CE SÉNÉGAL-LÀ
EXCLUSIF SENEPLUS - Que voyons-nous ? Imiter l’adversaire politique jusqu’à lui ressembler. Nous sommes dans la logique du Casino où le gagnant rafle tout sans un petit geste consolatoire à l’endroit des perdants. Duñulen may dara ! Tuss !

« Je suis venu pour te dire » non pas « que je m’en vais » comme le chantait Serge, mais pour te dire que je suis là, que nous sommes toujours là, au Sénégal, ce grand pays de grande hospitalité même s’il est, depuis quelque temps, un peu boiteux, un peu enrhumé, un peu nerveux, un peu violent, un peu inquiet et s’il a un peu les crocs.
C’est vrai qu’à chaque fois qu’un jeune homme de trente ou quarante ans nous prévient qu’il viendra nous voir, nous prédisons, hélas, qu’il s’apprête à embarquer dans un rafiot comme d’autres milliers de sa génération pour amerrir sur une plage italienne ou espagnole ou mourir dans les océans, brisant le rêve de toute une famille, de tout un quartier, de tout un village.
Voilà plus de deux décennies que l’espoir de devenir, un jour, un membre de la famille dont la voix compte et un jeune du quartier qui a réussi socialement, salué avec déférence par les vieillards s’est exfiltré des cœurs de ceux qui ne croient plus à la générosité de leur pays, aux professions de foi des gouvernants et de l’opposition politique distribuées à la veille des échéances électorales, bref à l’honnêteté de la société politique.
Tous les mêmes, disent-ils : ce sont les mêmes compères. Dans les camps militants, ils génèrent des violences verbales et physiques, des dégâts matériels et corporels inestimables, des coups bas, chaque militant bande les muscles sur le terrain à la manière de Popeye et à la fin de l’élection, l’on sabre, ensemble, facétieusement, le reste du champagne chapardé quelques semaines plus tôt dans les supermarchés saccagés à l’occasion de manifestations politiques.
″Enfin les ennuis commencent″, disait le vieux François. Non, c’est plutôt une bonne nouvelle, une naissance, le baptême chez les Manjaks (gente njaago) ! C’est la distribution des postes et des prébendes. Tant pis pour les mutilés ! Tant pis pour les familles éplorées !
C’est ainsi que cela se passe dans les téléfilms pour la gouverne de Ngor Djidjack Senghor, la petite tête et d’Aline Assome Diédhiou, la simple d’esprit. Comme les leurs, mon cousin sérère et ma cousine diola ne comprennent toujours pas pourquoi l’acteur mort dans un film aujourd’hui, joue le lendemain dans un autre, dans un autre rôle. Cela s’appelle du cinéma dans une grande salle fermée ; de la duplicité, en politique. Le jour où l’on votera une loi qui criminalisera la pantalonnade et la fourberie, ces deux sparadraps du Capitaine Haddock de la politique sénégalaise, il n’y aura plus de compétitions électorales dans ce sympathique pays.
On aime, on adule, on tombe en transe face à un politicien micro en main, en campagne électorale avec des promesses fabuleuses et puis on a honte de soi-même, on se déteste quand il arrive au pouvoir : les renoncements, les reniements, les revirements et le bel alibi du ″face aux réalités du pouvoir″ qui déleste les naïfs militants tombés dans l’esprit moutonnier, l’esprit de meute de tout rêve d’une nouvelle vie de confort moral et matériel. Sur un terrain de football, on appelle cela une passe décisive … but … ambiance dans la tribune … plutôt dans les cercles familiaux des hauts responsables politiques. On a gagné ! On a gagné ! On a gagné ! Désormais, place aux conjoints, à la fratrie, aux descendants, aux ascendants, aux bailleurs des séditieux, aux copains, aux coquins, aux fous du roi. Tout ce monde est au milieu de la Caverne d’Ali Baba. Satan est seul avec les jouisseurs. ″Do you feel like we do ?″, nous demandent-ils comme Frampton, excité, sur scène. ″Yes, guys !″, répondons-nous. Les casseurs, les pyromanes, les insulteurs, les animateurs de meeting … Oust ! Dehors !
