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4 mai 2025
Développement
SONKO DÉFEND LE LIMOGEAGE DE POLICIERS POLITISÉS
"Recrutés sur des bases politiques" selon Ousmane Sonko, 312 policiers adjoints volontaires ont été "libérés" fin mars par le ministère de l'Intérieur. Le Premier ministre a défendu cette décision controversée lundi devant les députés
Les 312 policiers adjoints volontaires (PAV) ‘’libérés’’ le 28 mars dernier par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique avaient été recrutés sur ‘’des bases politiques’’, a dénoncé le Premier ministre, Ousmane Sonko, lundi, à Dakar.
‘’Les contrats de la première cohorte des PAV de la septième génération ayant expiré, 312 de ses éléments ont été libérés suivant [une] décision […] du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique du 28 mars 2025’’, a annoncé, la semaine dernière, la division de la communication de la Police nationale.
‘’Ces policiers ont été recrutés sur des bases politiques. Certains d’entre eux […] ne pouvaient même pas écrire leur nom’’, a soutenu Ousmane Sonko lorsqu’il a été interrogé sur ce sujet par le député non-inscrit Pape Djibril Fall.
Selon lui, la Police nationale a proposé à son ministère de tutelle de ‘’libérer’’ 312 policiers adjoints volontaires.
‘’Ce n’est pas l’autorité politique qui a pris cette décision, c’est leur propre hiérarchie qui a fait la proposition en soulignant que ces personnes ne remplissaient pas les critères requis pour intégrer la Police nationale’’, a argué Ousmane Sonko devant les députés réunis pour poser des questions d’actualité aux membres du gouvernement.
Il affirme que, ‘’malheureusement, l’opposition’’ aborde ce sujet ‘’à des fins politiques, sous prétexte qu’il s’agit’’ d’une question ‘’sensible’’.
‘’Pensez-vous que ces personnes […] peuvent sortir demain pour se battre contre les forces de défense et de sécurité ?’’ a dit Ousmane Sonko en s’adressant à Pape Djibril Fall.
Les députés ont interrogé le Premier ministre et d’autres membres du gouvernement sur plusieurs sujets d’actualité, la deuxième fois depuis la prise de fonctions de la 15e législature.
THIAAT, LE DERNIER SURVOLTÉ
Dernier gardien de la flamme de "Y en a marre", il prend les rênes d'une organisation en quête de renouveau. Tandis que ses compagnons ont divergé, le rappeur kaolackois compte raviver l'esprit contestataire qui a forgé la renommée du collectif sénégalais
Parmi les membres fondateurs de Y en a marre, Thiaat est peut-être le seul qui garde toujours la fibre originelle du début. Porté hier à la tête de cette emblématique organisation citoyenne, le passionné activiste aura pour mission manifestement de donner un nouveau souffle à ce mouvement qui a perdu de sa superbe dans le dédale des mutations politiques.
Y en a marre n'est plus un mouvement à présenter au Sénégal et en Afrique. Créé en 2011 pour protester contre la cherté de la vie et les dérives autoritaires du régime du président Abdoulaye Wade, Fadel Barro, Kilifeu, Thiaat, Aliou Sané, Malal Talla et compagnie ont été au cœur des combats citoyens de ces dernières. Leur engagement a même fait tache d'huile en Afrique en inspirant d'autres mouvements citoyens comme Balai Citoyen du Burkina ou encore Filimbi du Congo. Mais force est de constater que si leur influence est indéniable dans l'échiquier politico-social du pays, le mouvement a perdu sa vigueur, de sa tonicité et sa propension d'antan à mettre la pression sur l'Etat et à donner le tempo dans la société civile.
Y en a marre manque visiblement de passion. Sauf pour Thiaat. Le rappeur, membre fondateur du mouvement, est peut-être le seul qui laisse entrevoir dans sa démarche clarté, la clarté de ses prises de position et la vigueur de ses critiques, la «saveur originelle» de Y en a marre. Le natif de Kaolack demeure un Y en a marriste pur jus, contrairement à certains de ses camarades, à commencer par son «frère de sang», Kilifeu qui est devenu PCA et a décidé de soutenir le nouveau régime.
