(CHAINE YOUTUBE DE FRANCE 24) - En Australie, un vaste coup de filet a conduit à l’interpellation de 15 personnes soupçonnées de préparer des meurtres pour le compte de l’Organisation de l'État islamique. Les suspects prévoyaient notamment de filmer la décapitation d'un civil.
Garga Mbossé s’est payé hier la tête d’Ama Baldé. Le pensionnaire de l’écurie «Door Doraat» estime tout simplement que le fils de Falaye Baldé a peur de lui. D’après le frangin de Zoss, leurs chemins s’étaient croisés à maintes reprises, mais Ama a tout fait pour éviter un combat contre lui.
PREPARATION HIVERNALE
«J’y suis à fond. Et je travaille pour avoir plus de force. Il me le faut pour bien préparer la saison prochaine. Le poids est le cadet de mes soucis. Tout ce que je veux, c’est augmenter ma force interieure. C’est pourquoi mon staff m’a concocté un planning qui s’articule autour de la musculation et des courses de longue distance».
UN SEUL COMBAT EN 2014
«Moi je suis un lutteur, mais pas un promoteur. Si donc cela ne dépendait que de moi, je serais redescendu dans l’arène à chaque dimanche. Mais ce n’est pas de mon ressort. Il y a aussi que la lutte devient de plus en plus serrée. Les combats se font rares. Si ce n’était pas le report de mon combat contre Lac Rose, j’aurais fait une année blanche. La plupart de mes adversaires potentiels ont lutté en fin de saison, et cela a été très difficile pour moi de trouver preneur. Tout le monde connaît mes potentiels adversaires. Je n’ai jamais cité de nom et ce n’est pas aujourd’hui que je vais le faire. Mais les amateurs savent quelles sont mes prochaines cibles»
UN COMBAT CONTRE AMA BALDE?
«Ama a peur de moi. C’est un poltron ! Il parle pour amuser la galerie, mais il n’a pas le cran de me faire face. Je l’ai défié à plusieurs reprises et il a fui. Ama Baldé cherche la facilité. Il parle pour ne rien dire. Je suis sûr que si demain on lui propose un duel contre moi, il dira non. Il a peur de moi. Il cherche la facilité encore une fois, alors qu’il n’y a rien de facile ici. Il a peur de moi, c’est tout. Sa dernière victoire (contre Malick Niang) me laisse de marbre. Je lui fait peur. Et j’avoue que j’étais très surpris de l’entendre me citer comme son potentiel adversaire. Pour moi, il voulait juste mettre de l’ambiance comme il était à la télé, mais il ne croit pas en ce qu’il dit. Un promoteur m’avait dit de le défier et qu’il s’occupera du reste. Ce que j’ai fait, mais il n’a jamais accepté de m’affronter. J’en ai conclu que je lui fous la trouille».
DES DUELS ENTRE ESPOIRS
«C’est une bonne chose. Je l’ai toujours dit et je pense être le premier à le faire. J’ai pris Lac Rose, alors qu’il n’était même pas dans mes plans. Et je suis sûr que s’il avait terrassé Tonnerre, Lac Rose ne m’aurait jamais affronté. Mais j’ai accepté de le prendre car nous sommes de la même génération. Si on ne lutte pas entre nous, on ne va affronter que des vieux. Que ça soit clair, je ne veux pas croiser mes aînés, mais plutôt les lutteurs de ma génération. Il le faut pour prouver qui est le meilleur entre nous avant de songer à affronter ceux qui sont en haut».
LA LUTTE INDESIRABLE DANS LES STADES DE FOOTBALL
«C’est un faux débat car le ministre des Sports Matar Bâ a clairement dit qu’il y aura toujours la lutte à Demba Diop. C’est une discipline comme toutes les autres. Par conséquent, elle doit être pratiquée partout dans le pays. C’est notre gagne-pain et il y a des milliers de gens qui n’ont que la lutte pour vivre. Il faut donc la préserver et essayer de la promouvoir. Mais je reste persuadé que si on avait notre propre arène nationale, on n’en serait pas la. Aussi, s’il y avait assez de stades omnisport, le problème serait résolu. La lutte est un sport de chez nous. Et je pense qu’il urge que nous possédions notre propre stade. Que l’arène nationale soit construite à Pikine, Diamniadio ou ailleurs, ce n’est pas un problème. A mon avis, l’Etat doit prendre ses responsabilités et faire ce qu’il a à faire. C’est tout. Et j’en profite pour suggérer à mes collègues lutteurs de véhiculer une image positive de ce sport. De par notre comportement et notre langage, on se doit d’être des modèles. Nous sommes des responsables et on doit tout faire pour sauvegarder la lutte».
LA LUTTE ET LES ACTEURS DES NAVÉTANES SE RENVOIENT LA BALLE
L’entrepreneur chargé de réfectionner le stade Demba Diop a déterré plusieurs cornes et Gris-Gris. Indexés les lutteurs ont rejeté la faute sur le mouvement "navétane", qui, à son tour refuse et accuse la lutte.
"Nous avons trouvé du tout. Il y avait même des cornes. Nous avons découvert des gris-gris enfouis sur toutes les parties du terrain", a déploré Mbacké Faye, l’entrepreneur chargé des travaux de réhabilitation du stade Demba Diop.
Alors qui a enterré les gris-gris dans le gazon du stade Demba Diop ? On ne le saura probablement jamais puisque le monde de l’arène, avec à sa tête le président des lutteurs en activité, Boy Kaïré, refuse de porter la responsabilité tout seul.
"Les gris-gris font partie intégrante de la culture sénégalaise, dit-il. Que ce soit le football, les navétanes, ou la lutte, tout ce monde utilise les gris-gris pour la même raison, gagner. Donc qu’on cesse de nous indexer. De source sûres, nous savons que les ‘navétanes’ (championnats populaires) et les équipes nationales de football qui jouent à Demba Diop y enterrent des gris-gris".
Le chef de file de l’écurie Soumbédioune ne comprend pas pourquoi le promoteur qui a gagné le marché du stade Demba Diop veut faire déguerpir la lutte de ce lieu pour ces "futilités".
"Le ministre a désavoué le promoteur Mbacké Faye devant tout le monde et lui a fait savoir que le stade Demba Diop est un stade omnisports qui n’appartient pas seulement au football. Donc, je pense qu’il doit se taire pour de bon et savoir qu’il n’est pas une autorité mais un simple travailleur qui a gagné un important marché", poursuit-il.
Navétanes : "Nous sommes des gens civilisés"
Balla Diouf est aussi du même avis que Kaïré. Pour le sociétaire de l’écurie Yoff et membre très actif de l’Association des lutteurs en activité, "le promoteur Mbacké Faye déteste la lutte".
"J’ai été très actif dans le mouvement "navétanes" et les gens attendaient la nuit pour venir enterrer toutes sortes de gris-gris dans le stade, de même que l’équipe nationale du Sénégal le fait au stade Léopold Sédar Senghor et ailleurs. Il faut cesser d’accuser les lutteurs à tort à chaque fois qu’il y a un problème, ce n’est pas juste. Tout le monde sportif s’adonne à des pratiques mystiques, chacun à sa part de responsabilité dans cette affaire", souligne l’ancien lutteur de Fass.
Concernant les gris-gris utilisés par les lutteurs, Balla Diouf rappelle que "le Cng (Comité national de gestion de la lutte) a interdit aux lutteurs d’enterrer quoi que ce soit dans le gazon du stade".
