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3 mai 2025
Éducation
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STL OU LA BELLE REVANCHE DES FILLES EN SCIENCES
Plus de filles scientifiques, de femmes leaders, de femmes en politique... dans les prochaines années ; les solides bases d'une société plus inclusive, plus juste, sont en train d’être posées efficacement et sans grand bruit par Shine to lead
Dans cet entretien, la vice-présidente de Shine to lead (STL) , Rokhaya Solange Mbengue Ndir, rappelle la mission et les objectifs de cette association qui trace progressivement sa toile dans l’autonomisation des femmes au Sénégal.
Depuis plus de 4 ans, Shine to lead recrute et accompagne des jeunes lycéennes des séries scientifique dans leur formation et leur épanouissement émotionnelle en vue de faire d’elles des leaders dignes de ce nom demain. De ce fait, ces lauértes de l'association Shine to lead sont les fleurs de l’espérance pour le Sénégal et l’Afrique dont elles seront des futures légataires.
Les dirigeantes de l’association sont déterminées à aller plus loin en recrutant de plus en plus de filles pour peu que les partenaires suivent et continuent leur appui pour cette belle cause. Les détails avec Rokhaya Solange Mbengue Ndir.
LES ENSEIGNANTS APPROUVENT L’AUDIT MAIS DÉNONCENT LES CONDITIONS «HUMILIANTES» DE SON EXÉCUTION
Dans le cadre de l’audit du personnel enseignant, beaucoup en service dans le Sénégal des profondeurs se plaignent d’être obligés de parcourir des kilomètres pour une présence physique obligatoire au niveau de leur chef-lieu de département
Dans le cadre de l’audit du personnel enseignant engagé par le ministère de l’Education nationale, beaucoup d’enseignants en service dans le Sénégal des profondeurs se plaignent d’être obligés de parcourir des kilomètres pour une présence physique obligatoire au niveau de leur chef-lieu de département. Pis, ils passent souvent de longues heures d’attente dans les cours des écoles ciblées. Ils dénoncent ces conditions et demandent plus de considération, de respect et la préservation de leur dignité.
Le ministère de l’Education nationale a démarré un recensement physique des enseignants depuis lundi dernier. Ce, pour s’assurer de la disponibilité de tous les enseignants en service dans les différents établissements scolaires que compte le pays. Mais aussi, et surtout, s’assurer de la véracité des informations remontées au ministère à partir des services déconcentrés à savoir les Inspections d’académie (Ia) et celles en charge de l’Education et de la Formation (Ief). L’objectif, c’est de voir si effectivement les agents existants sur le fichier sont ceux officiant sur le terrain. Et, ainsi, pouvoir détecter les cas de fraudes mais aussi et surtout maîtriser la masse salariale de ce secteur. L’audit s’inscrit donc dans l’ordre normal des missions de l’Administration.
Les enseignants se félicitent d’ailleurs de ce recensement d’autant que, disent-ils, beaucoup d’agents abandonnent leurs postes de travail pour voyager à l’extérieur sans le signaler et continuant à percevoir leurs salaires. D’autres prennent service pour ensuite disparaitre avec la complicité de leurs supérieurs hiérarchiques sans compter les décès non déclarés alors que les salaires des défunts continuent d’être virés. Il y aurait même parfois des postes fictifs. Autant de magouilles qui justifieraient un tel audit. Les enseignants ne sont donc pas contre l’idée de les «entendre physiquement, et avec des papiers justificatifs». Mais ce qu’ils dénoncent, ce sont les conditions dans lesquelles ils sont audités. D’après leurs dires, il n’est pas rare que les membres de la mission qui les convoquent à 8 heures, viennent trois heures après, c’est-à-dire à 11 heures.
Les enquêteurs les regroupent ainsi de 8 heures jusqu’à des heures tardives pour les besoins de cet audit. Un recensement qui fait perdre aux élèves et enseignants deux à trois jours de cours. D’où ce sentiment d’amertume affiché par Momath Sarr. «Dans certains départements comme Médina Yoro Foulah, des enseignants parcourent plus de 40 kilomètres pour se faire auditer. Ensuite, ils viennent s’entasser dans les cours des écoles cibles, debout sous le chaud soleil de 8 heures à 13h heures pour un soi-disant audit. C’est un manque de respect notoire à notre égard ! Nous ne refusons pas cet audit qui est tout à fait légitime car entrant dans l’ordre normal des choses, mais qu’on le fasse aussi avec élégance et dans le respect de la dignité de notre corps. Si l’Etat décide d’auditer le corps enseignant, il doit aussi être en mesure de le faire dans chaque école», s’est-il indigné.
L’indignation est presque collective !
D’après les explications de Saliou Mbaye, coordonnateur de l’Unité syndicale d’établissement (Use) du lycée Brave Hyppolyte de Mont Rolland, par ailleurs secrétaire administratif adjoint départemental du Saemss (Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal) de Tivaouane, «le recensement des personnels enseignants rentre dans le cadre normal de la gestion des ressources humaines relevant du ministère de l’Education nationale. Cependant, cet audit révèle des failles et défaillances de tout un système administratif, surtout après les mises en place des plateformes comme Mirador, Simen, Palnète, E-Solde...
Aussi, ce recensement démontre-t-il encore une fois un manque de coordination entre les services déconcentrés (Ief et Ia) et le niveau central (ministère) si l’on sait que tous les ordres de services et attestations de prise de services des enseignants émanent de ces structures administratives. Donc, si des surnombres ou déficits d’enseignants sont notés et constatés dans les écoles, c’est que forcément le travail de contrôle et de vérification n’est pas très bien effectué par les services déconcentrés et le central. Et puis, au nom de quoi les enseignants devraient-ils parcourir des dizaines de kilomètres et passer de longues heures d’attente pour se faire auditer ? Au nom de quoi les enseignants devraient-ils se rassembler dans les Ief pour percevoir les indemnités du Cfee, du Bfem... ? Au nom de quoi les enseignants devraient-ils se regrouper dans les Ia pour percevoir les avances pour l’examen du baccalauréat ?
