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27 avril 2025
TRUMP FERME LES FRONTIÈRES AMÉRICAINES AUX VOYAGEURS EN PROVENANCE D'EUROPE
La mesure, à laquelle échappe le Royaume-Uni, s'appliquera dès vendredi, à minuit, pour 30 jours, sauf exceptions, pour endiguer les risques de contamination au coronavirus
Devant une crise qui prend de l'ampleur, Donald Trump s'est adressé aux Américains depuis le bureau ovale, annonçant entre autres la suspension des voyages vers les États-Unis en partance du continent européen.
La mesure, à laquelle échappe le Royaume-Uni, s'appliquera dès vendredi, à minuit, pour 30 jours, sauf exceptions.
Ceci n'est pas une crise financière, a martelé le président Trump, au terme d'une journée où le Dow Jones, l'indice vedette de la bourse new-yorkaise, a plongé de 5,86 %. Le coronavirus a eu raison de 11 années de hausse ininterrompue à Wall Street, emportée dans une nouvelle tornade à la fin d'une journée mouvementée sur les marchés financiers.
Le président américain n'a pas décrété l'état d'urgence, comme l'avaient évoqué des médias.
Donald Trump avait annoncé son allocution devant les journalistes quelques heures plus tôt, au cours d'une rencontre à la Maison-Blanche avec les patrons des grandes banques américaines.
Les États-Unis ont franchi le cap d'un millier de cas de COVID-19 recensés, parmi lesquels on compte près d'une quarantaine de morts, et Wall Street subit les contrecoups de l'évolution implacable du coronavirus.
Selon CNN, Donald Trump a par ailleurs fait de son gendre Jared Kushner un conseiller dans ce dossier.
Il y a deux jours, le président américain a dit envisager un plan économique pour juguler les effets de la crise, évoquant une éventuelle réduction de l'impôt sur les salaires, des congés de maladie aux travailleurs, des prêts aux petites entreprises et des mesures d'aide aux entreprises liées au tourisme.
D'après le Washington Post, le coronavirus a entraîné la mise à pied de centaines de travailleurs, notamment dans l'industrie touristique.
Vendredi dernier, Donald Trump a par ailleurs approuvé un projet de loi bipartite du Congrès approuvant une aide d'urgence de 8,3 milliards de dollars américains pour le traitement et la prévention de la COVID-19. C'est trois fois plus que la somme qui avait été jugée nécessaire par son administration.
En quelques jours, le nombre de cas sur le territoire américain a doublé, passant selon CNN à plus de 1200, le virus n'épargnant plus qu'une dizaine d'États. Trente-sept personnes ont succombé au virus.
L'état d'urgence a été déclaré dans une quinzaine d'États américains, dont Washington, New York et la Californie, qui cumulent à eux trois près de 800 cas et la quasi-totalité des victimes.
Une situation banalisée
Accusé par ses adversaires de prendre à la légère la menace posée à la santé publique, désormais considérée comme une pandémie mondiale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le président Trump a multiplié au cours des dernières semaines les affirmations contredisant le message de son administration, véhiculant même des informations erronées.
Donald Trump, qui a comparé à plusieurs reprises la COVID-19 à la grippe saisonnière, a, avant-hier, banalisé le nombre de victimes susceptibles de succomber à la première, affirmant que la deuxième faisait bien plus de victimes.
Comparaissant aujourd'hui devant un comité de la Chambre des représentants, le directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), Anthony Fauci, a pour sa part martelé que la COVID-19 avait un taux de létalité de beaucoup supérieur.
Les gens disent toujours : "La grippe fait ceci, la grippe fait cela", a-t-il déclaré. La grippe a un taux de mortalité de 0,1 %. Le taux de mortalité [de la COVID-19] est dix fois plus élevé. C'est la raison pour laquelle je tiens à insister sur le fait que nous devons garder une longueur d'avance dans la prévention de cette maladie.
Ultimement, ça va s'aggraver, a averti l'immunologiste, membre de l'équipe gouvernementale chargée de lutter contre la propagation du coronavirus et coordonnée par le vice-président Mike Pence.
Le président cherche plutôt à se faire rassurant. Ça va disparaître. Il faut juste rester calme. Ça va disparaître, a-t-il martelé devant les journalistes hier, vantant la gestion de la crise par son administration.
Le Dr Fauci a en outre recommandé de ne pas tenir d'événements attirant des foules nombreuses. Si cela signifie des gradins vides lors des matchs de la NBA [Association nationale de basketball], qu'il en soit ainsi. En tant que responsable de la santé publique, [ma position est que] tout événement mobilisant de grandes foules augmente les risques de propagation [du virus], a-t-il illustré, se gardant soigneusement de parler de rassemblements politiques.
Donald Trump a déjà indiqué qu'il n'était pas question d'annuler ses rassemblements partisans, qui attirent des milliers de personnes.
Un sondage de la firme Morning Consult publié il y a quelques jours montre que les Américains sont de plus en plus critiques de la gestion du dossier par leur président. Il y a un mois, 34 % appuyaient fermement sa façon de gérer la crise, tandis que 14 % la désapprouvaient avec autant de vigueur. Le dernier coup de sonde indique que les pourcentages sont respectivement passés à 24 % et à 31 %.
SÉOUL, L’ÉLEVÉ MODÈLE DE LA LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS ?
La Corée du Sud a réalisé davantage de dépistages qu'aucun autre pays, à un rythme d'environ 10.000 par jours, ce qui a permis de s'attaquer très tôt aux nouveaux foyers d'infection
Après avoir enregistré une flambée de contaminations, la Corée du Sud est parvenue à réduire de façon significative le nombre de nouveaux cas de Covid-19 tout en gardant, apparemment, un taux de létalité relativement bas.