"Nous n’avons même pas le droit de creuser le gazon, il y a une disposition pour cela dans les textes du Cng. Même les bains mystiques, nous les prenons sur le sable au risque de se voir sanctionner. Sur la pelouse, il y a l’enceinte, nous prenons des bains là-bas, il y a une bâche avec plein de sable qui est étalée dessus pour ne pas mouiller ou abîmer le gazon. Cette histoire est à mon avis très louche, c’est une mise en scène", dit-il.
Khadim Gadiaga de l’écurie Rock Energie poursuit dans la même logique : "Qui peut prouver que ce sont les lutteurs qui ont enterré ces gris-gris trouvés dans le gazon ?" Et comme ses autres collègues lutteurs, Khadim Gadiaga jette la pierre sur le mouvement navétane.
"Il y a plus de 300 matchs de navétanes par année, et les gens savent que dans ces tournois-là, il y a beaucoup de mystiques. Je vais même aller plus loin : lors du dernier match du Sénégal à Léopold Sédar Senghor, les gens ont eu recours au mystique", éructe-t-il. Pour lui, il faut trouver des solutions alternatives pour éviter ce genre de situations au lieu de prendre des décisions aussi drastiques.
"Il faut voir du côté du gestionnaire et des gardiens du stade"
Cité et indexé par les lutteurs dans l’affaire des gris-gris enterrés au stade Demba Diop, le mouvement navétane réagit et renvoie la balle aux lutteurs. "Ce n’est pas vrai, cette histoire. On n’a rien enterré à Demba Diop. En tout cas, je n’y ai jamais assisté", récuse Mame Ousmane Ciss, président de la zone 7A.
Et il n’a pas hésité à jeter la balle dans un autre camp. "Il faut dire qu’avec la gestion des stades, tout est possible. Ce que font les gestionnaires ou les gardiens des stades avec les Asc (Associations sportives et culturelles), je ne peux pas le maîtriser en tant que président de zone. Pour de l’argent, ces gens-là peuvent vendre leur âme au diable", dit-il avant d’affirmer avec conviction que "les jours de match, il n’y a jamais de pratique de ce genre".
Dame Faye, président de la Zone 7C va plus loin. "Les Asc n’osent pas enterrer des choses dans le stade Demba Diop. Il y a un article dans notre règlement qui interdit les pratiques occultes. A chaque fois qu’il y a un match de navétane, un superviseur anonyme est dépêché, ainsi que le commissaire du terrain pour voir ce genre de cas. Il y en a qui prennent des bains mystiques, je l’avoue, mais on n’enterre pas de gris-gris. L’Odecav a mis en place un PV nommé 00 et dans ce PV, il y’a des choses inhérentes aux pratiques occultes, les interdictions qu’on en fait", informe-t-il.
Il accuse à son tour les lutteurs : "ce sont les lutteurs qui creusent et qui enterrent des choses au stade au vu et au su de tous. Le mouvement navétane a dépassé cela, nous sommes maintenant des gens civilisés".
« FATICK AURAIT PU AVOIR UNE EQUIPE MUNICIPALE BEAUCOUP PLUS COMPETENTE »
ME BOUBACAR DIALLO, RESPONSABLE POLITIQUE ET DIRECTEUR DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DE RECOUVREMENT
Conseiller municipal dans l’équipe dirigée par Matar Ba, Me Boubacar Diallo, dans cet entretien jette un regard critique sur l’actuel conseil municipal. A en croire le patron de la Société Nationale de Recouvrement (Snr), le conseil municipal pouvait être mieux constitué. L’ex-premier adjoint au maire de la ville du chef de l’Etat dévoile également ses ambitions de diriger le parti présidentiel dans le département de Fatick.
L’As : Me Boubacar Diallo, vous êtes responsable politique de l’Apr à Fatick et aujourd’hui vous en êtes à votre troisième mandat de conseiller municipal. si vous aviez à comparer l’équipe actuelle à celles qui l’ont précédée quelle lecture en feriez vous ?
Me Boubacar Diallo : Très sincèrement, on aurait pu avoir une équipe beaucoup plus compétente. Les aléas des investitures nous ont causé beaucoup de torts. Beaucoup de cadres ont été écartés. Et pourtant ils pouvaient être d’un apport remarquable pour la gestion de la ville.
La faute incombe à qui selon vous ?
C’est dû à la non structuration du parti qui a fait que certaines personnes se sont donné le droit de décider pour tout le monde.
Est ce que vous croyez que cette nouvelle équipe communale pourra faire avancer les choses, surtout avec un maire qui n’y réside pas ?
Il y a quand même des compétences en interne dans l’actuel conseil municipal.
Vous croyez oui ou non en cette équipe ?
(Rire) Je suis dedans. Je suis tenu de croire en l’équipe. Je crois que si l’on travaille dans une étroite collaboration, on pourra relever le défi.
Parlons de la situation de votre parti qui s’illustre de jour en jour de triste manière. Quel est le véritable problème, selon vous ?
La non structuration du parti est le seul mal de l’Apr. Tout le monde se proclame responsable et la discipline de parti n’est guère observée. Il urge pour le parti de se faire structurer.
Récemment, vous avez offert un important matériel sportif accompagné d’une enveloppe financière à la jeunesse du niawoul. ce clin d’oeil fait aux jeunes du département ne cacherait-il pas des ambitions inavouées ?
Ce geste entre tout simplement dans le cadre de mes actions d’accompagner le chef de l’état dans sa politique de jeunesse.
Vous n’auriez pas par hasard des ambitions de diriger l’Apr dans le département de Fatick ?
Je suis un militant de conviction, je fais partie de ceux qui ont fait asseoir les bases du parti à Fatick. Si vous voulez savoir la vérité, c’est oui, j’ai des ambitions de diriger l’APR dans le département de Fatick.
Tanor estime que le président de la République et le maire de Dakar doivent se parler. Macky Sall et Khalifa Sall discutent pourtant. Et se disputent à distance. C’est une guerre froide entre deux «puissances» en direction de 2017. Nous y sommes.
2017 commence bien. Les résultats issus des Locales ouvrent le boulevard des confrontations au sommet, qui vont rythmer la cadence d’un quinquennat, si le Président Sall tient parole.
Ces derniers jours donc la politique revient après les embardées médiatiques imposées par le procès de Karim Wade. L’on alterne entre le tribunal du Palais de Justice de Lat Dior et celui de l’opinion. Les candidats potentiels au fauteuil le plus convoité se signa- lent, ou du moins se sondent. La semaine dernière, c’est le maire de Dakar qui réclame des moyens.
Mais pas seulement. C’est le «candidat naturel» du Parti socialiste et, peut-être, d’une coalition en vue qui prend l’opinion à témoin en organisant sa conférence de presse. Khalifa Sall, vainqueur avec sa liste Taxawu Dakar, prend ainsi les devants et axe sa communication dans la délation.
C’est la suite d’un duel qui opposait, à distance, Macky Sall et sa coalition Benno bokk yaakaar (Bby) à Khalifa Sall et Taxawu Dakar le 29 juin. Il faudrait bien fermer les yeux pour ne pas voir ces couteaux, se boucher le nez pour ne pas sentir l’odeur d’une Sall dualité entre Macky et Khalifa.
