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25 avril 2025
Société
DES POLICIERS CONDAMNES POUR IMPLICATIONS DANS L'AFFAIRE MOUHAMED DIOP
Six agents de police impliqués dans la mort tragique de Mouhamed Diop, dit Ameth Taya, survenue en mars dernier, ont été condamnés à trois ans de prison ferme et à une amende de 50 millions de francs CFA en guise de dommages et intérêts.
Six agents de police impliqués dans la mort tragique de Mouhamed Diop, dit Ameth Taya, survenue en mars dernier, ont été condamnés à trois ans de prison ferme et à une amende de 50 millions de francs CFA en guise de dommages et intérêts. Cette décision judiciaire a été rapportée par plusieurs médias, confirmant ainsi la reconnaissance de leur culpabilité par le tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Le procureur du tribunal a retenu contre eux l’infraction de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les faits remontent au 19 mars 2024, date à laquelle Mouhamed Diop a été arrêté par des policiers du commissariat de Pikine. Selon les rapports, le jeune homme a été violemment tabassé lors de son interpellation. Il a succombé à ses blessures dans la nuit du 24 au 25 mars, un drame qui a provoqué une vive indignation au sein de la population.
La mort de Mouhamed Diop avait entraîné une vague de manifestations de rue à Pikine, témoignant de la colère et de l’exaspération des habitants face aux violences policières.
Cette condamnation marque une décision judiciaire importante dans la lutte contre les abus des forces de l’ordre, tout en rappelant la nécessité d’un usage encadré et proportionné de la force par les autorités sécuritaires.
LA NATIONALE NUMERO 1 BLOQUEE
Des étudiants de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (USSEIN) ont barré la route nationale numéro 1 et brûlé des pneus, mercredi, pour dénoncer leurs »mauvaises conditions » d’études
Des étudiants de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (USSEIN) ont barré la route nationale numéro 1 et brûlé des pneus, mercredi, pour dénoncer leurs »mauvaises conditions » d’études, a constaté l’APS.
Leur manifestation intervient après une marche pacifique qu’ils avaient initiée la semaine dernière pour exiger de meilleures conditions d’apprentissage et le respect des engagements du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI).
Des policiers du commissariat central de Kaolack sont intervenus pour disperser les manifestants, à l’aide de grenades lacrymogènes.
L'ONU L'ALERTE
Les Nations Unies ont appelé, mardi, à un soutien international ‘’immédiat et durable’’ pour répondre aux besoins des réfugiés soudanais en République centrafricaine (RCA) qui risquent de faire face à une ‘’crise humanitaire sans précédent’’.
Les Nations Unies ont appelé, mardi, à un soutien international ‘’immédiat et durable’’ pour répondre aux besoins des réfugiés soudanais en République centrafricaine (RCA) qui risquent de faire face à une ‘’crise humanitaire sans précédent’’.
‘’Nous assistons à une crise humanitaire sans précédent qui nécessite un soutien international immédiat et durable’’, a alerté la représentante du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en RCA, Fafa Attidzah, citée par le site d’information des Nations Unies, Onuinfo.
La même source indique que ‘’malgré les efforts continus’’ du Programme alimentaire mondial (PAM), du HCR, du gouvernement centrafricain et des partenaires pour trouver des solutions durables, ‘’les réfugiés restent largement dépendants de l’aide humanitaire’’.
Les agences des Nations Unies déclarent avoir besoin d’un financement additionnel de 15 millions de dollars soit plus de 9 milliards F CFA pour apporter une assistance humanitaire à plus de 30.000 réfugiés en 2025.
Mme Attidzah estime que ‘’les réfugiés ont besoin d’un accès aux services de protection essentiels et à une aide vitale. Il est crucial d’agir maintenant pour éviter des souffrances supplémentaires’’.
ANNULATION DU PERMIS D’EXPLOITATION DE LA CENTRALE A CHARBON, AUDIENCE SUPREME LE 14 FEVRIER !
Entre Réseau des associations pour la protection de l’environnement et la nature (Rapen) et la Centrale à charbon de Bargny, on est presqu’au bout du bras de fer.
Entre Réseau des associations pour la protection de l’environnement et la nature (Rapen) et la Centrale à charbon de Bargny, on est presqu’au bout du bras de fer. La Cour suprême va se prononcer après-demain sur la saisine du Rapen pour l’annulation du permis d’exploitation de la structure et son démantèlement.
