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29 avril 2025
Éducation
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LE DÉVELOPPEMENT PAR LA CULTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment se porte la culture sénégalaise ? Comment se décline la politique culturelle du pays ? Que rest-t-il de la vision de Senghor ? Quand Mohamed Mbougar Sarr débattait avec Elgas, Penda Mbow et Abdou Latif Coulibaly
Mohamed Mbougar Sarr, Elgas, Abdou Latif Coulibaly et Penda Mbow étaient appelés à débattre de la culture au Sénégal en 2019 dans l'émission Sans Détour conjointement organisée par SenePlus et l'école d'image numérique Sup'Imax. Nous publions à nouveau cet échange après le sacre de Mbougar Sarr au Goncourt 2021 grâce à son roman "La plus secrète mémoire des hommes".
La municipalité de Latmingué (Kaolack, centre) a récompensé 260 élèves pour leurs résultats scolaires, dimanche, lors de la première édition d’une journée de l’excellence
Latmingué (Kaolack), 7 nov (APS) – La municipalité de Latmingué (Kaolack, centre) a récompensé 260 élèves pour leurs résultats scolaires, dimanche, lors de la première édition d’une journée de l’excellence, a constaté l’APS.
’’Cette journée de remise de cadeaux a aussi pour objectif de sensibiliser les élèves et les parents sur la nécessité du respect des valeurs citoyennes afin de booster le taux de réussite aux examen et concours’’’, a déclaré le maire de Latmingué, Dr Macoumba Diouf à des journalistes.
Cette manifestation dont le thème est ’’Restauration des valeurs civique pour une éducation de qualité’’ s’est déroulée sous la présidence de l’adjoint au préfet de Koumbal, Birahim Fall, en présence des acteurs de l’éducation de la région de Kaolack.
’’Cette journée de l’excellence va encourager et donner en exemple les élèves qui ont eu à faire de bons résultats au certificat de fin d’études élémentaires, au brevet de fin d’études moyennes et au baccalauréat. Nous voulons une revalorisation des valeurs citoyennes à Latmingué et une qualité de l’éducation’’, a ajouté M. Diouf par ailleurs directeur général de l’horticulture.
Selon lui, ’’sans la valeur civique, point d’éducation de qualité’’.
L’adjoint au sous-préfet de Koumbal a insisté sur l’importance de l’éducation de base.
’’Si on se focalise sur l’éducation de base, l’enfant va regarder son enseignant comme son propre parent. Les actes de violences doivent être bannis dans le milieu scolaire. Les élèves doivent utiliser les réseaux sociaux comme un outil de travail mais pas pour autre chose’’, a lancé Birahim Fall.
Des fournitures scolaires ont été distribuées aux élèves lors de cette journée de l’excellence.
LES ÉTUDIANTS À L'ÉPREUVE DES NOUVELLES RÉFORMES À L'UCAD
Les 85.000 étudiants régulièrement inscrits devront se soumettre aux nouvelles dispositions, sécuritaires comme sanitaires, mais aussi pour l’obtention des chambres
Nouvelle année universitaire, nouvelles dispositions au campus social et pédagogique de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) qui a ouvert ses portes le dimanche 17 octobre. Les 85.000 étudiants régulièrement inscrits devront se soumettre aux nouvelles dispositions, sécuritaires comme sanitaires, mais aussi pour l’obtention des chambres. Les autorités du Coud et du Rectorat ont pris toutes les dispositions pour assainir l’espace universitaire et leurs permettre d’évoluer dans de meilleures conditions.
Le soleil darde ses rayons sur la ville. Il n’est que 10 heures, mais le mercure affiche presque 30 degrés. L’avenue Cheikh Anta Diop a retrouvé son animation quotidienne. Sur cet axe, la circulation est étrangement fluide. Pas d’embouteillages monstres comme à l’accoutumée. Les vacances terminées, les étudiants ont repris le chemin du campus qui commence à retrouver son ambiance. Par petits flux, ils se hâtent vers le campus social qui a ouvert ses portes le 17 octobre 2021. Certains trainent valises et sacs. Les scènes de retrouvailles, ponctuées de joie, sont fréquentes, tandis que chez les nouveaux, ce sont de grands moments d’angoisse.
Ici, le décor a bien changé. Ce qui frappe, à première vue, c’est l’harmonie des lieux qui rayonnent de mille couleurs. Graffitis, portraits de personnalités, jardins aménagés et décorations accueillent le visiteur et offrent un charme supplémentaire à cet espace qui a subi une cure de jouvence pour améliorer le quotidien des 85.000 étudiants.
À la grande porte du temple du savoir, les préposés à la sécurité veillent au grain. Il faut montrer patte blanche avant d’accéder au temple du savoir.
Nouveau dispositif de sécurité
À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), un nouveau dispositif sécuritaire basé sur les identifiants numériques est mis, cette année, en place pour garantir plus de rigueur dans le contrôle des accès. Dans les différents points d’enrôlement situés dans les campus social et pédagogique, les étudiants se font enregistrer auprès des agents préposés à cette tâche. Pour l’année universitaire 2021-2022 qui vient de démarrer, la carte d’étudiant sera le précieux sésame pour pénétrer dans l’espace universitaire. Il fera l’objet d’un contrôle électronique.
À la grande porte, des agents de sécurité filtrent les entrées. Munis de smartphones dotés d’une application où sont stockées les données des étudiants enrôlés ou inscrits, ils passent la carte au scanner. Si l’étudiant est enrôlé, ses données s’affichent à l’écran. S’il ne l’est pas encore, la partie recherche permet d’avoir ses filiations. S’il ne figure pas dans la base de données, il ne franchit pas la porte. C’est la consigne appliquée depuis le samedi 16 octobre et les étudiants devront désormais se conformer à cette nouvelle règle.
L’initiative est salutaire, selon Agnès Diouf, étudiante en deuxième année d’anglais. « C’est une bonne mesure, surtout que le campus social était rempli de non-étudiants. Le système d’enrôlement est novateur. Dans les pavillons, on retrouvait du tout, des étudiants qui ont cartouché, d’autres qui ont reçu leurs diplômes depuis longtemps et ceux qui ne sont même pas des étudiants. Cela pose problème, surtout lors des manifestations. C’est une bonne mesure, mais ce n’est pas suffisant », indique-t-elle. Ce dispositif, note-t-elle, gagnerait à être amélioré, parce que, croit-elle savoir, « les non-étudiants feront tout pour contourner le système, or si l’on veut une paix durable dans l’espace universitaire, il faut commencer par le débarrasser de ces gens qui n’ont rien à y faire », souligne-t-elle.
Yaye Mbayang Ndong, étudiante en deuxième année de droit, est du même avis. « C’est une très bonne chose dans la mesure où cela va contribuer à renforcer la sécurité dans le campus social qui était problématique et diminuer les tensions », espère-t-elle.
Même s’il magnifie le nouveau dispositif de sécurité, Pape Pathé Ndiaye en Licence 3 de philosophie, estime, de son côté, qu’il reste davantage pour bannir définitivement l’insécurité du campus. Parce que, dit-il, l’espace universitaire est dédié aux étudiants et doit le rester. « La violence constitue une réalité qui continue de gangréner le milieu universitaire. Tant que les étudiants sont infiltrés par les non-étudiants, il sera difficile d’arriver à une sécurisation optimale », relève-t-il.