″Les politiciens sont tous les mêmes. Ils promettent des réformes, puis réforment leurs promesses″, disait Leonid Sukhorukov. ″Que c’est triste Venise !″, se confiait à nous Charles. Que c’est triste, aussi, notre pays ! Inquiet, avions-nous dit à l’entame de notre propos. Oui, nous sommes inquiet et c’est pourquoi nos nuits sont toujours courtes car jusque-là, nos dirigeants n’arrivent pas à prendre de la hauteur, non pas la hauteur tragique du pendu mais la hauteur républicaine qui fait d’un président de la république, d’un Premier ministre ou d’un ministre, un grand monsieur estimé, salué avec une naturelle révérence, une réelle déférence à leur contact avec leurs compatriotes de par le respect scrupuleux des engagements électoraux pris ou qui fait d’un député, une honorable personnalité qui n’injurie pas, qui ne boxe pas, qui ne vole pas, qui ne verse pas dans les trafics illicites tout au long d’une législature et dans la vie de tous les jours.
L’honorabilité ne peut pas être un titre parlementaire, elle doit être une reconnaissance sociale, individuelle. Combien de députés savent ce que représente la sublime étoffe colorée qu’ils portent du haut de l'épaule droite à la hanche gauche ? Les éblouissantes couleurs de cette étoffe sont-elles celles d’un parti politique ou celles de la République ? Ils ne savent rien ou ne savent que ce que l’on leur demande de répéter lors des plénières de l’Assemblée nationale par le président du Groupe parlementaire qui tient les instructions de la direction du parti et ce, depuis Sédar et Lamine Coura : le parti avant la patrie pour défendre les infamantes postures.
Quand est-ce nos présidents, nos ministres, nos autres élus et nommés de notre République vont-ils se convaincre qu’ils sont nos serviteurs et non nos seigneurs ? En campagne électorale, ils viennent s’aplatir devant nous, doux comme des agneaux, implorant nos suffrages avec une humilité et une disponibilité d’esclaves de case. Une fois élus, nommés, ils nous parlent avec condescendance quand ils nous rencontrent et refusent de nous recevoir quand on leur demande une audience. Plongés dans une amnésie de soûlards, ils ne nous connaissent plus.
Disons-le, derechef, les adversaires historiques du peuple de Sénégal, ce sont les politiciens sénégalais et les électeurs sénégalais eux-mêmes : ″trompez-moi une fois, honte à vous ; trompez-moi dix fois, honte à moi″. Le peuple sénégalais a, toujours, été gouverné sans savoir comment il l’a été. Si, quand même et heureusement ! Apaté soit louée ! La famille des … nouveaux régnants en sait quelque chose plus que ceux qui suaient abondamment sous le soleil incandescent non pas de « L’Été indien » de Joe mais bien de l’été sine-sine sous des chaleurs torrides lors des meetings, plus que ceux qui ont été éborgnés ou tués lors des batailles rangées entre adversaires politiques, plus que les familles de ceux qui ont succombé suite à des blessures par armes blanches des nervis, par des manifestants, pistolets en mains ou par balles perdues des forces de défense et de sécurité en mission, plus que ceux qui ont vécu les misères carcérales pour avoir été au mauvais moment et au mauvais endroit lors d’une manifestation politique où chaque camp croit devoir répondre à la radicalité de l’autre en faisant fi de la quiétude, de la dignité de ceux qui n’y sont mêlés ni de près ni de loin.
