(SenePlus.Com, Dakar) - Le ‘’Front du Non’’, regroupant les partis de l’opposition et une frange de la société civile, a tiré ce vendredi le bilan du référendum du 20 mars. Malgré la victoire du Oui, ses membres se disent satisfaits. Le Pds et ses alliés ont profité de l’occasion pour reprocher au ministre de l’intérieur, á la CENI et au CNRA un chapelet de manquements qui, selon eux, auraient entaché la régularité de la consultation. SenePlus vous propose ci-dessous l’intégralité du communiqué du ‘’Front du Non’’
TEXTE LIMINAIRE DE LA CONFERENCE DE PRESSE
La date du Référendum du 20 Mars 2016 ayant été fixée, à partir du discours du 16 Février 2016 du Président de la république, Macky SALL, reniant par la même occasion son engagement à s’appliquer la diminution de son mandat en cours, de 7 à 5 ans en s’abritant derrière un avis du Conseil Constitutionnel qui inspira l’origine du titre de la coalition du NON/GOR CA WAX JA.
Le cadre et les termes de références étant définis, la Coalition du NON/GOR CA WAX JA a tenu à relever les défis malgré les délais très courts qui lui avaient été impartis et imposés. La Coalition du NON/GOR CA WAX JA se félicite d’avoir su relever le défi de la participation au Référendum du 20 mars 2016. Après le recensement de votes, plusieurs incohérences ont été notées à divers niveaux de responsabilités. On peut en citer quelques-unes :
I - LE COMPORTEMENT ANTI-REPUBLICAIN DU CAMP PRESIDENTIEL
La gestion solitaire du processus référendaire par le camp présidentiel.
Le refus systématique du Ministre de l’intérieur de mettre le fichier à la disposition de l’opposition. Seul le camp du OUI en a disposé, même en version papier le jour des élections dans les différents bureaux de vote. Ceci contrairement aux dispositions de l’article L48.
La gestion solitaire du processus référendaire par le camp présidentiel.
Entorse aux dispositions de l’article L 1 avec l’organisation d’une conférence de presse pour proclamer les résultats, alors que la proclamation des résultats est du ressort du Président de bureau de vote, du Président de la commission départementale de recensement des votes, du Président de la commission nationale de recensement des votes et enfin du Président du Conseil constitutionnel.
Défaillance dans le tirage des cartes d’électeurs privant 180 386 citoyens de leur droit de vote, alors que l’article L 53 stipule que « L'Administration est chargée de l'impression et de l'établissement des cartes d'électeur aux frais de l'Etat ».
Tentative de faire voter ces électeurs avec leurs récépissés de dépôt de carte d’électeur contrairement aux dispositions de l’article L76.
Passage inexpliqué du nombre de bureaux de vote de l’étranger de 653 BV (carte électorale 2012) à 1213 BV (carte électorale 2016) alors que le décret portant organisation du référendum précise bien que le référendum du 20 Mars se fera sur la base du fichier consolidé de l’extérieur issu de la révision exceptionnelle de 2011.
Le pourcentage aberrant du nombre de votants par rapport à la population locale.
L’achat massif des consciences en violation des dispositions du code électoral en général et de son article 104 en particulier qui réglemente et sanctionne toutes les formes d’influence du vote des citoyens.
II - DISFONCTIONNEMENT DE LA CENA
La CENA a failli à plusieurs reprises à sa mission :
Manque de réactivité suite à sa saisine par l’opposition, suite aux diverses irrégularités qui ont entaché l’opération de révision des listes électorales de l’année 2015 ayant enregistré plus de 287 000 mouvements (nouvelles inscriptions, mutations, changements de statuts, etc.). Alors que la moyenne habituelle n’a jamais dépassé 60 000 nouvelles inscriptions par an.
Entorse aux dispositions de l’article L7 qui prône l’intégrité morale, la neutralité et l’impartialité dans le choix des personnalités indépendantes qui doivent composer la CENA et ses démembrements : CEDA et DECENA
Exemple concret :
Désignation de trois militants de l’APR pour diriger la DECENA de la Zambie. Le Président étant candidat malheureux pour être le coordonnateur du comité électoral de l’APR pour le référendum
Les votes enregistrés au niveau de certains pays avec des photocopies de CNI, de Passeports, de cartes consulaires, sans consensus avéré préalable, en violation de l’article 76 : (cas notamment de Pointe Noire au Congo Brazzaville).
III- INDIFFERENCE ET INCAPACITE AVEREES DU CNRA : CONSEIL NATIONAL DE REGULATION DE L’AUDIOVISUEL
Violation manifeste des dispositions de l’article L61 du code électoral qui stipule « Durant les trente (30) jours précédant l'ouverture de la campagne officielle électorale, est interdite toute propagande déguisée ayant pour support les médias nationaux publics et privés ».
Exemples concrets :
Affichages sauvages du camp du OUI
Campagnes de propagande tous azimuts de certains médias, notamment de la RTS.
Manque de réactivité du Président malgré la saisine du CNRA
Pour tout cela, la commission électorale nationale du courant du NON/GOR CA WAX JA :
Conteste et rejette les résultats issus du référendum du 20 Mars 2016.
Récuse fortement le Ministre en charge des élections et exige son remplacement par une personnalité neutre et impartiale.
Exige la refonte totale du Fichier Electoral, dans le respect du calendrier républicain.
La fusion de la carte nationale d’identité et de la carte d’électeur.
L’utilisation d’une borne biométrique pour identifier les électeurs.
Le remplacement pur et simple et sans délai du Président de la CENA.
