YANKHOBA SEYDI REVISITE LES RACINES DU LIBÉRALISME
Dans son ouvrage « Libéralisme : une affaire de philosophie et de liberté, une histoire de libération », l'enseignant-chercheur à l’UCAD fait une véritable ode à la liberté individuelle, appelant à distinguer ce courant de pensée des dérives capitalistes.

Yankhoba Seydi enseignant-chercheur au Département Anglais de l’Université Cheikh Anta Diop, nous invite à travers son nouvel ouvrage « Libéralisme : une affaire de philosophie et de liberté, une histoire de libération » à une odyssée intellectuelle autour du concept du libéralisme avec comme socle la promotion et la défense de la liberté individuelle. Dans une démarche pédagogique, il passe en revue les différentes évolutions du concept de libéralisme.
C’est une ode à la liberté que nous propose Yankhoba Seydi à travers 254 pages de son ouvrage intitulé « Libéralisme : une affaire de philosophie et de liberté, une histoire de libération ». L’enseignant-chercheur à l’Ucad, dans un style clair et simple, nous convie à une odyssée intellectuelle qui s’est fixée pour mission de revisiter les origines historiques et philosophiques du libéralisme. A travers cet ouvrage, l’auteur nous replonge dans les profondeurs de l’âme humaine ou brille la flamme de la liberté. « L’homme est libéral par essence, car cette liberté lui permet de tirer profit de sa créativité, de son travail et de son imagination. Tout le monde est libéral que cela se sache ou pas », dit –il dans le livre.
Cette proclamation montre la couleur dès le début de l’ouvrage où M. Seydi nous indique que le libéralisme est la seule vision du monde qui offre à l’individu un contrôle sur sa destinée et un idéal de vie pour toute l’humanité. L’auteur nous renseigne aussi dans cette première partie que le libéralisme qui s’appuie sur une vision fondée sur l’individu et la coopération volontaire entre les humains, a un caractère universel transcendant les cultures et les traditions. Cette quête de liberté, déclare-t-il s’illustre à travers les révolutions du Mandé ou celle des Torodo de Thierno Souleymane Baal et Abdel Kader Kane ou bien dans le Taoïsme chinois. Sur ce rapport, le spécialiste de la civilisation britannique nous démontre à travers la première partie intitulée « le Libéralisme à la loupe de l’histoire origines d’un concept et d’un idéal de vie » les évolutions du libéralisme qui remontent depuis la Grèce antique, mais qui va réellement se conceptualiser à travers la reforme calviniste du XVIe sans oublier les travaux des grands penseurs du XVII au XIXe siècle comme John Locke considéré comme le père fondateur du libéralisme ainsi qu’Adam Smith, John Maynar Keynes, Karl Hayek.
Toujours au début du livre, l’auteur nous renseigne aussi que la pensée libérale n’est que la traduction sur le plan intellectuel, économique et politique de liberté qui sommeille en chaque être humain. Un libéralisme qui, affirme-t-il, est l’étape décisive d’une évolution de la pensée libérale. Sur le plan institutionnel, le libéralisme prend le parti de l’individu dont les droits et devoirs doivent être garantis et protégés dans une société démocratique. Cette dernière est définie dans l’ouvrage comme un ensemble de trois éléments : liberté individuelle, Etat de droit et démocratie libérale. Une notion qui, soutient-il, défend la notion de choix pour un peuple libre de ses actions et opinions s’appuyant sur la liberté d’association et une presse libre.
Dans cette odyssée vers les sources du libéralisme, Yankhoba Seydi rappelle la lutte séculaire contre le totalitarisme qui menace toujours la liberté individuelle socle du libéralisme. Un droit qui consacre la centralité de l’homme dans les institutions et dans l’organisation économique d’une société libérale.
Convergences et divergences entre capitalisme et libéralisme
Dans la deuxième partie du livre, l’auteur tente de démontrer la prééminence de la liberté individuelle dans le processus de modernisation de nos sociétés. Selon lui, le libéralisme est un principe révolutionnaire qui aura marqué l’histoire européenne marqué pendant des siècles par le règne de l’absolutisme. Ainsi, les révolutions anglaise (1688), américaine (1776) et française (1789) sont les héritières de siècles d’évolutions du libéralisme qui aura accompagné le processus de libération des peuples face à l’oppression féodale. Ainsi à travers les pages, M. Seydi détaille les différents combats du libéralisme pour l’émergence d’une société moderne. Cette modernité, souvent conjuguée avec la mondialisation et des concepts économiques (la loi du marché, le protectionnisme) peut souvent prêter à confusion en assimilant libéralisme et capitalisme.
« Le capitalisme prospère bien dans une économie construite sur le modèle libéral », argue-t-il. Toutefois, ajoute-t-il sans liberté, le capitalisme peut aussi fonctionner. En outre, malgré les convergences entre ses deux concepts, force est de constater qu’il dresse un cadre scientifique afin d’étudier les vraies différences entre libéralisme et capitalisme « Le libéralisme n’est pas le capitalisme. Il est clair que le capitalisme dans sa démarche peut entraver et souvent, l’expression de la liberté », dit-il de manière sèche tout en indiquant que certaines dérives du capitalisme comme la quête forcenée à la richesse et d’accumulation de biens ne sied pas souvent à la promotion du libéralisme.