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30 avril 2025
PAR BAYE DAME WADE
SAUVER UNE PLANÈTE INTERDÉPENDANTE
À Paris, l'Afrique ne s'est pas contentée "d'une posture de victime" du réchauffement climatique. Elle fait partie intégrante de la solution car elle est amenée à se développer et qu'elle dispose du plus grand potentiel d'énergies renouvelables du monde
Un triptyque vital au cœur des enjeux de la croissance économique, du bien-être social, de la pérennité même du "commun vouloir de vie commune" qui dé finit l'idée de "Nation". Aujourd'hui, le devenir de ce monde, désormais interdépendant, est sous la responsabilité commune de tous les Etats et peuples. Nul mieux que les dérèglements climatiques pour alerter les consciences sur les responsabilités partagées pour préserver cet espace de vie. Ici et maintenant. Pour nous-mêmes et les générations futures…
Mieux, les dirigeants africains sont maintenant conscients des risques liés à la dégradation de l'environnement et au besoin de préserver l'écosystème naturel. De nouvelles priorités pour eux qui ont, tous, fait le voyage de Paris. En effet, l'Afrique attend de la COP21 des engagements concrets. Comme la promotion des énergies vertes sur un continent où 600 millions d'habitants n'ont toujours pas accès à l'électricité et où, en 2013 cette énergie n'était que de 5%.
A Paris, l'Afrique ne s'est pas contentée "d'une posture de victime". Certes, elle subit le réchauffement climatique, mais elle fait partie intégrante de la solution car elle est amenée à se développer et qu'elle dispose du plus grand potentiel d'énergies renouvelables au monde.
La vérité est que l'agriculture africaine dépend à 95% des pluies et leur rythme est modifié, différemment, selon les zones : des sécheresses s'annoncent au sud alors qu'à l'ouest, ce sont plutôt les inondations qui menacent. Certaines terres deviennent impropres à la culture (Delta du Nil) à cause de la montée du niveau de la mer. Une situation qui expose aussi les populations riveraines des côtes. D'ici 2030, on risque de ne plus pouvoir cultiver dans des zones entières. C'est non seulement des pertes de revenus pour 65% des travailleurs- agriculteurs, mais aussi toute la population : les prix des aliments pourraient croître de 70% dans les 60 prochaines années. Cette insécurité alimentaire pousse les ruraux à fuir vers les villes ou à l'étranger. En 2012, l'Afrique comptait déjà +8 millions de déplacés climatiques.
Des solutions existent et les pays africains peuvent développer des stratégies d'adaptation qui coûteraient entre 7 à 15 milliards USD par an, selon l'ONU.
Mais au-delà des bons sentiments et déclarations d'intention, l'Afrique attend un accord "universel, différencié et contraignant", promis par le président François Hollande. Ce à quoi le président Macky Sall rétorqua : "l'accord doit être contraignant, applicable à tous, juste et équitable". Consigne a été donnée aux négociateurs pour qu'ils ne signent pas "un accord à tout prix". Il faut des garanties d'accès à des financements, si possible sous forme de dons.
Pour la Banque Mondiale, renforcer la résilience inclut des initiatives visant à "dynamiser le capital naturel du continent (paysages, forêts et océans), le capital physique (villes et infrastructures), le capital social et humain, dont l'amélioration de la protection sociale pour les plus vulnérables face au chocs climatiques et la prise en compte des causes de migration liée au climat".
A Paris, la Banque mondiale a lancé son Plan Climat de 16 milliards USD d'ici 2020 dont 6 milliards de dons. On attend de voir les premiers décaissements…
Arame Tall représentante régionale de l'Organisation Mondiale de la Météorologie pour les services climatiques, Ibrahima Gassama consultant et économiste du développement durable au ministère de l'Énergie et des Ressources Naturelles du Québec, sont au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection pour parler de l'accord historique à la COP 21. Écoutez !
Matar Ba, ministre des Sports, membre du comité directeur de l'APR et maire de Fatick, est au micro d’Elhadji Malick Ndiaye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud Fm. Écoutez !
(SenePlus.Com, Dakar) - Le Sénégal dont la population est à 90% musulmane et où règne un islam tolérant, ne dort pas sur ses lauriers. Le pays est sur ses gardes face aux attaques terroristes qui se multiplient au Nigeria et ont récemment touché la France, la Tunisie et le Mali voisin. Le quotidien américain The New York Timesa fait ce constat dans son édition de ce dimanche.
