ST-LOUIS INTERPELLE LE MINISTRE DE LA CULTURE SUR SON FESTIVAL
A St-Louis, on cherche à travers les rubriques de la cagnotte de 3 milliards de frs à distribuer au monde culturel, la place allouée au Festival de jazz de la ville.

A St-Louis, on cherche à travers les rubriques de la cagnotte de 3 milliards de frs à distribuer au monde culturel, la place allouée au Festival de jazz de la ville. Les premiers échos en provenance du ministère de la Culture et de la Communication ne renvoient pas des notes rassurantes. Ils installent une certaine incompréhension qui pousse la ville tricentenaire à interpeller le ministre Abdoulaye Diop pour avoir la bonne information ou pour que ce qui pourrait être une grosse bourde soit réparée.
St-Louis ne vivra pas cette année son mythique festival de jazz qui devait se tenir du 27 mai au 01er juin. A cause de ce fichu virus de la covid19, l’ancienne capitale ne montrera pas sa coquetterie légendaire aux visiteurs venant du Sénégal et de tous les coins du monde. Un festival qui a réussi à défier le temps, à vaincre la mortalité infantile ravageant ce genre d’événements puisqu’il vogue sur ses 28 ans d’existence. Une sacrée performance. Un défi annuel relevé par le président Me Ibrahima diop et son équipe.
Le festival dispute aujourd’hui à la biennale des Arts, le leadership des événements culturels du Sénégal surpassant même en notoriété le festival de danse de Louga. Surtout, il est inscrit dans le catalogue des plus grands festivals du monde. Il n’y en a pas deux en Afrique. Et pourtant si l’Etat consacre une enveloppe de 800 millions de frs à la biennale, le Festival de jazz ne reçoit du ministère de la Culture qu’une enveloppe de … 5 pauvres millions de frs. C’est surtout le soutien du président Macky sall, entre 15 à 20millions de frs, qui permet de sauver la face du gouvernement dans cet événement culturel. Le souhait du maire de la ville, Mansour Faye, c’est une inscription budgétaire dans les livres du ministère de la Culture pour un appui sécurisé de 50 millions de frs. La demande est restée en l’état. Mais la préoccupation actuelle à st-Louis, c’est surtout le risque de voir le festival être zappé de l’appui des 3milliards de francs alloué par le gouvernement au monde culturel dans le cadre de la riposte à la covid19. Saint-Louis se rappelle donc au souvenir du ministre Abdoulaye diop. Une omission ne saurait se justifier puisque « le décret organisant la répartition de l’appui des 3 milliards de frs à la culture fait état de critères tournant autour d’événements culturels inscrits dans l’agenda culturel ajournés » souligne notre interlocuteur parlant sous anonymat. « Les premiers échos que nous recevons du ministère de la Culture et de la Communication donnent l’impression que le festival de jazz a été zappé de cette manne financière. Ce qui n’est pas cohérent, c’est de donner un milliard à la SODAV qui ne fait que du recouvrement, mais aussi aux griots qui ne sont pas organisés en associations, et qui n’ont pas d’événements. Or le festival de jazz, c’est un budget compris entre 250 à 300 millions de frs » indique Massamba Diagne, un st-louisien interpellé au téléphone. Ce dernier, très au fait du rythme culturel de la ville tricentenaire, indique que ce qui le plus désolant, c’est que les dirigeants du festival étaient très avancés dans la préparation de l’édition de 2020. « La phase préparatoire était déjà achevée. Les invitations étaient calées, la tête d’affiche de cette année devait être le défunt musicien américain Randy Weston dont les cendres ont été dispersées dans l’océan Atlantique aux larges de Gorée. Randy Weston a épousé une Lébou sénégalaise Fatimata Guèye qui était attendue à St-Louis. En outre de nombreux musiciens africains notamment du Sénégal, du Mali, du Maroc qui ont eu à collaborer avec Randy Weston étaient aussi attendus à St-Louis. Dans la phase de préparation, la direction du festival a eu à travailler avec de nombreux experts. Elle a présenté au ministre de la Culture le rapport 2019 du festival et un autre document sur l’impact du festival à St-Louis » informe Massamba Diagne.
Me Ibrahima Diop diffère sa réponse
D’autres indiscrétions révèlent que dans l’agenda de cette année figuraient des événements connexes comme la projection du film «Outre Atlantique » de Maty diop, fille du célèbre Wasis du même nom, un colloque sur les mythes de l’émigration avec des sommités comme le linguiste Pathé Diagne, l’historien Pr Ibrahima Thioub Recteur de l’Université de Dakar, l’ancien ministre Pr Mame Moussé Diagne. On pouvait aussi retenir la thématique de la lutte contre l’insalubrité à st-Louis avec l’implication des enfants des écoles de la ville pour développer chez ces derniers le reflexe à la base. Tout comme l’état des lieux de « Ile de st Louis, patrimoine mondial de l’Unesco : 20 ans après ».
Dans l’agenda, il était aussi prévu la présence des autorités municipales de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, ville jumelle de st-Louis, et des musiciens de la ville de Louisiane aux Etats-Unis. Massamba Diagne ajoute que « le festival devait permettre d’éponger les dettes pour amenuiser le passif dont celui avec la SODAV, une manière de pérenniser l’événement ». Contacté par nos soins, Me Ibrahima diop, président du Festival de st-Louis, estime qu’actuellement son niveau d’information surla prise en charge par le ministère du soutien accordé au festival ne lui permet pas de répondre à notre interpellation. Il a cependant tenu à magnifier l’oreille attentive que lui accorde le ministre de la Culture Abdoulaye diop. Il nous promet de nous revenir dans les meilleurs délais pour éclairer notre lanterne.