Mercredi, Séoul totalisait 7.755 cas confirmés, ce qui fait d'elle le quatrième pays le plus touché. Mais le nombre de nouveaux cas s'est considérablement réduit, et seules 60 personnes sont mortes.
Cela fait-il de la Corée du Sud un modèle à suivre dans la lutte contre l'épidémie?
Comment Séoul a géré l'épidémie ?
Contrairement à la Chine qui a choisi de cloîtrer une partie de sa population, Séoul a adopté une stratégie mêlant information du public, participation de la population et une campagne massive de dépistage.
Les proches de toutes les personnes contaminées sont ainsi recherchées de façon systématique, avant de se voir proposer un test de dépistage.
Les déplacements des malades avant qu'ils ne soient testés positifs sont reconstitués au travers des images de vidéosurveillance, de l'utilisation de leur carte bancaire ou du bornage de leur smartphone, puis rendus publics. Des sms sont même envoyés aux gens quand un nouveau cas est détecté près de chez eux ou de leur travail.
Cette stratégie a suscité des interrogations évidentes quant à la protection de la vie privée. Mais elle en a aussi poussé certains à se faire tester.
La Corée du Sud a réalisé davantage de dépistages qu'aucun autre pays, à un rythme d'environ 10.000 par jours, ce qui a permis de s'attaquer très tôt aux nouveaux foyers d'infection.
Comment Séoul a fait autant de tests ?
Mercredi, le nombre total de tests effectués s'élevait à 220.000. Le pays compte 500 cliniques habilitées pour les réaliser, dont une quarantaine de cliniques ambulantes, afin de minimiser les contacts entre malades potentiels et travailleurs de la santé.
La Corée du Sud a en fait appris de ses propres erreurs et notamment de la carence de tests disponibles lors de la crise en 2015 du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers).
Alors elle a accéléré les procédures de mise sur le marché des tests, et quelques semaines après l'apparition du coronavirus en Chine, Séoul donnait son feu vert à la mise à disposition des cliniques d'un tout nouveau test diagnostiquant le Covid-19 en six heures.
Comment la population a réagi ?
Les autorités ont lancé une campagne de "prise de distances sociales" en exhortant les gens à rester chez eux, à éviter les rassemblements et à minimiser les contacts. Conséquence: des quartiers d'ordinaires bondés se sont vidés, tandis que magasins et restaurants peinaient à attirer les clients.
Quantités d'événements sportifs ou culturels ont été annulés et le port du masque s'est généralisé, comme le préconisait le gouvernement, qui a pu compter sur une population particulièrement respectueuse des consignes.
Pourquoi la létalité est si basse ?
Il est impossible de calculer aujourd'hui précisément le taux de létalité du Covid-19 qui ne pourra être affiné qu'après l'épidémie.
L'observation des chiffres transmis par les gouvernements donne cependant le sentiment d'une mortalité beaucoup plus faible en Corée du Sud qu'ailleurs.
Divers facteurs expliquent cette impression. La campagne de dépistage a permis une prise en charge précoce des malades. Son ampleur fait qu'il y a beaucoup plus de chances de repérer les malades ne présentant pas ou très peu de symptômes et qui ne seraient pas testés dans les autres pays. Repérer davantage de malades réduit mathématiquement la proportion de décès.
En outre, la population infectée au Sud a un profil unique, puisque la plupart des personnes contaminées sont des femmes, et près de la moitié ont moins de 40 ans.
Les autorités l'expliquent par le fait que plus de 60% des cas de contamination sont liés à l'Eglise Shincheonji de Jésus, une organisation religieuse souvent accusée d'être une secte. La plupart de ses membres sont des femmes, pour beaucoup âgées d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années.
Or on sait que le taux de létalité du coronavirus augmente avec l'âge et les plus de 80 ans -et en particulier les hommes- sont les plus à risque.
La Corée du Sud, un exemple à suivre ?
"Les tests sont une mesure initiale cruciale pour contrôler un virus", estime Masahiro Kami, de l'Institut pour la recherche sur les politiques médicales, basé à Tokyo. "C'est donc un bon modèle, pour tous les pays."
La Corée du Sud a "agi vite et bien", abonde Marylouise McLaws, de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud.
"C'est très dur pour les autorités de se résoudre à des mesures aussi fortes. Ce qui fait que c'est souvent fait de façon tardive."
GRIPPE ET CORONAVIRUS, CE N'EST PAS LA MÊME CHOSE
Malgré des symptômes proches, il est faux de penser que la maladie provoquée par le nouveau coronavirus n'est rien d'autre qu'une grippe, comme l'affirment des publications massivement partagées sur les réseaux sociaux
Toux, douleurs, fièvre... Malgré des symptômes proches, il est faux de penser que la maladie provoquée par le nouveau coronavirus n'est rien d'autre qu'une grippe, comme l'affirment des publications massivement partagées sur les réseaux sociaux : elle semble plus mortelle, ses formes graves peuvent toucher des catégories de patients plus larges et il n'existe pas de vaccin, soulignent les experts.
"Le. Corona virus. Est. Seulement. Une. Grosse. Grippe. (sic)", peut-on lire dans un tweet partagé plus de 30.000 fois depuis le 28 février.
Cette affirmation a également été relayée de nombreuses fois sur Facebook ici, ici ou encore ici pour des milliers de partages.
Selon les experts, les deux infections sont toutefois très différentes.
