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3 mai 2025
Texte Collectif
L’IMMUNITÉ MÉDIATIQUE, UN PRIVILÈGE MASCULIN ?
Les médias se font de plus en plus le relais de discours violents et misogynes sur nos corps, nos attitudes, nos comportements et les valeurs que nous sommes supposées incarner et transmettre à notre progéniture
Qui a droit à une immunité médiatique ? L’information est-elle exclusivement masculine ? Comment les représentations des femmes dans les médias contribuent-elles à accroître les inégalités entre les sexes et à imprimer dans les imaginaires féminins et masculins, une image dévalorisante des femmes.
La libéralisation du secteur audiovisuel et la recherche de buzz de la presse en règle générale, accentuent les divisions entre hommes et femmes. Les médias se font de plus en plus le relais de discours violents et misogynes sur nos corps, nos attitudes, nos comportements et les valeurs que nous sommes supposées incarner et transmettre à notre progéniture. Cela se traduit par une essentialisation de la femme sénégalaise respectueuse d’un certain conformisme à l’image de femmes vertueuses dont la qualité est avant tout d’être mère, fille, sœur de personnages illustres de notre histoire. L’on subit l’instrumentalisation exaltée de leur abnégation, de leur soumission, de leur patience, de leur générosité, de leur dévouement qui n’aurait d’autre fonction que de rappeler les « déviantes » à l’ordre et légitimer la domination masculine, en perpétuant une identité féminine figée dans laquelle nous ne nous reconnaissons guère.
La plupart des médias, faits par et pour les hommes, offrent une représentation biaisée des femmes et passent sous silence les oppressions qu’elles subissent. On pense notamment à tous ces articles et émissions télévisées qui, lorsqu’ils décident d’aborder la question des violences faites aux femmes, reproduisent une analyse stéréotypée des situations, sans tenir compte de l’asymétrie du pouvoir entre hommes et femmes et en affichant clairement un parti pris qui perpétue le privilège masculin. Il faut également dénoncer toutes les émissions religieuses qui produisent, à foison, des discours réactionnaires sur les femmes ; celles dans lesquelles des animatrices interrogent des hommes et quelquefois d’autres femmes supposé-e-s savoir ce que les textes religieux prescrivent aux femmes, en matière de soumission à l’ordre moral masculin. Cet angle de traitement de l’information protège les hommes, avec en arrière-plan, l’idée de comprendre leur vécu, sans jamais porter attention aux conséquences de la violence sur les femmes qui la vivent. Il leur est accordé d’office une sorte d’immunité médiatique permettant de les blanchir de tout péché. Rappelons-nous il y a sept ans, une affaire de viol avait défrayé la chronique. Un célèbre journaliste avait été confronté à une jeune femme qui l’avait accusé de viol. Cette affaire renforce ce dont nous parlons aujourd’hui. La quasi-totalité des journaux, radios et sites web avaient participé à blâmer la victime par une sorte de chasse aux sorcières mettant l’emphase sur la victime, en lui reprochant ses comportements jugés non conventionnels. Quant au coupable, après qu’il ait purgé une partie de sa peine de prison, il s’est refait une virginité médiatique. En effet, les médias à sensation mettent souvent davantage la focale sur la victime, en n’hésitant pas à détailler la vie et/ou les agressions subies, le tout accompagné de propos disqualifiants, voire diffamants. A cela s'ajoute une omission des mêmes détails sur les auteurs, leur offrant presque une anonymisation ou transformant certains auteurs de violences en victimes de l’hystérie féminine subséquente. Pour les victimes, le traitement par le buzz, la peopolisation ou la légèreté des termes employés pour parler de ces crimes et situations extrêmement graves par lesquelles elles sont passées ainsi que le sexisme systémique rajouté au sordide, constituent un traumatisme cumulatif. Traumatisme en chaîne, dans un contexte social qui, encore aujourd'hui, impute, aux victimes femmes, la faute de ce qu’elles ont subi. Tout ceci restreint les possibilités pour ces femmes de se relever de telles atrocités. Ce traitement médiatique est aussi désastreux et entravant pour les professionnels de santé, qui faute de pouvoir compter sur un système de prévention et des relais psychosociaux structurés et efficaces, se retrouvent à jouer les pompiers de situations fortement compromises du fait de ces traumatismes cumulatifs auxquels participent bien largement les organes de presse.
Sept ans après cette première affaire, où en est-on ? Le constat est amer. Entre un professeur de philosophie qui fait l’apologie du viol pendant une émission dédiée à la journée internationale des droits des femmes et une femme traitée de folle, car elle a osé parler d’une grossesse contractée hors des liens du mariage, l’on voit que la situation est toujours la même.
Les mobilisations autour des hashtags #Nopiwuma #Doyna #TontonSaïSaï #BalanceTonSaïSaï et plus récemment les sorties sur les réseaux sociaux de Ndella Madior Diouf étaient une belle occasion pour les médias de soutenir les droits des femmes en amplifiant, par une enquête sérieuse, sa voix et celles de centaines d’autres qui vivent une situation similaire ou auraient subi des agressions sexuelles et qui l’ont appelée pour partager leur vécu.
Force est de constater que, depuis l’éclatement de cette affaire, l’angle de traitement des médias demeure sensiblement le même. Les gros titres des journaux dépeignent ces “mauvaises” femmes comme des êtres aux mœurs légères, sans scrupules, de sorte que toute la faute est rejetée sur elles, encore une fois. Le refus de paternité, thème majoritairement traité, donc de responsabilité de l’homme de ses actes, l’est en jetant l’opprobre sur les femmes, et pis même, en faisant intervenir des experts masculins pour la plupart qui viendront expliquer soit d’un point de vue juridique ou religieux une situation qui concerne aussi bien les hommes que les femmes.
