LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU S'ESSAIE, DIFFICILEMENT, À LA VISIOCONFÉRENCE
La Russie refuse jusqu'à aujourd'hui que des votes se déroulent de manière "virtuelle" et réclame des sessions "physiques" au siège de l'ONU que le secrétaire général, Antonio Guterres, a gardé ouvert en dépit de la pandémie de coronavirus
Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu mardi, pour la première fois de son histoire, une visioconférence pour une réunion informelle sur la République démocratique du Congo, marquée selon des diplomates par plusieurs difficultés techniques. "C'est un peu artisanal, on va encore tâtonner mais on va y arriver", veut croire sous couvert d'anonymat l'un de ces diplomates. "Il vaut mieux travailler à minima que pas du tout", confie-t-il à l'AFP, en regrettant que le Conseil de sécurité, sous présidence chinoise en mars, n'ait pas été plus actif depuis sa dernière réunion au siège de l'ONU le 12 mars.
La réunion, qui devait servir de "test", selon une source diplomatique, n'avait pas été mise à l'agenda officiel du Conseil de sécurité. Elle s'est déroulée sans accès pour les médias avec des ambassadeurs ou des adjoints confinés chez eux devant leur écran d'ordinateur. Selon des diplomates, la réunion a duré au total plus de quatre heures, y compris la discussion qui a suivi la session congolaise sur l'organisation de la suite du travail du Conseil. En cause notamment, des interruptions de séance dues à divers incidents, allant de la déconnexion de certains à des problèmes d'alimentation électrique. Sur une image diffusée sur Twitter, la Tunisie est le seul pays non représenté par un diplomate. "Leur connexion a été coupée un très court moment", précise à l'AFP un participant.
Si le Conseil de sécurité a l'habitude d'entendre des intervenants par vidéo, en direct du pays où ils sont affectés, une telle réunion par vidéo pour l'ensemble de ses 15 membres "ne s'est jamais produite dans son histoire", relève un spécialiste de l'Organisation.Toutes les interventions se sont déroulées en anglais, favorisant les pays anglo-saxons, le recours au chinois, au russe, à l'arabe, à l'espagnol ou au français, les cinq autres langues officielles à l'ONU, n'étant pas possible en raison d'impossibilités techniques.
La Russie refuse jusqu'à aujourd'hui que des votes se déroulent de manière "virtuelle" et réclame des sessions "physiques" au siège de l'ONU que le secrétaire général, Antonio Guterres, a gardé ouvert en dépit de la pandémie de coronavirus.
A l'initiative de la France, un communiqué sur la RDCongo, ayant obtenu l'assentiment des 15 membres du Conseil, a été publié après la réunion. Il souligne leur "inquiétude face à l'instabilité continue dans l'est du pays" et à la "situation humanitaire, notamment à cause de l'épidémie de rougeole actuelle".
LA FRANCE DÉPLORE DES ÉLECTIONS NON "CRÉDIBLES" EN GUINÉE
Paris "condamne les actes de violence qui ont entraîné la mort de plusieurs Guinéens" et "appelle tous les acteurs guinéens, quels qu'ils soient, à la responsabilité et à la plus grande retenue"
La France a estimé mardi que le référendum constitutionnel et les élections législatives organisées dimanche en Guinée n'étaient "pas crédibles" et condamné les violences qui ont suivi. "La France suit avec préoccupation la situation en Guinée, après l'organisation du scrutin", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Le caractère non inclusif de ces élections et non consensuel du fichier électoral, ainsi que le rôle joué par des éléments des forces de sécurité et de défense excédant la simple sécurisation du processus, n'ont pas permis la tenue d'élections crédibles et dont le résultat puisse être consensuel", a-t-elle ajouté. Paris "condamne les actes de violence qui ont entraîné la mort de plusieurs Guinéens" et "appelle tous les acteurs guinéens, quels qu'ils soient, à la responsabilité et à la plus grande retenue", a-t-elle poursuivi.