Dakar, 8 avr (APS) - Le Secrétariat exécutif permanent de Bennoo Bokk Yaakaar (SEP/BBY) invite à un ’’dialogue inclusif et participatif’’ entre pouvoir, opposition et société civile afin de ’’prendre en charge les opérations législatives et réglementaires de consolidation’’ de la démocratie sénégalaise.
’(…) nous devons tous nous engager, ensemble, patriotes de ce pays, pouvoir, opposition et société civile, dans un dialogue inclusif et participatif afin de prendre en charge toutes les opérations législatives et réglementaires de consolidation de notre démocratie qu’exige, aujourd’hui, la révision constitutionnelle actée le 20 mars 2016, par le peuple souverain’’, lance le SEP/BBY dans un communiqué reçu à l’APS.
Le SEP qui s’est réuni jeudi, a examiné, entre autres points, ’’la situation politique nationale marquée par la proclamation, par le Conseil Constitutionnel, des résultats du référendum du 20 mars 2016’’.
Le courant du ’’Oui’’ a obtenu 62, 64% des suffrages contre 37, 36% en faveur du courant du ’’Non’’.
Saluant la ’’mobilisation unitaire’’ de la mouvance présidentielle lors de cette consultation, le SEP note que ’’le principal enseignement’’ à tirer de cette ’’nouvelle expérience’’ est que ’’l’unité est le meilleur gage de succès’’.
’’C’est dans l’unité que BBY a accédé au pouvoir ; c’est encore dans l’unité BBY a pu disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale et c’est toujours dans l’unité que BBY gouverne le Sénégal pour construire les bases d’un pays émergent au service exclusif des populations’’, mentionne le communiqué.
Ainsi, le SEP ’’lance un appel solennel à tous les alliés de la coalition du Oui à renforcer l’unité de BBY, en l’intégrant, afin de lui ouvrir tous les possibles et construire ensemble des lendemains meilleurs pour notre peuple’’.
Dakar, 8 avril (APS) – L’enquête sur l’offre et la demande touristiques dans le cadre du volet tourisme du projet ’’Compétitivité et Croissance’’ lancée vendredi à Dakar vise à reprendre d’une manière pérenne le système de collecte et de traitement des données collectées aux frontières et dans les établissements hôteliers, a indiqué le directeur des Etudes et de la Planification, El hadji Malick Mbaye.
’’Dans la première phase, une enquête de 15 jours sera faite pour collecter un certain nombre de données sur la base d’un échantillon qui représente 40 % de l’offre globale’’, a-t-il expliqué au cours de l’ateliern de lancement qui a réuni les services régionaux du tourisme et le secteur privé.
Avec l’appui d’un cabinet conseil, les services régionaux du tourisme vont continuer le travail pour permettre à l’Etat de disposer d’ici fin 2016 des données sur les 60 % restants, a ajouté, El hadji Malick Mbaye.
De tels chiffres, a-t-il poursuivi, permettront d’avoir des données à jour sur 100 % des accueils enregistrés au Sénégal avec des données au niveau des postes frontaliers.
Le projet ’’Compétitivité et Croissance’’, d’une durée de 5 ans, est financé avec l’appui de la Banque mondiale pour un montant de 29 millions de dollars soit 16. 714 milliards de Franc CFA
Il va démarrer en 2017 et prévoit 22 millions de dollars pour la restauration des plages de Saly Portudal et 7 millions dollars destinés à l’accompagnement du secteur touristique.
’’Aujourd’hui, il s’agit de compléter les données hôtelières et l’enquête permet d’avoir des données sur le tourisme international et le tourisme interne’’, selon le directeur des Etudes et de la Planification.
Venu présider la rencontre, le Conseiller technique du ministre du Tourisme et des Transports aériens, Abdoulaye Ndiaye a estimé qu’un secteur marchand comme le tourisme ’’requiert un système de collecte et de traitement statistique performant’’.
’’Au regard de sa contribution au PIB estimée à 6, 7 %, le secteur ne pouvait continuer à souffrir d’un manque de statistiques à jour, au risque de pénaliser le calcul des grands agrégats économiques’’, a-t-il dit.
Il s’agit avec ce projet, d’analyser la situation touristique de 2013, 2014 et de 2015 à travers l’offre, la demande et les tendances du marché.
AFP - Mohamed Abrini, l'un des suspects-clés des attentats de Paris, a été interpellé vendredi, a-t-on appris de source policière, confirmant une information de la télévision flamande VRT.
Il a été arrêté dans la commune bruxelloise d'Anderlecht, a indiqué la VRT.
Aucune précision sur les conditions de son interpellation n'a été fournie à ce stade.
Bien connu des services de police pour de multiples vols ou détentions de drogue, ce Belgo-Marocain de 31 ans (BIEN: 31) est suspecté de complicité dans la préparation des attentats parisiens qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.
Il a grandi dans la commune bruxelloise de Molenbeek à côté de Salah Abdeslam, un des seuls survivants des commandos parisiens, et de son frère Brahim qui s'est fait exploser dans une brasserie parisienne.
Abrini a été vu en compagnie des deux frères Abdeslam dans les jours précédant les tueries à Paris.
Les 10 et 11 novembre, il les accompagne en voiture lorsqu'ils effectuent deux allers-retours entre Paris et Bruxelles pour louer des planques en région parisienne qui serviront au commando.
Le 12, il est repéré en Belgique dans une station-service près de la frontière française dans une des voitures du convoi qui emmènent les assaillants à Paris.
Par ailleurs, le parquet fédéral belge a annoncé "plusieurs arrestations" dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 22 mars à Bruxelles (32 morts).