L'activiste marque en effet son ancrage dans la société et compte rester un contre-pouvoir. D'ailleurs, ces derniers jours, l'insubmersible activiste a fait des sorties au vitriol pour fustiger la loi interprétative qui a fait couler beaucoup d'encre. Une prise de position qui lui vaut même d'être voué aux gémonies par les militants du Pastef dans les réseaux sociaux. Des critiques qui laissent de marbre apparemment Thiaat qui a pris ses distances avec le tandem Diomaye-Sonko tout en gardant sa subversion légendaire.
Il faut signaler aussi qu'il avait sorti en décembre un clip «doulnaliste» qui fustigeait le manque de neutralité de certains médias qui, selon lui, ne sont plus dans l'équilibrisme journalistique mais plutôt dans une sorte de manichéisme qui remet en cause la fiabilité des informations.
Y en a marre a certes connu une évolution, l'emblématique coordonnateur Fadel Barro est devenu acteur politique. Le rappeur Kilifeu, qui avait été suspendu après ses déboires judiciaires, soutient la mouvance présidentielle. Les seuls leaders gardiens du temple qui restent sont Aliou Sane, Mala Talla et Thiaat. Et parmi ces trois, ce dernier est sans doute le dernier survolté, avec une passion invariable, malgré les soubresauts politiques et l'avènement d'autres dynamiques sociales et activistes-influenceurs.
Devenant le nouveau Coordonnateur de Y en marre, Thiat aura à cœur à déteindre sa vivacité sur cette organisation citoyenne, au creux de la vague et qui aura besoin d'un nouveau souffle pour se mouvoir dans l'espace public. Thiaat est peut-être le survivant désigné....
Par Hamidou ANNE
NOUS VOUS APPELONS À UN MINIMUM DE DÉCENCE…
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais
Un groupe de 56 personnes désignées «universitaires» ou «intellectuels», mais en réalité quelques esprits chagrins de Pastef, ont fustigé l’entrée du président Macky Sall au Conseil de la Fondation Mo Ibrahim. Ils ont poussé le ridicule et l’indécence jusqu’à publier un texte dans la presse, disséminant rage, haine et aigreur, face à la multiplication des honneurs faits au président Macky Sall, ancien président de la République de tous les Sénégalais, et donc honneurs destinés au Sénégal, leur pays..
Dans ce texte, l’impudeur rejoint la perfidie, tant le propos est vaseux, la démarche inélégante et le fond contraire à la retenue et à la décence. Mais il ne s’agit que de la continuation de la petite guerre fangeuse menée par ces hommes et femmes depuis des années contre le président Macky Sall, son autorité, son bilan et ses succès retentissants tant nationaux qu’internationaux. Ces militants du chaos, déguisés en intellectuels pétitionnaires, ne daignent guère quitter l’estrade après la fin du meeting. Ils poursuivent leur prestation de très mauvais goût, pour se couvrir ainsi de ridicule.
Ils oublient que le temps des joutes électorales est derrière nous ; place désormais, pour le pouvoir en place qu’ils soutiennent, à la perpétuation de l’œuvre de Macky Sall. Le prolongement du Brt, du Ter ; la réalisation de milliers de kilomètres de routes et de centaines de kilomètres d’autoroutes ; la construction d’hôpitaux de dernière génération et d’universités répondant aux standards internationaux ; la promotion à des niveaux sans précédent de l’équité territoriale et de l’inclusion sociale, entre autres chantiers prioritaires, qui attendent le régime actuel.
Comme frappés d’une grande déception, car leur guide égaré, Ousmane Sonko, n’est pas au Palais, les pétitionnaires revanchards causent et ragent toujours… Ils sont devenus l’incarnation d’une parole creuse et vidée de son sens car avachie et banale
Tout le monde aura remarqué que le groupe des 222 universitaires, auteurs des pétitions intempestives dont celle de mars 2024 dénonçant la loi portant amnistie et appelant à son abrogation pure et simple en cas d’alternance, a fondu comme neige au soleil. Il ne reste qu’une nuée de fantassins téméraires, préposés aux basses besognes, pendant que l’autre partie de la troupe se terre dans le confort de l’arrièregarde, préférant faire le choix de la guerre par procuration.