Discussion à distance entre Macky et Khalifa Sall
Le verdict est clair : la presque totalité des mairies de la capitale échappent à la majorité. Pas entre les mains de l’opposition naturelle, mais bien de ce qui n’est rien d’autre qu’une opposition -interne à Bby pour le moment- en construction. Et c’est là la menace pour Macky Sall. Cette coexistence pacifique entretenue cède de plus en plus à une guerre froide... chaude jusque dans les phrases.
Piques et répliques. Quand le maire de Dakar toussote pour des moyens, c’est une accusation indirecte contre l’Exécutif dont le chef est le Président Sall lui-même. Ce dernier répond par des assurances, niant toute guéguerre contre Khalifa Sall. C’est le vernis politique.
La présence de Ousmane Tanor Dieng aux côtés du Président ou celle du Ps dans Bby ne sont que tentative d’étouffement des divergences profondes entre deux éventuels adversaires parmi tant d’autres, mais au moins des plus en vue.
Le secrétaire général du Ps n’en ignore rien. Dans Le Populaire, il dit : «Le maire de Dakar et le président de la République doivent se rencontrer, discuter, se parler, parce que l’un est le maire de la capitale -c’est symbolique- et l’autre est le président de la République.»
Pas seulement justement, parce que l’un veut conserver son fauteuil et l’autre veut l’en ôter. Voilà pourquoi Macky Sall ne peut éviter la guerre, même en calmant le jeu. Et en dissimulant l’enjeu. «Arrêtez de nous faire un mauvais procès et de dire que l’on combat le maire», aurait- il dit en substance lors de la rencontre avec «ses» élus locaux.
Le monde rural et le monde de Dakar
Il y a une sorte de revanche que Macky Sall veut prendre. Il admet avoir perdu Dakar -qu’il veut reprendre en 2017- mais compte plus sur le monde rural. C’était la stratégie de Wade, qui avait perdu la capitale. Pikine et Guédiawaye sont entre les mains de Bby, mais le score est moins éclatant.
Le leader de l’Apr peut compter sur le monde rural mais à faible électorat. Quand Dakar, Thiès, Ziguinchor se rebellent, il faudra plus que des élus locaux transhumants de Balla, Kotohira, Sinthiou Bocar Aly et Sadatou pour obtenir un second mandat.
C’est en cela que l’élection présidentielle de 2017 ne sera pas qu’une formalité pour Macky Sall, comme il le dit. Parce qu’il aura encore d’autres adversaires.
LES SENEGALAIS DU PORTUGAL DEPLORENT LE DEPART DU GENERAL ABDOULAYE FALL
A LA RENCONTRE DES SÉNÉGLAIS DE LISBONE
Moussa Ciss (envoyé spécial au Portugal) |
Publication 18/09/2014
Le Portugal devient de plus en plus une destination pour les émigrés sénégalais. Une colonie qui ne cesse de grossir avec l’arrivée d’autres compatriotes venus d’Espagne et d’Italie. En effet, dans ce pays les immigrés en situation irrégulière peuvent rester dix ans à exercer leurs activités économiques sans être inquiétés par la police. Toutefois, la communauté sénégalaise de Lisbonne qui a plaidé pour l’ouverture d’un bureau des passeports au Portugal, regrette l’éviction du général Abdoulaye Fall qui, selon eux, en six mois, a réussi ce qu’aucun ambassadeur n’a réussi.
Si la communauté sénégalaise ne rencontre pas de difficultés majeures au Portugal, c’est en partie grâce au travail effectué par les différents ambassadeurs qui se sont succédé dans ce pays. «Nous avons entretenu d’excellentes relations avec tous les représentants du Sénégal au Portugal », souligne Serigne Mbaye Ndiaye qui estime cependant dans la foulée que le séjour le plus marquant pour la colonie sénégalaise reste celui du général Abdoulaye Fall, emporté par le brûlot « Pour l’honneur de la gendarmerie Sénégalaise» du Colonel Abdoulaye Aziz Ndao.
Un départ que tout le monde regrette, compte tenu du travail remarquable abattu par le diplomate. « Le général Abdoulaye Fall a réussi en six mois ce qu’aucun ambassadeur n’a réussi pendant dix ans», témoigne le président de l’association. « Dès son arrivée au Portugal, il a demandé à rencontrer la colonie sénégalaise.
C’est un ambassadeur très accessible et très disponible pour ses concitoyens. Durant le mois de ramadan, il a répertorié tout ce dont on a besoin avant de nous appuyer financièrement pour alléger nos charges. Même lorsqu’il a été relevé, il a tenu à nous rencontrer. Il nous a invités à l’ambassade pour nous remettre sa participation en vue des préparatifs de l’arrivée à Lisbonne de Serigne Mame Mor Mbacké le lundi 15 septembre», rappelle le vieil homme. «Bien qu’il ait été relevé de ses fonctions, il s’est senti concerné par cet évènement. Ce problème pouvait être réglé autrement en permettant au général de continuer son oeuvre», plaide-t-il.
Toutefois, tout n’est pas rose dans le quotidien des Sénégalais d’un Portugal. Ces derniers rencontrent d’énormes difficultés pour disposer du passeport. C’est pourquoi ils ont invité les autorités politiques à ouvrir un bureau des passeports à Lisbonne, comme c’est le cas en Espagne.
LE PORTUGAL : UN PAYS TOLERANT
Contrairement aux autres pays européens où les émigrés sénégalais en situation irrégulière font souvent l’objet de vives représailles, traqués et parfois persécutés par la police du pays d’accueil, le Portugal est plus flexible sur ce point, plus tolérant. Dès lors, il devient une terre « d’asile » pour nombre de nos compatriotes qui traversent l’océan atlantique à la recherche d’une vie meilleure. Ces derniers, au nombre de 6000 en situation régulière, s’activent dans différents domaines d’activités dont le commerce, le transport, la coiffure etc.
Un nombre qui est loin de refléter la réalité de cette présence sénégalaise de plus en plus massive, avec l’arrivée d’autres compatriotes sans-papiers qui débarquent au Portugal en provenance d’Espagne ou d’Italie. A Lisbonne, l’intégration entre les ressortissants sénégalais est facilitée par la croyance aux mêmes valeurs culturelles et religieuses. C’est dans cette logique que le «dahira» dénommé Keur Serigne Touba ou résidence Khadimoul Rassoul a été mis sur pied. L’association présidée par Serigne Mbaye Ndiaye qui est installé depuis plus de 25 ans à Lisbonne tient son siège dans la ville de St Jorge De Arroios, 20 rue Passos Manuel et abrite en même temps une Mosquée qui favorise les retrouvailles entre compatriotes.
En effet, dans ce lieu de culte, les ressortissants sénégalais, toutes confréries religieuses confondues, organisent outre la prière, des récitals de Coran, des chants religieux et des zikr. «Une conformité aux préceptes de l’Islam qui préserve nos compatriotes de certains vices et les amène à ne s’occuper que de leur travail», fait remarquer le président du dahira, Serigne Mbaye Ndiaye.
DAHIRA, MAISON D’ACCUEIL POUR NOUVEAUX VENUS
Le siège du dahira constitue également une « maison d’accueil » pour les Sénégalais qui débarquent au Portugal sans repères. « Nos compatriotes qui viennent d’arriver sont logés ici, sans bourse délier, le temps de trouver un logement », ajoute Serigne Ndiaye. Très organisée, la colonie sénégalaise fait dans le social en assistant des compatriotes en difficultés. Le dahira participe également au rapatriement des dépouilles, même si les défunts sont inconnus de leur association, précise le président.
