuis le début de l’année.
Au premier trimestre, le taux de chômage avait déjà atteint 23,2%, puis 21,6% au deuxième trimestre. Bien que légèrement inférieur aux pics historiques de 2020, ce niveau reste préoccupant.
Parallèlement à cette hausse du chômage, on observe une baisse de la participation au marché du travail.
En effet, 58,3% des Sénégalais en âge de travailler sont actuellement à la recherche d’un emploi, soit 3,1 points de pourcentage de moins qu’en 2023. Cette baisse pourrait s’expliquer par un certain découragement face aux difficultés à trouver un emploi.
Les données de l’ANSD mettent également en évidence des inégalités marquées sur le marché du travail.
Le taux de chômage est plus élevé chez les jeunes et les femmes.
Par ailleurs, les disparités entre les zones rurales et urbaines persistent, avec un taux de chômage plus élevé en milieu rural.