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27 avril 2025
LE RWANDA ANNONCE LA RUPTURE DE SES RELATIONS DIPLOMATIQUES AVEC LA BELGIQUE
Kigali accuse Bruxelles d’ingérence et d’adopter une posture néocoloniale dans la région, dénonçant notamment son soutien à des acteurs impliqués dans le conflit en RDC ainsi que l’hébergement de groupes diffusant des discours négationnistes.
Le gouvernement rwandais a annoncé ce lundi la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec la Belgique. Cette décision, officiellement communiquée à Bruxelles, résulte, selon Kigali, d’une « réflexion approfondie » sur le rôle jugé nuisible de la Belgique dans la région.
Dans son communiqué, le ministère rwandais des Affaires étrangères accuse la Belgique de maintenir une posture néocoloniale et de prendre parti dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC) au détriment du Rwanda. Selon Kigali, Bruxelles mène une campagne diplomatique visant à ternir l’image du Rwanda et à déstabiliser la région.
Le gouvernement rwandais va plus loin en évoquant le rôle historique de la Belgique dans la région, l’accusant d’avoir contribué à l’exacerbation des tensions ethniques, notamment celles qui ont conduit au génocide des Tutsi en 1994. Il reproche également à Bruxelles d’héberger sur son sol des groupes diffusant des discours de négationnisme.
Cette rupture diplomatique s’accompagne d’une mesure immédiate : les diplomates belges présents au Rwanda ont 48 heures pour quitter le pays. Kigali assure toutefois qu’il respectera la Convention de Vienne en protégeant les locaux et archives de la mission diplomatique belge.
Cette annonce marque une nouvelle escalade dans les relations entre les deux pays, historiquement marquées par des tensions. Pour l’instant, Bruxelles n’a pas encore officiellement réagi à cette décision.
PAR AHMADOU BELLA DIALLO
MISE À JOUR DE L'ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE, LA FUTURE ARME DU GOUVERNEMENT
Le flop du rapport de la cour des comptes a mis les autorités sénégalaises dans une mauvaise posture. Aujourd’hui la mise à jour de l’économie sénégalais ou rebasing semble être une arme salvatrice pour ce gouvernement.
La déception des bailleurs de fond et des investisseurs privés suite à la conférence de presse du gouvernement en date du 26 septembre 2024. Aussi les dégradations successives de la note souveraine de l’état du Sénégal rend les conditions d’accès au crédit très compliqué voir impossible.
Le flop du rapport de la cour des comptes a mis les autorités sénégalaises dans une mauvaise posture. Aujourd’hui la mise à jour de l’économie sénégalais ou rebasing semble être une arme salvatrice pour ce gouvernement.
Il faut savoir que le rebasing (mise à jour de l’économie) est un processus visant à mettre à jour l’année de référence utilisée pour calculer le Produit Intérieur Brut (PIB) et d’autres indicateurs économiques. Cette révision permet de mieux refléter la structure actuelle de l’économie en intégrant les nouveaux secteurs d’activités et en améliorant la précision des données statistiques.
Au Sénégal, la dernière mise à jour a eu lieu en 2018, remplaçant l’année de base 1999 par 2014. Aujourd’hui, un nouveau rebasing est en cours afin de tenir compte des transformations économiques récentes, notamment l’essor du numérique, l’exploitation des hydrocarbures et la croissance des services financiers.
L’objectif de ce rapport est d’examiner les enjeux, la méthodologie et les impacts du rebasing, en mettant en lumière les secteurs à inclure et ceux à exclure.
À savoir : •Actualisation de la structure du PIB pour mieux refléter l’économie actuelle.
•Intégration des secteurs émergents tels que le commerce en ligne et les énergies renouvelables.
•Amélioration de la fiabilité des statistiques économiques et leur comparabilité au niveau international.
•Facilitation de la prise de décision économique et renforcer la crédibilité du Sénégal auprès des investisseurs.
Il faut cependant noter que le gouvernement sortant avait entamé le processus du rebasing en prenant comme année de référence 2023 (période post Covid 19).
Le choix de l’année 2023 est pertinent au regard des données collectées suite à des enquêtes auprès des entreprises, la collecte de statistiques fiscales et douanières, ainsi que des données issues des comptes nationaux.
Ce qui nous emmène à intégrer les activités des secteurs qui ont pris de l’importance dans l’économie sénégalaise et doivent être intégrer dans le nouveau calcul du PIB dont
* l’économie numérique et télécommunications (mobile Money tels que orange Money, wave …) et e-commerce
*Pétrole et gaz : exploitation des ressources offshore (GTA, Sangomar
* Énergies renouvelables : développement des parcs solaires et éoliens,
* Tourisme et industries culturelles : cinéma, mode, écotourisme.