Après des mois de tensions qui avaient déjà coûté la vie à au moins 32 civils et un gendarme, le président Alpha Condé a décidé de tenir le référendum et de passer outre aux protestations de l'opposition, qui l'accusent de vouloir briguer un troisième mandat.Au moins 14 personnes ont été tuées dans les violences qui ont entaché le vote à travers le pays, selon l'opposition. Les autorités parlent de six morts, dont deux dues à un "accident" et un problème de santé.
par Nioxor Tine
L’ÉTAT D’URGENCE SEUL NE FERA PAS DE MIRACLE !
L’usage de moyens de coercition pourrait signifier l’existence de gaps dans le processus communicationnel, qui doit s’efforcer de rendre des connaissances scientifiques complexes accessibles à nos populations encore largement analphabètes
Trois semaines, jour pour jour, après la déclaration du 1er cas de COVID-19 dans notre pays, le président de la République a annoncé l’instauration de l’état d’urgence, à compter de ce 23 mars à minuit. Il s’agirait, selon lui, de relever le niveau de la riposte face à la progression inquiétante de la maladie. Les autorités devraient plus le comprendre comme un signal fort de leur engagement à contenir l’épidémie, que comme un rouleau compresseur répressif.
Il faut noter, en effet, que cet état d’urgence, dont les fondements se trouvent dans la lutte contre la pandémie au COVID-19, intervient dans le contexte d’une gouvernance d’exception, en cours dans notre pays depuis quelques années, caractérisée par des violations abusives des libertés publiques.
Il est important, à ce stade, de préciser qu’aucune loi d’exception, ni aucun consensus national, ne sauraient empêcher le contrôle citoyen aussi bien sur la gestion de la pandémie en cours que sur tous les autres forfaits et délits auxquels certains membres de notre classe politique nous ont habitués (détournements de deniers publics, accaparement des terres...).
L’allocution du chef de l’État avait un goût d’inachevé, dans la mesure où elle a occulté le confinement général, qui était attendu comme mesure-phare, ayant pour corollaire la réduction des activités économiques aux secteurs les plus essentiels. Il semble malheureusement difficilement réalisable, dans des pays comme les nôtres, dont les économies extraverties sont placées sous la tutelle d’officines financières internationales, qui promeuvent des recettes ultra-libérales et antisociales.
Au-delà de l’état d’urgence se pose la question de la gestion même de la pandémie. Et là, on ne peut manquer de ressentir la désagréable impression que les briefings quotidiens du cabinet du ministre en charge de la Santé sont en décalage avec la réalité de la propagation du virus dans notre pays.
Le nombre heureusement encore faible de cas communautaires et la prépondérance de cas importés et de cas contacts n’est-elle pas en contradiction avec l’indiscipline constatée de nos compatriotes, qui ne se conformeraient pas suffisamment aux directives des techniciens du ministère en charge de la Santé ? Les quelques dizaines de tests réalisés quotidiennement suffisent-ils pour avoir une vue d’ensemble de la situation nationale ?
Heureusement que l’Institut de Recherche en Santé de Surveillance Épidémiologique et de Formation (IRESSEF) a été retenu comme second laboratoire, après celui de l’Institut Pasteur, pour la réalisation des tests de dépistage. Il faudrait aller plus loin et décentraliser aussi bien cette activité de dépistage que celle de prise en charge des patients, si possible, dans toutes les régions de notre pays.
Il urge, dans ce cadre, de faire appel à l’expertise de pays comme la Chine et Cuba et d’acquérir les équipements indispensables à la prise en charge optimale des cas graves nécessitant une réanimation.
Une autre question fondamentale qui mérite une réponse claire de la part de nos décideurs est celle de savoir dans quelle perspective s’inscrit cet état d’urgence sans confinement.
S’agit-il d’une stratégie d’atténuation, qui vise à ralentir l’épidémie sans prétendre l‘arrêter ? Il s'agit de retarder le pic de demande de soins tout en protégeant les personnes les plus à risque de faire une forme sévère de la maladie. Dans ce cas de figure qui pose des problèmes éthiques et s’accompagne souvent d’une forte mortalité, la distanciation sociale ne devrait concerner que les personnes âgées ou d’autres plus à risque de faire une forme sévère de la maladie.