Diamniadio et Dakar, le 2 avril 2024 ! C’était l’investiture de Monsieur Bassirou Faye comme cinquième président de la République du Sénégal et la passation de pouvoir entre le susnommé et le président sortant, Monsieur Macky Sall avec d’affectueuses fausses embrassades et de théâtrales tapes fraternelles sur les épaules. Les Sénégalais étaient à la fois médusés et émus par ce spectacle qu’ils n’avaient jamais imaginé « mort ou vif », une expression tout-terrain, à tout va, chère à mon ami Mbissane Mossane Sène, l’évaporé.
Avril 2025 ! Il ne s’agit pas de faire le bilan d’un an au pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Faye. Il convient juste de faire des constats sur le vécu des Sénégalais et de la conduite des affaires publiques par son régime au cours des douze derniers mois et quelques jours après le mémorable plébiscite du candidat de la « Coalition Diomaye Président » à la présidentielle du 24 mars 2024 au cours de laquelle nous avons donné notre voix, notre suffrage et n’avons été économe ni de notre temps ni de notre énergie pour qu’advienne la troisième alternance démocratique (voir notre lettre : À mes cousins candidats Amadou Ba et Bassirou Faye du 20 mars 2024). Rendons grâce au Dieu des fats dirigeants confortablement installés et des dupées gens dont la votation ne compte plus, désormais, d’avoir agréé nos prières !
Honnêtement, nous pouvons dire que le pays est dans une situation de « Blokas », comme le disait, Babacar, le Sing-Sing du ″Super Etoile de Dakar″. Les ménages sont accablés par la cherté de la vie, ils sont ″fauchés comme les blés″. Les entreprises sont épuisées par la pression fiscale et la dette intérieure. La marche du pays semble être tributaire de la bonne coopération avec le FMI, c’est du moins ce que l’on apprend auprès de la vendeuse d’arachides grillées, au coin de la rue, bravant le froid crépusculaire ; du Maïga dans sa gargote où les agents du Service d’Hygiène ne sont, visiblement, jamais entrés pour contrôle ; du charretier qui arpente avec nonchalance et effronterie les avenues et rues de la Capitale, créant un déprimant embouteillage et du mécano qui répare les véhicules sur le trottoir, mettant en difficulté la circulation piétonne au vu et au su de l’Agent Voyer Municipal (AVM).
"Je n’ai pas changé … toi non plus, tu n’as pas changé″, nous berçait Julio. Le train de vie de l’Etat a-t-il, réellement, changé ? Est-il ″réduit à sa plus simple expression″ dans un « pays en ruine » ? Sont-ce toujours les mêmes ambassades et consulats, les mêmes directions et agences nationales, les mêmes postes de Haut-Représentant, de ministres-conseillers, de conseillers techniques sans la science, d’envahissants chargés de mission, de PCA, de PCS, de Haut-Conseil du Dialogue Social, les mêmes cortèges avec des véhicules au prix de plusieurs centaines de milliers de dollars comme ceux des colonnes funèbres pour l’enterrement des grandes stars hollywoodiennes, …, les mêmes missions inutiles à l’intérieur et à l’extérieur du pays dans le même confort princier avec perdiems, avec de vrais et de faux collaborateurs dans les délégations, sans grand profit pour le Sénégalais et la Sénégalaise qui cherchent à survivre ?
Engagements électoraux en instance de traitement ou classés sans suite ! Quel sort pour les caisses obscures ; la pénalisation de l’homosexualité ; le retrait de l’Exécutif du CSM ; la gestion saine et transparente de tout le patrimoine des sénégalais ; la fin du népotisme et l’isolement de la famille dans la vie publique ; l’abrogation de la loi portant amnistie de 2024 sans explication, sans commentaire, sans interprétation, voire sans débats comme la LFi 2025 ?
Raté ! Cette loi de la volte-face est votée, finalement, le 2 avril 2025 avec de minuscules modifications invisibles à l’œil nu, avec des virgules, des trémas sur les «i», et des accents circonflexes qui manquaient sur un mot, un seul mot, dans la loi du président Macky Sall.