Des étudiants apprécient
Cette nouvelle mesure sécuritaire est appréciée à sa juste valeur par la communauté universitaire. Mohamed Lamine Fall, étudiant en Master 1 à la Faseg et premier vice-président de l’Amicale de ce département, tire son chapeau au Directeur du Coud et au Recteur. « C’est une réforme qui vient en son temps. Si l’on est conscient qu’avant d’entrer au campus on identifie d’abord l’étudiant, voit ensuite s’il est régulièrement inscrit, ne possède pas d’armes blanches, ça nous apaise nous qui sommes dans le campus social. Cela démontre que l’autorité, en collaboration avec les étudiants, y met du sien pour éradiquer le fléau qu’est la violence au campus », se félicite-t-il. Récemment, rappelle-t-il, l’espace universitaire, qui rassemble toutes les ethnies, a été le théâtre de beaucoup de violences. « Si un problème ethnique se développe ici, c’est un fléau qui pourra engendrer des conséquences sociales et nationales parce que l’université, c’est le Sénégal en miniature », avertit-il.
Coordonnateur de l’unité de sécurité du Coud, Baboucar Ciss est d’avis que ce nouveau système aura des impacts positifs. « Une fois enrôlé, l’étudiant est dans le système et l’identification se fait rapidement. Ce n’est pas très compliqué. À chaque porte, nous avons mis un dispositif avec six agents par couloir pour assurer le contrôle et pour l’instant, tout se passe bien », indique M. Ciss qui salue la bonne collaboration des étudiants qui leur facilitent la tâche; même si, fait-il savoir, il y a des têtes brûlées. Cette année, renseigne-t-il, plus de 600 agents ont été mobilisés pour le contrôle et la surveillance des pavillons. Tous ces efforts visent à limiter l’accès et à mieux apaiser l’espace universitaire.
Les étudiants sont aussi soumis au détecteur de métaux. Ils sont contrôlés pour freiner l’introduction d’armes blanches dans le campus social.
Avec ce nouveau système, les étudiants régulièrement inscrits seront soumis à ce contrôle. Mais ils ne sont pas les seuls à être concernés par cette mesure. Les travailleurs aussi devront exhiber leurs cartes professionnelles magnétisées. Des badges sont prévus pour les visiteurs qui doivent présenter leurs pièces d’identification nationale.
par Khadim Ndiaye
LA PLUS SECRÈTE CHARGE CONTRE L'ASSIGNATION IDENTITAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Mbougar Sarr a voulu délester son œuvre du trop-plein de "bagage culturel" et "l’alléger" par un cachet qui transcende les particularismes. Il veut se soustraire au sempiternel regard colonial essentialisant
Mbougar Sarr, je crois bien, a bien appris de la réception souvent teintée de préjugés de manuscrits d'auteurs africains en France. Quand c'est un Africain ou un Afrodescendant en effet, il y a la tentation de juger l’œuvre à l'aune de "l'africanité", c’est-à-dire de spécificités culturelles présumées. L'auteur est vite essentialisé, la prégnance de l'exotisme ou son absence devient le critère ultime pour apprécier son œuvre.
Yambo Ouologuem a dû passer par l’appréciation culturaliste et racialiste de son roman, Le devoir de violence. Lors des différents allers et retours de la relecture du manuscrit, ses éditeurs lui ont signifié, par moment, non pas un défaut de francité, mais un manque d'africanité. Son livre, qui portait au départ sur un drame de jalousie et de séduction en Europe a subi de profonds changements et a dû osciller entre une version "européenne" et une version "africaine".
En 1921, le critique français Edmond Jaloux estimait que Batouala de René Maran n’aurait pas dû recevoir le Prix Goncourt parce que trop exotique. Un cachet que Maran n’a pourtant pas voulu donner à son texte.
Lorsque l’œuvre de Senghor est entrée dans le programme d’agrégation en France en 1987 parmi les livres des auteurs du XXe siècle, les agrégatifs avaient de la peine à comprendre ses textes "qui ne leur parlaient pas" parce que "venus d’ailleurs". Jean-Louis Joubert, membre du jury de l’agrégation des Lettres, qui rapporte cette information, soutient que les raisons de ce "rejet" se trouvaient dans "la difficulté réelle opposée par ces poèmes venus d'ailleurs, avec tout leur implicite culturel, et la connivence qu'ils supposent avec des paysages, des modes de vie, des façons de penser qui ne sont pas d'ici".
En clair : l’œuvre de Senghor était jugée trop exotique par les candidats à l’agrégation.
Le philosophe Souleymane Bachir Diagne rapporte comment, en discutant de la rédaction de l’ouvrage co-écrit avec Jean-Loup Amselle sur les thèmes de l’universalisme et de la pensée décoloniale, son éditeur a voulu d’emblée lui faire arborer le costume du "particulariste" qui aurait en face de lui "l’universaliste" que serait Amselle.
Mbougar Sarr, il me semble, a été habité par cette tension permanente d’esquiver cette assignation identitaire en rédigeant son roman La plus secrète mémoire des hommes. Il clame haut et fort qu’il veut être considéré comme un auteur tout court, qui ne veut pas être perçu à travers son africanité - sa situation de sous-développé, aurait dit Yambo Ouologuem - lors de la réception du Prix Goncourt : "Mon rêve, dit-il, serait qu’à partir d’aujourd’hui qu’un écrivain africain, noir, qui obtient le Prix Goncourt, ne soit plus considéré comme une exception, une rareté, une faveur qu’on ferait à des minorités".
Dans une entrevue avec Afrique Magazine, Mbougar Sarr renforce ce point de vue : "Des malentendus président parfois aux lectures de leurs [les écrivains africains de langue française] écrits en Occident. On ne semble pas toujours les considérer comme des œuvres littéraires à part entière. Il y a cette tentation de les relier à des spécificités culturelles, voire biologiques, pour les comprendre, en rejetant en arrière-plan la question purement littéraire. On peut me rétorquer que le purement littéraire n’existe pas, et que toute littérature est empreinte d’une culture. C’est vrai. Mais le problème survient quand ce bagage culturel devient plus important que le texte lui-même".
Mbougar Sarr a voulu donc délester son œuvre du trop-plein de "bagage culturel" et "l’alléger" par un cachet qui transcende les particularismes, lesquels avaliseraient les soupçons d’exotisme. Au fond, il veut se soustraire au sempiternel regard colonial essentialisant.
Il est donc prêt à se départir des contingences terrestres, des couleurs et des nationalités et à habiter cette seule contrée qui l’enchante et où règne selon lui la liberté : le pays de la littérature.
Voilà pourquoi La plus secrète mémoire des hommes traverse les siècles, explore des thèmes divers, fait voyager du Sénégal à l’Argentine en passant par la France. Une façon commode de transcender les espaces et le temps et d’échapper ainsi à la lecture identitaire de son roman
CHEIKH OUMAR ANNE PROMET SON APPUI AUX CHERCHEURS
Le gouvernement sénégalais compte davantage appuyer la recherche sur les membranes, domaine «très peu connu du grand public», mais dont les résultats peuvent «fortement contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, de l’air et des aliments»
Le gouvernement sénégalais compte davantage appuyer la recherche sur les membranes, domaine «très peu connu du grand public», mais dont les résultats peuvent «fortement contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, de l’air et des aliments», a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. «Très peu connu du grand public, le domaine des membranes, de par ses résultats, peut fortement contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, de l’air et des aliments», a dit Cheikh Oumar Anne.