Mortalité
Si on rapporte le nombre de morts dans le monde au nombre total de cas officiellement recensés à ce jour, le Covid-19, maladie provoquée par le coronavirus, tue environ 3,5% des malades diagnostiqués, avec des disparités selon les pays. C'est plus que la grippe qui, elle, tue "1 patient infecté sur 1.000" (soit 0,1%), selon des estimations du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Point important : le taux de mortalité supposé du coronavirus doit être pris avec des pincettes car on ignore combien de personnes ont réellement été infectées. Dans la mesure où de nombreux patients semblent développer peu, voire pas, de symptômes, leur nombre est vraisemblablement supérieur aux cas détectés, ce qui ferait donc baisser ce taux.
"Il y a toujours de grosses inconnues sur le taux de létalité du Covid-19 et il varie probablement en fonction de la qualité des systèmes de santé. Cela étant dit, il tourne autour de 2% en moyenne, soit environ 20 fois plus que pour les virus de la grippe saisonnière qui circulent actuellement", explique le Pr François Balloux, de l'University College de Londres.
Formes graves
Au-delà des seuls chiffres de mortalité, les experts craignent que les formes graves de Covid-19 puissent toucher plus de gens que celles de la grippe, même si dans les deux cas, l'âge et la présence d'autres maladies (cardiaques, respiratoires, etc.) sont des facteurs de risque.
Le Covid-19 "n'est pas une 'grippette', il peut donner des formes graves sur des personnes pas si âgées que ça", souligne le n°2 du ministère français de la Santé, Jérôme Salomon.
L'analyse la plus complète à ce jour, portant sur 45.000 cas confirmés en Chine, montre que la mortalité augmente nettement avec l'âge (14,8% chez les plus de 80 ans contre 0,4% chez les quadragénaires).
Mais selon une autre étude chinoise - portant sur un nombre bien moins élevé de patients, 1.099 - 41% des cas graves avaient entre 15 et 49 ans et 31% entre 50 et 64 ans (contre 0,6% pour les moins de 14 ans et 27% pour les plus de 65 ans).
"C'est vrai que plus on est âgé, plus on est fragile, plus on est exposé à des formes graves mais cela peut aussi arriver à des personnes relativement jeunes qui n'ont pas de pathologies chroniques", poursuit le Pr Salomon.
Contagion
Les spécialistes semblent s'accorder sur le fait que chaque malade du Covid-19 infecte entre 2 et 3 personnes si aucune mesure n'est prise pour combattre l'épidémie (c'est ce qu'on appelle le "taux de reproduction de base" de la maladie, ou R0).
Le Covid-19 est donc plus contagieux que la grippe, pour laquelle ce taux est estimé à 1,3 personne.
Vaccin et traitements
"Le virus de la grippe, on le connaît depuis 100 ans, on l'étudie très bien, (...) Là, on est vraiment sur du nouveau virus, qui certes ressemble à la grippe en termes de symptômes (on a mal à la tête, partout, on a de la fièvre) mais il y a de grandes différences", relève Jérôme Salomon.
L'une des différences est qu'"on n'est pas protégé" contre le Covid-19, ajoute-t-il : il n'y a "pas de vaccins, pas de traitement" et l'homme n'est pas naturellement immunisé contre ce nouveau virus, que son organisme n'a jamais rencontré auparavant.
La prise en charge de la nouvelle maladie consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient cependant administrer des antiviraux ou d'autres traitements expérimentaux, dont l'efficacité est en cours d'évaluation.
Côté vaccin, malgré des recherches en cours et des effets d'annonce dans une compétition aux enjeux économiques importants, rien ne sera prêt avant de longs mois.
Et quand bien même disposerait-on d'un vaccin, encore faudrait-il qu'il soit accepté par la population, dans un contexte de méfiance grandissante envers la vaccination. Les autorités sanitaires mondiales déplorent régulièrement le trop faible nombre de gens vaccinés contre la grippe (dont l'efficacité varie chaque année selon le type de virus grippaux qui circulent).
Des gestes importants
Les virus de la grippe et du Covid-19 ont au moins un point commun : à l'échelle individuelle, on peut combattre leur propagation de la même manière.
C'est ce qu'on appelle les mesures-barrières : éviter de se serrer la main et de s'embrasser, se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade...
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 11 MARS
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 11 mars 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Fatou Bintou SAR, Matricule de solde N°110 122/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Physiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Kamadore TOURE, Matricule de solde N°110 144/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Santé publique, option épidémiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Ndeye Ramatoulaye DIAGNE, Matricule de solde N°110 119/I, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Pédiatrie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Sylvie Audrey DIOP GUISSONGORA Ep. NYAFOUNA, Matricule de solde N°110 120/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Maladies infectieuses et tropicales à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Mamadou Lamine CISSE, Matricule de solde N°110 102/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Gynécologie-Obstétrique à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Modou Bara NDIAYE, Administrateur Civil, matricule de solde n° 508 161/Q, est nommé Directeur de l'Administration et du Personnel à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques du Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération ;
Monsieur Mamadou FAYE, Ingénieur géophysicien, précédemment Directeur général de « PETROSEN », est nommé Directeur général de « PETROSEN HOLDING » S.A. au Ministère du Pétrole et des Energies ;
Monsieur Amadou THIAM, Ingénieur polytechnicien, précédemment Coordonnateur du Pôle de Suivi des Projets et Réformes Phares au Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du Plan Sénégal Emergent, est nommé Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Ousmane Wade appelé à d'autres fonctions ;
Monsieur Ousmane WADE, Economiste-financier, précédemment Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, est nommé Administrateur du Fonds de l'Habitat social du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique."
