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2 mai 2025
Société
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DRAME DU JOOLA, ENQUÊTE SUR LE TITANIC AFRICAIN
Le 26 septembre 2002, le Joola emportait avec lui près de 2 000 passagers. 20 ans plus tard, l'analyse des rapports d’enquête, les témoignages de survivants et une modélisation 3D inédite du Monde éclairent les raisons du naufrage et ses responsables
Le Monde |
Par Laureline Savoye, Adrien Vande Casteele et Elisa Bellanger |
Publication 25/09/2022
Le 26 septembre 2002, le ferry sénégalais emportait avec lui près de 2 000 passagers. Vingt ans plus tard, notre analyse détaillée des rapports d’enquête, les témoignages de survivants et une modélisation 3D inédite éclairent les raisons du naufrage et ses responsables.
Les Disparus duJoola, d’Adrien Absolu(éd. J.C. Lattès, 2016)
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LE POUVOIR JOUE SA SURVIE
Alioune Tine, fondateur d'Afrika Jom Center, militant et activiste des droits humains, évoque la situattion sociopolitique nationale marquée par une polarisation des positions entre les acteurs, au micro de l'émission Objection sur Sud FM
Alioune Tine, fondateur d'Afrika Jom Center, militant et activiste des droits humains, évoque la situattion sociopolitique nationale marquée par une polarisation des positions entre les acteurs, au micro de l'émission Objection sur Sud FM.
IL NOUS FAUT D'ABORD SORTIR DES POULES
L’objectif du Sénégal en Coupe du monde est de sortir, dans un premier temps, de la phase de poules, a déclaré le sélectionneur des Lions du football, Aliou Cissé
L’objectif du Sénégal en Coupe du monde est de sortir, dans un premier temps, de la phase de poules, a déclaré le sélectionneur des Lions du football, Aliou Cissé.
"Lors de la dernière Coupe du monde, on a été éliminés au bout de trois matchs, pour celle-ci, l’objectif sera d’abord de sortir de cette poule", a-t-il dit.
Le sélectionneur des Lions s’exprimait lors d’une conférence de presse, samedi à Orléans (France), peu après la victoire du Sénégal sur la Bolivie, 2-0, en match amical international préparatoire au prochain Mondial de football.
"Après, du moment où on sortira de cette poule, on sait que ce sera des matchs à élimination directe, dans ce cas-là, on a du vécu et de l’expérience, donc on aura notre mot à dire", a-t-il indiqué.
"Mais avant, il faudra attaquer ces matchs de poules avec beaucoup de sérénité, certains nous voient en huitième de finale, quarts de finale, mais notre philosophie est de prendre match après match", a assené le technicien sénégalais.
Selon lui, tous les représentants africains à la Coupe du monde, que sont le Cameroun, le Ghana, le Maroc et la Tunisie, en plus du Sénégal auront leur chance lors de cette compétition.
"La Coupe du monde, c’est l’expérience’’, a-t-il noté, avant d’ajouter : ’’Peut-être qu’on ne commettra pas les mêmes erreurs commises en 2018", s’agissant de l’équipe du Sénégal.
"Moi, quand je parle d’expérience, je parle également de l’organisation et pas seulement l’expérience sur le terrain ou sur le sportif. Une Coupe du monde demande une grosse organisation. Aujourd’hui, tout le monde pousse pour que l’équipe se prépare le mieux possible pour être dans les meilleures conditions’’, a-t-il dit.
Aliou Cissé a salué la victoire de son équipe sur la Bolivie pour ce premier match de préparation, mais se projette déjà sur l’Iran que le Sénégal va jouer mardi, également en match amical international.
"Ce sera un match très important mais compliqué, on avance petit à petit mais avec nos certitudes", a-t-il souligné.
Le sélectionneur de la Bolivie, Pablo Escobar, a pour sa part reconnu que son équipe a fait face à un adversaire supérieur.