Ou alors cherche-t-on à faire une politique de suppression, qui essaie de réduire le nombre de cas à un faible niveau, tout en essayant de l'y maintenir de manière durable ? Cette option difficile à réaliser dans nos pays à revenus faibles ou intermédiaires présuppose un confinement pour toute la population et présente l’inconvénient de devoir être maintenue jusqu’à la découverte du vaccin. Cette politique de suppression appliquée, avec succès, en Chine et en Corée du Sud est onéreuse et expose à des ré-infestations, à partir de voyageurs étrangers.
L’instauration de l’état d’urgence traduit, quelque part, l’échec de la communication sur les risques et l’engagement communautaire (RCCE), supposée préserver les individus d’éventuelles infections et enseigner aux communautés les attitudes correctes pour empêcher la propagation de l’agent pathogène.
C’est ainsi qu’il faut regretter les mouvements d’humeur à Touba et Yoff contre les arrêtés interdisant les rassemblements durant les prières du Vendredi. Et ce, d’autant que les autorités religieuses, toutes obédiences confondues, avaient accepté de surseoir à de grandes manifestations nationales comme le Kazu Rajab, la ziarra de Médina Gounass, l’Appel des layènes...etc. prévues, en ce mois de Mars.
Il est clair que s’agissant des nouvelles maladies émergentes, dont la coronavirose due au COVID-19, pour lesquelles il n’y a ni vaccin ni médicament efficace, la communication joue un rôle capital. Il s’agit de faire prendre conscience aux individus et aux communautés des risques et de les responsabiliser pleinement pour les maîtriser.
Une bonne communication devrait permettre aux citoyens de garder le cap face à la quantité astronomique d’informations qui les submergent, d’avoir confiance dans les actions gouvernementales destinées à enrayer l’épidémie et de suivre correctement les mesures édictées par le système sanitaire.
A contrario, une mauvaise communication pourrait nuire à la réputation du système sanitaire ou entamer sérieusement la confiance que les populations devraient lui témoigner. Elle peut également avoir des répercussions économiques et même entraîner des pertes en vies humaines.
L’usage de moyens de coercition pourrait donc signifier l’existence de gaps dans le processus communicationnel, qui doit s’efforcer de rendre des connaissances scientifiques complexes accessibles à nos populations encore largement analphabètes.
L’épidémie de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest d’il y a six ans a suffisamment montré l’importance de s’appuyer sur la participation communautaire, afin d’impliquer les communautés dans la riposte, par le biais d’interventions dont elles s’approprient.
Les larges concertations en cours pour conjurer les risques de calamité publique constituent un moment propice pour remettre la vie démocratique de la Nation à l’endroit et préparer de manière optimale l’ère post-COVID-19.
par Mamadou Kane
LA FIN D’UN MONDE N’EST PAS LA FIN DU MONDE !
Le virus couronné fait la ronde à la seconde. Que m’accompagne la guitare du griot. Le soir dans Dakar au rythme d’un duo. Baaba Maal et Mansour les voix sublimes. Nature humaine-animale en plein rythme
Plus froids que la glace quand le soleil s’éteindra
Plus chauds que l’or fondu quand l’enfer surgira
Louons, Le Maître au ciel paternel
Qui embrasse la terre maternelle
À nourrir les peuples fraternels
De la Mecque Jérusalem au Vatican
Les saints sereins entendent un chant
La fin d’un monde n’est pas la fin du monde !
CRÉER LA MÉDINA A COÛTÉ 1.099.607 FRANCS EN 1914
Après la peste de 1914 au Sénégal, après plus de 1.600 morts à Dakar, on s'est décidé à créé un "village de ségrégation" qui devait s'appeler ...Ponty Ville
Petit rappel historique : les épidémies se suivent et se ressemblent presque...