Cette démarche n’est nullement cohérente avec le devoir d’informer dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. Un travail journalistique sérieux et engagé doit « centrer » les voix des premières concernées. La presse contribue à la socialisation des garçons et des filles, tout en fabriquant et reproduisant des modèles et rôles sociaux. Il serait donc important d’avoir des perspectives journalistiques qui contribuent à démarginaliser les groupes exclus et réduire les inégalités entre les femmes et les hommes à travers des représentations anti-oppressives.
Pour sensibiliser, il faudrait que les médias utilisent des mots plus justes dans la façon de représenter les femmes et qu’ils évitent de minimiser la souffrance des premières concernées par le silence, le sensationnalisme ou encore la banalisation de l’expérience. Un féminicide n’est pas un “drame conjugal”.
Nous proposons que les groupes de presse fassent un travail de fond sur la suppression des stéréotypes, qu’on se questionne sur les choix des invité.e.s, que l’on déconstruise le climat sexiste qui autorise l’expression de propos discriminants sur les plateaux. Une telle démarche ne saurait se faire sans une formation approfondie sur les représentations sexuées des rôles et statuts sociaux et une réflexion sur les préjugés des médias en lien notamment avec la classe, l’origine, les opinions, les choix politiques, l’appartenance religieuse et de réelles stratégies de prise en compte des voix de toutes.
Signataires :
Pr Mame-Penda Ba, UFR Sciences Juridiques et Politiques, Université Gaston Berger Directrice du LASPAD (Laboratoire d'Analyse des Sociétés et Pouvoirs/Afrique-Diaspora)
Dr Selly Ba, Sociologue
Dr Oumoul Khaïry Coulibaly, sociologue et spécialiste genre
Dr Halima Diallo, psychologue sociale et chargée de cours
Dr. Rama Salla Dieng, Lecturer in African Studies and International Development, University of Edinburgh
Ndèye Yacine Faye, Réseau des jeunes femmes leaders d'Afrique de l'Ouest et chargée de communication de Dafa Doy
Mariama Faye, spécialiste en Sciences Sociales, militante des droits des femmes et membre d'Organisations de la Société Civile
Diakhoumba Gassama, juriste, membre des Forum Féministe Sénégalais et Africain et du conseil d'administration de l'Association pour les Droits des Femmes dans le Développement (AWID)
Marame Guèye, Ph.D., Associate Professor of African and African Diaspora Literatures and Gender, Department of English, East Carolina University
Marina Kabou, juriste, doctorante, membre de l’AJS, Coordinatrice du collectif DafaDoy
Ndèye Fatou Kane, études sur le genre, EHESS Paris
Laïty Fary Ndiaye, sociologue, organisatrice communautaire, chercheure associée à l'Institut Simone de Beauvoir (Concordia University) et membre fondatrice du collectif Jàma
Daba Ndione, sociologue
Fatou Warkha Sambe, militante pour le respect des droits de femmes et fondatrice de WarkhaTv
Dr Fatou Sow, sociologue, ancienne chercheuse CNRS/UCAD
Khaïra Thiam, psychologue clinicienne, spécialisée en pathologies psychiatriques et criminologie clinique
Maïmouna Eliane Thior, doctorante en sociologie
par Siré Sy
AND JËFF, LA BELLE RÉUSSITE MAIS AUSSI QUEL GÂCHIS ! (3/10)
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment And Jëff en est arrivé là où il est, divisé, quasi absent dans la formulation des alternatives dans le champs politique sénégalais depuis 2000 ? Ce mouvement révolutionnaire n'a presque plus de relève
Le 21 septembre dernier, à la Maison de la Culture Douta Seck, l’ex Xarébi/And Jëff - Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle (MRDN) - la gauche communiste sénégalaise d'obédience maoïste - mouvement qui est devenu maintenant And Jëff Parti Africain pour la Démocratie et le Socialiste (And Jëff/PADS), a organisé une journée de souvenirs, dédiée à ses membres disparus. Prétexte pour le feuilleton managérial ‘’La gauche sénégalaise, une histoire explicative’’, par un jet d'articles, de revenir sur le ‘’And Jëff'', du MRDN jusqu'au PADS, qui fut à l'époque et pour la gauche révolutionnaire sénégalaise, le potentiel, la promesse mais aussi un problème et une grande désillusion aux temps présents.
Avec le recul, quelle belle réussite et quel impact positif du mouvement révolutionnaire sénégalais qui est And Jëff mais aussi quel gâchis, And Jëff ! En jetant un coup d’œil sur le rétroviseur, deux interrogations nous viennent à l'esprit, dans ce gâchis : (1) Comment And Jëff en est arrivé là où il est, divisé, quasi absent dans la formulation des alternatives dans le champs politique sénégalais depuis 2000 et surtout (2) comment ce mouvement révolutionnaire puis ce grand parti de gauche dont l’ADN était la détection, la formation, l'encadrement et le placement des porteurs d’enjeux et des porteurs de voix, n'a presque plus de relève et risque de mourir de sa belle mort ? Mais tout d’abord, And Jëff, la belle réussite !
And Jëff, la belle réussite !
Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, And Jeff, a réussi sa mission initiale et historique mais a échoué dans sa mission seconde et principale (nous y reviendrons). Dans les cercles d'études marxistes, à l’époque, on enseignait que ce n’est pas au parti (en soi) de prendre le pouvoir, mais au peuple. Tout au plus, le parti stimule et féconde l’action populaire. Ce peuple (révolutionnairement s'entend et dans une perspective marxiste-léniniste), est aussi une manifestation dont les identités les plus visibles actuellement au Sénégal, sont issues de And Jëf'f'. Dans presque tous les domaines des forces vives de la nation. Pour preuve, que le camarade Macky Sall arrive au sommet du pouvoir en devenant le président de la République, chef de l'Etat du Sénégal, est une victoire en soi du mouvement révolutionnaire sénégalais et d’And Jëff. Dans la galaxie du pouvoir politique d'Etat, au plus haut niveau, gravitent des (ex) ‘’révolutionnaires’’. Ou encore ce qu'il en reste…..Que le parti And Jêff ne prenne pas le pouvoir est l’exception. Que les révolutionnaires incarnent le pouvoir est la règle qui confirme l’exception. And Jëff se donne à voir comme une affaire d'honnêtes citoyens d'un certain âge alors que dans la réalité des choses, And Jeff (sa jeunesse d’alors, ses idéaux, son combat) n'a jamais été aussi présent dans les espaces politiques, civils et médiatiques. C'est cet ''esprit And Jëff’’ et cette ‘’conscience historique et politique And Jëff’’, qui gouvernent le Sénégal depuis le palais présidentiel, qui s'opposent/s'apposent au régime en place dans l’opposition/l’apposition, qui ont investi la société civile et le monde de l’activisme et de la citoyenneté participative, tiennent de main de maître le mouvement paysan sénégalais et le mouvement syndical sénégalais. La contradiction est le moteur de l'histoire. ‘’L’esprit And Jeff’’ et la ‘’conscience historique et politique And Jëff, traversent le Sénégal, juste dans sa moelle épinière et dans ses tripes, mais la structure, le parti And Jeff/PADS, semble être dépassé par les événements en cours. Et c’est dans l’ADN des mouvements révolutionnaires dont la vocation historique n'est pas de prendre le pouvoir pour l'exercer et en jouir, mais d’influer et de peser considérablement sur la trajectoire du pouvoir, pour la prise en charge de ses revendications. ‘’L’esprit And Jëff et la ‘’conscience historique et politique And Jëf'f', ont tellement essaimé dans la société sénégalaise que le Sénégal n'est pas en crise mais en mutation, sous la combinaison de trois chocs : (1) un choc des économies, un choc démographique et un choc des cultures.
‘’And Jêff’’, quel gâchis !
Jamais dans l’histoire politique de la gauche sénégalaise, parti n’avait été aussi attrayant, aussi appétissant, aussi vivant, aussi prometteur et aussi sexy pour un esprit révolutionnaire, que le And Jêff, en termes de solutions alternatives, d’idées progressistes et d’humanisme réfléchie et assumée. Au siècle dernier, au temps des batailles idéologiques, quand la publication des socialistes, ‘’Club et Nation’’ (1969), avec une vocation politique très marquée, donnait le rythme en termes de réflexion et d’actions, la revue ‘’Famille et Développement’’ (1974), affiliée à And Jêff, pilotée par Marie Angélique Savané, marquait la cadence d’une réflexion libre, mais rigoureusement, sur les grands enjeux, comme ceux de la souveraineté nationale, des processus de développement, de la capacité des personnes à agir sur leur environnement et leur vie. Le défunt Babacar Sané, tenait la dragée haute face à Bara Diouf, Jacques Diouf et autres dans les colonnes du quotidien national Le Soleil. Sans compter le journal Xarébi et les actions de terrain du mouvement des femmes de And Jeff, ''Yéwu Yéwi''.
S’il y a un domaine où And Jêff a particulièrement échoué, c’est dans celui de la transmission, dans ce qui fut pourtant son point fort, sa marque caractéristique et son avantage distinctif : la détection, la formation, l’encadrement et le placement. Aujourd’hui, les centres ACAPES (Association Culturelle d'Auto Promotion Educative et Sociale) - foyers ardents - ne sont plus ce qu’ils étaient. La logique de rentabilité (d’équilibre) financière, a pris le dessus sur la logique militante et du don de soi. Parce qu'aussi le monde a changé, n’est-ce pas Mame Thierno Diagne ? Dans les collèges, dans les lycées tout comme à l’université, le plus important n’est plus ‘’la détection, la sélection et le pistage de futurs leaders dans le combat idéologique et révolutionnaire, mais plus dans la bataille et la défense des intérêts matériels et moraux des enseignants. Car, à l’époque, And Jêff faisait le tri de ses (futurs) militants.
La désillusion du mouvement révolutionnaire sénégalais, c’est qu’il n’a plus un agenda idéologique (réflexion et transformation sociétale) mais garde un calendrier politique (élections et postes). L’arrivée au pouvoir du président Macky est une victoire du mouvement révolutionnaire mais And Jeff n’est pas encore en mesure de la conceptualiser aussi à son profit, à développer un argumentaire politique - un marketing politique - pour prendre sa part de victoire du mouvement révolutionnaire dans le jeu actuel des acteurs, au plan politique. C’est cela, les limites de tout mouvement révolutionnaire qui, dans son ADN, a une durée de vie précise : de sa naissance jusqu’au renversement du pouvoir en place. Une fois l’objectif atteint, la mission accomplie et la victoire consommée, tout mouvement révolutionnaire se doit de se réinventer, de se fixer un nouvel horizon, d’enclencher de nouvelles dynamiques, explorer de nouvelles stratégies, développer de nouveaux outils, innover par de nouvelles approches. Sans quoi, le mouvement révolutionnaire implose de l’intérieur et c’est ce qui est arrivé aux différents partis de la gauche radicale sénégalaise, une fois le PS puis le PDS chassés du pouvoir.