Une annulation pure et simple du permis d’exploitation de la Centrale à charbon, actant de facto le démantèlement de l’établissement classé de niveau 1 pour lequel se bat depuis une dizaine d’années le Réseau des associations pour la protection de l’environnement et la nature (Rapen). Un recours a été introduit en ce sens auprès de la Cour suprême et l’affaire sera à la barre le 14 février à Dakar. A l’occasion d’un point de presse organisé avant-hier lundi, les membres du Rapen ont affiché leur confiance et appelé la population à la mobilisation le jour du procès. «Tout ce à quoi nous nous attendons, est que la centrale implantée entre Bargny, Sendou et Miname soit démantelée, car elle n’a pas sa place ici. Ça a été notre position depuis le départ, et nous sommes confiants quant à l’issue du procès», a noté Fatou Samba, présidente des femmes transformatrices de produits halieutiques.
«Ce procès présente des enjeux cruciaux d’ordres environnemental, foncier, socioéconomique et sanitaire (…) La présence des installations classées incommodées, insalubres et dangereuses augmente le niveau de la pollution et affecte la santé des populations, surtout avec les poussières de charbon qui s’échappent de l’usine sous l’effet des vents», a noté Fadel Wade, autre membre du Rapen, rappelant que la centrale est érigée sur «29 hectares de terres qui étaient destinées aux victimes de l’érosion côtière».
Cette saisine de la Cour suprême intervient après plusieurs années de lutte contre l’implantation de la centrale sur les terres de Bargny. «On avait introduit des recours au niveau des banques qui ont financé le projet. Le système de sauvegarde environnementale de ces banques a constaté que, sur beaucoup de points, il y a eu non-conformité par rapport aux lois sénégalaises, mais par rapport aussi à l’exploitation, mais l’Etat continue à laisser faire cette centrale qui n’a pas sa raison d’être», a expliqué Daouda Guèye, président du Rapen.
Fort de ces documents, a-t-il rappelé, le réseau a saisi le ministère de l’Environnement d’un recours en annulation, classé sans suite. «Si le ministère ne nous répond pas en deux mois, c’est un système de rejet qui nous permet maintenant d’avoir la légalité pour aller porter plainte au niveau de la Cour suprême», a indiqué M. Guèye. «Ce que nous demandons, c’est l’annulation du permis d’exploitation de la Centrale à charbon», a-t-il fait savoir.
lettre d'amérique, par rama yade
LA FIN DE L’USAID, UN NOUVEAU DEPART POUR L’AFRIQUE
Au fond, les Africains n’auraient pas dû attendre que Donald Trump coupe les vivres humanitaires. Ils auraient dû prendre les devants et réorienter leurs partenariats extérieurs sur des bases plus saines
C’est fait. L’Agence américaine pour le développement international (Usaid) n’existe plus. Ici, à Washington, on a même aperçu, sur Pennsylvania Avenue, des hommes couvrir de noir le nom de l’institution. C’est la conséquence du décret signé par le Président Donald Trump le 21 janvier 2025 et exigeant, sauf pour «l’assistance militaire à destination de l’Egypte et d’Israël», «une pause de 90 jours pendant laquelle l’efficacité des programmes et leur cohérence avec la politique étrangère des Etats-Unis vont être évaluées». Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a toutefois précisé, le 28 janvier, que cette suspension ne concernait pas l’aide alimentaire d’urgence.
«Thank you for your service»
Pas de long processus législatif, pas de débat au Congrès, pas de grève des personnels. C’est par un simple email se terminant par «Merci pour votre service» qu’ont été mis en congé 10 000 personnels dont deux tiers basés à l’étranger, priés de rentrer à Washington. Des élus démocrates comme Ilhan Omar ou Jamie Raskin ont bien tenté des manifestations devant le siège d’Usaid, il était trop tard. Ils avaient laissé passer le week-end. Tous les ordinateurs ont été emportés par le Doge, le nouveau bureau anti-gaspillage dirigé par Elon Musk.
En un claquement de doigts, l’Usaid, le plus grand pourvoyeur d’aide au développement dans le monde depuis sa création en 1961, sous la présidence Kennedy, a été fermée. La célérité de ce démantèlement est un démenti féroce à tous les gouvernements incapables d’agir vite. Quand on veut, manifestement on peut, seraient tentés de penser certains électeurs.