Le texte commence par un reportage à Guédiawaye, un quartier de la banlieue dakaroise où l’histoire d’une dame, Marième Sow, arrêtée par la police pour des liens supposés avec Boko Haram, défraie la chronique. Il lui est reproché d’avoir hébergé Coumba Niang, la femme d’un certain Makhtar Diokhané, un Sénégalais soupçonné par les autorités nigérianes d’être lié à la secte islamiste.
Madame Diokhané recevait de son époux de fortes sommes d’argent aux origines douteuses. Marième Sow a balayé les accusations, indiquant ne rien savoir de Coumba Niang, qu’elle a voulue aider, sauf que son mari travaillait à l’étranger.
Cette histoire ainsi que les récentes arrestations d’imams considérés comme radicaux et le projet d’interdiction de la burqa, sont la preuve, laisse entendre The New York Times, que le Sénégal est en train de prendre les devants face à la menace terroriste.
L’islam est certes la religion dominante au Sénégal. Mais, la pratique religieuse s’accommode de la modernité, relève le quotidien américain. Qui ajoute qu’à Dakar où l’appel à la prière retentit cinq fois par jour, vous pouvez tomber sur des femmes en mini jupes, dansant avec des hommes jusqu’à l’aube dans les boîtes de nuit où l’alcool coule à flot comme dans les bars et les restaurants.
Cependant, le Sénégal n’est pas à l’abri de la menace jihadiste. Interrogé par le New York Times, Catherine Marshall, l’ancienne directrice Pays de la Banque mondiale pour la partie Sahel de l’Afrique de l’Ouest et spécialiste du Sénégal, estime que des signaux inquiétants existent.
Trouvés sous un arbre à Guédiawaye par le reporter du journal américain, trois membres de l’Association nationale des imams acquiescent. Ils estiment qu’avec la perte de repères des jeunes, la drogue, l’alcool, l’influence de la télévision et le développement d’internet, le risque de radicalisation est devenu plus grand.
Des menaces qui ont poussé le Président Macky Sall à adopter des positions courageuses, notamment contre la burqa qui, selon lui, «est contraire à nos traditions». «Nous avons un islam modéré et tolérant», avait déclaré le chef de l’État, repris par le journal.
DAKAR FÂCHE KINSHASA
ENQUÊTE SENEPLUS - Une réunion d’opposants et de mouvements citoyens congolais à Gorée jette le froid entre la RD Congo et le Sénégal – Réaction de l’ambassade du Congo à Dakar – Réponse de Mankeur Ndiaye, ministre sénégalais des Affaires étrangères
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 13/12/2015
Des opposants et membres de mouvements citoyens de la République démocratique du Congo se réunissent à Gorée depuis samedi. Kinshasa y voit la main de Dakar. Qui dément toute implication. SenePlus a cherché à y voir clair.
Coup de froid dans les relations entre le Sénégal et la République Démocratique du Congo. Kinshasa ne voit pas d’un bon œil que Dakar accueille depuis samedi, et ce jusqu’à mardi, une réunion de personnes déclarées comme opposants et membres de mouvements citoyens congolais. Une rencontre dont le but, dit-on, est de trouver les moyens d’obtenir le respect de la Constitution et favoriser l’alternance en RDC.
La réunion se tient à Gorée, au large de la capitale sénégalaise, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Malgré cette précaution, rapporte Jeune Afrique sur son site, le gouvernement de Kinshasa a été informé. Et du coup, ajoute l’hebdomadaire panafricain, il a manifesté son mécontentement à l’égard du Sénégal.
«Nous sommes choqués que le Sénégal, pays frère et ami, accueille une réunion où l’on planifie des manifestations de rue au Congo, a déclaré à Jeune Afrique, Barbané Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique du Président Joseph Kabila. Nous réfléchissons à une protestation officielle.»
Démenti de Mankeur Ndiaye
Du côté de Dakar, on botte en touche. «Le Sénégal n’a rien à voir avec cette réunion, jure Mankeur Ndiaye, le ministre sénégalais des Affaires étrangères contacté par SenePlus. C’est faux de dire que nous avons accueilli des opposants congolais, c’est le mouvement Y’en a marre qui les a invités.»
À en croire le chef de la diplomatie sénégalaise, interrogé samedi en fin d’après-midi par votre site, aucune lettre de protestation venant de la RDC ne leur était à ce moment-là parvenue. «Et elles (les autorités congolaises) ne peuvent même pas protester, parce que c’est une réunion privée», ajoute Mankeur Ndiaye.