Il intervenait à l’occasion d’un dîner de gala organisé par la Société africaine des membranes, en partenariat avec l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Esp) et l’université de Ziguinchor. Ce dîner de gala s’inscrit dans le cadre du troisième Congrès de la Société africaine des membranes qui s’est tenu à Dakar (2 au 5 novembre), sur le thème : «Technologies membranaires & filtration pour un développement durable»
En perspective du Sommet mondial de l’eau, également prévu dans la capitale sénégalaise en 2022, ce congrès a pour objectif de mettre en exergue l’impact de la recherche scientifique et technologique sur le développement durable et l’évolution des bonnes pratiques à travers le monde.
Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur a dit avoir fait ses premiers pas dans la recherche des membranes il y a trente ans, à travers la mise en place du premier laboratoire membranaire au Sénégal. Aussi a-t-il assuré que le gouvernement prendra «toutes les mesures nécessaires» pour appuyer ce secteur, avant d’annoncer la mise en place d’un Fonds africain pour la recherche.
Selon Cheikh Oumar Anne, ce fonds est appelé à mettre en exergue l’impact de la recherche scientifique et technologique sur le développement durable et l’évolution des bonnes pratiques à travers le monde. Il a toutefois souligné que le modèle économique actuel des universités sénégalaises, et africaines en général, ne permet pas un financement adéquat de ce secteur par l’Etat. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a plaidé pour un changement de paradigmes qui permettrait aux privés et autres industriels de participer au financement de la recherche scientifique.
Créée en 2014 à Bamako, au Mali, la Société africaine des membranes compte plus de 150 membres, dont 54 vivent en dehors de l’Afrique. Elle est membre de l’Association mondiale des membranes et a principalement pour mission d’organiser des congrès et autres rencontres internationales sur le continent africain.
La Société africaine des membranes fait également des plaidoyers pour l’avancement des femmes dans les sciences de la filtration, sans compter qu’elle contribue à mettre en œuvre des programmes pratiques pour former des techniciens professionnels. Certaines de ses activités concernent la publication de bulletins d’informations et la mise en place de cours d’enseignement supérieur membrane/filtration, embrassant la vision des communautés africaines en lien avec le développement durable en Afrique et dans le monde.
OSER FENDRE L'ARMURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Écrire en soi est un acte de dissidence. Ce qui fait l’intellectuel, c'est ce qu’il produit. On n’a pas besoin d’insulter un pays, lui tendre un miroir suffit - ENTRETIEN DE PAAP SEEN AVEC MBOUGAR SARR ET ELGAS (1/2)
Dans le sillage du Goncourt 2021 décerné à Mohamed Mbougar Sarr, SenePlus publie à nouveau cet entretien croisé de 2017 entre le lauréat et Elgas, un auteur écrivain sénégalais plein de promesses. L'auteur de la Plus secrète mémoire des hommes alors âgé de 27 ans seulement, y faisait preuve d'une grande lucidité dans sa façon de lire monde. La seconde partie de l'interview de Paap Seen est à retrouver sur SenePlus demain, samedi 6 novembre.
Quelque chose de Senghor, quelque chose de Césaire, quelque chose de Balzac. Beaucoup de talent. Elgas et Mohamed Mbougar Sarr sont les figures les plus prometteuses de la littérature sénégalaise. Elgas, dans son premier livre, Un Dieu et des mœurs1, met des claques à tout le monde. Il rapporte quelques nouvelles qui font l’effet d’un véritable électrochoc. L’auteur s’attaque aux tabous d’un Sénégal qui fait semblant d’être puritain et qui refoule ses obsessions névrotiques et malsaines. Un Dieu et des mœurs est un chef d’œuvre, bouleversant de style, de personnalité, d’idées neuves et renversantes. La réalité racontée par l’auteur est déchirante. Elgas nous coupe le souffle et joue avec nos affects. C’est un coup de maître. Une fresque vengeresse quelque part, qui touche là où ça fait mal, mais d’une impressionnante maturité.
Mbougar Sarr, quant à lui, est un écrivain à la reconnaissance fermement assise. Son premier roman, Terre Ceinte2, installe le lecteur dans la violence d’une ville sous le joug des jihadistes. Un beau roman, bien écrit. Mbougar gonfle son regard d’une complexité philosophique et épuise la terreur dans l’amour, la mélancolie et la résistance. Terre Ceinte est une œuvre puissante et raffinée. Son second livre, Silence du Chœur3, revient sur la condition des migrants Africains qui débarquent en Europe. C’est un roman délicieux. Un grand livre, qui explore les constantes de la nature humaine : l’amour, la haine, la joie, la peur, l’aventure, la rencontre. Mbougar a une intelligence secrète de la narration. Il regarde le monde avec la douceur d’un poète. Il sait jouer avec les subtilités de la langue et maîtrise les codes du roman.
Elgas et Mbougar Sarr ont partagé quelques confidences avec seneplus.com. Entretien croisé.
Seneplus : D’où vous est venu le désir d’écrire, de « déranger le monde » ?
Elgas - Je pense qu’il faut dissocier les deux qui viennent de sources différentes. Le désir a quelque chose de l’ordre du besoin philosophiquement. On le produit, on le secrète, sans être maître du jeu et parfois - et c’est son charme - il participe d’un mystère et d’une mystique, qui se nourrit de nos environnements de vie, de nos adhésions, de nos goûts et de nos histoires respectives. En cela, il y dans le désir d’écrire, une multiplicité de facteurs explicatifs, sans que l’un d’entre-deux ne soit jamais à même de tout à fait l’expliquer. Je ne crois pas aux vocations établies et formelles quoique des prédispositions puissent promettre untel ou un autre à emprunter une voie. Je crois à un fétichisme du hasard et de la conjoncture, les seuls à même d’exprimer le potentiel. Et pour ma part, je suis un littérateur tardif. C’est une itinérance qui n’avait pas d’horizons, qu’a fécondé la solitude d’une adolescence où le rêve abondant, pour le Sénégal en particulier, s’est heurté à la complexité d’un monde que je découvrais. Lire a d’abord constitué à cette période un sanctuaire, un élan, et une pénétration assez poussée dans une curieuse gourmandise. Je sentais s’épanouir en moi, cette excitation innommable d’écrire, pour rendre hommage à ceux qui nous ont transmis des émotions. Le désir d’écrire perpétue l’ouvrage de gratitude d’un lecteur envers des devanciers admirés. De là à la passion qui suit, cheminant avec la conviction et l’amusement, le désir devient une énergie vitale tout court. Ecrire est un des éléments de cet éventail, sans doute celui qui éprouve la liberté jusqu’à son terme. Le désir d’écrire est un exercice de liberté.
Et déranger le monde n’est pas un dessein, on pourrait s’y employer avec toute l’ardeur et la radicalité du monde, qu’on ne pourrait le déranger plus qu’il ne l’est, dirais-je presque « naturellement ». Si on doit rester sur l’optique du dérangement, le monde n’en serait pas la cible, mais plutôt les certitudes, les immobilismes, tout ce qui bâillonne le génie humain. Il y a quelque chose de taquin et de très enivrant, à chatouiller les puissants, à rire de leurs tares. Ecrire en soi est un acte de dissidence, toute la littérature en atteste et mettre cette liberté au service de causes, sans grandiloquence aucune, c’est un moteur. Ni refaire le monde, ni le défaire, mais le faire tout simplement, car l’entreprise n’est jamais achevée.