Sans quoi, on est dans le compromis et le grand Lénine professait que ‘’de compromis à compromis, on s’éloigne de l’idéologie’’. De compromis en compromis, on bascule sans s’en rendre compte dans la compromission. Et avec le président Wade (2000-2012), le moins que l’on puisse dire, c’est que And Jëff était passé du compromis à la compromission, avant de se rebiffer. L’une des erreurs stratégiques et politiques d’And Jeff, aura été aussi d’aller très loin avec le régime libéral, dans un jeu mortel de la séduction et du flirt politique. ‘’Gagner ensemble’’, oui. Mais ‘’gouverner ensemble’’, pas vraiment, si on veut rester en cohérence avec ‘’l’esprit révolutionnaire’’. Un révolutionnaire ne déménage pas pour habiter dans un palais, mais se doit de rester avec les masses et toujours près du peuple. Après avoir rendu possible la première alternance, en compagnie des ‘’soviétiques’’ de la LDMPT et du PIT, les ‘’chinois’’ d’And Jêff ont goûté au fruit défendu, pour un révolutionnaire. Cela fait forcément désordre.
Dans le prochain numéro de cette feuilleton, nous reviendrons sur ''And/Jeff : le potentiel, la promesse et mais aussi le problème, de la gauche radicale sénégalaise, du mouvement révolutionnaire sénégalais''.
LES CANDIDATURES DE SORO ET GBAGBO RELÈVENT DE LA PROVOCATION
"Soro, comme Gbagbo, a été écarté car son casier judiciaire n'est pas vierge. La place de Guillaume Soro n'est pas dans la campagne électorale, mais en prison", a affirmé le président Ouattara dans un entretien à l'hebdomadaire français Paris Match
Le chef d'état ivoirien Alassane Ouattara a estimé que les candidatures de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro à la présidentielle d'octobre prochain étaient des "provocations".
"Soro, comme Gbagbo, a été écarté car son casier judiciaire n'est pas vierge. Tous deux le savaient parfaitement: leurs candidatures relèvent de la provocation (...) La place de Guillaume Soro n'est pas dans la campagne électorale, mais en prison", a affirmé le président Ouattara dans un entretien publié jeudi par l'hebdomadaire français Paris Match.
"Ce jeune homme (Soro, 47 ans), enivré par l'argent et le pouvoir, a simplement perdu la tête", a-t-il même lancé.
Le Conseil constitutionnel a rejeté le 14 septembre les candidatures de MM. Soro et Gbagbo à la présidentielle (ainsi que 38 autres des 44 candidatures) parce que les deux hommes avaient été condamnés à des peines de prison par la justice ivoirienne. M. Soro, qui est en France, a été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics et fait l'objet d'une procédure pour tentative d'insurrection.
L'ancien président Gbagbo, acquitté en première instance par la Cour pénale internationale (CPI) et dans l'attente d'un éventuel procès en appel, a lui été condamné à 20 ans de prison dans l'affaire dite du "braquage de la BCEAO", la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, lors de la crise de 2010-2011. Au grand dam des opposants qui estiment que sa candidature est une "forfaiture", le Conseil constitutionnel a validé celle de M. Ouattara. La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais le Conseil constitutionnel a estimé que l'entrée en vigueur d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro pour le chef de l'Etat. Le président Ouattara, élu en 2010 et réélu en 2015, a qualifié de "bêtises" les accusations de l'opposition et assuré que sa volte-face après avoir annoncé son retrait de la vie politique était uniquement dû au décès de son dauphin désigné le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La crainte de violences meurtrières est forte dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dix ans après la crise post-électorale née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts, après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.
Des violences, dans le sillage de l'annonce de la candidature du président Ouattara, ont fait une quinzaine de morts en août dans le pays.
LE SYNPICS INVITE BOUGANE GUEYE À CESSER D'EXPLOITER SES EMPLOYÉS
Ces journalistes des régions accusent le directeur général du groupe D-media, de ‘’décider unilatéralement, sans accord préalablement consenti par les travailleurs, d’appliquer illégalement et de manière rétroactive un changement de contrat’’
Les correspondants du groupe D-media ont saisi le Synpics, pour dénoncer l’attitude de leur employeur. Ces journalistes basés dans les régions accusent le directeur général du groupe D-media, Bougane Guèye Dany, de ‘’décider unilatéralement, sans accord préalablement consenti par les travailleurs, d’appliquer illégalement et de manière rétroactive un changement de contrat’’.
En effet, les travailleurs qui avaient des contrats de prestation adossés à un salaire ou cachet mensuel, ont reçu, en début septembre, des appels téléphoniques les informant que, désormais, ils seront régis par un système de rémunération basé sur des piges. Et avant que ce ‘’changement de contrat’’ proposé ne fasse l’objet de discussion entre les employés et leur employeur, la direction de D-Media a décidé, selon les travailleurs, de l’appliquer unilatéralement.
Résultat : en lieu et place de leur salaire du mois d’août, les correspondants ont reçu, indiquent-ils, via Orange Money, des sommes allant de 12 095 à 32 000 F CFA. Ils ont, à cet effet, décidé de saisir le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) pour se plaindre.
Face à cette situation, le Bureau exécutif national du Synpics n’a pas tardé de réagir. En effet, les camarades de Bamba Kassé ont appelé, hier, à travers un communiqué, ‘’le groupe D-media à mettre un terme immédiat à ce qui s’assimile à de l’esclavage vis-à-vis de dignes travailleurs qui, très souvent, dans les régions notamment, se démultiplient pour réaliser la mission confiée’’. ‘’Sous-payés et exploités, les correspondants de presse dans les régions doivent aussi refuser cette forme de diktat que le statut de correspondant d’un média ne saurait justifier’’, dénonce-t-il dans un communiqué.
Le Synpics a aussi tenu à signifier au fondateur et PDG du groupe D-media, Bougane Guèye, ancien reporter et surtout ancien leader syndical, ‘’sa plus grande désolation de constater que son groupe fait partie de ceux qui, dans ce pays, respectent le moins les droits des travailleurs’’. ‘’Plusieurs récriminations portant sur des violations nous sont régulièrement faites. Il en est du refus systématique de délivrer la copie des contrats de travail aux bénéficiaires et du refus de voir les travailleurs rejoindre le Synpics. Les rares tentatives de mettre en place une section Synpics dynamique ont abouti curieusement à des actes de licenciement ou d’intimidation qui se sont terminés au tribunal’’, lit-on dans le communiqué du Bureau exécutif national du Synpics.