Le parti Pastef a encore trahi sa parole et renoncé sans convaincre à l’abrogation de la loi d’amnistie. A la place, sa majorité à l’Assemblée nationale a voté une loi inique dite d’interprétation dont la seule volonté est d’absoudre les casseurs pour pointer du doigt les Forces de défense et de sécurité, armure républicaine face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko. Face à cette manœuvre, qui relève d’une ruse avec les principes et les engagements d’hier, résonne le silence gêné des pétitionnaires…
Les pétitionnaires portent une immense responsabilité dans les événements de ces dernières années, par leur lâcheté, leur attitude excessivement partisane visant à dégrader l’image de l’intellectuel dont l’honneur réside dans la sacralisation de la vérité scientifique, de la mesure et de la hauteur, loin de l’esprit de cour et de la soumission à la loi de la rue et aux dogmes des réseaux sociaux.
Où étaient ces intellectuels quand l’université Cheikh Anta Diop a été profanée par des hordes sauvages ? Ont-ils écrit la moindre ligne quand ce temple du savoir a été incendié par des groupes qui répondaient du parti Pastef et exécutaient ses appels permanents à l’insurrection ? Ceux qui n’ont pas osé sortir de leur réserve lorsque le lieu de fabrication et de dissémination du savoir était attaqué, caillassé et brûlé ne peuvent décemment se draper du manteau de l’intellectuel ou de la toge de l’universitaire, tant ils ont cédé à la compromission.
Face aux arrestations et emprisonnements tous azimuts d’activistes, de militants politiques, de journalistes, de chefs d’entreprise, ces intellectuels ont pris la tangente, préférant s’emmurer dans le refuge du silence coupable.
En ce moment, de nombreux Sénégalais sont victimes d’une interdiction illégale de sortie du territoire, qui n’est basée sur aucun acte légal ou réglementaire. Mansour Faye, maire de Saint-Louis, ancien ministre, fait à nouveau l’objet d’une interdiction de voyage par une administration foulant aux pieds une décision de Justice rendue en sa faveur par la plus suprême de notre institution judiciaire, sans que la plume des pétitionnaires ne soit trempée dans l’encre de l’indignation, de la défense de la liberté, pilier essentiel de la République. En effet, le jeudi 10 avril, alors qu’il était muni d’une décision du juge de la Cour suprême, la police lui a interdit à nouveau de voyager au mépris de l’Etat de Droit. Là encore, les promoteurs de ce même Etat de Droit, dans un texte du 23 février 2021, intitulé «La crise de l’Etat de Droit au Sénégal», sont subitement devenus aphones.
Le 4 avril, un propos d’une dangerosité extrême a été tenu, demandant que l’on exerce une pression populaire sur les magistrats. Motus et bouche cousue de nos pétitionnaires, en totale rupture avec leurs principes maintes fois proclamés en matière de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la Justice.
Ces pétitionnaires, durant les douze années du régime du Président Macky Sall, ont constamment milité pour la sortie du président de la République du Conseil supérieur de la Magistrature. Aujourd’hui que le régime qu’ils soutiennent revient sur cette promesse, les mêmes universitaires font semblant de ne rien entendre et de ne rien voir, trahissant leurs engagements d’hier au nom d’une invitation à la soupe du pouvoir.
Ces pétitionnaires déguisés en intellectuels sont en vérité des experts des vérités alternatives et de la duplicité. Sinon, Abdoul Aziz Diouf, Benoît Tine, Pape Samba Ndiaye, entre autres, auraient assumé leurs titres de militants du Pastef et de membres de la majorité actuelle, car nommés à divers postes de responsabilité étatique depuis le 2 avril 2024.
Mais que demander à des universitaires jadis encagoulés, désormais obligés de montrer leur mauvaise foi au grand jour et de persister pour plaire à leurs maîtres, dans la calomnie et la médisance ?
Les attaques indignes contre le Président Macky Sall, digne fils du Sénégal et parmi les leaders d’une Afrique moderne et conquérante, sont vaines et le resteront. Le symbole donne à penser, disait le philosophe Paul Ricœur. En effet, quand cette tribune d’une grossièreté inqualifiable était publiée, le président Macky Sall, au Sommet de la Fédération pour la paix universelle, à l’invitation du Sunhak Peace Prize, délivrait à Séoul, dans la lointaine Corée du Sud, une leçon inaugurale sur les enjeux de la réforme de la gouvernance économique mondiale. Il y réitérait ses combats sur une nécessaire réforme des mécanismes de la dette, pour permettre aux pays du Sud de relever le défi de la mobilisation des ressources en vue du financement de leurs économies.
Le président Sall promouvait la paix quand des esprits chétifs s’en prenaient à son honorabilité. Ils se déshonorent et menacent ainsi de déshonorer notre pays.