L’Amérique d’abord
On se gardera bien de relever les raisons propres aux Etats-Unis qui ont amené la nouvelle administration à sceller le sort de l’Usaid. Le nouvel homme fort de Washington cherche à réaliser 1000 milliards de dollars d’économies sur le fonctionnement de l’Etat fédéral. De plus, pour Elon Musk, l’Usaid, que ce dernier a qualifiée d’ «organisation criminelle», poursuivait des objectifs qui ne correspondent plus aux priorités de la nouvelle administration, «l’Amérique d’abord». On a ainsi vu la nouvelle porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leawitt, scandalisée, tendre des feuilles où manifestement figuraient des actions financées par l’Usaid comme «1,5 million de dollars pour faire progresser Dei [Diversité, Equité, Inclusion est un programme honni des trumpistes, garantissant une meilleure représentation des minorités sexuelles et ethniques] sur les lieux de travail en Serbie ; 70 000 pour la production d’une comédie musicale Dei en Irlande ; 47 000 pour un opéra transgenre en Colombie, 32 000 pour une bande dessinée transgenre au Pérou». Après tout, il n’y a rien de choquant pour un président élu d’appliquer le programme pour lequel il a été élu et de définir ses propres priorités. On ne voit pas non plus pourquoi les administrations devraient échapper à une évaluation de leurs missions. Toutes ces actions sont légitimes si elles se font dans le respect de la loi. Et c’est la question qui agite ceux qui résistent à la déferlante Maga. On ne se prononcera pas non plus sur les conséquences de cette fermeture sur la politique étrangère américaine, les analystes de DC rivalisant de prédictions sur la manière dont cette fermeture avantagera - ou non - la Chine et la Russie pour combler le vide ainsi laissé. Sans doute les décideurs de Washington y ont pensé.
L’Afrique, première victime ?
En revanche, si l’aide à la sécurité à l’Ukraine ou la formation des écolières sous régime taliban ont cessé, tous sont unanimes pour affirmer que l’Afrique, qui est notre principale préoccupation ici, sera la première victime de l’effondrement de l’Usaid. Les pays africains reçoivent en effet un quart de l’aide globale américaine, l’Usaid comprise, soit près de 18 milliards de dollars. En dehors de l’Egypte, les principaux bénéficiaires africains sont : l’Ethiopie, la Somalie, le Nigeria et la RDC. C’est surtout en matière d’aide d’urgence et de santé, avec le Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar), que l’émotion a été vive, poussant l’administration à suspendre le décret pour les aides médicales vitales.
Et de citer le bilan de l’organisation. Au cours de l’exercice 2023, les Etats-Unis ont déboursé 72 milliards de dollars d’aide en faveur d’une centaine de pays, dans des domaines aussi divers que la santé des femmes dans les zones de conflit, l’accès à l’eau potable, en passant par les traitements contre le Vih/sida, la sécurité énergétique et la lutte contre la corruption. Il se dit que les programmes de lutte contre le sida et le paludisme ont permis d’éviter 200 000 morts par an dans les pays pauvres. Du Soudan à la Rdc, des centaines de millions de dollars de nourriture et de médicaments, déjà livrés par des entreprises américaines, se trouvent dans les ports, en raison de la fermeture soudaine de l’agence.
Et alors ?
Sur des questions aussi fondamentales, l’Afrique n’aurait jamais dû dépendre d’un agenda étranger, américain ou autre. L’éducation des filles, la santé, l’Armée, ce sont des domaines stratégiques qui devraient relever du domaine régalien des nations, même africaines. D’ailleurs, pour tous les Etats engagés sur la scène internationale, l’aide au développement procède toujours plus d’une démonstration d’influence, de pouvoir que de la générosité. Surtout, elle n’a jamais sorti aucun pays du sous-développement. Régulièrement, les Ong déplorent que l’aide au développement déployée par les pays riches reste inferieure aux recommandations des Nations unies. Plutôt que d’accroître la dépendance africaine à des aides inefficaces, tous ces efforts auraient été mieux employés s’ils avaient été consacrés à des politiques bien plus décisives comme le renforcement du commerce entre économies africaines (désespérément en deçà de 15% quand il s’élève au-delà de 90% entre les économies européennes), l’introduction de monnaies souveraines (l’éco n’a toujours pas vu le jour malgré les annonces tonitruantes) ou encore la transformation industrielle locale des ressources, la formation d’ingénieurs et de scientifiques.