Recenser (auditer) les agents de la Fonction publique est certes une mission assignée aux services étatiques mais elle ne devrait pas être un supplice pour les enseignants. L’Etat en général, et le ministère en particulier, devraient donc revoir leurs manières de procéder pour bien mener ces audits afin d’assurer la sécurité des enseignants mais surtout d’éviter de grever davantage le quantum horaire déjà malmené par les grèves « estime Saliou Mbaye.
La manière de faire l’audit dénoncée
Confirmation de son collègue Souleymane Agne selon qui les enseignants ne critiquent pas le fond du projet d’audit mais plutôt la forme et les conditions «humiliantes» dans lesquelles il se ferait. Des conditions jugées «désastreuses et «indignes» pour les enseignants. Ce qui, selon secrétaire général national de l’Alliance pour la défense de l’école publique et des Travailleurs (Adept), «peut entraver les droits des enseignants garantis par les lois et les textes règlementaires qui régissent le cadre de l’éducation, notamment sur la question des horaires et sur les conditions de travail».M. Cheikh G. Diop indique à cet effet avoir été contacté par des enseignants en service dans l’Ief de Tivaouane. Lesquels, convoqués à 8 heures à l’école élémentaire Mamadou Mansour Sy — du moins bon nombre parmi eux —, sont restés jusqu’après 18 heures sans être reçus par la mission d’audit. «Etre obligé de poireauter dans une école élémentaire de 8 heures à 18 heures 30, voire jusqu’à 21 heures, juste pour être recensé, ressemble fort à une volonté manifeste de maltraiter et d’humilier d’honnêtes travailleurs » martèle-t-il tout en condamnant «fermement» ce qu’il qualifie de «mauvaise organisation, par endroits, des missions de recensement du ministère qui nous livrent à nousmêmes dans des écoles sans le minimum de commodités et au-delà des heures de travail réglementaires». Toutes choses qui poussent M. Cheikh G. Diop à inviter le ministère de l’Education nationale à mieux améliorer la planification et l’organisation de l’audit du personnel enseignant « dans le respect des droits et de la dignité de l’enseignant ».
De l’avis de M. Diop, une bonne planification des convocations permettrait de réduire les délais d’attente, et ainsi de respecter les droits et préserver la dignité de ses collègues. Le secrétaire général de l’Adept, M. Agne pense de son côté qu’il y a d’autres formes de recensement plus appropriées pour le corps enseignants. Par ailleurs, il estime que c’est en de pareilles situations qu’ils ont le plus besoin de voir leurs leaders syndicaux sur le terrain «pour dire non ou alerter».
SIGNATURE D'ACCORD DE COOPERATION ENTRE L’UCAD ET LE GROUPE CFAO TECHNOLOGY & ENERGY
L’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar et le groupe CFAO Technology & Energy ont signé un accord de coopération pour travailler ensemble dans plusieurs domaines dont la formation, la protection des données et la cybersécurité
Dakar, 23 mars (APS) – L’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar et le groupe CFAO Technology & Energy ont signé un accord de coopération pour travailler ensemble dans plusieurs domaines dont la formation, la protection des données et la cybersécurité, a constaté l’APS, mercredi, à Dakar.
L’accord a été signé par le professeur Ahmadou Aly Mbaye, recteur de l’UCAD, et le directeur général de CFAO Technology & Energy, Alexis Madrange.
Selon M. Madrange, la coopération va porter sur la formation, la recherche, l’accès à la connaissance scientifique, le développement d’infrastructures numériques, la création de dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle des diplômés de l’UCAD et l’assistance des étudiants en fin de cycle.
"Le partenariat va couvrir également la recherche [et] les infrastructures. On a besoin d’infrastructures, on a besoin de centres de stockage", a précisé Ahmadou Aly Mbaye.
"C’est donc une coopération multiforme, qui va prendre naissance ici à Dakar, et qui va très vite essaimer au Sénégal, mais également au niveau de tout l’espace Cames (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur), qui compte 19 pays, et beaucoup d’universités", a souligné le recteur de l’UCAD.
Selon lui, la collaboration de l’université Cheikh-Anta-Diop avec le groupe technologique suscite beaucoup d’espoir chez ses étudiants, ses enseignants et son personnel technique et administratif.
"Le numérique est devenu maintenant un domaine transversal. Il touche à la formation, à la recherche, au service à la communauté, mais également à l’administration de nos institutions", a souligné Ahmadou Aly Mbaye.
L’UCAD gère les bases de données de plus de 90.000 étudiants actuellement inscrits dans ses facultés, écoles et instituts. S’y ajoutent les données de son personnel technique et administratif, et de ses diplômés.
L’université a donc besoin d’un partenaire comme CFAO Technology & Energy, selon son recteur.
"Dans un monde toujours plus automatisé, dématérialisé (…), les menaces cybernétiques sont devenues une réalité implacable pour nos clients", a souligné Alexis Madrange.
"Dans cet écosystème en développement, l’UCAD [a sa] place toute trouvée", a dit le directeur général de Cfao Technology & Energy.