"Le parquet fédéral confirme qu'il y a eu plusieurs arrestations au cours de la journée dans le cadre des attentats à l'aéroport national de Zaventem et à Bruxelles, métro Maelbeek", a-t-il indiqué, se refusant à tout autre commentaire dans l'immédiat.
par Idiatou Diallo et Fodé Manga
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CLIQUEZ, PÊCHEZ !
VIDÉO SENEPLUS - Une application pour la pêche au Sénégal
Idiatou Diallo et Fodé Manga |
Publication 08/04/2016
(SenePlus.Com, Dakar) - WISE donne la météo journalière, des informations sur la navigation, la localisation ainsi que les meilleures pratiques de transformation de poissons. Il s'agit d'une application mobile qui transmet des données par le biais du réseau sans fil fourni par l'opérateur Tigo doté de GPS.
C'est la société Qualcomm Wireless Reach en partenariat avec FHI360 qui a lancé cette solution technologique au profit des pêcheurs sénégalais. Pour le moment plus de 70 smartphones ont été distribués aux pêcheurs. L'objectif est d'avoir au moins 200 smartphones distribués. Explications dans cette vidéo.
Si le scandale des Panama Papers choque par son ampleur, cela ne nous surprend guère pour notre part, car il est à la portée de n’importe quel truand, homme d’affaires ou délinquant économique de cacher des sommes colossales dans des paradis fiscaux.
Point n’est besoin d’être ingénieur financier pour ce faire. Ce ne sont d’ailleurs pas Karim Wade ou Mamadou Pouye qui ont fait les montages incriminés. Non, pas du tout. Ils ne sont pas plus malins que le Sénégalais moyen, car quelqu’un qui a eu le même diplôme universitaire la même année que sa sœur cadette ne peut prétendre être un génie de la finance.
Le boulot en réalité est fait par des officines spécialisées. Des cabinets d’avocats se chargent de tout. Les sociétés offshore dont Mamadou Pouye est administrateur (c’est lui qui a signé les documents accordant des pouvoirs de gestion au cabinet panaméen) ont été créées avec l’aide d’un cabinet d’avocats établi à Dubaï et appartenant à une avocate canadienne qui a fait la Une de quelques journaux canadiens depuis l’éclatement de l’affaire. C’est entre cabinets d’avocats implantés dans les pays de résidence et les paradis fiscaux que tout se joue.
Le processus est très simple : Mamadou Pouye, puisque c’est de lui qu’il s’agit dans les documents partiellement révélés (d’autres viendront), contacte le cabinet de Dubaï en disant qu’il veut mettre à l’abri des regards indiscrets (le fisc français ou les enquêteurs sénégalais) une certaine somme d’argent (les virements reçus dans l’affaire de Dubaï port world par exemple).
Le cabinet de Dubaï prend contact avec son homologue panaméen avec lequel il est en relation d’affaires. Le cabinet panaméen, Mossak Fonseca en l’occurrence, dont c’est la spécialité, fait les démarches administratives locales, crée et immatricule la société fictive (par exemple Seaburg ou Latvae inc.) et la domicilie au Panama.
Il ouvre les comptes bancaires panaméens au nom de la société aussi puisque le propriétaire déclaré ou caché de la société créée lui aura fait une lettre (comme celle de Pouye) lui donnant tous pouvoirs d’administrer la société contre petit pourcentage, des sommes ainsi placées dans le paradis fiscal. Et comme au Panama le nom des propriétaires des sociétés qui y sont domiciliées n’est divulgué à personne, le tour est joué.
Les comptes bancaires peuvent recevoir les virements qui partent de Dubaï ou autres pays. Les associés (ils sont plusieurs dont les noms ne sont pas encore divulgués, mais suivez notre regard) reçoivent des cartes bancaires Gold, Platine ou autres, émises au Panama, qui leur permettent de retirer de l’argent dans n’importe quel distributeur automatique de billets du monde (système Visa ou Mastercard) ou de payer des achats pour de gros montants sans aucune possibilité de connaître l’auteur des opérations, puisque la carte bancaire est au nom de la société fictive qui n’a qu’une boîte à lettres dans le cabinet d’avocats panaméen.
Et comme nous vivons dans le monde de l’électronique, les associés qui ont les codes d’accès des comptes bancaires peuvent désormais faire toutes opérations de virements vers n’importe quel compte bancaire au monde. Certains vont jusqu’à superposer les sociétés-écran pour davantage effacer les traces...
Seule une fuite du genre de Wikileaks, Swissleak ou Panama Papers peut permettre de révéler l’existence de ces milliards échappant aux finances des pays concernés.
Dans cette affaire, Mossak Fonseca, le cabinet d’avocats panaméen, n’est d’ailleurs que le deuxième (voire le troisième) cabinet d’avocats dans le pays. Si l’on parle beaucoup du Panama depuis les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (Icij), il faut rappeler que ce cabinet a créé des sociétés-écran dans 21 pays à travers le monde. Ce qui donne une idée de la taille du réseau encore en place et du nombre de pays impliqués, parmi lesquels on retrouve notamment le Luxembourg (après Monaco aussi décidément) où Karim Wade avait, rappelons-le, souscrit un contrat d’assurance vie de plusieurs millions de francs.
Alors, qu’on nous dise que Karim n’a rien à voir avec les sociétés créées par son ami d’enfance Mamadou Pouye est trop facile. Les sociétés créées par ce dernier l’ont été comme par hasard lorsque son ami est devenu ministre de la mer, du ciel et de l’énergie. Que faisait Mamadou Pouye avant ? Qui sont les autres associés désignés dans les schémas des sociétés révélées ?