Aussi il faut exclure certaines activités en perte de vitesse ou en déclin, illégal ou absence de données fiables comme :
* les activités clandestines et informelles non quantifiables (trafic, contrebande),
* Services administratifs non marchands qui n’ont pas d’impact direct sur la production économique.
Maintenant il faut voir l’Impact du Rebasing sur l’Économie Sénégalaise
Les premières estimations indiquent que le rebasing ou mise à jour de l’économie pourrait augmenter le PIB du Sénégal d’environ 30 %, le faisant passer à plus de 31 000 milliards de FCFA. Cette révision statistique aura plusieurs effets positifs :
* Réduction du ratio dette/PIB, passant de plus de 99 % à environ 70 %, améliorant ainsi la perception de la soutenabilité de la dette.
La mise à jour de l’économie donne une meilleure attractivité pour les investisseurs étrangers grâce à une évaluation plus réaliste du poids de l’économie et une possibilité d’adapter les politiques économiques en fonction de la nouvelle répartition sectorielle.
Aussi il faut noter les défis et recommandations puisque malgré ses avantages, le rebasing (mise à jour de l’économie) présente certains défis :
•Difficulté d’intégration du secteur informel, qui représente une part importante de l’économie mais reste sous-documenté.
•Manque de données précises dans certains secteurs émergents.
Pour surmonter ces obstacles, il est recommandé de :
•Améliorer la collecte et la fiabilité des données grâce à des enquêtes et des outils technologiques avancés.
•Sensibiliser les acteurs économiques à l’importance de déclarer leurs activités pour une meilleure visibilité économique.
•Mettre en place un suivi régulier pour éviter des écarts trop longs entre deux exercices de rebasing.
Et enfin le rebasing (mise à jour de l’économie sénégalaise) est une étape cruciale pour moderniser les outils statistiques du pays et offrir une image plus fidèle de sa réalité économique.
En intégrant les nouveaux secteurs dynamiques et en excluant les activités non pertinentes, cette révision permettra d’améliorer la prise de décision économique et d’attirer davantage d’investissements.
Cependant, il est essentiel de renforcer la collecte des données et d’assurer une meilleure coordination entre les institutions économiques pour garantir la réussite du processus. Le rebasing doit être vu comme un outil stratégique pour une meilleure planification du développement du Sénégal.
LE CONSUL DU SENEGAL À NOUAKCHOTT SE LIVRE
Les récentes opérations d'expulsion de migrants irréguliers menées par Nouakchott reflètent l'ampleur d'une crise qui dépasse largement les capacités d'accueil du pays
Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie a entrepris des opérations d’expulsion de migrants dits irréguliers. Si cette mesure choque les pays concernés, Nouakchott tente de casser le point de transit que les candidats à l’émigration irrégulière en Europe tentent d’en faire. Sans oublier, les risques sécuritaires provoqués par cet afflux de migrants évalués à 1million 200 mille dans un pays peuplé à peine de 4,5 millions.
Consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, Boughourbal Moulaye Abasse vit au rythme des migrants sénégalais. Entre prise en charge, assistance et conseils, le diplomate tente de voler au secours à ces jeunes, qui rêvent d’un ailleurs meilleur en prenant une voie souvent sans issue. Dans cet entretien, il commente les opérations en cours en Mauritanie, les actions à mener pour convaincre les jeunes à rester chez eux. Sans oublier d’évoquer les relations entre le Sénégal et la Mauritanie, qui sont «complémentaires» dans tous les domaines. Attendue ce lundi dans la capitale mauritanienne, Yacine Fall va tenter de solidifier cet existant et balayer les nuages noirs.
Comment se porte la communauté sénégalaise établie en Mauritanie ?
