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LE SENEGAL EST-IL RETOURNE DANS L’ERE DE LA CLANDESTINITE ?

Mamadou Diop Decroix, Ibrahima Sène Pit et Madièye Mbodj And-Jef ne distribuent plus les mêmes « tracts » que ceux des années 60-70 !

Pape NDIAYE et Falilou MBALLO  |   Publication 05/02/2020

La traque policière contre les distributeurs de tracts — ou flyers pour faire plus branché — semble avoir fait rétrograder le Sénégal à l’antique l’ère de la clandestinité politique ou citoyenne. Les nombreuses interpellations et arrestations des membres de « Nio-Lank » effectuées ces derniers temps nous rappellent le Sénégal des années 60 et 70. A cette sombre époque-là, les leaders de partis de gauche, de mouvements syndicaux et de l’opposition clandestine ventilaient nuitamment des tracts pour ne pas se faire embastiller par la police politique de Léopold Sédar Senghor. Presque 60 ans après Mamadou Diop Decroix (And-Jëf), Madièye Mbodj (Yoonou Askan Wi) et Ibrahima Sene du Pit ne distribuent plus les mêmes « tracts » alors que, durant ces années de braise, ils partageaient la même idéologie visant à conquérir la démocratie, la justice sociale et l’Etat de droit. « Le Témoin » quotidien vous replonge dans l’épopée héroïque et sublime des colleurs d’affiches et des distributeurs de tracts du temps de la clandestinité.

Dans les années 60, la majorité de la population actuelle de notre pays n’était pas encore née. et même s’il y a des Sénégalais qui avaient vu le jour au moment de l’accession de notre pays à l’indépendance survenue en 1960, la plupart d’entre eux étaient encore des enfants. Quant à ceux qui se souviennent de ces années bantoustans du lendemain de la seconde guerre mondiale où toute une génération de leaders africains tels que Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), Modibo Keita (Soudan-Mali), David Dacko (Oubangui), Sékou Touré (Guinée) et autres formés par le syndicalisme ou dans les universités de la métropole (France), ils sont devenus une espèce en voie de disparition. Ces pionniers de la lutte pour l’indépendance, donc, les Senghor et consorts animaient et dirigeaient les syndicats de travailleurs ou d’étudiants, les courants de pensée et les partis politiques africains. Il a fallu attendre 1960 pour que la majorité de ces pays de l’Afrique occidentale française (Aof) accèdent à l’indépendance. une aubaine inespérée pour de nombreux dirigeants d’alors qui se sont autoproclamés présidents ! Au Sénégal, par contre, un collège électoral a fait de Léopold Sédar Senghor le premier Président du Sénégal indépendant. Pour maintenir des liens étroits et forts avec la France et le monde occidental, nous raconte-t-on, le président Senghor traquait les semeurs des idéologies marxistes et de l’anti-impérialisme français pour tenter de les réduire au silence ou les pousser à l’exil. Aux avant-postes de la lutte contre le régime « néocolonial » de Senghor, les partis de gauche clandestins comme le Parti africain de l’Indépendance (PAI) ou And-Jëf, puis plus tard de la Ligue démocratique et de la Ligue communiste des travailleurs (LCT), des syndicats de travailleurs ou d’étudiants.

Senghor dirigeant le pays d’une main de fer, toutes ces forces d’opposition à son régime se mouvaient dans la clandestinité totale. Pour résister, exister et protester, diffuser leurs idées auprès des masses aussi, leurs militants n’avaient qu’un seul et unique moyen de communication et de propagande : les tracts ! Car sous le Sénégal des années Senghor, l’interdiction, la censure et la répression furent le lot des rares « journaux » ou bulletins d’informations clandestins existants. Evoluant dans cette clandestinité politique, les leaders de gauche et de l’opposition n’avaient que les tracts pour véhiculer leurs messages et donner des mots d’ordre auprès des couches populaires et autres classes ouvrières.

