solidarité agissante, tentent de leur redonner de l’amour et de la tendresse. C’est dans une ambiance familiale que l’Association Village d’Enfants Sos essaie de prendre en charge des centaines de tout-petits qui ont perdu la tutelle parentale ou qui risque de la perdre. Visite à Dakar de l’un des cinq « Villages d’Enfants Sos » qui existent au Sénégal…
Derrière la porte souvent fermée de ce « petit quartier » niché à Sicap Sacré-Coeur, s’épanouissent des centaines d’enfants abandonnés, des orphelins, des enfants dont les parents vivent avec un handicap ou qui sont dans une situation moralement dangereuse. Ces chérubins vivent dans un climat d’affection, de respect et de sécurité dans une ambiance bon enfant. A défaut d’avoir une famille biologique, ils sont intégrés dans des « familles Sos » avec des mères et des tantes qui se démènent au quotidien pour leur enlever leur collier de misère.
Ces femmes pensent comme Hermann Gmeiner, fondateur de l’Association village d’enfants Sos vers les années 1950 après la seconde guerre mondiale, qu’« il n’y a pas plus important dans la vie que de s’occuper d’un enfant ». D’un simple slogan, elles en ont fait un sacerdoce. Ces « mères et tantes Sos » n’ont qu’une seule préoccupation quotidienne : assurer le bien-être de l’enfant pour qu’il devienne une personne respectable.
« Il n’est pas facile de s’occuper des enfants, si on a pas une bonne expérience en la matière. Mais pour moi, les choses n’ont pas été difficiles, parce que je suis issue d’une grande famille où j’ai des enfants qui sont sous la garde de ma soeur en ce moment et en plus je suis engagée à faire ce travail », témoigne Maman Awa Touré trouvée dans une des « maisons Sos » du Village de Dakar.
Pour elle, avec ce travail, les « mamans Sos » n’ont pas beaucoup de temps pour aller dans des cérémonies et autres festivités. A l’intérieur de ce « village », d’autres braves dames comme elle essaient, tant bien que mal, de combler le vide que l’absence de parents biologiques provoque chez les enfants. Pour Cheikh Oumar Touré, responsable des relations et de la collecte de fonds de la structure, ces enfants se considèrent comme des frères et soeurs de mêmes parents et s’organisent parfois si c’est nécessaire pour se défendre contre toutes agressions extérieures.
Des « Villages Sos » à Kaolack, Louga, Tambacounda et Ziguinchor
« Sos Village d’Enfants » est une Ong internationale à vocation sociale qui cible les enfants risquant de perdre la prise en charge parentale et ceux qui l’on déjà perdue. Elle est présente au Sénégal depuis 1976 et a débuté ses activités à Dakar en 1979. Actuellement, hormis Dakar, il existe 4 autres « Villages d’enfants Sos » à Kaolack, Louga, Tambacounda et Ziguinchor.
A travers différents programmes, un total de 56.243 bénéficiaires est atteint. Les principaux domaines d’activités sont la prise en charge familiale à long terme d’enfants orphelins et vulnérables, la prévention de la prise en charge parentale à travers les Programmes de renforcement de la famille (Prf), l’éducation et les soins de santé de qualité. Selon André Diop Depret, présidente de la commission contrôle et information, les enfants peuvent être admis dans ce centre sur demande, à l’âge de 11 mois, et y rester jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans. Elle explique que même après la sortie, ils sont accompagnés dans leurs cursus secondaire, supérieur jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes. En l’en croire, l’éducation de qualité est assurée aux enfants de la communauté et aux bénéficiaires Sos dans 5 jardins d’enfants Sos, quatre écoles Sos et un centre de formation.
Parrainer un enfant à 5.000 FCfa
« Des soins de santé de qualité sont assurés dans nos deux centres médicaux Sos à Kaolack et Tambacounda et aux profits des populations environnantes. Nous avons aussi des infirmeries dans les villages de Dakar, Louga et Ziguinchor », soutient Mme Depret. Aujourd’hui le nombre d’enfants et de jeunes des villages Sos du Sénégal (Vesos) s’élève à 816 et le nombre de jeunes qui bénéficient des Programmes de renforcement de la famille (Prf) est de 3.360.Cependant, la structure est confrontée à des difficultés essentiellement d’ordre financier. « En plus de la prise en charge des enfants, l’organisation emploie 338 personnes qu’il faut payer et prendre en charge médicalement. Nous tirons essentiellement nos ressources de « Village d’enfant Sos international » et des bonnes volontés. Nous lançons un appel à tous les Sénégalais à venir parrainer un enfant à seulement 5.000 FCfa par mois », appelle André Diop Depret. Selon elle, la structure recevait chaque année une somme de 2 millions de FCfa de l’Etat du Sénégal, mais ne la reçoit plus depuis 8 ans. « Nous avons récemment rencontré le président de la République Macky Sall qui était sensible à notre préoccupation et nous a promis 20 tonnes de riz. Nous sommes en train de suivre le dossier », affirme-t-elle.
LE DEFAUT D’ASSURANCE CREDIT, PRINCIPALE SOURCE DE REJET DES DOSSIERS DES PME
Secteur pourvoyeur d’emplois, les Pme ne disposent pas toujours de la confiance des banques. En effet, seuls 10 % des crédits bancaires leur sont alloués. Le manque d’assurance crédit et de cautionnement reste l’un des principales causes de rejet.
Alors qu’elles représentent 90 % du tissu économique national, les micros, petites et moyennes entreprises (Pme) ne captent que 10 % des crédits bancaires.