Selon l’hebdomadaire panafricain, la réunion est initiée par les mouvements citoyens congolais Filimbi et Lucha, et a été facilitée et financée par les fondations Konrad Adenauer (Allemagne) et Brenthurst (Afrique du Sud).
Officiellement, c’est un atelier de réflexion sur les processus électoraux rassemblant des hommes politiques africains. Mais, souligne le journal, les débats doivent être secrets et dans la quarantaine d’invités, on trouve essentiellement des membres de l’opposition et de la société civile congolaises.
Les nombreuses tentatives de SenePlus pour avoir la réaction de Fadel Barro, le coordonnateur de Y’en a marre, sont restées vaines. Par SMS, il nous a confié être «en réunion» et promis de nous rappeler. Se gardant de tout commentaire à propos de l’objet de notre sollicitation qu’il nous avait préalablement demandé de lui préciser. Nous attendons toujours.
Joint à son tour par téléphone par SenePlus, le Premier conseiller de l’ambassade de la RD Congo à Dakar, Didier Mukangu Ngwom, a refusé de se prononcer sur cette affaire. Il concède : «Je vous recommande de passer demain (lundi) à l’ambassade, on vous mettra en rapport avec la personne habilitée à parler de cette affaire.»
Commentant l’affaire, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, n’avait pas pris de gant. Il déclarait : «La police estime avoir des raisons de croire qu’il y a une manœuvre de déstabilisation et d’atteinte à la sûreté de l’Etat derrière cette activité de personnes qui se réclament de Y’en a marre et du Balai du Burkina Faso. Donc, ils ont été plus ou moins sous surveillance et on est tombé sur des choses que la police se réserve de mettre à la disposition de la justice».
Mende estime que les Sénégalais et les Burkinabé arrêtés dans son pays ont «organisé des bandes de jeunes pour leur demander de faire mieux que le 19 et 21 janvier où nous avons perdu 27 personnes comme si c’était quelque chose dont il faut se vanter, de faire comme au Burkina».
Et d’ajouter : «Nous n’avons pas l’intention de voir notre Palais du peuple être incendié. Au Burkina, que les Burkinabè s’expriment. Ils sont Sénégalais, c’est bien qu’ils s’expriment au Sénégal. Mais venir faire de la politique en RDC, ça vraiment c’est interdit par notre législation et nous ne pouvons pas accepter qu’ils viennent intoxiquer nos jeunes.»
Le porte-parole du gouvernement semble resté sur la même ligne avec l’épisode de la réunion de Gorée. À Jeune Afrique, il revient sur l’épisode de mars dernier non sans charger le gouvernement sénégalais : «Il y a quelques mois, nous avons reçu un groupe de jeunes gens venus de ce pays (Sénégal) pour apprendre à nos compatriotes comment faire des cocktails molotov et résister à la police. Il y a eu une intervention sénégalaise pour qu’ils soient libérés, ce que nous avons accepté par amitié. Et voici que les mêmes personnes se réunissent dans ce pays sans que le gouvernement ne nous informe. Qui peut entrer au Sénégal sans que le gouvernement soit au courant ?»
Un des organisateurs de la rencontre, cité par Jeune Afrique, rétorque : «Le gouvernement sénégalais n’a rien à voir là-dedans. Il n’avait pas à donner son autorisation. D’ailleurs, ce pays a supprimé le visa payant à l’entrée en mai dernier.»
La situation en RDC s’est crispée avec le projet de révision de la loi électorale qui aurait permis de prolonger le mandat du Président Joseph Kabila, qui prend fin en 2016. La constitution interdit à l'actuel chef de l'État congolais d’en briguer un nouveau. De violentes manifestations contre ce projet de révision constitutionnelle avaient secoué le pays au mois de janvier dernier. Ces mouvements de colère avaient causé des dizaines de morts. Et probablement contribué à raviver les soupçons de Kinshasa à l’endroit de Dakar.
Ouagadougou, 11 déc 2015 (AFP) - Environ un millier de personnes, blessées lors de l'insurrection populaire d'octobre 2014 qui a chassé l'ex-président Blaise Compaoré du pouvoir et du putsch manqué de septembre 2015, ont été décorées vendredi lors de la célébration du 55e anniversaire de l'indépendance du Burkina.
Certaines personnes totalement rétablies de leurs blessures, d'autres appuyées sur des béquilles, ont été faites notamment chevalier de l'ordre national par le Premier ministre de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida et d'autres personnalités de l'Etat.