LE GOUVERNEMENT VEUT ÉTANCHER LA SOIF DE TOUBA
Il est demandé au ministre de l'Eau de mettre en œuvre sans délai, avec l'appui du ministre des Finances, le Projet d'approvisionnement en eau potable de la ville, conformément aux engagements du président - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 11 mars 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall, a présidé la réunion du Conseil des ministres, le mercredi 11 mars 2020.
Le Chef de l'État, à l'entame de sa communication, a adressé, à l'occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, ses chaleureuses félicitations, ses encouragements et son soutien aux femmes, piliers majeurs de notre société. Il a, à cet égard, demandé aux membres du Gouvernement de conforter le rôle des femmes dans la gouvernance publique en intégrant systématiquement l'approche genre dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des politiques publiques.
Le Président de la République a, à cet effet, invité les ministres à veiller au renforcement permanent de l'autonomisation économique durable des femmes et à faire bénéficier davantage aux femmes rurales de l'encadrement et de l'accompagnement des structures et projets publics.
Le Chef de l'État a, par ailleurs, rappelé à la Ministre de la Famille la nécessité d'accentuer la lutte contre les violences faites aux femmes et la sensibilisation de toutes les parties prenantes sur la loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Le Président de la République a, dans cette optique, demandé au Ministre d'État, Secrétaire général de la Présidence de la République, de procéder à l'actualisation de l'organisation et des règles de fonctionnement de l'Observatoire national de la Parité (ONP).
Abordant la question de la veille permanente contre l'épidémie de Coronavirus COVID-19, le Chef de l'État a exprimé la solidarité et le soutien de la Nation à nos compatriotes résidant dans des pays très touchés par l'épidémie. Il a demandé à nos services diplomatiques et consulaires d'apporter aux sénégalais de la Diaspora toute l'assistance nécessaire en cette circonstance.
Le Président de la République a, en outre, félicité et encouragé le personnel médical du Sénégal pour le travail remarquable effectué dans le cadre de la prise en charge au niveau des structures de santé des cas suspects et ou confirmés de COVID-19. Il a invité le Ministre de la Santé à poursuivre sans relâche le déploiement des stratégies de communication, d'information et de sensibilisation des populations sur la gestion préventive de l'épidémie, en accordant une attention particulière aux grands rassemblements et manifestations programmés sur le territoire national.
Le Chef de l'État a, particulièrement, demandé au Gouvernement d'accompagner davantage l'Institut Pasteur de Dakar, les laboratoires ainsi que les Instituts de recherche médicale dans leurs projets de santé publique.
Le Président de la République, évoquant la seconde session du Conseil présidentiel Sénégal-Gambie, prévu à Dakar le jeudi 12 mars 2020, a rappelé la tenue du premier Conseil à Banjul en 2018, dont l'objectif est de consolider l'entente cordiale et d'impulser une nouvelle dynamique dans les relations entre nos deux pays.
Au titre du Doing business et du développement du secteur privé national, le Chef de l'État a demandé au Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération en rapport avec le Ministre chargé du Suivi du PSE et l'APIX, de préparer la 14ème session du Conseil Présidentiel de l'Investissement (CPI), en vue d'accélérer la réalisation des réformes fondamentales d'amélioration de l'environnement des affaires au Sénégal.
Le Président de la République, revenant sur le processus de l‘organisation du 9ème Forum mondial de l'eau au Sénégal, a informé le Conseil avoir présidé, le vendredi 21 février, une réunion consacrée à cet évènement majeur, prévu du 22 au 27 mars 2021. Il a, à ce titre, demandé au Gouvernement et aux organisateurs nationaux et internationaux, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour son succès. Il a souligné la nécessité de bien préparer le Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement programmé, à cette occasion, en présence des dirigeants des grandes institutions internationales.
Le Chef de l'État a, au sujet de l'intensification de l'exécution du projet SAMBANGALOU, demandé au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement, au Ministre de l'Energie et au Ministre de l'Agriculture, en coordination avec les Ministres chargés respectivement des finances et de la coopération, de mettre en place, avec les autorités de l'OMVG, une instance spéciale de suivi, au niveau national, de l'implémentation de cet important projet.
Concernant la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a abordé la problématique de la régulation des marchés des produits horticoles et demandé à la Ministre du Commerce de veiller à la commercialisation prioritaire de la production horticole nationale. Dans cette lancée, il a rappelé au Gouvernement l'impératif d'assurer la sauvegarde des terres des Niayes et de consolider la vocation horticole de cette zone éco géographique stratégique.
Le Chef de l'État a clos sa communication sur les points relatifs à : (i) la réalisation du port de Ndayane ; (ii) la relance des travaux du port de pêche de Boudody, à Ziguinchor ; et (iii) l'alimentation durable en eau potable de la ville de Touba. Il a notamment demandé au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement de mettre en œuvre sans délai, avec l'appui du Ministre des Finances et du Budget, le Projet d'urgence d'approvisionnement en eau potable de Touba, conformément à ses engagements lors de la dernière édition du Grand Magal de Touba.
Au titre des communications :
Le Ministre d'État Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le baromètre social en insistant sur la situation du secteur de la santé, sur le suivi du TER et sur la renégociation de la concession de l'Autoroute à péage.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur la situation des finances publiques et les perspectives.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public a rendu compte du projet de lancement de la caravane du service public, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d'Appui à la Modernisation de l'Administration (PAMA).
Le Ministre de la Santé et de l'Action sociale a fait le point sur la situation de l'épidémie causée par le Covid-19.