L’acharnement sans précédent de la dame désormais estampillée du sceau de la girouette nationale, puis d’une cohorte de plumitifs, révèle une nouvelle fois l’incurie de ce régime et de ses suppôts qui, incapables de répondre aux préoccupations les plus élémentaires des Sénégalais, s’emmurent dans le déni, le reniement, l’apitoiement et la vulgarité.
Un minimum de décence est requis, tant le spectacle qu’ils donnent de notre pays est regrettable.
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente le président Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais.
Par Fatou Warkha SAMBE
LE VIOL, UN CRIME TOUJOURS BANALISE
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est cette étrange tendance de la société à accorder plus d’empathie aux bourreaux qu’aux victimes
Le viol est un crime. Un crime violent, dévastateur, qui ne laisse aucune victime indemne. Il détruit le corps, bouleverse l’esprit, érode l’estime de soi, fracture les liens familiaux et sociaux. Il peut engendrer des troubles post-traumatiques, des dépressions chroniques, de l’isolement, voire des pensées suicidaires. Et pourtant, malgré cette gravité, le viol est aujourd’hui traité comme un sujet de débat banalisé. Un fait dont chacun peut se saisir sans en comprendre ni la portée ni la douleur.
La sensibilité du sujet n’impose plus, hélas, une quelconque retenue ou maîtrise avant de s’exprimer. Dès qu’un cas de viol émerge, c’est une course à l’opinion. Comme des vautours, beaucoup se précipitent sur l’affaire, non pas pour comprendre ou compatir, mais pour juger, spéculer, et surtout jeter l’opprobre sur celle qui a osé parler. Le réflexe est trop souvent de protéger l’agresseur présumé et de culpabiliser la victime, comme si son malheur était suspect, comme si sa souffrance devait être justifiée.
La loi n°2020-05 du 10 janvier 2020, qui a renforcé la législation existante en criminalisant explicitement les actes de pédophilie et de viol, a été adoptée dans un contexte d’urgence sociale. Cette avancée législative, bien que salutaire, ne résulte ni d’un éveil soudain des institutions ni d’un simple élan humanitaire. Elle est le fruit de longues luttes menées par les organisations féminines et féministes, mais aussi -et surtout- d’une série de faits divers dramatiques, notamment des cas de viols suivis de meurtres, qui ont profondément choqué l’opinion publique. Le meurtre de Bineta Camara en 2019, tout comme d’autres affaires similaires à Thiès ou Kaolack, a mis à nu l’inaction chronique de l’Etat face à ces violences sexuelles, forçant ainsi l’Exécutif à réagir sous la pression populaire.
Nous étions tous d’accord : le viol et la pédophilie sont des réalités au Sénégal. Cette loi, bien que tardive, était devenue inévitable face à l’horreur répétée de faits divers qui mettaient en lumière notre incapacité à protéger les femmes. Mais si l’on ne prête pas attention au discours qui émerge aujourd’- hui, nous risquons de perdre ces acquis fragiles. Une partie de la population sénégalaise semble frappée d’amnésie collective : on oublie si vite la situation dramatique qui a précédé cette loi, les cris des familles brisées, l’indignation populaire et les mobilisations sans relâche des militantes. Aujourd’hui, ce que nous constatons, c’est une banalisation inquiétante du viol dans les discours publics. La manière dont les gens s’expriment sur ces sujets témoigne soit d’une ignorance totale, soit d’un mépris qui ne dit pas son nom. Cela révèle à quel point une clarification est nécessaire.
Le viol, selon la loi sénégalaise, est défini à l’article 320 du Code pénal comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur une personne par la violence, la contrainte, la menace ou la surprise». Cependant, un flou persiste autour de cette notion, alimenté par des ambiguïtés juridiques, des résistances sociales et un traitement inadéquat des victimes.
Si l’on se base sur cette définition, il devient évident que la question de la virginité de la victime n’a aucune pertinence. Pourtant, dans les discussions publiques et même parfois dans les procédures, cette question revient comme un critère d’authenticité ou de gravité du viol, ce qui constitue une forme grave de stigmatisation. Cette logique perversement morale continue d’alimenter la stigmatisation des survivantes et empêche une prise en charge objective et juste des cas de violences sexuelles.