Interpellé sur les difficultés rencontrées par ses compatriotes à Lisbonne, Serigne Mbaye Ndiaye n’a noté aucun comportement répréhensible de la part des autorités portugaises. «Le gouvernement portugais est très flexible sur la question de l’immigration. On peut travailler ici pendant dix ans sans disposer de titre de séjour et sans être inquiété par la police locale. La seule différence entre les Sénégalais en situation régulière et les sans-papiers, c’est le fait de pouvoir voyager au Sénégal. Nos compatriotes en situation irrégulière ne sont nullement gênés dans leurs activités quotidiennes», souligne notre interlocuteur.
C’est le cas de Moustapha Diouf, à Lisbonne depuis cinq ans sans titre de séjour. Pourtant, dans cette situation irrégulière il parvient à tirer son épingle du jeu, car il n’est jamais inquiété dans ses activités. Poursuivant, Serigne Ndiaye de révéler que les Portugais sont calmes, réservés et ne se mêlent pas de ce qui ne les regarde pas. Un exemple dit-il que la colonie sénégalaise s’efforce de suivre.
A cet effet, le président de l’association s’est réjoui du comportement de ses compatriotes qui, à en croire les Arabes et les Indiens qui dirigent la grande Mosquée de Lisbonne, sont parmi les plus disciplinés, les plus unis et les plus solidaires de toutes les neuf communautés musulmanes qui résident dans cette région. « C’est pourquoi ils nous raillent pour dire que notre peau est noire, mais avec une âme pure », rapporte le vieux Ndiaye.
ZERO CAS D’AGRESSION
Les Sénégalais de Portugal ne vivent pas le spectre des agressions et autres cas de meurtre dont sont victimes leurs compatriotes dans les autres pays d’Europe et d’Afrique. « Nous ne connaissons pas ce phénomène au Portugal. Ici, les gens peuvent vaquer à leurs occupations jusque tard dans la nuit, sans être inquiétés. Le pays est calme et chacun s’occupe de ses affaires. Nous n’avons jamais enregistré de cas d’agression, encore moins de meurtre », précise Serigne Mbaye Ndiaye. Son compatriote Moustapha Diouf invite ses compatriotes à cogiter sur l’ascension des Européens pour accéder à ce stade de éveloppement, au lieu de ne consommer que les déchets qui proviennent d’outre-mer. A l’en croire, les Européens nous divertissent pendant qu’ils travaillent. « On entend toujours des Africains ravir la vedette aux Européens dans le domaine du sport ou de la musique, mais jamais dans le domaine des grandes réalisations, comme la fabrication d’avions », dénonce le commerçant qui invite nos gouvernants à arrêter de parler et à se mettre au travail. En guise d’exemple, il cite le Portugal où les personnes âgées de 80 ans sont les premiers au travail et les derniers à rentrer, contrairement au Sénégal où les quinquagénaires ne veulent plus travailler.
RETOUR AU BERCAIL
Informé du programme mondial pour inciter les émigrés à retourner au bercail moyennant une enveloppe de deux millions, les Sénégalais du Portugal jugent ce programme salutaire. En effet, beaucoup de leurs compatriotes ont jeté l’éponge pour rentrer au bercail, tenaillés par les difficultés de l’émigration. Et ce montant, à en croire Serigne Mbaye Ndiaye, pourrait leur permettre de redémarrer une nouvelle vie au Sénégal. Toutefois, pour d’autres ce montant est dérisoire. En effet, le président du dahira révèle que certains de ses compatriotes séjournent au Sénégal avec plus de quatre millions et avant la fin du séjour, tout l’argent est dépensé. Ce qui lui fait dire que ce montant ne représente rien pour ces derniers. Cependant, si l’enveloppe est plus conséquente afin qu’ils puissent s’installer définitivement au bercail, ils sont preneurs.
DES FRANÇAIS SUSPECTÉS
BLANCHIMENT DE CAPITAUX DANS L’IMMOBILIER SUR LA PETITE-CÔTE
Le Sénégal aspire à améliorer sa notation en termes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Pour y parvenir, les autorités devraient redoubler d’efforts. En effet, les résultats des études que la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) a présentés hier, ont confirmé que l’immobilier, le paiement mobile et électronique constituent des secteurs à hauts risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. L’étude sur l’immobilier a révélé des cas suspects de blanchiment de capitaux concernant des Français dans la zone de Mbour et Saly du fait de son attractivité.
Des études commanditées par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) viennent de confirmer que l’immobilier, le paiement mobile et électronique constituent des secteurs à hauts risques de blanchi- ment de capitaux et de finance- ment du terrorisme.
Ciblant Mbour, Saly, Dakar, Pikine et Guédiawaye, les résultats de l’enquête sur l’immobilier, qui ont été présentés hier, révèlent des cas suspects de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. La forte évolution des demandes d’autorisation de construire entre 2007 et 2012 révèle que les localités de Mbour et Saly constituent des zones très attractives, notamment pour les étrangers, du fait de leur position géographique (bordure de mer).
Le travail de recherche du consultant, Alioune Ndiaye, a ainsi permis de mettre en évidence trois cas suspects. Le premier cas concerne deux français «P.R.P.C et J.P.M.B. Ces deux résidents français (apparemment apparentés) possèdent deux parcelles à Somone dont l’une d’une consistance de 4 172 m2». S’y ajoute un autre cas P.J.L.A. «Ce résident français est propriétaire de deux parcelles dont l’une dans la zone de Grand Mbour et l’autre (n°328) dans la zone Sonatel extension Mbour».
Le document relève également le cas L.N. dans la même zone. Ce dernier, d’après le rapport, «détient cinq parcelles (n°991, n°993, n°990 A, n°990 B, n°746 sur le titre foncier 764 Mb à Château d’Eau Nord) et un terrain à Warang Sérère. Il possède également un immeuble d’une valeur de 720 millions de francs Cfa comprenant des appartements en location-vente et un complexe bar- restaurant dont la déclaration n’apparaît pas dans les livres de la conservation foncière».
Dans ses investigations à Dakar, Alioune Ndiaye a détecté un cas relatif à une société dénommé B. Investment Sa. «Cette société, au capital de 50 millions de franc Cfa dont le conseil d’administration est composé par un Sénégalais et deux Espagnols, a reçu de l’Etat divers immeubles : Tf: 2446/Dp, 67/Dk, 3966/Dk, 7763/Dkp, 6092/Dk, 3744/Dk. lot B, évalués à 1 milliard 15 millions 574 mille francs Cfa.
Et d’autres lots dont un terrain nu d’une superficie de 13 181 m2 faisant l’objet du titre fon- cier n° 5133/ Grd situé sur la corniche pour une valeur de 420 millions de francs Cfa dans le cadre de la construction de réceptifs hôteliers.
En contrepartie, ladite société a cédé à l’Etat du Sénégal, des actions équivalentes à 5% de son capital social et ce taux de participation de l’Etat du Sénégal devrait rester inchangé quelle que soit l’évolution de ce capital», mentionne le rapport.
Le caractère léonin de ce contrat au détriment des intérêts du Sénégal, fustige M. Ndiaye, jette un doute sur la transparence de cette transaction.