Le Ministre des pêches et de l'Economie maritime a rendu compte des négociations avec DP WORLD dans le cadre de la réalisation du Port de Ndayane ; et de la relance des travaux de construction du port de pêche de Boudody, du développement du Port de Ziguinchor, dans le cadre du projet Orio.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant la création de la société nationale dénommée Les Chemins de Fer du Sénégal (CFS) ;
le projet de loi autorisant la création et la prise de participation majoritaire de l'État dans la Société anonyme dénommée Société d'aménagement foncier et de rénovation urbaine (SAFRU);
le projet de décret fixant les règles d'organisation et de fonctionnement des Universités publiques ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de l'Intérieur ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de la Santé et de l'Action sociale ;
le projet de décret portant organisation du Ministère de la Microfinance, et de l'Economie sociale et solidaire ;
le projet de décret fixant les règles d'organisation et de Fonctionnement du Fonds pour l'Habitat social (FHS) ;
le projet de décret fixant le mode de calcul de la valeur locative des locaux à usage d'habitation imposables à la contribution foncière des propriétés bâties ;
le projet de décret relatif au registre des bénéficiaires effectifs (RBE);
le projet de décret portant création et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de l'INEFJA.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Fatou Bintou SAR, Matricule de solde N°110 122/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Physiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Kamadore TOURE, Matricule de solde N°110 144/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Santé publique, option épidémiologie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Ndeye Ramatoulaye DIAGNE, Matricule de solde N°110 119/I, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Pédiatrie à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Madame Sylvie Audrey DIOP GUISSONGORA Ep. NYAFOUNA, Matricule de solde N°110 120/A, est nommée Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Maladies infectieuses et tropicales à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Mamadou Lamine CISSE, Matricule de solde N°110 102/A, est nommé Professeur titulaire de classe normale indice 930/982, 1er échelon, spécialité : Gynécologie-Obstétrique à l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Santé (UFR SANTE) de l'Université de Thiès ;
Monsieur Modou Bara NDIAYE, Administrateur Civil, matricule de solde n° 508 161/Q, est nommé Directeur de l'Administration et du Personnel à la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques du Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération ;
Monsieur Mamadou FAYE, Ingénieur géophysicien, précédemment Directeur général de « PETROSEN », est nommé Directeur général de « PETROSEN HOLDING » S.A. au Ministère du Pétrole et des Energies ;
Monsieur Amadou THIAM, Ingénieur polytechnicien, précédemment Coordonnateur du Pôle de Suivi des Projets et Réformes Phares au Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du Plan Sénégal Emergent, est nommé Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Ousmane Wade appelé à d'autres fonctions ;
Monsieur Ousmane WADE, Economiste-financier, précédemment Directeur général de la Construction et de l'Habitat du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique, est nommé Administrateur du Fonds de l'Habitat social du Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique."
LE FARDEAU DU VEUVAGE
Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam
« Pour le meilleur et pour le pire », mari et femme se le promettent au mariage. Le pire, c’est sans doute quand la mort frappe à la porte du couple et arrache l’un des deux conjoints à l’affection de l’autre, plongeant le dernier dans un veuvage qui ne finit très souvent jamais. Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam.
Sa mine joyeuse et son apparence attirante cachent bien le vécu d’une veuve qui traîne encore les stigmates de la perte de son mari il y a de cela dix ans. Intérieurement, Ndioba Fall, ancienne vendeuse de poisson, dit vivre le même chagrin qu’au moment où elle a perdu son âme sœur. « Le problème, ce n’est pas moi », s’empresse-t-elle de préciser. En effet, elle dit faire face à des contraintes sociales qui l’écrasent. « Même mon habillement est épié. Les gens ont tendance à penser que le deuil ne finit jamais. Il m’est arrivé de m’habiller en tenue moderne, mais les regards des autres étaient parlants. Même mes proches m’ont rappelée à l’ordre », se souvient la veuve. Et ces remontrances l’ont replongée dans le deuil. « Je me suis dit que j’étais condamnée », se morfond-elle. Le regard extérieur l’a plongée dans une bulle, et elle a du mal à en sortir.
Fatou Diagne, aujourd’hui active dans la haute couture, a subi, elle aussi, la dure épreuve du veuvage. Elle ne s’est toujours pas remariée, mais elle reconnaît avoir trouvé un nouveau souffle. « J’ai perdu mon mari à l’âge de 35 ans. J’avais deux enfants. C’est le seul homme que j’ai connu de ma vie. Sur le coup, je ne m’imaginais pas refaire ma vie avec un autre. Mais avec le temps, j’ai compris qu’il fallait plus ou moins tourner la page », dit-elle. Si au fond elle se sentait prête à rebondir, des questions taraudaient son esprit. Comment les enfants prendraient-ils l’arrivée d’un nouvel homme ? Qu’en diraient les proches ? L’ex-belle famille ? « Je n’ai jamais trouvé de réponses, mais en discutant çà et là, je me suis dit que c’est mon destin », confie Fatou Diagne.
Pour la sociologue Ndèye Bercy Kane, le veuvage est encore plus pesant pour la femme qui travaille. En effet, après le deuil, l’éplorée doit forcément retourner à son lieu de travail. Mais le drame, c’est que ses moindres faits et gestes sont épiés, note la sociologue. « Elle ne doit plus s’habiller comme avant. Ce qui constitue un blocage psychologique qui, à terme, peut changer sa vie. Parce que, quelles que soient les circonstances, il est toujours difficile de rebondir après un deuil, si en plus, on doit faire avec le regard de la société, le veuvage devient presque éternel », analyse-t-elle.
L’équation des enfants
Si aujourd’hui Fatou Diagne s’est refait une nouvelle jeunesse comme le laisse apparaître sa belle mine, elle n’arrive pas à trouver chaussure à ses pieds. « La plupart des hommes, quand ils découvrent que tu as des enfants, font machine arrière. Ils ont peut-être peur d’être rejetés par les enfants d’autrui », pense-t-elle.