De plus, les gens semblent largement ignorer le rôle crucial du certificat médical dans la procédure. Ce document ne sert pas à juger de la moralité ou de l’historique sexuel de la victime, mais à établir des preuves médicales de violences subies : lésions, traumatismes, traces d’Adn, etc. Il est un outil juridique permettant d’appuyer la plainte et de protéger les droits de la victime.
La banalisation actuelle du viol dans l’espace public est aussi le fruit d’une histoire récente qui a profondément marqué le pays. En effet, le viol s’est invité au cœur du débat politique et médiatique national, exposé à travers une affaire très médiatisée impliquant une figure politique influente. Pendant des mois, cette affaire a polarisé l’opinion, éclipsant les enjeux de fond et réduisant les violences sexuelles à un terrain de querelles partisanes. Cette politisation du viol a contribué à brouiller les repères et à affaiblir la gravité perçue de ce crime. En lieu et place d’un débat sur la protection des femmes, nous avons assisté à une lutte d’influence où les paroles des victimes ont été minimisées. Cette séquence a laissé des séquelles durables : aujourd’hui, évoquer un cas de viol dans l’espace public suscite davantage de suspicion que de solidarité.
La culture patriarcale profondément ancrée dans la société sénégalaise joue un rôle-clé dans la persistance de ce flou. Les stéréotypes de genre, le manque de sensibilisation et le tabou entourant les violences sexuelles participent à la banalisation du viol. Souvent, la victime est perçue comme responsable, qu’elle ait provoqué l’agression par son comportement, sa tenue vestimentaire ou sa manière d’interagir. C’est une culture du silence qui protège l’agresseur et culpabilise la victime.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est cette étrange tendance de la société à accorder plus d’empathie aux bourreaux qu’aux victimes. On observe de plus en plus fréquemment des familles d’auteurs présumés de viol se présenter devant la presse, non pas pour exprimer leur compassion envers la victime, mais pour dénoncer des complots, accuser d’autres femmes ou chercher à discréditer la parole de celle qui accuse.
Il n’est pas rare de voir émerger des élans de solidarité en faveur de l’accusé : des campagnes de soutien, des collectes de fonds, des hashtags de réhabilitation. Cette inversion morale inquiète. Car, en réalité, il est extrêmement difficile d’inculper une personne de viol si elle n’a rien à se reprocher. Le système judiciaire, déjà lent et lourd, exige des preuves tangibles. Si la procédure aboutit, c’est que des éléments solides ont été retenus.
Par ailleurs, l’un des arguments les plus fréquemment brandis pour discréditer les victimes est celui des fausses accusations. Il faut pourtant rappeler que les fausses accusations de viol représentent une minorité infime des cas. Les études internationales sérieuses, notamment celles de l’Onu ou d’Amnesty International, estiment qu’elles représentent entre 2 et 8% des plaintes. En d’autres termes, plus de 90% des accusations sont fondés.
Les femmes victimes de viol, déjà souvent isolées par la violence qu’elles ont subie, doivent aussi faire face à la stigmatisation sociale. La peur du jugement, de la non-reconnaissance de leur souffrance et le manque de soutien font que de nombreuses victimes choisissent de ne pas porter plainte. Elles se retrouvent dans une situation de vulnérabilité encore plus grande, ce qui perpétue la culture de l’impunité et de la souffrance silencieuse.
Le flou persistant autour de la notion de viol au Sénégal appelle non seulement à une réforme juridique plus rigoureuse, mais surtout à un changement profond des mentalités. Il est urgent d’éduquer sur le consentement, de déconstruire les stéréotypes qui culpabilisent les victimes et de créer des espaces de parole et de protection.
La société tout entière doit se sentir concernée. Cela commence par écouter, croire, accompagner, mais surtout par refuser de banaliser.
Nous devons refuser collectivement ce glissement vers l’indifférence. Il est temps d’agir, chacun à son niveau, pour bâtir une société qui protège les corps, respecte les voix et rend justice aux silences trop longtemps ignorés. Le viol n’est pas une simple question de définition juridique : il est le reflet de résistances sociales, d’un manque de conscience collective et d’une justice souvent inadaptée aux réalités des victimes. Tant que ce flou persistera, les femmes continueront à être les premières victimes de la violence et du silence. Ce flou ne doit plus couvrir nos silences : il est temps de faire la lumière, ensemble.
