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26 avril 2025
Société
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REBÂTIR DU CONCRET À PARTIR DE LA CRISE
Ousmane Blondin Diop appelle les décideurs à un changement profond dans l'implémentation des politiques publiques. "Au-delà du rapport pouvoir-opposition, les gens veulent quelque chose de plus structurant", estime l'éditorialiste de SenePlus sur la RTS
Ousmane Blondin Diop fait la lecture des événements meurtriers de mars dernier sur la RTS. Selon lui, la crise politique actuelle a du bon parce qu'il met en exergue un ensemble de fraustrations longtemps contenues par les populations.
L'éditorialiste de SenePlus appelle les décideurs à un changement profond dans l'implémentation des politiques publiques. "Au-delà du rapport pouvoir opposition, les gens veulent quelque chose de plus structurant", estime-t-il.
texte collectif
APPEL POUR LA RÉPUBLIQUE
Le Sénégal prend les chemins de la faillite. Le regret serait profond demain, si nous laissions les choses suivre leur cours actuel. Il est temps que la nation assure l’épanouissement de ses filles et de ses fils
Le Sénégal achève soixante et une années d’indépendance. Nous sommes un jeune pays à l’échelle de l’histoire, mais aussi par la courbe démographique. La jeunesse sénégalaise est, à la fois, forte d’un potentiel immense et fragile, car exposée aux convulsions liées à l’évolution démocratique et aux mutations sociales. Elle a encore payé le prix fort lors des récents évènements qui ont secoué notre pays.
Douze de nos jeunes compatriotes ont trouvé la mort. C’est une tragédie de plus, qui appelle à un sursaut républicain. Durant cette crise, des vies humaines ont été arrachées ; des arrestations arbitraires ont été notées ; pour avoir condamné la misogynie et la culture du viol, des femmes ont été insultées et menacées de mort ; des menaces ont été formulées vis-à-vis de magistrats ; le domicile d'un avocat a été incendié ; des groupes de presse ont été attaqués ; des listes de “traîtres” ont été dressées ; la parole d’une présumée victime de viol a été niée sans aucune forme de procès. Des autorités ont traité les jeunes manifestants de terroristes instrumentalisés par de supposées forces occultes. Ces actes fragilisent l’unité nationale et désacralisent la République. S’il faut dénoncer l'instrumentalisation de la justice face à l’adversité politique, et les bavures récurrentes et inacceptables des forces de l’ordre, il est tout aussi important d’éviter de jeter le discrédit sur les institutions qui, même imparfaites et perfectibles, sont l’ultime rempart de la République.
La politique au Sénégal ne peut plus être ce champ de bataille, qui emporte, dans un éternel recommencement, des victimes innocentes. Que de querelles, de confrontations stériles, de lueurs évaporées, d’espoirs vaincus ! La roue tourne, et à chaque fois qu’on la croit vertueuse, elle nous déçoit. Les cris qui ont gonflé dans les poitrines, depuis 1960, semblent se dissiper dans le brouillard des rêves anéantis. Les deux alternances politiques de 2000 et de 2012 n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Au lieu de mener à plus de respirations, ces victoires politiques ont, sous plusieurs aspects, été synonymes de fragilisation de certains de nos acquis démocratiques arrachés de haute lutte.
Par ailleurs, plusieurs maux graves affectent l’espace public. En effet, la pluralité des idées n'est plus assurée et les esprits sont braqués dans des schémas binaires qui appauvrissent la démocratie et menacent la liberté d’expression, garantie pourtant par notre charte fondamentale. Les positions manichéennes ont mené à des purges et des insultes sur les réseaux sociaux, qui ont quelquefois pris l’allure de tribunaux populaires ou d’arènes réglées par la seule violence. L'agitation, de plus en plus fréquente, de la question ethnique et confessionnelle dans les débats politiques fragilise ce qui a fait la force de notre nation : la tolérance. Il nous faut retrouver “l’intransigeance exténuante de la mesure”. L’espace politique doit demeurer le lieu de sublimation de nos contradictions naturelles dans une démocratie et non se transformer, par le zèle ou le populisme partisan, en combats de rue où de jeunes Sénégalais sont tués.
Le Sénégal prend les chemins de la faillite. Notre pays est en proie à de multiples crises et défis qui projettent leur spectre sur notre société. Or, nous vivons dans une région en proie à l’instabilité, où des pays voisins sont déjà installés dans des spirales de violences ethniques et religieuses. Au Sénégal, nous pouvons, dès demain, assister à un basculement qui verrait les sacrifices consentis par tant de générations partir en fumée. La situation politique, hautement inflammable, doit nous appeler à une profonde introspection. Lorsque les murs des institutions sont fissurés, lorsque la régression de la démocratie et de l'État de droit s’accélère à une vitesse vertigineuse, il y a urgence à dénoncer le déclin. Lorsque le savoir, la culture et toutes les bienséances républicaines et sociales s’effondrent, tout républicain et patriote véritable doit prendre ses responsabilités. Parce que l’histoire jugera.