C’est encore raté ! Messieurs Thierno Alassane Sall, Abdou Karim Gueye, Cyrille Oumar Touré, le Premier ministre Ousmane Sonko, Me Abdoulaye Tall et les parents des victimes des violences électorales de 2021 à 2024 qui détestaient cette loi félonne en voudront à la majorité parlementaire pastéfienne qui a imposé la dictature du plus grand nombre. Ils attendront une autre fois. Ce sera ″Another day in Paradise″, comme le promet Phil.
Maladresses ! Maladresse dans la communication de certains membres du gouvernement. On se croirait dans les marchés hebdomadaires de Djilass ou de Boutolatte. Quand ils parlent, on rit ou on pleure. Leurs familles, leurs amis et leurs voisins guettent leurs prochaines sorties médiatiques pour se boucher les oreilles pudiques pour ne rien entendre.
Maladresse, aussi, dans une diplomatie qui avait rayonné dans toutes les instances internationales, aujourd’hui brouillonne avec une voix blanche, aphone, atone. Pas grave ! La redynamisation est en cours.
« Blokas » ! Personne ne bouge ! Plus de marches pour les mécontents, pour les travailleurs licenciés à tort ou à raison et à qui l’on doit des réparations, pour des organisations politiques, syndicales ou des regroupements du secteur informel victimes de mesures non encadrées dans le temps et dans l’espace, pour les étudiants qui ne voient pas les bourses d’études à la bonne heure.
Les libertés sont, systématiquement, confisquées au nom du principe ″bananier″ de risque de trouble à l’ordre public.
Les opposants sont menacés et humiliés partout. Leurs mouvements sont restreints sur « ordre de la hiérarchie » comme si l’on est encore dans le règne de Salmone Faye où tout est permis et tout est interdit selon la volonté du roi sanguinaire. Les procureurs de la rue publique annoncent, fièrement, les arrestations et l’emprisonnement prochains d’opposants politiques au régime actuel. Quelques heures, quelques jours après, ils ont presque raison ! Nous ne sommes pas dans une ripoublique comme le dit l’autre mais nous ne sommes pas très loin. Force est de constater que nous sommes revenus aux odieuses pratiques du régime de BBY.
Que voyons-nous ? Imiter l’adversaire politique jusqu’à lui ressembler ! Pire, nous sommes dans la logique du Casino où le gagnant rafle tout sur le tapis vert sans un petit geste consolatoire à l’endroit des perdants. Duñulen may dara ! Tuss !
Halte-là ! Stop aux dérapages ! Ne tombons dans aucune forme de radicalité qui exclut, qui éloigne. La République a besoin d’équilibre et de mesure. Comment comprendre l’adresse du Premier ministre Ousmane Sonko sur les libertés face aux organisations syndicales et au patronat au Grand Théâtre ? « Si vous voyez les pays qui ont décollé ces dernières années, c’est là où les libertés ont été réduites. Je ne vais pas citer de noms mais allez dans des pays asiatiques, arabes, les libertés (politiques, syndicales ou d’association) ont été réduites pour ne pas dire annulées, ce qui a laissé une marge (de manœuvre) pour que les autorités puissent dérouler ».
Bel exemple ! Monsieur le Premier ministre a, parfaitement, raison. Par contre, nous devons demander si le Premier des ministres a déjà visité la Suède, la Norvège, l’Allemagne, le Canada ou la Finlande ? Dans ces pays, les libertés, toutes les libertés sont sacrées, le citoyen est presque un monarque ou un bambin qui fait ce qu’il veut là où il ne voit ni papa ni maman. Ce trop-plein de libertés n’empêche point « les autorités (de) dérouler » pour faire de leurs pays ce qu’ils sont : des paradis que leur envient les pauvres sahéliens que nous sommes ?