"Le fait d’avoir encaissé très tôt nous a mis plus en difficulté, nous savions que le Sénégal, avec la qualité de ses joueurs, allait mettre la pression dès l’entame du match", a-t-il dit.
Il a toutefois fait observer que son équipe a réussi à se créer des occasions après avoir retrouvé ses repères.
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LE NAUFRAGE OUBLIÉ DU JOOLA, UN DEUIL IMPOSSIBLE
Retour sur le drame alors que les familles de victimes continuent de se battre 20 ans après, pour obtenir justice
Le bilan de ce naufrage terrible est bien plus lourd que celui du "Titanic". Le 26 septembre 2002, la catastrophe du "Joola" faisait au moins 1 800 morts. Le ferry assurait la liaison entre la province sénégalaise de Casamance et Dakar. En pleine nuit, à 40 kilomètres des côtes, alors que des pluies tropicales s’abattent et que des vents forts se déchaînent, le bateau se retourne. Les secours mettront plus de seize heures à arriver sur place et seuls 64 passagers survivront. Les causes de la catastrophe sont multiples : le "Joola", géré par la marine sénégalaise, était en mauvais état. Il était surchargé, avec quatre fois plus de passagers que le maximum autorisé. Les véhicules dans la soute n'étaient pas amarrés. Le capitaine a sans doute commis une erreur de navigation. Les familles des victimes ont tenté d'obtenir toute la vérité, certaines portant plainte contre l'État sénégalais pour "négligence". Un dossier classé sans suite au Sénégal, dès 2003. Vingt ans après, Sarah Sakho revient sur cette catastrophe.
Une procédure a également été entamée en France, dont étaient originaires plusieurs victimes, mais elle n'a pas abouti, la justice française prononce un non-lieu en octobre 2018 dans l'affaire du "Joola". Vingt ans après, les familles des victimes continuent cependant de se battre pour que la catastrophe du "Joola" ne soit pas oubliée.
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DIANO BI AVEC ABDOULAYE WILANE
Le responsable du Parti socialiste et député à l'Assemblée nationale est l'invité de l'émission dominicale en langue wolof sur Sud FM ce dimanche 25 septembre 2022
Le responsable du Parti socialiste et député à l'Assemblée nationale est l'invité de l'émission dominicale en langue wolof sur Sud FM ce dimanche 25 septembre 2022.
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À L'ONU, LE MALI S'EN PREND VIOLEMMENT À LA FRANCE
Le colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali, s'en est violemment pris samedi à la tribune de l'ONU au gouvernement français, qu'il a qualifié de « junte », ainsi qu'à plusieurs responsables africains et au SG de l'ONU
Le colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali, s'en est violemment pris samedi 24 septembre à la tribune de l'ONU au gouvernement français, qu'il a qualifié de «junte», ainsi qu'à plusieurs responsables africains et au secrétaire général de l'ONU.
Évoquant le retrait des militaires français de la force Barkhane du Mali, il a estimé lors de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies que le Mali avait été «poignardé dans le dos par les autorités françaises». «Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l'obscurantisme», a déclaré, trois fois, le colonel Maïga désigné Premier ministre par intérim en août par le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta.
«Pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde»
Accusant la France de «pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde», il a en revanche salué «les relations de coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie».
Le Premier ministre par intérim a rejeté les déclarations du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a affirmé, il y a quelques jours lors d'une interview à RFI et France 24, que les 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis début juillet n'étaient pas des «mercenaires», contredisant les accusations de Bamako. «Souffrez que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre récente sortie médiatique», a lancé le colonel, qualifiant l'affaire de «bilatérale et judiciaire». Alors que cette affaire a tourné à la crise diplomatique entre les deux pays voisins, il a estimé que cela «ne (relevait) pas des attributions du secrétaire général des Nations unies».