Elle se porte bien et mal. Ceux qui ont des cartes de séjour, leur travail n’ont pas de problèmes actuellement. Les gens qui ont de petits papiers qu’on leur donne à l’arrivée et qui ont une validité de trois mois pour régulariser leur situation avec une carte (de séjour) gratuite n’ont pas aussi de problèmes. Aujourd’hui, les gens qui n’ont aucun papier sur eux-on ne sait pas s’ils sont sénégalais, maliens ou burkinabé-, ont des problèmes. Quand ils sont arrêtés, on les renvoie à la frontière.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a entre 1 million et 1 million 200 mille étrangers africains, de Pakistanais et d’Indiens qui veulent aussi migrer en Europe. La Mauritanie est devenue le point de départ vers l’Europe. D’une façon inattendue, il y a eu une montée de la criminalité. Il y a des cas de violence qui se répètent avec des exemples poignants. Il s’est développé un réseau de trafic de migrants un peu partout. 80 Mauritaniens, qui géraient des réseaux de trafic de migrants ont été arrêtés et l’un d’eux a été envoyé en Espagne pour être jugé. Il y a une pirogue avec 20 Pakistanais qui ont coulé aussi, et le Pakistan a dû ouvrir une enquête sur cette tragédie. Il y a beaucoup de morts et on a enterré lors d’une nuit 200 corps. IL n’y a aucun survivant dans cette embarcation. En vérité, les autorités mauritaniennes n’ont pas les moyens de contrôler tout cela : les Européens sont venus en renfort avec la Police espagnole qui patrouille à Nouakchott et en donnant de l’argent aussi pour financer la lutte. Malgré tous ces moyens, cela continue. Parce que le Sénégal a fermé ses côtes en serrant la vis et le Maroc aussi. Et tout le monde s’est retourné vers la Mauritanie.
C’est cette montée de l’insécurité qui explique ces opérations d’expulsion en cours en Mauritanie depuis quelques jours ?
Evidemment ! Et en même temps, on assure la sécurité de ces migrants qu’on embarque dans des pirogues qui ne sont pas assurées, parfois sans carburants, sans assez de gilets. Quand un pays a une population totale de 4 millions 500 mille habitants et qu’il se retrouve avec 1million 200 mille migrants irréguliers, cela pose problème. On n’a jamais eu autant de violences dans ce pays. C’est un sérieux problème.
Quels actes concrets, posez-vous au quotidien pour protéger les ressortissants sénégalais ?
D’abord, on a recensé nos gens. On intervient tous les jours pour accompagner les Sénégalais qui veulent rentrer. Ils sont escortés par la Police. A Nouadhibou, nous avons 15 mille Sénégalais recensés. A Nouakchott, il y a environ 300 mille Sénégalais, qui vivent en famille, qui travaillent, qui ont leurs propres maisons.
Aujourd’hui, les Maliens représentent la plus forte communauté de migrants en Mauritanie parce qu’ils fuient la guerre. La Mauritanie est devenue vraiment un pays de transit avec l’Algérie.
Que faut-il faire pour arrêter cette vague migratoire ?
C’est impossible de l’arrêter.
Il faut donner du travail aux enfants, les occuper.
Actuellement, c’est impossible. On espère qu’avec le gaz, le Sénégal et la Mauritanie auront plus de moyens. Ces deux pays sont complémentaires dans le travail et dans leurs relations. Il ne faut pas que des incidents isolés viennent gâter ses relations. Economiquement, les deux Etats sont plus que complémentaires.
Et la situation des migrants sénégalais doit vous stresser tous les jours ?
Et comment… Nous gérons aussi les rapatriements qui viennent aussi du Maroc. On n’a pas de budget pour prendre ça en charge. Je paie de ma poche en louant des bus, payant la nourriture et tout surveiller à la minute près. Et le Secrétaire du consul les accompagne.
Il y a beaucoup de travail à faire. Si les gens disent qu’ils sont parqués, la Mauritanie n’est pas équipée pour prendre en charge cela. On apporte toute notre assistance à tous les Sénégalais qui sont à Nouadhibou et ailleurs. Dès fois, il y a qui reviennent complétement démunis du Maroc, on doit les assister. J’ai demandé au Premier ministre Ousmane Sonko de revenir à Nouadhibou pour mesurer la situation. Et il a promis de revenir surtout qu’il y était bien accueilli. Et il y a que le Président Wade qui a eu un tel accueil à Nouadhibou.
Aujourd’hui, il faut une coopération inter-Etats avec un budget pour prendre cela en charge. En plus du budget, il faut des conditionnalités sur le rapatriement des migrants. L’Europe est saturée, à Las Palmas, il y a 30 mille migrants. Je voyais des gens assis dans la rue qui ne portaient même pas de chaussures à Las Palmas.
On dépensait pour le rapatriement de migrants 40 millions F Cfa, des opérations médicales très coûteuses. Il faut un travail de communication et de sensibilisation à faire auprès des jeunes pour leur dire que vous n’avez rien à faire en Europe.
ABDOUL MBAYE APPELLE À UNE ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE
«Parlons simple : quand on annonce être contre une loi on l’abroge dès qu’on en a le pouvoir.» C’est là, l’opinion de l'ancien Premier ministre sur le débat qui entoure la volonté de Pastef, de faire adopter une loi interprétative de la loi d’amnistie.
iGFM - (Dakar) La proposition de loi du député Amadou Bâ, sur la loi d’Amnistie, fait couler de la salive. Abdoul Mbaye, le leader de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail a donné son opinion sur le débat.
