ATELIER 221, LABEL DU MADE IN SENEGAL
Entre accessoires, tenues diverses et maroquinerie de luxe, la première exposition-vente d’Atelier 221 a vécu ce week-end. Ses concepteurs se battent pour la promotion du Made in Sénégal.

Vous croyez au développement Made in Sénégal ? Eux y croient ferme. Ils sont stylistes, designers, simples amoureux du beau et du travail bien fait. Ils sont chauvins à souhait, quand il s’agit de défendre le Made in Sénégal. Ne vous aventurez surtout pas à leur dire que cela coûte cher ou que les finitions ne sont pas toujours comme il faudrait. Ils ont tout un argumentaire pour vous convaincre du contraire. Au besoin, ils vous montreront des merveilles que vous ne soupçonniez point. Ibrahima Cissé est l’un d’entre eux. Il est venu dans les locaux d’’’EnQuête’’ avec sa toge d’avocat du Made in Sénégal. Sa plaidoirie est forte. Et il a formé tout un pool pour gagner son combat. Leur “cabinet’’ est baptisé Atelier 221. “C’est un collectif d’acteurs de la mode composé de designers, bloggeurs, etc. Ce projet est en train d’être mûri par un petit groupe de designers et moi-même, depuis 2 ans. Atelier 221 est un cadre formel qui va travailler sur des aspects comme la formation, mettre en place un cadre d’échanges entre professionnels, assurer le renforcement de capacités pour les stylistes en devenir, mettre en place des plateaux d’expression’’, explique le coordonnateur de ce collectif, Ibrahima Cissé.
Donc, au menu, sont prévus des masterclass. Conscients qu’ils ne sont pas les seuls à avoir pensé à s’unir, les membres de l’Atelier 221 comptent apporter leur touche particulière dans cet environnement. “Il faut d’un tout pour faire un monde. Ce qui est important, c’est de ne pas être une structure de plus. Bien heureusement que nous l’avons compris très tôt. Pour exister, il faut s’unir. Localement, les artisans ont besoin de mettre des produits ensemble, des lignes ensemble, de sortir des tendances ensemble, d’avoir un bureau de styles. Nous ferons des choses qui n’ont jamais été faites, comme un salon de la mode, un gala de mode. Nous espérons être un groupe qui mettra la mode à sa place’’, a expliqué M. Cissé.
Les points d’achoppement
Pour gagner ce pari, ils ont tenté d’analyser leur écosystème et identifier les points d’achoppement. C’est ainsi qu’ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas assez d’évènements dans ce milieu. Ils ont également diagnostiqué une absence d’appropriation et de consommation des produits faits ici. “Les designers et les stylistes ont un potentiel, sont sollicités à l’étranger, font des produits aboutis. Ils peuvent proposer aux Sénégalais des lignes de prêt-àporter. On a décidé de baptiser le collectif Atelier 221 et non Ateliers 221, pour marquer notre union. Chacun laisse son enseigne, comprenant ainsi que c’est la combinaison de toutes nos énergies qui peut redonner à la mode la place qu’il lui sied’’, a-t-il indiqué. Pour donner forme à leur rêve, ils ont organisé, le week-end dernier, un évènement dans un hôtel de Dakar. C’était les 3 et 4 mai. Entre exposition et ventes privées, stylistes, cordonniers, etc., ont montré leur savoir-faire. “Par rapport au contexte, on s’est dit qu’il était plus indiqué de venir montrer aux Sénégalais des choses qu’ils ont peut-être l’habitude de voir qu’en boutique. C’est pourquoi on a opté pour une expo-vente afin que les populations puissent voir d’elles-mêmes que ce qu’elles vont chercher en boutique, il y a pareil ou même mieux qui se fait’’, a déclaré Ibrahima Cissé. Rama Diaw, Lahad Guèye, Bijou Touty Sy, By Pathé, Momo le Bottier, Néné Yaya, Archibar, etc., ont exposé et démontré qu’ils peuvent faire de la qualité, du très haut niveau même. Ils étaient exactement 17 créateurs à le prouver avec des produits très aboutis exposés.
“Beaucoup d’aléas qui conditionnent les prix’’
Que dire alors des prix ! Beaucoup les trouvent chers, voir excessifs. “Ce que le client oublie, c’est qu’il y a beaucoup d’intrants qui ne sont pas maitrisés. Aujourd’hui, au Sénégal, on exporte tout le coton qu’on a. Les industries textiles n’existent plus. Ça, c’est un problème. Il faut importer et cela coûte cher. Cela influe donc sur le prix et, naturellement, sur le prix du produit fini. Pour ceux qui ont l’habitude d’acheter à l’étranger, ce n’est pas comparable. La chemise achetée ici ou la robe faite sur mesure est beaucoup moins chère que celle achetée en dehors du continent’’, explique M. Cissé. Vous lui parlez de prêt-à-porter, il invoquera le temps de production. A l’étranger, avec l’industrialisation, en une journée, on produit des milliers de vêtements. Ici, en une demi-journée, on fait juste une chemise. “Il y a beaucoup d’aléas qui conditionnent les prix’’, a-t-il ajouté.