Mohamed Mbougar Sarr - De mes lectures, je crois. C’est la lecture des grands écrivains qui m’a donné, en même temps qu’une haute idée de la littérature, la prétention de vouloir essayer d’en faire. Du reste, je pense que dans l’acte d’écrire il s’agit moins de déranger le monde que de me déranger, moi.
Qui sont vos influences ?
Elgas - Il y a toujours une grande imprudence à vouloir les citer, et par conséquent à en oublier un paquet. Mais je partage avec l’autre interviewé une anecdote, et ça a été un des ciments de notre rencontre. C’est notre amour commun pour l’œuvre de Balzac. La Balzacie a été mon territoire premier, mon appétit littéraire s’en est nourri. Et plus singulièrement, un personnage de Balzac a raflé la mise : Jacques Collin. J’aimais sa langue et sa science, et je faisais des exposés énamourés de ses apparitions à qui voulait l’entendre, tel un amant de fraiche date. Balzac ouvre naturellement sur le champ de ceux qu’on appelle classiques. Détour obligé. Grands bonheurs. Grandes leçons littéraires. Mais on découvre que la littérature, c’est un foisonnement du style, des idées, odeurs, et que le champ, immensément vaste, consacre l’esthétique et l’écho de la voix, dans ce qu’ils ont de grandiose. La littérature embouteille la poésie de la vie. On la trouve dans les livres, dans les pensées, dans la science aux sens large. C’est la réconciliation de l’écrin et de sa pierre précieuse. C’est pourquoi les autres figures qui m’ont influencé sont humoristique, Desproges, politique, Seguin, journalistique, Bernanos, intellectuelle, Amady Aly Dieng et Régis Debray, sportive, Zidane, Federer, musical, Brel, Ndongo lô etc. Ils ont en commun un style, toujours singulier, où l’esthétique habille avec éclat l’intuition. Aller s’abreuver à cette source du génie, c’est en sortir, imprégné, intimidé, corseté de peur, mais définitivement adepte d’une irrévérence classieuse qui devient une école. Mes influences sont dans cette demi-seconde du contre-temps, où la volonté de s’extraire de la frénésie de la meute, permet de mieux regarder, pour apprécier mais aussi disséquer. Découcher hors de la littérature permet alliages plus riches et filiations plus diversifiées.
Mohamed Mbougar Sarr - Il y en a beaucoup. Je crois que nous en avons un certain nombre en commun. Balzac notamment, qui m’a beaucoup marqué au moment de ma véritable entrée en littérature, et pour des raisons différentes de celles d’Elgas. Plus généralement, j’ai beaucoup lu et je continue à lire les classiques européens du XIXe siècle, ainsi que la littérature française de la première moitié du XXe siècle. Beaucoup de choses me plaisent et me fascinent dans le XIXe siècle : l’ambition que l’on donne à la littérature, une certaine idée du style, les grands romans ou immenses épopées romanesques, l’émergence d’une vraie modernité esthétique, l’autonomisation vis-à-vis de la morale : tout est là. Par ailleurs, il y a naturellement Césaire et Senghor, auxquels on n’échappe pas, mais aussi Sembène, Malick Fall, Yambo Ouologuem, et quelques autres, plus contemporains.
Le livre parfait, selon vous ?
Elgas - Sauf à aller chasser dans le pré carré divin, et encore, la perfection reste une mythologie, heureuse quand elle fait naître une saine compétition, illusoire, quand elle se veut le modèle et fatalement le moule unitaire. Les livres, d’ailleurs, tous les autres générateurs d’émotions, échappent à cette catégorisation. Abonder dans le sens d’une perfection existante, c’est suggérer qu’il y aurait une liste de critères et dès qu’un livre les coche, il en serait. C’est disqualifier la subjectivité, c’est oublier la volatilité insaisissable des émotions. Toute l’affaire étudiée, de livre parfait il n’existe pas. Il y a une intimité inviolable avec chaque lecteur, le parfait se juge à l’aune individuelle, si jamais on voulait l’envisager. Au-delà de la question se pose surtout, et c’est ce qui m’intéresse, la force de l’émotion procurée. Comment rembourser la dette de plaisir que l’on ressent en lisant ? Cette équation irrésolue, irrésolvable, me paraît être un mystère heureux. Je suis par exemple moi-même un lecteur assez expansif. Ma joie déborde souvent devant la chirurgie de la pensée et le scintillement de la langue. A ce titre j’aurais la perfection généreuse, je l’accorderais à tous livres que j’ai profondément aimés, jusqu’à la transe. Et il y en a beaucoup. Il est heureux d’ailleurs que les livres outrepassent le cadre de la perfection, car l’émotion est d’abord au-delà, et ensuite, les livres ont des moments de sommeil, de marée basse, sorte d’élan pour s’élancer à nouveau. Cette courbe m’évoque plein de choses et je plaide pour la diversité des perfections. Une question de démocratie littéraire soumise au seul filtre qui compte, celui du lectorat et de sa subjectivité.
Mohamed Mbougar Sarr - A mes yeux, celui qui sait atteindre ou révéler une vérité profonde, que je portais sans pouvoir ou oser la regarder en face. C’est le livre qui arrive, par un style, une émotion, une langue, une force et une densité philosophiques, à me donner à voir ce qui fait ma beauté et ma tragédie comme être humain, dans toute ma complexité, dans toutes les variétés et nuances d’expériences qui me constituent. Le livre parfait est celui dont on ressort avec le sentiment de mieux savoir qui l’on est, comme humain.
L’écrivain a-t-il un rôle à jouer dans nos sociétés dévastées par l’obscurantisme et submergées par des légions de laissés-pour-compte ?
Elgas - J’aime croire que la sacralité du rôle de l’écrivain est surestimée et donc contre-productive. Je n’attends pas plus d’un écrivain que d’un cordonnier. Peut-être chez nous l’obscurantisme se donne-t-il à voir dans son habit le plus lugubre, mais la problématique est géographiquement bien partagée. Partout les mêmes problématiques existent, présentant des caractères et des expressions différentes. Tous les segments de la société sont requis à la tâche du « penser », elle incombe à tout le monde. Sembène, qui reste pour moi le modèle absolument indépassable dans le champ sénégalais, a tenté de contourner l’obstacle de la distance avec les lecteurs, en investissant la voie du cinéma. Mutatis mutandis, c’est une invitation à ce que l’éclairage puisse naître de partout. Le travail dit intellectuel ne peut ainsi être institué, il est diffus, il a besoin de relais, et il agit par intermédiaires. Les rôles préétablis ainsi que les fastes que cela peut entrainer, créent à terme un mandarinat intellectuel et creuse la distance avec les populations. Ce qui me terrifie, c’est de voir l’extrême défiance des populations vis-à-vis d’élites qui, et c’est assez cocasse, disent être leurs porte-voix. Cela naît du fait que la pensée ne doit pas être cantonnée à une sphère, laissée à une expertise, mais doit être suscitée par une entreprise précoce : la liberté de conscience. Elle est la source première de la démocratisation de l’intellectuel, sans que l’on soit dupe des tentations de populisme et de démagogie que cela entraine. Ce qui fait l’intellectuel, ce n’est ni son statut ni le rôle que l’on attend de lui, mais ce qu’il produit et qui peut trouver un écho dans la population. C’est le produit qu’il faut chérir, constamment mettre dans la balance de la critique et non en célébrer le cadre. Il faut enlever les galons des réputations, trop solennels, qui procèdent presque de la terreur. Il faut banaliser la réflexion pour en faire l’affaire de tous. Je ne développe aucun fétichisme vis-à-vis des intellectuels, j’aime quand ils sortent de la zone des convenances. Là disparaissent les masques.