«Parlons simple : quand on annonce être contre une loi on l’abroge dès qu’on en a le pouvoir.» C’est là, l’opinion de Abdoul Mbaye sur le débat qui entoure la volonté de Pastef, de faire adopter une loi interprétative de la loi d’Amnistie. Ce, en lieu et place d’une abrogation pure et simple de la loi de 2024. «La maintenir en facilitant son interprétation cela signifie que l’on y tient», déclare l’ancien premier ministre.
Abdoul Mbaye a donc lancé un message aux nouveaux gouvernants, non sans leur prodiguer un conseil sur la procédure : «Abrogez donc la loi d’amnistie de 2024 et votez-en une autre prenant en compte vos nouveaux objectifs. Et ce sera plus clair pour tout le monde. Et ne pas oublier de se faire conseiller pour la nouvelle loi par la Cour Suprême et le Conseil constitutionnel, bref par de vrais sachants des grands principes du droit et de la justice.»
THIAROYE 44, DECONSTRUCTION ET RECONSTRUCTION MEMORIELLES DES ARTS
La déconstruction du discours colonial mensonger sur les évènements de Thiaroye 44 est l’œuvre des littéraires.
La série de panels sur la commémoration du 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais s’est tenue, le samedi 15 mars, au musée des Civilisations noires, une conférence autour du thème : «Thiaroye 44 : Représentations littéraires et (dé)constructions mémorielles». des universitaires et journalistes ont démontré l’apport de la littérature et la création artistique dans la déconstruction du discours colonial et la reconstruction de notre propre discours à partir de la fiction, de l’imaginaire.
La déconstruction du discours colonial mensonger sur les évènements de Thiaroye 44 est l’œuvre des littéraires. La création artistique et les ouvrages ont aussi permis de reconstruire des pans d’histoire et de construire une mémoire collective sur la question. Pr Ibrahima Wane indique que l’intérêt de la réflexion autour de la littérature, c’est qu’il s’agit de la question de la recréation. Comment les faits sont perçus ? Comment ils sont retravaillés par l’imagination créatrice ? Comment ils sont transmis ? Comment ils constituent la mémoire, donc le rôle de la création dans la construction de la mémoire ? D’autant que la particularité de la littérature et des arts, c’est de travailler à partir du langage, de retravailler des faits avec l’émotion. Ce qui est, à son avis, important puisqu'il s’agit de massacre, d’une tragédie. Il s’agit, en outre, d’élever un panthéon à la mémoire de disparus dans des conditions tragiques. C’est en cela que la littérature est un travail beaucoup plus efficace que d’autres langages puisqu'elle utilise la réalité historique et l’imaginaire, dit-il. Il s’agit, également, de savoir comment nommer efficacement les choses. Quand on parle de littérature, on pense à la fiction alors qu’elle s’inspire de l’histoire et de la réalité sociale. A travers les œuvres d’art, on peut reconstituer plusieurs pans de l’histoire parce que c’est souvent une mise en scène, une codification de choses réelles, signale Pr Wane. Donc, on ne peut pas étudier l’histoire en excluant la littérature. D’autant que la littérature a pour matière l’histoire et l’histoire doit faire de la littérature une matière importante. Pour lui, il est important que les œuvres sur la question soient diffusées à l’école et traduites dans les langues locales et faire en sorte que la peinture populaire trouve des moments et des lieux de rencontre avec le public. Il pense qu’il faut usiter de toutes les expressions en multipliant et exploitant leurs diversités puisque chacune a son langage, son pouvoir et son public.