Plus de 280 étudiants de l’université Cheikh-Anta-Diop suivent un cursus spécialisé sur la cybersécurité, avec le soutien de son groupe, a dit M. Madrange, rappelant qu’il coopère avec l’école doctorale de mathématiques et d’informatique de l’UCAD.
par Patricia Lake Diop
COVID-19 OU COMMENT ORIENTER LA VOIE IMPRÉVISIBLE DU DESTIN
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Vivre avec. Puis malgré. Ou en présence. Tu as fait renaître l'égalité des Hommes devant l'indicible et l'impossible, repoussé la nuit des temps à la lisière du jour, dessiné et remodelé le néant
#SilenceDuTemps – Les maux se multiplient et la syntaxe se moque des mots : vivre avec... puis malgré… ou en présence... Je n'ose plus te nommer même si tu me croises et me toises chaque instant comme un djinné sans mémoire ...
Si peur que mon corps te serve de réceptacle, qu'une cuirasse de prières me protège en permanence en plus des mantras qui résonnent comme un écho pour me rappeler que la peur de la chose entraîne la chose...
Mes pensées culbutent pourtant à la vitesse V des microbes que tu te plais à répandre avec tant de ferveur autour de toi...
2019, 2020, 2021, 2022.. Un jour tu t'en iras à coup sûr…
Et pourtant tu t'enorgueillis béatement d'avoir percé les abîmes souterrains de la science infinie, que nenni...
Tes variants et défiances ont repoussé les limites de l'imaginaire...
Sais-tu que tu ne réussiras jamais à anéantir l'amour et le renouveau de cette révolution fulgurante et explosive que tu as provoquée dans le monde ?
Des corps sont enfouis et le seront encore, des âmes errent et divaguent dans un monde en dérive certes…
Sans sommation tu as frappé, fauché, terrorisé, enseveli et exterminé avec malice...
Mais la vie est tenace, les vivants ressuscitent et les morts renaissent dans un plan céleste dont tu ignores tous les mystères...
Sais-tu que ta présence immonde est comme l'ombre d’un voleur dont on attend le retour pour un châtiment sans merci ?
Tu as fait renaître l'égalité des Hommes devant l'indicible et l'impossible, repoussé la nuit des temps à la lisière du jour, dessiné et remodelé le néant...
Mais la vie est tenace et les générations qui luisent illuminent déjà l'horizon d’un éclat nouveau...
D'un monde où l'humain sera l'alpha et son âme l'oméga, un monde dans lequel le grand architecte de l'univers régnera en maître souverain.
Exerçant son métier depuis plus de 35 ans, Patricia Lake Diop est l'une des deux premières femmesnotaires du Sénégal. Membre de l'AJS (Association des juristes du Sénégal), elle s'intéresse plus particulièrement à la cause des enfants victimes d'abus sexuels et de viol. Pendant une partie de son enfance passée en Guinée, elle a développé une passion pour les histoires de Leuk le lièvre qui ontmarqué son imaginaire et son goût pour l'écriture, la poésie, les contes auxquels elle s'essaie à ses heures libres.
AFFRONTEMENT ETUDIANTS-FORCE DE L'ORDRE A L'UGB
Les étudiants de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis sont encore en mouvement d'humeur. Ils ont fait face aux forces de l'ordre ce vendredi 18 mars. En sus, ils ont décrété des journées sans tickets illimitées
Les étudiants de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis sont encore en mouvement d'humeur. Ils ont fait face aux forces de l'ordre ce vendredi 18 mars. En sus, ils ont décrété des journées sans tickets illimitées et 48 heures de cessation de toutes activités pédagogiques. Les étudiants qui ont tenu une assemblée générale d'urgence, demandent la reprise des travaux de la voirie interne. Ils menacent de maintenir leur mot d'ordre si leur revendication n'est pas résolue, a fait savoir PressAfrik.
Pour Ousmane Guèye, président de séance de la coordination des étudiants de l'UGB, "Depuis quelques moments, la coordination a entamé plusieurs décrets de journées sans tickets pour ne pas user des moyens de violence mais en utilisant des moyens pacifiques pour essayer de résoudre cette question. Malgré toutes les rencontres avec les autorités universitaires, on n'est pas parvenus à avoir des informations palpables sur lesquelles on peut se baser pour suspendre le mot d'ordre", a t-il expliqué.
D’après ses propos, tant qu'ils n'auront pas obtenu gain de cause par rapport à la situation, ils ne lèveront pas leur mot d'ordre.
LE RECTEUR DE L'UCAD MET EN GARDE LES SYNDICALISTES
Ponction des salaires des enseignants grévistes membres du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/enseignement Supérieur et recherche (Sudes/esr) à l’Ife de l’Ucad, le porte-parole du rectorat, Pr. Mbaye THIAM explique
Après un long silence sur la crise qui prévaut à l’Institut de Français pour les Étudiants étrangers (Ife) de l'université Cheikh-Anta-Diop (ucad), le recteur et son camp sont finalement sortis de leur réserve. Répondant aux questions de «L’As» à propos de la coupure des salaires des grévistes, membres du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/enseignement Supérieur et recherche (Sudes/esr), leporte-parole du rectorat, Pr. Mbaye THIAM, a expliqué la démarche de Ahmadou Aly Mbaye et mis en garde les syndicalistes.
L'Ife connaît une crise qui dure depuis un certain temps. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots de quoi-il s'agit ?