Pourquoi les sociétés créées par Pouye ont-elles reçu près de 20 milliards de virement pour de prétendus contrats de conseils dont personne au port de Dakar n’a jamais entendu parler ?
Pourquoi cacher des revenus s’ils sont légalement acquis ? Pouye, avant que son ami ne soit ministre, a-t-il déjà fait la preuve de ses qualités de consultant justifiant des paiements de 20 milliards ? En quoi Dubaï port world avait besoin d’être conseillé par Pouye pour s’installer à Dakar ?
Ne sommes-nous pas tout simplement en présence de commissions ou de pots-de-vin payés pour obtenir le juteux marché de l’exploitation du terminal à containers du Port de Dakar pour des dizaines d’années à moindre prix ?
Chacun(e) cherchera ou non les réponses à ces questions, mais nous sommes convaincus, bien avant les preuves apportées par Panama Papers, de la culpabilité de Wade et consorts et on en saura un peu plus dans peu de temps. Wait and see...
MODE D'EMPLOI DES FAUSSES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES
Africa Check |
Sarah Wild |
Publication 08/04/2016
GUIDE: 7 étapes pour détecter les fausses découvertes scientifiques
Le chocolat peut faire perdre du poids, a indiqué le journaliste américain John Bohannon qui a induit le monde en erreur l’année dernière. En collaboration avec deux producteurs allemands de télévision, il a inventé une fausse étude pour dire que ceux qui ont un régime faible en glucides perdent plus de poids en consommant du chocolat.
Beaucoup d’organes de presse comme le Huffington Post, le Daily Star, au Royaume-Uni, et leTimes of India, ont repris le reportage. La révélation de Bohannon avait mis en colère et dans l’embarras beaucoup de journalistes.
Ce n’était pas la première fois que cela arrivait: un communiqué de presse succulent appuyé par une science douteuse véhiculant une histoire qui suscite l’intérêt des rédacteurs en chef et des journalistes. Mais cette fois-ci, on les attendait au tournant.
Le reportage scientifique est difficile parce qu’il très improbable qu’une personne connaisse tout des différents et divers sujets de la science. Une compréhension de l’astrophysique ne signifie pas que la personne la personne a assez de connaissances en chimie, en biologie ou en ingénierie nucléaire.
Les scientifiques ont également une aura de sérieux et d’autorité : nous sommes plus enclins à croire un scientifique qu’un politicien, par exemple. Et cela rend également difficile la tâche consistant à les appeler pour combler des vides dans leurs articles.
Donc comment peut-on savoir qu’on on est en face de quelqu’un qui dit des inepties ? Les journalistes peuvent commencer en se posant ces questions :
1- La revue est-elle authentique ?
La première chose à voir est l’étude qui appuie le communiqué de presse ou l’article
Même si l’expression « étude académique » donne une impression de validité, le sérieux de l’étude est également un défaut dans la cuirasse.
Le simple fait de publier une étude dans une revue scientifique ne signifie pas qu’elle est valide. Il y a une hiérarchie des revues, certaines étant plus respectées que d’autres : Science, Nature et Cell, par exemple, sont peut-être des références en matière de publication scientifique. Elsevier, l’un des principaux éditeurs académiques, dispose d’une base de donnéesd’articles et de publications revus par les pairs, appelée Scopus.
Mais toutes les revues ne sont pas authentiques. Dans un blog publié sur le site Public Library of Science (PLOS), le Docteur Eve Carlson donne 11 conseils pour savoir si une revue est bonne. Son plus important conseil est de vérifier si la revue a un rédacteur en chef ou s’il y a un scientifique qui le connait.
Les revues scientifiques sont respectées en partie parce qu’elles ont un processus strict de revue par les pairs. Le processus soumet les articles de recherche scientifique à un examen minutieux et indépendant d’autres experts qualifiés et ceci, avant leur publication.
Cela permet d’éliminer les fausses affirmations et les conclusions trafiquées, même si ce n’est malheureusement pas toujours le cas. En 2014 et 2015, certains grands noms de l’édition académique comme Springer Nature, Wiley et Elsevier ont découvert que des chercheurs faisaient eux-mêmes la revue de leurs propres articles. Mais les publications fabriquées sont une exception et non une règle.
2- Qui est le scientifique ?
Quelqu’un peut mettre « Dr » ou « Prof » à côté de son nom, mais cela ne veut pas dire qu’il faut le croire aveuglément ;
Demandez si l’expert est d’une institution qui a une bonne réputation. Regardez les scientifiques et leurs institutions pour vous assurer qu’ils sont habilités à se prononcer sur le sujet.
Le portail en ligne Research Gate est un bon endroit pour commencer à fouiller dans l’histoire de l’édition académique (et de s’assurer que quelqu’un en fait partie) ou bien Google Scholar.
L’universitaire a-t-il publié avant ? (La réponse devrait être affirmative).
Que pensaient ses pairs de sa recherche? (Vous pouvez retrouver cela en vérifiant tout autre travail réalisé dans ce domaine et en contactant d’autres chercheurs – voir 5e point). En évaluant la validité d’une affirmation scientifique, il faut retenir que l’opinion des pairs d’un expert est plus importante que celle populaire.
Si l’un des journalistes ayant couvert cette étude sur le chocolat avait recherché sur Google « Dr Johannes Bohannon », il se serait rendu compte que lui et son institut – the Institute of Diet and Health – étaient faux.
3 – Comment la recherche a-t-elle été menée?