Toutes les consciences éprises de dialogue, de justice et de liberté sont interpellées. Le regret serait profond, demain, si nous laissions les choses suivre leur cours actuel. Les évènements récents ne peuvent pas et ne doivent pas être passés par pertes et profits. Ils nous appellent à la réflexion et à l’action. Notre pacte républicain doit être protégé et renforcé, et il reste à faire aboutir, définitivement, la transformation démocratique au Sénégal. Le cap que suit notre pays n'est pas le bon, il faut ajuster la boussole. Tous les citoyens qui ont à cœur de préserver notre harmonie sociale et nos libertés, qu’ils soient politiques, artistes, intellectuels, membres de la société civile sont invités à se joindre à cette lutte.
Il s’agit de fabriquer véritablement un lien politique, où tous les citoyens sont d’égale dignité et égaux devant la loi, où les intérêts de la nation sont préservés, où la liberté est sacralisée, où toutes les compétences sont valorisées, où la politique n’est plus une entreprise de rente, où les droits des femmes sont respectés et promus, où les gains égoïstes d’une seule minorité ne prévalent pas sur les intérêts de la nation, où les meurtres de jeunes Sénégalais sont élucidés par des enquêtes, où les forces rétrogrades sont démasquées et combattues. C’est la vie de notre peuple, dans tous ses aspects, qui doit être améliorée. Il est temps que la nation assure l’épanouissement moral, intellectuel et spirituel de ses filles et de ses fils.
Ce que nous proposons est une révolution des mentalités qui oriente à nouveau nos concitoyens vers les valeurs humanistes de jom, de fulla, de fayda, de ngor, de kersa, issues de notre imaginaire national. C’est le renforcement de la coopération et de la fraternité entre tous les membres de la communauté nationale. C’est de nourrir ce pays d’une culture qui enrichit, d’une économie qui profite à tous, d'une école qui élève l’esprit et favorise la mobilité sociale. Ce que nous proposons, c’est une nation de dialogue, de paix, et de libertés où la prospérité est partagée. C’est de mettre un terme à l'arriération socio-économique. C’est de faire participer notre pays à l'Odyssée des nations qui assurent le bien-être à leurs populations. Nous aspirons à ce que la République soit définitivement debout au Sénégal. C’est pour cette cause, plusieurs fois exprimée par la jeunesse sénégalaise, que des martyrs sont encore tombés. Soyons les vigies résolues de ces idéaux. Dans ce travail, aucun esprit humaniste, aucun cœur bienveillant ne sera de trop. Ce combat est aussi celui de l’espérance et de la solidarité, et il vaut tous les sacrifices.
Nous, signataires, sommes issus de traditions politiques et intellectuelles différentes. Nous avons voté, aux derniers scrutins, pour des listes et candidats différents, mais nous avons en partage la République, notre bien commun le plus précieux. Nous sommes persuadés que le moment est à l’action, pour reconstruire un sens commun, en opposition à la médiocrité et à la polarisation des opinions. Pour le salut de la nation, pour l’honneur et pour l’histoire, nous lançons un appel aux républicains de toutes les rives pour, au-delà de nos allégeances personnelles, constituer un rempart et préserver la République contre toutes les passions dangereuses, et contre tous les absolutismes, pour la justice, la paix, la démocratie et le progrès social et humain.
Paap Seen
Aida Niang
Youssou Owens Ndiaye
Aminata Libain Mbengue
Mohamed Mbougar Sarr
Fary Ndao
Charles Ba
Racine Assane Demba
Hady Ba
Hamidou Anne
par Charles Faye
CISS EST NADA
Le meilleur moyen de tomber malade et de se gaver d’hydroxyde d’aluminium et hydroxyde de magnésium, est de rester planté devant un match des Lions. Est-ce si compliqué que cela de dégager un concept, un projet de jeu ?
https://maderpost.com/ciss-est-nada/ |
Charles Faye |
Publication 02/04/2021
Je pensais connaître suffisamment le foot pour en parler en diagonale et profondeur, mais c’était sans compter avec l’équation Cissé. Je ne sais pas où est-ce que Coach Aliou va chercher ses fonctions, mais il est évident que l’application littérale de ses théorèmes, se factorise en système hybride, dans lequel les algorithmes se mélangent les godasses, en succession de suites de règles informelles.
Il n’y a pas de doute, le meilleur moyen de tomber malade et de se gaver d’hydroxyde d’aluminium et hydroxyde de magnésium, est de rester planté devant un match des Lions.
Pour qui veut se faire des ulcères, ou arriver à en perdre la voix, les cheveux, il n’y a pas mieux que cette auto-flagellation.
Si cela ressemblait au moins, au catenaccio du rugueux Helenio Herrera, idole d’une Italie conquise par le verrou suisse, ou encore au kick and rush anglais, on aurait certainement eu à redire, mais pas autant, ou sans trop perdre temps.
Le football étant par essence la marque déposée d’une culture, l’identité aurait donné l’authentification. Et, on en aurait été averti.
Tel pour le foot Samba brésilien, par exemple, qui soit dit en passant, rétro-passe dans le blues, tout comme le Tiki Taka du dieu hollandais, Johan Cruyff, et du soleil Barcelone, en quête d’un nouveau prophète, son Messi étant en fin de prophétie.
Mais nous en sommes loin ! C’est à croire que nous sommes dans le marigot politique, avec des acteurs étrangers aux affaires politiques.