«Monsieur le secrétaire général, le Mali tirera toutes les conséquences de droit de vos agissements», a-t-il ajouté, avant de répéter sa demande d'une réforme de la force de maintien de la paix de l'ONU au Mali, la Minusma, en cours de revue par l'ONU. Le colonel Maïga a également vertement critiqué plusieurs responsables africains, comme le président nigérien Mohamed Bazoum, qu'il a accusé de ne pas être nigérien, ou le chef de l'État ivoirien Alassane Ouattara, en décrivant la «manœuvre» permettant à un président de «conserver le pouvoir pour lui seul et son clan» en changeant la Constitution pour obtenir un troisième mandat.
UNE GRÈVE DES CONTRÔLEURS AÉRIENS PARALYSENT LES AÉROPORTS AFRICAINS
D'Abidjan à Douala, en passant par Ouagadougou, le message est similaire: "Aucun vol n'a décollé, ni atterri". Pour l'Asecna, il s'agit d'une "grève sauvage"
Une grève des contrôleurs aériens paralysait vendredi plusieurs aéroports africains, notamment celui d'Abidjan où la totalité des vols commerciaux ont été annulés, a-t-on appris auprès de sources aéroportuaires.
Les grévistes réclament notamment une amélioration de leurs conditions de travail et de meilleurs plans de carrière.
"Aucun vol n'a décollé, ni atterri aujourd'hui", a indiqué une source au sein de l'aéroport d'Abidjan, qui a souhaité garder l'anonymat.
"On ne peut pas opérer. Tous nos vols sont annulés", a confirmé à l'AFP le responsable de la communication de la compagnie Air Côte d'Ivoire, Yacouba Fofana.
La compagnie Air France jointe à Abidjan a également confirmé l'annulation de ses deux vols au départ de Roissy, censés atterrir dans la soirée dans la capitale économique ivoirienne, ainsi que de deux vols qui devaient en partir vers la France.
Les vols Air France drainent chaque jour des centaines de passagers entre les deux pays.
Le mouvement de grève, lancé par l'Union des syndicats des contrôleurs aériens de l'Asecna (USYCAA), a débuté vendredi matin à 08H00 GMT et doit durer 48 heures.
"Mouvement général"
L'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) compte 18 Etats membres, principalement des pays d'Afrique francophone.
"C'est un mouvement général", a déclaré à l'AFP un responsable de l'USYCAA au Burkina Faso, qui affirme que "le service minimum est assuré pour les vols militaires et humanitaires".
Abidjan n'est donc pas le seul aéroport concerné par des perturbations d'ampleur.
Aucun avion n'a atterri ou décollé de l'aéroport de Ouagadougou, selon des sources aéroportuaires.
A Bamako, quasiment tous les vols commerciaux ont été annulés, a dit un responsable de l'aéroport souhaitant rester anonyme.
Une responsable d'une agence de voyages de Dakar a également fait état de passagers coincés à Lomé, au Togo.
A Dakar, cinq vols sur 17 ont été annulés, selon un responsable de l'aéroport, là aussi sous le couvert de l'anonymat.
Et l'Afrique centrale n'était pas non plus épargnée: au Cameroun, la compagnie nationale Camair-Co a indiqué sur Twitter que la grève a conduit "à l'annulation de tous ses vols" vendredi.
"La grève se poursuit", a prévenu le syndicat national des contrôleurs aériens de ce pays.
Vendredi, dans un communiqué, l'Asecna a déploré la tenue de cette "grève sauvage", malgré l'interdiction de celle-ci "par tous les tribunaux saisis".
Les autorités sénégalaises avaient "saisi la justice et cette dernière a suspendu la grève et réquisitionné les aiguilleurs.
Malgré cette réquisition, les aiguilleurs n'étaient pas dans la tour de contrôle vendredi matin et les autorités les ont remplacés par des militaires de l'armée de l'air", a expliqué le responsable de l'aéroport de Dakar.
En Côte d'Ivoire, le ministère des Transports a qualifié cette grève d'"illégale", expliquant que la justice ivoirienne avait suspendu jeudi le préavis.
Le ministère regrette que la grève intervienne alors que la "dynamique de dialogue est enclenchée".