Mohamed Mbougar Sarr - Oui, l’écrivain a un rôle à jouer : écrire. Ecrire du mieux qu’il peut, le plus honnêtement possible, en restant loyal à sa conscience comme homme et à sa liberté comme créateur. Ce n’est qu’ainsi, en cultivant sa solitude, sa singularité, et en ayant le courage de se faire face, jusque dans ce qu’il peut porter de plus monstrueux, qu’il parviendra à dire quelque chose de juste sur le monde et sur les autres. La littérature est un art, fondamentalement, c’est-à-dire un geste dont le principe est esthétique ; mais toute esthétique, si elle est puissante, travaillée par le souci du style, de la métaphysique, du désir de trouver des métaphores de la condition humaine, devient de facto une éthique, et une politique. Je crois en une littérature qui puisse transformer chaque lecteur, voire –rêvons !- le monde, mais c’est une transformation qui n’est possible que par le truchement d’esthétiques fortes. Si Les Misérables est un grand livre, ce n’est pas parce qu’il dénonce, c’est d’abord parce qu’une esthétique puissante et originale le porte.
Les étiquettes vous dérangent ?
Elgas - Pas vraiment. Elles n’engagent que ceux qui les collent et les attribuent. Il y a un effort à domestiquer une insensibilité quand on écrit ou pense, cela doit être une quête perpétuelle. Les étiquettes ne sont pas des empreintes indélébiles, on a toujours une possibilité de maîtriser son œuvre. Les fixations et les jugements tranchés ont vocations très souvent à se ramasser les contre-pieds de l’histoire. Je me suis toujours dit que la vraie souveraineté, c’est d’être libre de produire ce que l’on veut, en se fichant de l’appréhension qui peut corrompre, mais accorder la même liberté au lecteur de diverger. C’est un équilibre asse sain, et aucune partie n’est lésée. On connaît la formule de Céline, risquer sa peau toujours quand on écrit, lui qui pensait que la seule inspiration vient de la mort. La liberté comme exercice, c’est le risque, c’est compagnonner avec lui toujours. Chaque ligne est un enjeu, il y a dans cette ivresse noire, un vrai plaisir, et la possibilité de se tromper. Les étiquettes supposent aussi la prévisibilité. Si elle est cohérence, fidélité à une ossature de pensée, bingo. On écrit toujours le même livre dit l’autre. Si elle absence d’imagination elle flétrit toute seule. Les étiquettes sont les caprices des lecteurs qui les collent, avec bienveillance ou malveillance. L’œuvre arrive à la décoller, et à forger sa propre cadence. C’est un fil.
Mohamed Mbougar Sarr - Lorsqu’elles sont des grilles de lectures faciles, univoques, commodes pour ranger, cataloguer, emprisonner éternellement (et c’est presque toujours à cela qu’elles servent !), oui, elles sont très embêtantes.
L’impression qui se dégage, en vous lisant, c’est que Mbougar est mesuré, esthète, alors que Elgas est rebelle, irrévérencieux ? Partagez-vous ce constat ?
Elgas - Je trouve phonétiquement le mot irrévérence agréable à l’oreille. Comme une forme de dissidence sans posture, de désaccord sans hostilité. Je le réclame. Sinon rebelle m’enivre moins. Et on n’est jamais rebelle qu’aux yeux de l’autre. « Si je suis barge, ce n’est que de te yeux » chantait Renaud. Si Mbougar permet que je girafe dans son jardin, l’esthétique a toujours été l’élément central pour moi. Mais l’écrin ne doit jamais être vide, le remplir est une obsession. Nous sommes sur des territoires sensiblement différents mais je ne crois pas cloisons définitivement scellées. Je ne m’interdis pas des virées dans le roman, où l’exigence de la lenteur et le réquisit de l’esthétique sont plus forts. Mais je crois que les essais valent aussi par leur parure. Déjouer la sécheresse des travaux académiques est un enjeu, et le style est toujours une quête. Mbougar croit, et je le suis, à la force du langage. Il charrie mieux que tout les émotions et les sublime. Mais il est abouti par une réflexion, une vision. Malgré sa souplesse, l’art du roman accouche aussi. Pour le champ sénégalais, explorez tous les livres des trois générations d’écrivains, l’intérêt pour les problèmes sénégalais leur est commun. Et très souvent, c’est à contresens des vulgates dominantes. Ne pas se satisfaire, c’est ne pas se résigner. C’est croire toujours en la perspective d’un meilleur Homme. Mon irrévérence n’est pas caprice, c’est un refus d’abdiquer. Il y a tellement de confort à croire que les destins sont figés, que je n’ai pas envie d’y baigner. L’impression d’un propos radical tient plus du caractère amorphe de ce que l’on dénonce que de la violence de la charge. On n’a pas besoin d’insulter un pays, lui tendre un miroir c’est lui faire plus de mal. Le pas de côté, c’est le refus de croire les choses écrites. C’est la moindre des choses que l’on doit à une société lacérée par ses blessures.
Mohamed Mbougar Sarr - Attention, voilà les étiquettes… Ceci dit, cependant, qu’attendre d’Elgas, casamançais pur et soninké fier, sinon qu’il soit un « rebelle » ? Mais plus sérieusement, je crois que cela dépend de ce qu’on lit d’Elgas ou de moi. C’est vrai qu’il y a des tons, des styles, des tempéraments peut-être, qui sont différents. Du reste, je publie surtout de la fiction, alors qu’Elgas a pour l’heure commis un essai sous forme de réquisitoire (même si je crois qu’il a aussi une excellente fibre de romancier), ce qui change tout de suite le rapport au ton, notamment. Elgas est peut-être, et j’admire beaucoup cela chez lui, plus direct, chaque phrase chez lui est une balle, un obus ; il est plus incisif, moins empêtré que moi dans les phrases, la ponctuation, les temps et les références, mais je peux vous assurer qu’il est aussi esthète ; oui il l’est, car il est avant tout un écrivain, et un écrivain qui a un souci poussé de la manière dont il écrit (qu’est-ce qu’un esthète dans l’art d’écrire, sinon, cela ?). Certaines des pages les plus délicieuses de Un Dieu et des mœurs frôlent l’exercice de style tout en gardant une vraie force dans le fond… Mais enfin, tout cela n’est pas très important à mon avis, ou est très mouvant du moins ; l’essentiel est que chacun de nous écrive dans le style qui lui est le plus naturel.
L’actualité est dominée par ce qu’on a appelé « l’esclavage en Libye ». Dans Silence du Chœur, Mbougar s’empare de la question des migrants Africains, de leurs misères, de l’accueil qui leur est réservé en Europe. Selon-vous, sont-ils victimes de la haine des autres ou de l’incurie des dirigeants africains ?