En réalité, il n’y a aucune crise à l’Institut de Français pour les étrangers (Ife). L’Ife est un institut d’université placé sous la tutelle de la Faculté des Lettres et Sciences humaines (Flsh) de l’Ucad. Il forme des étudiants provenant de pays non francophones et des locuteurs sénégalais à la maîtrise de la langue française. C’est un établissement qui, au-delà des formations qu’il délivre, contribue à consolider le réseau de coopération avec les pays d’origine des étudiants et notre université. Il se trouve qu’après sa nomination à la tête de l’Ucad, le Recteur Aly Mbaye a constaté la vacance du poste de directeur de l’Institut. Ainsi, il a nommé le directeur des études sortant, comme directeur intérimaire pour assurer la continuité des services et le fonctionnement de l’Institut jusqu’à ce qu’un nouveau directeur soit élu. Constatant cela, les membres du Sudes/Esr de l’Ife, conduits par Oumar Dia, se sont insurgés contre la décision de nomination. Le Sudes/Esr a alors commencé à harceler les responsables de l’Ife et de l’Ucad. Ils ont ainsi déclenché un processus de grèves perlées, espérant parvenir à bloquer le fonctionnement de l’Ife. Ils ont initié de multiples manifestations avec occupations et entraves des activités à l’Ife comme au Rectorat. Enfin, ils ont multiplié les déclarations, dénonciations et accusations fallacieuses intempestives dans la presse.
Devant l’échec de leurs actions de blocage, d’intimidations et même de violence, ils ont choisi de porter l’affaire en justice, en attaquant le recteur devant le tribunal correctionnel, alors que tout le monde sait que les actes administratifs sont naturellement attaqués devant la Cour suprême lorsqu’ils sont contestés. L’affaire étant portée par eux-mêmes devant les juridictions compétentes, l’Ucad et son recteur s’en remettent à la décision judicaire avec sérénité. De son côté, au lieu d’attendre comme nous la décision de la justice qu’il a interpellée, le Sudes/Esr continue de mettre la pression sur l’autorité judicaire, comme pour vouloir l’influencer.
Dans un communiqué, le Sudes/esr accuse le recteur d'avoir abusivement coupé les salaires des grévistes et d'instrumentaliser le handicap du fils de leur secrétaire général. Que répondez-vous à ces accusations?
Il faut distinguer deux situations dans les gesticulations de Oumar Dia, secrétaire général national du Sudes/Esr. D’abord, il veut faire de la situation délétère qu’il a créée à l’Ife en décrétant une grève larvée de ses militants de base depuis l’année dernière, un affrontement sans fin entre le recteur de l’Ucad et le Sudes/Esr. Cette vision est totalement fausse. Le Sudes/Esr est un syndicat qui a des militants dans tous les établissements de l’Ucad. Ailleurs qu’à l’IFE, ils s’acquittent correctement de toutes leurs responsabilités pédagogiques et administratives. Le Sudes/Esr participe par ailleurs depuis toujours, comme les autres partenaires sociaux, aux réflexions et initiatives en faveur du développement de l’institution universitaire. Le recteur n’a donc aucun problème avec le Sudes/Esr. Par contre, il a l’obligation et le devoir de veiller scrupuleusement au respect des textes qui encadrent l’Ucad. En la matière, depuis plusieurs mois, les militants du Sudes/Esr se sont inscrits dans une grève permanente qui ne les empêche pas de percevoir, à la fin de chaque mois, leurs salaires sans assurer les services attendus d’eux. Naturellement, un tel état de fait expose les enseignants concernés à des sanctions comme la suspension de salaires, sans préjudice d’autres procédures à leur encontre. Ensuite, le secrétaire général du Sudes/Esr exploite lui-même, maladroitement, sa situation personnelle dans son combat syndical. Contrairement à ce qu’il déclare, c’est lui et lui seul qui «instrumentalise le handicap d’un enfant». Que s’est-il passé? Depuis des années, M Oumar Dia, et non son enfant qui n’a rien à voir dans cette histoire, a réussi à se faire rembourser périodiquement des soi-disant frais médicaux, pour des prestations, qui manifestement ne sont pas justifiées. Constatant cela, le rectorat a alors envoyé à M. Oumar Dia, et non au secrétaire général du Sudes/Esr, une lettre estampillée ‘’confidentielle’’ pour simplement lui demander de s’expliquer sur la question. C’est lui qui a effectivement choisi de porter sur la place publique la maladie de son fils en publiant aussi bien la lettre confidentielle du Recteur que sa réponse. Pour ce qui le concerne, le Rectorat continuera à suivre la procédure enclenchée conformément aux textes et aux normes administratives en vigueur dans notre pays, et prendra, sans faiblesse, toutes les mesures qui s’imposeront à l’issue du processus d’investigation en cours.
Le Sudes/esr annonce une plainte qui vise personnellement le recteur de l'Ucad. Où en êtes-vous avec ce dossier ?
Comme indiqué plus tôt, ce dossier est pendant en justice et nous le préparons sérieusement avec nos conseils, dans le seul but de protéger l’institution universitaire que nous représentons.
FACE-À-FACE FORCE DE L'ORDRE ET SYNDICATS DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
Ce mercredi matin, le Syndicat de l’enseignement professionnel, dirigé par Amar Kane, organisait un point de presse devant les sphères ministérielles de Diamniadio. Mais ce face à face avec la presse a viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre
Ce mercredi matin, le Syndicat de l’enseignement professionnel, dirigé par Amar Kane, organisait un point de presse devant les sphères ministérielles de Diamniadio. Mais ce face à face avec la presse a viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Pour disperser les enseignants, les policiers ont usé de gaz lacrymogènes.
Actuellement, plusieurs enseignants ont été arrêtés par les forces de l’ordre, dont Amar Kane, secrétaire général du syndicat de l’enseignement professionnel, informe SeneNews. Depuis un moment, les deux camps s’affrontent farouchement et les grenades lacrymogènes continuent d’être jetées par les forces de l’ordre.