Mais est-ce si compliqué que cela, que de dégager un concept, une stratégie, un plan, un projet de jeu, dont les termes sont à chercher dans les manuels de guerre.
Mais oui ! Le foot se joue sur un terrain, avec des actions défensives et offensives, à plat ou placées, sur les flancs, en profondeur. En largeur, à coups de débordements, de tirs, de missiles, de replis, contre-attaques, de bataille du milieu, de renversements.
Ou encore de mouvements et de ruptures, de combinaison et de dédoublements, de coulissage et de tiroirs.
Bref, un jeu de tiers que le général Tzun Ze définit dans l’art de la guerre.
J’en vois qui taclent : mais de quoi parle le bon vieux Charles, ou dégagent en touche, cartonnant qu’il est heureux que le carême prenne fin et que reste saine mon intégrité.
Mais comment le serais-je, quand c’est à jeun que je regarde la misère de notre foot.
Les statistiques sont favorables aux Lions se défendront d’autres, ceux-là certainement qui, des six mètres, préfèrent être les plus grands chez les plus petits.
Mais ce n’est pas de ça que nous rêvons.
Il y a deux ans, les jeunes avaient pris d’assaut les rues dakaroises, pour célébrer la défaite des Lions en finale de la CAN contre l’Algérie, l’avertissement avait été sans frais, avant que ne déferle la folie furieuse.
Ils feront quoi cette fois, quand nous sortirons plus tôt que prévu du rendez-vous camerounais ?
Encore qu’il est peut-être plus sage de s’interdire de rêver … même si ce n’est pas le talent qui manque. Quel revers !
Jummah Mubarak et bonne fin de semaine sainte à la communauté catholique.
LA NOUVELLE DÉMARCHE DE PASTEF EN QUESTION
Dans sa nouvelle quête effrénée de voix, Ousmane Sonko semble accorder très peu d’intérêt à la qualité de ses conquêtes : insulteurs publics, repris de justice, hommes du système, tout le monde semble être le bienvenu dans la galaxie patriote
Dopé par les derniers évènements, Ousmane Sonko continue les parades politiques dans la rue publique ainsi qu’auprès de certaines personnalités. Dans cette quête effrénée de voix, le président du Pastef/Les patriotes semble accorder très peu d’intérêt à la qualité de ses conquêtes : insulteurs publics, repris de justice, hommes du système, tout le monde semble être le bienvenu dans la galaxie patriote.
Ousmane Sonko dans toutes les sauces ! Il ne rate presque plus aucune occasion de se mettre sous le feu des projecteurs, depuis les évènements de la semaine du 3 au 8 mars derniers. Pour certains, le pourfendeur du système fait un virage à 180 degrés dans son discours politique radical. Mais selon des spécialistes de la politique, le président du Pastef/Les patriotes fait juste preuve de pragmatisme et de réalisme. C’est le point de vue de l’enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw.
A la question de savoir s’il s’agit d’un reniement ou de l’opportunisme, voici sa réponse : ‘’Je ne pense pas que cela puisse être considéré comme un reniement de son discours. On est quand même dans le registre politique. Et dans ce registre, il y a le discours, mais il y a aussi la réalité. On ne peut pas être prisonnier d’un discours et renoncer à développer des stratégies de rassemblement.’’
A l’en croire, il faut juste remettre le discours dans son contexte, c’est-à-dire la volonté du leader politique de se situer idéologiquement et sociologiquement par rapport à la majorité et à un mode de gouvernance ambiante depuis les indépendances. ‘’C’est ce qui justifie ce discours de rupture, à mon avis, ce discours antisystème. A travers ce discours, Ousmane Sonko entend, je pense, lutter contre certaines pratiques comme le clientélisme, le néocolonialisme, la mal gouvernance… Sur ce plan, je pense qu’on ne saurait parler, en tout cas pas pour le moment, de reniement. Il fait surtout preuve de pragmatisme, à mon avis’’.
Un politicien comme les autres ?
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une certaine opinion se demande si cette volonté de tendre la main à tout le monde ne va pas, demain, mener à des pratiques du genre : ‘’Gagner ensemble, gouverner ensemble.’’
Pour Moussa Diaw, il n’y a encore aucun motif de le croire. ‘’Ce n’est pas parce qu’il les côtoie qu’il va gouverner avec ceux qui sont considérés comme des membres du système. Mais comme je l’ai dit, en politique, il faut éviter de s’emprisonner dans le discours. S’il raisonne comme ça, il ne parviendra jamais à son objectif. Il faut des stratégies de mobilisation pour atteindre les objectifs politiques qu’il s’est assignés. Cela dit, s’il accède au pouvoir et veut mettre en œuvre ses politiques de rupture, il fera des tris. Il ne peut pas travailler avec tout le monde, de toute façon.’’