Elgas - Je propose pour une fois qu’on inverse la perspective. Que l’on prenne le voyage par le point de départ et non le focus par le terminus. En remontant l’itinéraire, on voit se complexifier la donne. Le départ dans l’acte d’immigration, entraine cette violence symbolique que j’ai toujours évoquée. Il n’est pas le seul fait des malheureux, il est le fait aussi d’une classe éclairée. J’avais été saisi d’effroi, et j’en parle dans mon livre, par l’histoire de Fodé, ami d’enfance, qui avait perdu la vie noyé en mer en tentant de gagner les côtes européennes. Cette mort, et celles de tant d’autres, est un réquisitoire violent contre nos faillites. Les gens souhaitent quitter leur pays et sont prêts à la cession d’une part de leur dignité. Toute la réflexion politique, intellectuelle, doit s’occuper de ce préalable. La désertion de ce champ nous condamne à la surenchère d’émotion dont ne découvrons pas les horreurs. Je me suis toujours attelé à traquer les défectuosités internes, à sonder cet abîme si ancré que la destination et les sévices me paraissent d’autres maux, tout simplement, calqués sur les premiers. La documentation existe sur les résurgences de la haine anti-noirs dans les pays arabes, elle s’exprime sous toutes les formes jusqu’aux plus inhumaines. Chez nous, 100000 enfants subissent le même revers national, à qui faudrait-il attribuer la paternité d’un tel crime ? La logique de l’extériorisation du bourreau est inconséquente si on inverse les perspectives. Sans rien exonérer des responsabilités occidentale ou arabe, l’indignité symbolique n’est qu’une addition de celles quotidiennes qui ont colonisé notre quotidien, et dont nous sommes les complices. La haine hante donc tout le voyage : d’abord celle de sa condition, et par ricochet des offres de réalisation dans son propre pays, et ensuite la haine subie, comme condition pour toucher à ce rêve obscurci, dont le goût, une fois réussi, garde encore la trace d’amertume, de larbinisme, de ressentiment. J’ai pour une fois envie de convier les gouvernants et les intellectuels, leur responsabilité est première.
Mohamed Mbougar Sarr - A mes yeux, plus que de haine, ils sont d’abord victimes de l’opportunisme d’êtres humains qui profitent d’un chaos politique pour assouvir quelques-unes des plus vieilles et immarcescibles pulsions humaines : dominer, asservir, exploiter d’autres hommes. S’enrichir en les traitant comme des chiens. En les tuant s’il le faut –et il l’a souvent fallu dans l’Histoire. Je crois qu’avant même le racisme contre les Noirs, réel dans nombre de pays du Nord de l’Afrique, il y a d’abord une situation géopolitique exceptionnelle dans laquelle de vieilles et basses pulsions humaines trouvent une opportunité de s’exprimer facilement, en toute impunité. Et c’est précisément en point, sur la question de l’impunité, qu’un grand reproche doit être adressé aux dirigeants africains, dont la plupart ne sont non seulement pas fichus de retenir leurs jeunes en leur donnant des raisons de rester, mais démontrent encore leur nullité lorsqu’il s’agit d’aider un pays africain –la Libye- où passent de nombreux migrants à regagner un semblant de sécurité et d’ordre. La Libye est un bordel depuis la croisade des grands « démocrates ». Cela fait quand même six ans. Depuis lors, les dirigeants africains regardent ce territoire s’enfoncer dans son enfer, alors qu’on les inonde chaque jour de rapports sur la place stratégique qu’occupe la Libye dans les itinéraires de la migration clandestine. Mais doit-on s’attendre à autre chose, de la part de présidents plus soucieux de leur gloire ou richesse personnelle que du sort de leurs jeunes compatriotes ? La vérité, la triste vérité, c’est que par chez nous, dans les hautes sphères, on n’en a rien à faire des migrants. Qu’ils continuent donc de crever ou de se faire exploiter comme esclaves : ça n’émeut plus, ça n’a peut-être jamais vraiment ému. A l’impuissance et à la médiocrité politique, s’ajoute désormais une cynique et tranquille indifférence.
Mbougar, dans Terre Ceinte, cite Heinrich Heine à propos de l’autodafé : « Là où on l’on brule des livres, on finit aussi par brûler des hommes ». Après la sortie de son livre, Le Coran et la culture grecque, Oumar Sankharé a été lapidé sur la place publique. Et le livre de la chercheuse tunisienne Hela Ouardi, Les derniers jours du prophète, a été censuré au Sénégal. La société sénégalaise est-elle intolérante ?
Elgas - J’ai plutôt une bonne nouvelle sur ce front. La société comme somme d’individualités capable d’exercer leur libre-arbitre, n’est pas intolérante. Elle réagit selon ses adhésions et on ne saurait lui faire grief de cela. En revanche comme masse homogène, réduite à la passion triste et monocorde des dogmes, elle peut être ravageuse. Les délits de blasphème et d’offense à chef de l’Etat sont par exemple des constructions de classe dominante, elles ne sont pas d’extractions populaires. Avec la somme des puissances religieuses, qui tiennent leur force de la cession de pouvoir du libre arbitre que leur attribuent leurs disciples, nous sommes donc dans des blocs et des meutes, qui chassent les déviants dont les libertés menacent d’ébranler leurs certitudes. L’intolérance est donc le fait de la caste dominante qui tient les armes de la répression et de la terreur. Tout l’enjeu c’est d’arriver à instituer dans cette architecture où l’individu est vassal de la collectivité, une souplesse. L’intolérance est ainsi le garant de la fausse stabilité parce qu’elle vend l’idée que la paix tient de cet équilibre, de ce silence qui par ailleurs est magnifié par le discours religieux, comme une part du mérite de piété. Les enjeux sont donc colossaux. Ils débordent de ce seul champ. Tant que des efforts ne seront pas consentis pour instituer une forme de responsabilité individuelle, des phénomènes de ce genre tueront l’énergie vitale des peuples, la nourriture de la dialectique. L’instruction et l’éducation sont encore dans l’ombre de la transmission sans questionnement, qui fait le lit du fanatisme, ou plus diffus, du bonheur ivre de la peur.
Mohamed Mbougar Sarr - Cela dépend du sujet. Ce pays a beau se féliciter et s’enorgueillir de son ouverture et de sa tolérance –bien réelles, par ailleurs, lorsqu’on observe par exemple les relations entre musulmans, chrétiens et animistes-, il y a un certain nombre de questions à propos desquelles il est intolérant. Rien de bien extraordinaire à cela : tout pays a ses tabous, ses intolérances ; le Sénégal n’y échappe pas. Toute la question, maintenant, est de savoir si, individuellement et collectivement, politiquement aussi, un effort est fait pour lutter contre cette intolérance. Au Sénégal, je n’en ai pas du tout l’impression ; ou du moins, ce sont des efforts invisibles à l’œil ou à l’observation nue. Peut-être qu’il faut du temps, beaucoup de temps, mais il reste qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de questions au sujet desquelles toute discussion est difficile et parfois dangereuse. Nombre d’entre elles engagent peu ou prou la religion : la place qu’elle prend dans la vie des Sénégalais, dans la vie d’une supposée République laïque, le rapport qu’on peut avoir avec elle (peut-on par exemple admettre qu’on en critique les abus, qu’on n’en fasse pas la seule source du sens ?). Je trouve l’expression de « fanatisme mou » qu’utilise Elgas très juste : sous des dehors très doux et affables, il y a des radicalités, des passions qui n’attendent qu’une occasion pour s’exprimer, s’embraser dans la violence et l’intolérance.
Vous avez écrit dans Un Dieu et des mœurs : « On ne soupçonne que très peu la providence qu’assure la misère ». C’est à la fois choquant et plein de lucidité. Vous portez profondément la lame dans la plaie. Qu’est-ce qui explique cette position radicale envers l’Afrique ?