Un premier préavis de grève avait été posé pour le 25 août dernier, mais le mouvement avait finalement été suspendu et des négociations entamées.
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LES LIONS S'IMPOSENT FACE À LA BOLIVIE
Le Sénégal a dominé (2-0) la Bolivie, samedi à Orléans (France), en match amical préparatoire au prochain Mondial, une rencontre globalement bien maîtrisée par les Lions et plein d’enseignements pour la suite
Le Sénégal a dominé (2-0) la Bolivie, samedi à Orléans (France), en match amical préparatoire au prochain Mondial, une rencontre globalement bien maîtrisée par les Lions et plein d’enseignements pour la suite.
Les deux buts de cette rencontre ont été marqués en première période par Boulaye Dia et Sadio Mané.
Le premier à très vite ouvert la voie du succès à son équipe par un but matinal. L’attaquant vedette des Lions a aggravé le score en transformant un penalty en fin de première mi-temps.
Il avait été accroché un peu avant alors qu’il filait au but après avoir passé en revue la défense adverse.
L’équipe du Sénégal, séduisante, a fait preuve d’intensité et de fluidité dans son jeu surtout en première mi-temps, avant de lever le pied en seconde période.
Le jeu devient moins fluide et plus haché, coïncidant avec l’entrée de nouvelles recrues dont certains comme Pathé Ciss, aligné d’entrée de jeu avant de céder sa place en deuxième mi-temps, ont donné satisfaction et pris date pour l’avenir.
Le score ne va plus bouger jusqu’au sifflet de final, l’adversaire profitant de la baisse de régime du Sénégal pour se mieux montrer et contrer davantage les Lions qui ont eu l’occasion de faire avec une très bonne opposition.
Un match en fin de compte satisfaisant pour le staff technique national qui aura matière à cogiter dans les prochains jours pour tirer les enseignements qui s’imposent.
MAME MBAYE NIANG, LE RETOUR DU TRIBUN
Le retour aux affaires de Mame Mbaye Niang, nouveau ministre du Tourisme et des Loisirs, en a surpris plus d’un. Si ses détracteurs évoquent son absence de représentativité et de légitimité politique, ses partisans saluent un homme engagé auprès de Macky
La surprise du chef. Quand le secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, accompagné du tout nouveau Premier ministre Amadou Ba, s'est avancé au micro situé en contrebas des escaliers pour égrener la liste des 38 ministres du nouveau gouvernement, l'énoncé de son nom en a surpris plus d’un. Mame Mbaye Niang fait son retour sur la grande scène de la politique sénégalaise, comme ministre du Tourisme, après près de trois années de ‘’purgatoire doré’’ au sein du cabinet du président. Il revient aux commandes du ministère du Tourisme et des Loisirs, poste qu’il occupait entre 2017 et 2019.
Le retour au premier plan de ce fidèle du couple présidentiel a surpris plus d’un observateur. Contrairement à Modou Diagne Fada qui, avec sa liste dissidente de War Wi au sein du PDS en 2007, avait un peu bousculé le régime d’Abdoulaye Wade en obtenant trois députés en 2007, sa tentative de ‘’sédition’’ avec sa liste parallèle Sénégal 2035 n’aura pas fait long feu. Celle-ci avait réussi à regrouper l’ensemble des frustrés non investis sur les listes de Benno, pour constituer sa coalition Sénégal 2035.
Certains analystes ont indiqué qu’elle avait été pilotée en sous-main par le palais pour capter les voix des ‘’frustrés’’ et éviter qu’elles ne tombent dans l’escarcelle de l’opposition. Ses détracteurs, eux, se sont interrogés sur la pertinence d’une telle défiance, compte tenu de l’absence de fief et d’une base politique solide de Mame Mbaye Niang dans la capitale.
En effet, dans la commune de Mermoz - Sacré-Cœur, il n’a jamais pu s’imposer devant l’indéboulonnable Barthélemy Dias en 2014 (Locales) et en 2022 (Locales et Législatives).