A noter que ce syndicat d’enseignants était à Diamniadio ce mercredi pour expliquer leur ferme volonté de continuer la lutte syndicale entamée depuis octobre 2021, mais aussi pour décliner les perspectives de lutte dans le secteur de la Formation Professionnelle et de l’Enseignement technique pour une formation de qualité répondant aux besoins du marché du travail. Mais cette manifestation organisée juste devant les locaux des ministres a poussé les forces de l’ordre à réagir.
Depuis des mois, l'éducation au Sénégal est paralysée par les grèves incessantes de professeurs, qui n’arrivent toujours pas à trouver d’accord satisfaisant avec le gouvernement.
EMPLOI, EDUCATION, AUTONOMISATION : LES FEMMES SE HATENT LENTEMENT
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche portant sur les thématiques de l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes
Dans son projet intitulé «Women count» (les Femmes comptent), qui a pour but d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement durable (Odd) niveau 5 visant l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche portant sur les thématiques de l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes. Et selon le Directeur général de l’Ansd, les statistiques montrent que les filles accèdent de plus en plus à l’éducation. Même s’il y a encore des barrières à franchir.
Dans le but d’informer sur la situation des femmes et des filles, notamment à l’école, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche auprès des actrices et acteurs de la politique publi¬que, du développement, de la Société civile et des organisations internationales. Selon Allé Nar Diop, Directeur général de l’Ansd, dans ces trois études, il s’agissait d’identifier les caractéristiques socio-économiques qui guident l’accès à l’éducation des hommes et des femmes, mais également à l’emploi. «Il est montré à travers ces études spécifiquement pour l’éducation, que la taille du ménage est un facteur clé dans l’accès à l’éducation des femmes. Il est constaté également que dans un ménage où le chef est sans niveau d’instruction, les femmes accèdent moins à l’éducation. Pour dire que le profil du ménage a un impact sur l’accès ou non de la femme, des filles à l’éducation», informe le professeur Allé Nar Diop.
Autre chose qui a été démontrée par les travaux de l’Ansd, c’est que ces mêmes caractéristiques guident le degré de l’accès à l’emploi. «Les femmes au niveau rural accèdent moins à l’emploi que les femmes urbaines, de même que les femmes ayant un chef de ménage sans instruction ont un niveau d’emploi plus faible», explique M. Diop qui ajoute que le profil du ménage a un impact sur ces trois variables, à savoir l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes. Parlant des statistiques sur l’éducation, il estime qu’en Afrique, il existe de grandes disparités d’accès à l’emploi entre les hommes et les femmes et le Sénégal ne serait pas une exception. «Les statistiques montrent que plus de la moitié de la population du Sénégal est féminine», a-t-il fait savoir. Et selon les résultats issus de l’exploitation des données statistiques 2018-2019, le taux d’accès à l’élémentaire des enfants de 6-11 ans est plus élevé chez les filles (57,6 %) que chez les garçons (54,2%). Et 42,6% des filles de 16-24 ans ayant accédé au niveau moyen sont maintenus au niveau secondaire contre 38,5% des garçons.
Pr Allé Nar Diop : «Plus de la moitié de la population du Sénégal est féminine»
Malgré les avancées notées dans l’accélération de la scolarisation des femmes, qui ont contribué à atténuer les disparités au sein de l’accès à l’éducation au niveau élémentaire, l’atteinte des niveaux supérieurs demeurent toujours problématiques chez les filles. Le taux de transition du cycle moyen général au cycle secondaire général reste favorable aux garçons avec 61,9% contre 58,6% chez les filles, d’après le rapport national sur la situation de l’éducation de l’année 2019, informe M. Diop.
Mais pour mieux favoriser l’éducation des femmes, Pr Allé Diop plaide pour une certaine discrimination qui, selon lui, est déjà faite à travers les différentes politiques mises en œuvre, par l’emploi et les financements octroyés aux femmes.
Financés par l’Agence française de développement (Afd) et Onu-Femmes, ces travaux de l’Ansd avaient pour objectif d’une part, d’aider le Système statistique national à retraiter les données existantes relatives à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et d’autre part, à soutenir la collecte de données dans les domaines thématiques de l’entreprenariat féminin et de la position des femmes dans les activités économiques. En travaillant sur ces thématiques, l’Ansd voudrait aussi apporter sa contribution à une meilleure connaissance sur les disparités et inégalités existant dans ces secteurs. Et pour le Directeur général de l’Ansd, Allé Nar Diop, ces recherches serviront à l’information non seulement pour les politiques et programmes sur la lutte contre les discriminations et l’autonomisation de la femme, mais aussi pour le Pse qui prête une attention particulière à l’équité et l’égalité homme-femme à tous les niveaux.
PLUS DE 50% DES ÉCOLES DÉPOURVUES DE POINT D’EAU
Les problèmes liés à l’eau d’usage, décriés souvent dans le monde rural, affectent fortement le milieu scolaire
Mamadou Migniane Diouf invite les autorités à poser le débat sur la question du manque d’eau à l’école. Se basant sur une étude de la Cosydep qui révèle que plus de 50% des établissements scolaires n’ont pas de point d’eau, le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (Fss) prend l’Etat et les institutions pour responsables de la situation.
Les problèmes liés à l’eau d’usage, décriés souvent dans le monde rural, affectent fortement le milieu scolaire. Dans certains établissements, les élèves ne disposent pas d’eau potable, et cette situation contribue à l’abandon scolaire de certaines filles.