Après la peste de 1914 au Sénégal, après plus de 1.600 morts à Dakar, on s'est décidé à créé un "village de ségrégation" qui devait s'appeler ...Ponty Ville. Finalement, après les rebuffades des indigènes et tout le tralala pour le leur faire avaler, il a fallu qu'El Hadj Malick Sy intervienne pour calmer tout ce beau monde. Le village, qui devait être implanté dans le précarré des ...chacals, Tilène pour les affranchis, se dénommerait Médina. Ce déménagement aura coûté à l'administration coloniale la colossale somme de 1.099.607 francs en tout. dont "46 % (513.054 francs) d'indemnités pour destruction ou déplacement de baraques, paillotes et mobiliers divers". Les 23 % (259.816 francs) auraient été consacrés à "la construction du village de ségrégation".
On ne retiendra pas les leçons de l'histoire après les indépendances. Mais après cette tragédie de 1914, "la peste tira l'administration de sa torpeur et mit au premier plan de ses objectifs, les problèmes de la salubrité urbaine et de la lutte préventive contre les endémo-épidémies, en même temps d'elle raffermit dans leurs positions, les partisans de la ségrégation résidentielle entre noirs et blancs".
MANU DIBANGO, UN SAX' ENTRE L'EUROPE ET L'AFRIQUE
Retour sur le parcours de cet homme que rien ne prédestinait à une carrière d'artiste.Encore moins à être repris par Beyoncé ou Rihanna
"Bâtisseur de ponts entre l'Occident et l'Afrique": voilà comment se décrivait le saxophoniste Manu Dibango, première personnalité mondiale morte à 86 ans des suites d'une contamination au coronavirus, figure de l'afro-jazz devenu star avec son hit "Soul Makossa.
"J'ai l'harmonie des Bach et des Haendel dans l'oreille avec les paroles camerounaises.C'est une richesse de pouvoir avoir au minimum deux possibilités.Dans la vie, je préfère être stéréo que mono", racontait-il à l'AFP en août 2019, ponctuant ses réponses de son rire tonitruant et communicatif.
"Son héritage, immense, va rester, sa créativité était géniale, il faisait danser les gens, avec une efficacité redoutable", a commenté auprès de l'AFP, Martin Meissonnier, DJ et producteur historique des musiques du monde, "anéanti par son décès".
Le chanteur Youssou Ndour a twitté sa "tristesse": "Tu as été un grand frère, une fierté pour le Cameroun, et pour l'Afrique toute entière"."Le monde de la musique perd l'une de ses légendes", a également regretté sur les réseaux sociaux le ministre de la Culture français Franck Riester.
Retour sur le parcours de cet homme que rien ne prédestinait à une carrière d'artiste.Encore moins à être repris par Beyoncé ou Rihanna.
Emmanuel N'Djoké Dibango est né le 12 décembre 1933 à Douala (Cameroun), dans une famille protestante très stricte."Mon oncle paternel jouait de l'harmonium, ma mère dirigeait la chorale.Je suis un enfant élevé dans les +Alléluia+.Ça n'empêche que je suis africain, camerounais et tout ça", confiait encore cette haute silhouette au crâne glabre à l'AFP.Son père, fonctionnaire, l'envoie en France à l'âge de 15 ans, dans l'espoir d'en faire un ingénieur ou un médecin.
- Trois kilos de café -
Après 21 jours de bateau, Manu Dibango rejoint Marseille, puis Saint-Calais dans la Sarthe.Dans ses bagages, "trois kilos de café" -- denrée rare dans l'immédiat après-guerre et titre de son autobiographie --, pour payer sa famille d'accueil.Puis il étudie à Chartres, où il fait ses premiers pas musicaux à la mandoline et au piano.
Dans cet univers blanc, l'adolescent qui, de son propre aveu, "ne connaissait pas la culture africaine", s'identifie aux vedettes afro-américaines de l'époque.Count Basie, Duke Ellington, Charlie Parker deviennent ses "héros".