En examinant l’étude, la question la plus importante que vous pouvez vous poser est de savoir quelle est la taille de l’échantillon. C’est un bon avertissement, si l’étude (ou communiqué de presse) ne mentionne pas la taille de l’échantillon. « L’étude » sur le chocolat ne l’a pas fait, peut-être parce qu’il n’y avait que 15 personnes comme échantillon.
Comparez cela à l’étude portant sur plus de 2.300 Finlandais de plus de 21 ans, qui a montré que les hommes qui pratiquent le sauna étaient moins exposés à la mort par arrêt cardiaque. La taille de l’échantillon et l’étendue de l’étude font que le résultat est plus convaincant et beaucoup plus significatif, du point de vue statistique, que ce qui est arrivé au poids de 15 individus sur une période de 21 jours.
4- Montre-t-elle une causalité ou une corrélation?
Même si la vaste étude sur le sauna parlait de « lien », elle ne disait pas que le sauna faisait vivre les hommes beaucoup plus longtemps. C’est parce qu’il y a une différence entre « lien » (également appelé « association » et « corrélation ») et « cause ».
Quand deux choses arrivent au même moment, cela ne veut pas dire que l’une a occasionné l’autre. En fait, cette combinaison (causalité et corrélation) est l’une des erreurs les plus communes en science et reportage sur la santé.
Rebecca Goldin, professeur de mathématiques aux Etats-Unis, également directeur de l’organisation à but non lucratif Sense about Statistics (STATS), a donné l’exemple suivant pour expliquer la différence de la manière suivante :
« La prise du petit-déjeuner a longtemps été associée au succès à l’école pour les élèves de l’élémentaire. Il serait facile de conclure que le petit-déjeuner améliore les performances des élèves. Est-ce une relation causale – le petit-déjeuner en tant que tel fait-il de meilleurs élèves ? Ou bien s’agit-il d’une simple corrélation : peut-être que la non-prise du petit-déjeuner est en corrélation avec les autres défis chez les enfants qui font d’eux de mauvais élèves, comme des parents peu instruits, le pire statut socio-économique, moins d’attention aux études à la maison et des attentes plus faibles ».
Que vous lisiez un article scientifique ou que vous écriviez sur la science, posez-vous toujours cette question: parle-t-on de « causalité » ou de « corrélation » ?
5- Qu’en pense la communauté scientifique?
Ne croyez jamais aveuglément à la parole d’un individu. Les scientifiques tirent profit en voyant leur nom et leur œuvre mis en exergue dans les médias. Cette attention médiatique entraîne souvent un profil plus important et des financements à la hausse, comme le montre un article sur l’engagement public publié par le UK Reserach Council.
Même si la revue par les pairs est utile pour tester la validité du travail d’un expert, elle n’est qu’un point de départ. Il vous faut trouver un interlocuteur évoluant dans le même domaine, quelqu’un qui n’est pas impliqué dans la recherche (en revue) et qui n’est affilié à l’institution de l’expert.
Par exemple, quand le Professeur Lee Berger de l’Université de Witwatersrand a annoncé l’année dernière la découverte d’une nouvelle espèce d’hominidé, Homo naledi, très peu de journalistes ont demandé à des experts internationaux du même domaine leurs opinions. S’ils l’avaient fait, ils se seraient rendu compte que l’opinion internationale est divisée sur ce sujet.
6- Quelle autre recherche a été effectuée?
La science arrive rarement dans le vide. Sur les grands sujets (génétique, physique des particules, exo-planètes, technologies nucléaires, ondes gravitationnelles, fracturation hydraulique), un peu partout dans le monde, des experts mènent des recherches.
Si tous les autres experts d’un domaine précis disent que X occasionne le cancer et qu’une nouvelle étude dit que X n’occasionne pas le cancer, vous devez vous demander si elle est crédible.
7- Qui a financé la recherche?
Il y a un principe de base du journalisme qui est également vrai pour la science: cherchez l’origine de l’argent. La recherche scientifique coûte cher et il faut quelqu’un pour la financer.
Souvent les gouvernements financent la science dans leurs pays, ou bien les philanthropes (comme la Fondation Bill & Melinda Gates ou le Wellcome Trust, une fondation basée au Royaume-Uni) ou encore l’industrie. Il y a beaucoup d’exemples – comme l’effet de la cigarette sur le cancer et la climatologie — où les bailleurs ont dicté, brouillé ou manipulé les résultats.
C’est pourquoi il est toujours important de savoir qui finance la recherche et si cela crée un conflit d’intérêt, comme ce fut le cas quand Coca-Cola finance la recherche sur l’obésité au moment oùles boissons sucrées augmentent le risque d’obésité.
ASPHYXIER LA GAMBIE NE NOUS APPORTERA RIEN
Dr Cheikh Tidiane Dièye, directeur exécutif d’Enda Cacid
Alors que des enquêteurs de la Cedeao rencontrent à partir d’aujourd’hui les personnes impliquées dans la crise à la frontière sénégalo-gambienne, Dr Cheikh Tidiane Dièye, directeur exécutif d’Enda Cacid et initiateur de la Maison des citoyens de la Cedeao, analyse la situation.
Quelles sont les conséquences du blocus de la Transgambienne sur les populations ?
Les conséquences sont de plusieurs ordres. Tout d’abord, il faut noter la fragilisation de la posture de l’Etat comme seul acteur détenant le pouvoir de fermer ou ouvrir les frontières, d’opérer ou non le blocus, quelle qu’en soit la raison. Dans le cas d’espèce, il semble que l’initiative ait été prise par un ou plusieurs regroupements professionnels de transporteurs. Or, il ne leur appartient pas de poser de tels actes. La seconde conséquence est socioéconomique. Nous avons été à Ziguinchor et avons observé les impacts négatifs de ce blocus sur la population.