Modéré par Pr Ibrahima Wane, le panel, dans le cadre de la commémoration des 80 ans du massacre, était animé par Pr Ibrahima Diagne, département de langues et civilisations germaniques et de Dr Alioune Diaw, département de Lettres modernes de l’UCAD et le journaliste et écrivain Pape Samba Kane. Pour lui, il s’est agi d’exprimer sa propre relation en tant que gamin avec cette histoire de Thiaroye 44, à partir des rumeurs du village avec des versions extrêmement différentes, contradictoires. Il a, dit-il, appris tout à l’école primaire sauf une histoire qui le touche de près. Né à 12 km du théâtre du massacre du 1er décembre 1944, il savait plus des figures historiques comme Charlemagne, Jeanne d’Arc... que de ce qui s’est passé à Thiaroye. Il a ainsi démontré ce rapport de bourrage de crâne et de tentative de «nous vider de notre propre histoire». Le journaliste a insisté sur le fait que c'est une entreprise vaine. Dans la mesure où la façon dont les tirailleurs sont morts donne un devoir à ceux qui leur ont survécu et qui ont une relation parentale, idéologique de proximité... de perpétuer leur mémoire. Ce qui, ailleurs, se fait dans du marbre, du bronze et de l’acier
Pape Samba Kane, lui, souhaite que cela se fasse autrement, «par notre propre chair, par notre imaginaire en construisant quelque chose.» A l’en croire, l’approche est plus efficace par la fiction notamment les romans, les films...qui impriment dans notre imaginaire les émotions nécessaires à nous faire conserver cela plutôt que les études scientifiques qui ont, certes, leur importance. Seulement, pour ancrer dans la chair la douleur des soldats, c’est, à son avis, la création artistique qui est plus efficace. Sur la question du caractère fictionnel des créations artistiques, le journaliste rétorque. «Il n’y a pas de création artistique qui se situe en dehors de la réalité, si elle ne se nourrit pas de la réalité, elle parle à la réalité. La réalité et la fiction sont liées. Ceux qui font la création sont réels et le public destinataire est aussi la représentation d’une réalité. Le rapport réalité fiction est, dit-il, difficile à diviser, ils se confondent.» Il déplore le manque de roman écrit à partir de cette triste réalité, d’autant qu’il y a des poèmes, des pièces de théâtre, des films... Et prône d’usiter les nouvelles technologies pour rendre accessibles des aspects de la question sur des supports vidéo, documentaires, discussions.
LA LITTERATURE, IMPLANT MEMORIEL
Pr Ibrahima Diagne s’est penché sur la fonction de la littérature à suppléer l’histoire quand il y a un vide, notamment le nombre de tirailleurs massacrés, les lieux d’inhumation, ainsi que les motifs du massacre... Le pouvoir de la littérature, indique le chercheur, c’est de donner une représentation des faits permettant à la mémoire d’avoir une prise sur l’histoire. Pour ce faire, PrDiagne use de la métaphore de la littérature «implant mémoriel». La littérature comble le vide. Ce qui permet de donner corps aux souvenirs et de pouvoir continuer à perpétuer la mémoire des tirailleurs sénégalais. La littérature a, dit-il, ce pouvoir de construire et déconstruire des imaginaires. Celui qui entoure le récit de Thiaroye d’un point de vue français est ethnocentrique. C’est elle qui a mis au goût du jour des faits historiques, et à déconstruire le discours français sur la question pour construire un discours tout à fait sénégalais qui démonte le tissu de mensonges sur le massacre, a signalé Pr Diagne. Le critique littéraire pense aussi que reproduire la réalité est quasiment impossible. Pour lui, même si la littérature est un discours de subjectivité, il se nourrit d’imaginaire, donc de fiction. Mais cela n'enlève en rien le potentiel de la littérature à cerner la réalité et à en donner une lecture qui peut aller au-delà des attentes. C’est donc une fiction, représentation d’une réalité et qui ne peut pas se substituer à cette réalité. La production littéraire a ainsi contribué à construire une mémoire. Pr Alioune Diaw pour sa part a démontré comment les productions littéraires ont participé à la construction et ou à la déconstruction de la mémoire des évènements de Thiaroye 44. L’évènement est à plusieurs enjeux politiques, militaires, scientifiques, juridiques. Il a aussi suscité des créations littéraires telles que le poème Thiaroye» publié en 1948 dans Hosties noires. Il y a aussi une bande dessinée, «Mort par la France» produit par des Occidentaux. Il y a aussi la pièce de théâtre du journaliste, écrivain, «Thiaroye terre rouge» paru dans les années 80. C’est des mémoires collectives élevant les tirailleurs au rang de héros, au même titre qu’El Hadji Omar Tall...
L’importance de la fiction est reconnue de tous. Seulement, l’événement était entretenu par un tissu de mensonges par l’autorité coloniale, déplore Pr Diaw. Mensonge qui est entretenu au fil de l’histoire. L’enseignant au département de lettres modernes déplore dans la foulée le fait qu’il n’y avait pas de travail historique de déconstruction de cette contrevérité. D’autant que les historiens qui ont mené cette déconstruction du mensonge sont étrangers, Martin Mourre et Armelle Mabon. A côté du mensonge étatique de la France et l’absence de déconstruction par les historiens locaux, c’est un chant exploité par les créateurs artistiques et littéraires pour déconstruire le discours colonial et reconstruire notre propre discours. Pour diffuser ces messages, il prône les nouvelles technologies et la BD pour toucher les plus jeunes. C’est bien de réfléchir sur cette mémoire mais le travail doit permettre d’envisager le futur, souligne Pr Alioune Diaw.