Au total, 652 blessés ont été dénombrés pendant l'insurrection populaire anti-Compaoré et 271 blessés durant le putsch manqué. Fin octobre, le gouvernement avait déjà rendu hommage aux 28 victimes de l'insurrection populaire du 31 octobre 2014 ayant entraîné la chute de l'ancien président Blaise Compaoré, après 27 ans au pouvoir.
Les autorités ont associé à ces hommages les quatorze victimes du putsch manqué du 17 septembre dernier perpétré par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne de M. Compaoré.
Une stèle avait été érigée en leur mémoire au pied du "Monument des martyrs" construit sous le régime Compaoré dans le quartier huppé de Ouaga 2000 et elles avaient été élevées au rang de "chevalier de l'Ordre national" par le président Michel Kafando.
"Les blessés de l'insurrection populaire et du putsch (du 17 septembre) attendent une action concrète de vous", avait lancé le porte-parole de l'Association des blessés, Dramane Ouédraogo, aux autorités de la transition qui les ont, selon lui, "abandonnés".
Après avoir dirigée la transition pendant un an, M. Kafando, doit céder le pouvoir dans quelques jours à Roch Marc Christian Kaboré, élu président dès le premier tour lors de la présidentielle du 29 novembre.
Abidjan, 11 déc 2015 (AFP) - Le rapatriement des réfugiés ivoiriens du Liberia, interrompu l'an dernier en raison de l'épidémie d'Ebola, va reprendre dans une semaine, avec le retour de plus d'un millier d'entre eux avant la fin de l'année, a annoncé vendredi la représentante des Nations unies en Côte d'Ivoire.
"L'objectif, c'est qu'avant la fin de l'année 1.500 réfugiés ivoiriens reviennent en Côte d'Ivoire", a déclaré Aïchatou Mindaoudou lors d'une réunion à Abidjan des chefs de Mission de l'ONU en Afrique de l'Ouest, précisant que cette opération est menée de façon conjointe avec le Liberia.
Le premier voyage de retour aura lieu le 18 décembre. A cette occasion, Mme Mindaouda se rendra avec Farid Zarif, de la mission de l'Onu au Libéria (Unmil) dans les camps de Harper (sud-est) et Zwedru (est), d'où doit partir la première vague de réfugiés.
Quelque 220.000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia, fuyant la guerre civile de 2002 dans leur pays et le conflit post-électoral de 2011, qui a fait 3.000 morts. La plupart sont rentrés d'eux-mêmes mais quelque 38.000 sont restés, dans des camps le long de la frontière entre les deux pays.
Beaucoup étaient sur le point de reprendre le chemin de la Côte d'Ivoire, quand le gouvernement libérien a fermé ses frontières l'été 2014 pour freiner la progression de l'épidémie d'Ebola.
Dakar, 13 déc (APS) – La Foire internationale de Dakar (FIDAK) sera fermée dimanche juqu’à 16h suite à l’incendie survenu, samedi vers 2H 30, au Pavillon du Centre international du commerce extérieur sénégalais (CICES), causant d’énormes dégâts matériels, a-t-on appris de la direction du CICES.
Un incendie dont l’origine reste à déterminée s’est déclaré, samedi, au Pavillon vert du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES) où se tient la 24e Foire internationale de Dakar (FIDAK).
Le sinistre s’est produit aux environs de 2 h 30, selon le responsable de la Brigade nationale des sapeurs pompiers préposés au CICES, le Lieutenant-colonel Moussa Niang, soulignant que le feu a causé d’énormes dégâts matériels dans les stands des exposants.
Une exposante béninoise a déclaré à l’APS avoir tout perdu.
Environ 80% des marchandises dont la plupart de cosmétique sont détruites.
’’La foire va se poursuivre à 16h mais pour le moment elle est fermée pour tout le monde sauf aux exposants pour des mesures de sécurité et de tranquillité’’ a expliqué le directeur général du CICES, Cheikh Ndiaye.
Une commission a été mise en place pour faire l’évaluation des dégâts matériels et la cause de l’incendie, selon M. Ndiaye.
’’Une enquête est ouverte pour faire le point sur cet événement et pour la prise en charge psychologique’’, a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
Selon le DG du CICES, le sinistre est davantage porté au niveau du Centre et sur l’aile Sud, l’aile Nord et Est ont été épargné.’’ Il n’y a aucune perte en vie humaine, 30 personnes dormaient dans le pavillon mais sont saines et sauves’’, a-t-il rassuré.
