MANQUE DE COMPETITION DES LION, QUELS IMPACTS POUR LA COUPE DU MONDE?
La coupe du Monde s’approche. La lutte pour gagner une place en équipe nationale s’intensifie chez les joueurs. Mais pour y parvenir, il faut d’abord être compétitif et montrer des qualités qui puissent convaincre son entraîneur.

La coupe du Monde s’approche. La lutte pour gagner une place en équipe nationale s’intensifie chez les joueurs. Mais pour y parvenir, il faut d’abord être compétitif et montrer des qualités qui puissent convaincre son entraîneur. Pour le cas du Sénégal, c’est loin d’être le cas puisque sur l’équipe type qui a remporté la dernière CAN, seuls quatre joueurs parmi lesquels Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Edouard Mendy et Ismaela Sarr sont titulaires indiscutables dans leur club. De quoi s’interroger...
En 2002, lorsque le Sénégal réussissait une percée historique en Afrique d’abord en disputant pour la première fois une finale de CAN et dans le monde en allant jusqu’en quart de finale au Mondial, il avait présenté une sélection dont l’essentiel des joueurs évoluaient en championnat de France. Un championnat dont le niveau était considéré comme inférieur à d’autres du continent européen comme l’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne...
Mais malgré tout, cette sélection avait réussi à émerveiller toute la planète de par ses résultats et le niveau de jeu qu’il avait développé. Ceci était lié au fait qu’ils étaient tous titulaires dans leur club respectif. Et par conséquent, ils avaient le temps de jeu nécessaire pour tenir tête à n’importe quel adversaire fut-il le meilleur. Les Thuram, Thierry Henry, Le Boeuf, Lizarazu et autre Dassailly ne diront pas le contraire.
Après la France, ce fut au tour du Danemark et de l’Uruguay d’avoir leur part de la machine compresseur des « Lions « du Sénégal en frôlant de peu de subir le même sort que les champions du Monde en titre battus en match d’ouverture. Ensuite, face à la Suède invaincue depuis longtemps, la bande à Diouf et Henry avait convaincu de leur talent et installé la frayeur chez leurs futurs adversaires. Ce petit rappel historique trouve tout son sens dès lors que vingt ans après, l’équipe devant bientôt nous représenter à Qatar risque d’être confrontée à un problème de temps de jeu nécessaire de ses joueurs. Et pire, à quelques jours de cette compétition, il est difficile de donner le classement type de l’équipe nationale. Tout le contraire de celle coachée par feu Bruno Metsu en 2002 dont la liste des titulaires était connue d’avance à un ou deux éléments près.
Quatre titulaires sur seize, quels impacts...
Parmi les seize titulaires du Sénégal, onze de départ et cinq potentiels entrants, il n’y a que Sadio Mané du Bayern, Kalidou Koulibaly et Édouard Mendy de Chelsea et Ismaela Sarr de Watford qui ne rasent pas les murs. Tous les autres, pourtant fraîchement sacrés champions d’Afrique, ont du mal à s’imposer dans leur club s’ils ne jouent pas à des niveaux inférieurs de leur championnat ou ne sont pas dans l’attente d’un contrat qui tarde à s’éclaircir.
Nampalys Mendy, Bamba Dieng, Abdou Diallo, Bouna Sarr, Pape Gueye ne s’imposent toujours pas. Cheikhou Kouyaté, Boulaye Dia, Gana Gueye, Pape Matar Sarr nouvellement transférés ont besoin de temps pour retrouver leurs repères. Saliou Ciss en National1 est toujours dans le doute. Voilà la situation que vit une bonne partie du groupe sur lequel compte Aliou Cissé pour répondre présent à Qatar. Donc attention ! L’équipe peut s’exposer aux conséquences du manque de compétition de ses joueurs. Ce qui peut être lourd de conséquences. C’est en tout cas la position de l’ancien international Lamine Mboup «Ce qu’il faut craindre dans ce cas, c’est le manque de confiance chez l’entraîneur qui ne pense pas à les aligner sauf s’ils ne disposent de qualités exceptionnelles. Et même s’ils jouent avec l’équipe réserve de leur club, ils peuvent être moins performants puisque le niveau de la coupe du Monde est plus relevé.»
Toutefois, il reconnaît que «Il y a des joueurs qui ont acquis une certaine expérience de la haute compétition. Il peut arriver que même s’ils ne jouent pas régulièrement dans leur club, ils puissent avoir un avantage sur un novice en équipe nationale qui pourtant est titulaire dans son équipe». C’est pourquoi, poursuit-il, «Il faut tenir compte des paramètres comme le talent, la responsabilité, le moral, la hargne sur le terrain. C’est le coach côtoie ses joueurs et qui les connait mieux que quiconque» a ajouté l’ex sociétaire de la Jeanne d’Arc.
Quelles solutions face à cette situation...
Dans une haute compétition comme la coupe du Monde, il faut être prêt à tous les niveaux. L’équipe du Sénégal qui y sera avec en bandoulière son écharpe de champion d’Afrique, et dans son groupe trois parmi les meilleurs du monde à leur poste, sera pris très au sérieux par ses adversaires. Une telle posture l’oblige à présenter sa meilleure sélection possible. Et dans un contexte où beaucoup d’entre eux ne sont pas inamovibles en club, le coach peut selon notre interlocuteur «penser à les remplacer par d’autres qui sont titulaires même s’ils évoluent en Afrique ou alors miser sur eux en tenant compte des matchs joués dans leurs clubs réserves.»
Et d’ajouter que « le football a une part d’irrationnel, il peut arriver qu’un joueur, qui n’était pas titulaire, vienne en équipe nationale et prouve plus que les cadres», et d’illustrer sa pensée par un exemple «Un joueur comme Nampalys Mendy s’est imposé au Cameroun et a été élu meilleur à son poste en Afrique. Et pourtant il était souvent sur le blanc en club». Mais avertit-il «Ce sont des cas très rares puisqu’il faut en plus d’être doué, d’avoir un esprit de gagneur, un mental fort et une confiance en soi».
L’analyste des plateaux de télévision, qui espère tout de même voir l’entraîneur disposer de la meilleure sélection possible, pense aussi que les deux prochains matchs amicaux (Ndlr: Bolivie et Iran les 24 et 27 septembre 2022) peuvent constituer un bon test pour se faire une idée de l’état de forme des protégés de Aliou Cissé. Interpellé en tant qu’ancien international des années 1980 sur le cas de Roger Mendy qui, en 1986 au Caire, bien que n’ayant pas competi avec son club d’alors de Toulon pour un problème de papier, avait réussi une excellente coupe d’Afrique des Nations, il a simplement lancé avec beaucoup de nostalgie «Roger était un joueur exceptionnel».