Pour des raisons pratiques, les commerçants qui convoient leurs marchandises sous forme de groupages préfèrent la route au bateau. Mais avec le blocus, la seule option qui s’offre à eux est le contournement par Tambacounda. Mais avec cette option, les commerçants supportent un surplus tarifaire qu’ils répercutent sur les consommateurs. La tonne de marchandises est passée de 12 mille F Cfa à 19 mille par le contournement.
Le tarif du transport par les «7 places» par le contournement par Tambacounda est passé de 9 000 à 18 mille F Cfa, soit plus du double, supporté par des populations parmi les plus pauvres du Sénégal. Sans compter la fatigue physique supportée par de vieilles personnes ou des familles entières voyageant sous une chaleur pouvant atteindre 45%. Un délégué de quartier de Ziguinchor nous a rapporté le drame qu’il a vécu récemment sur ce trajet en revenant de Dakar avec la dépouille d’un parent qu’ils ont été obligés d’inhumer à Tambacounda, car le corps commençait à se décomposer sous l’effet de la chaleur.
A Ziguinchor, les prix de certains produits comme le sucre, l’huile et d’autres denrées de première nécessité connaissent une hausse importante. Au moment où je vous parle, près d’une trentaine de camions contenant des marchandises de commerçants sénégalais sont bloqués à la frontière sud, en territoire sénégalais, sans aucune raison et aucune explication, la police et les douanes sénégalaises se renvoyant la responsabilité.
Nos équipes ont aussi constaté que certains camions commencent à connaître des problèmes techniques du fait de la chaleur tandis que les produits qu’ils contiennent se dégradent. J’ai en tendu certains de nos compatriotes jouer les «va-t-en guerre» en de mandant au Président Macky Sall de tordre le bras au Président Jammeh.
C’est très commode de dire de telles choses depuis Dakar ou ailleurs lorsqu’on ne vit pas de l’autre côté. Mais ce n’est pas res ponsable. Il est temps de revenir à la raison. Bloquer une frontière pour les raisons qu’on avance n’est pas défendable. L’Afrique est la dernière partie du monde qui vit encore de telles situations. Il faut changer.
Que faut-il faire pour sortir de cette crise ?
Il faut lever le blocus et ouvrir la frontière sans délais pour sauver les commerçants sénégalais qui ont investi leur argent et qui ont leurs camions bloqués sans raison depuis plusieurs semaines. Bloquer le commerce et la libre circulation, c’est refuser le développement. Asphyxier la Gambie ne nous apportera rien. Il est évident que la Gambie souffre durement de cette situation, mais que gagnons-nous à faire souffrir un Peuple frère ?
Toutes les crises, même les plus dramatiques, se terminent sur une table de négociation. Il faut d’abord dissiper les malentendus à travers un dialogue ouvert et constructif, sans a priori. L’Etat ne doit pas privilégier une approche contentieuse dans la négociation, mais plutôt une approche intégrative, coopérative.
Pour la réussir, il faut que l’Etat prenne toute sa place et freine l’ardeur belliqueuse de certains responsables syndicaux qui ne semblent pas comprendre les arcanes profondes des relations d’Etat, surtout des voisins réunis par l’histoire, la géographie, la sociologie et même par l’avenir. Je dis bien qu’il faut dissiper les malentendus, car chacun des deux Etats peut valablement reprocher à l’autre toutes sortes de tracasseries exercées sur ses populations traversant le territoire de l’autre.
Je suis bien placé pour savoir que les transporteurs et commerçants gambiens ou bissau-guinéens subissent au Sénégal les mêmes tracasseries que celles que subissent les Sénégalais dans ces deux pays. On a partout des paiements illicites, des pratiques anormales et des brimades. Donc, reconnaissons d’abord que nous ne faisons pas mieux que les autres et œuvrons ensuite pour nous améliorer.
Pourquoi y a-t-il souvent des tensions autour de la frontière?
Plusieurs raisons expliquent ces crises récurrentes. Les Etats signent librement des décisions et des protocoles à la Cedeao, en s’engageant à garantir la libre circulation des marchandises et des personnes, mais leurs propres agents le long des corridors commerciaux régionaux mettent toutes sortes d’entraves dont la plupart sont contraires aux textes. Ainsi, face à l’arbitraire qui caractérise certaines pratiques, chacun y va de sa propre interprétation.
Il nous est revenu que le gouvernement gambien a été informé que les agents de contrôle du Sénégal prélevaient indûment des faux frais pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers de francs sur les camions gambiens ou bissau-guinéens traversant le Sénégal pour aller à Bissau. La hausse soudaine du tarif sur les camions sénégalais pourrait être une réponse aux pratiques qu’ils attribuent aux Sénégalais.
En Afrique de l’Ouest, les Etats ne se font pas souvent confiance et le sentiment ambivalent d’amitié et d’adversité relative amène les autorités à sur-interpréter les postures du voisin et à prendre des décisions unilatérales plutôt que d’engager un dialogue direct.
Quel rôle joue la Maison des citoyens de la Cedeao dans la résolution de cette crise ?
La Maison des citoyens de la Cedeao est un projet du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Enda Cacid) dont la mission est de donner corps à la vision des chefs d’Etat de «passer de la Cedeao des Etats à la Cedeao des peuples».
Son but est de faciliter le commerce et la libre circulation, de renforcer la citoyenneté communautaire, de diffuser les textes et protocoles de la Cedeao et d’accompagner les usagers à travers la médiation lorsqu’il y a des différends liés aux textes, entre autres.