Proposer un deal à Donald Trump
Au fond, les Africains n’auraient pas dû attendre que Donald Trump coupe les vivres humanitaires. Ils auraient dû prendre les devants et réorienter leurs partenariats extérieurs sur des bases plus saines. Le même souci d’efficacité et la politique du «America first» qui animent les Etats-Unis, devraient animer les Africains. Avec son «Ghana beyond aid», le Ghana avait bien essayé sous la présidence de Nana Akufo-Addo, mais c’est le Botswana qui y est parvenu avec davantage de succès, transformant localement son diamant pour mettre en place une stratégie de croissance réussie. Plutôt que de se battre pour le maintien de ces «aides au développement», les Africains devraient profiter de la fin de l’Usaid pour, au minimum, accompagner et élargir la demande américaine d’évaluation à tous les dispositifs d’aide et, au mieux, proposer un nouveau partenariat aux Occidentaux, fait d’investissements directs et de commerce plus juste. Après tout, les économies africaines ont des atouts et des ressources dont peu d’Etats dans le monde disposent à grande échelle. On peut parier que le «dealmaker» ou «négociateur», qu’est Donald Trump, ne sera pas insensible à cette approche.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
LE GUITARISTE JIMMY MBAYE QUITTE LA SCENE
Pilier emblématique du mythique orchestre Super Étoile, il faisait partie des « Quatre Fantastiques » aux côtés d’Assane Thiam (tama), Mbaye Dièye Faye (percussions) et Papa Omar Ngom (guitare rythmique). Jimmy Mbaye a accompagné Youssou Ndour
« Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un. Je viens de perdre mon frère, ami et compagnon de plus de 40 ans. Priez pour lui ! Firdawsi incha’Allah, Maestro. » C’est par ces mots que Youssou Ndour a annoncé, aux premières heures de ce mercredi, sur ses réseaux sociaux le décès de Mamadou Mbaye, plus connu sous le sobriquet de « Jimmy Mbaye », en référence à Jimi Hendrix. Le guitariste de génie était âgé de 68 ans.
Pilier emblématique du mythique orchestre Super Étoile, il faisait partie des « Quatre Fantastiques » aux côtés d’Assane Thiam (tama), Mbaye Dièye Faye (percussions) et Papa Omar Ngom (guitare rythmique). Jimmy Mbaye a accompagné Youssou Ndour dès le début des années 1980.
En parallèle du Super Étoile, Jimmy Mbaye a mené une carrière solo avec trois albums : Dakar Heart (1997), Yaye Digalma (2004) et Khare Dounya (2012).
La levée du corps est prévue ce mercredi à 14h30 à l’Hôpital Principal de Dakar, suivie de l’inhumation au cimetière de Yoff.
Le groupe SSPP Le Soleil présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ACCENTUE LA VULNÉRABILITÉ DES MÉNAGES
Au Sénégal, la défécation à l’air libre est toujours pratiquée dans certaines parties du pays. A cause de l’érosion côtière, des villes situées sur le littoral sont actuellement confrontées à une disparation des habitats
Au Sénégal, la défécation à l’air libre est toujours pratiquée dans certaines parties du pays. A cause de l’érosion côtière, des villes situées sur le littoral sont actuellement confrontées à une disparation des habitats. Les populations souffrent ainsi d’une promiscuité qui s’accompagne d’un non accès à des services d’assainissement notamment individuel. A Bargny Geth, un quartier fortement touché par l’avancée de la mer, beaucoup de maisons ont perdu leurs toilettes. Conséquence, les habitants notamment les femmes sont confrontées à un manque d’hygiène.
Un dimanche du mois de décembre 2024, alors que le froid s’installe progressivement dans la capitale sénégalaise, nombre de Dakarois sont encore au lit. A Bargny Geth, à un peu plus d’une trentaine de kilomètres (km) de Dakar, les habitants sont debout. Les vagues déferlantes y dictent leur loi. Les femmes vaquent tranquillement à leurs occupations dans des concessions minuscules où règnent l’humidité et la manque d’espace.
Dans cette partie de la capitale, située dans commune de Bargny, dans département de Rufisque, l’avancée de la mer ne laisse aucune faveur aux populations. Les maisons, autrefois larges et composées de plusieurs chambres, ne sont devenues, pour la plupart, que des débris de murs ou crèchent d’infortunés habitants qui n’ont pas les moyens de se payer un toit ailleurs, loin des vagues menaçantes. La mer emporte tout sur son passage. Et les toilettes n’y échappent pas. Conséquence, nombre de ces habitants ne de choix que de faire leur besoins naturels à l’air libre. Sur une partie de la plage, la matière fécale est visible, preuve que ces habitants se soulagent en mer ou en bordure de mer.
Dans les quartiers touchés par l’érosion côtière, à Bargny Geth, les lieux de loisirs, des places publiques et même les cimetières sont rayés de la carte. Leurs emplacements ne constituent que des souvenirs que tentent de reconstituer les habitants. La mer est déjà à la porte des maisons, dicte sa loi et «fixe» les limites à ne pas franchir. Des habitations sont inaptes à contenir des toilettes avec toutes les fonctionnalités et commodités requises. La nappe étant remontée, il suffit de creuser un peu, à moins d’un mètre, pour avoir de l’eau.