Un paradoxe dont souffre le Sénégal, selon Augustin Faye, directeur de cabinet du ministre du Commerce, de l’Entreprenariat et du Secteur informel, qui présidait l’atelier sur les « Branches d’assurances du crédit et de la caution » organisé par l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme), en partenariat avec les sociétés d’assurance Sonac et Allianz. Pourtant, ajoute M. Faye, pas moins de 30 banques et établissements financiers sont en activité sur la place de Dakar et, chaque année, les crédits à l’économie progressent de plus de 15 %. Aussi, les ressources des banques ont augmenté de 25 % en 2011 et 2012. Ce faisant, estime le directeur de cabinet, gouvernement et partenaires financiers doivent s’investir à renforcer ces Pme, en vue d’obtenir « une croissance forte et durable » dans les années à venir. L’Adepme, qui a enclenché un programme d’éducation financière au profit des Pme depuis 2009, a initié cet atelier dans le but de permettre aux Petites et moyennes entreprises (Pme) de détenir des « informations fiables » pour bénéficier des financements. « On a voulu que les Pme soient directement en contact avec les experts en assurance. D’où cette rencontre B to B pour permettre aux Pme d’exposer leurs problèmes et aux sociétés d’assurance de leur expliquer les offres de produits adaptés à leurs problèmes », indique Louis Sarr, directeur administratif et financier de l’Adepme. L’assurance caution reste une technique de sûreté qui permet aux entreprises d’acquérir auprès d’une compagnie d’assurance une protection sur les engagements qu’elles ont souscrits. Dans ce sens, Augustin Faye estime que « le recours à la caution d’une compagnie d’assurance constitue une réelle source de financement du fonds de roulement, réduit l’emprise bancaire et évite des dépôts en garantie ». D’ailleurs, le rejet des demandes de crédit des Pme est principalement dû à trois causes : le manque de garantie, le défaut d’assurance crédit et de cautionnement et l’insuffisance de la qualité dans le montage technique des dossiers.
UNE APPLICATION DARAL POUR ENRAYER LE VOL DU BETAIL
Avec l’appui de Microsoft et Coders 4 Africa, des développeurs ont créé l’application « Daral » destinée à lutter contre le vol de bétail et faciliter l’identification du cheptel. Le lancement a été effectué, mardi dernier, à Passy.
Passy dispose désormais d'une application web dénommée « Daral », initiée par des développeurs, avec le soutien de Microsoft, en collaboration avec Coders 4 Africa. Cette application permet de mieux lutter contre le vol de bétail et identifier le cheptel. Cette application a été lancée, mardi, par le ministre de l'Elevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye, en présence de son collègue de la Communication et de l'Economie numérique, Cheikh Bamba Dièye. La première phase va toucher près de 8.000 éleveurs professionnels et 15 éleveurs domestiques. En procédant au lancement de cette application, Mme Ndiaye a souligné la contribution apportée par Microsoft à la gestion statistique des données de l'élevage en matière de situation zoosanitaire du cheptel et en vol de bétail. Elle a estimé que cette rencontre de Passy constitue une réponse à l'appel du gouvernement lors de la mise en place du Comité de pilotage sur la prévention et la lutte contre le vol de bétail à Ndiaganiao. « Le test que pose Microsoft, au delà du symbolisme, interpelle tous les acteurs pour accompagner le chef de l'Etat dans sa croisade contre le vol de bétail qui doit disparaître à jamais du secteur de l'élevage pour permettre aux vrais éleveurs de bénéficier des fruits de leurs efforts agropastoraux », a déclaré Mme Ndiaye. Selon elle, ce projet innovant devra permettre à son département de disposer d'un outil de gestion de données statistiques fiables pour mieux gérer le secteur et planifier certaines actions. Après avoir insisté sur la bonne gestion de cet outil dont l'initiateur est Amadou Sow, un fils du terroir, le ministre a tenu à réitérer les remerciements du gouvernement à Microsoft et aux autres partenaires pour leur appui important. Au cours de cette cérémonie, Aminata Mbengue Ndiaye a salué le travail remarquable de la police et de la gendarmerie dans le cadre de la lutte contre le vol de bétail.
Le directeur général de Microsoft Afrique de l'Ouest et du Centre, Simon Wattara, a rappelé que Microsoft souhaite aider les Etats, les communautés, les entreprises et les individus à atteindre leur plein potentiel. Cette initiative, a-t-il dit, se fonde sur l'accès à la technologie, les compétences de classe mondiale et sur l'innovation. « Ce projet qui nous réunit ici est l'expression même de l'innovation selon Microsoft », a expliqué Simon Wattara. De son côté, le ministre de la Communication et de l'Economie numérique a souligné que l'économie numérique est un secteur transversal. Selon Cheikh Bamba Dièye, c'est le lieu de permettre aux nations émergentes d'avoir la possibilité de faire des raccourcis. « Il n'est nul besoin, aujourd'hui, en matière d'appropriation des Ntic, d'observer le même processus que les Etats ont suivi pour passer de l'âge industriel à l'économie numérique moderne », a-t-il soutenu. Le maire de Passy, Moustapha Kâ, le député-maire de Foundiougne, Babacar Diamé, le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité de proximité, Papa Khaly Niang, et les représentants des éleveurs ont tous souligné l'importance de ce projet.
KIEV - Les chefs de l'opposition ukrainienne ont réclamé dimanche une médiation internationale et une aide financière de l'Occident, devant plus de 60.000 manifestants à Kiev, au lendemain de leur rencontre avec les représentants des pays occidentaux.
VILNIUS - L'opposant ukrainien Dmytro Boulatov torturé, selon lui, pendant une semaine par des inconnus, puis officiellement recherché par la police, est arrivé dimanche soir à Vilnius venant d'Ukraine, à la suite des pressions des Occidentaux choqués par les images du militant ensanglanté qui ont fait le tour du monde.
BANGKOK - Les manifestants ont perturbé dimanche en Thaïlande les législatives boycottées par l'opposition, empêchant le travail de milliers de bureaux de vote et enfonçant encore un peu plus le pays dans une crise qui dure depuis trois mois.
DAMAS - Le régime syrien a mené ce weekend ses raids aériens les plus sanglants contre les quartiers rebelles d'Alep, faisant 121 morts, et s'en est violemment pris à l'opposition, au lendemain de la fin des pourparlers de Genève. Par ailleurs, au moins seize rebelles islamistes syriens ont été tués dimanche dans le nord de la Syrie dans un double attentat à la bombe commis par le groupe jihadiste Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), a annoncé une ONG.
ROME - Deux femmes et une petite fille de sept ans ont péri près de Syracuse (Sicile), noyés dans leur voiture par un torrent en crue, et une autre femme, tombée dans un autre torrent, était portée disparue dimanche soir dans la même région.
MADRID - Un adolescent a été emporté dimanche par une vague en Galice alors que le rivage du nord de l'Espagne était battu par une violente tempête, ont annoncé les autorités, évoquant des lames de dix mètres de haut.