Le syndicat des professionnels de l’information dit regretter le système de management de Bougane Guèye qui consiste, souligne-t-il, à éroder par des recours intempestifs les travailleurs qui osent aller au tribunal pour faire respecter leurs droits. ‘’Nous avons encore en mémoire votre décision de licencier abusivement les jeunes confrères Pouye et Sy, deux victimes de votre système. Malgré le verdict favorable qui a condamné votre groupe, vous avez trainé plus d’un an avant de vous acquitter des sommes issues de l’exécution provisoire ordonnée par le tribunal du travail. Toutes choses qui ne grandissent pas un patron de presse doublé d’un ancien journaliste-syndicaliste’’, s’indigne-t-on dans le communiqué.
On a essayé d’avoir la version de la direction de D-media, en vain. La promesse de nous revenir n’a pas été tenue.
VIDEO
DAOUDA PLEURE SES FILS PERDUS EN MER
Depuis 2014, 20 000 personnes ont disparu en tentant de rejoindre l’Europe depuis les côtes ouest-africaines. Parmi eux, Ambaye et Ibrahima. Leur père raconte
Le Monde Afrique |
Célia Cuordifede |
Publication 25/09/2020
En 2006, Daouda Diop a déboursé 800 000 francs CFA, soit 1 200 euros, pour faire partir ses fils Ambaye et Ibrahima vers l’eldorado européen. Quelques jours après leur départ de la maison familiale, il reçoit un coup de téléphone. Ses fils lui demandent de prier pour eux avant d’embarquer sur une pirogue. Depuis, il n’a plus eu de nouvelles. Pas un signe de vie, ni de mort.
MACKY SALL ACCUSÉ D'AUTISME POLITIQUE
Le gouffre financier que représente la politique ponctuelle des plans Orsec montre que sans la bonne gouvernance, aucun programme ne peut sortir le pays de sa situation. Il urge d’auditer le PDLI - DÉCLARATION DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD), datée du 24 septembre 2020, sur la situation sociopolitique nationale.
« A la faveur d’une pluviométrie très abondante (ce qui devrait être perçu comme une bénédiction) notre pays a malheureusement renoué avec le spectacle désolant des inondations. S’il est vrai que des pluies torrentielles se sont abattues en un temps record sur le pays, force est de reconnaître que la persistance de la stagnation de l’eau révèle un grave problème d’assainissement dans tout le pays. Cette situation est d’autant plus scandaleuse que le régime de Macky Sall, avec sa rhétorique habituelle des chiffres, avait fini de convaincre les plus sceptiques que la question des inondations était définitivement résolue.
Le CRD, tout en exprimant sa compassion aux sinistrés, exige du gouvernement que la lumière soit faite sur la gestion informelle, populiste et ténébreuse du programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI 2012-2022). L’argument de la quantité exceptionnelle des précipitations le temps d’un week-end ne saurait prospérer dans la mesure où la stagnation persistante des eaux de pluie révèle plutôt l’inexistence d’un système efficace d’évacuation.
Le CRD demande aux Sénégalais de continuer à faire preuve de solidarité à l’endroit des sinistrés et de consentir un accord patriotique sur les mesures nécessaires à mettre en œuvre pour venir à bout de ce fléau. Car, au-delà de l’apparence avilissante que ces images d’un pays submergé par les eaux de pluie renvoient au monde, ces inondations posent un problème de perte de richesse, de santé et, plus généralement, de sécurité. Si ces inondations démontrent de façon définitive l’impuissance de Macky Sall à faire face aux défis qui interpellent notre pays, elles nous incitent aussi à une introspection nationale.
Fidèle à son serment de proximité avec les couches défavorisées de la société, le CRD exige du gouvernement une transparence totale dans la gestion de l’aide d’urgence aux sinistrés. Le gouffre financier que représente la politique ponctuelle des plans ORSEC montre que sans la bonne gouvernance aucun programme ne peut sortir le pays de sa situation.
Le CRD rappelle à ce propos que les inondations sont le résultat de plusieurs années d’anarchie dans la gestion du foncier, de laxisme dans les politiques d’urbanisation et de clientélisme politique dans l’aménagement du territoire. La mal gouvernance étant l’explication ultime de la persistance de ce fléau, le CRD estime qu’il urge d’auditer sérieusement le PDLI, d’identifier les raisons profondes de l’abandon da sa mise en œuvre et de prendre les mesures qui s’imposent.
Le CRD rappelle que des études scientifiques existent depuis fort longtemps et qu’il ne manque que le courage et la volonté politiques pour les mettre en œuvre. Toute autre posture ne sera, pour l’État du Sénégal, que fuite en avant, diversion et tergiversation impardonnable au regard de l’extrême gravité de la situation.
Le CRD regrette qu’au moment où les populations sinistrées attendent des mesures d’urgence et que la modestie s’impose au gouvernement, le président de la République s’illustre par des actes de folklore et des sagas festives en violation flagrante des mesures barrière contre la propagation de la covid-19, le tout agrémenté d’annonces de projets de plusieurs centaines de milliards. Cette attitude d’autisme politique montre que la seule chose qui intéresse le président Macky Sall est le pouvoir qu’il a fini d’ailleurs de transformer en objet de jouissance personnelle.
Le CRD dénonce, par la même occasion, les velléités d’imposer aux Sénégalais un débat nul, anachronique et dangereux sur une impossible troisième candidature de Macky Sall. Pour le CRD, cette question ne se pose pas. La Constitution, avant et après la révision de 2016 a fixé le maximum de mandats consécutifs à deux. La sacralité de la parole du président en tant qu’institution aurait d’ailleurs dû dissuader les membres de la mouvance présidentielle à imaginer une probable candidature de Macky Sall en 2024.