Du coup, se soulager ou faire ses besoins naturels est devenu un fardeau pour les habitants. Les déchets fécaux se mélangent à la saleté déposée sur la plage par les vagues. Ils reviennent aux habitants qui, à cause des hautes vagues qui emportent tout sur leur passage, ont fait de la mer des toilettes à l’air libre. «Nombreux sont ceux qui attendent la nuit pour aller en mer. D’autres ont des pots de chambres. Ils y font leurs besoins, attendant la tombée de la nuit, pour tout déver ser dans la mer», s’indigne Ndèye Yacine Dieng, une actrice de développement communautaire.
DES TOILETTES PUBLIQUES PARTAGÉES PAR TOUS : LA SOLUTION ALTERNATIVE
Au Sénégal, la loi n°83-71 du 5 juillet 1983 portant Code de l’hygiène, «interdit le mélange des matières fécales ou urinaires aux ordures ménagères». Sur une vingtaine de familles, la demeure de Ndèye Yacine Dieng est la seule à disposer d’une toilette qui n’est pas des meilleures. Elle accueille ceux qui osent braver les regards des riverains de sa demeure qui, sans nul doute, savent l’objet de la visite chez la seule à disposer d’une toilette. En dehors de la maison de Ndèye Yacine Dieng et de la mer, les toilettes de la mosquée servent aussi de refuge pour ceux-là qui ne peuvent attendre la pénombre de la nuit pour faire leur besoin.
Ndèye Yacine Dieng raconte aussi son habitude quotidienne qui est d’ensevelir, chaque matin, les matières fécales incommodes à l’épanouissement humain. L’accès aux toilettes est un droit. Pour cela, Ndèye Yacine Dieng plaide pour qu’au moins des toilettes de fortune puissent être érigées dans le quartier, afin de permettre aux habitants de se soulager dans la dignité.
Sur une plage sale, remplie de déchets plastiques, Seyni Fall nous montre ce que furent ses toilettes. Il n’en reste qu’un pan d’un mur qui menace, lui aussi, de s’affaisser. «Vous voyez, ce qu’il y a derrière moi, ce sont des toilettes. On a dû les éliminer puisque les vagues ont tout détruit. Les murs ont été fissurés et c’est risqué pour nous de les utiliser.»
La solution, pour elle, c’est de recourir aux toilettes des maisons environnantes qui sont pour le moment épargnées par l’avancée de la mer ou celles construites sur la place publique. «Nous nous soulageons chez nos voisins ou attendons que tout le monde dorme pour faire nos besoins naturels», se désole-t-elle. Face à une mer en furie et des moyens de d’atténuation presque inexistante, la seule solution pour les femmes reste la résilience, à leur manière.
«L’avancée de la mer date de très longtemps et d’année en année, la situation empire. Chaque année, la mer engloutie des centaines de maisons sur le littoral. Les familles qui ont les moyens se déplacent ; d’autres qui n’en n’ont pas sont obligés de vivre dans la promiscuité. Dans cette zone, des familles vivent à 10 par chambre. Le constat est réel. On a des problèmes d’hygiène», constate Médoune Ndoye, un jeune activiste et écologiste natif de la zone. Selon toujours Médoune Ndoye, «la quasi-totalité des habitants n’ont pas accès à des toilettes ; conséquences, les femmes vivent dans des conditions déplorables notamment en matière d’hygiène».
UNE AVANCEE DE LA MER PLUS EXACERBEE ENVISAGEE PAR LA BANQUE MONDIALE
Au Sénégal, selon une Enquête sur la situation sociale en 2019, de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), «un peu plus du quart des ménages ne dispose pas de toilettes améliorées (29,9%) dont environ 12,5% pratiquent la défécation à l’air libre. La plupart des ménages utilisent des toilettes améliorées. Il s’agit en général de toilettes munies d’une chasse d’eau ou chasse manuelle reliée à une fosse septique (43,7%)».
A en croire toujours cette étude, «en milieu urbain, les ménages utilisent généralement des toilettes améliorées, pour l’essentiel des lieux d’aisance munis d’une chasse mécanique ou manuelle raccordée à une fosse septique (60,0%) ou un réseau d’égout (17,6%). Le partage des toilettes est pratiqué par un tiers des ménages (33%)». En général, cette pratique est un peu plus fréquente dans les ménages utilisant des latrines à fosse avec dalle (37%) ou des lieux d’aisance munis d’une chasse manuelle ou mécanique raccordé au réseau d’égout (34%) ou des latrines ventilées améliorées (33%).