KARO (Indonésie) - Les recherches de survivants ont été vaines dimanche au pied du volcan indonésien Sinabung, après une nuée ardente qui a englouti 15 personnes et laissé un paysage apocalyptique.
KAYSERI (Turquie) - Le procès de huit personnes, dont quatre policiers, accusés d'avoir battu à mort un manifestant de 19 ans pendant la fronde populaire qui a fait vaciller le gouvernement turc en juin dernier, s'ouvre lundi matin à Kayseri (centre) sous haute tension.
ATHENES - Un fort séisme de magnitude 6,1 a frappé lundi une île en Grèce, un peu plus d'une semaine après le fort tremblement de terre qui a secoué l'île de Céphalonie et fait de nombreux dégâts.
SAN SALVADOR - L'ex-guérilla marxiste au Salvador était proche dimanche de relever le défi de son maintien à la présidence, cinq ans après en avoir chassé la droite. Salvador Sanchez Ceren, candidat du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), frôlait les 50% des voix nécessaires à une victoire au premier tour (49,06%) et distançait de 10 points son principal adversaire, le maire de Salvador Norman Quijano (droite, 38,86%).
SAN JOSE - La droite costaricienne se trouvait dimanche à deux doigts de perdre les élections présidentielles après avoir tenu les rênes du pays pendant 50 ans. Laura Chinchilla, première femme élue à la tête du pays en 2010, va quitter le pouvoir par la petite porte, avec une impopularité de son parti -le Parti de libération nationale (PLN, centre droit)- avoisinant les 60%.
SANAA - Un obus de mortier a été tiré dans la nuit de dimanche à lundi en direction de l'ambassade de France à Sanaa, sans la toucher, et une voiture piégée a explosé à quelques centaines de mètres plus loin dans le quartier diplomatique de Hadda.
PARIS - Les opposants au mariage homosexuel ou à la "théorie du genre", prétendument enseignée dans les écoles, défenseurs d'une vision traditionaliste de la famille, ont manifesté nombreux dimanche en France au cours d'une démonstration de force révélatrice du réveil des conservatismes. Ils étaient 500.000 à Paris selon les organisateurs, 80.000 selon la police.
MADRID - Des féministes aux seins nus du groupe des Femen ont lancé dimanche des petites culottes sur l'archevêque de Madrid à son arrivée dans une église, pour protester contre son soutien au projet de loi restreignant le droit à l'avortement en Espagne.
NEW YORK - L'acteur et réalisateur américain Philip Seymour Hoffman, Oscar du meilleur acteur en 2006, a été retrouvé mort dimanche chez lui à New York, apparemment d'une overdose. Il avait 46 ans.
NEW YORK - Le réalisateur américain Woody Allen a qualifié dimanche soir de "fausses et honteuses" les accusations d'agression sexuelle proférées par sa fille adoptive et publiées samedi soir sur un blog du New York Times, des allégations vieilles de 20 ans que le réalisateur a toujours démenties.
EAST RUTHERFORD (Etats-Unis) - Les Seahawks de Seattle ont remporté le premier Super Bowl de leur histoire en battant largement les Broncos de Denver 43 à 8 (mi-temps: 22-0) en finale de la Ligue de football américain (NFL), dimanche à East Rutherford, en banlieue de New York.
Eumeu Sène, après sa cuisante défaite face à Modou Lô, s’est terré chez lui. Hier, il a fait une petite apparition, juché sur son balcon, le visage bouffi. Il n’accepte toujours pas l’évidence.
Vendredi, quelques minutes après sa défaite devant Modou Lô, le chef de file de Tay Shinger a fait un bref passage à Pikine. Depuis lors, il se terre chez lui à la Cité Djily Mbaye. Eumeu n’en croit toujours pas ses yeux.
Hier, quelques inconditionnels se sont déplacés pour lui remonter le moral et lui montrer que ce n’est qu’un faux pas, mais le lutteur a refusé de sortir de chez lui. Dans l'après-midi, boitant un peu, le visage bouffi, Eumeu Sène a fait une brève apparition sur son balcon, pour saluer les quelques personnes qui étaient dehors. Il est resté muet et a refusé de s’adresser à la presse.
''Nous avons été trahis par un des membres de notre écurie'', dit un proche d’Eumeu Sène. Notre interlocuteur, très proche du lutteur, révèle que le lutteur ‘’est tombé très malade, après sa défaite. Mais là, il va mieux. Son pied lui a fait très mal et il a pris quelques soins’’. Ses proches non plus n’arrivent pas à digérer la défaite.
‘’On n'arrive toujours pas à croire à ce qui s’est passé vendredi. J’ai juste l’impression que c’est un cauchemar et que l’on va finir par se réveiller, pour se rendre compte que ce n’est pas vrai’’, poursuit notre interlocuteur qui a requis l’anonymat.
Le lutteur s’exprimera sûrement lors du dernier face-à-face d’après combat. Pour le moment, aucune date n’a été retenue par le promoteur pour ce dernier oral devant les caméras. Sûrement qu’il en profitera pour éclaircir beaucoup de choses concernant cette défaite et qu'il se prononcera sur les rumeurs de trahison.
Le ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba a convié la presse avant-hier à un dîner. L’objectif était de profiter de l’occasion pour présenter le Plan Sénégal émergent. Ce plan s’appuie sur trois axes. Créer de la croissance, partir de cette croissance pour bâtir un développement durable et consolider la paix et la stabilité dans le pays. Les autorités sont cependant conscientes des préalables. L’énergie semble être le point le plus important.
“Fixer le cap, préciser la méthode et créer une dynamique qui inscrit le Sénégal parmi les 10 économies à forte croissance dans un horizon de 10 ans”, tel est l'objectif du Plan Sénégal émergent précisé par le ministre l’Économie et des Finances, au cours d'une rencontre avec la presse. Ce plan va servir de cadre de référence à l’action de l’État et des partenaires au développement sur la période 2014/2023.
À travers le PSE, le ministre Amadou Ba entend placer l’économie sénégalaise sur un chantier de croissance plus élevé et durable au-delà de 7%. “Ce plan propose des réformes critiques et des projets phares structurants pour stimuler l’investissement du privé national et étranger, diversifier les moteurs de la croissance et renforcer la résilience de l’économie”, a déclaré le ministre qui a souligné que tout se fera dans la transparence.