Le deuxième cas souligné par l’enquête concerne «la construction d’un immeuble R+4 à usage d’habitation sur le titre foncier 17.339/ GRD par une personne exerçant une profession ne lui permettant pas de disposer des revenus nécessaires pour entreprendre la construction d’un immeuble de cette consistance. On pourrait penser ainsi que cette personne est un prête nom».
L’autre cas suspect de blanchiment de capitaux est relatif à une «dame MG, conjointe d’un diplomate étranger, qui aurait converti, transféré ou manipulé à travers l’ouverture de comptes bancaires ou d’acquisitions immobilières, des sommes d’argent qu’elle savait provenir d’un crime ou délit dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens pro- venant d’actes de corruption de son conjoint».
Dans la zone de Guédiawaye et Pikine, neuf profils de risque avaient été recensés. Cependant, indique le consultant, «il n’a pas été possible de confirmer les indices de blanchiment et de trouver des éléments de preuves, compte tenu des insuffisances des systèmes d’information au niveau des administrations».
L’expert commis par la Centif rappelle que «le contexte au Sénégal est marqué par des réalités économiques (prédominance de l’économie informelle, faible taux de bancarisation (5%) et des pratiques sociales privilégiant des transactions économiques largement dominées par le recours à la monnaie fiduciaire (espèces) plutôt qu’à la monnaie scripturale et électronique (chèques, virements, cartes bancaires, etc.)».
Il estime que «les blanchisseurs profitent sans doute de cette situation pour injecter des capitaux illicites dans le secteur de l’immobilier». Aussi, souligne le consultant, «la lutte contre le blanchiment est encore rendue plus difficile par la modicité des moyens humains, matériels et informatiques dédiés aux organes en charge de cette lutte ainsi qu’à l’hétérogénéité des systèmes d’information en place empêchant ainsi une connexion entre les différentes entités».
Tontines, un créneau à risques
Par conséquent, les blanchisseurs usent de toutes sortes de techniques pour injecter des capitaux dans le secteur. En guise d’exemple, le consultant rappelle un cas qui a été relevé par le Giaba. Il s’agit d’un «délinquant X qui tire profit du fait que les tontines sont bien connues en Afrique, il participe donc avec son argent sale à d’importantes tontines qui offrent des tirages de 10 millions de francs Cfa.
Il prend 10 «mains» de 1 million de francs chacune. Chaque mois, il contribue pour un montant de 1 million X 10, soit 10 millions de francs. La tontine compte 10 membres qui contribuent pour 1 million chacun, en sus des 10 millions du délinquant. Lorsque son tour arrive, les sommes auxquelles il a droit sont versées dans un compte ouvert auprès de la banque C.
Il introduit alors auprès de la banque, une demande de prêt de 100 millions de francs, qu’il obtient. Il investit 20 millions de francs dans l’achat d’un terrain et se fait construire un logement pour un montant de 250 millions de francs, qui comprend une contribution personnelle de 170 millions. Il rembourse le prêt avant l’échéance tout en rachetant les intérêts.
Au su et au vu de tous les participants, il répète plusieurs fois la même opération sans être découvert par les autorités compétentes.
Il possède actuellement plusieurs immeubles, des bureaux de change dans la ville X et manipule des milliards de francs Cfa.»
Paiement mobile
Le paiement mobile demeure aussi un secteur à hauts risques de blanchiment de capitaux de financement du terrorisme. Cette situation des services financiers par téléphone mobile est liée, selon Mme Fatou Soumaré, à «l’anonymat potentiel induit par la simplification des procédures, la facilité d’accès aux réseaux soit peu d’éléments de contrôle, la dématérialisation totale qui permet la distance mais réduit le contact humain donc les indicateurs qui en découlent, entre autres».
La consultante explique que le large accès des populations à la finance est assurément un levier de développement et le téléphone mobile offre cette opportunité aux politiques d’émergence.
A la différence des services financiers traditionnels, les servi- ces financiers sur mobile sont peu coûteux, d’accès facile, d’usage simple et d’exécution rapide. Ils connaissent de ce fait, un succès grandissant dans tous les secteurs socioéconomiques confondus mais plus particulièrement auprès des populations généralement non bancarisées et même non bancarisables.
Tout service financier peut, en fonction de ses particularités, être détourné comme outil de blanchiment de revenus illicites ou financement du terrorisme par la criminalité organisée, ce qui justifie les mesures lbc/ft auxquelles sont assujettis les acteurs financiers et autres activités professionnelles à incidence financière.
Cependant, assure Mme Soumaré, «tous ces risques potentiels ne sont pas for- cément réels d’une part et que d’autre part, des mesures d’atténuation sont d’ores et déjà adoptées comme par exemple la surveillance des transactions inhabituelles par analyse automatisée des flux, ou encore le plafonnement des opérations pour, par exemple, la surveillance des transactions inhabituelles par analyse automatisée des flux, ou encore le plafonnement des opérations pour, entre autres, décourager les malversations, ou les détecter plus aisément».
Le secteur du paiement électronique sur lequel le consultant, Elpidio Freitas, a enquêté, présente les mêmes risques.
Le Sénégal veut améliorer sa notation
Face à ces périls, les consultants ont invité les autorités à la vigilance et à prendre des mesures idoines. Entre autres, ils ont suggéré de renforcer le dispositif législatif. A leur avis, une stratégie adaptée aux spécificités de ces secteurs. Une réflexion proactive devra être menée et des actions entreprises dans l’objectif de réduire autant que possible, les risques de blanchiment de capitaux illicites et financement du terrorisme dans ces secteurs au Sénégal.
Ces recommandations ne semblent pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Car, à l’issue de la restitution de ces résultats, le président de la Centif a assuré que ces études s’inscrivent dans le cadre de l’approche basée sur les risques, l’une des recommandations du Groupe d’action financière (Gafi).
Sur la base de cette recommandation, le Sénégal devrait être évalué en 2016, en termes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terroriste.
Ainsi, déclare Waly Ndour, les recommandations formulées par les consultants et celles des acteurs qui ont pris part à la restitution des résultats, seront utilisées à bon escient afin que la notation du Sénégal puisse être améliorée.
L'IMMOBILIER AU BANC DES ACCUSÉS
Délinquance financière, blanchiment d’argent et financement du terrorisme... Sur les 240 milliards de francs Cfa qui circulent pour la construction, il n’y a de traçabilité que pour 10 milliards, selon une enquête de la Centif
Dans le blanchiment d’argent, le secteur de l’immobilier au Sénégal qui reçoit des financements douteux est un secteur à risque. D’après une étude menée par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), au Sénégal 240 milliards de francs Cfa circulent pour la construction alors qu’il n’y a de traçabilité que pour seulement 10 milliards. Ce qui fait penser que l’immobilier est un secteur prisé par les délinquants financiers.
Avec la forte demande en location dans la capitale sénégalaise (notamment un excédent de plus de 150.000 demandeurs) et sur la petite côte, des investisseurs se ruent vers le secteur immobilier. Ce qui crée des financements douteux dans ce secteur. D’après une enquête de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) sur «les risques liés au blanchiment d’argent dans le cadre du financement de l’immobilier au Sénégal», il y a lieu de penser que de l’argent illicite est utilisé dans ce secteur au Sénégal.