Cette situation de manque d’hygiène risque de s’exacerber. Selon le Rapport national sur le Climat et le Développement du Sénégal, publiée par la Banque mondiale en novembre 2024, «les effets exercés par le changement climatique déjà apparents au Sénégal, (le niveau de la mer augmente de 3 à 4 millimètres par an sur la côte ouest-africaine selon un Rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU publié en 2019), devraient, s’aggraver à l’avenir par suite de la hausse des températures, de l’accroissement de la variabilité du climat et des phénomènes extrêmes, ainsi que de l’élévation du niveau de la mer. Le niveau de la mer sur les côtes du Sénégal devrait s’élever, et ce plus rapidement (au moins deux fois plus vite) qu’il ne l’a fait jusqu’à présent. Dans le scénario de changement climatique plus prononcé, il devrait s’élever jusqu’à 18 cm d’ici à 2030, de 60 cm d’ici à 2050 et de plus de 1 mètre à l’horizon 2100 (par rapport au niveau de 2000)».
La côte du Sénégal est de plus en plus menacée par non seulement un développement côtier sauvage, mais aussi par les effets du changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer (de l’ordre de 1,5 mm par an) qu’il provoque. La côte est actuellement exposée à l’érosion sur un quart de sa longueur et à des ondes de tempête sur la moitié de sa longueur. Cette étude révèle également que «les villes de Dakar et de Saint Louis sont, quant à elles, particulièrement susceptibles d’être inondées en raison de l’élévation du niveau de la mer. Le Sénégal est particulièrement vulnérable à une intensification du changement climatique en raison de l’exposition de son littoral»
Il est classé 144e sur 185 pays sur la base de l’Indice d’adaptation de Notre Dame Global Adaptation Index (ND GAIN), utilisé dans le cadre de l’examen des facteurs de vulnérabilité climatique.
LES ETUDIANTS TOUJOURS SOUS LE CHOC APRÈS LE DÉCÈS MYSTÉRIEUX D'UN DES LEURS
La mort de Matar Diagne, de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dont le corps sans vie a été retrouvé dans sa chambre, dans la soirée du lundi 10 février 2025, a été sur toutes les lèvres au sein du campus social
L a mort de l’étudiant Matar Diagne, de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dont le corps sans vie a été retrouvé dans sa chambre, dans la soirée du lundi 10 février 2025, a été sur toutes les lèvres au sein du campus social, hier mardi, lendemain de cette découverte macabre. C’est d’ailleurs le principal sujet de discussion pour ces étudiants de Sanar qui se questionnent sur les circonstances réelles du décès de leur camarade. «Que s’est-il réellement passé ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi lui ?» Autant de questions que se posent ses camarades étudiants qui sont encore sous le choc.
A certains endroits du campus social, les ruelles sont presque désertes. Au niveau du village A où résidait le défunt étudiant, les vigiles filtrent les entrées. «Seuls les étudiants résidents ont le droit d’entrée», a laissé entendre l’agent de sécurité préposé à la porte. En effet, a-til indiqué, la Direction du Centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (CROUS) a donné des instructions pour interdire l’accès à ce village A aux journalistes.
Croisé juste au portail de ce village, cet étudiant qui dit partager le même bloc G8 avec le défunt, confie : «J’ai aperçu des camarades étudiants qui courraient pour appeler les agents de sécurité. J’ai demandé à un voisin qui m’a dit ce qui s’est passé. Cela nous a bouleversé», a-t-il dit. «Personnellement, j’étais dans un état de choc car la journée d’hier (avant-hier, ndlr) était une très mauvaise journée pour moi. Je me suis réveillé avec deux avis de décès et la nuit, j’ai appris le décès de ce camarade étudiant. C’est vraiment écœurant», a laissé entendre un autre étudiant.
D’autres étudiants qui partagent aussi le même état d’esprit, craignent pour leur sécurité au sein de ce campus, avec les décès répétitifs d’étudiants. «Depuis plusieurs années, nous faisons face à un problème d’insécurité. Des étudiants meurent presque chaque année et, du coup, cela remet en cause la sécurité de l’étudiant et diminue aussi la performance de certains étudiants qui préfèrent rester dans les chambres pour étudier plutôt que de se rendre dans les Unités de formation et de recherches (UFR)», a-t-il expliqué.
Ils ont tous formulé des prières à l’endroit du défunt pour le repos de son âme.