Dans l’immédiat, un taux de croissance de 4,8% est attendu durant l’année 2014. Un programme triennal d’investissement public 2014/2016 permettra d’investir 3 467 milliards, environ. Investissement largement financé, selon Amadou Ba, à partir de ressources internes. “L’exécution de ces programmes d’investissement constitue une belle opportunité d’affaire pour l’entreprise sénégalaise, à travers la commande publique”. Une réflexion pour la participation des entreprises nationales dans la commande publique est en cours, a-t-il fait savoir. L’année 2014 sera donc celle de la mise en route du Pse.
Ainsi, le gouvernement ira au Groupe consultatif, les 24 et 25 février prochains, pour trouver des ressources additionnelles permettant de financer le plan.
Les grandes lignes du Pse
S’agissant du plan proprement parlé, il peut se résumer en un Sénégal émergent à l’horizon 2035, avec une société solidaire dans un État de droit. Le but visé est “d’installer l’économie sur une trajectoire de croissance durable et inclusive. Renforcer la bonne gouvernance et l’État de droit. Promouvoir le culte du travail, la responsabilité, la citoyenneté et la solidarité. Garantir la sécurité, le développement équilibré du territoire et la cohésion nationale”, d’après Pierre Ndiaye, directeur de la prévision et des études. C’est partant de cela que le gouvernement a défini une stratégie décennale. En termes de chiffres, cette stratégie peut faire passer la croissance des 3 à 4% actuels, à 7% dans les dix années à venir.
A l’heure actuelle, les télécoms et les services financiers sont les moteurs du développement. Le gouvernement compte développer quatre nouveaux points. Il s’agit de l’agriculture et l’agroalimentaire, l’habitat, les mines et le tourisme. Quant à l’emploi, il y en a 250 000 formels. L’essentiel étant dans le secteur informel. “L’objectif est d’arriver à 600 000 dans les 10 années à venir. En même temps, le Pib par tête qui est de mille dollars, sera porté à 15 000, à l’horizon 2030.
Bref, la vision dans les cinq prochaines années se décline sur trois axes. Un premier axe de la transformation structurelle de l’économie. “Pour réussir la croissance, il y a des fondamentaux. L’énergie, l’environnement des affaires, les infrastructures, le capital humain et l’accès au financement”, précise-t-on. Le deuxième axe est de s’appuyer sur les fruits de la croissance, pour bâtir le développement durable, l’amélioration des conditions de vie des populations. Et le troisième est de consolider la stabilité.
''Mettre en œuvre 100 à 150 fermes agricoles''
L’axe un du Pse est bâti sur deux types de moteur. Des moteurs d’inclusion sociale. Il s’agit de cibler les moteurs qui pourront à la fois faire de la croissance et créer des emplois. Sur ce point, l’Etat compte s’appuyer sur l’agriculture et l’agroalimentaire. “Il s’agira de mettre en œuvre 100 à 150 fermes agricoles, 3 corridors céréaliers, trois pôles de transformation agroalimentaire”. Le deuxième moteur est l’habitat social. L’objectif est de faire 10 000 à 15 000 logements par an, et faire émerger de nouveaux acteurs nationaux qui pourront être présents dans la sous-région.
Le troisième aspect est l’économie sociale et solidaire. L’accent sera mis ici sur le secteur informel qui concentre 95% des emplois et contribue à hauteur de 50% au Pib. Il est question là de créer des zones d’artisanat dédiées, de développer l’éco-tourisme, d’organiser des filiales d’artisanat et de production, etc. La deuxième catégorie, moteur de l’axe, est l’exportation. Le potentiel ici est constitué des mines, du phosphate, de l’or, du fer et du diamant. “Il s’agira d’exploiter de la manière la plus judicieuse les ressources minières”.
Faire de Dakar un business parc
Les avantages en matière de services permettront également de faire de Dakar un hub. Il y aura des zones dédiées aux services d’expert (Offshoring). L’Etat a pour vision de faire de Dakar un business parc, pour attirer les sièges sociaux des organisations internationales et des grandes firmes. Cependant, les autorités sont conscientes que cela s’accompagne d'un certain nombre de services attrayants.
Des écoles pour les enfants des expatriés par exemple. D’où l’idée de faire de Dakar un campus régional. Faire de Dakar aussi un véritable médical city sur le plan de la santé. Créer des zones touristiques intégrées. Le domaine aérien ne sera pas en reste, avec le nouvel aéroport de Diass. Sans oublier la modernisation de l’administration.
Sur le plan industriel, Il y a l’idée de créer un hub logistique et industriel. La zone économique spéciale de Diamniadio va voir le jour. Développer des industries en assemblage et transformation. Faire un hub logistique intégré, notamment par la réhabilitation du rail Dakar-Bamako, car le Mali est la porte d’entrée du Sénégal dans l’Uemoa. Moderniser le port de Dakar, pour en faire un pôle d’éclatement, construire des plates-formes logistiques pour le transit et le stockage. Si ce plan est mis en œuvre, le ministère espère une croissance de 7,1% sur la période 2014/2018.
Et au niveau de l’axe deux, toutes les retombées de la croissance permettront de renforcer l’offre d’infrastructures et des services sociaux de base. Assurer la protection sociale et l’autonomisation des groupes vulnérables, accélérer l’atteinte des Omd, etc. Et l’axe trois consistera au renforcement de la paix et de la sécurité. Le Sénégal est certes dans une zone de turbulence, mais il faut toujours consolider les acquis et promouvoir la bonne gouvernance.
“L’argent n’aime pas le bruit”, dit l’adage. Depuis la deuxième alternance, la lutte contre l’enrichissement illicite, une très forte demande sociale, est au cœur du débat politique au Sénégal. Son corollaire est la traque des fortunes planquées dans des banques par des dignitaires libéraux et des fonctionnaires présumés peu respectueux du bien public.
Seulement, cette politique gouvernementale n’est pas sans conséquences. Un grand sentiment d’inquisition habite beaucoup d’acteurs économiques et financiers, les chefs d’entreprises et potentiels investisseurs en particulier. Et le secret bancaire est au cœur de ce qui apparaît de plus en plus comme un malaise. Mais qui a tort ? Les indélicats clients des banques ou les gérants de coffres-forts qui font motus et bouche cousue.