Cette dame, vendeuse de beignets, en a fait l’expérience. Elle témoigne sous le couvert de l’anonymat. En effet, même si elle reconnaît traîner encore le poids du veuvage, elle était prête à rebondir, mais s’est heurtée à la réticence de ses enfants. « Ils sont restés très proches de moi. Quand j’ai fait la connaissance d’un homme qui était prêt à m’épouser, je me suis confiée à un de leurs oncles pour avoir leur avis. Mais depuis lors, ils sont devenus distants avec moi. Je l’ai très mal pris au début. Mais j’ai fini par comprendre leur attitude », témoigne la dame, le regard meurtri.
Regain de spiritualité
Rouguy, elle, a perdu son mari après deux ans de mariage, laissant derrière lui un bébé de deux ans. Très marquée par ce drame, elle ne s’est toujours pas remise. Sa vie se limite aujourd’hui à la prière et aux soins de son enfant. « C’est vrai que j’ai fini la période de veuvage, mais je ne me suis pas départie du voile et je ne le regrette pas. C’est une partie de moi que j’ai perdue. À chaque fois que je regarde mon fils qui lui ressemble terriblement, l’image de mon défunt mari me revient », se confie-t-elle. N’ayant toujours pas quitté le domicile conjugal, Rouguy se réjouit d’avoir la chance de pouvoir compter sur une belle famille aimante. Devenue très pratiquante, elle a mémorisé le Coran durant cette période de viduité.
Presque dans le même cas, N. S. ne s’est jamais remariée depuis qu’elle a perdu son mari il y a de cela dix ans. « Peut-être que je fais peur ou c’est parce que je suis un peu trop âgée », s’interroge-t-elle. Seule, sans mari, ni enfant, N. S. n’a qu’un seul recours : la prière. « C’est tout ce qui me permet de ne pas flancher », dit-elle.
Veuves, porte-malheur ?
En plus de n’avoir pas eu d’enfants, N. S. perd son mari. Un drame qui la plonge dans une profonde solitude. Comme si son désarroi ne suffit pas, elle doit faire face au regard d’une société qui l’a, à la limite, stigmatisée. « Je vis très difficilement mon veuvage. Au vu de la société, une veuve porte malheur. Au début, quand je sortais, je sentais cette méfiance. Et le fait que je n’ai jamais eu d’enfants n’a fait que conforter cette croyance. Du coup, j’étais obligée de ne sortir que la nuit. Ma vie a été plus métamorphosée par ce regard que par la perte de mon mari », témoigne-t-elle. Selon le vendeur de lait Aliou Dème, la soixantaine sonnée, dans son Thilogne natal, les considérations à l’endroit des veuves sont encore plus compliquées, surtout s’il s’agit d’une femme qui a perdu deux maris. « Elle est isolée même au sein de sa famille. Il est même dit que quand on rencontre une femme pareille, on revient sur ses pas et, si on est courageux, on lui jette un morceau de charbon », raconte-t-il.
Remariage : le lévirat et le sororat de plus en plus prisés
Très souvent, dans certaines ethnies, le mari qui perd son épouse se voit proposer une parente proche de sa défunte. Une pratique appelée sororat qui, dans certaines familles, peut peser sur l’ambiance. Sous le couvert de l’anonymat, A. D. révèle que sa famille s’est transformée quand, suite à la mort de sa mère, son père a épousé une de ses tantes. « La sœur de ma défunte mère et moi sommes presque de la même génération. Elle était attentionnée, toujours aux petits soins, mais il nous était impossible d’admettre que c’est elle qui occupe désormais la place de maman dans le foyer. Nos relations ont changé », confie-t-elle.
Cette dame, sous le couvert de l’anonymat, s’est remariée au petit frère de son défunt époux. Mais ce lévirat ne se passe pas très bien car elle vit difficilement les relations froides entre ses enfants et son mari. « Je sens une certaine jalousie. Parce que c’est quelqu’un de très collant. Dans une vie normale, ce ne serait peut-être pas de trop, mais le contexte fait que les enfants l’acceptent difficilement », tente-t-elle d’analyser.
par Yoro Dia
ANACHRONISMES DÉMOCRATIQUES
On n’a pas besoin d’un ministère dédié aux élections, sauf à admettre que le pays doit vivre dans une campagne électorale permanente - Prenons le temps de parfaire nos institutions et utilisons notre énergie pour des problèmes réels
J’ai souvent écrit dans ces lignes que le dialogue national est non seulement une arme de distraction massive, mais aussi que c’est une immense perte de temps. La nouvelle proposition de la société civile pour la création d’un «ministère chargé des Elections et de la modernisation du système partisan» confirme que la société civile est souvent complice dans cet art permanent de la distraction massive. Le théâtre de mauvais goût ne fait plus rire personne.
Dans notre système politique où l’alternance est devenue la respiration naturelle de la démocratie et où les Présidents sortants Diouf et Wade ont organisé et perdu des élections, où l’opposition remporte souvent la mairie de la capitale face au pouvoir en place, vouloir créer un «ministère chargé des Elections et de la modernisation du système partisan» est un anachronisme démocratique. Cette idée aurait été pertinente il y a 30 ans, avant les alternances. Certains membres de la société civile, qui sont souvent à l’origine de ce genre de propositions, sont des rentiers de la tension politique qui cherchent toujours à créer une inflation institutionnelle pour caser leurs membres.