Pour le coach en art oratoire Jupiter Faye, ce qui est sûr est que jusque-là, la stratégie réussit bien au patriote en chef. A l’instar de l’universitaire, il estime que l’opposant fait surtout preuve de réalisme. ‘’C’est valable, souligne-t-il, pour tous les hommes politiques dans tous les pays du monde. C’est dans l’exercice du pouvoir qu’on peut apprécier si les engagements étaient sincères ou non ; s’il y a reniement ou non. Au moment de la conquête, il faut faire preuve de pragmatisme. Ce serait suicidaire de s’enfermer dans le discours radical, surtout dans le contexte sénégalais, avec la réalité religieuse et sociologique. Cette réalité, on ne peut l’ignorer, si on veut accéder au pouvoir. Et Ousmane semble le comprendre’’.
Selon le communicant, cette démarche nouvelle s’inscrit dans le cours normal des choses, dans la mesure où il y a eu une forte adhésion populaire à la cause du leader politique. ‘’C’est une occasion, dit-il, non seulement de remercier ses soutiens, mais aussi de massifier son camp. Pour moi, c’est tout à fait légitime et peut lui être bénéfique’’.
La gestion de l’agenda
En fait, depuis sa libération provisoire le 8 mars, dans le cadre de l’affaire de viols l’opposant à Adji Sarr, le président du Pastef/Les patriotes multiplie les visites. Tantôt, c’est pour remercier des soutiens, tantôt pour présenter des condoléances ou pour rendre visite à des blessés, ou tout simplement pour paraitre devant les médias. Sociaux et ou classiques. Certaines visites dont celle effectuée auprès du guide religieux Ahmeth Khalifa Niasse ont d’ailleurs beaucoup marqué les esprits, en raison d’une hostilité antérieure entre les deux personnalités.
Pour certains, la question qui se pose est de savoir si ces sorties ne risquent pas de lasser le public, à la longue. Pour Jupiter Faye, on ne saurait le dire à ce stade. ‘’Moi, je pense qu’il gère bien jusque-là sa communication. Maintenant, il faut savoir que la communication est très sensible. A force de multiplier les sorties, les gens peuvent se lasser du discours. Surtout quand c’est long et porte sur les mêmes thématiques. Mais il faut reconnaitre que Sonko réussit jusque-là à parler convenablement et à toucher les masses. Il faut juste veiller à ne pas commettre certaines erreurs’’.
Mais en communication politique, semble avertir Moussa Diaw, la gestion de l’agenda est très importante. ‘’Il faut savoir, analyse-t-il, que le temps politique est très court. Il faut donc s’y adapter ; être rationnel dans l’organisation de ce temps, tout comme dans les méthodes et stratégies à mettre en œuvre’’.
Le politologue de renchérir : ‘’A un moment, il faudra bien une pause pour éviter de lasser le public. Il faut s’inscrire dans une logique consistant à rationaliser les actes, les stratégies et les entreprises. Je pense qu’actuellement, il a un soutien spontané de ceux qui souffrent de la gouvernance politique actuelle. Mais il faut savoir gérer le temps.’’
Cela dit, en tant qu’homme politique, Sonko a tout intérêt à se déployer pour rallier le plus de personnes à sa cause. ‘’C’est dans ce cadre que s’inscrivent ces rencontres avec des leaders de l’opposition et de la société civile. C’est pour bâtir une coalition forte dans l’optique de pouvoir faire face à la majorité. C’est ainsi qu’il faut le comprendre. Je pense qu’ils ont compris que le contexte leur est favorable et ils veulent capitaliser les gains au sortir de ce bras de fer avec le pouvoir. D’autant plus que ce dernier ne semble pas sur la bonne voie pour apporter les réponses idoines aux aspirations de la population, particulièrement de la jeunesse’’, déclare Moussa Diaw.
Une question d’image et de discours
Jusque dans les rangs des sympathisants du président du Pastef, certains s’interrogent sur l’avenir des relations entre l’opposant radical et certains intervenants dans l’espace public, aux réputations sulfureuses. Parmi eux, il est notamment cité Clédor Sène qui traine encore comme un boulet sa peine de prison dans l’affaire Maitre Babacar Sèye. Mais pour Jupiter, il n’y a rien de trouble dans ces alliances de circonstance. Le spécialiste répond à la question de savoir s’il n’y a pas un hiatus avec les vertus toujours érigées en bandoulière. ‘’Il n’y a pas de remise en cause de l’éthique. En ce qui concerne les insulteurs, ce sont des gens qui partagent avec lui leur hostilité au pouvoir, même si les méthodes de se battre ne sont pas les mêmes. Je dois dire que c’est souvent les gens du pouvoir qui les considèrent comme des insulteurs. Pour les sympathisants de l’opposition, ils sont vus comme des influenceurs, quelles que soient leurs méthodes’’.
Quant à Clédor Sène, le spécialiste plaide son droit à une réinsertion sociale. ‘’Pour moi, il a réglé ses comptes avec la société. Je ne vois donc pas pourquoi Sonko devrait cracher sur son soutien. Pour moi, cela ne contraste pas avec l’éthique qu’il a toujours prônée’’.
Pour sa part, Moussa Diaw invite à relativiser et à éviter les amalgames : ‘’Je pense que c’est juste des étiquettes. Pour d’autres, ce sont des gens peut-être un peu extrêmes dans leur positionnement par rapport au régime en place. C’est leur stratégie. Dans la majorité aussi, on trouve des insulteurs. Et il y en a même pire, en l’occurrence ceux qui tiennent des discours clivant contre la République.’’ Aussi, peste-t-il : ‘’Il faut relativiser les discours, relativiser les étiquettes qu’on colle à certains. Est-ce leur vraie nature ou est-ce la résultante de certaines injustices dont ils ont fait l’objet ? Ce sont des questions qu’il faut se poser.’’