AL JAZEERA BLOQUÉE EN CASAMANCE
Les autorités sénégalaises auraient intercepté dimanche une équipe de la chaîne à Ziguinchor, confisquant équipements et documents. Nicolas Haque et sa collaboratrice Magali Rochat, pourtant dûment accrédités, auraient été sommés de quitter la région
(SenePlus) - Selon un communiqué de presse de l'Association de la Presse Étrangère au Sénégal (APES) daté du 13 avril 2025 parvenu à notre rédaction, une équipe de journalistes d'Al Jazeera a été détenue par les autorités sénégalaises lors d'une mission en Casamance.
L'équipe, dirigée par Nicolas Haque, chef du bureau d'Al Jazeera au Sénégal qui couvre l'Afrique de l'Ouest, et sa camerawoman Magali Rochat, a d'abord été interpellée par la police à son arrivée à l'aéroport de Cap Skirring à Ziguinchor dimanche. Après avoir été initialement libérés, ils ont été de nouveau interpellés à leur hôtel par des éléments de la gendarmerie nationale.
Les journalistes ont été conduits dans les locaux de la brigade de gendarmerie où ils ont subi des interrogatoires séparément, chacun pendant environ une heure, concernant leur déplacement prévu en Casamance. La mission de reportage portait sur le retour des déplacés de guerre dans leurs villages d'origine.
À l'issue de leur audition, les journalistes ont été libérés, mais leur matériel de reportage et leurs passeports ont été confisqués. Les autorités les ont informés qu'ils seraient renvoyés à Dakar dès le premier vol ce lundi 14 avril 2025.
L'APES dénonce fermement ce qu'elle qualifie "d'entrave sans précédent dans l'histoire du Sénégal" à l'exercice du travail journalistique d'une équipe régulièrement accréditée. L'association exige la restitution sans condition du matériel de travail des journalistes d'Al Jazeera et appelle les autorités sénégalaises à respecter la tradition d'ouverture et de tolérance du pays envers la presse.
Le communiqué souligne que le Sénégal accueille l'un des plus grands nombres de correspondants de presse en Afrique et a historiquement entretenu de bonnes relations avec les médias étrangers.
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SEYDI GASSAMA APPELLE AU BOYCOTT D’ISRAËL
Le directeur d'Amnesty International Sénégal a exhorté dimanche, ses compatriotes à boycotter tous les produits israéliens, qualifiant Netanyahu de « criminel » et dénonçant les bombardements à Gaza
Lors d'une importante manifestation de solidarité avec le peuple palestinien qui s'est tenue dimanche à Dakar, Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal, a lancé un vibrant appel au boycott des produits israéliens.
Face à une foule nombreuse rassemblée dans la capitale, le responsable de l'ONG de lutte pour les droits humains a haussé le ton contre Israël, dénonçant les bombardements à Gaza qu'il qualifie d'"inacceptables". "Ce qui se passe à Gaza nous interpelle tous, c'est notre humanité à chacun de nous qui est interpellée", a-t-il déclaré avec émotion.
Dans son discours, Seydi Gassama a particulièrement insisté sur la nécessité d'un boycott économique. "Il faut boycotter Israël", a-t-il martelé, ciblant spécifiquement certains produits distribués localement. "Il faut boycotter les dattes de l'ambassadeur d'Israël à Dakar. Aucun Sénégalais ne devrait prendre les moutons de Tabaski de l'ambassadeur d'Israël", a-t-il poursuivi avec fermeté.
Le directeur d'Amnesty a qualifié ces dons d'"argent taché de sang", accusant Israël de chercher à "acheter la conscience des Sénégalais" tout en poursuivant ses opérations militaires à Gaza. "Ce sont des criminels qui confisquent la terre des Palestiniens, qui détruisent les habitations des Palestiniens", a-t-il affirmé.
Cette manifestation a rassemblé un large spectre de la société sénégalaise, avec la présence notable de nombreux députés et de diverses personnalités politiques. Seydi Gassama a également appelé le gouvernement à "continuer à être proactif" et à se joindre à l'Afrique du Sud dans ses actions juridiques internationales contre Israël.
"Netanyahu est un criminel qui doit répondre de ses crimes devant la Cour pénale internationale", a conclu le responsable d'Amnesty International, sous les applaudissements de la foule qui scandait "Boycotte Israël" et "Vive la résistance".