D’après l’ancien magistrat Alioune Ndiaye qui a produit l’étude, les engagements des banques étant relativement faibles (moins de 20% de la population bancarisée par rapport à l’effervescence du marché), le recours aux transactions en espèces ainsi que les insuffisances notées dans le dispositif de supervision et de contrôle du secteur immobilier laissent penser que les blanchisseurs utilisent le secteur de l’immobilier pour y injecter des fonds illicitement acquis. Il explique aussi que des enquêtes estiment à «240 milliards de francs Cfa les ressources circulant dans la construction. Et de rapides investigations au niveau du système bancaire ont permis de voir qu’il n’y avait qu’une traçabilité de 10 milliards de francs CFA». Ce qui fait que l’origine de l’écrasante majorité des sommes investies dans l’immobilier n’est pas établie.
LE BOOM DE L’IMMOBILIER SANS RAPPORT AVEC LES PERFORMANCES DE L’ECONOMIE SENEGALAISE
Le marché florissant de l’immobilier à Dakar est largement financé en liquidités. Il est dit dans l’étude que «le boom continu de la construction, qui serait sans rapport avec les performances de l’économie réelle du Sénégal ainsi que les prix élevés des biens laissent penser qu’il y a de plus en plus de fonds d’origine douteuse en circulation au Sénégal».
D’après Alioune Ndiaye, les résultats obtenus ont mis en évidence des insuffisances et des dysfonctionnements au niveau du dispositif juridique mis en place dans le cadre de la lutte anti-blanchiment dans le secteur de l’immobilier. L’étude a révélé également des conflits d’intérêt entre les différentes logiques (fiscale, commerciale, logique de transparence et de répression…) qui sous-tendent la démarche des acteurs intervenant dans le secteur de l’immobilier (banques, notaires, administrations fiscales…). Ces derniers sont souvent plus préoccupés par la logique de profit que par celle de transparence.
LES SERVICES DE PAIEMENT MOBILE ET ELECTRONIQUE, CES AUTRES SECTEURS A RISQUE
A côté de ce financement douteux du secteur de l’immobilier, les services de paiement mobile et électronique constituent des secteurs à risque pour le blanchiment de capitaux illicites et le financement du terrorisme. Selon Me Fatou Soumaré qui a réalisé l’étude sur «les risques de blanchiment de capitaux illicites et le financement du terrorisme dans les activités des services de paiement mobile», même si le dispositif réglementaire a pris en compte les risques de criminalité financière, les risques sont là. «Il n’en demeure pas moins que la circulation de fonds par téléphone mobile est susceptible de poser des difficultés réelles en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux illicites et le financement du terrorisme», lit-on dans le rapport.
D’après l’analyse, les trois facteurs qui caractérisent le paiement mobile, à savoir la facilité, la simplicité et la rapidité auxquels s’ajoutent la dispersion des opérations et le grand volume de transactions effectuées, sont sources d’opacité. «Et tout facteur d’opacité en matière financière est facteur potentiel de blanchiment de capitaux illicites ainsi que de financement du terrorisme », tranche Me Fatou Soumaré qui pense que la dématérialisation réduit le contact humain entre acteurs et avec l’utilisation de fausses puces téléphoniques (absence d’identification) l’infraction peut être réalisée dans l’anonymat.
Même thèse défendue par Elpidio Freitas, auteur de l’étude sur les risques de blanchissement de capitaux et de financement du terrorisme, en matière de paiements électroniques y compris internet. Il révèle que selon certaines banques enquêtées, le risque principal identifié pour les moyens de paiement est l’anonymat, ce qui justifie l’adoption de leur part du principe fondamental de non-commercialisation de moyens de paiement anonymes.
LE DISPOSITIF SENEGALAIS SERA EVALUE PAR LE GAFI
A côté de ces secteurs prisés par les «délinquants financiers», le Président de la Centif, Waly Ndour est d’avis que l’industrie extractive est aussi un secteur à risque dans le blanchiment d’argent, vu son expansion. De ce fait, il assure que les recommandations des différentes études seront mises en valeur, ce en vue d’améliorer la note de notre pays qui va être le premier à être évalué sur son dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent en 2016 par le groupe d’action financière internationale (Gafi).
PROCEDES DES BLANCHISSEURS : QUELQUES CAS D’ILLUSTRATION DES IRREGULARITES
L’enquête sur les risques liés au blanchiment d’argent dans le cadre du financement de l’immobilier au Sénégal a permis de découvrir certains cas suspects. Même si la Centif est tenue de respecter l’anonymat des suspects qui ne sont pour le moment pas coupables de quoi que ce soit, ces cas sont assez illustratifs des magouilles des blanchisseurs d’argent.
LE CAS B. INVESTMENT SA
Cette société au capital de 50 millions F CFA dont le conseil d’administration est composé d’un Sénégalais et de deux Espagnols a reçu de l’Etat divers immeubles (TF : 2446 / DP, 67/DK, 3966/DK, 7763 /DKP, 6092/DK ,3744/DK. Lot B) évalués à 1.015.574.000 F Cfa ; et d’autres lots dont un terrain nu d’une superficie de 13.181 m2 faisant l’objet du titre foncier n° 5133 / GRD situés sur la corniche pour une valeur de 420 millions F CFA dans le cadre de la construction de réceptifs hôteliers. En contrepartie, ladite société a cédé à l’Etat du Sénégal 39 actions équivalentes à cinq (5%) de son capital social et ce taux de participation de l’Etat du Sénégal devrait rester inchangé, quelle que soit l’évolution de ce capital. «Le
caractère léonin de ce contrat au détriment des intérêts du Sénégal jette un doute sur la transparence de cette transaction », juge l’étude du magistrat Alioune Ndiaye.
LE CAS S D, OU LE PRETE-NOM
Il est relatif à la construction d’un immeuble R+4 à usage d’habitation sur le titre foncier 17.339/ GRD par une personne exerçant une profession ne lui permettant pas de disposer des revenus nécessaires pour entreprendre la construction d’un immeuble de cette consistance. «On pourrait penser ainsi que cette personne est un prête-nom», détaille-t-on dans le document de la Centif.
LE CAS MG, LA FEMME DU DIPLOMATE
Il concerne la dame MG, conjointe d’un diplomate étranger, qui aurait converti, transféré ou manipulé à travers l’ouverture de comptes bancaires ou d’acquisitions immobilières des sommes d’argent qu’elle savait provenir d’un crime ou délit, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens provenant d’actes de corruption de son conjoint.
UTILISATION ABUSIVE DES SYSTEMES D’EPARGNE COLLECTIVE (TONTINE) POUR LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ISSUS DE LA DROGUE
Le délinquant X tire profit du fait que les tontines soient bien connues en Afrique. Il participe donc avec son argent sale à d’importantes tontines qui offrent des tirages de 10 millions de francs CFA. Il prend 10 “mains” de 1 million de francs CFA chacune. Chaque mois, il contribue pour un montant de 1 million CFA X 10, soit 10 millions de francs CFA. La tontine compte 10 membres qui contribuent pour 1 million de francs CFA chacun, en sus des 10 millions du délinquant. Lorsque son tour arrive, les sommes auxquelles il a droit sont versées dans un compte ouvert auprès de la banque C. Il introduit alors auprès de la banque une demande de prêt de 100 millions de francs CFA, qu’il obtient. Il investit 20 millions de francs CFA dans l’achat d’un terrain et se fait construire un logement pour un montant de 250 millions de francs CFA, qui comprend une contribution personnelle de 170 millions. Il rembourse le prêt avant l’échéance tout en rachetant les intérêts. Au su et au vu de tous les participants, il répète plusieurs fois la même opération sans être découvert par les autorités compétentes. Il possède actuellement plusieurs immeubles, des bureaux de change dans la ville X et manipule des milliards de francs CFA.