FELWINE SARR DOUBLEMENT RÉCOMPENSÉ AU SALON DU LIVRE AFRICAIN DE PARIS
L’écrivain et penseur sénégalais a été couronné du Grand Prix Afrique de la nouvelle pour son recueil Le bouddhisme est né à Colobane, un ouvrage composé de sept nouvelles explorant des thèmes universels.
L’écrivain et penseur sénégalais Felwine Sarr a brillé au Salon du livre africain de Paris, décrochant deux prestigieuses distinctions. Il a été couronné du Grand Prix Afrique de la nouvelle pour son recueil « Le bouddhisme est né à Colobane », un ouvrage composé de sept nouvelles explorant des thèmes universels tels que l’amour, la vie, la mort, le détachement et la sagesse.
Mais ce n’est pas tout. À travers Jimsaan, la maison d’édition qu’il a cofondée avec Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia, il s’est vu attribuer le Prix Afrique de l’édition 2024, récompensant le travail d’éditeurs engagés dans la promotion de la littérature africaine.
Cette double consécration souligne l’influence grandissante des auteurs et éditeurs sénégalais sur la scène littéraire internationale. Felwine Sarr, figure incontournable du renouveau intellectuel africain, continue ainsi d’enrichir le paysage culturel et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les lettres africaines.
HAUSSE DES TAXES SUR L’ALCOOL ET LE TABAC
C’est à travers une note de service que le Directeur général de la Douane a annoncé des réformes portant hausse des taxes sur l’alcool et le tabac
La direction générale des douanes a récemment revu à la hausse les taxes appliquées aux produits du tabac et aux boissons alcoolisées. Dans une note de service, le directeur général a annoncé la mise en place de nouvelles mesures, conformes aux directives communautaires et aux lois de finances en vigueur.
C’est à travers une note de service que le Directeur général de la Douane a annoncé des réformes portant hausse des taxes sur l’alcool et le tabac. Il s’agit notamment de l’introduction d’une taxe supplémentaire sur les boissons alcoolisée et l’augmentation du droit d’accise sur le tabac importé.
En effet, en plus du droit d’accise de 50% déjà en vigueur, une taxe additionnelle s’applique désormais aux boissons alcoolisées, quel que soit leur contenant. Le calcul de cette taxe repose sur la teneur en alcool.
Pour les boissons dont le tirage en alcool est compris entre 6° et 15°, une taxe de 800 FCFA par litre devra être payée. Alors que celles dont le tirage dépasse 15° devront payer 3000 francs.
L’autre nouveauté porte sur la méthode de liquidation de cette taxe. En effet, elle n’est plus calculée sur la teneur en alcool par litre, mais sur la quantité totale de boisson alcoolisée, rendant ainsi l’imposition plus uniforme.
Pour ce qui est du tabac, le droit d’accise sur les produits du tabac importés s’élève désormais à 70%. Avec des exceptions sur les tabacs reçus en vrac, en manoques ou en feuilles/ Ils sont exonérés lorsqu’ils sont destinés à la production locale de cigares, cigarillos, cigarettes, ou de tabacs à fumer, à mâcher ou à priser. Les tabacs homogénéisés ou reconstitués, ainsi que les tabacs côtés expansés, bénéficient aussi de cette exonération lorsqu’ils sont destinés à l’industrie. Avec cette augmentation des taxes, l’État sénégalais vise un double objectif : encadrer la consommation de produits nocifs pour la santé, en rendant leur accès plus coûteux, augmenter les recettes fiscales, en renforçant la taxation sur ces produits.
SEPT MILLIARDS DÉPENSES DANS LE VENT
La Commission électorale nationale autonome (CENA) informe que 25 listes n'ont pas atteint 0.5% des suffrages exprimés lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024
La Commission électorale nationale autonome (CENA) vient de publier son rapport sur les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. L’organe est ainsi revenu sur les effets pervers de la pléthore de candidatures; non sans informer que 25 listes n’ont pas atteint 0,5% des suffrages exprimés soit un montant total de sept (7) milliards de francs dépensés dans le vent.
La CENA analyse froidement les résultats du scrutin du 17 novembre 2024. Son examen montre que seules deux listes ont atteint au moins 10% des suffrages exprimés. Et que seules cinq listes ont atteint au moins 1% des suffrages exprimés sur les quarante-et-une (41) listes qui ont concouru.
A en croire toujours la CENA, la représentativité de la plupart des partis ou coalitions de partis est très faible. Non sans ajouter que la pléthore des candidatures lors des élections a principalement deux effets pervers relativement à la vitalité du débat démocratique et à l'efficacité de la dépense publique.