En cette veille de commémoration de la tragédie du bateau le Joola et pour le respect du martyre des victimes et de leur famille, le CRD rappelle aux Sénégalais la nécessité d’une introspection pour une culture du civisme et de la responsabilité individuelle. Nous ne pouvons bâtir le Sénégal que si nous commençons à avoir des comportements exemplaires dans toutes les sphères de la vie sociale. Le CRD s'incline devant la mémoire des victimes et exprime sa solidarité et sa compassion aux familles affectées par cette tragédie.
Concernant la situation dans la sous-région, le CRD se félicite des actes posés par la junte au Mali et allant dans le sens d’une normalisation des institutions et d’un retour progressif à la légalité constitutionnelle. Sous ce rapport, le CRD appelle les instances de la CEDEAO à lever toute forme d’embargo contre le Mali pour faciliter le retour à la vie normale de ces compatriotes africains. »
AUPRÈS DES PASSAGERS DU DIAMBOGNE
C’est dans la joie que le premier bateau du Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama) a pu quitter le port de Dakar mardi soir à 20 heures à destination de la Casamance, rétablissant ainsi la ligne maritime qui avait été stoppée en mars
Devant l’entrée de la gare maritime de Dakar, des groupes de gens sont assis à plus d’un mètre les uns des autres ; mesures sanitaires obligent. Ils patientent. L’atmosphère est calme et détendue. On entend des rires par-ci et par-là. Des enfants jouent. Certaines personnes tuent le temps en lisant, d’autres somnolent, discutent ou pianotent sur leur téléphone portable. Soudain une légère brise iodée salvatrice vient rafraîchir les badauds rappelant que la mer n’est qu’à quelques mètres. Car, devant la gare entourée de bâtiments industriels, avec le tumulte de la ville dans le fond et les hauts buildings de la capitale se dessinant au loin, on oublierait presque la proximité de la mer. Comme répondant à l’appel du large, les passagers sont venus en nombre en ce jour de reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor. « Nous avons accueilli la reprise de la liaison avec une grande joie », dit Lica, mère de famille se rendant avec ses trois enfants en vacances en Casamance. « C’est une fierté de pouvoir se rendre en Casamance et de voir que la compagnie est dirigée par des gens compétents », déclare la jeune mère, en se félicitant des mesures de protection sanitaire prises par le Consortium sénégalais d’activités maritimes (Cosama). En effet, toutes les mesures sanitaires, que l’on peut qualifier maintenant de traditionnelles, ont été mises en place.
Impact de la Covid-19 sur les activités de la Cosama
Avant même d’entrer dans la gare, on remarque les innombrable lave-mains, marquage au sol et panneaux de rappel des gestes barrières, symboles de la société « d’après » Covid-19. « Nous avons identifié les sites au sein de la gare qui concentrent beaucoup de personnes avant d’embarquer. […] Dans ces différents sites, nous avons mis en place tout le dispositif sanitaire nécessaire. En collaboration avec le port, il est même à l’étude l’éventuelle installation d’un tunnel de désinfection », confie Abdou Salam Kane, Directeur d’exploitation du Cosama. « À bord, les mêmes mesures qu’à terre sont appliquées. […] À l’intérieur du cargo, il y a assez d’espace pour se mettre à l’aise et garder les distances de sécurité. En plus, le port du masque est obligatoire. Avec un médecin de bord et une infirmerie, nous gardons une cabine d’isolement en cas de suspicion ou un cas avéré », rassure-t-il. La pandémie a durement touché le secteur. Une partie du personnelle a dû être mis en chômage technique. L’autre, s’occupant de l’activité de fret, a été maintenue, commente M. Kane. « Aucun agent n’a été licencié et, durant la plus grande partie de la période de réduction des activités, la totalité des salaires a été payée au personnel », précise-t-il. À l’intérieur de la gare, l’ambiance est calme. Tout le monde vaque à ses occupations dans la plus grande sérénité. « Vous verrez plus tard, fait remarquer un employé. Ça sera beaucoup plus agité.» Le personnel, bien que courtois et accueillant, se montre ferme sur le respect des mesures de protection. Ici pas de place à l’oisiveté.
Derniers préparatifs avant le grand départ
Devant le bâtiment principal, le Diambogne mouille fièrement. Le navire, long de 76 mètres, peut accueillir jusqu’à 490 passagers. Premier bateau remis en fonction, il permettra de tester l’efficacité des mesures et éventuellement, dans un second temps, réhabiliter l’ensemble de la flotte. À l’intérieur du bateau, la chaleur se fait moins forte. La calle est déjà bien remplie. On y trouve notamment un camion-grue, des véhicules de tourisme ou des cargaisons de produits de toutes sortes. Le tout mêlé à une odeur mécanique due aux vapeurs remontant de la salle des machines située à l’étage inférieur. Les cabines qui attendent les passagers se veulent simple, mais intimistes et cosy. Pendant ce temps, le Commandant du navire, M. Sarr, au poste de commandement, briefe son équipage. Tout sourire, il ne cache pas sa joie de reprendre du service. « L’arrêt n’as pas été facile pour les passagers et pour l’équipage ; donc c’est un plaisir de reprendre.» De retour à terre, le hall de la zone fret s’ouvre face aux quais présentant les innombrables marchandises en attente d’embarquer. Produits agricoles, café, chips, meubles, électroménager, colis de tout genre. « C’est une véritable caserne d’Ali baba », fait remarquer un passager venu déposer ses bagages avant de faire son check-in. Dans le bâtiment principal, l’ambiance est au beau fixe. Toutefois, l’agitation grandissante rappelle que l’heure du départ approche. Devant le poste de sécurité, Yvonne patiente, l’air inquiet. « C’est la première fois que je prends le bateau », confie-t-elle. « Je suis un peu stressée. J’ai peur d’avoir le mal de mer », avoue la mère de famille se rendant en Casamance pour les vacances. Interrogé devant le hall de fret, le propriétaire du camion-grue déjà embarqué fait part de son sentiment de grand bonheur quant au rétablissement de la ligne, car la route est une véritable souffrance pour lui et son camion. « La sécurité ferme les portes d’entrée à la gare maritime à 19 heures, explique M. Kane. Puis le personnel embarque les passagers, termine les derniers préparatifs et, à 20 heures, le bateau pourra partir pour plus de 10 heures sans escale jusqu’à sa destination.»