ESCROQUERIE AU PRET HYPOTHECAIRE (REMBOURSEMENT D’UN PRET AVANT TERME) POUR LE BLANCHIMENT DE L’ARGENT DE LA DROGUE
M. X dispose d’une somme de 100 millions de francs CFA en argent sale, qu’il a tirée de ses activités liées au trafic de drogue. Il est titulaire d’un compte bancaire régulier. Il saisit sa banque d’une demande de prêt immobilier d’un montant de 50 millions de francs CFA, remboursable sur une période de 10 ans et destiné à l’acquisition d’un terrain pour la construction d’un immeuble. Il obtient le prêt et achète le terrain. Il construit un immeuble d’un coût de 75 millions de francs CFA, avec des fonds propres d’un montant de 25 millions de francs CFA. Au bout de six mois, il rembourse le prêt avant terme et rachète les intérêts du prêt. Deux mois plus tard, il sollicite un nouveau prêt de 25 millions de francs CFA, à rembourser en cinq ans à l’aide des loyers à percevoir de ses locataires. De cette manière, ce délinquant aura blanchi son argent sale et il aura toujours la possibilité de rembourser avant terme le prêt et de continuer ses activités de blanchiment aussi longtemps que ses manoeuvres ne seront pas découvertes.
"CE TEXTE EST PERNICIEUX... LE MINISTRE VEUT TOUT CENTRALISER"
Pouvez-vous nous faire l’historique du projet de loi relatif aux universités publiques du Sénégal ?
Nous avions jugé nécessaire de revoir les textes des universités. En réalité, nous nous sommes dit que nous n’avions pas de système universitaire. Et on devait même aller plus loin que ça. Aujourd’hui, les universités fonctionnent de façon désordonnée, chacun a sa façon de faire. A l’Université de Dakar, on parle de département et de faculté, alors qu’a Saint-Louis, on parle de section et d’UFR. Vous me direz peut-être que c’est la forme. Mais, dans le fond, c’est encore plus grave. Aujourd’hui, il arrive souvent que des enseignants qui ont gravi tous les échelons, après 25 ans de carrière, démissionnent de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour aller, par exemple, à celle de Ziguinchor. Parce que simplement, ils ont de meilleures conditions là-bas. Ce sont des universités à taille humaine où les revenus sont plus importants. Notre entendement avec les accords de 2011, c’est qu’on aurait pu choisir de faire ces charges horaires dans deux ou trois universités sans être obligé de démissionner de son université d’appartenance.
Quand nous avions signé les accords le 21 mars 2011, c’était sous pression de la Banque mondiale. Le 21 décembre 2011, nous nous sommes réunis après que le texte (NDLR : loi cadre relatif aux universités publiques du Sénégal) soit examiné par l’ensemble des universités avec des amendements. Après, ce texte a été ressuscité. Pour aller vite, nous avons accepté d’aller à la Direction générale de l’Enseignement supérieur, en présence du directeur général, Pape Guèye, à l’époque. Il y avait également Abdoul Karim Ndoye, directeur de la Réforme de l’UCAD, un représentant du ministre chargé de l’Enseignement supérieur. Il y avait aussi Baye Laye Kane, copté par la Banque mondiale pour travailler sur les textes, le chef du PGF, Abdoulaye Seck et moi-même en tant que secrétaire général du SAES. Nous avons amendé ce texte qui n’était pas le seul d’ailleurs.
Quels sont les autres textes ?
Il y avait le texte sur les titres que nous n’avions pas touché parce que nous l’avions trouvé bien fait. Nous avons examiné le texte sur les Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP), le texte sur l’Autorité nationale pour l’assurance qualité de l’enseignement supérieur (Anaq). Il n’y avait pas encore en ce moment l’exposé des motifs. Je me souviens que séance tenante, nous avions décidé de charger Abdoul Karim Ndoye, Baye Laye Kane et moi-même secrétaire général du SAES. J’avais choisi de ne pas y participer parce que je faisais confiance aux professeurs. Et l’après-midi même, a 17h, ils nous ont envoyé l’exposé des motifs que nous avons validé et envoyé au ministère qui, soi-disant, avait introduit les 4 textes dès le lendemain 22 décembre en procédure d’urgence.
A peine 4 mois, ils ont sorti le texte sur les ISEP et nommé le directeur de l’ISEP de Thiès, ensuite le texte sur l’Anaq pour nommer son secrétaire exécutif. Les textes sur le statut des universités et la réforme des titres ont été laissés finalement. Il y a quelques mois, en conseil des ministres, on a vu dans un communiqué que le texte a été adopté alors que nous n’avions jamais vu cette version. Et tout d’un coup, il y a une dizaine de jours, je suis tombé sur le nouveau projet de loi qui est une version falsifiée, corrompue de celui qu’on a amendé. Les professeurs ne me démentiront pas. La Banque mondiale elle même sait que le texte a été corrompu.
Selon vous, le ministère de l’Enseignement supérieur n’a fait que du copier-coller ?
Oui, mais en y ajoutant des dispositifs vraiment regrettables. Ce qui est dangereux dans ce nouveau projet de loi, c’est que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (NDLR : Mari Teuw Niane) centralise tout. C’est-à-dire, qu’il devient à la limite un recteur superpuissant. Mais on ne va pas le laisser faire. Si on regarde bien la date d’introduction du texte, le 21 août 2014, on constate que c’est 7 jours après la mort de l’étudiant Bassirou Faye. Cela veut dire qu’en ce moment, le corps n’avait pas encore été remis à la famille. C’est à cette période que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a eu le culot d’introduire le texte. Ce n’est pas la première fois qu’il fait ce genre de chose. Chaque année, c’est à cette période qu’il a l’habitude d’introduire ce genre de textes. C’est le cas des décrets sur l’UVS, sur l’orientation en ligne des bacheliers, etc., il fait passer tout ça en plein mois de septembre quand tout le monde est parti en vacances. C’est-à-dire, au moment où les enseignants du SAES sont démobilisés. Cela veut dire qu’il a une volonté d’imposer des choses pas catholiques.
Si l’on s’intéresse à ces textes, l’on se rend compte qu’il viole presque tout. Par exemple, quand il dit que le recteur doit être nommé sur proposition du ministre, cela veut dire qu’il veut le nommer. Alors que la directive présidentielle du 13 août 2013 prévoit que les recteurs soient nommés après appel à candidature. Avec les nouveaux dispositifs du conseil académique, c’est encore le ministre qui nomme, on peut se retrouver dans une situation où un PCA et un vice PCA, qui ne sont pas des recteurs, pourraient décider au-dessus des recteurs. Cela veut dire qu’à la longue, les recteurs ne seront que des faire-valoir. Ce texte est pernicieux. On voit cette tendance du ministre à vouloir tout centraliser. Et si vous regardez la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur, vous serez plus édifiés. Le ministre propose des organes au sein desquels c’est lui qui préside toujours. C’est extraordinaire.