LE SÉNÉGAL PERD SES SOIGNANTS
Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, bien loin des recommandations de l'OMS, le pays peine à retenir ses professionnels de santé face aux conditions de travail difficiles et aux salaires peu attractifs
Depuis plusieurs années, le Sénégal est confronté à un exode massif de ses professionnels de santé vers la France et d'autres pays européens. Ce phénomène, qui ne cesse de s’accentuer, pose un véritable problème de santé publique, menaçant l'équilibre déjà fragile du système médical national.
Il y a quelques jours, le licenciement du Dr Maïssa Ndao, médecin vacataire au centre de santé de Grand-Dakar, a exacerbé les tensions dans un secteur déjà en proie à des difficultés chroniques. Considérée comme arbitraire par ses collègues, cette décision a déclenché une vague de protestations et de menaces de grève, révélant au grand jour les maux qui rongent la profession médicale au Sénégal.
Le Dr Ndao a été licencié, après avoir osé demander une augmentation de salaire, selon certains de ses proches, alors que son supérieur hiérarchique a avancé qu’il avait critiqué la gestion financière du centre de santé lors d’une réunion de cogestion à laquelle il n’avait pas été officiellement convié. Le médecin-chef du centre, Dr Modou Ndiaye, justifie cette décision par une attitude jugée ‘’irrespectueuse’’ et une perturbation de la réunion. Cependant, pour les collègues du Dr Ndao, ce licenciement est symptomatique d’un système qui étouffe la liberté d’expression et méprise les professionnels de santé. ‘’Nous attendons la réponse du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (Sames). S’il ne réagit pas, nous allons arrêter toute prestation dans les structures publiques’’, a déclaré El Hadj Babacar Ndoye, porte-parole du Mouvement des jeunes médecins du Sénégal, lors d’un point de presse.
Une profession en souffrance
Cette affaire a remis en lumière les conditions de travail difficiles des médecins sénégalais. Entre salaires insuffisants, plateau technique défaillant et recrutements au compte-gouttes, la profession se sent délaissée. Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, le Sénégal est loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise un médecin pour 5 000 à 10 000 habitants. S’y ajoutent le manque d'infrastructures, des salaires peu attractifs et des conditions de travail déplorables. Ils constituent les premières causes d’un exode noté. De nombreux médecins, infirmiers et spécialistes déplorent le manque de matériel adéquat et les longues heures de travail, souvent sans compensation financière suffisante.
Ainsi, la France, qui est le principal pays d’accueil des médecins sénégalais, profite de cette situation. Elle offre de meilleures opportunités : salaires plus élevés, meilleures conditions de travail et une reconnaissance professionnelle accrue. Chaque année, de nombreux jeunes médecins s’envolent vers l'Hexagone, après avoir réussi les concours de validation de diplômes étrangers.
Selon des sources hospitalières, certains services de santé français fonctionnent grâce à la présence massive de médecins issus d’Afrique francophone, notamment du Sénégal.
La contribution percutante du Dr Boubacar Signaté
Ces centaines de médecins qui quittent le pays pour l’Europe ou les États-Unis sont attirées par de meilleures conditions de travail et des rémunérations plus attractives. Cette fuite des cerveaux, déjà préoccupante, risque de s’aggraver, comme l’a souligné le docteur Boubacar Signaté, médecin urgentiste à Paris et figure respectée du secteur, dans une contribution virale largement partagée sur les réseaux sociaux.
Dans la foulée, il précise qu’avant, c’était les Maghrébins qui étaient en nombre. Ils le sont toujours, 3 000 candidats pour certaines spécialités, 2 000 pour d’autres, pour parfois moins de 100 postes ouverts. ‘’C’est la première fois, cette année, que j’ai vu beaucoup de médecins sénégalais se présenter en nombre et surtout être lauréats de ce concours. Certains déjà en France, mais, fait inédit cette année, d’autres sont venus directement du Sénégal concourir et être lauréats. Donc, ils vont s’y mettre de plus en plus et réussir le concours’’, alerte ce médecin urgentiste.
Dans ce contexte alarmant, le Dr Signaté, qui vit à Paris, a dressé un tableau sans concession de la situation. ‘’Si vous pensez qu’il y a une saignée, attendez-vous à une hémorragie massive’’, a-t-il averti. Il décrit en détail les mécanismes qui poussent les médecins sénégalais à partir, notamment vers la France, où ils peuvent obtenir une autorisation de plein exercice après avoir réussi un concours exigeant.
‘’En France, les médecins sénégalais sont accompagnés dans leurs démarches administratives, logés et bénéficient d’un cadre de travail moderne et respectueux. Ici, au Sénégal, nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone’’, déplore-t-il.