Depuis l’éclatement de cette crise, nos équipes à Ziguinchor ont effectué plusieurs missions vers la Gambie et la Guinée Bissau pour comprendre et pour accompagner les populations et les Etats dans la recherche de solutions pacifiques et durables, dans l’intérêt des peuples, sans que l’un ou l’autre Etat ne cherche à humilier son voisin. Lors du défilé du 4 avril, la Maison des citoyens de la Cedeao a fait défiler des enfants arborant des couleurs de la Cedeao et tenant les drapeaux de tous les Etats membres. C’est une première en Afrique de l’Ouest.
Ces enfants ont adressé un message aux deux chefs d’Etat, les appelant à trouver une solution urgente et définitive aux difficultés sur les frontières. Le Centre de documentation que nous avons installé à Ziguinchor a déjà tous tes textes et protocoles de la Cedeao en français, anglais et portugais, les langues officielles des 3 Etats et de la Cedeao. Mais l’un de nos meilleurs résultats est la suppression toute récente par la Guinée Bissau de la taxe de 1 000 F Cfa que ses agents aux frontières prenaient aux Sénégalais rentrant en Guinée.
Cela fait suite à une mission que nous avons faite à Bissau il y a deux mois. Le Sénégal, par contre, prélève toujours cette taxe anormale, car ne faisant pas l’objet de quittance. J’en profite pour demander aux autorités sénégalaises de suivre l’exemple de la Guinée pour éviter que cette dernière ne revienne sur une décision aussi importante. Notre ambition est de faire supprimer tout paiement de cette nature sur le corridor DakarBissau avant de nous attaquer aux autres corridors.
Quelles sont vos attentes par rapport à la réunion de la Cedeao prévue demain (Ndlr : aujourd’hui) ?
Nous attendons un résultat positif qui ne peut être rien d’autre que l’ouverture immédiate et inconditionnelle de la frontière. Il ne faut pas oublier que c’est notre Président qui est aussi le président en exercice de la Cedeao ; donc nous sommes le Peuple de la Cedeao. Nous ne devrions donc pas regarder que nos intérêts nationaux égoïstes.
Nous devons donner l’exemple, car notre Président doit réussir sa présidence de la Cedeao. Si la mission de la Cedeao échoue, c’est notre Président qui l’expliquera aux autres chefs d’Etat. Aidonsle à réussir et méditons bien cette sagesse asiatique : «Travailler à la prospérité de ses voisins, ce n’est pas de la générosité, c’est du bon sens.»
Paris, 8 avr 2016 (AFP) - Un prisonnier étranger en Côte d'Ivoire, vilipendé par la presse locale mais qui par "ingéniosité" va devenir directeur-adjoint de sa prison, on l'imagine bien dans un roman.
Sauf que ce personnage a bien existé, "c'est mon père", dit Michel Field qui lui consacre son nouveau livre. "Le vieux Blanc d'Abidjan dans sa prison de Yopougon", à paraître lundi chez Julliard, relate le combat que mena en 1984 Michel Field, actuel directeur de l'information de France Télévisions, pour faire libérer son père, Erwin, alors âgé de 70 ans et détenu en Côte d'Ivoire.
"Raconter cette histoire, c'est une forme d'hommage à mon père", explique Michel Field au cours d'une entretien avec l'AFP, bien loin de l'agitation de France Télévisions, où les syndicats contestent sa réorganisation des rédactions.
Ce que raconte le journaliste dans ce roman est si extraordinaire qu'on a souvent du mal à y croire. Mais "tout est vrai, même si quelques petites inexactitudes ont pu se glisser ici ou là", assure-t-il.
Quel destin que celui d'Erwin Field, ce "petit prolo" juif socialiste autrichien. Il fuit Vienne "skis aux pieds" le jour de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie en 1938, rejoint Toulon (où il rencontrera la mère de Michel) et bientôt le maquis, travaille à la chaîne en usine en banlieue parisienne, devient ingénieur, quitte tout pour la Côte d'Ivoire où il sera conseiller technique au plus haut niveau de l'Etat.
Architecte d'une audacieuse et "très sociale" réforme du logement, il atterrira finalement en prison, bouc-émissaire commode d'une gigantesque affaire de détournements de fonds, qui se révèle être en fait un règlement de comptes au sommet de l'Etat ivoirien.
Mais Michel Field, que l'on devine amoureux fou du continent africain, "où la sensualité est partout", nous fait également rencontrer d'autres purs héros de roman comme Klaus, expatrié européen en Afrique dont on devine qu'il ne reviendra jamais sur le vieux continent "trop mesquin et hypocrite".
-Candide en Afrique -
Agé alors d'à peine 30 ans, Michel Field semble parfois être Candide en Afrique. La description de sa rencontre avec Laurent Dona Fologo, ministre de la Jeunesse et des Sports et, en même temps, directeur du grand quotidien ivoirien Fraternité Matin, qui tire à boulets rouges sur Erwin Field, est aussi drôle que terrifiante.
Après avoir concédé qu'Erwin Field était sans doute innocent, Fologo refuse de mettre fin à la campagne de presse qu'il déchaîne contre lui dans ses éditoriaux. "Il nous faut faire de la politique, même si la chose est cruelle (...)
Si la vérité sort nue du puits, l'homme doit, par pudeur, détourner le regard", explique le ministre-journaliste au jeune Field... avant de lui proposer de le rejoindre dans une boîte de nuit de Treichville, le quartier "chaud" d'Abidjan.
