LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE ORGANISEE, DE LA NECESSITE D’UN RENFORCEMENT DE LA COLLABORATION ENTRE FDS ET POPULATIONS
Une collaboration entre les Forces de défense et de sécurité (Fds) et les populations, d’un côté, et entre les Etats, de l’autre, est nécessaire dans la lutte contre la criminalité.

Une collaboration entre les Forces de défense et de sécurité (Fds) et les populations, d’un côté, et entre les Etats, de l’autre, est nécessaire dans la lutte contre la criminalité. A l’ouverture hier, mardi 28 octobre 2021, d’une conférence sur la Sécurité collaborative, l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi et le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome ont insisté sur la nécessité d’aller dans ce sens.
Une conférence sur la Sécurité collaborative est ouverte à Dakar hier, mardi 26 octobre 2021. Initiée en collaboration avec l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique (USA) au Sénégal, elle vise à renforcer le partenariat entre les populations et les Forces de défense et de sécurité (Fds). «Dans le contexte actuel des grandes mutations socio-politiques sur le plan global et à l’échelle régionale, marqué par des menaces multiformes et multidimensionnelles, les défis sécuritaires notamment la grande criminalité et le terrorisme apparaissent comme l’un des problèmes les plus sérieux des démocraties modernes comme le Sénégal contre lequel une lutte efficace ne peut être envisagée que de manière exhaustive et inclusive», a dit l’ambassadeur Tulinabo Mushingi. Il ajoute ainsi qu’à travers la conférence, «les USA s’intéressent non seulement à la sécurité intérieure mais également à toutes les actions de prévention et de gestion de crise et des conflits dans les communautés, du renforcement de capacité et de partenariat entre les services de sécurité et les populations, qu’elles servent pour renforcer la sécurité humaine et répondre aux problèmes de sécurité selon une approche centrée sur le citoyen». Ce qui permet, à son avis, «de transformer les relations et perceptions entre citoyens et force de sécurité».
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, juge que «le Sénégal fera face à toute sorte de délinquance telle que le trafic de drogue qui connait de nouvelles mutations dans ses modes opératoires, à la cybercriminalité, la traite des personnes, la criminalité transfrontalière et au terrorisme. Il est louable, estime-t-il, de mobiliser toutes les bonnes volontés car le monde fait face à des défis multidimensionnels et ceux relatifs à la sécurité en sont les plus importants». Cette mobilisation est importante, car précise-t-il, «la criminalité transfrontalière organisée n’épargne aucun pays ; d’où la responsabilité commune des Etats de créer des mécanismes de coopération, d’échange d’expérience et de partage des bonnes pratiques».
RAPPORTS HEURTES AVEC LA POPULATION : La Police cherche à «s’humaniser»
Le Commissaire central de la Ville de Guédiawaye, Mandjibou Léye, développant le thème «Missions, rôles et perspectives et attente pour la promotion de la sécurité collaborative au Sénégal», à la conférence sur la Sécurité collaborative ouverte hier, mardi 26 octobre, a dit que la Police Nationale cherche à harmoniser davantage les rapports entre la Police et la population. Pour lui, cela consistera «à adopter une démarche participative et inclusive dans l’élaboration des textes relatives à la Stratégie nationale de Sécurité nationale qui est en cours d’élaboration. Dans ses dispositions pertinentes, il y a une volonté affichée du pouvoir public d’aller vers une collaboration entre la Police et la population. C’est un avantage des populations en créant des passerelles de collaboration».
Mieux, ajoute-t-il, la Police Nationale poursuit la formation de ses hommes sur l’accueil et l’écoute des populations. Pour lui, il est nécessaire que le bon accueil et l’écoute soient promus dans les Commissariats car il reste convaincu que le poste de Police est une des structures où le citoyen arrive sans une totale confiance en soi. «Quand un citoyen vient à un poste est accueilli par un agent qui n’a pas été très bien formé en matière d’écoute et d’accueil, il perd ses moyens. Il peut facilement dire ou faire des choses qui le retiennent au Commissariat». L’assistance sociale devrait être instaurée dans les Commissariats afin de renforcer les liens avec la population. «Nous sommes assaillis dans nos services par la demande sociale. Nous recevons des gens qui sont dans le désarroi total et nous sommes obligés de faire face. C’est un vecteur de participation et de collaboration», plaide-t-il.
REGARD DE LA SOCIETE CIVILE Un poids sur les Forces de défense et de sécurité
«La Police, la Gendarmerie, en somme, les Forces défense et de sécurité hésitent à poser certains actes parce que tout simplement, quelque part, même si nous nous entourons de toutes les garanties juridiques sur le plan social, il y a une force de la société civile qui fait qu’il y a certains actes que les policiers hésitent de poser dans la cadre de la protection des citoyens parce quelque part, nous sommes laissés à nous-mêmes. Malheureusement, ce sont des policiers, des gendarmes qui sont attraits devant les tribunaux et qui croupissent en prison pour des faits qu’ils n’ont pas commis», a relevé le Commissaire central de la Ville de Guédiawaye, Mandjibou Léye
COLONEL PAPE DIOUF,PORTE-PAROLE DE LA GENDARMERIE NATIONALE, SUR LE SENTIMENT D’INSECURITE DES CITOYENS : «Il est utopique d’exiger une sécurité absolue»
En exposant hier, lundi 26 octobre, lors de la conférence sur la Sécurité collaborative, sur le thème «Missions, rôles et perspectives et attente pour la promotion de la sécurité collaborative au Sénégal», le porte-parole de la Gendarmerie Nationale, le colonel Pape Diouf, a estimé qu’une sécurité absolue entraverait les libertés individuelles. «Il est utopique d’exiger une sécurité absolue car si les tentatives pour la réaliser vont trop loin, les libertés seront les premières à payer les conséquences. Tant qu’un danger parait réel et pressant, les inconvénients liés à l’action de sécurité seront supportés.
Pour faire face à des faits d’insécurité, les populations ou les communautés vont forcément connaître des restrictions à leur liberté. C’est indissociable», soutient-t-il. Selon toujours le colonel Pape Diouf, l’action des médias a une grande influence sur la perception de la sécurité. «La violence familiale existe depuis toujours, mais c’est seulement maintenant que les secrets familiaux font la manchette des journaux, qu’ils nous interpellent de façon dramatique et que nous prenons la mesure réelle», dit-il en expliquant aussi que le traitement médiatique d’une affaire dramatique survenue dans une partie lointaine du pays, peut faire ressentir au citoyen qui se trouve dans n’importe quelle partie du pays, un sentiment d’insécurité.