Le médecin sous-entend aussi que les revenus des médecins au Sénégal sont si bas qu’il serait presque choquant de les mentionner. En comparaison, dans des pays comme la France, les médecins bénéficient de salaires nettement plus élevés, ce qui rend la situation sénégalaise d’autant plus difficile à accepter. Il suggère que les médecins sénégalais sont sous-payés, ce qui les pousse à chercher des opportunités à l’étranger. ‘’Je ne parlerai pas des revenus, ce serait indécent, ni des conditions de travail, ni de la protection sociale du travailleur et de sa famille, ni du cadre de vie, ni de la reconnaissance et du respect donnés au médecin. Il n’y a qu’au Sénégal qu’on ne sait pas qu’un médecin a plus de valeur que toutes les pièces précieuses réunies’’, ironise-t-il.
En outre, il pointe du doigt le retard sur le plan de la formation inadaptée aux exigences modernes. ‘’Nos universités, leurs programmes pédagogiques et leurs visions dans le domaine des sciences de l’éducation sont obsolètes. Les enseignants qui y officient dans leur majorité sont dépassés et totalement fermés à toutes velléités de réforme de l’espace universitaire. Les plus jeunes d'entre étant les pires sur ce point. Nos autorités étatiques sont sourdes, aveugles et muettes, à commencer par nos deux ministères de tutelle : de la Santé et de l’Enseignement supérieur’’, s'indigne-t-il.
Le Dr Signaté souligne également que cette fuite des cerveaux ne se limite pas à la France. Le Canada, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse attirent également de nombreux professionnels de santé sénégalais. ‘’Ce que vous voyez aujourd’hui n’est qu’un petit saignement. Une hémorragie massive est en route’’, prévient-il. Les universités sénégalaises forment environ 1 000 médecins par an, mais l’État n’en recrute qu’une centaine pour les structures publiques. ‘’Nous ne pouvons pas absorber tout le flux de diplômés’’, explique le professeur Bara Ndiaye, doyen de la faculté de Médecine de l’Ucad.
Cette situation crée un cercle vicieux : les médecins, frustrés par le manque de perspectives, partent à l’étranger, laissant le système de santé sénégalais encore plus affaibli.
Une réforme urgente
Pour inverser la tendance, le Dr Signaté appelle à une refonte complète du système de santé et de l’enseignement médical. ‘’Il faut former une nouvelle génération de médecins qui restera au Sénégal. Celle-ci ne restera pas’’, a-t-il affirmé.
Face à cette situation, le gouvernement sénégalais tente d'apporter des réponses, mais celles-ci restent insuffisantes. La revalorisation des salaires, l'amélioration des infrastructures et la création de meilleures conditions de travail pourraient contribuer à retenir ces talents. Certains experts suggèrent également la mise en place d’accords bilatéraux avec les pays d’accueil afin de favoriser le retour de ces médecins après quelques années d’expérience à l’étranger.
En attendant, les menaces de grève se multiplient et le licenciement du Dr Ndao pourrait bien être l’étincelle qui déclenchera une crise majeure dans le secteur de la santé. Car son licenciement n’est pas une affaire isolée. C’est le symptôme d’un système de santé à bout de souffle, où les médecins se sentent méprisés et sous-estimés. Alors que la fuite des cerveaux s’accélère, le Sénégal doit agir rapidement pour éviter une catastrophe sanitaire.
En effet, le secteur de la santé est un pilier essentiel du développement d'un pays et l'exode de ses acteurs principaux met en péril la capacité de la nation à assurer des soins de qualité à sa population. La volonté politique et des investissements stratégiques seront nécessaires pour enrayer cette tendance et redonner espoir aux soignants qui aspirent à exercer dans leur propre pays.
SIX POLICIERS CONDAMNÉS À TROIS ANS FERME
Reconnu coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, le groupe d’agents du commissariat de Pikine avait arrêté et violemment frappé Ameth Taya, décédé quelques jours plus tard.
Dakar – 11 fev (APS) – Les six agents de police impliqués dans la mort, en mars dernier, d’un jeune du nom de Mouhamed Diop dit Ameth Taya, ont écopé de trois ans de prison ferme et d’une amende de 50 millions de francs CFA, à titre de dommages et intérêts, ont rapporté plusieurs médias.
Le procureur du tribunal de Pikine-Guédiawaye a reconnu les prévenus coupables de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les faits remontent au 19 mars 2024 après l’arrestation de Mouhamed Diop dit Ameth Taya par des policiers du commissariat de Pikine qui l’avaient tabassé.
La victime avait succombé à ses blessures, dans la nuit du 24 au 25 mars. Sa mort avait déclenché des manifestations de rue à Pikine.