AMADOU MAHTAR MBOW, UNE VIE, DES COMBATS
Dans cette biographie, pour la collection Figures, Hamidou Anne, jeune auteur de talent, dresse le portrait d’un « patriarche » engagé pour la construction de la nation sénégalaise et pour l’achèvement du projet panafricaniste
« La vie d'Amadou Mahtar Mbow est un roman, un essai politique, une poésie de l'humain et un traité de vie. ». Cette vie, qui se confond avec la trajectoire de notre pays, fascine, tant l’homme a assumé divers rôles et positions à travers lesquels il n’a cessé de prôner l’humanisme et l’émancipation sociale.
Enseignant, soldat, militant politique, diplomate et icône nationale, Amadou Mahtar Mbow est une personnalité majeure de l’histoire contemporaine du Sénégal, et plus largement de l’Afrique, continent auquel il a dévoué sa vie et ses combats.
Dans cette biographie, pour la collection Figures, Hamidou Anne, jeune auteur de talent, dresse le portrait d’un « patriarche » engagé pour la construction de la nation sénégalaise et pour l’achèvement du projet panafricaniste, à travers l'éducation, la souveraineté, la justice et l’amitié entre les peuples.
Hamidou Anne est né en 1983 au Sénégal. Ancien élève de l’ENA, il vit et travaille à Dakar. Co-auteur de l’ouvrage collectif Politisez-vous ! (United Press, 2017), il a aussi publié Panser l’Afrique qui vient ! (Présence Africaine, 2018).
« Vives Voix a choisi d’interroger le patrimoine immatériel de nos territoires africains par la mise en exergue de ces personnalités marquantes qui ont mêlé de façon inextricable leur histoire à celle du continent. Ces noms, que la collection « Figures » honore, évoquent tous quelque chose aux enfants d’une certaine génération. Ils résonnent en nous avec fierté, souvent sans connaître les raisons véritables, les positions prises et assumées qui ont dessiné les contours du monde dans lequel nous vivons. Cette collection interroge ces vies qui traversent des époques et des lieux, met une lumière différente sur ces personnes-marqueurs qui ont ancré leurs actions dans un monde afin de toujours le rendre meilleur. Que ces Figures nous inspirent !
Prix : 10 000 FCFA, en vente à Dakar
Les Editions Vives Voix : Basée à Dakar, Vives Voix a précédemment publié les Beaux-Livres Dakar Emoi , Dakar l’Ineffable raconté par Oumar Ndao, Musique Sénégalaise, Simb , entre autres
Dans la collection « Figures », vient de paraître la biographie Germaine Acogny, Danser l’humanité de Laure Malécot.
« Plus de 459 millions de doses administrés ; ces vaccins peuvent entrainer des effets secondaires qui pour la plupart sont temporaires et ne requièrent pas une assistance médicale », selon Jean-Marie Vianny Yaméogo, représentant de l'OMS en Côte d'Ivoire
“Aucun cas de décès” lié aux vaccins contre le covid 19 n’a été encore signalé à ce jour, rassure le représentant-résident de l’Organisation mondial de la santé (OMS) en Côte d’Ivoire, Jean-Marie Vianny Yaméogo, précisant que ces vaccins peuvent dans certains cas favoriser des « effets secondaires mineurs ».
« Plus de 459 millions de doses administrés et aucun cas de décès imputable au vaccin COVID n’a été constaté ; ces vaccins peuvent entrainer des effets secondaires qui pour la plupart sont mineurs, temporaires et ne requièrent pas une assistance médicale », a déclaré M. Yaméogo qui intervenait, lundi 29 mars 2021 depuis Abidjan, en qualité de conférencier d’honneur, lors d’une table ronde virtuelle regroupant une centaine de journalistes d’Afrique francophone.
Selon ce haut cadre de l’OMS qui a répondu à plusieurs préoccupations des participants sur le vaccin, les différents types de vaccins contre la COVID-19 sont « sûrs et efficaces ».
« Se faire vacciner, protège contre les formes graves et mortelles de la COVID-19 et reste la meilleure manière de se protéger et d’éviter les décès dus à cette infection », a-t-il exhorté.
Revenant sur le vaccin AstraZeneca, qui suscite des polémiques à travers le monde quant à d’éventuels effets secondaires graves, Jean-Marie Vianny Yaméogo indique qu’il s’agit d’un vaccin « vecteur viral non réplicatif ».
« Il ne contient pas le virus lui-même et ne peut pas provoquer la Covid-19 », clarifie-t-il, encourageant les journalistes africains à être des « avocats » du vaccin à travers leurs productions, en faisant barrage aux fausses informations qui circulent sur ce sujet.
Un panel de quatre journalistes africains spécialisés en santé, Kossi Balao du Togo, Line Renée Batongue du Cameroun, Harouna Drabo du Burkina Faso et N’déye Coura Seck du Sénégal, a permis d’instruire les participants de s’instruire sur les techniques et méthodes d’une bonne couverture de l’actualité sur le vaccin anti-Covid 19.