Les gares ferroviaires (Dakar, Thiaroye, Hann, Rufisque, Thiès), les abribus ou ce qui en tenait lieu, les marchés (Kermel, Sandaga, Colobane), l’université et les lycées, les gares routières (Pompiers, Colobane) et les stades municipaux constituaient des lieux stratégiques pour ventiler les tracts édités de façon « artisanale ». La distribution de tracts se faisait en général nuitamment. De très lourdes peines de prison frappaient les distributeurs de tracts qui étaient arrêtés par la redoutable police senghorienne. et jugés par le Tribunal spécial ou la Cour de sûreté de l’état, c’est-à-dire des juridictions d’exception. Soixante (60) ans après notre accession à la souveraineté internationale, les arrestations et interpellations des membres de la plateforme « nio Lank » nous renvoient à l’ère de la clandestinité politique ou citoyenne.

Pour cause, ces activistes sont interpellés pour avoir distribué des « flyers » — ou tracts des temps modernes — visant à sensibiliser les populations sur la hausse du prix l’électricité. et, surtout, réclamer la libération de leur camarade Guy Marius Sagna. Des arrestations par un régime que Fadel Barro, l’un des coordinateurs de « y en a Marre », qualifie de « dictature rampante ». « C’est regrettable de constater cette poussée autocratique qui menace nos libertés. Pour une simple distribution de tracts, on vous embarque pour une garde-à-vue de 48h que rien ne peut justifier » avait-il déploré au lendemain de l’arrestation de ses camarades de la plateforme « ñoo lank ».

Parmi les interpellés pour cause de distribution de « flyers », Aliou Sané, le leader du mouvement « y en a marre » qui, après sa libération, s’étranglait de colère. « Nous étions 15 membres de différents mouvements citoyens issus du collectif nio Lank kidnappés par la Police. Notre seul tort, c’était d’être allés à la rencontre de nos concitoyens pour discuter avec eux sur cette hausse injustifiée du prix de l’électricité. Ce n’était ni un rassemblement, ni un attroupement, mais juste une simple opération de distribution de flyers » avait fustigé Aliou Sané avant de lancer avec ses camarades, en riposte, l’opération « flyers fepp ».

Un journal clandestin nommé « Xaré-Bi / La lutte »

A l’époque du parti unique et de la radio unique appelée « radio-Dakar » créée en 1950, la clandestinité était considérée comme une contrainte puisque la politique qui devait être par principe une activité publique ou citoyenne, était soumise à un régime d’oppression et de répression. Ce qui explique que les opposants au parti unique ups (union progressiste sénégalaise de Senghor) jouaient à l’équilibriste entre visibilité pour se faire connaitre et invisibilité pour échapper à la prison mais aussi à d’atroces tortures. Donc, pour la diffusion de leurs idées et mots d’ordre, seuls les tracts pouvaient faire l’affaire même si leur portée était limitée du fait qu’ils étaient distribués en cachette. Selon le secrétaire général d’And Jëf-Pads, le député Mamadou Diop Decroix, les vagues d’arrestations de jeunes du mouvement « nio Lank » lui rappellent les années 70 à l’ère de la clandestinité. « A l’époque, nous n’avions aucun moyen de communication car le parti au pouvoir contrôlait l’unique radio et le journal d’état. Et l’unique journal clandestin baptisé « Xaré-bi/La lutte » dont nous disposions était traqué par la police. Donc, les tracts étaient notre seul outil de communication que nous distribuions nuitamment pour ne pas nous faire prendre par la police. et si je vois cette même police d’état faire des arrestations tous azimuts contre des distributeurs de tracts, cela nous renvoie forcément 60 ans en arrière » se désole Diop Decroix, célèbre distributeur de tracts et colleur d’affiches des années de braise. « D’ailleurs, j’ai condamné cette répression d’une autre époque auprès de Famara Ibrahima Sagna dans le cadre du Dialogue national. Il faut que l’etat laisse les citoyens jouir de leurs propres outils d’expression ou communication tels que les tracts, les flyers, les réseaux sociaux etc. » invite le secrétaire général d’And Jëf et fer de lance de la contestation estudiantine de Mai-1968.