"J'avais besoin de transmettre cette histoire à mes enfants", dit Michel Field mais "surtout, ajoute-t-il, j'avais envie de parler de cette génération de gens dont le hasard a voulu qu'ils tutoient l'histoire".
Non sans mal, Michel Field décrochera un rendez-vous avec Félix Houphouët-Boigny. Comment trouver des chaussures convenables pour rencontrer le président? La réponse est bien sûr dans le roman.
On apprendra aussi qu'il peut se révéler extrêmement précieux de bien connaître l'histoire de la IVe République quand on parle à Houphouët. Son père ne sera pas libéré, il sera même jugé et condamné à 20 ans de prison. Mais, derrière les apparences, tout est arrangé.
Il est convenu que "le vieux d'Abidjan" sera libéré après la consécration de la cathédrale de Yamoussoukro, en août 1985, par Jean Paul II.
"Je n'avais qu'une peur, c'est que mon père s'évade avant", se souvient Michel Field car, évidemment, son ingénieux père (chargé de la rénovation de la prison !) avait le plan complet de l'établissement et de ses canalisations.
La fin du roman est si invraisemblable qu'elle ne peut-être que vraie. Quand on le lui fait remarquer, Michel Field éclate de rire. "Je vous jure qu'elle est authentique."
La crise qui secoue le système éducatif était au cœur des débats hier, au Centre de recherche ouestafricain. La plupart des intervenants ont recommandé l’instauration d’un dialogue franc, d’un climat de confiance, la cohérence dans les politiques mais aussi le respect des engagements pris.
Le règlement de la crise qui secoue le secteur de l’enseignement passe nécessairement par l’instauration d’un dialogue franc, d’un respect mutuel et de la cohérence dans les politiques. C’est en substance ce qu’a déclaré hier, le professeur Bouba Diop. Ce dernier, qui prenait part à la conférence organisée au centre africain pour la recherche, soutient que le Gouvernement doit jouer «carte sur table».
Selon lui, «si une des parties pense qu’elle a la vérité et qu’elle impose ses vérités, il y a des difficultés». «Les gouvernements qui se succèdent continuent de raconter les mêmes histoires, de faire des promesses, qu’ils ne peuvent pas respecter parce qu’ils n’osent pas dire la vérité», a-t-il déclaré.
Poursuivant son analyse sur le système éducatif, M. Diop s’interroge sur la pertinence de la politique de l’Etat. «Est-ce que vous avez entendu le Gouvernement parler d’une commission de suivi ? Par quel miracle vous allez faire en sorte qu’il n’y ait pas de conflit permanent ?
Quand vous faites des propositions, les gens ne vous écoutent pas, ils se croient malins en prenant ce qui les intéresse, je ne suis pas d’accord avec cette méthode», a-t-il regretté. Pour lui, le débat de fond sesitueàceniveau:iln’yapas un dialogue franc entre les acteurs. «Ils font la politique de l’autruche et ça devient le dialogue des autruches, chacun regarde de son côté et fait ce qu’il veut», a-t-il ajouté.
Abondant dans le même sens, Pr Boubacar Barry soutient que l’Université est prise en «otage» par trois éléments (l’Etat, les étudiants et les enseignants). D’après ce professeur à l’Université de Dakar, il n’y a pas un dialogue sincère entre ces forces. Selon M. Barry, pour sortir de cette «crise profonde», il faudra encore attendre 10 voire 15 ans.
Pour amener l’Université dans son «état normal», il préconise l’instauration d’une «médiation qui sera en mesure de réunir ces 3 éléments à savoir l’Etat, les enseignants et le Gouvernement et que ce dernier tienne aussi ses engagements». «Il faut rompre avec les années universitaires de 4 mois, on ne peut pas avoir une bonne formation à ce rythme. Il faut tout faire pour arriver à une année scolaire de 9 mois», a-t-il recommandé.
Invitée à cette rencontre, la présidente du Haut conseil pour le dialogue social a énuméré quelques difficultés qui sont à l’origine de cette crise quasi-permanente dans ce secteur. Selon Innocence Ntap Ndiaye, «les parties ne se donnent pas les moyens, après la signature des accords, de prendre toutes les mesures idoines pour créer les conditions de leur mise en œuvre consensuelle». De même, elle a souligné «l’absence ou le non-fonctionnement du comité de suivi».
«Les dispositions sont rarement prises en amont pour que d’une part, les parties s’accordent sur les modalités de mise en œuvre des accords, d’autre part de veiller à ce que les incidences financières soient prises en charge dans la loi des finances initiale», a-t-elle déploré.
Pour Mme Ndiaye, «il serait souhaitable dans ce cadre, de prendre des dispositions pour que les comités de suivi des accords soient dotés de la capacité de veiller de manière plus active à la mise en œuvre des accords de manière consensuelle». «En procédant ainsi, l’on se place dans une perspective de tirer pleinement profit de la gouvernance participative», a-t-elle dit.
Pour Innocence Ntap Ndiaye, si de telles dispositions ne sont pas prises, «la confiance entre les parties prenantes s’érode davantage» alors que «la confiance entre les parties est l’un des socles du dialogue social sincère». Dans son exposé, la présidente du Haut conseil pour le dialogue social a rappelé que son organe appelle à «la restauration des règles de la cogestion pour dépasser l’escalade de la conflictualité».
Pour Mme Ndiaye, les causes conjoncturelles de ce conflit restent «l’intensification du recours à l’extrémisme, l’exercice de l’autorité de manière unilatérale de la part de l’Etat-employeur, quant aux travailleurs, c’est le recours à l’interruption du travail». «Le dialogue social doit être au cœur de la préoccupation de tous les acteurs», a-t-il appelé.