Ce webinaire qui s’est tenu sur le thème « Médias et Covid 19 : la vaccination en questions », est une initiative du Centre Africain de Contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique, entité technique de l’Union Africaine), Global Health Advocacy Incubator et Resolve to Save Lives, deux entités soutenant les Organisations de la société civile qui défendent les causes de Santé publique réduisant la maladie et la mortalité.
LE PEUPLE N'A PAS CONFIANCE EN VOUS
Le président du groupe parlementaire du Pds, le député Cheikh Barra Dolly n’a pas été tendre avec le ministre de l’intérieur lors du passage de ce dernier à l’assemblée nationale ce matin
Le président du groupe parlementaire du Pds, le député Cheikh Barra Dolly n’a pas été tendre avec le ministre de l’intérieur lors du passage de ce dernier à l’assemblée nationale ce matin. «Nous n’avons pas confiance en vous. Vous avez toujours été le bras armé du pouvoir, habile pour écarter des adversaires politiques. Aujourd’hui, il est également, certain, que vous préparez une magouille pour retarder la chute de ce régime qui a atteint ses limites», a accusé le député.
C’était lors de l’examen du projet de loi portant report des élections locales et prorogation du mandat des conseillers municipaux.
Selon le président du groupe parlementaire du Pds , ce projet de loi prouve à suffisance, que le régime en place a atteint ses limites et tente de mettre en place une stratégie qui va retarder sa chute.
«Vous êtes incapable de gouverner ce pays et vous venez de le confirmer car, vous n’êtes même pas capable d’organiser des élections. Ce projet de report est également la preuve que le président de la République et son régime ne se sont jamais préoccupé du respect du calendrier Républicain. Maintenant le report des élections est la seule stratégie que vous avez trouvée pour retarder votre chute», a-t-il déclaré.
Le député qui a évoqué l’Article 74 du règlement intérieur de l’assemblée nationale pour soulever une question préalable a exigé «l’organisation des élections des élections locales en 2021, des législatives en 2022, et l’organisation de la prochaine élection présidentielle en 2024».
Serigne Cheikh Mbacké a par ailleurs jeté des piques dans le jardins du ministre de l’intérieur qu’il considère comme le bras armé de l’Etat chargé d’exécuter la magouille orchestrée autour des élections.
«Le peuple n’a pas confiance en vous. Les dernières manifestations peuvent constituer un baromètre pour mesure leur mépris. Le peuple a également montré qu’il est le seul détenteur du pouvoir. Et ce même peuple demande à Macky Sall d’organiser les présidentielles et se tenir à l’écart car il est clairement disqualifié par la constitution.», a-t-il lancé à Antoine Felix Diome.
LES ARGUMENTS DE FÉLIX DIOME POUR LE REPORT DES LOCALES
Antoine Félix Diome a fait face aux membres de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le 31 mars 2021, pour justifier le report des élections locales
Antoine Félix Diome a fait face aux membres de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le 31 mars 2021, pour justifier le report des élections locales. Initialement fixées, au plus tard le 28 mars 2021, par la loi n°2019-16 du 29 novembre 2019, ces élections ne pourront techniquement se tenir à date échue. Et pour cause, a expliqué le ministre de l’Intérieur aux députés, la crise sanitaire qui a occasionné plus de 6 mois des travaux du dialogue national qui devait fixer la date exacte de l’organisation de ces élections. Cette suspension, selon toujours le ministre, a pris en compte les discussions sur l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral, une exigence de l’opposition.
Toutefois, renseigne Antoine Félix Diome, le projet de loi n°05 /2021 portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux, s’il est adopté, ce vendredi, devrait fixer la tenue de ces élections au plus tard le 27 février 2022.
AFRICTIVISTES LANCE LE PROGRAMME LOG DANS 4 PAYS
Dans le cadre de l’intégration du numérique dans la gouvernance au niveau local, la Ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes) a lancé le programme Local open govlab (Log).
Dans le cadre de l’intégration du numérique dans la gouvernance au niveau local, la Ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes) a lancé le programme Local open govlab (Log). Le Sénégal, la République de Guinée, la Guinée Bissau et le Niger sont les pays ciblés pour cette première phase du projet.
C’est une opportunité pour les collectivités locales du Sénégal, de la Guinée, Guinée Bissau et du Niger. AfricTivistes vient de lancer un projet qui vise à appuyer, outiller, former et accompagner les administrations locales à intégrer le numérique pour une politique de transparence budgétaire, une politique de gouvernance ouverte et d’administration inclusive, l’accès à l’information, et la co-création avec des dynamiques citoyennes. Il va déployer le Local open govlab (Log) dans le cadre de sa programmation stratégique 2021-2022.
Ainsi, les collectivités locales qui souhaitent bénéficier des avantages sont appelées à déposer leur candidature. Au finish, ce sont huit collectivités locales qui seront retenues en raison de 2 par pays, suivant des critères d’éligibilité. En effet, un Volontaire AfricTivistes pour la gouvernance locale ouverte (Vagoa) sera affecté à chaque collectivité sélectionnée. Il va se charger d’accompagner la collectivité dans un domaine spécifique, en tenant compte de ses besoins prioritaires.