Le retour aux affaires d’un communicant sans base politique
Néanmoins, dans ce gouvernement de combat qui a pris forme le 17 septembre dernier, ce cadre de l’aviation civile, qui avait été en charge du ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, ne dépareille pas. Car il s’est toujours révélé comme un redoutable combattant qui n’hésite pas à monter au front pour brocarder l’opposition.
Après les élections locales du 31 janvier 2022, le fils de l’ancien député imam Mbaye Niang, leader du Mouvement de la réforme pour le développement social (MRDS), n’a pas manqué de dénoncer les ‘’inepties’’ et les tricheries de la coalition de l’opposition Yaw qui, d’après lui, ne peut même pas avoir 30 députés. ‘’Ils ne peuvent pas avoir la majorité. Ils sont libres de raconter des chimères’’, disait-il. Non sans ajouter : ‘’Il (Sonko) promet de diminuer le coût de la vie en prenant l’exemple du riz, alors que ce produit consommé par 80 % des Sénégalais n’est pas taxé.’’
Suffisant pour signaler : ‘’On ne peut pas être ignorant, imposteur et de mœurs légères et aspirer à nous diriger.’’
En franc-tireur, l’ancien président du Conseil de surveillance de la Haute autorité de l'aéroport Léopold Sédar Senghor s’est aussi fait remarquer par son culot et sa pugnacité. En 2016, il n’avait pas hésité à ‘’flinguer’’ sur la place publique Aliou Sall, frère du président Macky Sall et président des maires du Sénégal qu’il accusait d’être un opportuniste profitant du pouvoir de son frère pour s’arroger une place au soleil. Une sortie qui avait fortement déplu dans les cercles proches du palais de la République.
Ce tribun hors pair ne manque jamais d’aller au casse-pipe, face aux opposants du régime. C’est ainsi que sa caravane s’était fait caillasser par des jeunes socialistes à Grand-Yoff, fief d’un certain Khalifa Sall alors déchu de son mandat de maire de Dakar, en 2017. Sans oublier ses invectives et bagarres contre les jeunes de la Cojer, en 2017.
Ce proche indéfectible du patron de l’APR n’hésite, par ailleurs, pas à se mouiller sur la question du 3e mandat. ‘’Macky Sall peut bel et bien briguer un troisième mandat. Le référendum du 20 mars 2016 a déjà réglé la question’’, a-t-il déclaré à la veille du remaniement ministériel.
La réhabilitation de ce communicant ne sera pas de trop dans la future bataille communicationnelle qui s’annonce avec l’opposition galvanisée autour d’Ousmane Sonko.
Selon Moussa Diaw, Docteur en sciences politiques à l’UGB, le retour de Mame Mbaye Niang ne peut être jugé qu’à l’aune d’une volonté du président Macky Sall de privilégier l’option jeunesse et d’un engagement indéfectible sur la personne du président. ‘’Mame Mbaye Niang bénéficie de solides relations au sein du pouvoir. Une situation qui lui a permis de bénéficier du rajeunissement de l’équipe gouvernementale et d’un engagement sans faille envers le chef de l’État. Je pense aussi qu’il bénéficie d’un certain flou concernant les critères de nomination comme ministre de la République. Des promotions qui sont difficiles à analyser, répondant seulement aux désirs du prince’’, affirme l’universitaire.
L’engagement auprès de Macky Sall comme seul critère de légitimité
Selon le journaliste Ibrahima Bakhoum, le critère de légitimité politique acquise à travers des élections est à relativiser pour justifier ou non la présence d’une personne au gouvernement. En effet, ajoute l’analyste politique, le président est le seul référentiel dans notre République et qu’il est l’unique détenteur de la légitimité politique. ‘’La légitimité est portée par le président tout seul qui la projette sur ses subordonnés. Il te met en avant, tu es légitime et il cesse de le faire, tu perds ta légitimité’’, dit-il d’entrée.
