NGOUDA FALL KANE DECORTIQUE LES FICELLES DE LA CORRUPTION ET PROPOSE DES REMEDES
Ancien inspecteur du Trésor et ex-Inspecteur général d’Etat, Ngouda Fall Kane vient de publier un livre portant le titre « Criminalité financière en Afrique et moyens de lutte : l’exemple du Sénégal »

Ancien inspecteur du Trésor et ex-Inspecteur général d’Etat, Ngouda Fall Kane vient de publier un livre portant le titre « Criminalité financière en Afrique et moyens de lutte : l’exemple du Sénégal ». Dans cet ouvrage, il met en exergue les formes de délinquance financière sophistiquée utilisée par les bandits à col blanc tout en essayant d’y apporter des solutions. Il a aussi critiqué la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite) qui, selon lui, ne doit pas être un instrument politique entre les mains du pouvoir…
Ngouda Fall Kane a organisé une cérémonie de dédicaces, le week-end dernier, pour présenter son livre intitulé « Criminalité financière en Afrique et moyens de lutte : l’exemple du Sénégal ». C’était en présence de plusieurs personnalités universitaires et politiques. D’emblée, dans son discours, l’ancien Inspecteur général d’Etat a remercié Mamadou Lamine Loum, le modérateur, ancien Premier ministre du Sénégal sous l’ère Abdou Diouf pour l’avoir façonné à être « un fonctionnaire honnête, loyal et audacieux ».
Parlant de son livre, Ngouda Fall Kane a indiqué qu’il découle d’une responsabilité mémorielle. « C’est un engagement à la limite axiomatique, et un devoir de contribution à la lutte universelle contre la dimension économique et financière du crime organisé. Je me suis servi de mon parcours professionnel et un peu intellectuel qui m’a permis de pénétrer dans l’intelligence des phénomènes liés au crime économique et financier. Cet ouvrage fait ressortir les manifestations et autres modes opératoires de la corruption et des relations qui lui sont connexes dans les différents secteurs des économies africaines et dans les sphères politiques, de la santé, de l’environnement, de la justice, l’éducation … » a-t-il confié.
A en croire l’expert financier, la corruption est extrêmement présente dans la santé, l’environnement, la politique, la justice, l’éducation, et il a voulu l’illustrer par des exemples concrets constatés dans certains pays africains mais aussi au Sénégal. « S’agissant du Sénégal, j’ai voulu que certaines affaires ne soient pas passées en pertes et profits et qu’elles demeurent dans la mémoire collective des Sénégalais. On ne peut pas tolérer pendant plus de trois décennies un gaspillage incontrôlé des ressources de ce pays et qu’on puisse fermer les yeux pour dire que c’est terminé, c’est passé, on n’en parle plus » dira-t-il.
De même, l’ancien directeur de la Centif s’est évertué à analyser l’impact économique et financier de la corruption dans les économies africaines au regard de l’orientation non optimale que la criminalité financière peut provoquer dans les choix et la mise en œuvre des politiques publiques. « La conséquence de tout cela est l’appauvrissement des populations et le phénomène humiliant et réducteur de l’émigration vers l’Europe » a-t-il pesté. Il soutient cependant que des efforts de lutte contre la criminalité financière sont présents au Sénégal depuis, avec le code de la drogue. Il a listé, entre autres, le Programme national de bonne gouvernance sous le président Abdou Diouf, la Commission nationale de lutte contre la corruption qui n’ont cependant rien donné. Il y a aussi la CENTIF, l’OFNAC mais aussi l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives).
Par rapport à ce dernier organe, Ngouda Fall Kane a noté des insuffisances notamment avec « le mode déclaratif et le fait que l’ITIE ne suive pas l’utilisation faite des fonds issus de l’extraction de nos ressources minières ». Selon lui, en dépit de toutes ces structures pour lutter contre les délinquants financiers, des failles sont notées. « C’est pourquoi nous avons proposé des solutions alternatives avec des dispositions anti blanchiment » at-il poursuivi avant de proposer lors des échanges avec le public, la constitutionnalisation de l’OFNAC.
Enfin, Ngouda Fall Kane n’est pas d’accord avec la mise en place de l’actuelle CREI qui ne garantit pas une juridiction de seconde instance. « La décision de la Crei, sous sa forme actuelle, n’est pas susceptible d’appel et elle constitue une violation des droits des personnes mises en cause (… )
La Crei est perçue comme une arme politique entre les mains du pouvoir » a-t-il ajouté avant de donner raison à l’actuel ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diom, dans la polémique sur le financement des partis politiques avec Ousmane Sonko. « La loi de 1981 est claire. Le financement des partis politiques ne peut pas provenir de l’extérieur » a-t-il tranché net.