L’affaire “Aïda Ndiongue”, dossier qui a cassé la banque de l’actuel poker médiatique, a ramené au sein de l’opinion la lourde question des rapports entre les Sénégalais et l’argent d’une part ; et d’autre part, le secret qu’ils lient à tort ou à raison au patrimoine. Chacun ces derniers jours, dans son intimité, s’est demandé ce que l’autre (le collègue, le voisin, le parent, la personnalité publique) a quand les déboires judiciaires de l’ancienne sénatrice ont tourné au déballage.
Les chiffres annoncés (47 milliards F Cfa, selon le patron du patron du parquet du tribunal de Dakar, le procureur Serigne Bassirou Guèye), le montant de sa fortune supposée et le vocabulaire des coffres-forts ont ramené au devant de la scène ce qui était jusqu’ici tabou. Mais qui en profite ?
Si le droit à l’information chevauche en parallèle le sillon de la traque des biens mal acquis, il va se bien trouver un jour où il va butter sur un autre droit tout aussi essentiel, très privé, qui est de ne pas dévoiler sur la place publique ce que l’on possède. La culture profonde la société sénégalaise est bâtie sur un mélange de mutisme et de secret. C’est un peuple qui a le fétichisme du nombre.
On ne donnait pas son âge réel jusqu’à ce que l’état-civil vienne y mettre un terme ; pas la liste de ses enfants ; pas la quantité de têtes de son troupeau ou l’ampleur de ses récoltes. C’est la même logique qui prévaut dans l’organisation du capitalisme financier. Les plus fortunés ne sont pas les riches les plus médiatisés. La recherche de la plus-value dans un capital est structurée de sorte que le secret est son fondement. Car il y a comme un péché originel dans la reproduction de l’argent : il doit être silence, verrou et mythe.
Ce n’est pas pour rien que les premiers banquiers “capitaliseurs” de ressources, dans l’Europe de la Renaissance, avaient comme principales qualités la discrétion, la vertu et la vocation. Les banques, depuis leurs origines, ont toujours fonctionné sur le postulat qu’elles gardaient au-delà de biens (or, argent, diamant, bons du trésor), des secrets. Maintenant, le Sénégal de 2014 est ce qu’il est : une “médiacrature” démocratique qui écrase tout ; basée sur une opinion qui réclame des têtes. Le pouvoir en place le comprend car conscient du fait que la crise doit être partagée même si les riches ont le droit de parader.
C’est le patrimoine qui constitue le code génétique social et il est au cœur du secret bancaire dans un pays où c’est seulement une infime minorité de la population qui dispose d’un compte bancaire. Lever des secrets bancaires soulèvera toujours des tollés car ce sont en même temps des vies qui seront mises à nu. Toutefois, le système est organisé de telle sorte que c’est là un jeu dangereux. Quand vient le bruit, l’argent fuit...
À L'ÉPREUVE DU SECRET BANCAIRE
TRAQUE AUX BIENS MAL ACQUIS
Gaston Coly, Matel Bocoum & Fatou Sy |
Publication 03/02/2014
Elle est bien loin de nous, la bonne vieille époque où le banquier pouvait se réfugier derrière le sacro-saint secret bancaire pour refuser de livrer des informations sur de tierces personnes suspectées de délinquance financière. Depuis que l'Amérique a été frappée en plein cœur par les attentats du World trade center, un certain 11 septembre 2003, des verrous ont sauté sur toutes les places financières du monde. Le Sénégal ne fait pas exception à la règle. Mais dans l'univers complexe des finances, le renseignement ne vient pas toujours là où on l'attend. Les vrais informateurs ne sont pas toujours connus. Et les banques ont besoin d'évoluer dans cet univers trouble où la confidentialité est de mise, de peur de voir leur clientèle les déserter...
S'il y a une certitude dans l'affaire Aïda Ndiongue, c'est qu'un verrou a sauté.... celui du secret bancaire. Après plusieurs mois d'une procédure dans laquelle on avait l'impression de ronronner, subitement la machine s'est emballée, emportant l'ex-sénatrice dans un tourbillon de révélations.
Jusque-là, les enquêtes la concernant s'étaient focalisées sur son rôle dans le marché des produits phytosanitaires du Plan Jaxaay destinés au relogement des sinistrés des inondations. Une affaire pour laquelle elle a été interpellée et mise en examen. Subitement les investigations se sont orientées vers ses avoirs, mettant à nu son fabuleux patrimoine.
Des traders auraient parlé...
Ce tournant inattendu fleure bon la dénonciation. Qui a parlé ? Si nos sources ne sont pas bien loquaces sur les véritables sources des enquêteurs, il reste que ce n'est pas la seule levée...officielle et légale du secret bancaire qui a permis de découvrir le pot aux roses. Il a fallu d'autres types de collaborations, comme des traders, spécialistes des transactions bancaires et placements, pour circonscrire l'ampleur des fonds. Selon plusieurs de nos interlocuteurs, les investigations classiques ne permettent pas d'avoir les bons renseignements financiers.
Si en effet tous les directeurs de structures du groupe CBAO/Attijari ont été entendus (sauf le Directeur général), ce ne sont pas eux qui ont joué les rôles les plus intéressants. Et les chiffres de certains comptes courants ne révèlent pas toujours les déplacements opérés ailleurs. Les enquêteurs de la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (DIC) ont par ailleurs pu établir d'autres niveaux de responsabilités, au niveau surtout du Trésor public qui renseigne sur un laxisme bien suspect venant de l'Etat lui-même.
La loi de la confidentialité et du silence
Depuis plus d'un an, le Sénégal a instruit plusieurs délégations judiciaires en direction de pays hébergeant des comptes jugés obscurs. Selon la procédure consacrée, c'est le Ministère de la Justice qui saisit ses homologues dans les pays visés. Le courrier passe par le Ministère des Affaires étrangères pour atterrir dans le même service du pays concerné, qui le répercute dans les services assermentés, généralement de Police.