Dans un communiqué, les initiateurs du projet informent qu’il se fera en collaboration avec l’Administration locale pour l’atteinte des objectifs fixés. Il apprend aussi que c’est après un choix, suite à un appel à candidatures, que le Vagoa va être envoyé en mission dans un des pays cibles du projet pour 6 mois. «Pour les Vagoa, le Log permet de mettre en valeur leurs compétences au profit des collectivités locales. Leur contribution à des actions collaboratives et citoyennes va aider à impulser une dynamique nouvelle dans la gestion des affaires de la cité, favoriser l’accès à l’information publique et la dématérialisation des procédures administratives», expliquent les AfricTivistes.
Le président Cheikh Fall soutient que l’objectif principal du programme Log est de contribuer à la création de collectivités modèles en matière de gouvernance locale ouverte, en commençant par quatre (4) pays en Afrique de l’Ouest. Le projet aussi vise à favoriser l’innovation, la co-construction, la participation citoyenne, à promouvoir la transparence et la redevabilité de ces collectivités locales à travers l’ouverture des données publiques.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
POLITICIENS, RENDEZ-NOUS NOS MANDATS LOCAUX
A défaut de pouvoir les y contraindre, faudra-t-il donc en arriver à supplier à genoux nos tout-puissants politiciens afin qu’ils consentent enfin à organiser les élections locales ?
C’est donc reparti pour février 2022 au moins ! L’Assemblée nationale vient en effet de voter le report sine die des élections locales. Nul ne sait au juste quand est-ce qu’elles se tiendront même si on sait que la majorité présidentielle opte pour février prochain tandis que l’opposition, elle, entend se battre pour que le scrutin ait lieu avant la fin de l’année. En attendant que ces messieurs et dames de la classe politique — majorité et opposition confondues — veuillent bien s’entendre sur une date, nous reproduisons cet article que nous avions publié il y a quelques mois. Et qui n’a rien perdu de son actualité !
A défaut de pouvoir les y contraindre, faudra-t-il donc en arriver à supplier à genoux nos tout-puissants politiciens afin qu’ils consentent enfin à organiser les élections locales ? Eh oui, on en est là dans ce pays présenté comme le phare de la démocratie en Afrique et qui est en passe d’en devenir la lanterne rouge ! Alors que le mandat de tous élus locaux a expiré depuis juin 2019, ces braves hommes et femmes sont toujours en fonction et exercent leurs missions (c’est-à-dire en gros vendre des terrains et construire des cantines au prétexte de trouver des recettes) comme si de rien n’était par la grâce d’un décret présidentiel. Un décret qui leur accorde apparemment plus de légitimité que le mandat populaire !
En tout cas, nous vivons une situation extraordinaire qui voit les politiciens d’un pays, le nôtre, refuser systématiquement — du moins, dans leur grande majorité — de soumettre de nouveau au vote des citoyens ceux d’entre eux qui avaient bénéficié de leurs suffrages pour siéger dans les assemblées locales. A ce qu’on sache, le Sénégal n’est pas en état de guerre, ne connaît pas de troubles intérieurs ni de catastrophe naturelle, Dieu merci ! Et même la pandémie de coronavirus n’a pas fait le poids face à la maestria de nos médecins et doctes professeurs et aux performances en matière de gestion de crise de nos dirigeants ! A preuve, le Sénégal n’a-t-il pas été sacré deuxième pays du monde à avoir le mieux géré cette satanée pandémie qui a bouleversé le monde entier et dont les ravages ne ont pas près de s’arrêter ? Or, presque nulle part elle n’a empêché la tenue à bonne date d’élections. A commencer par le pays le plus atteint du monde, les Etats-Unis d’Amérique, qui ont organisé leur élection présidentielle.
Le Mali a fait ses législatives durant cette période. La France, en pleine pandémie, a organisé ses municipales. Le Brésil, la Bolivie, le Chili, le Venezuela ont tenu leurs scrutins. Et même la Russie et la Biélorussie ! Pour dire que dans les pays où la démocratie est ancrée — ou même là où on essaie de l’implanter —, le respect du calendrier électoral est sacré. Sauf si le Ciel s’abat sur la tête des citoyens de ces pays-là, les élections ont lieu à bonne date. Le Sénégal constitue l’exception qui confirme la règle, hélas ! Ce qui est désolant dans ce pays où, encore une fois, il n’y a ni conflit armé ni crise sanitaire majeure mais où les politiciens font tout pour refuser de remettre leurs mandats en jeu. Et permettre au peuple qui leur a remis ces mandats soit de les confirmer en les réélisant soit de les révoquer. Car enfin, dans la démocratie, un système à propos duquel l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill a dit qu’il est mauvais « mais elle est le moins mauvais » de tous, les citoyens choisissent leurs dirigeants par le biais des élections. Ne pouvant pas tous être aux affaires, c’est-à-dire gérer la cité ou légiférer — dans certains pays comme aux Etats-Unis juger —, ils choisissent donc parmi eux des gens dignes de confiance pour les envoyer dans l’Exécutif, le Législatif et, dans certains cas on l’a vu, le Judiciaire. Autrement dit, ils se font représenter. D’où la notion de démocratie représentative comme conçue par ses initiateurs.