«Blokas» ! Les cadres supérieurs sénégalais compétents aux pertinentes expériences plusieurs fois reconnues à l’intérieur et à l’intérieur du pays attendent les appels à candidatures fermement promis par Ousmane Sonko et Bassirou Faye alors candidats aux élections de 2017, 2019, 2022 et 2024, prêts à aider le pays à sortir de son indéniable morosité économique.
« Blokas » ! Magistrats, sociétés politique et civile attendent l’application des conclusions des Assises de la Justice et la décision du président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Faye, de ne plus siéger au Conseil Supérieur de la Magistrature conformément à son engagement répété des dizaines de fois devant les journalistes. Un engagement cher à son Premier ministre, Ousmane Sonko, patron du Pastef, par ailleurs.
« Aadi bil aadi ; salaade aadi ɓuri firtude aadi ». Serment pour serment ; autant ne pas prêter serment s’il faut le violer ensuite, disait ma grand-mère, au bord du grand fleuve septentrional. Un nouveau serment vient d’être fait, solennellement : ne plus décevoir brutalement avec inhabileté les citoyens. Bravo les doctes ! Désormais, il faut expliquer avec pédagogie, interpréter avec pédagogie toute rétractation, toute abjuration avec l’intervention de femmes et d’hommes, à la télé, dans les réseaux sociaux, payés pour faire le job auprès de personnes plus polies, plus intelligentes, plus érudites qu’eux.
Le devoir du citoyen n’est pas d’être sur les plateaux de télé pour répéter ce qu’on demande de défendre avec une fausse conviction. À tout citoyen, l’on demande d’être un patriote, c’est-à-dire, une personne qui aime sa patrie plus que tout autre chose et la sert avec honneur, dévouement, sincérité, loyauté en transcendant l’esprit partisan. Il est vrai que la première chose qu’un homme doit défendre, c’est son honneur. Évidemment quiconque ne peut défendre son honneur, ne peut défendre ni sa patrie ni son parti.
Nous sommes plein dans le mille ! La propagande par les naïfs, par les obtus dans les médias. Ma génération est « À la recherche du temps perdu » comme Marcel. Il était une fois des hommes et des femmes nommés : Cheikh Anta Diop, Djibo Leyti Ka, Marie Angélique Savané, Abdoulaye Bathily, Penda Mbow, Boubacar Boris Diop, Annette Mbaye d’Erneville, Sémou Pathé Gueye, Doudou Sine, Abdoulaye Elimane Kane, Babacar Touré (Sud), Hamidou Dia, Mame Moussé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Henriette Niang Kandé, Fadel Dia, Amsatou Sow Sidibé, … Quel délice que d’écouter ou de lire ces femmes et ces hommes !
Ajourd’hui, face à la bonne parole qui fait défaut, nous sommes soumis à la dictature médiatique des chroniqueurs.
Paul Nizan dénonçait dans « Les chiens de garde » les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s'imposaient en véritables gardiens de l'ordre établi. Nos intellectuels, prétendument, désintéressés par les privilèges sont dans une douce collision avec le pouvoir. Ils tournent la langue française dix fois dans la bouche jusqu'à la gorge avant de s’exprimer en public pour bien se faire entendre et se faire recruter par les décideurs.
Les universitaires ne veulent plus continuer à côtoyer, chaque matin, dans les amphis les sauvageons disciples, capricieux, impertinents, violents. Ils s’arrangent, finement, pour se retrouver dans le cabinet du président de la république, du Premier ministre ou ceux des ministres. De ces positions, ils défendent ce qu’ils n’ont rien appris de leurs émérites professeurs et rien enseigné à leurs étudiants. Ainsi, ils se seront condamnés au devoir de réserve, garant du grand confort pour hauts fonctionnaires dévoués et consciencieux.