La collecte des informations n'est pas l'apanage de l’État demandeur qui attend que les renseignements collectés lui soient transmis selon le même canal. La confidentialité est la règle. ''Les autorités judiciaires qui réceptionnent les dossiers sont tenues d'en faire un usage exclusivement judiciaires'', selon une source judiciaire autorisée. La moindre fuite peut occasionner des mesures de rétorsion comme par exemple ''le refus de collaborer pour d'autres dossiers''.
Ce cadrage général pour avoir des informations apparaît plus complexe, lorsque l'information demandée concerne un paradis fiscal. L'une des raisons tient à la définition même de ces îlots financiers au fonctionnement complexe. L'opacité et la rétention de renseignements font partie des critères qui singularisent un paradis fiscal.
C'est la loi du silence qui crée l'attraction, du fait de la sécurité assurée aux transactions que cela implique. Et lorsque dans le cas du Sénégal, ces paradis fiscaux acceptent de collaborer et qu'en retour, les renseignements fournis se retrouvent sur la place publique et fassent le buzz, cela fait désordre.
C'est pourquoi les institutions financières de la Principauté de Monaco se sont plaintes auprès des autorités sénégalaises et avaient menacé d'arrêter de collaborer. D'autant plus que les informations collectées sur le Rocher avaient valu à Karim Wade une seconde mise en demeure. Les autorités de la principauté avaient attiré l'attention des autorités sénégalaises sur la mauvaise publicité que certaines révélations dans la presse avaient sur le business des banques monégasques qui comptent une clientèle africaine importante.
VIOLATION À USAGE PRIVÉ DES COMPTES
Violer le secret bancaire, une forfaiture ? Que nenni ! répondent des spécialistes qui jugent que c’est une exigence, s’il y a des soupçons de pratique mafieuse. Mais quand il s’agit de donner des informations détaillées à une tierce personne qui n'en a pas droit, la loi sévit.
En effet, défini comme ‘’l’obligation légale faite aux institutions financières de se garder de livrer des informations sur leurs clients à des tiers’’, le secret bancaire rentre dans le cadre du secret professionnel auquel sont astreintes d’autres corporations. C’est le cas des notaires, médecins, avocats soumis à cette obligation de réserve en raison d’informations sensibles concernant directement leurs clients.
Violer le secret bancaire...en privé Mais des bruits de couloir font souvent état d’une violation récurrente de cette disposition par des banquiers. ‘’On est certes tenu à la confidentialité, mais le rapport de confiance qui lie un banquier à un non-titulaire de compte peut faire sauter le verrou...’’ Notre interlocuteur, un gestionnaire de compte, ne va pas très loin dans ses explications, mais ses propos sont éloquents.
Il reconnaît que bien souvent, les praticiens font fi du sceau de la confidentialité. Ils divulguent des informations sur le compte bancaire de leurs clients à une tierce personne qui a un intérêt - bien souvent économique - à savoir. ‘’Tout dépend du type de rapport qui vous lie. J'ai rencontré quelqu'un qui tenait à savoir si l’entreprise avec laquelle il devait entrer en affaires n’avait pas des problèmes de trésorerie. Il voulait savoir avant de s’engager. Il a insisté et mis les moyens pour me soutirer des informations, mais j’ai dit niet.’’
''Cela peut se retourner contre vous''
Cet exemple n’est pas particulier, mais des dessous de table peuvent pousser des banquiers à briser le silence. Si rares sont ceux qui acceptent de parler dans ce milieu très fermé des banquiers, tout le monde (ou presque) reconnaît en off l'existence de ces fuites organisées d'informations. Et les masques tombent rarement.
‘’Mes confrères sont conscients qu’ils courent des risques énormes. C’est contraire à la déontologie. Cela peut être dangereux si le client remonte la source. Il faut donc que l'autre partie, à qui l'information est donnée, joue le jeu en observant le silence‘’, souligne notre interlocuteur qui ajoute qu'on ne sait jamais à quelles fins ces informations bancaires seront utilisées...’’
Les banquiers consentent à reconnaître que des informations détaillées ne peuvent être livrées qu’à la Police ou la Gendarmerie dans le cadre d’une enquête. ‘’Ils adressent dans ce cas une correspondance à la banque par le biais du service juridique. Les huissiers et avocats aussi disposent de ce privilège.’’
Si obligation légale est faite aux institutions financières d’entretenir la confidentialité des données (classiques ou électroniques) qu’elles détiennent sur leurs clients, dans notre pays, la Loi n°90-06 du 26 juin 1990, portant réglementation du fonctionnement des institutions bancaires, stipule, en son article 19 : "Les personnes qui concourent à la direction, à l’administration, à la gérance, au contrôle ou au fonctionnement des banques et des établissements financiers sont tenues au secret professionnel."
Mais elle soulève toutefois une réserve, au dernier paragraphe de son article 42, qui précise : "Le secret professionnel n’est opposable, ni à la Commission bancaire, ni à la Banque centrale, ni à l’autorité judiciaire agissant dans le cadre d’une procédure pénale."
''Tout le monde peut avoir accès à l'information...''
Mais qui, au niveau de la chaîne bancaire, peut s'adonner à de telles pratiques ? Nos sources sont catégoriques : ''Du directeur général au caissier.'' ''Vous ne pouvez pas empêcher à une caissière qui doit faire une opération de paiement par exemple d'un chèque d'avoir accès aux informations de ce compte-là''. Mieux, ''qui peut empêcher un chef d'agence de disposer d'informations sur les comptes de ses clients ; lui qui est habilité à ouvrir les comptes et à les gérer'' ?
Pour ce banquier, on leur fait un mauvais procès. Et de nous renvoyer la balle : ''Si par exemple un journaliste vend sa source à un politique dans l'intimité de son salon, est-ce que la rédaction dans laquelle il travaille doit être tenue pour responsable ?'' s'interroge sous un air assez taquin notre interlocuteur...
LA LOI DANS SA RUDESSE ET SES SILENCES
Respect du secret professionnel. La pratique est bien encadrée par la loi qui prévoit des sanctions en cas de violation. Mais entre la théorie et la pratique, le fossé est bien énorme...
En son article 363, le Code pénal sénégalais dispose, en substance, qu’outre le personnel médical, ‘’toutes les personnes dépositaires par état ou par profession ou par fonction temporaires ou permanentes des secrets qu’on leur confie qui, hors le cas où la loi les oblige ou les autorise à se porter dénonciateurs, auront révélé ces secrets, seront punis d’une peine d’emprisonnement d’1 à 6 mois et d’une amende de 50 000 francs à 300 000 francs’’. Parmi ces personnes dépositaires de ‘’secrets’’, il y a les banquiers. Ils sont régis par l’article 30 de la loi 2008 sur les banques.