Interpellé sur la question, le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (Fss), Mamadou Migniane Diouf, a fait un plaidoyer auprès des autorités compétentes (ministère de l’Education nationale et celui chargé de l’Eau), ainsi que des institutions telles que l’Unicef, l’Unesco et les Collectivités territoriales pour qu’elles réfléchissent sur comment régler la question de l’eau en milieu scolaire. «Il faut que le débat sur l’eau à l’école soit réellement posé», indique Mamadou Migniane Diouf qui considère que le manque criard de points d’eau et de toilettes dans les établissements est une aberration. «L’eau fait la vie et nos enfants, à partir de deux ou trois ans, passent la moitié de leur vie à l’école. Si les élèves, du jardin à l’école primaire, ont des gourdes, c’est parce qu’à l’école, il n’y a pas d’eau potable ou de point d’eau qui permet aux enfants d’y accéder dans des conditions hygiéniques. Pis, il n’y a même pas de toilettes pour ces enfants. Et cette anomalie, on l’a notée dans une enquête de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep) qui révèle que le taux exorbitant de manque de points d’eau dans les écoles dépasse 50%. L’absence de toilettes pour filles et garçons dans les écoles est une aberration. Les enfants sont obligés d’acheter des sachets d’eau, ce qui également pollue l’environnement», souligne le coordonnateur du Fss.
Et ce dernier de s’insurger : «Certaines écoles ne disposent pas de toilettes permettant aux jeunes filles, à un certain stade de leur vie, d’être à l’aise quand elles sont rattrapées par la puberté. Il y a un taux important de jeunes filles qui ont abandonné l’école à cause de cela. C’est comme si on mettait des travailleurs de notre administration dans des bureaux où il n’y a pas d’eau ; c’est quand même abominable. Et l’enfant n’a pas demandé cela, c’est nous (les adultes) qui avons fait qu’il soit à l’école, c’est à nous de subvenir à ses besoins. Il faut donc que le débat sur l’eau à l’école soit réellement posé par le ministère de l’Education nationale, le ministère chargé de l’Eau, par des institutions comme l’Unicef et l’Unesco mais aussi par les collectivités territoriales. On nous a signalé que dans une école de la région de Diourbel, l’eau a été coupée parce que la gestion est privatisée. Si elle était communale et communautaire, sans doute le maire aurait-il trouvé un mécanisme pour que cela n’arrive pas. Mais le privé en charge de la gestion de l’eau dans cette zone ne se soucie pas de l’état des enfants, c’est une violation des droits humains des enfants. Si un enfant abandonne dans ces conditions, il a été trahi par les adultes et nos Etats».
BAISSE DU NIVEAU CHEZ LES ENSEIGNANTS, LES RAISONS D'UN EFFRITEMENT
Si la baisse du niveau des élèves ne fait plus de doute, les raisons de cette situation, elles, font encore l’objet d’un débat au sein de l’opinion
Seydou Prosper Sadio et Pape Coly Ngome |
Publication 14/03/2022
Doit-on s’alarmer de la baisse de niveau des enseignants ? Une question que se posent encore nombre d’observateurs à cause de l’ampleur du phénomène dans le système éducatif national. Si pour certains, point n’est besoin d’être un expert pour reconnaître cette situation, pour d’autres il faut tout de même la relativiser dans ce contexte marqué par la hausse du minimum requis en termes de diplômes pour aspirer à devenir enseignant.
Si la baisse du niveau des élèves ne fait plus de doute, les raisons de cette situation, elles, font encore l’objet d’un débat au sein de l’opinion. Alors que certains y voient les effets de la massification des effectifs, d’autres pointent du doigt plutôt le système de formation des enseignants. Formation insuffisante, manque de motivation, etc., sont autant de causes qui seraient à l’origine de la plupart des problèmes que rencontrent les élèves.
Trouvé dans son bureau entouré de documents à l’école Khalifa Mansour de Dalifort, le diplôme d’Honneur accroché sur un tableau, Maguèye Faye, Directeur de cet établissement d’enseignement privé n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il est formel sur la question. Le niveau des enseignants, a-t-il reconnu, a fortement baissé depuis des lustres. Cet enseignant de formation est nostalgique même du passé quand il parle de formation des enseignants. Il est établi que l’enseignement est un métier à apprendre, rappelle M. Faye. Il revient sur ce qui se faisait dans le passé en termes de d’encadrement dans le système éducatif. Le Sénégal, dit-il, a connu une longue évolution de ses systèmes de formation aussi bien en matière de structures que d’approches. On peut citer les écoles normales, les centres de formation pédagogiques avant la mise en place des écoles de formation des instituteurs (Efi) remplacées aujourd’hui, par les Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation et de la formation (Crfpe).
Le curriculum de base, une équation
Si pour la plupart des personnes-ressources interrogées c’est la massification à outrance notée dans le recrutement des enseignants pour réduire de manière considérable le déficit dans le système qui est à l’origine de la baisse de niveau noté chez les enseignants, d’autres indexent, pour le déplorer, l’instauration durant les années 2000 du curriculum de base comme principal outil de formation dans le secteur. « Le niveau a complétement baissé et pour moi, cela est dû à l’instauration de ce qui est appelé le curriculum de base », indique Maguèye Faye. Il cite aussi l’arrivée des volontaires de l’éducation dans le système. Parmi ceux-ci, dit-il, on retrouve des gens qui n’avaient pas le diplôme requis pour prétendre à ce métier. « Des enseignants ont intégré le système alors qu’ils n’ont pas fait de formation », rappelle M. Faye.