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SAUVER LES CARS RAPIDES
Assane Niang et son collectif luttent pour préserver les cars rapides de Dakar, véritables œuvres d'art ambulantes aux décorations riches de messages culturels. Un patrimoine sénégalais menacé de disparition
À Dakar, un symbole culturel emblématique est menacé de disparition. Les cars rapides, ces fourgonnettes Renault aux couleurs vives qui sillonnent les rues de la ville depuis une soixantaine d'années, font face à une modernisation progressive des transports urbains.
Assane Niang, un Dakarois engagé, refuse de voir s'éteindre ce qu'il appelle des "œuvres d'art volantes". Il a créé un collectif, "Car Rapide Tour", pour sensibiliser à la valeur culturelle de ces véhicules. "Souvent à partir des cars rapides, on connaît un peu la mentalité des Sénégalais", explique-t-il.
Ces minibus colorés sont bien plus que de simples moyens de transport. Leurs décorations extérieures, réalisées par des artistes locaux, véhiculent des messages de foi et des valeurs traditionnelles. Les inscriptions comme "Baril" pour évoquer la générosité maternelle ou "Ni deu" pour rappeler les vertus de discrétion et d'ouverture d'esprit sont des expressions visuelles de la culture sénégalaise.
À l'intérieur, les cars rapides offrent un espace social unique. Contrairement aux transports modernes, ils favorisent les conversations entre passagers, créant une ambiance conviviale typiquement sénégalaise. "C'est un peuple de contact et c'est le car rapide qui nous permet d'avoir cet espace", souligne Niang.
Si les autorités jugent ces véhicules trop vétustes et polluants, ils restent l'un des moyens de transport les plus abordables de Dakar et les seuls disponibles la nuit pour les travailleurs nocturnes. "C'est un moyen qui aide beaucoup de compatriotes à pouvoir survivre face au temps difficile", défend l'Observateur de France 24.
Face à cette disparition programmée, le collectif d'Aassan Niang s'efforce de valoriser ce patrimoine auprès des touristes et mobilise artistes et stylistes pour sa préservation. Son message aux autorités est clair : "C'est un patrimoine à préserver. Si il disparaît, c'est une partie de notre patrimoine que nous n'allons plus voir."
DÉCÈS DE MOUSTAPHA DIOP, PILIER DU THÉÂTRE SÉNÉGALAIS
La figure emblématique de la troupe Daaray Kocc, s'est éteint dimanche à Thiès. Son parcours artistique impressionnant inclut de nombreux films et pièces, dont la mémorable "Un DG peut en cacher un autre"
Le comédien sénégalais Moustapha Diop de la troupe théâtrale Daaray Kocc est décédé, dimanche, à Thiès, a-t-on appris de Pape Faye, président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (Arcots).
Le défunt comédien sera inhumé, lundi, au cimetière de Yoff à Dakar, ajoute le président de l’ARCOTS.
Pape Faye, a rappelé que Moustapha Diop a été un des membres fondateurs du Daaray Kocc avec Cheikh Tidiane Diop, après leur passage à la troupe théâtrale Diamanoy Tey.
”Moustapha Diop a été secrétaire général l’ARCOTS à sa création avec comme président Mamadou Ndiaye Doss”, a-t-il ajouté, signalant avoir partagé avec lui beaucoup de plateau.
”Le Sénégal et l’Afrique perd un artiste de valeur”, a dit le conteur Massamba Mbaye qui estime que le défunt a eu une ”immense” carrière.
Moustapha Diop a également joué au cours de sa carrière beaucoup de films de réalisateurs sénégalais et pièces théâtrales dont la plus célèbre est ”Un DG peut en cacher un autre”.
THIAT PREND LES COMMANDES DE Y EN A MARRE
L'artiste rappeur Oumar Cyrille Touré a été élu ce dimanche 13 avril 2025, nouveau coordonnateur du mouvement citoyen. Il succède à Aliou Sané, qui dirigeait l'organisation depuis 2019
L’artiste rappeur, Oumar Cyrille Touré alias ”Thiat” a été élu dimanche, nouveau coordonnateur du mouvement citoyen ”Y en a marre”, a appris samedi l’APS.
Il remplace à ce poste Aliou Sané, à la tête de ce mouvement depuis 2019.
”Au terme d’une assemblée générale de trois jours, tenue à Warang, le mouvement Y en a marre a élu, ce samedi, un nouveau bureau, avec Oumar Cyrille Touré Alias Thiat comme coordonnateur et Abdou Khafor Kandji comme vice-coordonnateur”, rapporte un communiqué dudit mouvement.