Dans le cadre du travail d’enquête, il a invité les exposants du Pavillon Vert à remplir des fiches d’informations, ajoutant qu’il est ‘’prématuré’’ d’évoquer la question de l’indemnisation des victimes du sinistre même si, selon lui, le CICES est assuré.
Le Pavillon vert regroupe prés de 250 exposants des pays comme le Pakistan, l’Inde, l’Algérie, la Syrie.
LES OPÉRATIONS POUR LE RETOUR DES RÉFUGIÉES LANCÉES
BOKO HARAM
Ola AWONIYI with Aminu ABUBAKAR |
Publication 13/12/2015
Abuja, 12 déc 2015 (AFP) - Le Nigeria, qui a promis de mettre fin rapidement à la rébellion du groupe islamiste Boko Haram, se fixe comme objectif que les deux millions de personnes déplacées à cause du conflit commencent à rentrer chez elles l'an prochain.
Le président Muhammadu Buhari a déclaré que les retours débuteraient "pour de bon" en 2016 et que son gouvernement ferait "tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter le retour rapide et la réinstallation des déplacés".
Le gouvernement et l'armée affirment être en mesure de mettre hors d'état de nuire les islamistes d'ici fin décembre, ce dont doutent fortement les observateurs, alors que les attaques et les attentats de Boko Haram se poursuivent, visant particulièrement les civils.
Abuja admet cependant que la reconstruction des infrastructures constitue un défi : maisons, bureaux, écoles, hôpitaux, centrales électriques, système d'eau potable, les destructions sont immenses après six ans de combats dans le nord-est du Nigeria, le foyer de l'insurrection.
Le ministre de l'Information Lai Mohammed l'a reconnu cette semaine, après une visite dans la ville martyre de Bama, dans l'Etat de Borno, s'avouant "stupéfait de l'ampleur de la dévastation".
"Pas un seul bâtiment n'a été épargné par les terroristes", a-t-il confié à des journalistes mardi. Un journaliste de l'AFP s'était rendu à Bama en mars, après que l'armée eut repris la ville située à 70 km au sud-est de Maiduguri, la capitale de l'Etat.
Les rues étaient jonchées de cadavres en décomposition et les maisons calcinées. Selon M. Mohammed, le "nettoyage" de Bama est en cours, ainsi que des localités voisines de Konduga et Kaure, et la construction d'un millier de maisons devrait débuter début janvier.
D'après Babagana Umara, le ministre de la Reconstruction, de la Réhabilitation et de la Réinstallation à Borno - un portefeuille nouvellement créé - 17 districts de cet Etat sont complètement désertés.
Les opérations de reconstruction ont aussi commencé à Benisheik, Mafa et Gwoza, la ville où Boko Haram avait proclamé un califat l'an dernier. "C'est la première phase de la reconstruction", "c'est un défi énorme", a déclaré le ministre à l'AFP.
"Rien que pour la reconstruction de Bama il faut 40 milliards de nairas (180 millions d'euros), une somme bien supérieure aux capacités du gouvernement de l'Etat" de Borno. Quant au budget de l'Etat fédéral, alimenté à 70% par les exportations de pétrole, il est lui-même affecté par la chute des cours.
- Faire plus que reconstruire -
Mais pour faire revivre les régions dévastées par Boko Haram, il faudra faire plus que reconstruire des maisons. Selon l'ONU, environ 1100 écoles ont été détruites dans la région du Lac Tchad, frontière commune au Nigeria, au Tchad, au Niger et au Cameroun, tous touchés par les attaques des islamistes.
Six cents professeurs ont été tués depuis 2009 et 19.000 ont fui la région, déjà déshéritée et manquant de personnel qualifié, selon le syndicat national des enseignants du Nigeria. Selon tous les experts, la pauvreté, l'analphabétisme et l'absence de perspective dans le nord-est du Nigeria pousse de nombreux jeunes sans espoir à embrasser la cause islamiste. La fermeture des écoles risque de renforcer le phénomène.
Les services de santé sont eux aussi en triste état, de nombreux médecins ayant fui, et les chiffres de mortalité maternelle et infantile ont encore augmenté.
Même l'approvisionnement en vivres est impossible dans certains endroits, comme le nord de l'Etat d'Adamawa, routes et ponts ayant été détruits, selon des déplacés qui y sont retournés.