Le Président de la CENA, Abdoulaye Sylla et Cie soutiennent que le trop grand nombre de partis politiques et de candidats aux élections rend inaudibles les principales offres politiques et ne milite pas à l’approfondissement des débats sur les problèmes économiques, sociaux ou environnementaux qui interpellent les populations. Ainsi, soulignent-ils, le raccourci et la recherche du retentissement médiatique immédiat deviennent les stratégies les plus utilisées.
En plus, précisent-ils, dans un pays en développement, où les ressources sont rares, une bonne allocation des crédits disponibles est nécessaire.
Selon la CENA, lors des élections législatives, vingt-cinq (25) listes de candidats n’ont pas atteint 0,5% des suffrages exprimés.“Chacune de ces listes a coûté 280 millions de francs au contribuable, soit un montant total de sept (7) milliards de francs”, lit-on dans le rapport.
En outre, la CENA indique que le refus, par la majorité des candidats de l'utilisation des bulletins à format réduit a empêché l’État de faire une économie de huit (8) milliards de francs. Il apparaît, dès lors, urgent de réunir les parties prenantes sur la rationalisation des partis politiques (339 partis au 26 mai 2023) et des candidatures aux élections pour une expression démocratique plus dynamique, affirme l’organe de contrôle et de supervision des élections.
Auparavant, la CENA a rappelé qu’à l’issue du scrutin, la liste Pastef, dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko, a obtenu cent trente (130) sièges sur cent-soixante-cinq (165) sièges. “La liste gagnante est suivie par les listes Takku Wallu Senegaal (16 sièges), Jàmm Ak Njariñ (7 sièges) et Samm Sa Kaddu (3 sièges)”, a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, elle a indiqué que si des incidents ont été constatés pendant la campagne électorale, le scrutin s’est, partout, déroulé dans le calme. Non sans dire que le dispositif électoral a été jugé satisfaisant par les observateurs tant en ce qui concerne la disponibilité du matériel et la présence des forces de sécurité que le fonctionnement des bureaux de vote.
En définitive, la CENA relève que les leaders des listes de candidats ont fait preuve d’une citoyenneté remarquable après la proclamation des résultats provisoires : “ils ont félicité la liste gagnante”. Et qu’aucun recours n’a été déposé auprès du Conseil constitutionnel, qui a confirmé les résultats issus des travaux de la Commission nationale de recensement des votes.
LES AGRO-INDUSTRIELS COMPTENT ACHETER 5 000 TONNES CETTE ANNEE AUPRES DES PRODUCTEURS LOCAUX
Le maïs est en passe de devenir une culture de rente avec une production qui connaît un véritable essor. Le maïs bénéficie d’un regain d’intérêt chez les agro-industriels sénégalais.
Le maïs est en passe de devenir une culture de rente avec une production qui connaît un véritable essor. La preuve, les agro-industriels sénégalais prévoient d’acheter 5 000 tonnes cette année auprès des producteurs locaux.
Le maïs bénéficie d’un regain d’intérêt chez les agro-industriels sénégalais. Ces derniers se sont engagés d’ailleurs à acheter 5 000 tonnes cette année auprès des producteurs locaux. A en croire l’agence Ecofin, cela a été consigné mi-février par les deux parties dans un protocole d’accord pour donner un coup de pouce à la commercialisation de la céréale. Les industriels se sont ainsi engagés à verser 225 FCFA pour chaque kg de maïs acheté auprès des producteurs contre 198 FCFA pour la même quantité importée. L’objectif affiché est de faire passer le volume d’approvisionnement local à 10 000 tonnes, d’ici 2026, prévoit l’accord. En 2023/2024, note-t-on, le rendement en maïs a enregistré une hausse en glissement annuel de 8% à 3 tonnes par hectare, soit la seconde plus forte progression dans le secteur céréalier.
Rapportant une étude de l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR) parue en 2021, Ecofin estime qu’il s’agit de la troisième céréale la plus consommée par tête après le riz et le mil avec 9,2 kg par an principalement dans les zones rurales du sud du Bassin arachidier et dans l’est du pays.
Du point de vue de l’offre, le maïs occupe aussi le 3e rang en volume derrière ces deux céréales avec une production de 855 000 tonnes en 2023/2024, indique l’agence d’informations spécialisée en économie qui cite le dernier Bulletin mensuel des statistiques économiques et financières publié par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) en janvier 2025.
Si le maïs local bénéficie d’un regain d’intérêt, dit-elle, c’est parce que le gouvernement a affiché son intention de réduire les dépenses consacrées à l’achat de la céréale depuis l’Argentine et le Brésil. Non sans informer que la demande du produit a fortement augmenté avec le développement du sous-secteur avicole. “Depuis l’interdiction des importations de viande de volaille en 2005, la production commerciale de poulet de chair a explosé, entraînant un besoin croissant dans la céréale qui est la principale composante des aliments pour animaux”, lit-on dans l’article publié par Ecofin.
