Saint-Etienne: l'épopée 1976 "c'était de la folie" pour Dominique Rocheteau

L'ancien attaquant de Saint-Etienne, Dominique Rocheteau, évoque "la folie" qui entourait l'épopée des Verts durant la saison 1975-1976, jusqu'à la finale mythique de Glasgow perdue contre le Bayern Munich le 12 mai 1976, dont l'ASSE fête le quarantième anniversaire.
C'est le match des quarts de finale retour contre le Dynamo Kiev (3-0), au cours duquel il avait inscrit le troisième but qualifiant les Stéphanois, qui l'a le plus marqué.
Q: Dominique Rocheteau, que reste-t-il de l'épopée de Verts, quarante ans après ?
R: "C'est fou que l'on en parle autant de cet anniversaire. Nous avons fêté les vingt ans, les trente ans et maintenant quarante ans. C'est fou oui et non car cela a tellement marqué plusieurs générations. On ne fête pas la défaite en finale mais l'épopée de cette saison 1975-1976. Cela a marqué les gens. Il s'est passé quelque chose au niveau des valeurs dégagées par l'équipe, sans doute. Il y avait les renversements de situations et cette formation sympathique aux yeux des gens, qui se dépassait et qui allait chercher des résultats. Les gens s'identifiaient à cette équipe et encore plus à Saint-Etienne. Nous étions un peu seuls dans le désert de résultats du football français. Ainsi, les grandes soirées européennes, c'était Saint-Etienne. On venait au stade de partout, le show biz aussi. Saint-Etienne, c'était le renouveau du football français, il faut le dire".
Q: Avez-vous un souvenir marquant de cette époque ?
R: "Personnellement, je ne me rendais pas vraiment compte car je m'étais isolé complètement, par mon caractère. Je vivais à la campagne. Nous ne nous rendions pas vraiment compte hormis les jours de matches de coupe d'Europe. Nous voyions cette ferveur lorsque nous nous rendions au stade, où même en championnat de France lorsque nous nous déplacions. Nous avions des supporteurs partout en France. Il y avait une effervescence dans les hôtels. Mais pour le reste, nous avions une petite vie tranquille à Saint-Etienne".
Q: Quel est le match qui vous a le plus marqué personnellement ?
R: "Kiev. Le Dynamo était une grande équipe, peut-être la meilleure en Europe à ce moment-là avec Oleg Blokhine. Il y a eu ce match retour car à l'aller nous avions été submergés. Nous aurions pu perdre 3-0, 4-0. Nous n'avions perdu que 2-0, je ne sais pas comment. Il y avait eu +Curko+ (Ivan Curkovic, le gardien héroïque) mais nous avions été solidaires quand même dans un bourbier (à Simféropol en Crimée). C'était les qualités de l'équipe. Et le match retour avec cette ambiance que je n'ai peut-être plus jamais revue. C'était un truc de fou. C'était fou. Le premier but, le deuxième, le troisième enfin et les gens qui envahissent la pelouse, les photographes. Tout le monde. C'était de la folie".
Propos recueillis par François-Jean TIXIER