Bien évidemment, un tel système, pour bien fonctionner, suppose que les élus remettent à intervalles réguliers leurs mandats au peuple qui les sanctionne positivement ou négativement. Schématiquement, c’est comme cela que les choses doivent fonctionner. Mais apparemment, au Sénégal, les citoyens n’ont plus d’emprise sur leurs élus ! Lesquels, au contraire, prétendent leur dicter leur loi et leur agenda. Prenant prétexte du fait que la dernière présidentielle n’avait pas été transparente, en tout cas que le processus électoral était vicié et que le fichier n’était pas fiable, nos politiciens refusent d’organiser les élections municipales tant que ce processus ne serait pas évalué et que le fichier ne ferait pas l’objet d’un audit ! L’ennui, c’est que cela fera bientôt deux ans que ces messieurs et dames discutent sur le sexe des anges électoraux sans qu’une perspective claire se dégage. Ce que c’est donc compliqué d’organiser des élections dans ce pays ! Car enfin, bien avant le fameux Dialogue national qui s’est terminé en queue de poisson, une « commission politique » dirigée par un général discutait déjà depuis des mois sur l’évaluation du processus électoral ainsi que sur le fichier. Une commission qui a poursuivi ses travaux durant le Dialogue…
De report en report, glissons vers… 2024 !
Jusque-là, en tout cas, le résultat le plus tangible des discussions picrocholines de nos politiciens — mais aussi de la frange politisée de la Société civile —, c’est que les locales, qui devaient se tenir en juin 2019, ont été repoussées au mois de mars 2021 « au plus tard » mais ne semblent malheureusement pas pouvoir être organisées à cette nouvelle date ! Car, aussi bien l’évaluation que l’audit n’ont pas été effectués et nul n’est vraisemblablement pressé de voir ces conditions remplies.
A propos de l’audit, d’ailleurs, on tend la main à l’Us Aid pour le financer. Et pourquoi pas l’Etat quand on sait que le Sénégal fait quand même partie des « cinq à six pays du monde à ne pas enregistrer de récession en 2020 » comme le soutient fièrement notre ministre des Finances et du Budget ! Censées donc se tenir en mars « au plus tard », vraisemblablement repoussées au mois de novembre « au plus tôt » — c’est nous qui le disons ! —, les élections locales risquent de se chevaucher avec les législatives prévues en 2022. On voit d’ici le scénario si elles avaient lieu effectivement en novembre. Des partis politiques — sans doute instrumentalisés par le pouvoir — viendraient exiger que l’on évalue encore le nouveau processus, que l’on audite le fichier et l’on repartirait pour un autre tour.
Concertations, Dialogue, report des législatives et, par voie de conséquence, de la présidentielle de 2024. Ne riez pas puisque, en République démocratique du Congo (RDC), c’est exactement ainsi que les choses s’étaient passées permettant à l’alors président Joseph Kabila de gagner un an supplémentaire à la tête de ce pays. C’est ce qu’on avait appelé à l’époque le « glissement ». Un glissement fort possible au Sénégal au train où vont les choses. En tout cas, les politiciens de ce pays mènent les citoyens — les pauvres cons que nous sommes — en bateau. Et plutôt que de rendre des comptes à ce brave peuple, on a plutôt l’impression que c’est ce dernier qui leur est redevable ! Les Sénégalais sont donc priés d’attendre sagement que leurs politiciens au sens large — c’est-à-dire y compris les militants d’organisations de la Société civile qui vivent du business des élections — aient fini de discuter de choses sérieuses avant de consentir enfin à fixer la date à laquelle ils souhaitent lui remettre leurs mandats. Tout cela est d’autant plus navrant — exaspérant devrait-on dire — que le Sénégal peut tout de même se prévaloir d’avoir réussi deux alternances au sommet de l’Etat qualifiées d’exemplaires en Afrique. Et au cours desquelles on a vu des présidents sortants battus qui ont appelé leurs adversaires pour les féliciter. Mais bon Dieu, les textes, le fichier et le processus qui ont permis de réaliser des alternances peuvent quand même servir à organiser des élections locales, non ? Qui peut le plus peut le moins même si, c’est vrai, ces alternances, c’était pendant le printemps démocratique sénégalais…
Si l’on n’a bien compris, il convient de ne surtout pas badiner sur les durées de validité des cartes nationales d’identité, des permis de conduire, des attestations d’assurance. Gare au citoyen ou/ et au conducteur qui se promènerait avec une de ces pièces dont l’échéance aurait expiré. On voit d’ici nos policiers et nos gendarmes se frotter les mains de la bonne affaire qu’ils vont faire en verbalisant — ou rançonnant, c’est selon — le brave citoyen contrevenant en question. En revanche, les mandats de nos élus peuvent avoir expiré depuis des lustres, ces braves gens continueront toujours de nous représenter en toute légitimité ! Mais ne parlons pas de sujets qui fâchent et demandons plutôt à nos politiciens quand est-ce qu’ils cesseront enfin de se foutre de notre gueule ?