D’après les explications de Me Amadou Aly Kane, ladite loi stipule que ‘’les personnes qui concourent à la direction, à l’administration, à la gérance, au contrôle ou au fonctionnement des établissements de crédit, sont tenues au secret professionnel’’. De même, ‘’il est interdit aux mêmes personnes d’utiliser les informations confidentielles dont elles ont connaissance dans le cadre de leur activité, pour réaliser directement ou indirectement des opérations pour leur propre compte ou en faire bénéficier d’autres personnes’’.
Toutefois, selon Me Abdourahmane Sow dit Lénine, il y a des exceptions par rapport au secret bancaire. La première, renseigne l'avocat, ‘’ce sont les autorités judiciaires (le procureur ou le juge d’instruction) exerçant dans le cadre d’une procédure pénale mais aussi dans les procédures civiles et commerciales’’. Mais aussi, a renchéri Me Demba Ciré Bathily, la dérogation faite au secret bancaire réside aussi dans le pouvoir octroyé à l’administration fiscale de faire une demande de renseignement et communication de documents dans le cadre d’une procédure de contrôle d’un contribuable.
Relativement à la dérogation faite aux autorités judiciaires, Me Sow précise que le policier ou le gendarme ne peut pas, dans le cadre d’une simple enquête, demander la levée du secret bancaire. C’est valable même pour le procureur, appuie Me Demba Ciré Bathily. Car, explique-t- il, ‘’ le procureur est un magistrat et non un juge, donc il n’a pas le pouvoir dans le cadre des enquêtes de violer le secret bancaire.
‘’La seule dérogation faite aux Officiers de police judiciaire (OPJ) et les fonctionnaires des impôts et domaines l’est dans le cadre des enquêtes en matière d’enrichissement illicite et à la condition que ces OPJ agissent à la demande du Procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, par le biais de brigades spécialisées dont les modalités de constitution sont prévues par décret’’, théorise Me Bathily.
Partant de ce postulat, la ''robe noire'' soutient que la Section de recherche de la gendarmerie, en charge des enquêtes dans le cadre de procédure d’enrichissement illicite, ‘’n’est pas au sens de la loi sur l’enrichissement une brigade spécialisée’’. Par conséquent, il considère que les actes posés par les pandores de la Section, dans le cadre de la traque des biens mal acquis sont illégaux.
Un des conseils de Aïda Ndiongue a abondé dans le même sens pour dire que ‘’le procureur et les gendarmes sont passibles de sanction suite à la perquisition effectuée chez l’ex-sénatrice libérale’’. Notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat pensent que les banquiers auraient dû refuser de dévoiler le contenu des comptes et des coffres de Aïda Ndiongue.
Quand les OPJ usent ‘’de la force’’ pour faire parler les banquiers
Seulement, cette attitude peut valoir à un banquier une convocation pour refus de déférer à une réquisition. En fait, selon les confidences d’un responsable juridique d’une banque de la place, à plusieurs reprises, il a été convoqué à la police et à la gendarmerie. Parce que tout simplement, il a refusé de lever le secret bancaire, du fait que la réquisition présentée par les enquêteurs ne comportait pas le visa du parquet.
‘’Quand on réclame le visa du parquet, certains enquêteurs comprennent et vont le chercher. En revanche, d’autres vous convoquent systématiquement pour refus de déférer à une réquisition’’, a laissé entendre notre interlocuteur. Selon qui, un de ses amis en service dans une autre banque a eu même à passer toute une journée à la Division des investigations, à cause de son refus de lever le secret bancaire.
Autant dire, pour notre source, que malgré les dérogations légales, les banquiers sont très soucieux du secret bancaire. Mais Me Abdourahmane So pense le contraire surtout que argue-t-il, ‘’le secret bancaire est une question relative, car il y a trop d’exceptions et de limites au Sénégal’’. Sa conviction est que ‘’du côté des banquiers, ça jase trop’’, contrairement à Dubaï où, dit-il, ‘’il n’y a pas un moyen de tirer une information auprès des banques’’. Il trouve même les banquiers ‘’frileux’’. Il en veut pour preuve les nombreuses déclarations de soupçon au niveau de la CENTIF. ‘’La plupart des dossiers porte sur de petits montants et plusieurs procédures n’aboutissent pas’’, regrette Lénine.
Il est conforté par son confrère Me Bathily. Il reconnaît que ‘’les dispositions légales mises en place dans le cadre du blanchiment d’argent obligent une déclaration de soupçons quand il y a des doutes sur l’origine de l’argent d’un client’’. Et de pour- suivre : ‘’C’est pour ne pas être pris à défaut que les banquiers se mettent à faire des déclarations tous azimuts.’’ Selon son argumentaire, il y a un revers parce qu’’’avec les multiples déclarations, le système qui doit être désengorgé perd en efficacité et trop de renseignements tuent le renseignement.’’
Toujours est-il qu’un banquier interpellé réfute le qualificatif que d’aucuns leur collent. Mais qu’ils sont animés par la volonté de respecter la loi. Une loi qui incite à une surveillance lorsqu’il y a des mouvements répétitifs sur le compte du client. Dans quels cas le banquier doit-il avoir un soupçon ?
‘’Par exemple lorsqu’un client qui a un salaire variant entre 300 et 500 mille verse 5 millions. Cela peut inciter à la surveillance du compte lorsque le mouvement se répète’’, renseigne notre interlocuteur. Qui fait savoir également : ‘’Quand un client fait un crédit à moyen terme sur une somme importante, s’il rembourse dans les premiers mois l’intégralité du crédit, il est sujet à un soupçon et ses mouvements sont surveillés’’. Et si le banquier s’abstient de faire une dénonciation, en cas de soupçon, Me So croit savoir qu’il commet une faute professionnelle et non un délit.
Quand l'Ofnac s'y met...
Depuis le vote de la loi portant création de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), le 19 décembre 2012, les délinquants à col blanc ne dorment plus du sommeil des justes.