Mais, à en croire le Directeur d’école, c’est surtout le problème du curriculum de base qui est à l’origine de cette baisse de niveau des enseignants. Aujourd’hui, dit-il, il y a un grand fossé entre la formation classique qui se faisait dans des établissements d’alors comme les écoles normales régionales et ce qui se passe actuellement dans les établissements de formation d’enseignants. « À l’époque, le candidat faisait bac+4 et bénéficiait d’une formation pointue. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, où souvent on ne fait que six mois ou tout au plus une à deux années pour intégrer les classes », note M. Faye. Et de rappeler que la plupart des sortants des anciennes écoles sont devenus, aujourd’hui, des Directeurs d’écoles ou des inspecteurs de classe exceptionnelle. En dehors de l’Ecole normale, il y avait aussi le Centre de formation pédagogique et spécial. Il était logé à Thiès et ne recrutait que des bacheliers, se souvient l’ancien instituteur. « Il fallait avoir le Bac et faire cette école pour une année de formation. En plus de ça, quand les écoles normales régionales ont disparu, il y avait les écoles de formation d’instituteurs (Efi). C’était aussi une formation très sérieuse, indique M. Faye. Dans les Efi, il fallait avoir aussi le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) ou le Bac et faire une formation de deux ou trois ans avant d’exercer le métier, se rappelle avec nostalgie le Directeur de Khalifa Mansour.
Aussitôt après la disparition de ces structures de formation décentralisées même au niveau régional, apparaît le corps des volontaires de l’éducation. « Une cassure », note l’enseignant. Les candidats ne subissaient qu’une formation d’un ou deux mois seulement. « C’est un problème », a dit M. Faye. Il attire aussi l’attention sur le fait que « être aujourd’hui bachelier, cela ne veut pas dire avoir un bon niveau et ce sont ces gens qui se retrouvent comme enseignants dans les classes ». Il s’étonne du fait que des formations durent juste un ou deux mois ou tout au plus 6 mois. « Avec ça comment peut-on avoir un bon niveau ? » s’interroge M. Faye. Il y a eu plusieurs paramètres qui ont conduit à cette situation, estime-t-il. M. Faye de citer, entre autres, le chômage des jeunes et la quête de l’emploi à tout prix.
La formation initiale, un facteur à ne pas négliger
Au-delà du curriculum de base, un autre aspect est devenu plus qu’une certitude quand on parle de baisse de niveau dans le corps enseignant, selon les acteurs du secteur. La formation initiale. Nombre d’observateurs du secteur de l’éducation ainsi que les hommes du sérail lancent à qui veut l’entendre que la formation initiale dans son contenu même constitue aussi un problème. « Elle n’est pas suffisamment satisfaisante pour assurer la compétence, voire la qualification professionnelle tout au long de la carrière des enseignants », affirme Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Malgré le fait que des structures de formation actuelles disposent de référentiels acceptables, M. Mbow estime que les conditions matérielles et logistiques des écoles de formation, ainsi que les limites dans l’encadrement et les effectifs pléthoriques remettent en cause l’efficacité des stratégies de formation.
Des efforts importants sont nécessaires pour rendre les enseignants suffisamment compétents, moralement aptes, socialement forts pour faire face aux nombreuses mutations exigées par le métier. Dans cette perspective, il convient de prendre en considération un certain nombre de paramètres indispensables. S’y ajoutent aussi, de l’avis de Cheikh Mbow, « l’absence d’innovations et le manque de réajustement des contenus et des approches ». En outre, dit-il, l’insuffisance des moyens matériels, l’inadéquation des équipements et la courte durée de la formation font que l’accent est souvent mis sur la didactique des disciplines au détriment des autres compétences. Ce qui fait dire à M. Mbow que « la prise en compte de l’éthique et de la déontologie dans la formation des enseignants est aujourd’hui une urgence au regard des crises que traverse le système éducatif ». Il déplore le fait que la durée de la formation initiale évolue en fonction des circonstances. Celle-ci est passée de 4 ans puis 3 ans voire même 1 an, 45 jours ou 9 mois au besoin, déplore cet enseignant devenu membre de la société civile éducative. Pire encore, il a été signalé qu’aujourd’hui, la formation initiale ne dépasse pas souvent les 5 ou 6 mois dans les Centre régionaux de formation des personnels enseignants (Crfpe).
Des doyens du métier confirment
Le doyen Maguèye Kassé, Professeur titulaire des universités à la retraite, interpellé sur le sujet, abonde dans le même sens. Il reconnaît la baisse de niveau chez les enseignants. « C’est un problème qui est très important. Le niveau des enseignants à qui nous avons confié la charge très lourde de transmettre du savoir dans la tête des enfants depuis le préscolaire jusqu’à l’université a véritablement baissé », a dit le Pr Kassé. Nostalgique, Maguèye Kassé renvoie au passé. « C’est pourquoi j’étais contre le fait de transformer l’Ecole normale supérieure en Faculté. Puisque l’université est composée d’écoles supérieures universitaires et de facultés dont les missions sont relativement différentes », note M. Kassé. L’Ecole normale supérieure, a dit le Pr Kassé, avait en charge de former les enseignants à tous les niveaux jusqu’à l’université. Elle leur donnait le background nécessaire plus une culture générale pour bien exercer le métier. « Parce qu’un enseignant qui n’a pas de culture générale ne peut pas être un bon enseignant », martèle le doyen. Maguèye Kassé de préciser que « ce n’est pas parce qu’on sait beaucoup de choses qu’on est capable de les transmettre ». L’Ecole normale supérieure avait cette capacité de transmettre ce qu’on avait appris pour que les étudiants ou les élèves qu’on aura dans les classes puissent être dans une situation de plaisir d’apprendre parce que l’apprentissage est, avant tout, un acte de plaisir, souligne-t-il. « Or, de plus en plus, nous nous rendons compte qu’il y a eu des dérives dans les recrutements. Le quota sécuritaire, pour ne citer que cet exemple, a été un désastre », se désole M. Kassé. Tout le monde ne peut être enseignant. Être enseignant, c’est une vocation, c’est un sacerdoce, rappelle Maguèye Kassé.