Dans ces régions essentiellement agricoles, les paysans ont manqué la saison des semailles et les champs sont parsemés de mines. Enfin, malgré les proclamations victorieuses de l'armée, la sécurité reste
un problème majeur, jusque dans les camps de réfugiés, où des kamikazes de Boko Haram ont perpétré plusieurs attentats-suicides.
Cette semaine, les rebelles islamistes ont encore rasé deux villages dans l'Etat de Borno, dont celui de la mère du chef d'état-major de l'armée nigériane Tukur Yusuf Buratai, sans doute visé délibérément. Le conflit a fait au total 17.000 morts et 2,6 millions de déplacés et réfugiés depuis 2009.
DES DIVERGENCES DE PROCEDURES RALENTISSENT L'ENQUETE
Bamako, 13 déc 2015 (AFP) - Les investigations sur l'attaque meurtrière du 20 novembre contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako, revendiquée par des jihadistes, sont ralenties par des divergences de procédures des enquêteurs, composés de Maliens et d'étrangers, ont dit samedi à l'AFP des sources proches du dossier.
Ces recherches sont menées avec l'aide d'experts de l'ONU, de spécialistes français en criminologie. Des Canadiens et Belges participent également à l'enquête dirigée par le procureur du pôle spécialisé de lutte contre le terrorisme à Bamako, Boubacar Sidiki Samaké, d'après des sources officielles et de sécurité maliennes.
Selon un enquêteur malien, tous sont dans l'attente de résultats d'analyses en cours aux Etats-Unis, concernant notamment les armes utilisées par les assaillants et leur ADN. "Des pistes existent, mais à l'heure actuelle, l'enquête est au point mort", a affirmé une source de sécurité malienne.
Les experts étrangers ne travaillent pas "de la même manière" que les Maliens, pour relancer les investigations "il faut changer de méthodologie de travail", a-t-elle dit, refusant de fournir des détails.
Des divergences confirmées, sans plus de détails, par une source de sécurité à la Mission de l'ONU au Mali (Minusma): "Les approches ne sont pas les mêmes au sein de la commission d'enquête".
Une source étrangère proche du dossier a fait état d'"une divergence" sur l'observation de possibles suspects de l'attentat actuellement en liberté. Le 20 novembre, le Radisson Blu a été attaqué par des hommes armés - officiellement au nombre de deux - qui y ont retenu pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés.
Les forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l'ONU, sont intervenues et ont "exfiltré" 133 personnes, selon le ministère malien de la Sécurité intérieure. Bilan: 20 morts dont 14 étrangers, en plus des deux assaillants.
L'attentat a été revendiqué par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).
Le 26 novembre, les forces maliennes ont arrêté à Bamako deux hommes soupçonnés d'être liés à l'attentat. Le lendemain, leurs portraits et identités ont été diffusés. Depuis, ils demeurent en détention et aucune nouvelle arrestation n'a officiellement été effectuée en lien avec l'enquête.
D'après des sources proches du dossier, deux autres suspects étaient "activement" recherchés. Les deux hommes appréhendés le 26 novembre "ne sont pas de gros poissons. Je dirais même que pour le moment, leur implication dans l'attaque est très, très loin d'être prouvée", a dit un autre de ses collègues.
Dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique à paraître dimanche qui l'a interrogé sur des "failles sécuritaires" ayant facilité les choses aux assaillants du Radisson Blu, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta n'a pas exclu cette possibilité.
"Concernant le modus operandi du commando, c'est possible, l'enquête le dira", a affirmé Keïta, saluant l'intervention des forces spéciales maliennes, qui "même si elles ont été aidées par des Français et des Américains, (...) ont fait l'essentiel du travail, avec professionnalisme".
Il a précisé que son pays a déjoué d'autres attaques depuis le premier attentat contre des Occidentaux à Bamako le 7 mars, ayant visé le bar-restaurant La Terrasse, également revendiqué par des jihadistes.
"Je reçois chaque soir un rapport de nos services de renseignements et je peux vous dire que depuis la fusillade (...) en mars dernier, pour un attentat commis, nous en déjouons dix - ce qui a d'ailleurs permis à certains pays voisins d'échapper à un sort funeste. Je n'en dirai pas plus", a-t-il ajouté.
Le Mali compte sept pays limitrophes. Quatre partagent des frontières avec son vaste Nord qui a été contrôlé pendant près de dix mois entre 2012 et début 2013 par des groupes liés à Al-Qaïda, à la suite d'une rébellion à dominante touareg, avant d'être dispersés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire internationale qui se poursuit.