Elgas - L’intention était bienveillante. Donc je suis surpris que quelque choc ait pu être ressenti. La misère crée un écosystème, pour le meilleur et pour le pire, de la débrouille, de la solution alternative. Quand elle est trop présente, qu’elle est intégrée comme part légitime du paysage, presqu’inamovible, il y a certains repères que cela crée. On le voit dans la Grève des Bàttu ou dans La Plaie. La misère offre des points d’équilibre à une société qui se complait à la voir s’étendre. Donc c’est une providence à moindre coût, qui flagelle mais aussi caresse, laissant l’impression de plaies bénignes, que le temps hélas creuse et perpétue à travers le legs à d’autres générations. L’idée qui préside à cette phrase, c’est cette habitude comme garante de piliers alternatifs solides. L’installation dans cet écosystème ferme les yeux sur l’anormalité de ce que l’on vit, érigée ainsi comme miette du destin dont on doit se contenter. Si l’on fait un détour dans le vocabulaire du destin en wolof par exemple, les statuts semblent figés et ainsi décidés d’avance, il n’y aurait de choix que de s’en contenter. Imprudemment cela a émasculé une part de rêve et de génie, ressorts essentiels des peuples. En figeant le temps, la misère et ses fourriers, administrent le reste. Le propos introductif du livre allait à cette racine, où la providence divine pactise avec celle du hasard.
1. Un Dieu et des mœurs, Éditions Présence Africaine, 336 pages, 2015
La Commission Environnement de l’Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a organisé, jeudi, une journée de nettoiement et de sensibilisation
Dakar, 4 nov ( APS) - La Commission Environnement de l’Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a organisé, jeudi, une journée de nettoiement et de sensibilisation sur l’importance de la question environnementale
’’Cette journée consiste non seulement à nettoyer le campus pédagogique mais aussi à faire une sensibilisation sur l’importance de l’environnement au sein de notre faculté’’, a expliqué Abdou Maye Faye, président de la Commission environnement de la FLSH.
L’assainissement est un des défis auxquels l’université Cheikh Anta Diop fait face en ce moment, a t-il souligné, ajoutant que ’’l’étudiant a besoin de bonnes conditions d’hygène pour pouvoir maîtriser ses cours et avoir de bons résultats’’.
Etudiant en Master2 Anglais, Bachirou Tine a confié que c’est avec ’’un grand plaisir’’ qu’il vient ’’participer à cette journée de l’environnement’’. ’’Je pense aussi que chaque étudiant devrait y prendre part car c’est une question de responsabilite’’, a t-il dit.
Pour Harouna Sall, membre de la Commission Environnement, les étudiants ’’sont conscients’’ des dangers liés aux changements climatiques au moment où se tient la COP 26 sur le climat à Glasgow, en Ecosse.
’’Donc, il est urgent que les étudiants viennent au chevet de notre environnement d’études’’ a-t-il souligné.
Le président de la Commission environnement a exprimé sa satisfaction malgré une faible participation des étudiants, qu’il explique par le fait que la manifestation a coïncidé avec un jour ouvrable.
La journée de nettoiement a été organisée en partenariat avec le Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) et l’administration de la faculté des lettres et sciences humaines.
La commission Environnement compte organiser chaque mois ou chaque deux mois une journée assainissement pour améliorer le cadre de vie et d’études des étudiants.
MACKY SALL ANNONCE LA CREATION D’UN INSTITUT NATIONAL DU PETROLE ET DU GAZ
La sixième édition du Salon International Minier (Sim) du Sénégal lancée hier sous la thématique : «Promotion et développement du contenu local, levier pour une optimisation des retombées socioéconomiques dans le secteur extractif» a servi de tribune au chef de l’Etat pour annoncer la création d’un Institut National du Pétrole et du Gaz (Inpg). Par ailleurs, Macky Sall a fortement insisté sur l’adoption d’un code minier continental.
Pendant deux jours, des acteurs du secteur minier devront échanger sur les enjeux, les défis et les perspectives de l’industrie minière en Afrique de manière générale et au Sénégal en particulier. Lors du lancement hier de la sixième édition du Salon International Minier (Sim) du Sénégal, le Président Macky Sall a annoncé la création très prochainement d’un Institut National du Pétrole et du Gaz (Inpg) afin d’améliorer la formation des ressources humaines de qualité. Selon le chef de l’Etat, cet institut est une nécessité d’autant que la formation des ressources constitue un défi pour le Sénégal. «Nous allons lancer un Inpg et je souhaiterais qu’il y ait une synergie entre l’Inpg et l’Isp de façon à ce que le secteur minier puisse pleinement participer dans ces formations pour la qualité», a-til déclaré. Précisant que les mines sont une source de recherche et de prospérité, le chef de l’Etat indique que leur exploitation doit être régie et encadrée de façon équilibrée, protégeant à la fois les droits des investisseurs et des intérêts des populations locales.
Pour lui, cet équilibre est fondamental parce qu’il conditionne la justice et l’équité nécessaires à une prospérité partagée. «Autrement, quand les contrats miniers sont déséquilibrés ou que les pratiques d’exploitation sont inégales, les ressources minières n’engendrent que des impacts socio-économiques néfastes voire un risque d’instabilité et déstabilisation des pays», dit-il. L’autre défi pour le Président Macky Sall demeure celui de la formation et des ressources qualifiées qui permettront, selon lui, la négociation des accords souvent complexes dans le secteur de l’industrie extractive mais également la recherche d’exploitation de ces ressources.
«L’AFRIQUE DOIT ADOPTER UN CODE MINIER CONTINENTAL»
Saluant la présence des femmes dans le secteur extractif, le président de la République s’est réjoui par ailleurs de voir la qualité de leur participation dans les entreprises minières, les sociétés de services et dans la recherche. En outre, il a insisté sur la nécessité pour les pays africains d’harmoniser les textes relatifs à l’industrie minière de manière générale. «Il est hautement souhaitable que nos pays harmonisent leur législation en matière d’extraction minière, à défaut d’adapter un code minier continental. Ceci pourrait éviter une concurrence lumineuse entre les États à partir d’un code minier», souligne le chef de l’Etat. Pour ce faire, il a invité l ‘Union Africaine (Ua) en collaboration avec la société civile à porter ce combat et à le promouvoir.
En sus, il a aussi insisté sur la nécessité de créer un cadre juridique et institutionnel permettant un épanouissement d’un écosystème local capable de s’insérer dans la chaîne de valeur de l’industrie extractive. Revenant sur le thème, Macky Sall annonce qu’il a entamé la mise en place d’un dispositif constitutionnel, légal et réglementaire dans le centre de la promotion du contenu local avec l’adaptation de la constitution de mars 2016 dont l’article 25 dispose que les ressources naturelles appartiennent au peuple et non à l’Etat comme ce fut le cas dans les constitutions antérieures. «Du reste, cette nouvelle formulation est plus conforme à la résolution 18-03 de l’assemblée générale des Nations unies du 14 décembre 1962.
Cette résolution comprend la souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs richesses et sur leurs ressources naturelles», a précisé le Président Sall. Il s’y ajoute en outre que cette souveraineté doit s’exercer dans l’intérêt du développement national de la population et de l’Etat. Ce cadre constitutionnel fixé, le chef de l’Etat révèle que son gouvernement a mis l’exigence de transparence et l’inclusion nationale au cœur de sa politique publique en matière d’exploitation minière.