Il ajoute qu’avec la récolte en maïs qui demeure insuffisante, les industriels ont augmenté le recours aux importations sur la dernière décennie. Selon les données de l’ANSD compilées par l’Agence Ecofin, les achats en volume et en valeur ont plus que triplé depuis 2013, passant de 132 429 tonnes à 430 863 tonnes en 2023 et de 21,8 milliards FCFA (36,2 millions $) à 82,5 milliards FCFA.
Au Sénégal, la production d’aliments pour animaux est estimée à 300 000 tonnes chaque année selon les données du Forum for Agricultural Research in Africa (FARA) repris par Ecofin qui renseigne en définitive que le marché est aujourd’hui dominé par la Sedima, FKS Mills, NMA Sanders ainsi qu’Olam qui a achevé en mars 2024, l’acquisition pour 17 millions d’euros d’Avisen Sarl, second plus important acteur sur le marché avec son unité de production de 100 000 tonnes/an basée à Rufisque.
LES TRANSPORTEURS DÉNONCENT UN BLOCUS ORGANISÉ AU PORT
Ces professionnels dénoncent un système qui paralyse leur activité depuis l'avènement du nouveau régime. Entre restrictions d'accès et allégations de corruption, les camionneurs pointent du doigt la gestion opaque de DP World, l'opérateur portuaire
Le syndicat des acteurs du transport national et transnational (Satrains) est monté au créneau hier pour tirer la sonnette d’alarme sur les difficultés auxquelles ils font face depuis l’avènement du nouveau régime. Confrontés à des problèmes pour accéder au port de Dakar et charger leurs marchandises, ils dénoncent la gestion opaque du port et des pratiques abusives qui paralysent leur activité. Malgré plusieurs démarches auprès des autorités, leurs revendications restent sans réponse.
Les transporteurs routiers sont très en colère contre les autorités qu’ils accusent de protéger DP World. En effet, réunis au sein du syndicat des acteurs du transport national et transnational (Satrains), ils dénoncent le blocage de leurs véhicules au port et des tracasseries administratives pesantes. Selon eux, DP World refuse de charger leurs conteneurs, précisant qu’ils n’ont pas d’agrément. Malgré des échanges avec les autorités, leurs revendications restent sans réponse.
S’exprimant face à la presse le week-end, le porte-parole du jour, Pape Mamadou Malaye, a indiqué que le syndicat a adressé des correspondances au directeur du Port autonome de Dakar, au Premier ministre et à son ministère de tutelle. Seul le Directeur du Port, Wally Diout Bodian, les a reçus. « Nous avons été reçus à trois reprises par le directeur général du port. Il donne instruction à DP World de suspendre sa décision, mais aujourd’hui, seuls 100 voitures sont autorisées à embarquer. Pendant ce temps, les transporteurs maliens n’ont pas ces problèmes », déplore-t-il.
En plus des restrictions d’accès au port, des transporteurs dénoncent des pratiques de corruption. Mamadou Paye, chauffeur routier, affirme avoir été sollicité pour un pot-de-vin. « On m’a proposé 100 000 F CFA pour pouvoir charger chez DP World. J’ai refusé et nous sommes en panne depuis deux mois à cause de leurs pratiques », confie-t-il. La douane sénégalaise est également accusée d’imposer des frais exorbitants aux transporteurs. « Ils nous demandent parfois jusqu’à 500 000 F CFA sous prétexte que la déclaration est mal faite. Et ce n’est pas tout : nous subissons des tracasseries routières à chaque étape. Que devient le reste ? » s’interrogent-ils.
À en croire Mamadou Malaye, Wally Diout Bodian a donné des instructions pour améliorer la situation, mais elles tardent à être appliquées. Les transporteurs ont également dénoncé les multiples contrôles routiers auxquels ils font face, notamment à Diamniadio, Mbour, Kaffrine, Tambacounda et Kidira. « À chaque étape, on nous trouve une nouvelle irrégularité et on nous impose des amendes. Cela freine complètement notre travail », explique Mamadou Malaye.
Malgré ces difficultés, les transporteurs assurent être prêts à respecter les règles en vigueur. « Nous organisons chaque mois des campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière. Mais nous avons besoin d’un cadre de travail juste et transparent », insiste Malaye. Face à ces nombreux manquements, ces travailleurs réclament une intervention immédiate du gouvernement pour mettre fin à ces blocages et assurer un accès équitable au port. Sans solution, ils avertissent que la crise pourrait avoir des conséquences économiques majeures sur le commerce national et transnational.