La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût, et notre démocratie nous coûte trop cher, avec une inflation institutionnelle permanente. Dans une démocratie, les élections ne sont qu’une parenthèse qu’on ferme rapidement pour que le pays se remette au travail. On n’a pas besoin d’un ministère dédié aux élections, sauf à admettre que le Sénégal doit vivre dans une campagne électorale permanente. Nous voulons que notre pays fasse un grand bond en avant, mais pas qu’on nous ramène toujours en arrière avec ce genre de propositions anachroniques.
Nous n’avons pas besoin d’un ministère chargé de la «modernisation du système partisan». Notre système fonctionne bien, il se modernisera avec le temps, sauf que nous ne donnons jamais le temps à notre système, caractérisé par un éternel recommencement après chaque élection. Le système américain, qui est d’une extrême complexité, est devenu moderne avec le temps, car dans ce pays, on s’adapte aux règles du jeu définies il y a des siècles.
Chez nous, on adapte les règles du jeu aux conjonctures électorales. Ce qui fait que nous avons des traditions électorales très fortes, mais encore des traditions démocratiques très fragiles à cause des règles du jeu qui changent en permanence. Il n’y a pas d’institutions parfaites. Elles le deviennent avec le temps. Laissons le temps au temps pour parfaire nos institutions et utilisons notre énergie pour des problèmes réels !
Rien de révolutionnaire ne sortira du dialogue national. Le dialogue national ne fera pas faire à notre démocratie une grande avancée parce que le dialogue national cherche à trouver des solutions à des problèmes artificiels ; d’où des propositions artificielles comme un ministère chargé de la Modernisation du système partisan. Du dialogue ne sortiront que des propositions artificielles parce que notre pays n’a pas de problème politique. Nous avons élu un Président qui gouverne, l’opposition s’oppose et travaille pour la prochaine alternance, les magistrats tranchent les litiges, la plèbe se passionne pour l’affaire Dieyna, tout est normal. C’est parce que le dialogue n’a pas d’objet que c’est une perte de temps et une distraction qui nous éloignent des vraies questions.
BERNIE SANDERS N'Y ARRIVE PAS
René Lake décrypte les résultats du mini Super Tuesday, marqué par une nouvelle victoire de Joe Biden qui distance largement le Sénateur du Vermont, son principal rival dans la course à la nomination démocrate pour la présidentielle
La dynamique victorieuse enclenchée depuis trois primaires par Joe Biden ne s'arrête plus. Et Bernie Sanders a du mal à suivre l'échappée de son rival. Le Sénateur du Vermont a une nouvelle fois courbé l'échine ce mardi, lors du mini Super Tuesday, avec une défaite dans au moins trois des six Etats en jeu.
Au micro de VOA TV, l'analyste politique, René Lake, parle de ce duel qui tourne de plus en plus à l'avantage de l'ancien vice-président de Barack Obama. Il voit notamment très Bernie Sanders parvenir à refaire son retard.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
GAGNY LAH : L’ÉTOFFE, L’EROS & LA CASTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Icône du Bazin riche, l'opérateur malien, a même laissé son nom au tissu, joyeusement déformé en « Ganila » au Sénégal - Mort à 80 ans en 2016 à Paris, il laisse orphelins plusieurs tissus - INVENTAIRE DES IDOLES
Icône du Bazin riche, étoffe très prisée en Afrique, Gagny Lah, opérateur malien, a même laissé son nom au tissu, joyeusement déformé en « Ganila » au Sénégal. Commerçant inspiré, travailleur discret et patriote, c’est un des symboles de réussite les plus aboutis dans le continent. Mort à 80 ans en 2016 à Paris, il a récolté de nombreux hommages et laisse orphelins plusieurs tissus. Satire.
Le vieux Mansour était tout ce qu’aimaient les jeunes. Un vieux, drôle, qui fréquentait leurs assemblées et qui n’était jamais avare d’y aller de sa petite anecdote. Il avait gardé un esprit juvénile, taquin et ne manquait jamais de railler ses vieux collègues de la mosquée, croulants, voûtés et coincés. Il aimait s’inviter à la séance de thé, tacler les jeunes qui ne seraient plus virils comme de son temps, et partageait toujours l’anecdote qui faisait mouche, à coup de mon temps, ou encore, notre génération, ou plus sobrement, avant…Il le disait la voix enrouée par la nostalgie…On avait bien fini par l’adopter comme l’un des nôtres, aimanté par ses blagues, surtout quand ils racontaient les galères conjugales de ses vieux potes. On l’appelait affectueusement Alfanaw (le vieux), il ne cessait de nous asséner des certitudes, pour certaines devenues adages. Une d’entre elle avait fini par valoir prémonition ! Alfanaw en était sûr. Il tenait dans cette prophétie : « méfiez-vous, nous disait-il, des petits gros sans charmes évidents, potentiellement chauves voire inoffensifs et des tailleurs vaguement efféminés, car ils sont les véritables géniteurs de nos enfants. Ceux qui vous habillent sont bien souvent ceux qui vous déshabillent. » « Ils ont, rajoutait-il, peu avare de sa science, l’oreille, les mensurations, la satanée et crapuleuse prise de mesure, la proximité libidineuse et les secrets des couples qui vacillent ou qui naissent. Si les taxis confessent les femmes, les tailleurs les réconfortent et leurs recousent une splendeur, les vendeurs de tissu n’en parlons pas, eux c’est le jackpot. » Fier de son effet, le sociologue des taxis et des ateliers de coutures, s’en allait gaiment.