«TOUT INVESTISSEUR DEVRA PAYER UNE SOCIÉTÉ DE DROIT SÉNÉGALAIS»
Conscient que le contenu local occupe déjà une place essentielle dans le domaine des hydrocarbures avec la loi 2019-04 du premier février 2019 et ses différents décrets d’application, le chef de l’Etat a fait part de sa décision d’étendre un nouveau cadre réglementaire au secteur minier.
En effet, il déclare que désormais, «tout investisseur désirant intervenir comme sous-traitant, prestataire de service ou fournisseur devra payer une société de droit sénégalais, ouvrir le capital aux investisseurs sénégalais et recruter un pourcentage déterminé de personnels locaux». En effet, renseigne Macky Sall, la mise en œuvre optimale du contenu local permettra ainsi aux entreprises locales de saisir des opportunités d’affaires qu’offrent les chaînes de valeur minières, pétrolières et gazières. Aussi, elle favorise la création d’emplois locaux pérennes, de transfert de technologie et surtout la formation des ressources humaines qualifiées. De plus, elle permettra aux populations locales de bénéficier des opportunités économiques y compris comme sous-traitant. En outre, il convient de rappeler que le royaume du Maroc est l’invité d’honneur de cette sixième édition du SIM Sénégal.
LIBÉRER LES ÉNERGIES TRANSFORMATRICES
Comment faire du dividende démographique, des nouvelles technologies et des ressources naturelles des leviers d'élaboration d'un nouveau contrat social sénégalais ? C'est le défi de SenePlus à travers son ouvrage collectif à lancer ce mercredi 3 novembre
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué invitant l’opinion à un échange-débat sur les thèmes abordés dans son ouvrage collectif #Enjeux 2019-2024, Sénégal, réflexions sur les défis d’une émergence publié dans la foulée de la dernière présidentielle, mercredi 3 novembre au siège de L’Harmattan Sénégal.
« SenePlus et L’Harmattan Sénégal invitent un large public à participer à une conversation autour des grandes questions abordées dans l’ouvrage collectif de 528 pages, #Enjeux 2019-2024, Sénégal, réflexions sur les défis d’une émergence.
SenePlus, qui se veut un espace d’exploration et d’expression libre et plurielle des décideurs et des leaders d’opinion, s’est ouvert à des universitaires, des éditorialistes, des activistes, des experts, des citoyens concernés, de diverses générations et avec des regards croisés, qui ont scruté les grandes problématiques et les secteurs-clés du sociétal, du culturel, de l’économique et du politique.
Cette compilation de textes écrits avec des sensibilités différentes ambitionne plutôt de dépasser la simple cartographie des obstacles et des freins au développement et de mettre en avant les exigences de bon sens qui pourraient être fédératrices d’une action commune. Elle prétend participer de manière hardie à libérer la pensée et l’action publique et individuelle. Les exigences de bon sens apparaîtront clairement au fur à mesure de l’approfondissement du processus qui mène à des conversations ouvertes, diverses et non-partisanes.
À une époque où le citoyen a peu de lisibilité sur l’offre politique, sur les partis politiques et leurs orientations idéologiques, où l’accent est plutôt mis sur des individualités présentées comme des messies, quoi de plus salutaire que de poser le débat en termes de faire société ensemble ?
Au vu de tous nos challenges, politiques et économiques, comment faire de nos cultures et de nos fondements sociétaux de véritables ressorts d’élévation de la jeunesse ? Comment transformer le dividende démographique, les nouvelles technologies de l’information et les ressources naturelles nouvellement découvertes, en leviers pour élaborer ensemble un nouveau contrat social sénégalais ?
Où voulons-nous aller et comment y parvenir ? Qui décide de l’agenda et qui s’assure du contrôle de conformité entre le cahier des charges et la mise en œuvre ? Comment s’assurer que les actes sont conformes aux promesses ?
L’invitation de SenePlus et L’Harmattan Sénégal est celle d’une conversation qui doit s’appuyer sur les acquis de notre vivre-ensemble, de notre génie politique, de nos atouts économiques et de l’impérieuse nécessité de bâtir une société plus juste et plus équitable, surtout à l’endroit des plus jeunes, des femmes, des personnes vivant avec un handicap.
La conversation est ouverte à tous. Autour d’Alymana Bathily, Penda Mbow et Pape Abdoulaye Sène, plusieurs co-auteurs de cet ouvrage collectif seront présents pour discuter de ces textes de journalistes et spécialistes émérites parmi lesquels Boubacar Boris Diop, Abdoulaye Elimane Kane, Aram Faal, Mohamed Mbougar Sarr, Elgas, Abdou Fall, Rokhaya Cissé, Selly Ba, Abdou Salam Fall, Hawa Ba, Ousseynou Beye, Almamy Wane, Ndongo Sylla, Fanny Pigeaud, Babacar Buuba Diop, Mamadou Sakho, Mamadou Mao Wane, Racine Demba, Youssoupha Mbargan Guissé, Ndiaga Gueye et bien d’autres.
Rendez-vous est pris pour mercredi 3 novembre à 16h très précises à L’Harmattan Sénégal, sur la VDN, 200 mètres avant d’arriver à la Cité Keur Gorgui quand on vient de l’UCAD. Au besoin, voici le numéro de L’Harmattan Sénégal : +221 33 825 98 58. »
LE SAEMSS HAUSSE LE TON
A peine quelques jours après la rentrée scolaire, le bras de fer s’annonce déjà entre enseignements et gouvernement. En conférence de presse tenue hier, vendredi 28 octobre, le Saemss a exigé la matérialisation des accords signés
A peine quelques jours après la rentrée scolaire, le bras de fer s’annonce déjà entre enseignements et gouvernement. En conférence de presse tenue hier, vendredi 28 octobre, le Saemss a exigé la matérialisation des accords signés.
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss) est très remontré contre le gouvernement du Sénégal. A peine un mois et demi après l’ouverture des classes, les enseignants reviennent à la charge pour exiger le respect des accords signés. A défaut, l’année scolaire va être mouvementée. «Aucune avancée notoire n’a été constatée sur des points d’accord les plus fédérateurs qui ont pour noms la fin des lenteurs administrateurs grâce à la mise en place de la dématérialisation, l’amélioration du traitement salarial des enseignants grâce à la mise en place d’un nouveau système de rémunération équitable des agents de la fonction publique», a déclaré le secrétaire général national adjoint du Saemss, El Hadji Malick Youm.
Poursuivant son propos, il ajoute : «le Saemss prend ainsi l’opinion publique nationale et internationale à témoin et met en garde le gouvernement du Sénégal contre toute tentative de dilatoire et de louvoiement qui aura comme conséquence immédiate de notre part le boycott de ses activités de monitoring». Le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal s’est également indigné contre la violence et l’augmentation des frais d’inscriptions dans les écoles. «Le Saemss exige l’application stricte des textes en matière d’inscription et la restauration de l’éducation aux valeurs et aux règles d’éthique et de discipline au niveau de l’espace scolaire», a dit El Hadj Malick Youm.
Pour cette année scolaire, le Saems repose sa lutte syndicale sur trois axes. Il s’agit d’abord, selon lui, «d’engager une lutte syndicale d'envergure pour exiger l'apurement du passif social des accords de 2018 et une école de qualité au Sénégal» ; ensuite «d’organiser des tournées syndicales pour la remobilisation et la redynamisation de la base», et enfin «d’exiger le respect strict du calendrier des instances du syndicat».