"Papa Manu" découvre le saxophone lors d'une colonie de vacances, traîne dans le Saint-Germain-des-Près de Boris Vian et finit par échouer à la seconde partie de son baccalauréat. Son père, mécontent, lui coupe les vivres en 1956.Il part alors pour Bruxelles, où il court le cachet, jouant de la variété."A mon époque, il fallait faire des cabarets, des bals, des cirques.Jouer avec un accordéoniste comme André Verchuren assurait quelques dates", racontait-il.
Son séjour belge est marqué par deux rencontres fondatrices: la blonde Marie-Josée, dite "Coco", qui devient sa femme, et Joseph Kabasélé, chef d'orchestre de l'African Jazz.Dans l'effervescence des indépendances, le musicien congolais lui ouvre les portes de l'Afrique.
Manu Dibango le suit à Léopoldville (ancien nom de Kinshasa, ndlr) où il lance la mode du twist en 1962, puis ouvre une boîte au Cameroun.
- Procès contre Michael Jackson -
Trois ans plus tard, il est de retour en France, sans le sou.Il devient pianiste de rock pour Dick Rivers, organiste puis chef d'orchestre pour Nino Ferrer.
En 1972, on lui demande de composer l'hymne de la Coupe d'Afrique des nations de football, qui doit se tenir au Cameroun.Sur la face B du 45-tours, il enregistre "Soul Makossa". Des DJs new-yorkais s'entichent de ce rythme syncopé.Une autre vie commence.
Le saxophoniste part jouer au théâtre Apollo, temple de la musique afro-américaine à Harlem, se métisse encore un peu plus en tournant en Amérique du sud.
En 1982, vient une autre forme de consécration."Soul Makossa" est samplé par Michael Jackson dans son album "Thriller"...sans son autorisation.Manu Dibango intente le premier d'une longue série de procès pour plagiat, qui se solde par un arrangement financier.Mais la victoire est ailleurs: le musicien est devenu une référence mondiale de la world music.
"MANU DIBANGO A CRÉÉ DES PONTS, IL A FAIT EXISTER L’AFRIQUE BIEN AVANT LA WORLD MUSIC"
Au micro d'Aissa Thiam d'Africa radio, l'artiste béninoise Angélique Kidjo, très touchée, a rendu hommage à la légende de la musique décédée ce mardi
Au micro d'Aissa Thiam, Angélique Kidjo, très touchée, a rendu hommage à Manu Dibango
"J’ai vu Manu pour la dernière fois le 7 janvier dernier. On préparait le concert des 60 ans des Indépendances Africaines de Carnegie Hall. Chez lui à la maison à Champigny. On a fait beaucoup de musique, nous avons beaucoup ri, je me suis rendue compte à quel point il avait contribué à la musique mondiale, il avait joué avec les plus grands dans le monde. Il m’a complètement époustouflé. C’est pour ça qu’il était Manu.
Par son talent, il a créé des ponts, il a fait parler, exister l’Afrique bien avant la World Music. Il a produit les artistes africains comme Bella Bellow et moi, il était là au début des années 90, quand j’ai signé avec Island Records, il a été le premier que j’ai appelé pour jouer sur l’album avec Ray Lema.
Pour moi, c’est un géant de la musique, c’est un baobab. C’est une perte énorme pour moi et pour le Continent. Quand mon père est décédé, je pleurais, il était là et il m’avait dit : « ton père n’est pas parti, il est avec toi ». Pour moi Manu n’est pas parti. Il est et restera toujours avec moi.
Aujourd’hui je pleure..."
"MANU DIBANGO A MARQUÉ DE SON EMPREINTE LA MUSIQUE"
Le musicien A'Salfo Traoré de Magic Système a rendu hommage sur les ondes d'Africa radio au saxophoniste camerounais, décédé ce mardi à Paris
A'Salfo Traoré a aussi rendu hommage à Manu Dibango dans le Journal des auditeurs de Stéphanie Hartmann.
Le leader des Magic System a salué, la carrière et l'Homme.