Selon l’ancien directeur de publication du quotidien ‘’Sud Quotidien’’, ce constat peut s’appliquer à Mame Mbaye Niang qui, certes, n’est pas porteur de voix, mais possède un haut niveau d’engagement auprès du chef de l’État. ‘’Il y a des gens qui n’ont pas de base politique qui est révélée par des résultats électoraux. A partir de ce postulat, on peut indiquer que Mame Mbaye Niang n’est pas très représentatif, politiquement. Mais c’est un fidèle du président et on parle de gouvernement de combat qui sous-entend un combat communicationnel. Sur ce plan, il a un discours, qu’on l’aime ou pas. En outre, on a longtemps reproché aux hommes du président leur absence de prise de parole dans la presse et dans le débat public. Et Mame Mbaye Niang pourra combler ce vide dans la perspective des prochaines échéances de 2024’’, indique-t-il.
MOUSTAPHA NIASSE REBAT LES CARTES
Certains pensaient que la succession à la tête de l’AFP allait se jouer entre Alioune Sarr, Mbaye Dionne et Malick Diop. Mais le dernier remaniement ministériel remet sérieusement en cause ces certitudes
Après avoir longtemps adoubé Alioune Sarr, Moustapha Niasse le fait remplacer par Papa Sagna Mbaye dans le gouvernement, cautionne le confinement de Dr Malick Diop à l’Assemblée nationale sans commission, accepte un honorifique poste de haut conseiller du président de la République, tout en trainant dans l’organisation du Congrès de l’AFP qu’il avait lui-même promis pour passer le témoin aux plus jeunes.
Certains pensaient que les jeux étaient presque faits. Que la succession à l’Alliance des forces de progrès (AFP) allait se jouer entre Alioune Sarr (maire de Noto Diobass), Mbaye Dionne (maire de Ngoundiane) et Dr Malick Diop (DG Asepex). Mais à l’arrivée, avec le dernier remaniement, ces certitudes sont sérieusement remises en cause, du fait des nouveaux choix de Macky Sall et de son plus proche allié Moustapha Niasse. Omniprésent au gouvernement depuis février 2013, maitre incontesté de sa base à Notto Diobass, crédité d’une gestion plus ou moins lisse à la tête des différents ministères qu’il a eu à diriger, Alioune Sarr a finalement été limogé du premier gouvernement d’Amadou Ba, à la surprise générale de beaucoup d’observateurs.
Pendant que ‘’l’inamovible’’ Aliou Sarr faisait ses valises, un autre progressiste, Papa Sagna Mbaye (ancien maire de Pikine), faisait son entrée dans le gouvernement sans grand bruit, en tant que nouveau ministre chargé de la Pêche. Une entrée qui ne fait que renforcer les soupçons selon lesquels le leader de l’AFP, Moustapha Niasse, très proche du président de la République, n’a pas manqué de bénir ce deal.
Pourtant, certains cadres progressistes commençaient à brandir cette présence ininterrompue de Sarr dans l’équipe gouvernementale comme un choix du secrétaire général de l’AFP avant même le Congrès. Interpellé il y a à peine un mois sur les profils qui pourraient prendre la relève, Mamadou Ndao disait au média en ligne Actu 221 : ‘’Alioune Sarr peut bel et bien prendre sa place. C’est Moustapha Niasse lui-même qui nous l’a donné, en le choisissant comme notre représentant dans le gouvernement où il siège sans interruption depuis 10 ans. Il est aussi le coordonnateur des cadres du parti et il est maire élu plusieurs fois dans sa commune. Il a ainsi une légitimité à la fois locale et nationale. Je pense que choix ne saurait être plus logique.’’
En effet, depuis 2009, Alioune Sarr règne en maitre dans sa commune située dans la région de Thiès. Il est également, depuis plusieurs années, le coordonnateur du parti dans ledit département.