La loi portant création de l'Ofnac, souligne en son article 3, que cet organe peut '' entendre toute personne présumée avoir pris part à la commission de l'un des faits prévus au 1 de l'article 3 de la pré- sente loi, recueillir tout témoignage, toute information, tout document utile sans que le secret professionnel ne puisse lui être opposé, demander aux banques et établissements financiers tout renseignement sans que le secret bancaire ne puisse lui être opposé...'
En son article 14, il est notifié qu'''à l'issue de ses investigations, si les informations collectées et analysées font présumer de l'existence de l'une des infractions visées au 1 de l'article 3 de la présente loi (...), l'Ofnac transmet au procureur de la République un rapport accompagné des pièces du dossier : la transmission du rapport au procureur des- saisit l'Ofnac.''
‘’LA GLOIRE DES IMPOSTEURS’’ PRÉSENTÉ AUX DAKAROIS
Paru aux éditions Philipe Rey, en septembre dernier, ‘’La Gloire des Imposteurs’’ est un livre co-signé par l’alter- mondialiste malienne, Aminata Dramane Traoré, et le romancier sénégalais Boubacar Boris Diop.
Écrit à quatre mains, l’ouvrage se lit comme un échange épistolaire entre les auteurs, comptant en tout une vingtaine de lettres écrites entre janvier 2012 et novembre 2013. Il a été officiellement présenté aux Sénégalais ce samedi, lors d’une conférence tenue à la librairie Athéna, sise à la rue Félix Faure.
Défini par l’un de ses auteurs, en l’occurrence B. B. Diop, comme ‘’un appel au dialogue (...) une recherche de sens à assigner à l’actualité’’, l’opus (long de 240 pages) est le fruit d’une démarche nouvelle, mais intentionnelle chez les deux auteurs :
‘’ Le livre part d'une idée venue d'une discussion avec mon éditeur, Philipe (NDLR: Rey). On s'est dit que ce serait bien d'avoir un échange de lettres entre Aminata et moi-même, mais nous ne savions pas vraiment où nous allions (...), mais il n'a pas été démarré sur un coup de tête, comme un poing sur la table en réaction à l'occupation du Mali et l'intervention française... Le projet est antérieur à tout cela’’, a expliqué le romancier sénégalais et co-auteur du livre.
Un livre qui est avant tout un ‘’appel au dialogue’’ pour ses deux auteurs qui, ‘’rattrapés par l’actualité’’ au cours de ce projet d’écriture, disent ‘’ne pas avoir choisi le rôle le plus facile qui est de consentir’’. ‘’Nous ne sommes pas d'accord et nous avons tenu à le dire de la manière la plus claire’’, affirme ainsi Boubacar Boris Diop.
‘’Aminata et moi, même au moment de l'immolation du jeune Mohammed Bouazizi, avions déjà l'habitude d'échanger sur tout... Sur le Zimbabwe, la Côte d'Ivoire... Les premières lettres, on le remarquera, sont très espacées, mais on est arrivé à un moment, vers la fin, où l'actualité était tellement excitante qu'il a fallu raccourcir quelques-unes de nos lettres. On a été portés par les évènements.’’, ajoute ce dernier.
‘’La Gloire des imposteurs’’ met donc en évidence, entre autres, une reprise en main néo-impériale de l’Afrique subsaharienne, par une violente agression militaire se présentant comme une odyssée morale, généreuse et désintéressée.
Au-delà du Mali, néanmoins, les deux auteurs partagent leurs réflexions sur l’énigmatique printemps arabe et sur les guerres de l’Occident hors de ses frontières, en particulier en Afrique – Côte d’Ivoire, Libye... Et chaque conflit leur offre l’occasion de mettre à nu les mécanismes de la même triomphante imposture.
Le chant des cygnes a retenti sur la deuxième session de la Cour d’Assises de Thiès. Une occasion saisie par le président de la Cour Amed Fall, par ailleurs Magistrat conseiller spécial à la Cour d’Appel de Dakar, de prononcer la dernière sentence.
Les rideaux sont tombés sur la deuxième session de la Cour d’assises de Thiès. Durant dix jours, la Cour d’assises siégeant à Thiès s’est prononcée sur le sort de 52 accusés. Pour le coup de sifflet final, la Cour a jugé une affaire de trafic de chanvre indien.
Sana Bruno Diatta et Magatte Sèye sont les derniers à être passés à la trappe. Ils ont été reconnus coupables et condamnés à 10 ans de travaux forcés. Ils ont été alpagués en train de transporter 678 kg de chanvre indien de Dakar à Thiès.
Cet nouvelle affaire de drogue n'a pas laissé indifférent le président de la Cour d’Assises de Thiès Amed Fall. ‘’Je demande aux autorités ayant la sécurité d’être vigilantes’’, a-t-il prévenu, en soulignant que le triangle Dakar-Mbour-Thiès est la voie d’acheminement de la drogue à Thiès. Ce triangle utilise les voies maritime, ferroviaire et la trans-gambienne.
Le conseiller spécial à la Cour d’Appel de Dakar a d'ailleurs fait remarquer que sur 21 affaires inscrites au rôle, 7 ont eu trait à la détention et au trafic de chanvre indien. ‘’C’est la délinquance, peut-être, née de la cupidité des uns. C’est ce qui explique que des gens s’adonnent au trafic’’.
Dans la même veine, Amed Fall a souligné que la délinquance peut également trouver son lit dans le désœuvrement. ‘’Nous avons vu que la plupart des crimes d’infanticide sont souvent le fait de dames qui sont laissées à elles-mêmes et qui sont dans un état de désœuvrement total’’. ‘’Il faudrait, a-t-il proposé, réfléchir à ce niveau pour les sensibiliser et éviter que pareils faits ne se reproduisent.’’
Le président de la deuxième session de la Cour d’Assises de Thiès n’a pas manqué, dans son speech, de jeter un regard sur l’actualité relativement à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de prévention et de lutte contre le vol du bétail au Sénégal.
‘’Nous en avons connu, au cours de cette session, des vols en réunion. Le gouvernement a mis le doigt sur cette question et est en train de réfléchir sur la question. Nous attendons de voir les propositions qui seront sorties de ces réflexions pour pouvoir nous faire une idée des dispositions à prendre en conséquence’’.