"Je l’ai découvert, petit, quand il était à la tête de l’orchestre de la Radio Télévision Ivoirienne. Manu Dibango a toujours su adapter son saxo à toutes les époques. Je me souviens avoir joué avec lui pour les 15 ans d’Africa N°1 au Casino de Paris. Il est rentré dans 1er Gaou avec une facilité incroyable. Manu n’a jamais vieilli, dans son âme et dans son corps. Il a fallu cette fichue maladie pour nous l’enlever. C’est quelqu’un qui a toujours été de bonne humeur, toujours positif. Ma dernière rencontre avec Manu c’était pour le lancement d’Africa Radio à Abidjan en juin 2019. Il était là en pleine forme, avec des projets plein la tête et son rire si célèbre.
"Manu fait partie de ceux qui ont emmené la musique africaine vers les sommets. Quand j’écoute ses émissions avec Robert Brazza j’apprends à chaque fois quelque chose. C’était une encyclopédie de la musique africaine..."
par Ibrahima Thioye
OUI POUR LE CONFINEMENT TOTAL COUPLÉ À UN DÉPISTAGE MASSIF !
EXCLUSIF SENEPLUS - Il vaut mieux ériger l’organisation nécessaire, en faisant appel à toutes les forces vives de la nation, plutôt que de se retrouver dans un schéma où notre plateau médical risque d’être mis complètement à genoux
Au Sénégal, nous avons une fâcheuse habitude de nous mêler de tout. Je m’étais engagé dans la voie du mutisme, estimant que la bonne conduite devant cette pandémie est de laisser la parole aux décideurs et aux experts. Je salue toutes les bonnes initiatives qui ont été prises jusqu’ici, mais compte tenu de la gravité de la situation, je crois qu’il faut faire plus, en s’appuyant sur nos réalités socio-culturelles.
Comment aborder ce sujet sans tomber dans des polémiques inutiles, en étant constructif, pragmatique et ayant comme seul souci l’évitement du pire ? C’est l’exercice que je vais essayer de faire.
Le gros souci avec ce virus, c’est sa vitesse de propagation. Pour la réduire deux démarches sont actuellement utilisées : dépistage massif et confinement.
Le dépistage massif suivi d’une mise en quarantaine des personnes testées positives permet de ralentir la contagion. Il contribue à une meilleure maîtrise de la situation. La différence entre la situation de l’Allemagne et celle de la France est comme deux conducteurs dont l’un a un véhicule sans défaut, l’autre a un véhicule qui roule à 140 km/h alors que son tableau de bord lui indique 80 km/h. Il est plus exposé que celui qui a un tableau de bord fiable. C’est sûr que nous sommes dans la même situation que le France. J’espère que nos autorités sont en train de faire le maximum pour multiplier les capacités de dépistage.
L’idée de réduire sa stratégie au seul dépistage n’est pertinente qu’au début de l’infection (dans le contexte où la capacité de dépistage absorbe le flux du nombre de personnes infectées). Lorsque le virus s’est installé et qu’on ne maîtrise pas sa propagation, le bon sens recommande de le coupler au confinement.
Le confinement est la seconde mesure qui donne un coup de frein à la propagation du virus. Il s’agit juste d’observer 3 à 4 semaines de sur-place. Que donne le confinement sans dépistage massif ? Une vitesse de propagation réduite, mais pas à la hauteur des résultats obtenus avec le couplage.
Quel est l’obstacle majeur à l’organisation du confinement ? Tout de suite la question de la survie de plus de 80% de la population active se pose. Ils vivent au jour le jour. Je crois qu’il vaut mieux ériger l’organisation nécessaire, en faisant appel à toutes les forces vives de la nation, plutôt que de se retrouver dans un schéma où notre plateau médical risque d’être mis complètement à genoux. Ce serait une situation catastrophique que personne ne souhaite.
Quelles sont les mesures que le président doit ajouter à celles déjà prises ?