”La nouvelle équipe a la responsabilité de porter et (de) mener l’action du mouvement pour les trois prochaines années”, précise le même document.
Par ailleurs, le mouvement Y en a marre a adressé ”sa vive et profonde reconnaissance” au coordonnateur sortant Aliou Sané, qui a assuré la coordination pendant six ans.
”Son leadership courageux , sa résilience face aux tempêtes et sa fidélité inébranlable aux valeurs de Y en a Marre ont donné de l’énergie et des résultats concrets dans les grandes luttes auxquelles le mouvement a participé”, note le communiqué.
”Il a su tenir haut le flambeau du mouvement dans les moments les plus critiques, avec honneur et conviction”, ajoute-t-il.
LES BOULANGERS FACE AU DÉFI DE LA SURVIE
Les acteurs exhortent le gouvernement à homologuer les intrants, assainir le secteur et adapter la fiscalité pour maintenir ce "produit social" à un prix accessible. ‘’Il faudrait impérativement des accompagnements de l’Etat", plaident-ils
La structure du pain constitue un ‘’gros problème’’ pour les boulangers, a affirmé, samedi, à Kaolack (centre), le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS), Amadou Gaye, appelant à des discussions avec le gouvernement.
‘’Le plus gros problème dans notre secteur, c’est la structure du pain et il faut qu’on en discute’’, a noté le président de la FNBS, qui s’exprimait au siège de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture, l’une des étapes d’une tournée nationale pour y tenir une réunion décentralisée du Conseil d’administration de leur structure.
L’objectif était de discuter pour trouver des solutions face à la ‘’crise du pain’’ qui sévit au Sénégal. Selon lui, l’énergie solaire fait partie des solutions pour faire face au diktat à la hausse du prix de l’électricité.
‘’Le problème du Sénégal dans ce secteur de la boulangerie, c’est l’applicabilité de la réglementation du décret 22-77 pour laquelle nous avons relevé beaucoup d’interprétations de la part des autorités qui devaient se charger de cette applicabilité’’, a souligné Amadou Gaye.
Rappelant que l’Etat du Sénégal considère le pain comme un ‘’produit social’’, il estime ‘’nécessaire’’ d’homologuer tous les produits qui entrent dans la production du pain notamment la farine, la levure, les améliorants, l’électricité pour laquelle il faut avoir une tarification spécifique et spéciale.
‘’Nous avons proposé des solutions de financement à des structures comme l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) et une banque de la place, pour permettre aux boulangers d’avoir un financement rapide et sécurisé’’, a fait valoir M. Gaye.
A l’en croire, au Sénégal, les boulangers sont fatigués puisqu’ils ont des problèmes. C’est pourquoi ils ont décidé de lancer un appel aux autorités du pays pour qu’elles prennent que le prix du pain n’est pas à son bon niveau.
‘’Il faudrait impérativement des accompagnements de l’Etat pour soulager les boulangers si l’Etat dit que le prix du pain ne doit pas bouger. Il y a des mesures immédiates, surtout sur la fiscale, sur les intrants et sur la diminution de la pression fiscale dans nos entreprises’’, a-t-il insisté.
Gaye, qui a plaidé pour l’assainissement du secteur de la boulangerie a signalé que cette pression fiscale a fait que beaucoup de boulangers ont fermés. ‘’L’assainissement du secteur de la boulangerie est une obligation. Il y a un décret qui doit le faire mais le constat que nous avons fait, c’est que les gens ouvrent des boulangeries comme ils veulent. Et le ministre de l’Industrie et du Commerce gardent les bras croisés’’, a-t-il déploré, préconisant la fermeture des boulangers qui ne respectent pas la réglementation en vigueur.
‘’Dans ce pays (le Sénégal), il faut faire preuve de fermeté pour faire respecter la réglementation. Je peux vous assurer que si nous arrivons à faire respecter la réglementation, nous protégerons le consommateur et nous parviendrons à avoir un pain de qualité, assurer la traçabilité du produit et protéger nos industries afin de préserver les emplois’’, a-t-il poursuivi.
Il soutient que si l’Etat du Sénégal ne prend pas des mesures dans les meilleurs délais immédiats, le secteur de la boulangerie va mourir, parce que les boulangeries vont fermer.