Où entend-on, où voit-on les intellectuels qui décriaient les petites comme les grandes dérives du régime de BBY ? « Les philosophes d'aujourd'hui rougissent encore d'avouer qu'ils ont trahi les hommes pour la bourgeoisie. Si nous trahissons la bourgeoisie pour les hommes, ne rougissons pas d'avouer que nous sommes des traîtres ». Que dire de cette réflexion de Paul Nizan ? Pour notre part, nous considérons que l’alignement d’un intellectuel au pouvoir est la dépossession de ce qu’il est. « Ku log du wax », parole de Wolof Ndiaye.
Revenons aux … grands esprits des studios de télévision, mesdames et messieurs les chroniqueurs, et référons-nous à Serge Halimi qui a fait l’updating : «Les nouveaux chiens de garde ». Ceux-là qui construisent, éhontément, la destruction de nos valeurs, de nos croyances et de notre mieux-vivre ensemble par la grossièreté, la diffamation, la malfaisance, le trafic d’influence et le mensonge. Ils sont, à la fois, journalistes, experts en communication, palefreniers, vendeurs d’encens, soldats de dernière classe libérés insultant l’honneur de vaillants généraux aux faits d’armes que nul ne peut ensevelir, politiciens de carrière bouffant à toutes les mangeoires, gens de la mode, responsables d’ONGs embourgeoisés ou simplement hommes et femmes de mauvaise éducation depuis l’enfance. Ils sont docteurs-en-tout. Ils sont constitutionnalistes, pénalistes, médecins-légistes, économistes, politistes, gynécologues, géologues, psychologues, sociologues, procureurs, juges. Ils sont dans la cour du ministre, du député et de ce grand opposant politique qui leur allouent un salaire, les dotent d’habits d’apparat pour les émissions de télé et assurent la rémunération de leurs gardes du corps. Chroniqueurs et gardes du corps ! Des métiers d’avenir. Préparez-y vos enfants !
Notre pays est, aujourd’hui, fissuré par les ambitions des politiciens, la volonté de conquérir le pouvoir et la hargne de le conserver par tous les moyens. En vérité, ils se soucient peu du développement du pays, or la bataille du développement est d’abord celle des convictions et de l’exemple, disons de l’exemplarité. Il nous faut tous être du bon côté de l’Histoire : pouvoir, opposition, citoyens ordinaires et extraordinaires. Un pays se construit, se développe avec l’ordre et la justice. Le pouvoir a le devoir de donner aux citoyens le goût de la vérité quel que soit la situation et démontrer par l’exemple la supériorité de la raison et du vrai sur la propagande.
Il faut se rendre à l’évidence : l’irréversibilité du réveil du citoyen dormant, suborné, un autre jour d’un autre mois de mars à venir comme en 2000, 2012 et 2024.
Quel vaccin devons-nous inventer pour lutter contre le vieux laxisme et la nouvelle méchanceté chez le sénégalais afin qu’il puisse s’occuper, journellement, de l’essentiel au lieu de se fourrer dans les nids de frelons pour écraser tous les petits frelons ? Pour le moment, nous sommes dans l’univers de l’immoralité, du dévergondage où l’insulte est la première valeur cardinale des acteurs politiques. On ne se scandalise plus de l’insulte mais de l’insulteur et du sens de l’offense dans une langue ou dans une autre. Gare à ceux qui parlent ou écrivent dans le sens contraire de la girouette militante, la meute populiste braillarde partisane et les aboyeurs sont en alerte !
Hélas, Ce n’est pas … Ce Sénégal-là … que nous voulons bien construire, bien co-construire en bons sénégalais de bonne éducation, patriotes sincères sans calculettes dans les poches et pochettes.
Nous terminons avec Marguerite Duras : «si j’avais su que j’aurais un jour une histoire, je l’aurais choisie, j’aurais vécu avec plus de soin pour la faire belle et vraie en vue de me plaire. Maintenant, c’est trop tard». Plaire aussi à la postérité, devait-elle ajouter !!!
Vive le Sénégal éternel ! Dieu bénisse le Sénégal !