Ces propos sont également confirmés par le Pr Babacar Diop dit Buuba. Historien et ancien médiateur de l’Ucad, Buuba de rappeler que le débat sur le niveau des enseignants est loin d’être un sujet nouveau. Plus nuancé, le Pr Buuba estime qu’il faut comparer ce qui est comparable. Le niveau a baissé par rapport à quoi ? S’interroge-t-il. Si c’est pour parler français, dit-il, c’est sûr que le niveau des enseignants a baissé. « À l’époque, il y avait les exigences du système colonial. On apprenait le français comme les Français. J’apprenais le latin et le grec et il m’arrivait de parler français mieux que les Français, de dire des mots qu’ils ne comprenaient pas », affirme Babacar Diop dit Buuba qui trouve la parade pour revenir sur l’ancienne époque.
« Il y avait des enseignants qui étaient formés à l’époque mais selon des schémas avec des objectifs différents de l’état actuel », rappelle Babacar Diop. « Aujourd’hui, s’interroge-t-il, dans ce contexte où l’État mène des combats pour les langues nationales, si quelqu’un arrive à expliquer un cours d’Histoire-Géographie ou de Mathématiques en wolof est-ce que son niveau a baissé même s’il ne parle pas bien français ? ».
L’enseignant, comme le confirme le Président de la Coalition nationale Education pour tous (Cnept), Silèye Gorbal Sy, est le premier intrant du système, c’est pourquoi, soutient-il, celui-ci doit être bien formé et se parfaire aussi dans le temps.
Le clientélisme politique dans les recrutements, un facteur limitant
Selon nos interlocuteurs, la baisse de niveau chez les enseignants s’est accentuée avec l’arrivée de nouvelles catégories d’enseignants communément appelées les « corps émergents » dans le système éducatif. Le phénomène, de l’avis de certains acteurs du milieu, est marqué par le clientélisme politique noté dans les recrutements. Cette politique, soutient Silèye Gorbal Sy, Président de la Cnept, a contribué à ternir la fonction et à impacter négativement la qualité et le niveau. Selon lui, il y a aussi le fait que certains ne choisissent plus le métier par vocation mais pour trouver juste un emploi et subvenir aux besoins. « Le défi dans le système, c’est de disposer suffisamment d’enseignants de qualité pour que l’école puisse fournir de bons produits », indique M. Sy.
Avis mitigé des concernés
M. Diédhiou, enseignant dans une école publique de la banlieue dakaroise, reconnaît le problème de la baisse de niveau dans son corps. Entre autres raisons avancées par notre interlocuteur qui a préféré ne pas divulguer entièrement son identité ni le nom de son établissement, pour diverses raisons, il cite d’abord le manque de culture de la langue enseignée. « Les gens ne lisent plus. On ne se donne pas le temps de lire et de fréquenter les bibliothèques », déplore-t-il. Il pense que la situation va s’aggraver davantage surtout avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment les réseaux sociaux. « Le français est écrit aujourd’hui n’importe comment par les élèves dans les réseaux sociaux et on n’oublie que ce sont ces enfants qui deviendront après des enseignants », a dit M. Diédhiou. Il évoque aussi le problème des programmes enseignés en classe. « Ils sont vaste et longs et on a du mal à les maîtriser et cela influe sur la formation des élèves appelés aussi à devenir enseignants. C’est la racine du mal », note-t-il.
Monsieur Barro, enseignant à l’Académie de Pikine-Guédiawaye, ne dit pas non plus le contraire. Comme son collègue Diédhiou, lui aussi reconnaît la baisse du niveau des enseignants. Il s’empresse toutefois de la justifier par les politiques de massification développées dans le secteur depuis belle lurette. Celles-ci sont marquées par l’avènement des corps dits émergents pour diverses raisons.
Hamidou Diédhiou du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) estime que le mode de recrutement est un facteur déterminant quand on parle de niveau des enseignants. La tendance actuelle du mode de recrutement (le Bac au minimum) aura des répercussions positives sur le niveau des enseignants.
Le cri du cœur des parents d’élèves
« Point n’est besoin d’être un expert pour se rendre compte qu’il y a une véritable baisse du niveau des enseignants et des enseignements-apprentissages au Sénégal. C’est un constat partagé par tous », note Abdoulaye Fané, Président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapes). Le niveau des enseignants a fortement baissé, dit-il, avant d’ajouter que cela est dû au système de formation et au niveau des candidats à ce métier. « On se rend compte que depuis l’avènement des volontaires et autres vacataires dans le système, le niveau a commencé à baisser car la plupart des candidats à ces corps émergents n’ont ni la compétence ni le niveau », affirme l’ancien inspecteur de la jeunesse. Il indexe aussi une certaine démotivation notée dans l’exercice du métier ainsi que les grèves cycliques. Mais, soutient-il, depuis 2012, il y a eu des avancées avec le Ministre Serigne Mbaye Thiam qui a introduit une nouvelle réforme qui relève le niveau de recrutement au diplôme du Bac. « Cela peut déteindre sur la qualité à la longue », espère M. Fané.
Le retour à l’ancienne méthode préconisé
Pour le Pr Buuba Diop, le retour à la méthode classique de formation est la seule solution pour relever le niveau dans le corps enseignant. Un enseignant doit être bien formé, martèle le doyen. Une formation, dit-il, ne doit pas être bâclée. Et c’est regrettable d’en arriver à cette situation, déplore Babacar Diop dit Buuba. Il préconise la tenue d’une étude pour évaluer l’ensemble du système.
Les corps de contrôle qui sont composés d’inspecteurs de l’enseignement vivent le même problème. Comment un inspecteur qui n’est pas bien formé peut encadrer, suivre et évaluer un enseignant ? s’interroge Maguèye Faye, Directeur d’école.