Toutefois, son leadership ne semble pas faire l’unanimité. De façon ouverte, quelqu’un comme Mbaye Dionne, Maire dans le même département, a lui a aussi affiché ses ambitions, depuis que le patriarche a annoncé sa volonté de confier le parti aux plus jeunes, il y a environ un an. D’ailleurs, le congrès pour passer le témoin était prévu au premier semestre de l’année 2022. Mais à l’instar d’un certain Abdoulaye Wade qui refuse de céder le témoin, Moustapha Niasse, non plus, ne semble nullement pressé. Et ce sont ses lieutenants qui ne ratent pas une occasion pour lui rappeler sa promesse.
‘’Depuis, on l’écoute, mais, on n’a vu aucun acte concret posé qui montre qu’on va vers ce rajeunissement. À la place, on assiste plutôt à une inertie. Rien n’a bougé. Mais, il reste le secrétaire général en exercice. Comme nous sommes des démocrates, tant que son mandat n’est pas arrivé à terme, nous allons continuer de l’écouter’’, rouspétait le responsable Mamadou Ndao. Non sans souligner : ‘’Il ne faut pas perdre de vue une chose : aujourd’hui, ceux qui composent l’espace politique sont de notre génération. Ils ne sont ni plus compétents que nous, ni plus engagés, ni plus expérimentés. Nous n’avons plus rien à prouver à qui que ce soit, même pas à Moustapha Niasse, nous qui avons été avec lui, depuis le début.’’
Un rajeunissement de l’AFP s’impose
En fait, au mois de juin 2021, lors de la célébration de l’appel du 16 juin (marquant la fondation du parti en 1999), l’ex-homme fort du Saloum faisait à ses militants une promesse ferme. ‘’La direction, soulignait-il, va fixer la date du congrès du parti d’ici la fin du mois de juillet 2022. Cette rencontre se tiendra certainement dans le premier semestre de 2022, après les élections locales. À l’issue du congrès, je ne serai plus le secrétaire général de l’AFP. Car je pense que 22 ans à la tête du parti, ça suffit largement’’. Il ajoutait : ‘’Je crois que les jeunes sont désormais prêts à reprendre le flambeau.’’ Depuis, ces derniers attendent avec impatience, mais en vain.
Niasse a-t-il toujours envie de prendre sa retraite ? Jusqu’à quand l’AFP va-t-elle lui rester fidèle ? Alioune Sarr et Cie vont-ils prendre leur destin en main, comme l’avaient fait d’autres comme Malick Gakou, Hélène Tine, Mamadou Goumbala, Mata Sy Diallo… ? Que reste-t-il même de cette formation qui a eu à jouer un rôle majeur dans les deux alternances connues au Sénégal en 2000 et en 2012 ? Les questions pullulent. Mais Moustapha rechigne à donner des réponses.
Une chose est sûre : entre 2012 et maintenant, le parti a vu son influence s’écrouler comme un château de cartes. De 12 députés sur la liste de Benno, au début de la seconde alternance, l’AFP ne compte plus que deux parlementaires dans la nouvelle législature, en l’occurrence Aminata Dia et Dr Malick Diop. Alors qu’il se voyait déjà ministre, l’ancien maire de Fann-Point E-Amitié va devoir se contenter d’un symbolique poste de 3e vice-président de l’Assemblée nationale, lui qui était à la tête de la stratégique Direction générale de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex). Un poste que Macky Sall a jusque-là laissé à son allié fidèle de l’AFP. D’abord Alioune Sarr, puis Dr Malick Diop, pour le remplacer à sa nomination comme ministre.
Cela dit, le dernier remaniement aura eu le mérite de montrer que Niasse est loin d’avoir dit son dernier mot. Et ce que beaucoup croyaient être une guerre des trois (Alioune Sarr, Mbaye Dionne et Dr Malick Diop) pourrait se transformer en une guerre des quatre avec la promotion surprenante de Papa Sagna Mbaye, ancien maire du deuxième département le plus peuplé du pays (Pikine) fraichement nommé ministre en charge de la Pêche avec la bénédiction de Moustapha Niasse.