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INDÉPENDANCE, QUEL BILAN 60 ANS APRÈS ?
Retour sur les ambitions, les accomplissements et les enjeux dU Sénégal. Le journaliste Alain Foka a réuni à Dakar : Khady Ndiaye Touré de Kosmos Energy, Amy Sarr Fall d'Intelligences Magazine, l'architectePierre Goudiaby Atepa et le musicien Didier Awadi
Cette année, le Sénégal célèbre le 60e anniversaire de son indépendance. Une occasion pour France 24 et RFI de revenir sur les ambitions, les accomplissements et les enjeux de ce pays. Le journaliste Alain Foka a réuni à Dakar quatre invités emblématiques pour tirer le bilan de ces six décennies.
Nos invités :
Khady Ndiaye Touré, vice-présidente et directrice régionale de Kosmos Energy (Sénégal, Côte d'Ivoire)
Amy Sarr Fall, directrice générale du mensuel Intelligences Magazine et présidente fondatrice du club Intelligences citoyennes
Pierre Goudiaby Atepa, ingénieur architecte
Didier Awadi, musicien
Par Doudou Wade
A MONSIEUR LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE
Depuis quand le bureau de l’Assemblée nationale s’est transformé en un démembrement ou à une officine du cabinet du président de la République ?
Monsieur le président de l’Assemblée nationale, le 15 septembre 2020, vous avez présidé une réunion du bureau sanctionnée par « une déclaration de l’Assemblée nationale » sur le dossier des inondations géré par le gouvernement du Sénégal dans le cadre du Plan Décennal de Lutte contre les Inondations (PDLI).
Monsieur le président, suite à cette réunion, j’exprime mon étonnement et mes inquiétudes du fait de votre comportement. Je vous informe que je ne suis pas le seul au regard des échanges que j’ai eus avec bon nombre de sénégalais avertis et qui suivent le travail de l’Assemblée nationale avec un grand intérêt.
Monsieur le président, vous faites peur à bon nombre de vos concitoyens. Comment pouvez-vous oser, à la réunion du bureau du 15 courant, signer une déclaration dite « de l’Assemblée nationale » ? Au regard de votre cursus universitaire et professionnel, au regard de l’expérience politique et gouvernementale que vous charriez, vous n’avez pas droit à un tel manquement.
Monsieur le président, l’Assemblée nationale n’a pas été saisie de ce dossier. Je vous rappelle qu’elle est hors session depuis le 30 juin 2020. Les pouvoirs du bureau et de son président sont clairement définis par les articles 17 et 18 du Règlement intérieur. Vous n’avez donc aucun pouvoir d’agir de la sorte car le bureau de l’Assemblée n’est pas l’Assemblée nationale et ne s’aurait l’être.
Monsieur le président , vous avez pris deux décisions majeures durant cette réunion. La première est le refus d’user de vos prérogatives (article 5 du RIA) pour convoquer une session extraordinaire et entendre les ministres impliqués dans la gestion du Programme Décennal de Lutte contre les Inondations et sur les conséquences des pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’ensemble du pays comme l’a demandé le Président du Groupe parlementaire liberté et démocratie. La deuxième est la mise en place d’une mission d’information composée de divers députés tenant compte de la configuration politique de l’Assemblée. Si pour la première décision je ne peux rien vous reprocher parce que c’est votre droit le plus absolu. Par contre, pour la deuxième, je vous signale que vous n’en n’avez pas le droit. Cette deuxième décision est un abus, du « ma tey ». Vous avez outrepassé vos prérogatives. Je suis au regret de vous le dire.
En effet, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale dans son chapitre XI Intitulé : « MISSIONS D’INFORMATION OU D’ETUDE DES COMMISSIONS PERMANENTES » ne donne aucune prérogative au bureau dans la constitution et l’orientation des missions d’information prévues par l’article 49 auquel vous avez fait référence. Sans équivoque et sans risque de me tromper, j’affirme que les missions d’information et d’étude dont il s’agit ici, sont celles des commissions permanentes et non “celles“ du bureau de l’Assemblée nationale.
Monsieur le président, dans votre déclaration, vous faites référence à l’esprit et à la lettre du premier alinéa de l’article 49 du règlement intérieur qui est ainsi libellé: « Sans préjudice des dispositions les concernant contenues au Titre Premier, les commissions assurent l’information de l’assemblée pour lui permettre d’exercer son contrôle sur la politique du gouvernement ».
Par omission volontaire ou par ignorance mais de manière suspecte, monsieur le Président, vous faites table rase du deuxième alinéa de l’article 49 qui stipule : « A cette fin, elles (les commissions) peuvent confier à un ou plusieurs de leurs membres des missions d’information ou d’étude. Ce deuxième alinéa constitue une preuve formelle que seules les commissions permanentes peuvent envoyer des missions d’information ou d’étude.
Monsieur le président, vous avez décidé illégalement de votre mission, de son rapport et de son destinataire à savoir le chef de l’Etat. Qu’a cela ne tienne. « Bien entendu, les députés en auront déjà pris connaissance » sans doute pour jouer les seconds rôles. Ceci m’amène à me poser la question de savoir depuis quand le bureau de l’Assemblée nationale s’est transformé en un démembrement ou à une officine du cabinet du président de la République ?