1 Confinement total à partir de jeudi 26 mars (par exemple pour donner à tout le monde le temps de s’organiser).
2 Seules les boutiques vendant les denrées de première nécessité et les pharmacies sont autorisées à ouvrir leur porte (à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : voir la possibilité d’une meilleure distribution du pain, en évitant que les boulangeries deviennent des lieux de contamination -test sur une semaine avec l’appui d’une « milice populaire »- ; à défaut de cela, toutes les boulangeries seront fermées, la population n’a qu’à retourner au « fondé » ou au « sombi » pour un mois).
3 Des véhicules de transport en commun seront réquisitionnés pour le transport de ceux dont les prestations sont indispensables durant cette période (personnel de santé, personnel de sécurité, personnel des pharmacies, personnes qui s’occupent de la vente de denrées de première nécessité). Tous les flux de déplacements possibles sur ces chaînes de produits doivent être examinés minutieusement (en 48h ? oui, on fait en marchant et on corrige les erreurs).
4 Toutes les familles sont invitées à faire jouer la solidarité en prenant en interne les personnes dont la survie dépend de l’activité au jour le jour (taba – taba).
5 A défaut d’une possibilité de prise en charge, le quartier, le village et la mairie s’organisent pour fournir des bons (cela se fera via une organisation avec une plateforme téléphonique sans regroupement. Les militaires et les forces de l’ordre, appuyés éventuellement par une « milice populaire », seront mis à contribution pour aider l’organisation de la distribution). L’État est prêt à mobiliser 80 milliards. Cela doit être salué. Il faut aussi organiser un téléthon durant cette période pour compléter ce budget.
6 Tout regroupement de plus de 2 personnes est interdit.
7 Gel des factures d’eau et d’électricité.
8 Demander aux opérateurs téléphoniques et autres sociétés de service d’apporter leur contribution à cet « effort de guerre » durant ce mois de lutte contre le virus.
9 Dépêcher chez tous les principaux guides religieux (en particulier, les khalifes généraux et l’archevêque de Dakar) des émissaires qui leur expliquent la démarche. Dans ce combat contre le coronavirus, il faut en faire des alliés de premier plan, car leur voix est écoutée par les populations. Aucun moyen (canal, voie, pédagogie) ne doit être négligé pour avoir leur agrément dans cette lutte.
10 Entre jeudi 26 mars et samedi 28 mars, on demande aux forces de l’ordre d’utiliser la pédagogie pour sensibiliser ceux qui ne comprennent pas. A partir de dimanche 29 mars, on applique les mesures coercitives (amendes, etc.)
11 Adopter une démarche pragmatique par rapport aux thérapies en cours de test qui se sont montrées concluantes.
Ces mesures ne sont pas exhaustives. Je suis persuadé que d’autres devraient les compléter. Mais je crois que ce sont ce type de mesures draconiennes qui peuvent nous aider à aplanir cette maudite courbe. Il s’agit essentiellement de l’adéquation charge capacité, en tenant compte d’un effet retard. Il ne s’agit pas de raisonner de façon exclusive : « confinement » ou « dépistage massif ». Il faut plutôt utiliser ces capacités pour faire face à une charge. Le confinement ralentit la vitesse de propagation. Le dépistage à grande échelle, suivi d’une mise en quarantaine, constitue le second moyen qui réduit cette vitesse de propagation. Le confinement est la mesure délicate. Il vaut mieux la faire au bon moment, plutôt que la subir.
Elle n’exige que de la discipline et de la solidarité. Pour la première qualité, nous devons tous faire des efforts, mais pour ce qui est de la seconde, je crois qu’il sera facile de faire vibrer la fibre de la solidarité car elle est inscrite dans notre culture, même si l’urbanisation croissante l’entame de plus en plus
Nombreux sont ceux qui disent que l’épicentre de la maladie s’est déplacé de la Chine vers l’Europe et que le prochain centre de gravité sera l’Afrique. Levons-nous comme un seul homme pour démentir ces prédictions assez angoissantes. En étroite collaboration avec les pays voisins, nous démontrerons à la face du monde que nous avons des ressorts puissants pour faire face à ce vilain virus.