Donc vous pensez qu’avec ce nouveau texte, le ministre cherche à se tailler la part belle des pouvoirs ?
Il veut être l’âme de l’université. Cette âme, c’est l’autonomie. Il est en tain de tout piétiner. C’est pourquoi nous sommes allés, il y a une semaine et aujourd’hui même (NDLR : avant-hier mardi), à la rencontre de la commission Education, Jeunesse, Sports et Loisirs de l’Assemblée nationale. C’est ça la démarche naturelle du SAES. On est obligé de sensibiliser les gens sur cette forfaiture. Actuellement, nous avons nous-mêmes demandé la fermeture du campus jusqu’au mois d’octobre pour apaiser le milieu. Le ministre pense en profiter pour faire passer des choses. Il ne sait pas que nous allons revenir quoi qu’il en soit. Nous avons confiance en nos institutions. Nous avons rencontré des députes réceptifs qui nous ont très bien compris. Les députés sont même allés jusqu'à demander le retrait de ce texte lorsqu’on leur a expliqué qu’il n’a jamais été vu par les recteurs.
Comment se fait-il que les recteurs n’aient pas été consultés ?
Du tout ! Ce projet de loi relatif aux universités publiques du Sénégal n’a été vu par aucun recteur. Cela veut dire a fortiori qu’il n’a jamais été examiné par quelque instance délibérante ou académique que ce soit. Ce qui est grave ! Comment peut-on vouloir légiférer, surtout à l’université, sans se référer aux acteurs ? Les députés étaient abasourdis. Je vous donne un exemple. Lorsque le ministre actuel était recteur, la loi sur le système LMD est passée à l’Assemblée de l’Université de Dakar, sans être passée par celle de Saint-Louis et il avait, lui-même, demandé aux députés de ne pas voter la loi et de la ramener. Pourquoi il fait le contraire aujourd’hui qu’il est ministre ? Cela veut dire qu’il sait exactement ce qu’il est en train de faire. Un ministre non enseignant l’aurait fait, on parlerait d’ignorance. Mais lui a été enseignant-chercheur, chef de section, d’UFR et recteur. Quelque part, c’est en cela qu’il est dangereux d’ailleurs (rires).
On peut dire donc que ce projet de loi n’a pas de chance de prospérer ?
C’est impossible ! Cette loi ne peut pas passer. Même quand le président de la République sera informé de cette situation, il ne laissera pas passer une telle chose. Déjà le ministre a introduit le texte le 21 août. Or le Président nous a reçus le 27 août en nous parlant d’apaisement, de consensus pour remettre sur les rails l’enseignement supérieur. Ce Président là ne peut pas entériner un tel projet de loi. C’est une forfaiture. Il faut oser dire le mot. Et ça ne passera pas. L’université est passée par des épreuves graves. Quand on arrive à une mort d’homme, on ne peut pas aller plus loin que là. Le chef de l’Etat travaillera et écoutera les acteurs majoritaires que nous sommes (SAES) pour l’aider à refaire le système de l’enseignement supérieur. Celui-ci a beaucoup subi par la faute, le comportement et la démarche soliste et autoritariste de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur. Nous continuons à croire que ce ministre, au lieu de résoudre des problèmes, constitue lui même le problème. Nous pensons que parmi les mesures d’apaisement à prendre d’urgence il y a le départ du ministre.
LE COLLECTIF DES VICTIMES DENONCE LA «LEGERETE ET L'IRRESPONSABILITE» DE L'ETAT
Le collectif des femmes d'Ouakam-Mamelles dont les maisons ont été démolies par un Corse, le 17 juin dernier, fustigent la «légèreté et l'irresponsabilité de l'Etat» dans cette affaire. En conférence de presse hier, mercredi 17 septembre, ledit collectif, épaulé de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (Raddho), tout comme du Comité Sénégalais des Droits de l'Hommes (Cndh), demande à l'Etat de prendre ses responsabilités pour les rétablir dans leur droit.
Le feuilleton judiciaire opposant le collectif des femmes victimes de la démolition de leur maison à Ouakam-Mamelles à un Français (d’origine Corse) est loin de connaitre son épilogue. En conférence de presse hier, mercredi 17 septembre, ledit collectif est monté au créneau pour fustiger l’attitude de l’Etat dans cette affaire, dans laquelle il est responsable. Selon Ndèye Marie Gueye, porte-parole dudit collectif, «nous sommes propriétaires de baux délivrés par l’Etat du Sénégal depuis plus de 15 ans».
La mine triste, affectée par la «démolition brutale» de leur maison, pour reprendre ses propres mots, elle a informé que «ces maisons, depuis plus de 10 ans, font l’objet d’un litige». Cela, en dépit des documents en bonne et due forme en leur possession, «validés par les services du Cadastre et de l’Urbanisme» a-t-elle déploré. Une situation, à son avis, incompréhensible qui la pousse même à qualifier l’Etat de «légèreté», «d’irresponsabilité» et «d’incompétence». Pour cause, elle a estimé que «si un livre foncier existe, personne ne peut lotir une Citée sur un titre foncier existant». Suffisant pour que Ndèye Marie Gueye relève «qu’ils (les services de l’Etat) ne font pas leur travail».
Embouchant la même trompette, Aboubacry Mbodj, Secrétaire général de la Raddho a indiqué que «ce sont des dossiers qui ont été introduit dans le circuit normal d’acquisition de propriété pour la construction de ces villas». Pour lui, non seulement les victimes ne sont pas responsables de cette situation, mais la démolition a été faite sans préavis. Une faute qu’il rejetée sur l’Etat, estimant que «la responsabilité est à ceux qui ont délivré ces papiers et qu’il y a eu un manquement de l’autorité administrative». Il a ainsi qualifié de «drame social» la «démolition brutale, devant leurs enfants», dont on été victimes les femmes d’Ouakam-Mamelles.
Quant à Saliou Sambou, représentant Alioune Tine du Cndh, il a tenu à rappeler «qu’en vertu des normes internationales, les expulsions forcées sont interdites à tous les niveaux car se sont des procédures qui sont souvent attentatoires aux droits fondamentaux». Par conséquent, le collectif des victimes, qui réclame justice, entend poursuivre, vaille que vaille, le combat qu’il est entrain de mener devant la justice. Mieux, les femmes victimes de cette «injustice» demandent à l’Etat de les dédommager pour le préjudice subi. Elles réclament, par ailleurs, leurs maisons et de quoi reconstruire ces villas détruites, évaluant les 3 maisons détruites à 1 milliards de F Cfa. Dans la même veine, Saliou Sambou, a informé de l’ouverture d’une enquête, par le Cndh, sur le fond et la forme du dossier, en tenant en compte des victimes, du Corse, tout comme des autorités concernées par l’affaire.
Pour rappel, le 17 juin dernier, un Français d’origine Corse, accompagné de 100 gendarmes de la Légion de gendarmerie d’intervention (Lgi) de Mbao et de 2 huissiers, a démoli, à l’aide d’un bulldozer, 3 maisons construites depuis 14 ans à Ouakam-Mamelles. La cause avancée est que la grande rue et une partie de l’espace sur lequel ces maisons ont été construites étaient la propriété de son père. Il s’agit du lot 36 mesurant 324 m2, du lot 30 qui est de 356 m2 et le lot 28 d’une superficie de 399 m2 et de la grande rue passagère qui mènent à ces maisons.