Pour Mme Fatou blondin Ndiaye Diop, membre clef de la plateforme « Aar Li nu book », Léopold Sédar Senghor doit se retourner dans sa tombe en apprenant l’arrestation de jeunes citoyens sous l’accusation d’avoir distribué des tracts pour lancer des messages. « Car nous croyions avoir dépassé cette époque où la police d’état pourchassait des colleurs d’affiches et autres distributeurs de tracts. en ce début du troisième millénaire, l’ère de la clandestinité politique ou citoyenne devrait être révolue au Sénégal des alternances pacifiques et démocratiques. Mais hélas ! » Déplore l’amazone des mouvements de « niakhtou » permanents.

Entre tracts des années 60 et flyers de « Nio-lank »…

Jusqu’à 1976 avec la révision constitutionnelle instaurant un multipartisme limité à trois partis politiques représentant autant de courants, à savoir le Ps (Parti socialiste), le Pds (Parti démocratique sénégalais) et le Pai (Parti africain de l’Indépendance), puis une autre modification introduisant le courant conservateur, et donc un quatrième parti, le Mrs (Mouvement républicain sénégalais de feu Me Boubacar Guèye), il n’y avait que le tract comme moyen de communication. Car la « Presse unique » demeurait ce qu’elle était c’est-à-dire une radio et un journal uniquement au service du Parti-état. Ibrahima Sène, dirigeant du Parti de l’Indépendance et du Travail (Pit, continuateur du Pai) et distributeur de tracts dans les années 60 se souvient et raconte. « Les tracts étaient notre seul support pour véhiculer nos messages auprès des couches populaires. en dehors des journaux clandestins, le tract constituait notre tribune d’expression et de contre-propagande (face à la propagande du parti-état, ndlr) pour tenter d’imposer des règles du jeu démocratique. Certes, on les distribuait nuitamment pour ne pas tomber dans les filets de la police » reconnaît le président du conseil d’administration de la Miferso avant de condamner paradoxalement les méthodes des jeunes de « nio-Lank ». Pourquoi ? « Parce que les temps ont changé ! Aujourd’hui, les manifestations sont autorisées, les partis sont nombreux, les médias sont libérés avec plusieurs journaux, radios et télévisions. Sans oublier l’internet, les réseaux sociaux etc. Donc, le flyer ou le tract n’a plus sa raison d’être. D’ailleurs, le terme « flyer » n’a existé qu’en 2007 lorsqu’il s’agissait de faire des déclarations invitant les citoyens sénégalais à boycotter la présidentielle. on n’utilisait les flyers que pour donner des mots d’ordre pacifiques.

Par contre, les jeunes de « nio-lank » utilisent les flyers pour des appels à manifester. Pire, ils ont détourné les flyers ou les tracts de leurs objectifs » se désole Ibrahima Séne du Pit. A l’en croire, à l’époque de la clandestinité, les tracts renfermaient de simples déclarations destinées à la classe ouvrière et la masse paysanne. « Parce qu’on était interdits de meetings. Aujourd’hui, la distribution de tracts et de flyers ne se justifie plus d’autant que nous sommes très loin de l’époque des interdits » prétend M. Sène de la mouvance présidentielle. Une chose est sûre : il a fallu presque 60 ans pour que les leaders contestataires d’alors ne distribuent plus les mêmes…tracts. Ou alors ne partagent plus la même idéologie. Du moins, la même cible. Il est vrai que Senghor n’est plus là et que son successeur Abdou Diouf avait ouvert les vannes toutes grandes en instaurant le multipartisme intégral ou illimité !

Rendant donc obsolète la lutte clandestine et la distribution de tracts. Avant que 39 ans après — le multipartisme intégral a été instauré en 1981 —, Le régime ne replonge le Sénégal dans l’ère sombre et inquiétante de la répression contre les distributeurs de tracts, pardon de flyers !

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