Monsieur le président, à travers la lettre du 14 septembre 2017 que je vous ai adressée à la suite de votre élection comme président de l’Assemblée nationale, je formulais un souhait et exprimais un espoir de voir la 13eme législature nous faire oublier les affres de la douzième. J’ai toujours agi dans cette direction pour apporter ma contribution à rehausser la dignité de l’Assemblée nationale en accompagnant et particulièrement par des prières.
Monsieur le président l’Assemblée nationale, aujourd’hui, je suis au regret de vous dire qu’au regard de ce qui s’est passé depuis cette date que l’espoir n’est plus permis. C’est dommage mais l’histoire retiendra sans doute que vous n’avez pas su (pu ) cristalliser cet espoir que j’avais et que nourrissaient plusieurs de nos compatriotes.
Très respectueusement et que Dieu vous protège
Doudou Wade est ancien président de groupe parlementaire ancien député du parlement de la Cedeao
par Oumou Wane
RAPPORT D’ÉTAT AMERICAIN, SOLIDAIRES ET FIERS !
Que nous faut-il de plus pour croire en nous ? La confiance en soi est l'une des qualités les moins bien partagées dans notre pays
Comment ne pas revenir sur le rapport du Département d'État américain sur le climat des investissements 2020 au Sénégal ? Et comment ne pas se poser la question de son interprétation malveillante par une partie de la presse et un certain nombre d’observateurs politiques, à en faire sortir notre président de ses gonds ?
Car il ne s’agit pas ici du sempiternel complexe sénégalais qui consiste à ne voir que le verre à moitié vide, il en va bel et bien d’une escroquerie intellectuelle, au mieux d’une tentative de désinformer l’opinion, au pire d’une manœuvre pour déstabiliser nos concitoyens.
Que dit le rapport américain en effet ? Les États-Unis louent les avancées du PSE et annoncent le triplement de leurs investissements privés au Sénégal. La déclaration 2020 du Département d'État américain traite des dernières évolutions de l'environnement des affaires au Sénégal dans treize domaines, en notant des progrès significatifs et des défis à relever pour réaliser les ambitions de faire de notre pays une terre d'investissement de rang mondial.
Que nous faut-il de plus pour croire en nous ?La confiance en soi est l'une des qualités les moins bien partagées dans notre pays. Comment arrêter de se dévaloriser ?
Remarque majeure contenue dans le rapport du Département d'État américain : les progrès notés dans l'exécution du Plan Sénégal Emergent, (PSE) vu comme "un ambitieux programme de développement". Alors, qui peut encore douter que la densification des infrastructures économiques et sociales, permettra prochainement d'améliorer les conditions de vie des Sénégalais ? Les sceptiques, les « complotistes » et les grincheux !
Le taux de croissance économique soutenu, de bonnes liaisons dans le transport aérien, des projets d'expansion portuaire planifiés et l'amélioration du transport terrestre et le réseau ferroviaire… le Sénégal c’est l’avenir industriel de la côte ouest-africaine.
Quant au code des investissements du Sénégal ? Il offre, selon le Département d'État, des avantages concurrentiels non négligeables. Je ne rentre pas dans les explications techniques.
Même la réponse à la crise de la Covid-19 a été saluée pour son approche budgétaire offensive avec la mise en place du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid-19) et le financement rapide des équipements de santé usuels.
Bien sûr la pandémie a fortement affecté l'économie sénégalaise, mais est-ce le moment de lâcher prise ?
Concernant l'environnement politique et sécuritaire, le rapport salue le modèle démocratique du Sénégal, la qualité de ses institutions et la stabilité qui prévaut dans le pays. Le rapport mentionne que la sécurité est une priorité absolue pour le gouvernement, qui a augmenté son budget de défense et de sécurité de 92% entre 2012 et 2017. "L'environnement politique stable du Sénégal, sa position géographique favorable, une croissance forte et soutenue et une économie généralement ouverte offrent des opportunités attrayantes pour l'investissement étranger", écrit le Département d'État.
Je passe sur l'un des meilleurs systèmes d'enseignement supérieur d'Afrique de l'Ouest, la main d’œuvre qualifiée, la protection juridique aux femmes et aux enfants…
En revanche et personnellement, j’ajouterai une chose, pas assez mentionnée dans le rapport. Une richesse à laquelle je crois depuis toujours et dont je me désole qu’elle soit si peu exploitée. Selon moi, si le Sénégal est d’après les États-Unis, une terre de destination pour les investissements, il l’est avant tout pour le tourisme et les voyageurs. 7 sites inscrits au patrimoine mondial, 5 culturels et 2 naturels. Un patrimoine qui est témoin d’une histoire.
Ça vous saute aux yeux et c’est si beau ! Sans même parler du supplément d’âme tout à fait exceptionnel si l’on prend le temps de nous connaître et comprendre notre culture. Je veux me battre pour démontrer que ce pays est exceptionnel, ouvert sur les autres, discret mais extrêmement fier de sa culture et de son identité.
Comment ne pas comprendre le coup de colère récent de notre président Macky Sall quant à l’interprétation du rapport américain par ses détracteurs ? D’ailleurs, cette fois-ci les internautes ne s’y trompent pas, car voilà ce je que je peux lire dans les commentaires d’un article de seneweb : « Merci président, comme toujours vous vous battez pour notre pays », « Macky Sall est le premier défendeur de la nation », « Force à vous président, ne vous ne laissez pas faire, il est primordial de protéger nos intérêts comme vous le faites », « Mais oui ça c’est mon président ! Fier de lui, vive le Sénégal »… Que dire de plus ?