Bien des années plus tard…
Le temps a blanchi des crânes, ridé des visages d’anges, vidangé des maisons pour remplir des cimetières, que la prédiction reste non - tout à fait - démentie. Elle a davantage de vigueur, quand on y songe, avec la récente disparition de Gagny Lah que le veux Mansour aimait bien, depuis ses débuts dans le commerce dans les années 80. A la masse commune, attelée aux défis de la survie, ce patronyme, Lah, improbable, n’évoque rien, sinon un exotisme lointain. Dans les cabinets sérieux, on ne sait pas grand-chose de ce patronyme non plus. A l’élite mondaine, perchée sur son promontoire d’aise, il ne dit pas davantage grand-chose, sinon une probable anomalie de baptême. Surgit pourtant, de cet anonymat des destins célestes, une fabuleuse histoire. L’homme, discret travailleur, noble et fin d’aspect, sec, mais lustré d’argent, avait le port haut et le regard malicieux. Coiffé d’une chéchia immaculée, il poussait la coquetterie jusqu’à l’assortir avec un boubou ample et duveteux, à l’intérieur duquel il évoquait la majesté de ces rois des hauts plateaux guinéens, que l’on ne rencontre plus guère que dans les romans de Tierno Monenembo. Il symbolisait la réussite, la pudeur, l’acharnement au travail.
D’une ascendance pularoïde que suggéraient, outre ses traits tracés à la grâce, ce culte du secret, cette pudeur maniaque qui s’évanouissait dès les seuils de l’intimité, il avait dédié sa vie à déshabiller et à rhabiller les femmes, sans y toucher ; sans que n’interviennent ni la corruption de l’argent, celle de la force, celle de la séduction, ni même celle de l’utilité mutuelle, infligeant ainsi aux violeurs, aux dragueurs, aux polygames argentés, les plus grandes leçons des jalons sur la quête féminine pour ici emprunter la formule de Sayyid Qubt. A 60 ans, il avait déjà plus que réussi son pari. Les femmes le portaient. Les hommes aussi. Ce peuple nu d’Adam s’enfilait des mètres entiers du longiligne sahélien sans rechigner aux encoignures. A l’instar d’une poignée de privilégiés qui avaient réussi au cours de l’histoire à tisser une proximité avec le corps féminin, Gagny Lah s’était hissé directement au grade de meilleur, reléguant Roger Cavaillès et ses gels intimes, Hugh Efner et des playmates, et même les serviettes hygiéniques les plus polissonnes, tout un monde qui en savait des rayons sur l’anatomie des descendantes d’Eve. Les hommes, quoique moins aphrodisiaques à peindre, voyaient leur intimité avec Gagny Lah chahuter leur virilité. Il avait ainsi aboli les frontières de la distinction sexuelle, si chère en pays d’Islam.
Notre homme était devenu une seconde peau, l’habit greffé à l’âme, et l’étoffe d’une sous-région en proie à la fragile nudité de l’insignifiance. On l’exhibait les jours de fêtes. Son bazin était riche, il froufroutait à l’air libre. Son éclat rayonnait. On se drapait dans cet habit neuf, propice aux grandes occasions. Ses plis réguliers, ses motifs ondoyants, pointillaient sur le tissu comme les étoiles perlent dans la robe du ciel ; la voilure de ces Hommes heureux ourlait et dansait au vent, célébrant l’esthétique et l’art, ultimes refuges d’énergie et d’espoir des peuples outragés par le destin.
Privilège des immortels, Gagny Lah avait réglé l’affaire de sa postérité de son vivant. Il s’était aménagé le long de sa vie, une tombe cristalline, un linceul de métal précieux, pour enveloppe finale, peaufinée à l’écriteau par son propre nom, pour achever le paquet à destination des grâces du ciel. Peu importe que son nom soit devenu dans le domaine public « Ganila », écorché par la prononciation énamourée des commerçantes qui l’ont propagé, aussi tenons-nous là, la vraie et belle appropriation culturelle : celle qui déforme et adapte, créant le charme poétique et trouble du métissage. En important une étoffe dans laquelle il a imprimé et dissolu son âme et son génie, Gagny Lah peut partir la tête haute. Il laisse un héritage immense. L’étoile aura manqué – signe de son humanité – d’éponger les querelles de castes qu’elle a suscitées tant son bazin était aussi affaire de paraître, d’échelles sociales.
Gagny Lah, ou plutôt « Ganila », était devenu bien malgré lui, le symbole de la résurgence de ces hiérarchies violentes, alourdies par une société d’affichage où la caste s’énonce et s’annonce avec l’habit. Il ne pouvait qu’habiller les Hommes, tâche leur revenait d’y instiller la dose de pudeur et d’humanisme. Gagny Lah n’avait pas lu Marx, et sérieusement qui lui en voudra ? Lui qui, au crépuscule de sa vie, a vu un autre ogre du marché de l’étoffe lui mordre le mollet et le jeter dans la tombe de la course au plus scintillant, que l’on nomme dans les cimes dakaroises : Jezner. Combat déloyal et défaite à la saveur divine. Dans les couches de tissus qui se superposent, bariolés de couleurs et de verves des marchés africains, toute la famille, de Wax à Lagos, en passant par Së’ru Njago (étoffe manjak) et Cuub (teinture), la communauté étreinte par le chagrin pleure le seul qui avait réussi à faire disparaître l’Homme dans l’étoffe. A Percal (étoffe du deuil), l’auguste mission, d’envelopper celui dont c’était la mission.
Maintenant que les lumières sont éteintes, au nom du vieux Mansour, avec qui tu dois discuter là-haut désormais, permets une familiarité Gagny Lah : combien alors en as-tu défaits de pagnes de ton nom ? C’est pour un ami tailleur !
Texte initialement publié dans le P’tit Railleur, en 2016.
Baba Zoumanigui, ancien patron d'IBM Afrique francophone, parle de son nouveau livre "Kungolo Baa" concernant le leadership, le management et les valeurs africaines, dans l'émission Question directe sur iTV.